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6o DEPUIS L’EXIL. — PARIS. — 1870.

parler, et l’auteur abandonnait immédiatement son droit. Les représentations et les lectures des Châtiments, de N apoUon-le-Petit , des Contemplations ,àe.z Légende des siècles, etc., au bénéfice des canons ou des ambulances, durèrent sans interruption et tous les jours, sur tous les théâtres à la fois, jusqu’au moment où il ne fut plus possible d’éclairer et de chauffer les salles.

On n’a pu noter ces innombrables représentations. Parmi celles dont le souvenir est resté, on peut citer le concert Pasdeloup, où M. Taillade disait les "Volontaires de l’an II {Châtiments) ; les Pauvres Gens [Légende des siècles) dits par M. Noël Parfait, au bénéfice de la ville de Châteaudun ; les deux soirées de lectures organisées par M. Bonvallet, maire du f arrondissement, l’une pour les blessés, l’autre pour les orphelins et les veuves ; la soirée de M"* Thurel, directrice d’une ambulance, pour les malades ; les représentations données par le club Drouot pour les orphelins et les veuves ; par le commandant Fourdinois pour les blessés ; parles carabiniers parisiens pour les blessés ; les soirées où M"° Suzanne Lagier chantait, sur la musique de M. Darcier, Petit, petit [Châtiments) au profit des ambulances ; la représentation du Comité des artistes dramatiques pour un canon ; celle du i8’ arrondissement pour la bibliothèque populaire ; celle de M. Dumaine, à la Gaîté, pour les blessés ; celle de M"’ Raucourt, au théâtre Beaumarchais, pour contribuer à l’équipement des compagnies de marche ; celle de la mairie de Montmartre, pour les pauvres ; celle de la mairie de Neuilly, pour les pauvres ; celle du 5" arrondissement, pour son ouvroir municipal ; la soirée donnée le 25 décembre au Conservatoire pour la caisse de secours de la Société des victimes de la guerre ; les diverses lectures des Châtiments organisées, pour les canons et les blessés, par la légion d’artillerie et par dix-huit bataillons de la garde nationale, qui sont les 7% 24°, 64% 90% 92% 93% 95% 96*, 100% 109", 134% 144’ (deux représentations), 152% 153% 166% 194% 239% 247°. Pour toutes ces représentations, M. Victor Hugo a fait l’abandon de son droit d’auteur.

Ces représentations ont cessé par force majeure en janvier, les théâtres n’ayant plus de bois pour le chauffage ni de gaz pour l’éclairage. Le 30 octobre, vers minuit, M. Victor Hugo, rentrant chez lui, rencontra rue Drouot M. Gustave Chaudey, sortant de la mairie dont il était adjoint. Il était accompagné de M. Philibert Audebrand. M. Victor Hugo avait connu M. Gustave Chaudey à Lausanne, au congrès de la Paix, tenu en septembre 1869 ; ils se serrèrent la main.

Quelques semaines après, M. Gustave Chaudey vint avenue Frochot pour voir M. Victor Hugo, et, ne l’ayant pas trouvé, lui laissa deux mots par écrit pour lui demander l’autorisation de faire dire les Châtiments au profit de la caisse de secours de la mairie Drouot.

M. Victor Hugo répondit par la lettre qu’on va lire : À M. GUSTAVE CHAUDEY.

novembre. 

Mon honorable concitoyen, quand notre éloquent et vaillant Gambetta, quelques jours avant son départ, est venu me voir, croyant que je pouvais