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que, pour faire un bon apologue, il faut d’abord se proposer une vérité morale, la cacher sous l’allégorie d’une image qui ne pèche ni contre la justesse, ni contre l’unité, ni contre la nature ; amener ensuite des acteurs que l’on fera parler dans un style familier mais élégant, simple mais ingénieux, animé de ce qu’il y a de plus riant et de plus gracieux, en distinguant bien les nuances du riant et du gracieux, du naturel et du naïf.

Tout cela est plein d’esprit, j’en conviens : mais, quand on saura toutes ces finesses, on sera tout au plus en état de prouver, comme l’a fait M. de la Motte, que la fable des deux Pigeons est une fable imparfaite, car elle pèche contre l’unité ; que celle du Lion amoureux est encore moins bonne, car l’image entière est-vicieuse[1]. Mais, pour le malheur des définitions et des règles, tout le monde n’en sait pas moins par cœur l’admirable fable

  1. Œuvres de la Motte, discours sur la fable, tom. IX, pag. 22 et suiv.