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LE JARDIN DE L’ENFANCE



LE JARDIN D’ANTAN




Rien n’est plus doux aussi que de s’en revenir
    Comme après de longs ans d’absence,
            Que de s’en revenir
        Par le chemin du souvenir
        Fleuri de lys d’innocence,
            Au jardin de l’Enfance.

Au jardin clos, scellé, dans le jardin muet
    D’où s’enfuirent les gaietés franches,
            Notre jardin muet
        Et la danse du menuet
        Qu’autrefois menaient sous branches
            Nos sœurs en robes blanches.

Aux soirs d’Avrils anciens, jetant des cris joyeux
    Entremêlés de ritournelles,
            Avec des lieds joyeux
        Elles passaient, la gloire aux yeux,
        Sous le frisson des tonnelles,
            Comme en les villanelles.