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sur l’abbaye royale de la vassin.

pour les confesser tantôt un religieux de Féniers, tantôt le curé de Trémouille-Marchal.

Ainsi délaissé et réduit, pour ainsi dire, au rôle de chapelain in partibus, le sieur Bresson humilié ne se montra que plus ardent au combat. Les choses en vinrent au point que l’évêque de Clermont, Mgr de Bonal, dut se transporter sur les lieux pour tâcher de ramener un peu de calme dans les esprits[1].

L’abbé de Citeaux n’ayant pas répondu à la demande qui lui avait été faite d’un changement de directeur, l’évêque accorda aux religieuses la permission de prendre pour confesseur extraordinaire l’abbé Julhiard, curé de Morchal, et, cédant à la pression épiscopale, le sieur Bresson approuva cette permission.

Ce modus vivendi subsista quelque temps jusqu’à ce que le chapelain, voyant que les réclamations des religieuses n’aboutissaient point, résolut d’avoir le dernier mot dans cette affaire.

La veille de la Toussaint de l’année 1788, les dames se disposaient à se confesser à un religieux de Féniers, à défaut du curé de Marchal empêché. Elles étaient à l’église occupées à chanter matines, lorsque le chapelain survint brusquement et interrompant la psalmodie, apostropha ainsi la communauté : « Mesdames ! je vous défends de vous confesser au religieux, sous peine de nullité de confession et d’encourir les censures de l’ordre[2]. »

  1. Nous avons trouvé dans les papiers de madame Fonteille le lexie du sermon prononcé par Mgr de Bonal, lors de sa visite à La Vassin. Le prélat commença son allocution par ces paroles tirées de l’Épître de saint Paul aux Galates (Ad. Galat., cap. 5) : Vous courriez si bien dans la voie de Dieu. Qui est-ce qui vous a arrêtés dans votre course pour vous empêcher de suivre la vérité ? Ce sentiment dont vous vous êtes laissés persuader ne vient pas de Celui qui vous a appelés. Un peu de levain aigrit toute la masse. J’espère qu’à l’avenir vous rentrerez dans les sentiments que vous devez avoir, mais celui qui vous trouble, quel qu’il puisse dira, en portera le jugement et la peine. — L’évêque, dans cette exhortation, presse vivement ses hôtes de se rappeler le précepte : Aimez-vous les tins les autres et de s’y conformer : il ne leur ménage pas le blâme, et signale leur orgueil et leur amour-propre comme ayant causé tout le mal.
  2. Archives du Puy-de-Dôme, Fds de l’Évêché. Papiers de Bonnal, l. n°3 ; Religieuses de Vassin, confession. — Rapport des faits pour juger si l’excommunication a lieu.