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contre ceux qui le nioient, qu’à montrer qu’il étoit Dieu ; et les apparences étoient aussi grandes[1].

Jésus-Christ est un Dieu dont on s’approche sans orgueil, et sous lequel on s’abaisse sans désespoir.


5.

La conversion des païens n’étoit réservée qu’à la grâce du Messie. Les juifs ont été si longtemps àles combattre sans succès : tout ce qu’en ont dit Salomon et les prophètes a été inutile. Les sages, comme Platon et Socrate, n’ont pu le persuader.

Les Évangiles ne parlent de la virginité de la Vierge que jusques à la naissance de Jésus-Christ. Tout par rapport à Jésus-Christ.

… Jésus-Christ, que les deux Testamens regardent, l’Ancien comme son attente, le Nouveau comme son modèle, tous deux comme leur centre.

Les prophètes ont prédit, et n’ont pas été prédits. Les saints ensuite sont prédits, mais non prédisans. Jésus-Christ est prédit et prédisant.

Jésus-Christ pour tous, Moïse pour un peuple.

Les juifs bénis en Abraham : « Je bénirai ceux qui te béniront, » Gen., xii, 3. Mais, « Toutes nations bénies en sa semence, » ibid., xxii, 18.

Lumen ad revelationem gentium.

Non fecit taliter omni nationi, disait David en parlant de la loi. Mais, en parlant de Jésus-Christ, il faut dire : Fecit taliter omni nationi.

Parum est ut, etc., Isaïe, xlix, 6. Aussi c’est à Jésus-Christ d’être universel. L’Église même n’offre le sacrifice que pour les fidèles : Jésus-Christ a offert celui de la croix pour tous.




ARTICLE XVIII.[2]


1.

La plus grande des preuves de Jésus-Christ sont les prophéties. C’est aussi à quoi Dieu a le plus pourvu ; car l’événement qui les a remplies est un miracle subsistant depuis la naissance de l’Église jusques à la fin. Aussi Dieu a suscité des prophètes durant seize cents ans ; et, pendant quatre cents ans après, il a dispersé toutes ces prophéties, avec tous les juifs qui les portoient, dans tous les lieux du monde. Voilà quelle a été la préparation à la naissance de Jésus-Christ, dont l’Évangile devant être cru de tout le monde, il a fallu non-seulement qu’il y ait eu des prophéties pour le faire croire, mais que ces prophéties fussent par tout le monde, pour le faire embrasser par tout le monde.

Prophéties. — Quand un seul homme auroit fait un livre des prédictions de Jésus-Christ[3], pour le temps et pour la manière, et que Jésus-

  1. Eutychès niait l’humanité, et Nestorius la divinité de J. C.
  2. Article XI de la seconde partie, dans Bossut.
  3. « Sur Jésus-Christ. »