Page:Œuvres complètes de Blaise Pascal Hachette 1871, vol1.djvu/434

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seras à jamais revêtue : tes déserts et tes solitudes, et toutes tes terres qui sont maintenant désolées seront trop étroites pour le grand nombre de tes habitans, et les enfans qui te naîtront dans les années de ta stérilité te diront : La place est trop petite, écarte les frontières, et fais-nous place pour habiter. Alors tu diras en toi-même : Qui est-ce qui m’a donné cette abondance d’enfans, moi qui n’enfantois plus, qui étois stérile, transportée et captive ? et qui est-ce qui me les a nourris, moi qui étois délaissée sans secours ? D’où sont donc venus tous ceux-ci ? Et le Seigneur te dira : Voici, j’ai fait paroître ma puissance sur les gentils, et j’ai élevé mon étendard sur les peuples, et ils t’apporteront des enfans dans leurs bras et dans leurs seins ; les rois et les reines seront tes nourriciers, ils t’adoreront le visage contre terre, et baiseront la poussière de tes pieds ; et tu connoîtras que je suis le Seigneur, et que ceux qui espèrent en moi ne seront jamais confondus ; car qui peut ôter la proie à celui qui est fort et puissant ? Mais encore même qu’on la lui pût ôter, rien ne pourra empêcher que je ne sauve tes enfans, et que je ne perde tes ennemis, et tout le monde reconnoîtra que je suis le Seigneur ton sauveur, et le puissant rédempteur de Jacob. » — L : « Le Seigneur dit ces choses : Quel est ce libelle de divorce par lequel j’ai répudié la synagogue ? et pourquoi l’ai-je livrée entre les mains de vos ennemis ? n’est-ce pas pour ses impiétés et pour ses crimes que je l’ai répudiée ? Car je suis venu et personne ne m’a reçu ; j’ai appelé et personne n’a écouté : est-ce que mon bras est accourci et que je n’ai pas la puissance de sauver ? C’est pour cela que je ferai paroître les marques de ma colère… : je couvrirai les cieux de ténèbres et les cacherai sous des voiles. Le Seigneur m’a donné une langue bien instruite, afin que je sache consoler par ma parole celui qui est dans la tristesse. Il m’a rendu attentif à ses discours, et je l’ai écouté comme un maître (en disciple). Le Seigneur m’a révélé ses volontés et je n’y ai point été rebelle. J’ai livré mon corps aux coups et mes joues aux outrages ; j’ai abandonné mon visage aux ignominies et aux crachats ; mais le Seigneur m’a soutenu, et c’est pourquoi je n’ai point été confondu. Celui qui me justifie est avec moi : qui osera m’accuser ? qui se lèvera pour disputer contre moi, et pour m’accuser de péché, Dieu étant lui-même mon protecteur ? Tous les hommes passeront et seront consommés par le temps ; que ceux qui craignent Dieu écoutent donc les paroles de son serviteur ; que celui qui languit dans les ténèbres mette sa confiance au Seigneur. Mais pour vous vous ne faites qu’embraser la colère de Dieu sur vous, vous marchez sur les brasiers et entre les flammes que vous-mêmes avez allumées : c’est ma main qui a fait venir ces maux sur vous ; vous périrez dans les douleurs. » — li : « Écoutez-moi, vous qui suivez la justice et qui cherchez le Seigneur ; regardez à la pierre d’où vous êtes taillés, et à la citerne d’où vous êtes tirés. Regardez à Abraham votre père, et à Sara qui vous a enfantés : voyez qu’il étoit seul et sans enfant quand je l’ai appelé et que je lui ai donné une postérité si abondante : voyez combien de bénédictions j’ai répandues sur Sion, et de combien de grâces et de consolations je l’ai comblée. Considérez toutes ces choses, mon peuple, et rendez-vous attentif à mes paroles, car une loi sortira de moi, et un