Nouvelle Biographie générale/HOTMAN (François)

Texte établi par Jean-Chrétien-Ferdinand HoeferFirmin-Didot (Tome vingt-cinquièmep. 121-125).

HOTMAN (François), célèbre jurisconsulte et publiciste français, né à Paris, le 23 août 1524, mort le 12 février 1590, à Bâle. À l’âge de quinze ans il se rendit à l’université d’Orléans pour y étudier la jurisprudence ; il y suivit les cours de Pierre L’Estoile. De retour à Paris, il exerça d’abord la profession d’avocat plaidant. Abandonnant bientôt la pratique des affaires, il commença en 1546 un cours libre de droit romain à l’université de Paris. L’année suivante il embrassa la réforme, et se retira à Lyon, parce qu’il craignait surtout la sévérité de son père, catholique très-zèlé. Peu de temps après il partit pour Lausanne, où il venait d’être nommé professeur de belles-lettres et d’histoire, sur la recommandation de Calvin, avec lequel il se lia intimement. En 1555 il se rendit à Strasbourg, où les instances de Sturm lui firent accorder des lettres de bourgeoisie et la permission de faire un cours de droit. Il y trouva, comme professeur en titre de droit civil, son ami Baudoin, auquel il rendit bientôt le séjour de Strasbourg insupportable par les calomnies qu’il répandait contre lui. Baudoin ayant quitté cette ville, Hotman fut nommé à sa place en 1556. Son talent d’exposer avec clarté et son grand savoir attirèrent beaucoup d’étudiants autour de sa chaire. Plusieurs princes de l’Allemagne ainsi qu’Elisabeth, reine d’Angleterre, l’engagèrent a venir professer dans leurs universités. Mais il refusa leurs offres, afin de rester plus près de la France, où il désirait avec ardeur voir triompher la réforme. Après avoir accompagné, en 1556, Calvin au synode de Francfort, il devint en 1560 un des principaux instigateurs de la conspiration d’Amboise. On hésitait encore à l’en accuser ; mais aujourd’hui le doute n’est plus possible, après la publication que M. Dareste a faite d’une lettre de Sturm (Bibliothèque de l’École des Chartes, année 1854), où celui-ci fait connaître la conduite tenue à cette occasion par Hotman. Ayant fait partie d’une ambassade envoyée par la ville de Strasbourg auprès de l’électeur palatin, Hotman parvint à se faire passer auprès de ce dernier pour le confident des chefs du parti huguenot de France, avec lesquels il n’avait eu aucune relation jusqu’alors. L’électeur le nomma son conseiller et l’envoya en mission auprès de Condé, qui, de peur de se compromettre, ne reçut pas Hotman, mais traita avec lui par intermédiaire. De retour à Strasbourg, Hotman se mit à divulguer des particularités vraies et fausses sur la marche du complot, dont il annonçait aussi le but réel, qui était de ne pas laisser vivant un seul membre de la famille des Guise. L’entreprise ayant échoué, il accusa d’abord Rascalon, ensuite Coligny et enfin Sturm, son bienfaiteur, d’avoir fait connaître aux Guise la conjuration. C’est alors que Sturm écrivit la lettre mentionnée, laquelle nous apprend que le libelle publié alors contre le cardinal de Lorraine sous le titre de : Epistre envoyée au tygre de la France, émane bien de la plume de Hotman, ainsi qu’on l’avait déjà conjecturé. En septembre 1560 Hotman se rendit à Nérac, auprès d’Antoine de Navarre, qui l’accueillit avec fort peu de bienveillance, mais qui le rappela bientôt après en France, pour lui conférer les fonctions de maître des requêtes dans son conseil. Hotman fut ensuite envoyé par Antoine en Allemagne pour engager les princes protestants à promettre aux huguenots le secours de leurs armes en cas d’une guerre civile. De retour en France, en 1562, il suivit d’abord Condé à Orléans, puis il retourna en Allemagne pour y justifier la prise d’armes des calvinistes. II prononça dans ce but un discours violent à la diète de Francfort, à laquelle il fit en même temps connaître les fameuses lettres de Catherine de Médicis, où elle implorait l’aide de Condé contre les Guise. Après la paix il accompagna en 1563 Condé à la cour ; il y fit la connaissance de Montluc, évêque de Valence, qui lui confia une chaire de droit à l’université de cette ville. Grâce aux efforts de Hotman et de Bonnefoi, cet établissement, alors en pleine décadence, se releva bientôt ; et les étudiants y affluèrent de nouveau, surtout lorsque Hotman eut obtenu la suppression de l’université de Grenoble. Au commencement de l’année 1567 Hotman fut appelé à Bourges, pour y occuper la chaire de droit devenue vacante par le départ de Cujas. Cinq mois après son arrivée dans cette ville, sa bibliothèque et ses meubles furent pillés par le peuple, soulevé contre lui, probablement à cause de quelques expressions imprudentes qui lui étaient échappées sur la religion catholique. Il s’enfuit à Paris, où le chancelier L’Hôpital le fit nommer historiographe du roi. Pendant la seconde guerre civile il aida de ses conseils les chefs de son parti, qui l’envoyèrent, en 1568, comme commissaire à Blois, dont ils s’étaient emparés. Après la rupture de la paix de Longjumeau, il se réfugia avec sa femme et ses enfants à Sancerre, et il assista au premier siège de cette ville, pendant lequel il composa sa Consolatio e Sacris Litteris. En 1570 il alla reprendre à Bourges ses fonctions de professeur. Deux ans après, dès qu’il eut connaissance de la blessure de Coligny, il se cacha dans les environs de Bourges, et parvint ensuite à gagner Genève, où il devint en 1573 professeur de droit romain. La même année le landgrave de Hesse obtint que les biens d’Hotman qui avaient été confisqués en France lui fussent restitués, à l’exception de sa bibliothèque, qui avait été une seconde fois pillée. En 1579 il se rendit à Bâle, sur les instances de ses enfants, qui craignaient la prise de Genève par les armées du duc de Savoie ; l’année suivante il fut nommé conseiller d’État par Henri IV, alors roi de Navarre, et chargé de traiter avec les cantons suisses pour l’envoi de troupes à la solde des huguenots. En 1584 il quitta de nouveau Bâle, où il avait été appelé en 1581 à faire partie du collège des jurisconsultes, et il alla retrouver à Genève ses anciens amis.

Dans ses moments de loisir il se voua à la recherche de la pierre philosophale, qui l’avait déjà préoccupé autrefois. Il y dépensa tout le reste de sa fortune, et se mit dès lors plus que jamais à trafiquer de ses épîtres dédicatoires et à solliciter des gratifications, ce que lui reprochent avec raison les auteurs de La France protestante. Hotman finit par lasser ses anciens protecteurs, les princes protestants de l’Allemagne, et se trouva bientôt sans ressources. Il résolut alors de retourner à Bâle. Peu de temps après son arrivée dans cette ville, il mourut, avant d’avoir pu entièrement achever la révision de ses ouvrages, qui l’occupait alors. Il fut enterré avec pompe dans la cathédrale.

Comme jurisconsulte, Hotman a joué, dit M. Dareste, après Cujas et Doneau, mais à côté de Baudouin et de Duaren, un grand rôle dans la révolution scientifique qui s’opéra au seizième siècle dans la jurisprudence. D’accord avec la nouvelle école, dont il fut un des principaux soutiens, Hotman recommandait aux légistes l’étude approfondie de l’histoire des lettres et de la philosophie, entièrement négligée par les bartholistes, et il appuyait ce conseil par son propre exemple. Mais le caractère particulier qui le distingue des autres grands jurisconsultes de cette époque, c’est qu’il fut surtout philologue et antiquaire. « Ses travaux de critique, dit M. Dareste, et ses recherches sur les antiquités romaines sont ses principaux titres à la reconnaissance des savants. » Sa qualité d’érudit ne l’empêcha pas de proposer à ses contemporains un nouveau système de législation pratique et approprié à leurs mœurs comme à leurs besoins. Loin de s’engouer outre mesure du droit romain, il en critiqua la plupart des dispositions, et insista pour qu’il fût remplacé par un code unique pour toute la France, dans lequel seraient fondues les diverses coutumes.

L’indépendance et l’originalité de son esprit se retrouvent aussi dans son fameux ouvrage sur le droit public français. « Quelque éloigné que soit de la vérité historique le système du jurisconsulte protestant, dit Augustin Thierry dans ses Considérations sur l’Histoire de la France, on doit lui reconnaître le mérite de n’avoir pas eu de modèle et d’avoir été construit tout entier sur des textes originaux, sans le secours d’aucun ouvrage de seconde main. En 1574 il n’en existait pas encore de ce genre. » La Franco-Gallia, dans laquelle Hotman fait preuve d’une érudition saine et la plus forte qu’il fût possible d’avoir alors sur le fond de l’histoire de France, eut une influence immense sur les esprits. « Cet ouvrage a été, dit M. Dareste, la première tentative sérieuse faite par le parti protestant pour fixer ses idées et déterminer nettement ce qu’il voulait, ce qu’il ferait, s’il arrivait au pouvoir. Ce fut comme une nouvelle voie ouverte, dans laquelle on se précipita à l’envi. » Vers la fin du seizième siècle les principes politiques énoncés par Hotman furent, il est vrai, abandonnés par les huguenots ; mais ils ont été alors repris en grande partie par les ligueurs. En somme, la Franco-Gallia a eu au seizième siècle une importance presque aussi grande que le Contrat Social au dix-huitième. Ces deux écrits, malgré certains airs de conformité, poursuivaient cependant des buts entièrement différents : le premier vantait la prépondérance de l’aristocratie ; tandis que le second préconisait le règne des masses.

« La latinité de Hotman est pleine de rapidité, de clarté, et d’élégance, » dit avec raison M. Sayous. Ces mêmes qualités se retrouvent dans le style des écrits qu’il a composés en français. » On ne s’étonnera donc pas si M. Dareste proclame Hotman un de nos prosateurs les plus remarquables du seizième siècle. La netteté de ses vues, la vivacité de ses passions faisaient que chez lui le tissu du discours était nerveux et serré, tandis que les phrases des autres écrivains ses contemporains sont généralement lourdes et traînantes. D’un autre côté, Hotman est bien de son siècle, en se servant continuellement des injures les plus outrageantes dans ses ouvrages de polémique, soit religieuse, soit politique, et soit même scientifique. — On a de Hotman : De Gradibus Cognationis et Adfinitatis ; Paris, 1546 ; — De Actionibus ; Lyon, 1548, et Bâle, 1559, in-8° ; — L’Apologie de Socrate, traduite en français ; 1549, in-8° ; — De Usuris et Fœnore ; Lyon, 1551, in-8° ; — De Statu Primitivæ Ecclesiæ ejusque Sacerdotiis, de Pontificis Romani Potestate atque Amplitudine ; Genève, 1553, in-8° ; réimprimé à Strasbourg, en 1555, in-fol., avec le livre du cardinal Pole : Pro Ecclesiasticæ Unitatis Defensione, ainsi que dans le tome IV des Œuvres de Dumoulin : cet ouvrage, qui porte pour nom d’auteur Fr. Vilierius, est dirigé contre la réfutation du Commentaire sur l’Édit des Petites Dates de Dumoulin, publiée par Raymond Leroux ; — Commentarii in XXV Ciceronis nobiliores Orationes, eas maxime quas quœstionem alignant juris civilis insignem continent, una cum Notis ad Asconium Pedianum ; une première partie, comprenant un commentaire sur treize discours, parut à Paris, 1554, in-fol. ; le tout fut publié à Bâle, 1594, in-fol. ; cet ouvrage fut un premier et déjà excellent essai de l’emploi du droit romain pour l’explication des plaidoyers de Cicéron ; — Commentarius de Verbis Juris, Antiquitatum Romanorum Elementis amplificatus ; Bâle, 1558 et 1563, in-fol. ; Paris, 1558 et Lyon, 1569, in-fol. ; — Epistre envoyée au Tygre de la France, sans nom de lieu ni date, in-8°, imprimée à Strasbourg : il est maintenant hors de doute qu’on doit attribuer à Hotman ce pamphlet virulent dirigé contre le cardinal de Lorraine un peu après la conspiration d’Amboise ; le cardinal mit tout en œuvre pour en découvrir l’auteur, « qui, s’il eût été appréhendé, dit Brantôme, quand il eût eu cent mille vies, les eût toutes perdues ». Le libraire L’Hommet, chez lequel on trouva quelques exemplaires de l’Epistre, fut condamné à mort et exécuté. M. G. Brunet possède le seul exemplaire de ce libelle qui soit parvenu jusqu’à nous ; — Jurisconsultus, sive de optimo genere juris interpretandi ; Bâle, 1559, in-8° : cet ouvrage se compose de deux parties ; la première a été réimprimée à Lyon, 1566 et 1569, in-16 ; la seconde a paru de nouveau, avec beaucoup d’additions, à Lyon, 1564, in-4° ; — Commentarius in IV Institutionum libros ; Bâle, 1560 et 1569, in-fol. ; Venise, 1569 et 1588 ; Lyon, 1565, 1567, et 1588, in-fol. ; — Partitiones Juris Civilis elementariæ ; Bâle, 1560, in-8° ; Genève, 1589, in-16, avec adjonctions ; — Commentarius in Episſtolam Ciceronis ad Quintum fratrem de provincia recte administranda ; Lyon, 1564, in-4° ; Bâle, 1591, in-8° ; — Corpus Institutionum Juris in Justiniani lib. IV, Ulpiani I et Caii II concinnatum ; Lyon, 1566, in-16 ; — Modesta et moderata de Sacramento Eucharistiæ Sententia ; Lyon, 1566, in-8° ; publié de nouveau, sous le titre de : De Sacramento Cœnæ christianæ modesta Disputatio ; La Haye, 1635, in-8° ; — L’Anti-Tribonian, ou discours sur l’estude des loix ; Paris, 1567, 1603 et 1609, in-8° ; traduit en latin, Hambourg, 1647, in-8° ; Leipzig, 1704, in-8°, et 1718, in-4°, à la suite de l’Historia Juris Romani de Hoffmann : ce livre fut écrit pour recommander les réformes que le chancelier L’Hôpital avait le projet de faire dans la législation civile de la France et qui consistaient surtout à ramener à l’unité les coutumes de la France. « Pour faire comprendre l’utilité d’une pareille réforme, dit M. Dareste, Hotman entreprend la critique du droit romain, qui alors était, avec le droit canonique, seul enseigné publiquement en France, à l’exclusion du droit français. Rien n’est plus vif, plus spirituel et, malgré certaines exagérations, plus sensé que cette attaque dirigée par un professeur de droit romain contre la science qu’il enseigne. Il montre que sur une foule de points les dispositions de ce droit ont cessé d’être en vigueur et n’ont plus d’intérêt pratique. » — De Tribus Quartis, Falcidiana , Legitimaria et Pegasiana ; Lyon, 1569, in-fol. ; — Quæsestionum illustrium Liber ; Genève, 1573, 1576, in-8° ; très-augmenté, ibid., 1578 ; Lyon, 1579 et 1585, in-8° ; Hanovre, 1620, in-12 ; — Commentatio Tripartita ad Libros Feudorum ; Lyon, 1573, in-fol. ; Cologne, 1574, in-12 ; le premier, Hotman ramena ici la féodalité à son origine germanique ; avant lui on la mettait constamment en rapport avec le droit romain ; — Franco-Gallla, seu tractatus isagogicus de regimine regum Galliæ et de jure successionis ; Genève, 1573, in-8° et in-12 ; réimprimé avec des changements, sous ce titre : Libellus statum veteris reipublicæ Gallicæ, deinde a Francis occupatæ, describens ; Cologne, 1574, in-8° : augmenté d’un 18e livre, Cologne, 1576, in-8° ; augmenté de six nouveaux chapitres, Francfort, 1686, in-8°, et 1665, in-8° ; Londres, 1721, in-8°, traduit en français par S. Goulart, sous le titre de Gaule franque ; Cologne, 1574, in-8° ; réimprimé dans le tome II des Mémoires de l’Estat de France sous Charles IX ; traduit en anglais, Londres, 1711, in-8° ; nous avons déjà mentionné les qualités générales et l’importance de ce livre, dont nous allons donner ici un aperçu succinct. La Franco-Gallia est le manifeste politique d’un parti, déguisé sous la forme d’une thèse d’histoire. « Il est aisé de se figurer, dit Augustin Thierry, par quel abus de méthode l’auteur, imposant à l’histoire ses idées préconçues, arrive à montrer que de tout temps en France la souveraineté fut exercée par un grand conseil national, maître d’élire et de déposer les rois, de faire la paix et la guerre, de voter les lois, de nommer aux offices et de décider en dernier ressort de toutes les affaires de l’État. En dépit des différences d’époque, de mœurs, d’origine et d’attributions, il rapproche et confond ensemble sous un même nom, comme choses de même nature, les états généraux des Valois, les parlements des barons des premiers rois de la troisième race, les assemblées politico-ecclésiastiques, les revues militaires et les plaids de la seconde, et enfin les assemblées des tribus germaniques, telles que Tacite les décrit. Le point de départ de cette prétendue narration est l’hypothèse d’une hostilité constante des indigènes de la Gaule contre le gouvernement romain. L’auteur suppose entre les Gaulois et les peuples germaniques voisins du Rhin une sorte de ligue perpétuelle pour la vengeance ou le maintien de la liberté commune. Les bandes franques victorieuses et les Gaulois affranchis, formant au cinquième siècle une seule nation, fondèrent le royaume de la Gaule franque, dont le premier roi Hilerik, fils de Mérowig, fut élu par le suffrage commun des deux peuples réunis. » La monarchie continua à rester élective et non héréditaire, dit ensuite Hotman ; le peuple (ce qui, dans le langage de l’époque ne désigne pas l’ensemble de la nation, mais les états assemblés par ordre), garda le droit de déposer les rois et de surveiller toutes les mesures d’intérêt général. Hotman s’efforce de constater ainsi chez nous l’existence de ce que nous appelons le gouvernement représentatif, qui est, selon lui, le meilleur des gouvernements. « Hotman, dans lequel on a voulu voir un républicain, dit M. Baudrillart dans son ouvrage sur Bodin et son Temps, ne parle de l’Angleterre qu’avec admiration ; il partage son culte entre ce pays et la prétendue démocratie royale de nos ancêtres. Mais on doit se demander si c’est bien l’équilibre entre les trois pouvoirs (royal, aristocratique et populaire), que poursuit le jurisconsulte pamphlétaire. Il en est un qu’il traite fort durement, un autre qu’il semble favoriser d’une particulière affection. Pour un publiciste constitutionnel il parle de la royauté avec trop d’amertume et d’emportement, et paraît porter à l’aristocratie un intérêt bien exclusif. Il n’aime pas l’autorité bourgeoise du parlement, qu’il appelle « usurpateur de la souveraineté des états et de la puissance des grands comme des rois. » Au fond, ce que veut Hotman, on n’en peut douter, c’est le triomphe de l’aristocratie » ; — De Furoribus Gallicis, horrenda et indigna amiralli Caslillioni nobilium atque illustrium virorum cæde ; Édimbourg, 1573, in-12 ; réimprimé dans l’Histoire des Troubles de Belgique ; La Haye, 1619, in-8° ; traduit en français ; Bâle, 1573, in-12 : ce livre, publié sous le pseudonyme d’Ernestus Varamundus, contient un récit de la Saint-Barthélemy suivi de pièces justificatives ; — Institutiones Dialecticæ, ex fontibus philosophorum ; Genève, 1573 et 1593, in-8° ; — De Statibus Veteris Ecclesiæ Galliæ ; Cologne, 1574, in-8° ; — Notæ Renovatæ in Cæsaris Commentaria ; Lyon, 1574, in-fol. ; Francfort, 1606, in-fol., avec fig., — G. Colinii Castellionii, magni quondam Franciæ amirallii, Vita ; 1575 et 1579 ; Utrecht, 1644 ; — Ad Titulum codicis de Pactis et Transactionibus ; Bâle et Genève, 1575, in-8° ; — Matagonis de Matagonibus decretorum baccalaurei Monitoriale adversus Italo-Galliam sive Anti-Franco-Galliam A. Matharelli alvernogeni ; 1575, in-8° ; Paris, 1577, in-8° ; réimprimé avec l’ouvrage suivant, 1578, 1584 et 1593, in-8° ; réponse satirique, en latin macaronique, à une réfutation de la Franco-Gallia, entreprise par Matharel dans le but surtout de défendre les droits des reines mères à la régence, droits entièrement contestés par Hotman. Papire Masson ayant répliqué à ce dernier pour soutenir les idées de Matharel, Hotman écrivit une nouvelle diatribe encore plus violente et plus injurieuse que la première, sous le titre de : Strigilis Papirii Massoni, sive remediale charitativum contra rabiosam frenesim Pap. Massoni, jesuitæ excucullati, per Matagonidem de Matagonibus, baccalaureum formatum in jure canonico, et in medicina si voluisset ; 1575, 1576 et 1578, in-8° ; — Ad tilulum Codicis de Judieiis ; Bâle, 1576, in-8° ; — Ad Titulum Codicis de Usufructu ; Bâle, 1576, in-8° ; — Ad Titulum Codicis de Pignoribus et Hypothecis ; Bâle, 1576, in-8° ; — Consiliorum Volumen ; Genève, 1578 et 1586, in-fol. ; — Nullitatis Protestationes adversus Formulam Concordiæ Orthodoxarum Ecclesiarum nuper institutam a quibusdam doctoribus ubiquitariis ; 1579, in-8° ; pamphlet théologique, plein d’invectives contre les luthériens, rédigé en deux jours et demi, et publié sous le pseudonyme de Joh. Palmerius ; André Pouhen ayant répondu à Hotman, celui-ci répliqua par un nouveau pamphlet intitulé : In virulentam planeque sophisticam A. Pouhenii Crïminationem ad versus Pailmerii Protestationes ; Genève, 1580, in-12 ; sous le pseudonyme d’Aspastes Salassus ; — Disputatio de Aureo Justinianeo ; Bâle, 1584, in-8° ; Genève, 1585, in-8°, avec l’ouvrage précédent ; — Antiquitatum Romanarum Libri V ; Bâle, 1584 ; Paris et Genève, 1585, in-8° : cet excellent ouvrage contient des recherches étendues, la plupart confirmées par la science moderne, sur la constitution romaine ; — De Castis Incestisve Nuptiis, et de Spuriis et Legitimatione ; Genève, 1585, in-8° ; Lyon, 1593, et Francfort, 1619, in-8° ; — Brutum Fulmen papæ Sixti V adversus Henricum regem Navarræ ; 1585, in-8° ; Leyde, 1585, 1602 et 1603, in-8° ; inséré dans le tome III de De Monarchia Romani Imperii de Goldast ; pamphlet injurieux contre la papauté, traduit en français, 1585 et 1587, in-8° ; — De Controversia Patrui et Nepotis in Successione regni ; Francfort, 1585, in-8° ; Genève, 1586, in-fol. : écrit dirigé contre les prétentions à la couronne du cardinal de Bourbon, lesquelles avaient trouvé un défenseur dans Antoine Hotman, le frère de François ; — Observationum et Emendationum Libri XIII ; Genève, 1586 et 1589, in-fol. ; plusieurs parties de ce recueil avaient déjà paru séparement ; on y trouve les Amicabiles Responsiones ad Cujacium, réimprimées à Hanau, 1601, in-8°, et 1611, in-12, critique des plus acerbes de quelques opinions de Cujas ; — De Jure Successionis Regiæ in regno Francorum leges aliquot ex probatis autoribus collectæ ; 1588, in-8° : cet écrit, dans lequel Hotman défend les droits de Henri IV à la couronne de France, n’est pas en contradiction aussi directe avec la Franco-Gallia que Labitte l’a prétendu dans ses Prédicateurs de la Ligue. Mais Hotman s’y montre cependant tout autrement soucieux des droits de la royauté qu’auparavant : en la dépouillant du caractère électif, il considère la royauté comme entièrement héréditaire selon une loi de succession immuable, qu’il place même au-dessus des états généraux ; — Ad Tractatum M. Zampini de Successione Prærogativæ primi principis Franciæ Responsio : cet ouvrage, écrit aussi pour soutenir les droits de Henri IV, parut en 1588, sous l’anonyme, sans lieu ni date ; il y a des raisons plausibles pour l’attribuer à Hotman ; — Disputatio de Dotibus ; Cologne, 1591, in-8° ; dans un recueil sur cette matière ; — Scholæ in duos titulos Digestorum de Testamentis et de Liberis Hæredes instituendis vel exhæredandis ; Genève, 1593, in-8° ; Francfort, 1665, in-4° ; — De Donationibus VIII Libri Codicis ; Genève, 1593, in-8° ; — Consolatio e Sacris Litteris ; Lyon, 1593, in-8° ; Hanovre, 1613, in-12 ; dans ce livre, écrit pendant le siège de Sancerre, l’auteur réunit « tous les traits choisis par lui dans l’Ancien Testament qui montraient la main et le secours de Dieu intervenant pour consoler son peuple d’élection, pour le relever et le venger de ses ennemis. Le sentiment de vengeance était violent dans l’âme de Hotman ; et on le voit toujours y céder sans remords, parce que de bonne foi il croit ne voir dans ses ennemis que les ennemis de Dieu. » C’est ainsi que s’exprime M. Sayous au sujet de la Consolatio ; — Scholæ in duos titulos Digestorum de Pactis et Transactionibus ; Genève, 1594, in-8° ; — De Eo quod interest et de Mora ; Hanovre, 1599, in-8° ; — la presque totalité des ouvrages de Hotman fut réunie dans ses Opera, 3 vol. in-fol., Genève, 1599-1601, qui contiennent en outre quelques écrits restés jusque alors inédits, tels que : De Sponsalibus ; De Ritu Nuptiarum et Jure Matrimoniorum, etc. ; — une partie des lettres de Hotman a été publiée dans le recueil suivant : Francisci et Joannis Hotomannorum patris et filii et clarorum virorum ad eos Epistolæ ; Amsterdam, 1700, in-4° ; La Haye, 1730, in-4°, ainsi que dans les Celebrium Virorum Epistolæ de Hummel, et dans les Epistolæ Reformatoribus scriptæ de Fuesli. Mais le plus grand nombre de ces lettres est encore inédit, et on en trouve dans les bibliothèques de Strasbourg, de Bâle, de Zurich, de Genève, de Gotha, au British-Muséum et surtout à la bibliothèque impériale de Paris (ancien fonds latin, n° 8585, 8586, collect. Dupuy, n° 268 ; suppl. latin, n° 1297) ; douze de ces lettres ont été publiées par M. Dareste dans la Revue historique du Droit Français (année 1855). Ernest Grégoire.

Nevelet, Vita Hotomanni (en tête des Opera de Hotman et dans Leihker, Vitæ Jurisconsultorum). — Scévole de Sainte-Marthe, Elogia, t. IV. — Bayle, Diction. — Nicéron, Mémoires, t. XI. — Dareste, Essai sur Fr. Hotman ; Paris, 1850. — Haag, La France Protestante. — Sayous, Études littéraires sur les Écrivains français de la Réformation, t. II.