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quérir[1]. Les grandes fortunes, à la longue, engloutissant les petites, l’église auroit envahi la France. Bénissons donc & Louis XV & Daguesseau, & bénissons aussi les bons & sages esprits qui, sur-tout sous le dernier règne, paroissent avoir anéanti pour jamais la puissance que le Clergé empruntoit si aisément de l’opinion, & faisons remarquer en passant qu’ils ont mieux servi, par leur courage & leur plume, le Roi & la France, que ses plus grands Généraux, les Turennes & les Condés ; ceux-là les délivroient des ennemis étrangers en sacrifiant des François sans nombre ; & ceux-ci, sans effusion de sang, uniquement par la force de leur génie, de l’éloquence & de la raison, assuroient la paix intérieure de l’État, en terrassant & réduisant à l’impuissance l’ennemi domestique le plus redoutable que pussent avoir & la France & son Roi, qui ne fait qu’un avec elle. Rien n’est donc plus philosophique & plus vrai que ces vers de Voltaire :

Rois, qui brisa les fers dont vous êtiés chargés ?
Qui put vous affranchir de vos vieux préjugés ?
Quelle main, favorable à vos grandeurs suprêmes,
A, du triple bandeau, vengé cent diadêmes ?
Et qui, du fond du puits tirant la vérité,
A su donner une ame au public hébêté ?
Les livres ont tout fait : &, quoiqu’on puisse dire,
Rois, vous n’avez régné que lorsqu’on a su lire ?

  1. Il n’a manqué à cette loi si sage qu’un article, par lequel il fût permis aux Moines & aux Chapitres d’aliéner.