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Tel éclate un libre Génie,
Quand il lance aux Tyrans les foudres de sa Voix ;
Telle à Flots indomptés sa brûlante Harmonie
Entraîne les Sceptres des Rois,

Toi, que je chante et que j’adore,
Dirige, ô Liberté ! mon Vaisseau dans son Cours.
Moins de Vents orageux tourmentent le Bosphore
Que la Mer terrible où je cours.

Argo, la Nef à voix humaine,
Qui mérita l’Olympe et luit au front des Cieux,
Quel que fût le succès de sa Course lointaine,
Prit un Vol moins audacieux,

Vainqueur d’Éole et des Pléiades,
Je sens d’un souffle heureux mon Navire emporté ;
Il échappe aux Écueils des trompeuses Cyclades,
Et vogue à l’Immortalité.

Mais des Flots fût-il la Victime,
Ainsi que le vengeur il est beau de périr ;
Il est beau, quand le Sort vous plonge dans l’Abîme,
De paraître le conquérir.

Trahi par le Sort infidèle,
Comme un Lion pressé de nombreux Léopards,
Seul au milieu de tous, sa fureur étincelle ;
Il les combat de toutes parts.