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Chacun de ces tours-là pour moi se trouve usé.
Changer d’habit, de mœurs, même de conscience,
     Je ne vois rien là que d’aisé.
     Lors il saisit le dieu, le lie,
Arrache son oracle, & retourne vainqueur.

Ce trait nous prouve, ami lecteur,
Combien un courtisan peut servir la patrie.



FABLE IV

Le Hibou & le Pigeon


Que mon sort est affreux ! s’écrioit un hibou :
Vieux, infirme, souffrant, accablé de misère,
      Je suis isolé sur la terre,
Et jamais un oiseau n’est venu dans mon trou
Consoler un moment ma douleur solitaire.
     Un pigeon entendit ces mots,
     Et courut auprès du malade :
     Hélas ! mon pauvre camarade,
     Lui dit-il, je plains bien vos maux :
Mais je ne comprends pas qu’un hibou de votre âge
     Soit sans épouse, sans parents,
     Sans enfants ou petits-enfants.
N’avez-vous point serré les nœuds du mariage
     Pendant le cours de vos beaux ans ?