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Le hibou répondit : Non vraiment, mon cher frère,
     Me marier ! & pourquoi faire ?
     J’en connoissois trop le danger.
Vouliez-vous que je prisse une jeune chouette
     Bien étourdie & bien coquette,
Qui me trahît sans cesse ou me fit enrager ;
Qui me donnât des fils d’un méchant caractère,
     Ingrats, menteurs, mauvais sujets,
Désirant en secret le trépas de leur père ?
     Car c’est ainsi qu’ils sont tous faits.
     Pour des parents, je n’en ai guère,
Et ne les vis jamais : ils sont durs, exigeants,
     Pour le moindre sujet s’irritent,
     N’aiment que ceux dont ils héritent ;
Encor ne faut-il pas qu’ils attendent longtemps.
Tout frère ou tout cousin nous déteste & nous pille.
     Je ne suis pas de votre avis,
     Répondit le pigeon. Mais parlons des amis ;
     Des orphelins c’est la famille :
Vous avez dû près d’eux trouver quelques douceurs.
    — Les amis ! ils sont tous trompeurs.
J’ai connu deux hiboux qui tendrement s’aimèrenl
     Pendant quinze ans, &, certain jour,