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OBSERVATIONS

SUR LES NOMS DE LIEUX

DE LA FRANCE MÉRIDIONALE

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Généralités. — Un nom de lieu correctement orthographié peut avoir autant de valeur, pour l’histoire et la géographie, qu’une vieille inscription ou une antique médaille bien conservée.

À part quelques rares exceptions, les dénominations géographiques ont une signification précise, et leur origine est plus simple qu’on ne le croit généralement.

Lorsque le montagnard ou l’homme des champs, en contact permanent avec la Nature, veut dénommer une localité, indiquer quelque circonstance se rapportant à la disposition spéciale du sol, il se préoccupe médiocrement des spéculations scientifiques ou des principes fondamentaux de la linguistique.

Les événements mémorables dont la tradition a légué le souvenir, les faits historiques locaux, les incidents dramatiques survenus au cours de son existence ne le laissent pas indifférent, sans doute, mais ce qui frappe avant tout son imagination simpliste, c’est le fait matériel, l’utilité pratique et la qualité tangible de l’objet considéré. Se trouve-t-il, par exemple, en présence d’une masse rocheuse, peu lui importe, — si celle-ci n’est pas métallifère, — qu’elle soit granitique, schisteuse ou calcaire ; sa forme, sa couleur, son aspect plus ou moins tourmenté, l’inclinaison plus ou moins accentuée de sa pente naturelle, et surtout les services directs qu’elle peut offrir à ses besoins, l’intéressent infiniment plus que tout le reste. C’est pourquoi, le nom qu’il lui donne étant presque toujours emprunté à ces divers genres de manifestations extérieures, il est indispensable de connaître exactement le rap-