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étude historique

la renonciation faite d’une manière générale, laquelle renonciation nous voulons être aussi valable que si nous eussions » renoncé à chacun des droits en particulier. Nous consentons à pouvoir être rappelées à l’observation de ce qui précède par tout juge ecclésiastique ou séculier. En témoignage de quoi, nous avons apporté notre sceau, le seul dont nous nous servions, pour l’apposer sur les présentes lettres[1].

« Donné le vendredi avant la fête de Sainte-Foi, l’an du Seigneur treize-cent-deux. »

Les possessions du monastère de La Vassin étaient, comme on le voit, d’une certaine étendue au commencement du xive siècle ; de plus, la renonciation faite par les religieuses au bénéfice du sénatus-consulte velléien nous prouve qu’à cette époque l’abbaye était de droit écrit, c’est-à-dire régie par la loi romaine. Cette circonstance est digne d’être remarquée, car en Auvergne la plupart des couvents de femmes se virent dès le xiie siècle enlevés à la juridiction du droit romain pour être soumis par leurs suzerains au droit coutumier.

Favorisées par la puissance du glaive et par l’autorité de la force, les coutumes particulières, personnelles, territoriales avaient surgi de toutes parts) sortant de la bouche des baillis qui plantaient l’épée du seigneur en terre et disaient droit.

En face de ce grand ode romain, dû au génie du stoïcisme antique, devant ce droit écrit que l’Église avait en quelque sorte rendu chrétien en l’appelant, après la conquête des Franks, au secours des vaincus comme une sauvegarde et comme un principe de spiritualisme, le droit haineux, selon l’expression de Bouteiller[2], s’était levé, résolu à la lutte, et, soutenu par les barons, il gagnait tous les jours du terrain.

  1. Ce sceau est conservé aux Archives nationales sous le n° 9, 265. Il porte en exergue : S. (sigillum) abatissæ de la Vaysi, et représente une abbesse tenant de la main droite une crosse et de la main gauche un livre ouvert.
  2. Somme Rurale, tit. 1er .