Nous tous/Les Robes
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LXXXIX
LES ROBES
La pitié, dont vivent les drames,
Je la trouve à la note B
Qui fait suite à L’Ami des Femmes,
Comme un joyau, du ciel tombé.
Ô triste envers d’un art folâtre !
Je le demande avec Dumas :
La Vertu peut-elle au Théâtre
Dire tranquillement : Tu m’as ?
L’actrice que le succès porte,
Est-elle souvent ce que fut
Mademoiselle Delaporte,
Quand l’amour la guette à l’affût ?
Ah ! la vertu n’a rien qui glace
L’esprit au vol aérien ;
Elle est partout bien à sa place,
Et la neige ne tache rien.
Même en sa vie impétueuse,
L’actrice au mérite éprouvé
Peut certes rester vertueuse.
Plus d’une femme l’a prouvé.
Sagesse ! tu ne lui dérobes
Rien de son rêve créateur.
Cependant, qui paiera les robes ?
Quoi ! sera-ce le directeur ?
Bon. Je le crois. Même sans preuves.
Mais devant ce tragique effet,
On verra tout à coup les fleuves
Remonter leur cours stupéfait.
Dérogeant aux anciennes règles
Et domestiqués loin du jour,
On pourra voir les sombres aigles
Picorer dans la basse-cour,
Tandis qu’au-dessus de nos foules
S’élançant en plein ciel vermeil,
Les humbles canards et les poules
S’évaderont vers le soleil !
Et sans écouter les murmures
Du vent, symphoniste et bourreau,
On cueillera des pêches mûres
Sur les cimes de la Jung-Frau !