Odes (Horace, Séguier)/III/10 - À Lycé

Odes et Épodes et Chants séculaires
Traduction par M. le Comte de Séguier.
A. Quantin (p. 107-108).


X

À LYCÉ


Quand tu boirais, sous un mari barbare,
Au Tanaïs, tu gémirais, Lycé,
De me savoir, devant ton seuil avare,
        En butte à l’aquilon glacé.

N’entends-tu pas, au vent qui les assiège,
De ton beau toit la porte et le jardin

Mugir ? Grands dieux ! ne vois-tu pas la neige
        Qu’un éther pur fige soudain ?

Quitte un orgueil que Cythère condamne ;
Crains de la roue un funeste retour.
Tu ne fus point engendrée en Toscane
        Pour singer Pénélope un jour.

De tes amants, ah ! si l’humble prière,
Si leurs cadeaux et leur teint violet,
Si ton époux aux bras d’une étrangère,
        Rien ne t’émeut, moi, ton valet,

Épargne-moi, belle dont le cœur reste
Dur comme un chêne, ingrat comme un serpent.
Tes noirs verrous, ce déluge céleste
        Ne me verront toujours rampant.