Page:Émile Nelligan et son œuvre.djvu/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.
XXXI
PRÉFACE

présidence d’honneur à Louis Fréchette, et de fins stylistes comme Gonzalve Desaulniers vinrent s’asseoir à côté de leurs jeunes émules, qu’ils dépassaient de toute leur expérience et de tout l’acquis de leurs œuvres. Les portes du Monument National, puis celles du Château Ramesay, s’ouvrirent alors à des séances publiques, qui marquèrent un glorieux apogée. Cette évolution était honorable, certes : elle offrait pourtant ses périls. On le vit bien quand un avocat, qui ne touchait, lui, que de très loin à la littérature, obtint la direction de l’École. Il fut, bien inconsciemment sans doute, son mauvais génie. Je n’ai pas à faire l’histoire d’une déchéance qui dure encore : il me suffit de la déplorer, en souhaitant que l’œuvre galvanise à nouveau ce qui lui reste de vie latente, et revienne à l’entrain et aux belles audaces de ses origines. L’âme de Nelligan s’en réjouira dans les limbes obscurs où doivent vivre les âmes qui n’ont laissé ici-bas que leurs corps.