Page:Œuvres complètes de Florian, Fauché-Borel, 1793, tome 9 - fables.djvu/173

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Elle avoit fait cent fois tout ce qu’il falloit faire
Pour en venir à bout, rien ne réussissoit.
Un jour, se promenant dans un bois solitaire,
Elle rencontre en un vieux nid
Un œuf abandonné, point trop gros, point petit,
Semblable aux œufs de tourterelle.
Ah ! quel bonheur ! s’écria-t-elle :
Je pourrai donc enfin couver.
Et puis nourrir, puis élever,
Un enfant qui fera le charme de ma vie !
Tous les soins qu’il me coûtera,
Les tourments qu’il me causera,
Seront encor des biens pour mon âme ravie :
Quel plaisir vaut ces soucis-là ?
Cela dit, dans le nid la colombe établie
Se met à couver l’œuf, & le couve si bien,
Qu’elle ne le quitte pour rien,
Pas même pour manger ; l’amour nourrit les mères.
Après vingt & un jours elle voit naître enfin
Celui dont elle attend son bonheur, son destin,
Et ses délices les plus chères.
De joie elle est prête à mourir ;
Auprès de son petit nuit & jour elle veille,
L’écoute respirer, le regarde dormir,
S’épuise pour le mieux nourrir.
L’enfant chéri vient à merveille.
Son corps grossit en peu de temps :