Page:Œuvres complètes de Florian, Fauché-Borel, 1793, tome 9 - fables.djvu/148

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Sous un large chapeau, sa tête bien à l’aise
Faisoit voir des yeux vifs & des traits basanés,
       Et ses moustaches de son nez
       Descendoient jusque sur sa fraise.
Douze fils le suivoient, tous grands, beaux, vigoureux.
Un mulet chargé d’or étoit au milieu d’eux.
       Cet homme, dans cet équipage,
Devant le roi s’arrête, & lui dit : Où vas-tu ?
       Un revers t’a-t-il abattu ?
Vainement l’archiduc a sur toi l’avantage ;
C’est toi qui régneras, car c’est toi qu’on chérit.
       Qu’importe qu’on t’ait pris Madrid ?
Notre amour t’est resté, nos corps sont tes murailles :
Nous périrons pour toi dans les champs de l’honneur.
       Le hasard gagne les batailles ;
Mais il faut des vertus pour gagner notre cœur.
Tu l’as, lu régneras. Notre argent, notre vie,
Tout est à toi, prends tout. Grâces a quarante ans
       De travail & d’économie,
Je peux l’offrir cet or. Voici mes douze enfants,
Voilà douze soldats : malgré mes cheveux blancs,
Je ferai le treizième ; & la guerre finie,
Lorsque tes généraux, tes officiers, tes grands,
Viendront te demander, pour prix de leur service,