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étude historique

suite en fief, moyennant une once d’or pour droit de mutation.

De même, Héracle de Polignac offrit tous ses biens, en 1181, au chapitre de Brioude[1].

Bertrand avait épousé, vers 1129, Matheline de Béziers, fille de Bernard Atton, vicomte de Nîmes.

Matheline, suivant l’ancien obituaire de La Vassin, fut enterrée dans cette abbaye : Pridié Kalendas Augusti obiit domina Mathelina, uxor Bertrandi Domini de Turre, fundatoris ejusdem ecciesiœ[2].

Bertrand de La Tour ne tarda pas à venir lui-même, à côté de sa femme, dormir à La Vassin son éternel sommeil, et pendant plus d’un siècle ses descendants trouveront égalementieur couche funèbre dans le même cimetière, à l’ombre du monastère, pieux gardien des dépouilles mortelles des seigneurs de La Tour.

Cette touchante coutume de se retrouver, après la mort, au même rendez-vous, dans la même demeure, est un des signes caractéristiques du moyen-âge, un de ses traits les plus saillants.

S’il est une douceur à mêler ses cendres, nulle époque ne l’aura mieux connue que ce temps que nous appelons barbare et qui, cependant, dans ses aspirations et dans ses actes, nous apparaît souvent plein d’une véritable poésie.

Quel lieu, en effet, pouvait être mieux choisi pour le repos qui ne finit point, que cette clairière silencieuse avec ses horizons bornés, derrière lesquels se devinent d’autres espaces, comme derrière les froides parois du sépulcre se pressentent d’autres mondes ?

Après avoir guerroyé toute leur vie, les rudes barons voulaient pour les rêves de leur âme la paix des Thébaïdes, et pour s’endormir sur leur dur oreiller de pierre, il leur fallait les douces voix des vierges et les psalmodies du cloître.

  1. Baluze, t. 2, p. 77, 65 et 64. — Chabrol, Cout. d’Auv., t. 4, p. 301.— Rivière, Instit. de l’Auv., t. ter, p. 578 et 437.
  2. Baluze, t. 2, p. 487, Audigier, Hist. mss. d’Auv., art. La Vassin.