Marie. À moins que cette légèreté, cette insouciance, ce mépris n’aient pour cause secrète quelque circonstance que je ne connaîtrais pas ?
Gaston. Je continue à ne pas comprendre.
Marie. C’est bien clair, cependant ; et voici le dilemme où m’ont conduite mes réflexions : Ou vous êtes effroyablement léger, monsieur de Morières, ou vous êtes plus dissimulé encore !
Gaston. Si ces petites querelles que vous me cherchez n’ont d’autre but que d’éprouver mon caractère, querellez, madame, j’aurai la douceur d’un agneau !
Marie. Oui, je suis, vous êtes armé contre les épreuves !
Gaston. Je suis armé ?…
Marie. Cuirasse, bardé, blindé ! à preuve que vous avez accueilli la nouvelle de ma pauvreté avec une indifférence…
Gaston. Très naturelle, n’est-ce pas ?
Marie. Très étonnante, au contraire !… comme d’un fait sans importance… ou que vous auriez prévu ?…
Gaston. Comme d’un fait sans importance, oui.
Marie. Que vous ne prévoyiez pas ?
Gaston. Non !
Marie. Auquel vous n’étiez nullement préparé ?…
Gaston. Comment l’eussé-je été ?
Marie. Bien innocemment ! Vous connaissez mon notaire, M. Pontgouin ?
Gaston. Beaucoup ! il est de mes bons amis.
Marie. Un ami tel que vous vaut une indiscrétion.
Gaston. Comment l’entendez-vous ?
Marie. Comme ceci, que le testament de M. de Chantenay étant déposé chez maître Pontgouin, celui-ci, par hasard, dans