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étude historique

donnés par les parents[1]. On célébrait l’anniversaire de la mort par un autre repas (cœna feralis)[2].

Ces festins anniversaires avaient quelque chose de tout à fait dramatique. On se rendait aux tombeaux ; on dressait des lits et des tables et on laissait vide la place du mort. On faisait des libations de vin et de lait et enfin on déposait sur la tombe des fèves, de l’ache, des laitues, du pain, du sel, des œufs et d’autres mets dont on supposait que les mânes venaient la nuit se repaître, mais les pauvres gens jouaient ordinairement le rôle des mânes[3].

L’architecture romaine dut conformer ses conceptions à l’usage de ces agapes funèbres et ménager aux parents les moyens de pratiquer commodément sur les tombeaux les festins annuels. C’est pourquoi on réservait dans les mausolées une salle destinée à servir de triclinium ou salle à manger. Quelquefois, un édifice particulier élevé dans le voisinage des hypogées ou caveaux funéraires, servait à plusieurs familles. À Pompéï, dans la rue des Tombeaux, on a cru reconnaître un édifice ayant cette destination.

À Clermont, l’emplacement du cimetière gallo-romain, au sud de la ville, près le chemin de Beaumont, au bas de Vallière, s’appelle encore Las Culinas, les cuisines[4], à cause, sans doute, des établissements installés près du champ des morts, pour les repas d’anniversaires.

Souvent, les invités mangeaient et buvaient sur la tombe même du défunt. Cette coutume s’était conservée jusque sous Charlemagne, car nous lisons dans les Capitulaires une défense expresse ce sujet : Admoneantur fideles ut ad suos mortuos non agant ea quæ de paganorum ritu remanserunt… et super eorum tumulos nec manducare, nec bibere præsumant[5]

  1. Cicér. Philipp. I, cap. 6. — Ducange, V° Parentalia.
  2. Juven., Sat. V, v. 85.
  3. Ch. Magnin. Les Origines du Théâtre antique et du Théâtre moderne.
  4. A. Tardieu, Hist. de Clermont, t. 1er, p. 335.
  5. Cap., lib. 6, cap. 194.