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Furent perdus pour le vulgaire.
Plusieurs siècles après on en connut le prix ;
Et c’est depuis ce temps que l’on voit plus d’un sage
Chercher avec soin ces débris,
Les retrouver par fois ; mais ils sont si petits,
Que personne n’en fait usage.
Hélas ! le sage, le premier,
Ne s’y voit jamais tout entier.


FABLE XVII.

Les deux paysans & le Nuage.


Guillot, disoit un jour Lucas
D’une voix triste & lamentable,
Ne vois-tu pas venir là-bas
Ce gros nuage noir ? C’est la marque effroyable
Du plus grand des malheurs. Pourquoi ? répond Guillot.
— Pourquoi ? Regarde donc ; ou je ne suis qu’un sot,
Ou ce nuage est de la grêle
Qui va tout abymer, vigne, avoine, froment ;
Toute la récolte nouvelle
Sera détruite en un moment.
Il ne restera rien, le village en ruine
Dans trois mois aura la famine,