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LA RÉSISTANCE AMOUREUSE.


J’Aime ! je ſuis aimé ! mon bonheur eſt parfait,
Mon triomphe eſt certain, mon cœur eſt ſatisfait.
Qu’importe la grandeur ? qu’importe la richeſſe ?
Qu’eſt-ce auprès d’un baiſer reçu de ma maîtreſſe ?
Sa bouche me ſourit ; ſur ſon front rougiſſant
Je lis l’aveu d’un cœur qui deſire en tremblant ;
Qui réſiſte en cédant ; qui cede avec tendreſſe ;
Qui brûle dans mes bras, en cachant ſa foibleſſe ;
Qui d’un œil tout mouillé d’amour & de deſir,
Semble pleurer de honte en pleurant de plaiſir ;
Qui d’un bras amoureux me repouſſe avec peine.
Et de l’autre auſſi-tôt me retient & m’enchaîne :
Et qui couvrant mon front d’un timide baiſer,
En ſe pâmant encor me dit de la laiſſer.
Rois ! vous qu’on nomme heureux, je vous vois ſans envie :
Un trône eſt moins pour moi que le ſein de Sylvie.
J’aime ! je ſuis aimé, mon bonheur eſt parfait,
Mon triomphe eſt certain, mon cœur eſt ſatisfait.