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FABLE I

Les Singes & le Léopard




Des singes dans un bois jouoient à la main chaude ;
Certaine guenon moricaude,
Assise gravement, tenoit sur ses genoux
La tête de celui qui, courbant son échine,
Sur sa main recevoit les coups.
On frappoit fort, & puis devine !
Il ne devinoit point ; c’étoit alors des ris,
Des sauts, des gambades, des cris.
Attiré par le bruit du fond de sa tanière,
Un jeune léopard, prince assez débonnaire,
Se présente au milieu de nos singes joyeux.
Tout tremble à son aspect. Continuez vos jeux,
Leur dit le léopard, je n’en veux à personne ;
Rassurez-vous, j’ai l’âme bonne ;
Et je viens même ici, comme particulier,
A vos plaisirs m’associer.
Jouons, je suis de la partie.
Ah ! monseigneur, quelle bonté !