Page:Œuvres complètes de Florian, Fauché-Borel, 1793, tome 9 - fables.djvu/177

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Et, calme désormais, libre de tous soucis,
Dans une retraite profonde,
Vivre pour la sagesse & pour mes seuls amis.
Que de fois vous l’avez promis !
Toujours en vain, lui répondis-je.
Çà, quand commencez-vous ? — Dans huit jours sûrement.
— Pourquoi pas aujourd’hui ? Ce long retard m’afflige.
— Oh ! je ne puis dans un moment
Briser une si forte chaîne :
Il me faut un prétexte ; il viendra, j’en réponds.
Causant ainsi, nous arrivons
Jusque sur les bords de la Seine ;
Et j’aperçois un paysan
Assis sur une large pierre.
Regardant l’eau couler d’un air impatient.
— L’ami, que fais-tu là ? — Monsieur, pour une affaire
Au village prochain je suis contraint d’aller :
Je ne vois point de pont pour passer la rivière,
Et j’attends que cette eau cesse enfin de couler.
Mon ami, vous voilà, cet homme est votre image ;
Vous perdez en projets les plus beaux de vos jours :
Si vous voulez passer, jetez-vous à la nage ;
Car cette eau coulera toujours.