Notes de la main d’Helvétius

Notes de la main d’Helvétius
Publiées d’après un manuscrit inédit avec une introduction et des commentaires
Texte établi par Albert Keim, Félix Alcan.
NOTES DE LA MAIN D’HELVETIUS
PUBLIÉES D’APRÈS UN MANUSCRIT INÉDIT AVEC UNE INTRODUCTION ET DES COMMENTAIRES
THÈSE COMPLÉMENTAIRE
présentée à la Faculté des lettres de l’Université de Paris
PAR
ALBERT KEIM

PARIS
FÉLIX ALCAN, ÉDITEUR
LIBRAIRIES FÉLIX ALCAN ET GUILLAUMIN RÉUNIES
108, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 108

1907
Tous droits de traduction et de reproduction réservés.

Ces Notes de la main d’Helvetius appartiennent aux archives du château de Lumigny, l’une des deux propriétés[1] de Claude-Adrien Helvetius (1715-1771), fils du médecin de Marie-Leczinska, fermier-général (1738-1751), maitre d’hôtel de la Reine (1749-1759), auteur du célèbre livre de l’Esprit, condamné par l’Eglise et le Parlement, du Bonheur et du traité de l’Homme, œuvres posthumes (1772).

Le château de Lumigny (Seine-et-Marne) et une partie de ses vastes domaines sont maintenant la propriété d’un descendant d’Helvetius, M. le Mis Adrien de Mun[2]. C’est avec une exquise obligeance, une rare et parfaite gracieuseté que Mme  la Mse de Mun a bien voulu me confier en son nom ce manuscrit curieux et précieux. Je tiens encore à leur exprimer ici, tout particulièrement, ma profonde reconnaissance, ainsi qu’à M. le Cte  Albert de Mun, de l’Académie Française, et à M. le Cte  Gabriel de Mun qui ont beaucoup favorisé mes recherches.

Ce manuscrit in-4°, relié simplement en carton rose, porte au dos : Manuscrit Helvetius[3]. Quoique jauni en certains endroits, le papier très solide a bien résisté au temps.

A la première page, on lit : notes de la main d’Helvetius. S’agit-il, comme on peut le croire, des notes du livre de l’Esprit ? Non. Cette opinion n’est pas fondée, on s’en aperçoit tout de suite. Mais l’écriture que j’ai comparée avec celle de divers fac-similé, des nombreux documents conservés à Voré, des lettres relatives à l’espèce de mission diplomatique dont Frédéric le chargea pendant son séjour en Prusse, etc….[4] est incontestablement l’écriture du philosophe.

La seconde page porte en titre : Recueil. Les deux suivantes sont consacrées à une sorte de table des matières d’apparence assez singulière, mais ingénieuse. Elles contiennent chacune dix petits rectangles en marge desquels il y a une lettre[5] et, à l’intérieur, les cinq voyelles.

Les Notes sont donc, comme on peut s’en rendre compte après examen, classées par ordre de voyelles. En effet, voici, par exemple, la case M.

a 124

e 66

i 86

u 106

Voyons la page 124 du manuscrit. Nous lisons : Il faut se consoler dans le malheur. Plus bas : matière de feu… mathématicien. — A la page 66, nous trouvons : rite, mechanceté. cène, metal. Etc., etc.

Dans ce classement original et approximatif, l’auteur ne tient pas compte des consonnes, sauf des consonnes initiales. Ex. :

A o 26.

A la page 26 du manuscrit, il y a : amour-propre, anglais, harmonie… De même G a 68 : grandeur, grâces, gladiateurs, etc.

Les pages, encadrées au crayon, qui sont au nombre de 211, recto et verso, sont marquées jusqu’à la 200e[6], mais, après la 180e, on ne trouve plus de texte et il en est, avant celle-ci, qui ne sont pas remplies ou même blanches.

Les notes sont séparées par de petits traits. Certaines sont barrées. On remarque, dans la marge, de temps à autre, des croix au crayon ou à l’encre, les signes b. m.

Nous savons qu’Helvetius, comme d’autres écrivains de ce temps et, en particulier, comme Montesquieu, prenait volontiers des notes[7]. Il préconisait cette « chasse aux idées » qu’il devait poursuivre, pendant toute sa vie, soit dans son salon de la rue Ste  Anne, soit dans ses retraites à la campagne, parmi les hommes et les livres.

Les œuvres complètes d’Helvetius publiées par son ami Lefebvre-La Roche, légataire de ses manuscrits, contiennent des Pensées et Reflexions, extraites des manuscrits de l’auteur[8], dont Lemontey[9] a très justement signalé l’importance et la valeur. Elle sont bien l’œuvre de l’auteur de l’Esprit, et l’Esprit y est cité. Et même, sans compter quelques commentaires sur Montesquieu et l’Esprit des Lois[10], on y saisit le plus souvent l’inspiration politique, pratique, utilitaire de l’Homme. De plus en plus, vers la fin de sa vie, Helvetius songeait aux réformes directes et positives, nécessaires à la santé des états. Assurément, ces Pensées et Réflexions sont une œuvre de pleine maturité.

Les Notes de la main d’Helvetius ne portent pas de date, mais on peut affirmer qu’elles sont d’une époque bien antérieure au livre de l’Esprit. N’oublions pas qu’Helvetius le publia seulement à l’âge de quarante-trois ans après une dizaine d’années d’efforts[11]. Il paraît même très probable qu’elles précèdent l’époque de la préparation directe à ce gros in-4, dont le scandale fut énorme. Selon toute vraisemblance, elles appartiennent à cette période de la vie d’Helvetius (1738-1748) où il se cherche et se trouve.

En effet, nous sommes bien en présence du poète philosophe qui confiait ses premières ébauches à Voltaire. Précisément, il consigne, dans ces Notes, un projet d’épitre à Voltaire et les thèmes généraux de ses premières dissertations en vers ; on y reconnaît sans peine les conceptions les plus importantes et jusqu’à certaines expressions de l’Épitre sur l’Amour de l’Etude, de l’Epître sur l’Orgueil et la Paresse de l’Esprit, du Ier Chant du Bonheur, etc… Or, nous savons qu’Helvetius abandonna assez tôt la poésie pour se livrer tout entier à ses travaux philosophiques[12]. Les Notes de la main d’Helvetius portent des traces évidentes de ses préoccupations poétiques. Il mentionne un sujet de tragédie, il réfléchit sur le genre épique, il formule un idéal de poésie philosophique. Par exemple : « On n’a point d’idée de la poésie, elle consiste dans la vive, forte ou gracieuse image d’une vérité dite avec harmonie et énergie » et ailleurs : « Que mon vers soit chargé de pensée », etc.

Les Notes nous mettent donc en rapport direct avec un auteur déjà formé, malgré son goût juvénile pour les métaphores et les redondances, qui accumule les idées, les observations, les matériaux les plus variés pour s’en servir à l’occasion. J’ai étudié ces Notes dans Helvetius, Sa Vie et son Œuvre[13], en montrant qu’elles sont des plus utiles à connaître si l’on tient à interpréter équitablement sa doctrine et sa manière. Elles nous révèlent, en effet, un encyclopédiste, un poète galant et fort voluptueux, et, en même temps, un moraliste audacieux, subtil et robuste qui s’oriente progressivement vers les conceptions politiques. Il passera peu à peu de l’idée du plaisir, de l’égoïsme et du bonheur à celle du bonheur universel et de la justice. Dans ce mémorandum de faits empruntés à l’histoire ancienne, à diverses civilisations, dans ce journal impersonnel d’un amant qui s’applique à peindre la passion et ses effets, on découvre, avec son désir constant et violent de n’être pas dupe des apparences, de professer hautement la vérité, le futur philosophe de l’Esprit et de l’Homme qui s’appliquera à formuler une physique générale des mœurs utile aux individus et aux états. C’est ainsi qu’Helvetius note, dans ce recueil, les projets suivants qu’il réalisera plus ou moins : « Idée à remplir[14] que les loix, les mœurs des peuples dépendent des causes phisiques traité de démontrer par l’histoire… sçavoir pour cela s’il y a une histoire universelle des mœurs et des situations des pais… » — « l’esprit est propre a tout dans la même proportion ou il est propre a une chose partir de l’idée que tout vient par les sens » — « Faire des lettres sous le titre d’amour propre expliquer tous les cas possibles de morale avec cela » — « Donner un plan des états possibles calculer les probabilités pour le bonheur des hommes » etc. Voilà les idées fondamentales d’Helvetius.

Le psychologue réaliste et cruel de l’hypocrisie politique et religieuse se manifeste aussi, dès les Notes, et nettement, avec sa haine du fanatisme et du despotisme.

Grâce à ces Notes, dépourvues de l’appareil littéraire, des déductions systématiques et des digressions complexes, on comprend d’où Helvetius part et où il veut aboutir. On y constate son admiration, fertile en images téméraires, pour Newton et surtout pour Locke (celle des épîtres). On le voit lire des textes variés.

Observons que s’il parle fréquemment de Locke et cite Hobbes, il ne fait allusion à aucun de ses contemporains, sauf à Voltaire[15].

En outre, il formule, avec beaucoup de clarté et d’une manière définitive, en quelque sorte, sous cette forme, ses impressions, ses fortes et pénétrantes réflexions, relatives à l’homme et à la société.

Je me proposais d’abord de faire un choix de ces notes en négligeant les citations, les phrases jetées ça et là, intéressantes pour l’écrivain lui-même et non pour le lecteur, les textes obscurs, etc… en me bornant à reproduire les pensées ou les esquisses les plus curieuses, les plus profondes ou pittoresques. Et il y aurait sans doute un exquis et terrible livre de pensées à extraire de ces notes et de l’œuvre entière d’Helvetius, d’un homme qui fut compris et estimé à sa réelle valeur non seulement par un Bentham, un Beccaria, mais encore par un Stendhal ou un Schopenhauer.

M. Boutroux, que j’ai tenu à consulter sur ce point et dont l’autorité en matière d’histoire de la philosophie est indiscutable, m’a engagé à publier le manuscrit tel qu’il se présente[16]. On évite ainsi le parti pris. Au lecteur de choisir, de faire le tri nécessaire, puisque ces notes sont une sorte de sketch-book philosophique contenant, tour à tour, des impressions, des commentaires, des exercices de style et de pensée, des maximes, des indications de développements, des notations concises, etc…

Voici donc, intégralement, le texte d’Helvetius[17]. On verra que ce très consciencieux et scrupuleux écrivain se montre plus soucieux de l’idée et de l’expression, souvent énergique, saisissante, colorée, que de l’orthographe (la question de l’orthographe était alors toute résolue !), de l’accentuation, de la ponctuation, du genre et du nombre.

Une question délicate se posait. Ces textes si divers appartiennent-ils bien tous à Helvetius ? Nous remarquerons qu’aux citations évidentes, aux extraits se joint fréquemment l’indication de l’auteur, de l’ouvrage. Quant aux pensées proprement dites, elles présentent, en général, des ratures, des additions, des corrections de toute espèce qui témoignent, d’une façon incontestable, de la recherche personnelle. Prenons plusieurs exemples de genres différents : Amasones ces terribles et aimables guerriers qui par la puissance de leur armes ou de leur yeux vainquaient leur ennemis… ensuite on lit : a mettre en qui est barré, puis : ainsy la Vérité par sa force ou sa beauté triomphe des cœurs indociles. L’auteur, le poète a d’abord trouvé la comparaison et il la note pour ne pas l’oublier. — Les charmes d’une maîtresse (on lit d’abord les yeux barré) même absente assiège vos yeux sa voix assiège vos oreilles tout sert d’aliment a l’amour pour l’étendre et l’accroitre l’amour qui demandoit… On lit entre deux lignes au-dessus d’amour : ce don du ciel, etc… — Les bons esprits sont (dans l’harmonie : dans l’harmonie barré) comme (dans un concert : dans un concert barré) une belle voix seroit dans un concert, etc… — Public son jugement est (ajouté sur la ligne : pendant la vie d’un auteur) une onde agitée qui monte qui baisse mais cependant (ajouté sur la ligne : a la fin) qui attrappe son calme. — Dieu veut que nous soions dans l’erreur et l’ignorance de certaines choses puisque nous ne les comprenons pas (de barré) pour toutes les choses qui nous sont nécessaires (a la vie ajouté sur la ligne) Dieu les a imprimé dans les esprits les plus vils comme (dans ajouté) les plus relevés, etc…, etc…

J’ai tenu à signaler, dans un certain nombre de cas, ces additions, ces ratures, ces corrections de manière à laisser au texte, autant que possible, sa véritable physionomie. Je me suis efforcé de mettre en lumière les passages les plus saillants, les plus caractéristiques, les plus susceptibles de nous renseigner sur l’âpre analyse du moraliste et la tentative généreuse du philosophe politique.

Moraliste, Helvetius qui avait des dons puissants d’observation et de méditation est de l’école de Montaigne, de La Rochefoucauld, de La Bruyère et, avec sa faculté brutale de saisir le réel et de le décomposer, il garde son entière personnalité. Philosophe politique, obsédé par l’idée de créer une science exacte et profitable des mœurs, il s’est heurté à toute sorte de mécomptes. C’était une étrange ambition, vers le milieu du dix-huitième siècle, de vouloir créer une « sociologie ». Avec ses vues souvent paradoxales ou systématiques, mais souvent aussi très larges et très hardies, Helvetius a travaillé à bâtir la cité moderne sur des fondements solides, c’est-à-dire sur une connaissance réelle de l’homme, de ses penchants naturels et des grands moteurs sociaux, sur la législation et l’éducation[18].

Malgré ses défauts, ses erreurs, Helvetius, le théoricien de l’amour-propre et des passions, le créateur de l’utilitarisme en France, l’éloquent et sarcastique orateur des vérités qui ont fleuri et s’épanouissent magnifiquement sur la terre, mérite d’être remis à sa place parmi les penseurs et les citoyens dont notre démocratie doit s’honorer si elle ne veut point méconnaître ses propres efforts.

En publiant les Notes de la main d’Helvetius, j’ai conscience de rendre un légitime hommage à la mémoire d’un auteur méconnu et de contribuer à sa réhabilitation nécessaire.


Préjugés[19]. Sont a l’esprit ce que les ministres sont aux Rois ceuxcy défendent a leur concurrents l’approches des Rois et de même les préjugés empêchent les vérités de parvenir jusqu’à leur esprits de peur de perdre l’empire qu’ils usurpent sur luy

Les préjugés bouchent a la raison les avenues du cœur

Si la vertu ne devient passion[20] nous ne la pratiquons pas nous ne faisons jamais qu’essaier de la pratiquer avec quelque rapidité qu’un vent passe sous la ligne il se charge toujours de quelques parties de feu

avec quel soin qu’on évite les préjugés l’ame reste toujours chargée de quelqu’uns[21].

plus on a bandé un ressort plus il s’echape avec violence plus on a resserré un bon esprit par les liens des préjugés plus quand il commence a s’en dégager il s’éloigne d’eux c’est une poutre qui s’eleve de l’eau a proportion qu’on la enfoncé[22].

L’envie mère des crimes et le bourreau de ses favoris ainsy les géants que la terre produisit pour escalader les cieux mère affligée [elle] se voit aujourdhuy l’instrument de leur supliçe elle écrase sous sa pesanteur et les tient enfermé dans ses entrailles de feu[23]

L’envie honore les morts pour insulter les vivans.

mais malgré elle. Pline veut qu’on sache qu’il a vécu.

Europe. Sa blancheur étoit si grande que les anciens disoient qu’une des filles de Junon lui avoit dérobé son pot de fard pour le donner a Europe

L’envie[24] compte les défauts et non pas les vertus et ne voit les hommes que par leur aspect moins favorable

chez le vulgaire le préjugé nous eleve et nous abbat. L’homme sage et esclave doit il donc attendre sa gloire et son bonheur du préjugé

Quand un sot est en place on le traite de génie[25] ainsy quand un tronc d’arbre façonné en Dieu est mis sur l’autel on oublie que du même bois on fait des bûches et baal sur l’autel est pris pour un Dieu

La sottize se venge du mérite en le méprisant

L’étude polit l’esprit[26]. Le milon ne sortit pas de la carrière mais seulement un bloc de marbre

méfiez vous de ceux qui louront toujours plus les vivants que les morts[27] il y a la de l’envie

Eloges magnifiques des grands hommes

Celuy de Newton[28]. Nec mortali propius fas est attingere Divos

Aristote. Par Averroes. La doctrine d’Aristote est la souveraine vérité il était monté au degrez de l’humanité qui approche le plus de la Divinité. Dieu nous l’envoia pour nous montrer quelles sont les limites de l’esprit humain et les choses qu’il est dans notre nature de scavoir et les hommes ne doivent être regardés comme plus ou moins scavants a proportion qu’ils entrent mieux dans ses pensées

Politien dit qu’homere avait été loué par les plus grands génies et que cependant ces louanges n’avoient été qu’ébauchées

beauté la pudeur pour beauté la vertu pour fortune

L’enthousiasme des bacchantes étoit suivi d’un profond someil après lequel ils se reconnaissaient et admiroient avec etonnement la force et la puissance du Dieu qui les possedoit (ce long someil a fait soupçonner un maléfice donné par les prêtres[29])

je ne donne jamais d’Eloge que but a but et la flatterie et l’espoir jamais ne me feront mentir

La nature luy donna un corps digne de son ame et un front propre a être courronné de laurier

L’enthousiasme va allumer des flambeaux sur l’autel on vit autrefois tisiphone au pas précipité allumer aux flots de feux du phlegeton le flambeau qui doit allumer le crime dans le cœur de thieste l’effraiant enfer ne voit qu’avec horreur la rage qui le transporte et redoute pour la terre [sa] rage

L’enthousiasme prend des abeilles[30] pour des harpies

Empoisonneur Le conseil des dix a Venise en entretient a gros gage C’est un meuble d’état Louis onze avoit le provost Tristan qui executoit aveuglement ses volontés Charles 9 et Caterine sa mère se servirent pareillement de Maurevel

il est bien difficille de louer qui mérite autant de l’être

il faut qu’un Eloge[31] soit une définition pour qu’il soit bon

Esprits[32] La sorte qu’ont en general les grands les gens de cour, les gens riches, les jeunes gens et même la plupart des beaux esprits. Malbranche[33] vol. Ier Page 131

il y en a de fort heureux en expressions quoique fort malheureux en Raison[34]

Vérité, elles ne sont pas toutes arrachées de nos cœurs se sont des fleurs que le soufle de l’orgueil[35] et des préjugés a couchée mais qui aux raions d’une profonde méditation se relèvent

La vérité est comme l’embrasement d’un des vastes forest élevée sur les montagnes du nord elle répand dans les nues et sur la terre une grande lumière les gens raisonnables ne la perdent jamais de vue mais ils font quelquefois des détours inutiles mais pour les aveugles elle luit inutilement pour eux

Description de deux armées qui viennent aux mains pag. 290 hom. vol. Ier

Locke armé de la vérité va attaquer l’erreur qui est couvert d’une cuirasse.... par l’ignorance l’orgueil l’opiniâtreté mère de la sottise Cette cuirasse etoit comme un fort ou les hommes ne pouvoient l’attaquer[36]

Loke saute d’une vérité simple a la vérité la plus abstraite et parcourt en un instant aussy vite que la pensée l’espace qui les sépare de façon qu’un homme de beaucoup d’esprit auroit eu de la peine a parcourir cet espace en un longtems[37]

Description du sac d’une ville homere. Remarques pages 187 vol. Ier

L’esprit de Sapho n’a servi qu’a luy montrer qu’on en a plus qu’elle

L’Esprit est comme la manne qui se corrompt dans un vase l’usage seule le rend du poison ou agrément etc

il y a des esprits qui ne peuvent regarder fixement un objet comme les yeux faibles

Loke prend l’esprit des sa naissance il en suit la progression comme un jardinier d’un jeune arbre

tout esprit limité tel que celuy de l’homme est sujet a l’erreur parce que les moindres choses ont entre elles un infinité de Rapports et qu’un esprit limité ne peut comprendre d’autant qu’il croit volontiers que les rapports qu’il n’appercoit pas[38] n’existent point

on ne marche a la vérité que dans le silence des sens

par Loke l’homme vieux est détruit et il nait un nouvel homme qui marche a la vérité[39]

Peintres quelqu’uns sont ingénieux dans l’invention D’autres dessinent avec force les uns sont sçavans dans les expressions les autres peignent avec beaucoup de graçe et de beauté

Demetrius leva le siège de Rhodes parce qu’elle n’étoit attaquable que du coté de la maison du fameux peintre protogene ou étoient ses ouvrages admirables

Erreur. Lorsqu’elle est revêtue des habits de la vérité elle est souvent plus respectée que la vérité même

Pensée forte s’exprime fortement[40]

Du sein de l’orgeuil et de l’ignorance[41] sortirent les erreurs qui semblables a des légions d’abeilles qui vont picorer les plus belles fleurs infectèrent les meilleurs esprits

L’erreur est une mer qui englouti tout l’univers sur la surface de laquelle on voit quelque sage qui se sauve dans une légère esquif qui est toujours prête elle même des englouties et qui fait toujours eau par quelque endroit

Locke est un jardinier infatigable qui va déraciner toutes les tiges de l’erreur armé de la hache de la Raison dont le fil ne s’emousse jamais il coupe les forest immenses des erreurs[42]

L’erreur etoit un accident qui pouvoit arriver a l’homme. C’etoit un nuage épais assemblé sur la cime d’une montagne que le soufle de l’orgueil a dispersé par toute la terre[43]

L’erreur a la démarche altiere dédaigneuse sure de la victoire tiran des cœurs qu’elle infecte punissant elle même ceux qu’elle a séduit par les pièges ou ils tombent par elle elle entre dans un pais telle qu’une armée victorieuse

Les monastères offrent un agréable spectacle aux yeux de l’erreur. C’est le théâtre de sa gloire[44]

Pensée toutes les pensées s’efforcent de sortir et semblent a la fois couler de sa plume

il n’y a de beau en pensée que le rare[45]

le mot propre fait ressortir les pensées comme les ombres font sortir le relief des tableaux et sans les mot propre les pensée sont toujours louche comme un tableau dont les couleurs seroient effacées

l’erreur et la vérité sont enlassés dans le monde comme deux serpent deux goutte d’eau

pour que les pensées soient belles elles ne doivent pas être deleiées dans beaucoup de mots[46]

il faut rassembler dans un mot un faisceau de pensée[47]

L’erreur acquiert la propriété par la prescription

Ce fut l’erreur qui bâtit les cieux de pierres qui fit sortir l’univers d’un œuf qui fit des étoiles des lampes attachés aux voûtes des cieux[48] lire tout[e] [l’art] d’Anaxagoras[49] l’harmonie des cieux que le soleil etoit plus grand que le peloponesse

nos sens peuvent bien nous tromper dans l’essençe[50] des choses mais non pas dans les rapports [V.pr.] le point mathématique, putestre nos yeux [donne] la grandeur des objets mais toujours proportionnement

que mon vers soit chargé de pensée[51]

l’erreur tira des dieux des arbres plaça Jupiter dans le ciel neptune Roy des mers etc. sur un trône de cristal Jupiter sur un trône d’éclairs etc

flatterie elle érige en vertu tous les défauts des grands la Religion du prince est celle des sujets et la Raison du prince est aussy celle de ses peuples. Alexandre penche la tête tous ses courtisans la penchent

Denis a l’arrivée de platon dans Siracuse s’aplique a la géométrie et son palais se remplit de poussière[52] abandonne t’il la géométrie ils passent de l’horreur de la débauche a l’horreur de la géométrie et elle ne passe plus que pour une pedenterie et la cruauté et la brutalité passe pour grandeur de courage[53]

Diodore de Sicile rapporte qu’en Etiopie les gens de cour se rendent boiteux et difformes qu’ils se coupent quelques membres et se donnent même la mort pour ressemblera leur princes

Sagesse : c’est une fermeté d’ame que les revers ne peuvent abbattre le sage est heureux dans les malheurs, c’est un vaisseau assailly par l’onde mais qu’elle ne peut submerger en vain allumeroit-on des feux le long de la mer pour la faire bouillir sous les débris du monde Dieu ne seroit point écrasé et le sage dans la vertu et l’étude se trouve comme dans un fort qui le met a l’abry de tous les malheurs sous lesquels il ne peut succomber[54]

la sagesse préside aux conseils et le sort a l’événement

il est un tems selon Salomon pour rire et un autre pour pleurer et selon epicure il est un tems pour être sobre et un tems pour être sensuel Salomon et Epicure se sont souvent démentis dans leur conduite

Chasteté. Epicure ne la regardoit pas comme vertu mais il concevoit la luxure comme un vice il vouloit que la sobriété fut un économie de l’appétit et que les plaisirs présents ne nuisissent point aux plaisirs avenirs[55]

Les grands[56] n’estiment souvent qu’autant qu’on les ençence

Grandeur. Tous les objets sont pour les grands des miroirs ou leur grandeur se réfléchit, voila pourquoy ils aiment souvent leur[57] inférieurs[58]

les hommes ont presque tous besoin d’eux ce sont des sphères immenses qui entraînent dans le mouvements de leurs tourbillons une infinité de planètes sur lesquelles ces sphères répandent leur clartés, les planètes leur doivent leur mouvement etc

la flatterie trouve en vain pour louer les grands des tours nouveaux c’est pour eux une nouvelle voix qui chante dans un concert (et leur vie n’est pour eux que le concert de la louange)

cathesime est la liste des mots que l’on doit retenir

personne ne scait si l’ame est née avant ou après le corps

la scène de l’ame ou les passions jouent un si grand rôle

Imagination vive, forte, et fausse qui exprime des pensées avec énergie dont l’aveuglement est superbe, éblouissant et qui jette des lueurs en impoze a la multitude

elle augmente toujours les idées des choses qui ont rapport au corps et que l’on aime

on combat souvent la vérité[59] par son image

La jalousie est un lion furieux qui étonné de son ombre se jette avec fureur dessus

quel supplice pour un jaloux de voir louer la beauté la vertu l’esprit de son rival un sang pale roule dans ses veines son ame n’est plus que la colère. — Quelle plus grande douleur encore de voir sa maitresse qui porte encor les marques de ses baiser et qui encore dans le trouble des baisers

Portraits celuy de l’imagination de Montagne. Malbranche Page 437 vol. Ier

Portrait celuy d’un esprit naturel de Ninon de L’enclos[60] sous le nom de leontine (page III du Dialogue sur la musique des anciens

traductions. Mlle  de Lafaiette disoit qu’un traducteur estoit un laquais chargé d’une commission et qui oublioit toujours la moitié de ce qu’on luy avoit dit cependant un bon traducteur doit être regarde non comme un faiseur de copie d’un bon tableau mais comme un sculpteur qui executeroit en marbre le dessein d’un tableau

Le père bours disoit qu’un traducteur etoit un homme qui ouvroit une boite d’essence et de parfums dont le plus exquis s’évapore

L’avarice veut avoir le bien d’autruy celuy qui arrachoit une borne etoit mis autrefois a l’interdit les romains avoient grand respect pour le tronc et la pierre qui servoit de borne et l’adoroient la parfumoient d’essence luy mettoient des courrones de fleurs l’emaillotoient avec des linges et lui faisoient tous les ans au mois de février des sacrifices apeliés terminalia

Auguste rendit aux veieens la belle statue d’ajax qu’Antoine avoit fait transporter en Egypte

la nature mit l’or sous nos pieds pour que nous le foulions[61]

Auguste s’apliquoit a la poésie après avoir mis ses troupes en quartier d’hiver

Auguste scavoit fort bien la rethorique étoit profond philosophe sa passion pour les lettres etoit si grande qu’il s’entretenoit toujours a table de matière d’érudition et qu’il epuisoit tous les sçavants qui venoient a sa table il avoit fait en vers hexamètre un livre sur la Sicile qui portoit ce nom et un livre d’epigrame. dans une lettre a tibere il luy recommande Combattez pour les muzes et pour moy

Pindare pour louer trasibule dit : il a rempli son esprit de richesses il ne passe point sa jeunesse dans l’injustice et la débauche mais il cuielle tous les fruits de la sagesse dans les antres des muzes

Auguste s’acquit plus de gloire lorsqu’il pacifia l’orient sans tirer l’epée que s’il l’eut dépeuplé avec l’epée de la guerre[62]

Augures on ne les pouvoit dépouiller du sacerdoce qu’en leur otant la vie

les toscans les plus habiles dans la connaissance des augure se tournoient comme les poètes a l’occident (v. pa. 198. v. 3. ho.)

dans le livre des destins dieu nous cache les pages de l’avenir et ne nous montre jamais que celles du présent

Auguste eut le nom de père de la patrie

quand Auguste se proposa de se démettre de l’empire il fit un discours artificieux que l’on sentit et tous les sénateurs par crainte le prièrent de le conserver

l’avare vit gueux pour mourir riche

Conseil que l’on nous donne devient a nouveau propre quand nous l’exécutons

trophée l’art ni le faste n’a pas élevé de pompeux à la gloire mais notre reconnaissance n’en a élevé dans nos cœurs

Le commerce et l’agriculture sont les nourrices[63] des états

Poésie Le vray doit etaier les peintures de la poésie[64] et les peintures doivent embellir le vray ce sont deux chaînons engagés l’un dans l’autre

Loke n’a pas fait tant de bruit que les philosophes anciens qui avoient des disiples qui reflechissoient leurs opinions semblables a ces flambeaux qui sont au milieu d’un cabinet de glace et dont la lumière se réfléchit beaucoup et au loin et paroit une grande lumière a peine a t’on ote les glaces que l’on voit que tout cela etoit moins l’ouvrage des flambeau que des glaces

homere, vie d’hommere de Mde  Dacier,

il est le premier qui ait dit que la terre etoit envirronnée d’eau que le soleil s’eleve et se couche dans l’océan et que le cercle arctique ne se couche jamais on dit qu’il mourut de dépit de n’avoir pu expliquer un énigme que lui proposèrent des pécheurs. Comme Aristote se jetta diton dans l’euripe pour n’avoir pas pu comprendre la cause de ses prétendues sept marées journalières.

Ptolomée philopator 3ème Roy d’Egypte luy éleva un temple manifique dans lequel il plaça la statue d’homere et autour le plans des villes qui se disputoient l’honneur de luv avoir donne la naissance

A chio et a Amestris ville [ville] du pont on celebroit des jeux et on frapoit des médailles en son honneur

A Smyrne on bâtit un portique quarré au bout duquel etoit un temple et une statue a homere Et a Argos on l’invoquoit avec Apollon[65]

Complexe, il y a des idées complexe qui se représentent a l’esprit aussitost que des idées simples comme un visage qui est composée de plusieures parties se peint tout a coup dans un miroir

Poètes Compare[66] les idées entre elles comme les géomètres comparent les corps

forest de l’amerique il est chez vous des Locke et des Newtons

homme) Ne pense point malheureux n’ait que les pensées de ton père ou de ton amy

Dieu ne détruit point l’homme en faisant un prophète[67]

Postérité en vain on fatigue les Dieux pas les offrand[r]es pour avoir une postérité il faut des couilles et non pas des offrandes

Monstre qui est couvert de serpent au lieu de poil

mœurs

la Raison et l’amour adoucissent nos mœurs

Les grands[68] sont a la nation avant que d’être au roy et tous les peuples leur ont confié leur interests

Grands Sont pour la plupart comme les faux dieux des anciens C’est un vil morceau de sapin d’un peu d’or revêtu

ils voient l’univers s’armer pour leur querelle leur citoiens respectueux devant leur tribunal attendre qu’ils les rendre[69] heureux les fables d’homere ou les princes etoient les plus braves etc tout augmente leur présomption

Les témoins de leur grandeur et qui pour ainsy dire ornent leur triomphe et sans lesquels il ne peut exister ces envieux servent a leur chute

quand on est plaçe au centre de la roue de la fortune si l’on ne peut s’élever bien haut au moins ne peut on descendre bien bas

L’art Sous ses chaines contraint la nature et fait servir ses cléments aux plaisirs[70]

et les ennuis sont peints sous leur fronts chargés de pierreries

les faux sçavants le mépris des sage et l’etonnement des sots[71]

ce sont des astres dont on observe les moindres mouvements

de ce qui plaisoit on fît un art

Sagacité d’esprit n’habite sous les toits dorés et n’est gueres de mize chez la plupart des hommes

Amant il est insatiable de la vue de son idole et de toucher les merveilles de son corps

La terre n’enfante point assez de fleurs pour les offrir a son amante ni l’arabie assez de parfums

Les yeux des amants grossissent les beautés de leur maîtresse et diminue leur défaut

c’est quand une beauté s’abandonne aux amant et sur un lit que l’on pratique les délicieuses caresses de l’amour

Malbranche[72] est comme un phosphore qui éclaira pendant la nuit et qui ne rependit plus de lumière aux grands jours

Les arts se réfléchissent mutuellement des lumières

La raison et l’ame suit les progrès du corps elle est plus foible dans l’enfançe et la vieillesse ainsy que le corps il pourroit bien foire qu’elle fut matière[73]

tertullien et quelques pères ont cru l’ame corporelle[74]

et l’empire des grecs fut le temple des arts

Les académiciens ou les disciples de Socrates etoit cette secte qui etendoit le plus l’esprit et formoit le plus le jugement

les ans apportent beaucoup de commodités en venant et en emportent beaucoup en s’en retournant

et du sein des carrières l’art tira les palais des Rois

l’art dans les premiers tems fit ses premières ébauches

Amasones ces terribles et aimables guerriers qui par la puissançe de leur armes ou de leur yeux vainquirent leur ennemis ainsy la vérité par sa force ou sa beauté triomphe des cœurs indociles

Machine infernale en tombant sur cette ville paroissoit comme un soleil qui se detacheroit de la voûte des cieux et qui annonceroit la destruction prochaine de l’univers

Artillerie de passage des anciens pour accabler la raison[75]

Architecture ce qui sert a la solidité des bâtiments sert en même tems a leur beauté tel que les différents ordres de colonnes dont les plus foibles telles que l’ordre composites doivent être plus élevé

Démocrate proposa a Alexandre de faire du mont Athos sa statue qui tiendroit une ville d’une main et de la main gauche un vase qui après avoir reçu toutes les eaux qui coulent sur cette montagne les versera dans la mer

au défaut de raison il apporte un passage

Passions dont les images[76] obscurcissent le soleil de la Raison

Paisan un paisan ne prend pas de part a la gloire de sa patrie ni de son roy mais bien de celle du hameau

la passion dominante est un prevost muni du pouvoir de la justice elle entre a main forte dans l’esprit y loge son objet et veut qu’elle y soit regarde comme le seul propriétaire de la place

Amphion bâtit dit on les merveilles de thebes au son de sa lire cela est imité de josue qui fit tomber les murs de jericho au son des trompettes[77]

chez les anciens on restoit a jeun jusqu’au couché du soleil

on faisoit en greçe des courses avec des torches ardentes celui qui arrivoit le plus vit au but sans les éteindre etoit le vainqueur (a mettre en comparaison)[78]

les anciens croient que les danses et les jeux des satires renfermoient toujours quelque chose de misterieux cespourquoy ils les representoient entre venus les grâces et les amours

les anciens avocats exposoient devant les juges un tableau ou etoit peint le crime de leur adverse parties

les romains après s’être exerces dans le champ de mars se jettoient tous fumants dans le tibre

les anciens se foisoient honneur de jouer des instruments et on regardoit comme un défaut dans themistocle de ne sçavoir point jouer de la lire

les anciens non seulement portoient le carquois sur l’épaule mais même la lire enfin tous ce qui les distinguoit

les anciens scites empoisonnoient dit on leur flèches avec de la semence de vipère mêlée au sang d’homme

les anciens qui alloient voir de nuit leur maîtresse portoient des flambeaux des leviers des arcs et des haches pour mettre le feu aux fenêtres aux portes ou pour les abbattre si on ne leur ouvrait pas[79]

Architas grand géomètre philosophe astrologue et mechanicien avoit fait un colombe de bois qui d’abord qu’on luy avoit donné l’essor voloit jusqu’à la fin de sa corde

les anciens aimoient les petits fronts dans les femmes qui le rapetissoient avec des bandelettes

boire dans la coupe de la liberté[80] pour signifier estre libre

Douleurs, absençe de douleurs est le bien des malades

semblable a ce voluptueux qui au milieu des plaisirs les plus vifs demandoit a ces esclaves s’il etoit heureux

un ply de Rose blesse Smindride le moindre revers blesse l’ambitieux

Journal des Sçavans du 9 aoust 1666. Les pierres et même le verre servent de nourriture a de petits vers

Peinture ce qui prouve la beauté de la peinture du tems des grecs c’est que la sculpture ne peut être (toute) parfaite si la peinture et le deissein ne son poussé a un haut degréz. Or les antiques sont encor nos modelles en sculpture, donc etc.

Ouvrage il y a dans les ouvrages des beautés qui appartiennent a toutes les nations et il y en a qui n’appartiennent qu’a la mode et au circonstance[81] les unes sont des beautés du premier genre les autres du 2d 

Orgueil. Empedocle fut si passionné[82] des honneurs divins qu’il se jetta dans les goufres du mont œtna pour insinuer qu’il avoit été enlevé dans les cieux mais [que] les flammes par un sort contraire rejetterent une de ses pantoufles qui etoit d’airain ce qui le priva des honneurs divins, il reprochoit a ses citoiens de courir au plaisir comme si ils eussent cru mourir dans le même jour et de bâtir des maisons comme si ils eussent cru toujours vivre[83]

il a[84] un noble orgueil qui vient d’une grande ame qui vient de la connaissance qu’on a de soy et il y a du courage a dire hautement ce qu’on est quand on ce connaît c’est l’aiguillon des grandes choses pour produire le sublime il faut une noble confiançe[85]

l’orgueil et l’heureux succez tourne si fort la tête aux hommes que pompée voiant que tout luy reussisoit sur mer se déclara fils de Neptune ainsy Alexandre etc

Cleopatre se faisoit apeller isis et antoine bacchus. Voi. v. 2. ho. pa. 430

parmi ces financiers[86] qui se font élever de superbes mauzolées qui restât deux dans leur epitaphe leur orgueil ils font vivre leur viçe après leur mort

l’orgueil ne s’extasie qu’en parlant de luy

et dans les miroirs ou il se regarde il se prend pour narcisse et meurt d’amour pour luy

les ouvrages ne sont faits que pour les bons esprits capables d’en profiter[87] les sots liroient sans profit les livres les plus senses

l’orgueil humain voulu triompher sur un char de l’océan pour en avoir emporté une douzaine de coquilles

amour propre on ne s’en défait point on le quitte comme bette et on le reprend comme spirituelle

anglois nous avons les grâces ils ont la force nous plaisons ils étonnent[88]

les gens qui ne sont pas d’une naissance illustre sont obligé de. [.....] par des préférences extérieures la préférence qu’on fait de soy

le respect a la porte des grands fait plier la tête au vulgaire mais dans ce cabinet l’inquiétude et le chagrin dévore ce grand c’est la au milieu des ressorts qui font mouvoir les hommes (et qui sont les passions) il touche tantost une de ces touche et tantost l’autre, l’amour l’amitié ni la décoration de l’uni vers n’est point faitte pour luy[89]

harmonie. Pitagore pretendoit que les cieux foisoient par leur mouvement réglés un merveilleux concert que les hommes n’entendent pas parcequ’ils y sont accoutumés

amour. dans les amans absents de leur maitresse l’image du plaisir et le désir coulent avec leur sang dans les veines et y excitent des transports et des représentations si vive qu’elle produit souvent les mêmes plaisirs que l’amour luy même

en amour l’amant est dévoré du désir de parcourir les beautés du corps de sa maitresse et de lancer par la voie des plaisirs les feux dont il est embrazé. les yeux sont humides et le désir luy met toujours devant les yeux le tableau de sa maitresse nue[90] : Ainsy pour la vérité etc

Les charmes d’une maitresse même absente assiège vos yeux sa voix assiège vos oreilles tout sert d’aliment a l’amour pour l’étendre et l’accroitre l’amour ce don du ciel[91] qui demandoit a être cultivé par des âmes les plus parfaites et les imaginations les plus belles plaisirs vifs que le mariage a assoupie dons du ciel que la débauche grossière et peu savoureuse a détruit et que l’interest a converty en marchandises[92]

en parlant de l’amour et de l’erreur

l’abcès se vivifie et croit en viellissant

l’amant auprès de sa maitresse attache et fixe ses yeux sur elles ses mains vont avec fureur saisir ses cuisses et ses fesses les dents craquent ils se font des morsures que la seule fureur peut rendre agréable

l’amour est insatiable de plaisirs et ses souhaits occupent la place des forces

l’amour dans les plaisirs s’élance de leur veines

la richesse de leur pères converty en rubans

l’essence de l’amour est de n’être jamais heureux la jalousie le trouble la perte des biens, on a dit du bien et du mal de cette passion, pour être heureux il ne faut pas connaître l’amour passion mais l’amour volupté[93]

lire lucreçe Comme l’amant déifie les défauts de sa maitresse trouve la noire brune etc. (vol. 2) pag. 144. pag. 96

Moines qui ont la triste singularité de se priver des plaisirs sans faire moins de crimes

opinions. Souvent leur changement que l’on regarde comme l’effet de la raison n’est qu’un changement d’humeur que l’âge a amené[94]

et voltaire indigné se tait devant un moine

chinois il ne reste plus de traces de sciençes que les sciençes qu’ils ont perdues

opiniâtreté c’est le sujet qui la distingue de la fermeté l’opiniâtre soutient obstinément le mensonge et l’homme ferme la vérité

logique flambeau de l’erreur non de la vérité

lucreçe soutenoit que le soleil n’etoit ni plus ni moins grands qu’il le paroissoit on voit de loin un flambeau et il ne paroit pas plus petit [que] qu’il ne l’est effectivement

la plus belle couronne des Rois est celle qu’a tisse l’amour des peuples[95]

que les rois ravage la terre etc. pourvu qu’ils me laissent ma Silvie[96]

l’amour de la gloire[97] rechaufe souvent la vertu fait braver les rois les suplices mars la volupté et les richesses

les lois doivent leurs forces aux mœurs[98]

La gloire des poètes ce monument que les doigts de fers du tems ne peuvent ébranler

sa gloire s’elevoit audessus de celle des autres comme le pic de tenerif dont le sommet frappe les cieux[99] s’eleve audessus des autres montagnes de la terre

les rois disent qu’ils aiment le vray mais malheur a qui les croit sur leur parole

la gloire et la renommée qui avec une voix plus forte publie chaque siècle la louange des grands hommes morts publira toujours la sienne

jouir de la gloire sans s’en enivrer

la pitié en son cœur triomphe de la gloire il ne tonne pas pour fraper

il veut que le trophée de la clémence soit plus haut que ecluy de la victoire

preferre aux lauriers sanglants l’olive pacifique

le sang qui en dégoûte souille le plus beau front

la triomphante croix voit pâlir le croissant[100]

les lauriers semés autour de [.....] berceaux se couvrent a présent

la gloire comme un fleuve qui saccroit en son cours par le […] et des fontaines s’augmente par les siècles

entouré de nains un nain plus haut se croit un géant que l’on voit de toute la terre[101]

et les tombeaux sont des monuments non de la piétié mais de l’orgueil des fils

l’opinion naquit avec les premiers hommes

Philosophe qui n’est pas sensuel méprise le Sibarite qui le méprise a son tour ils ont tort tous deux[102]

sois ignorant et non pas décisifs

l’ignorance n’est pas condemnable il n’y a que ’impertinence

l’art du politique est de faire en sorte qu’il soit de l’interest d’un chacun d’être vertueux

Richesses elles sont la courronne et l’ornement du sage

Sciences et les arts etoient également estimés en greçe les grands peintres les grands poètes les grands philosophes et les grands politiques (p. 93. Dialogue sur la musique des anciens)

Stile

apprend moy l’art d’être fort avec grâçe[103]

vous avez beaucoup lu mais n’avez pas bien lu

des principes innés il suit qu’il n’y a pas de liberté comme je le scay et on peut repondre a ceux qui diroient que l’on peut toujours suspendre son jugement donc on a de la liberté que cette même reflection qui nous engage n’est pas plus volontaire que les autres et que c’est de certaines fautes et les objets extérieurs que l’on condui a cette reflection etc[104].

sisteme. il y a dans la tête des hommes[105] des semences qui s’embraze a la lueur d’un sisteme elles sont propre a s’allumer aux raions de l’erreur comme une petit étincelle peut mettre le feu a des magasins de poudre

impressions de haine malbranche dit quelle ne peuvent être communique par les sens dont il tire une preuve de l’ame cela est faux car a la vue d’un ennemy ou d’un coquin qui ne se fait pas scrupule de tuer alors il arrive que la mémoire a la voix de cette homme et a ses discours se représente les meaux et les douleurs que cet homme pourroit nous faire souffrir et de la la haine ors cette peinture vient par les sens etc[106]

idées nous n’avons pas d’idées que ne soit excitée par une image pourquoy concevons le cercle comme une ligne courbe dont tous les points de la circonférence seroient également distant du centre c’est quoiqu’il ne soit pas tel en soy il nous paroit pas ainsy

la Richesse de l’etofe fut cachée dans celle de l’art

un homme qui est une fois dans l’erreur plus il vit plus il a d’erreurs c’est un masse qui tombe et qui acquiert plus de mouvement a mezure qu’elle tombe[107]

jeux séculaires institués a l’occasion d’un miracles (v. pa. 139 v° 3. Rem. Sanadon)

les jeux de hazard etoient défendus chez les romains a peine de prison ou d’estre envoie aux galères excepté pendant les fêtes saturnales

les mexiquains avant de tomber sous la domination d’espagne avoient des jeux séculaires

invention des bagues vient de promethée (catulle 334)

infiny — en vain l’esprit fait des efforts pour le comprendre si l’on enfermoit toute la mer dans un tuiau capillaire quelque grande qu’en fut la hauteur cette mezure ne seroit pas un point dans l’espaçe[108]

Cieux les peripateticiens soutenoient que les deux etoient inaterables et incoruptibles

Ministres leur grand art est de bien choisir leur sujets imitatores servum pecus

tel passe pour grand esprit qui ne seroit qu’un fou s’il n’etoit pas ministre

ixion qui embrasse les nuées au lieu de junon est l’emblème des ambitieux

imprimerie l’art de graver la parole lut trouvé par un habitant de Strasbourg nommé Jacques guttemberg qui selon les historiens d’hollande ne fit que la perfectionner frederic 3 la comprit au rang des prospérité de son règne louis 11 fut son introducteur a Paris ce prince établit aussy les postes

idée a remplir que les loix, les mœurs des peuples dépendent de causes phisique. traité le démontrer par l’histoire[109] a comparer les différents gouvernements

scavoir pour cela s’il va une histoire universelle des mœurs et des situations des pais

que tout esprit est propre a tout dans la même proportion ou il est propre a une chose partir de l’idée que tout vient par les sens traité[110]

Epitre a Voltaire[111] que j’ose le louer etc. dire qu’il est la source de l’humanité qui doit entrer dans les cœurs

scavoir si un roy a plus a craindre d’une société d’athées que de crethiens il scroit plus en seureté puisque le seul appas qui feroit tuer un Roy ne subsisteroit pas. les citoiens aimeroient mieux leur amis puisque leur cœurs ne seroient pas partagés entre deux amours les amants leur maitresse et les Rois seroient plus grands parcequ’un vil porteur d’eau dit qu’il sera interrogé au jour du jugement[112]

il faut sans comparaison plus de douze fois plus d’esprit pour rendre ses idées[113] que pour les avoir (ou en sont tous les hommes qui se croient tant d’esprits pour avoir de certaines idées ou en sont les ministres qui même ne les ont pas) tout cecy est prouvé par la quantité de gens qui passent pour avoir de l’esprit et qui font de si mauvais ouvrages

faire des lettres sous le titre d’amour propre expliquer tous les cas possibles de morale avec cela[114]

montrer par l’enchaînement nécessaire des chose physique l’enchaînement nécessaire des choses morale qui n’arrivent point sans cause phisique

donner un plan des états possibles calculer les probabilités pour le bonheur des hommes[115]

Peinture fait sortir les grands hommes du tombeau fait les vivre[s] aux yeux et rend présent le passé

Esprits comme les bons esprits voit que notre nature est condamnée a l’ignorance et qu’ils ne peuvent connoitre aucune des causes ni avoir aucune idée de l’essence des choses il restroient sans rien dire[116] s’ils ne s’occupoient a rire des sottises des sots qui croient tout découvrir et..rire ainsy les sots sont nécessaires aux gens d’esprit

Esprits ceux qui veulent sçavoir et écouter toutes les différentes opinions sont bien plus propre a connoitre la verité[117] comme un cheval qui a traversé un pais en tous sens le connoit mieux que celuy qui attaché a une roue n’a jamais parcouru qu’un petit cercle

les gens d’étude qui [n’]ont pour patrie non seulement l’univers présent mais l’univers passé ne sont pas si facile a s’asservir aux opinions d’un peuple et chaque lui paroit proprement comme une cotterie a un autre homme[118]

Esprit celuy de D.[119] etoit déjà puissant dans un âge ou les autres peuvent a peine penser il avoit rapproché les tems les plus reculés de sa vie

les grands esprits atteignent également aux grands vices et aux grandes vertus[120]

les bons esprits sont parmy les autres hommes comme une belle voix seroit dans un concert composée de sons faux et aigu une voix si sonore seroit discordante

Mon esprit qui n’est plus retenu par l’obstacle des corps s’elançe avec force dans les plaines de la metaphisique

le génie est comme un feu qui s’entretient par la matierre qui c’enflamme par le mouvement et qui s’augmente a mezure qu’il brûle car la force du génie ne croit que par l’abondance des choses

la vérité est un flambeau qui luit dans un brouillard sans le dissiper

et la vérité ayant dégrader les dieux du trône ou l’erreur les avoit élevé a rendu les mortels égaux aux dieux[121]

il y a des vérités qui semblent borner l’esprit et audela desquelles il semble qu’il n’y ait plus de chemins pour aller tel on voit dans la mer deux montagnes qui semblent se joindre et borner l’étendue des mers ceux qui osent aller jusqu’au pied souvent trouvent détroit qui les conduisent dans de nouvelles mers immenses[122]

cest contre ceux qui doutent[123] sans se donner la peine de rechercher

les petits esprits qui cherchent la vérité et qui en sont bientost las sont semblables a ces enfants qui ayant faits quelques tours sont étourdis les colonnes qui soutiennent le vestibule ou ils sont semble tournoier ils craignent leur chute et ils ne voient plus rien[124]

Musique[125] des anciens Dialogue

Platon ne permettoit que deux mode le lidien et le phrigien l’un pour imiter le courage avec lequel on affronte la mort le lidien pour inspirer la modération dans toutes les action soit qu’on demande ou l’on refuse soit que l’on conseille ou qu’on persuade (P. 81)

expériençe par laquelle Pitagore vint a la connaissance que l’octave etoit composée de 12 demi tons (pa. 42)

faits singuliers sur les effets de la musique (pa. 17 etc)

Elisée avant de prophétiser demande que l’on luy amené un joueur d’instrument (pa. 20)

Public son jugement est pendant la vie d’un auteur comme une onde agitée qui monte qui baisse mais cependant a la fin[126] qui attrape son calme

vice et par la liste des exemples vicieux le corrupteur fournit a la jeunesse des excuses aux sien

les vices des grands sont des germes féconds qui en entante d’autres

les anciens foisoient mûrir leur vins a la fumée pour leur oter le goût rude que les vins nouveaux ont d’ordinaire et les faire murir

le vin s’apelloit le lait de venus

que les vignerons aux vendanges foulent dans leur danses la terre qui leur a donné tant de peine a cultiver

les anciens buvoient pour avoir plus d’esprits

divertissons nous jusqu’à ce que la viellesse ait répandu sa nege sur notre tête et qu’en succant les suc de notre corps elle ait étendue notre peau

vie s’écoule rapidement les roses ne font que paraître a la terre chaque plaisir ont a peine le tems de se sentir multiplions les tant que notre vie ne soit qu’une sensation[127]

la viellesse qui marche a pas lents ne prend point les nimphes au saut du lit[128]

la musique adoucit le transport de saul

on prétend qu’autrefois les médecins purgoient les malades par la musique et ordonnoient tant de chanson de sérénade etc.

cet art qui fit parler les instruments et leur prêta des passions a des cordes insensibles et les rendit éloquentes

meler les lis de la viellesse aux Roses de la jeunesse les ris peuvent danser avec les cheveux gris avec des jambes qui plient un peu et des cheveux blancs qui voltigent

Metaphisique

qui pourra me guider dans cet abime profond ou les sensations ne peuvent me conduire c’est la raison c’est l’examen exacte de la progression des idées et l’observation de la notation de l’ame sur ellememe[129]

nous n’avons pas une idée distincte du néant et de l’espace[130]

les Etats peuvent être flatté comme les rois et ne jamais corriger leur mauvaises constitutions quand on n’assure la liberté d’en dire les défauts il seroit de l’interest des hommes d’avoir cette liberté

beautés les vielles femmes ou les laides qui [ [131]] a leur voiles de mettre leur appas sont des sépulcres reblanchis

espace le vaste abime de l’espace est près a recevoir les parties errantes du monde et recevra les débris de sa destruction

on n’entend pas souvent les metaphisiciens parce qu’ils ne s’entendent pas eux mêmes

la metaphisique du père malbranche est de l’imagination sans image

les metaphisiciens prétendirent avoir découverts des pais inconnus dans l’ame ils mentirent beaucoup ainsy que font les voyageurs au lieu de donner la carte de l’ame et son histoire ils donnèrent des plans imaginées et des contes des fées jusqu’à ce qu’il vint un voiageur veridique (qui ayant tout vus ce qu’ils soutenoient avoir vu et que personne ne contredisoit parce que personne ne les entendoit non plus qu’eux mêmes) il dessilla nos yeux sur leur menteries[132]

Enthousiasme en tuant les hérétiques il peuple l’enfer par leur sainte fureur

Enfans ont nos mêmes passions leur hardiesse marche avec des epees de bois leur avarice trafique des poupées leur dévotion marche avec des chasuble de papier etc.

Esclavage on n’aime point a la cour[133] les gens d’esprits le cardinal de richelieu ne mit en place que des hommes complaisants et d’humeur a se contenter de la gloire d’obéir et il ne donna les sceaux au président seguier qui fut depuis chancelier que sur le portrait que lui en fit le prieur des Roches son secrétaire qui luy dit que c’etoit un homme souple et né pour la servitude

id. réponse de Mr  le duc d’Orléans a Mr  de charost

pour réussir dans un état il faut juste avoir la doze d’esprit qu’il faut pour cet état parce que tous cela fait naitre en nous un certain fanatisme que nous n’avons que pour les choses que nous estimons et ou il faut toutes les forces de notre esprit pour réussir par la même il vaut mieux avoir moins d’esprit que plus d’esprit que son état en comporte dans ceux bornés comme la finançe[134] la robbe etc

la superstition sorty de l’egypte son berceau s’est élancé en tous sens dans l’univers et a comme englouty la vérité

un vent furieux qui ravage les plaines enlèvent les forest qui courronnoient les monts et engloutissent les vaisseaux et les iles mêmes sous les masses énormes d’eaux de la mer

la superstition habite le plus souvent le cœur des infortunés[135]

superstition les croioient qu’un mot qui troubloit un sacrifice etoit de mauvais augure voila pourquoy les hérauts crûrent (fovete linguis)

la sculpture tailla ses dieux et la poésie même par ses chants consacra les erreurs ses tableaux aller gagner les voix pour le mensonge et la bouche qui ne devoit être que l’organe de la vérité trompette qui devoit l’annoncer alla publier l’erreur

belle statue tu va parler (pour epigrame) d’une femme sotte)

la vérité des choses dépend d’un point de vue d’où on les voit ainsy sont les astres qui nous paraissent des points de feu quand on voit les astres dans un miroir convexe

les astres paroissent bien plus distant les uns des autres qu’ils ne sont et qui sçait si nous ne voions pas tous avec ce miroir

que la vérité protège mes ouvrages[136]

quand on combat les préjugés la vérité ne prend pas d’abord elle s’eleve comme un crépuscule et souvent il faut attendre un siècle suivant pour que les hommes la regarde comme le soleil a son midy[137]

l’abeille sent au loin l’odeur du miel et les gens d’esprit le génie

la vérité imbibe son ame comme l’humidité imbibe un corps

a mezure que l’on tire de l’esprit il faut y verser de nouveaux aliments

De même que l’harmonie et l’ordre de l’univers nait du combat des éléments les uns contre les autres ainsy la vérité nait des différentes disputes ainsy l’on a tort de n’ozer disputer et parler de toutes les choses[138]

les grands esprits sont traités de foux par les petits c’est un homme d’une excellente vue sur la hune d’un vaisseau qui crie a ses compagnons, je vois la terre tous monte a la hune personne ne la voit on le traite de fou comme il les traite de gens a courte vue et il faut que l’expérience ait couvaincu les compagnons et si le vaisseau etoit pris par le calme tandis durerat ses compagnons le traiteroient de même[139]

il y a des esprits qui paraissent produire des pensées qui ratent toutes comme ces fusées volantes qui devroient éclairer tout l’horizon et qui ne font que sillonner le feu et qui ne rependent point des étoiles

souvent du sein des mers agitées[140] on voit sortir des feux et souvent des gens médiocres on voit sortir des bluettes d’esprit

les plus grands[141] esprits font les plus grandes fautes c’est des nues que viennent les tempêtes

il y a dans l’esprit des maladies epidemiques auxquelles peu de gens echapent

lorsque l’esprit ne considère les objets qu’en gros on n’y voit que de la confusion de l’embarras et des obscurités impénétrables mais ce ne sont que des fantômes crées par la paresse perce cette nuit apportez y les raions de la méditation tout ce qui etoit obscure deviendra clair

il faut accoutumer son esprit a avoir des idées sur toutes les sciençes[142] quoiqu’il ne s’aplique particulièrement qu’a un art il faut que l’esprit s’étende en tous sens car sans cela on ne voit que par la lunette de son art et l’esprit devient inepte[143] aux autres choses

Illusion lorsqu’un vent fait voguer les vaisseaux sur la mer ou les nuages dans le ciel les nuage semblent fuir et les astres rouler dans le ciel en sens contraire[144]

Pirrhonien il y a des choses sur lesquelles on doit étendre le voile du pirrhonisme mais en fait de science il faut être furieusement sçavant pour être pirrhonien car il faudrait sçavoir tout ce que l’esprit humain peut sçavoir pour prouver que ce sçavoir n’est rien[145]

Philosophe on se représente les philosophes ayant de grosses têtes le front large et la barbe ample et manifique la mine austère[146] au premier éclat de rire on ne croiroit plus a ses dogmes

les philosophes stoiciens dans la douleur leur orgueil scevit et non la joye foisoit leur bonne mine

ils entendent plus la voix de l’orgueil plutost que celle de la vérité

Principes on passe légèrement sur les principes faux pour venir a des conséquence c’est le plus court chemin de l’opiniâtreté et de la chimère

Bien souvent les fondements vicineux passent pour des principes certains on ose en douter et de la jonction et liaisons monstrueuses de ces idées deviennent a la longue aussy naturelles a l’esprit que la lumière au soleil

Pitagore regardoit le sel comme l’emblème de la justice c’est des grecs que nous est venu la superstition du sel renversé

pitagore pensoit que l’ame des poètes passoit dans le corps des cignes

Philipe ayant consulté l’oracle sur ses expéditions l’oracle luy repondit. Combats avec des lances d’argent et tu vaincras tout

on dit que phidias avoit une espèce d’huile miraculeuse avec laquelle il donnoit une espèce de jeunesse et de beauté a ses statues qui ne pouvoit être effacé par les injures du tems

Presque toutes les vues philosophiques ne servent a rien non quelles ne soient excellentes Mais parce que il y a trop peu de gens qui puissent les comprendre[147] et que comme les gens de beaucoup sont rares il est rare qu’il y en ait a la tête des états, ce qui fait que les vues les plus saines sont perdues, ainsy tout homme de beaucoup d’esprit doit chercher a vivre en paix sans se mettre en peine des mauvaises plaisanteries des sots orgueilleux de la faveur d’un ministre ainsy pour être emploie par eux il ne faut être qu’un sot renforçé[148]

Platon vendit des huiles en egypte et y vécut de ce gain

Poésie on n’a point d’idée de la poésie elle consiste dans la vie forte ou gracieuse image d’une vérité dite avec harmonie et énergie[149]

il y a des gens assez imbecille pour faire de la poésie un art mécanique comme lart de rimer et de mettre dix pieds au lieu de la regarder comme le peintre de l’esprit[150]

Quittez la poésie si vous ne dites des vérités sans les peindre dites moy que la guerre est fatale mais peignez moy mars sur un char que guide le carnage qu’entoure les cris et dont les roues sont teintes du sang qui jaillit des corps qui ecraze[151] voila ou les grands poètes n’ont jamais manques

on peut dire qu’il y a une grande ressemblance entre les poètes et les prophètes dans leur enthousiasme et qu’on leur a donné le nom de prophètes comme aux prophètes celuy de poètes (v. Sanadon. pa. 107. vo 3. horace)

si les rois peuvent illustrer un homme pendant sa vie les poètes peuvent l’illustrer pendant tous les siècles

Platon dit que le poète est quelque chose de léger d’ailé et de sacré

la Poésie est une vapeur qui s’attache a l’ame la pénètre l’echaufe y porte la fécondité et luy fait montrer des vérités revêtues d’un coloris eclattant[152]

les anciens ont remarqués que les prêtres d’apollon formoient leur prophéties et leur réponses sur le murmure de ses eaux

promethée monta au ciel par le secours de minerve et ayant attaché un flambeau a une roue du char du soleil et par la il déroba le feu du soleil dont il fit présent aux hommes

le chagrin avec ses ongles perçant et pénétrant ne peut rien contre la poésie qui emousse si fort ses ongles qu’il ne peut s’attacher au poète

et dans les champs immenses de la poésie composons un beau et un nouveau bouquet dont chaque fleur même soit rare

dans le poète Apollon inspire tout a coup[153] le beau vers et l’homme fait le médiocre

il ne faut jamais peindre en poésie que des images que l’on puisse se représenter a l’imagination voila pourquoy le guindé ne vaut rien

Poésie brillante de la pourpre et prophane et sacrée

interprète des dieux inventeur des loix

la poésie peintre des passions différente (douce forte plaintive touchante élégante ou sublime exprime les différents caractère des passions

il faut dans un sujet toujour aller au fait et ne jamais briller par un pompeux écart et peindre chaque sujet avec le coloris qu’il luy faut[154]

l’Erreur les peuples la bouche ouverte l’avalent quelquefois elle répand un feux tel que dans un feu d’artifice l’hemisphere paroit d’abord éclairé par uue quantité d’étoiles qui s’éteignent aussitots

la peur est une cause de l’erreur, la pauvreté fit un ciel pour les pauvres et un enfer pour les riches[155]

outre les erreurs qui nous vivent[156] par l’ignorance et la superstition l’amour du merveilleux chaque passion amena une erreur et contribua a notre malheur et non content des malheur attaché a l’état d’homme comme les maladies etc nous puisâmes nos autres meaux dans le sein fécond de l’erreur[157]

bien des gens se sont trouvez engagés dans l’erreur sans pouvoir l’éviter ne la fuiant pas assez tôt semblable a ses hommes qui sont sur une eminençe sur le rivage de la mer retiré il veulent s’en aller quand la mer est montée jusqu’à eux mais alors il n’est plus tems les plaines derrières eux sont déjà inondés et de l’eau couvre bientôt la monticule ou ils sont élevé[158]

l’erreur montra aux ambitieux la courronne et le bonheur au sommet d’un mont de cadavre[159]

l’erreur est comme une mine ou l’on a mis une mèche on ne soupçonne qu’il y en a une que lorsquelle fait son effet

l’erreur comme la foudre prend sa naissance dans les nuages épais et sombres

je scay bien que si mes vers corrige ce ne sera pas sur le champ Le chemin du vray se fait avec progression celuy de l’erreur se fait dans le même moment l’un gagne peu a peu l’autre envahit tout[160]

des cavernes l’erreur fit les soupiraux de l’enfer

ce fut elle qui dressa la carte du pais des âmes

la paresse source de l’erreur[161]

sans l’examen notre esprit se trouve le réservoir de l’erreur au lieu d’être le magasin de la vérité

je compterois aussitost les heures qui composent un siècle que de compter les erreurs des hommes

Locke[162] a coupé le serpent monstrueux de l’erreur qui n’étant pas encore mort levé contre lui ses horribles tronçons par un mouvement naturelles mais qui ne peuvent effraier son vainqueur

Eté déjà le laboureur marche appesanti sous le faix des moissons déjà le marchand lance a la mer ces vaisseaux qui doivent l’enrichir

usage la nature n’a pas formé nos membres pour nous servir mais nos membres ayant été formés nous nous en sommes servis[163] de même le fer n’a pas été formé pour fabriquer ces canons destructeurs de l’humanité mais le fer étant formé les hommes sans sont servis a cet usage

la valeur marche a la tête des armées

la valeur n’aime a cueillir que les lauriers qui croissent au milieu des précipices

et l’amour enfanta la danze et la parure

le cerf cherche partout l’aimable biche que l’on a immolé aux autels des idoles ses pleurs ses mugissements la redemande aux vastes forest ni les tendres bourgeons des saules ni les rivages fleuris des ruisseaux ne peuvent luy plaire s’il eut trouvé cette biche chérie il eut dans ses transports perdu la force qui doit le dérober a la poursuitte des chiens on regrette souvent ce qui fait notre salut[164]

l’amour et l’amitié sont les deux liens qui retienne mon ame a la terre d’abord que nous mourerez ces deux liens seront coupés et mon ame s’envolera

l’amour entouré du désir[165] se précipite dans les dangers

les anglois immoloient anciennement les étrangers tantost ils les ouvroient tout vivant pour faire leur devinations les tuoient a coups de flèches cruxifioient les autres ou les renfermoient avec plusieurs animaux de tout espèce dans un grand colosse d’azier ou de bois auquels ils mettoient le feu pour en faire un holocauste ils mangeoient aussy de la chaire humaine[166]

le véritable [ ] est celui qui est dévoré par les inquiétudes de l’amour

aimerois je iris aussi légère que les zephirs[167] a la course mais elle est aussy inconstante que luy souvent aussy serieuze[168] que Junon souvent aussy folatre que les grâces elle est souvent aussy cruelle que penelope mais aussy elle est aussy belle que venus elle est quelquefois aussy railleuse[169] que momus mais elle a autant d’esprit que les muzes. de plus elle m’a promis un baiser je l’aimeray donc[170]

accordez vos faveurs tandis que votre chair est ferme et votre blanche bientost le tems viendra brunir cette belle gorge et amollir ces fesses éteindra ce feu de vos yeux alors en vain vous offrirez vos faveurs[171]

les pales amants

vous estes d’un sang plus ancien plus illustre plus riche, vous estes tiré superbement sur un char transparent par 7 chevaux bien moulés, ma maîtresse ne va qu’en brouette mais elle a le corps et l’ame plus belle que vous, il me semble voir lorsque je vous vois ainsy le char d’un convoy. et quand je la vois je crois que c’est venus en bergère[172]

la bauté de ma maîtresse qui ne ressemble a rien me fera chanter de beaux airs et tout neufs

heureux l’amant qui dit tous les soir a sa maitresse j’ai vécu

viens dans mon jardin venus y a fait croitre des mirthes pour t’en courronner lorsque tu luy aura sacrifié (de même la terre fait croitre des palmes en Arabie et c’est la ou elle t’attend pour te courronner les forest te serviront de courronnes[173]

l’erreur sa peau est de couleurs changeantes

l’erreur que suit le fanatisme l’orgueil et les crimes a plus fait de torts aux humains que les monstres les plus cruelles et les influençes des astres

l’erreur est comme la matière qui ne s’anneantit point mais qui change de forme seulement

on ne verra finir l’erreur que lorsque les débris du monde erreront dans l’espaçe

une fleur couverte de Rosée paroit au premiers raions du jour une fleur de diamant mais au grand jour le soleil au lieu de faire réfléchir ses raions obliquement sur cette fleur et de tromper par la attire perpendiculairement a luy cette rosée qui est sur les fleurs alors le charme cesse[174]

outre le grand tourbillon de l’erreur qui enlevé tous les hommes non content de cela chaqu’un a un petit tourbillon particulier comme le bon air etc comme les astres qui outre le grand tourbillon de la nature on dit on chaqu’un un tourbillon particulier[175]

Eté lorsque le soleil vient embrazer les routes du ciel

le désir du scavoir est une des causes de l’erreur

dans la vaste mer de l’erreur ou presque tous[176] les mortels sont submerge il en est quelqu’uns qui se sauvent sur des planches ces mortels ne sont pas submerge mais ils[177] sont toujours en péril et peutestre sont ils tous si loin de la terre de la vérité que jamais ils n’y toucheront et toute leur adresse ne servira peutestre qu’a les défendre de l’erreur sans les faire aborder nulle part[178]

l’erreur vous offre des[179] apparences de vérités semblables a ces maitresses que les chevaliers danois trouvent dans le palais d’armide au bruit de leur baguette le charme s’évanouit ainsy a la lumière d’un examen elles disparoitront

la vérité déracine l’arbre que fit germer l’orgueil

le bandeau la vérité l’arrache et l’erreur le remet

sage la tempête exerce sa violence contre un chêne clic arrache sa parure ses branches et le chêne prive de cette chevelure qui donnoit prize aux vents en est plus fort et devient interrassable aux vents ainsy le malheur qui s’attache a un sage par l’enlèvement qu’il luy fait souvent de ces honneurs ou de ses biens le roidit contre l’adversité et le rend alors interrassable[180]

ce ne sont pas les sages et les gens éclairés[181] qui allument le flambeau de la discorde et de l’erreur ces entre les nuages épais que part la foudre et non du ciel serain

la sagesse ne va point fouiller au centre de la terre pour en tirer avec l’or les chagrins et les soucis[182]

la sagesse sur un trône inébranlable et quoiqu’elle se satisfasse elle même se levé un peu de dessus son trône pour reçevoir le plaisir[183]

la foudre ne va pas porter le trouble dans l’empirée ni l’infortune dans le palais de la sagesse

si quelquefois le sage est emu au dehors la douleur ne passe pas au fond du cœur : le fond de la mer est toujours calme lors de la plus violente tempête et que sa surface s’eleve en piramide etc

le sage est toujours calme il n’est pas agité toujours par le flux et le reflux des passions

les saison s’enfuient en se tenant par la main

le sage est plus ferme et plus heureux[184] au milieu des mizeres que les grands au milieu du luxe et de l’abondance

le sage jusqu’au tombeau se fait conduire en dansant

la perfection de la sagesse etoit autrefois d’aimer les muzes cette paresse active metoit le sceau et cette tranquillité qu’elle verse dans l’ame

sapho on bâtit une monoie avec son image chez les mitileniens

Newton les premiers raions du soleil sont les avant coureurs de sa lumière éblouissante bacon fut l’avantcoureur de Newton[185]

la terre ne donne des fruits aux arbres que lorsqu’ils luy ont rendu leur fleurs. Dieu n’a donné Newton a la terre que lorsque les brillantes chimères des anciens philosophes etoient tombés[186]

les ailes odoriférantes[187] des Zephirs en s’agitant répandent les parfums son vol repend les plaisirs le vol hardy de Newton[188] a répandu la lumière et la vérité[189]

il est encor des romains qui préfèrent[190] la cabane des fabriçe aux palais d’or des nerons

Rois les astres et les rois furent les premiers dieux quelques génies hardis examinèrent leur cours leur mouvements et virent que c’etoit une idolâtrie et arrachèrent le voiles aux astrologues et aux courtisans[191]

les Rois et les grands mezure souvent leur mérite au respect qu’on leur rend et ils ne sentent pas que c’est aux grâçes qu’ils peuvent faire et non a eux que s’adressent tant d’homages[192]

marcellus estoit surnommé l’épée des romains

les Romains dans une expédition contre les arabes eurent une maladie extraordinaire leur tête se dessechoit et il n’y avoit d’autre remède que de boire de l’huile et du vin[193]

Rois Alexandre menoit la terre en triomphe

et la chute de rome ébranle l’univers[194]

césar après la bataille de pharsale en voiant les corps des romains dit (ils l’ont voulu après tant de grandes actions moy césar j’aurois été condamné si je n’avois demandé du secours a l’armée que je commandois

il est dangereux de donner des conseils a des Rois imbecilles ils immolent toujours le conseiller aux flatteurs[195]

un grand mérite et un grand esprit est un dangereux outil il vaut mieux estre souple et bas le cardinal Espinoza qui etoit un autre cardinal de Ximenes mourut disgracié et le prince d’Eboly qui etoit un homme très médiocre mourut dans la faveur

claudius dit a Mitridate qui alloit estre Roy des parthes de se souvenir qu’il alloit gouverner des citoiens et non pas des esclaves, peu de rois sçavent les limites de leur autorité et peu de courtisans le leur apprennent

les actions des rois sont si resplendissantes qu’ils ont beau s’enfermer dans des cabinets cachés la lumière perce et luit a travers les plus épaisses murailles on le scait toujours

Mérite autrefois on elevoit des statues a la plus belle nimphes au plus brave au plus spirituelle a présent que la soif de l’or a gagné les hommes on eleve des bustes de marbres a des hommes de boue[196]

Méchanceté. Callimaque dit qu’un jeune homme couronnent sur un tombeau une petite statue de sa marâtre se persuadant qu’en ayant perdue sa vie elle avoit perdue sa méchanceté mais il fut tué de la statue qui tomba sur luy éloignez vous donc dit Callimaque de vos marâtres même au tombeau

Mécène avoit fait 10 livres de poésie et deux tragédies

metampsicose étendue dans presque tout l’orient.

Métal le fer qui jusqu’alors n’avoit façonné que les marbres ne s’etoit point souillé du sang humain

Le mérite de Caton a des panegiristes et plus d’imitateur le mérite ne va point chez les grands pour adorer l’idole

la sotte raillerie obscursit le mérite

et si sa vertu est connu c’est qu’il y a du quelque chose au bon exemple

les Messinois ont au commencement de juillet une fête de notre dame de la lettre a cause d’une lettre qu’ils prétendent que la vierge leur a écrit surquoy un jésuite a fait un livre intitulé Epistola b. mariée virginis ad messanenses veritas vindicata

Metaphisique on peut donner le nom de metaphisique a toutes les choses de pures spéculations et aux 1ers principes[197]

il n’y a de choses absolu dans l’univers que l’existence et la non existence tout le reste est sujet au calcul et est de rapport

le tems est la succession des formes et des idées (faux ce n’est qu’un moien de le calculer[198]

on peut calculer les probabilités des certitudes de l’histoire comme celle du jeu. Alors il faut remarquer combien d’abord il est probable que le fait existe[199], soit [ [200]] qu’on dise qu’un a 5pieds 6pouces la probabilité qu’il l’ait est en raison des hommes qui ont cette taille relativement aux autres etc

on a tort de dire que zéro ne soit rien on le peut regarder comme l’extrême d’une progression infini ou innombrable en nombre comme le point mathématique l’extrême de la division de l’espace ainsi on a tort de dire que ce ne soit rien. Ainsy zéro divisé par zéro doit donner un ce qui n’arriveroit pas si zéro etoit rien encor zéro n’estil égal a zéro que lorsque zéro est l’extrême de la même sorte de progression car zéro a un autre zéro d’une autre progression comme sont entre eux les tous dont les zéro sont des parties infiniment petites

on peut calculer la peur qu’un homme doit avoir du tonnerre dans un carosse dans un batteau. le foudre parle nombre des lieux ou il peut tomber etc

la metaphisique est la théorie des arts ou des sciences les gens qui s’estiment a cause qu’ils ont une infinité de demies connaissances ont tort et n’a pas l’esprit plus étendu parce qu’il faut avoir l’esprit extrêmement étendu pour aller au bout d’un art puisqu’il est même impossible d’y arriver enfin ce n’est qu’une fraude d’esprit un homme qui raionne dans le centre d’un cercle on ne scait si tous ces raions rassemblés équivaudront[201] a la metaphisique en ligne droite d’un homme qui scais parfaitement bien un art ou scais la mezure de l’un ou ne sçais pas celle de l’autre et il a tort de se croire supérieur

grandeur ceux qui ont désiré les grandeurs comme le suprême bonheur et qui y sont malheureux sont semblable a ces animaux qui séparé par un fossé d’un brasier qu’ils prennent pour le jour prennent le secousse s’elançe et si par malheur pour eux il sont assez fort pour sauter dans ce brasier y sont dévorés.

les grâces presidoient aux bienfaits a la reconnaissance a la libéralité l’éloquence la sagesse la bonne grâce la gaité et ce je ne scay quoy qui fait plaire

la vertu leur nudité marquoit leur simplicité

gladiateurs ceux que l’on apelloit vetiarios etoient armés d’un filet ou il tachoient d’enveloper la tête de leur ennemi c’est pourquoy dans leur combats ils chantoient, non te peto, piscem peto, quid me fugis, galle ; ils se battoient contre des gladiateurs gaulois qui avoient sur leur casques la figure d’un poisson

les grâces etoient filles de bacchus et de venus

ou ne tombe jamais d’un endroit élevé qu’on ne se tue ni d’un haut employ

galien dit que nos tempéraments[202] font nos mœurs

Dieu, voit nos projets nos combats nos édifices comme nous voions une fourmilliere quand il veut bien arrester ses regards sur la terre nos plus grands hommes sont de petites formies qui ont trouvez un brin de jonc pour passer une goûte d’eau nos armées nos canons ces foudre s’il soufloit son sourie les jetteroit au delà des limites du monde ils erreroient dans l’espaçe a peine nos plus grands édifices luy paroissent sortir de terre les vastes abîmes de la mer cette immense quantité d’eau il la tiendroit dans le creux de sa main et ses batailles si sanglantes sont des guerres de formies ces masses énormes de rocher que nous transportons avec tant de peine par le secours de nos machines sont des grains de sable et l’univers entier n’est pour luy comme un[203] balon est pour les enfans

Pourquoy[204] Dieu ne lance til pas sa foudre sur les criminelles afin que leur corps embrasés serve de fanal pour éviter l’ecueil du vice et pour leur faire chérir la vertu[205]

esce pour exercer leur bras que les dieux lancent la foudre dans les déserts pourquoy ne le peuvent ils d’un tems serein[206]

Dieu veut que nous soions dans l’erreur et l’ignorance de certaines choses puisque nous ne les comprenons pas car pour toutes les choses qui nous sont nécessaires a la vie Dieu les a imprimé dans les esprits les plus vils comme dans les plus relevés[207] s’il vouloit que nous le connussions et qu’on ne l’offensa pas il n’auroit qu’a paroitre a nous tous les ans avec l’appareil qui l’envirronne en connoissant la timidité de l’esprit humain on sçait combien il y aurait alors peu de péchés ou bien il n’a qu’a changer nos âmes[208]

le nom de Dieu est écrit dans chaque étoile

Dieu ne nous demande qu’un peu d’encens et le sage ne luy demande qu’une médiocre fortune

je ne demande aux dieux que ton cœur et ma lire

les rois craignent du ciel ce que nous craignons d’eux

la lente vengeance du ciel vien d’un pas sur

au pied du trône de Dieu sont enchainés la victoire et la défaite qui s’efforce de s’echaper et qui attendent qu’il leur permette

le ciel semble souvent n’accorder le bonheur que[209] la médiocrité

Dieu abbaissa les cieux il descendit un nuage sombre etoit sous ses pieds il se cacha dans les ténèbres et fit sa tente de l’eau tenebreuze des nuées de l’air

Raison[210] il faut prendre garde de faire prendre un mauvais plis a la raison car toutes ces opérations deviennent ensuite autant d’erreur il faut l’exerçer c’est une pierre d’aimant qui perd sa forçe quand elle n’est pas proche du fer

il y a des hommes dont la raison timide n’oze se livrer avec de grands raisonneurs et qui vivent avec des esprits médiocres se sont des trafiqueurs qui n’oze se risquer en pleine mer pour aller tirer les richesses du perou et qui se contentent du commerce d’une ville a l’autre[211]

quelque fond de raisonnement et de génie que l’on ait si on ne l’exerçe il n’en resulte rien quoique les pierres et les bois croissent d’eux même il ne formeront jamais un édifiçe si l’art ne s’en mêle

et c’est a la raison a maitriser l’usage

la raison souvent enchainée par les passions n’a souvent que la liberté non de leur foire des représentations mais seulement de les guider avec plus d’art au crime

la raison disent les libertins nous a été donné pour servir non pour combattre les passions, c’est leur conseillers et non leur tirans

si la raison n’arrête pas les passions[212] du moins elle modère leur course empêche les grands ravages et c’est un bien qu’un moindre mal. et si les sages y succombent du moins elle les soutient un peu lorsqu’ils tombent dans leur précipices et les empêche de se tuer

la raison ne peut souvent éteindre le feu qui s’allume aux étincelles de deux yeux brûlants et le flambeau de la raison ne sert souvent qu’a augmenter l’incendie

la raison souvent n’éclaire que les naufrages

Notre raison est plus imparfaite quand nous rêvons la nuit ce qui fait que nous nous appercevons le jour que nos raisonnements sont sans suite la nuit ces que ceux que nous faisons pendant le jour nous paroissent plus suivis mais nous ne nous sommes pas apperçus la nuit que nos raisonnements etoient décousus mais comme nous ne nous appercevons pas le jour que nos raisonnements sont décousus parceque nous ne passons jamais a un état plus parfait au lieu que du someil nous passons au someil c’est peutestre la un point de comparaison afin que les moins foux des hommes doutassent de leur opinion et de leur ridicule sagesse[213]

méfiez vous de cet homme qui citera a tous propos la raison et le bon sens[214] croiez qu’en gênerai c’est un homme a vue courte

Démonstration : il y a des sujets qui en sont incapables alors il faut comparer les probabilités

Description de la peste (Lucrèce tome 2d livre 6 page 446 a mettre en comparaison

Description des prossesions de cibelle lucrèce (vol. ier, page 169 vers 160) pour en faire une prossesion comme celle de la ligue (on se tuoit en l’honneur de Cibelle tant l’erreur peut faire de mal qui ne peut même pas être utile aux autres hommes voila pourquoy l’on devoit abolir cette erreur et laisser subsister et honorer même le fanatisme de la patrie parce que cela peut être utile aux autres

Description de l’epilepsie a mettre en comparaison (vol. ier page 282 lucrece

les désirs que l’impuissance de les satisfaire convertit en maux leur aiguillons qui pique coup sur coup ne nous donnent pas le tems de goûter le bonheur même des choses que nous avons en notre puissance

quand deux démons de l’air portés sur deux char de nuées s’avançent pour se combattre

Description de lavarice de la volupté de la vertu de l’amitié de la flatterie de la calomnie de l’éloquençe[215] (le père le moine galerie, avertissement page 12)

Descriptions du temple de l’amour de la faim de la renommée (le père lemoine page 43)

Denis le tiran faisoit de mauvais vers et un poète luy demanda a être plutost enterré dans une cave que de les écouter

Democrite estoit un grand anatomiste[216]

on a dit que les démons craignent la fumée et la musique et la lumière ombre de celle dont ils raionnoient dans le ciel

tertulian lactance Justin le martir etc ont cru que l’amour etoit le premier péché des anges et qu’ils apprirent aux femmes a se parer d’or de diamant de fard et enfin a tendre tous ses filets ou nous sommes pris on dit encore qu’ils apprirent les sciences aux femmes

il n’y a point de démonstration dans le monde puisque ce qu’on apelle démonstration n’a lieu que pour le cacul ors le cacul n’est rien qu’une vérité exposée car quand je dis 2 et 2 font 4 je ne dis rien autre chose que 4 font 4 ors toute la géométrie et la sciençe des raports est dans ce cas. donc etc. et nous n’avons jamais que des invraisemblances pour nous conduire etc. cet argument peut servir la religion[217]

Destruction la terre s’ouvre les palais tombent dans le gouffre avec bruit et en jettant une poussière horrible qui courronne le gouffre[218]

pour Description d’une descente d’armée par des montagnes de l’ame vo. page 166 du 2 vol. de Pétrone

Description de l’eau qui resserée dans les canaux d’un moulin chargée de placque d’écume tombe de haut et rejaillit en écume blanche dont quelque goûte frapée par le soleil fait des diamant sur une crème moussée[219]

Vérité le zèle pour la vérité est souvent ce qui en écarte le plus

la vérité a souvent une roideur brusque et inflexible[220]

il y a de ventés fondamentales qu’en creusant et qui servent de bazes a plusieurs autres[221] ce sont de vérités fécondes qui enrichissent l’esprit et qui semblables aces feux célestes qui roulent sur nos têtes outre l’éclat qui leur est naturel et le plaisir qu’il y a de les contempler répandent leur lumières sur d’autres objets qu’on ne verrait pas sans leur secours

l’esprit de l’homme est si borné qu’il luy faut même de l’habitude pour s’accoutumer a concevoir et a croire les vérités démontrées et qui luy sont nouvelles il faut en quelque sorte que l’esprit se soit habituée a la considérer pendant un certain tems pour la croire tant l’habitude[222] peut sur nos esprits et tant l’on doit s’en méfier[223]

La vérité ne croit pas dans les cœurs livrés a la dissipation du monde comme le bled ne croit pas bien parmi les épines

Socrate disoit aux athéniens qui l’applaudissoient. Si vous m’aplaudissez que ce ne soit pas comme a socrate mais par un témoignage que vous rendez a la vérité

la vertu ne remet pas son bonheur a la vaine opinion du peuple élevé sur un trône ou ni les traits des envieux ni leur flèches ne peut atteindre elle est heureuse

l’inébranlable vertu regarde en face les tirans

la vertu plus grande de mépriser les richesses que de les posséder

la vertu et la sagesse peuvent être ébranlées par surprize et non par reflexion

la vertu sur un char rapide mène a l’immortalité et au bonheur

cette ville est une plaine et on voit de superbes chênes ou il y avoit d’orgueilleuse tour la seule vertu reste seule sans changer quand tout change

et l’echafaud ou monte la vertu devient un trône ou sa gloire étincelle

Epicure[224] est le seul des anciens qui humaniza la vertu philosophique

venus change la beauté de ma maitresse que ce corps doux et blanc de l’albâtre se change en peau écaillée cette belle croupe en queue de serpent etc non si je te demandoisde la faire aussy affreuse qu’elle etoit belle la puissance des dieux ne le pourroit les cnidiens avoient chez eux la belle venus de praxitele dont nicomede avoit voulu donner de quoy paier les detes de la ville qui étoient considérables

Pensées, elle ne veulent pas qu’on leur indique les objets quelles doivent poursuivre ni qu’on les détache de ceux qu’elles ont en vue on a beau foire elles prennent pour ainsy dire le mors aux dents et emportent l’homme malgrez luy

Peuplier hercule etoit courronné de peuplier a la descente aux enfers la sueur flétrit la feuille du coté de sa tête et la fumée la noircit de l’autre coté

Que le grand de la pensée produize le grand de l’expression[225]

Préjugés, souvent les pères avec leur succession nous laisse leur ridicules opinions[226]

Prêtre ont les vit dans ces tems courir dans les villes le fer et la flamme a la main ne respirant que la mort et le sang tel après proserpine enlevée la furieuse ceres et ses nimphes couroient dans les campagnes mettoient le feu aux moissons et la flamme compliçe de sa fureur perçer la terre pour en dévorer les racine

dans les étoffes le mélange des soies tantost la docte main représente la nature la flamme féconde qui donne a travers la glace des airs[227] la forme et la couleur sur cette terre suspendue ou l’on voit l’onde serpenter et qui peinte dans un instant de mouvement semblent en avoir on attend toujours que ces vagues élevées retombent on croit les entendent bruir tant l’oreille est la duppe de l’œil

le prêtre enfermé dans le Dieu idole repondoit pour luy

les peintres qui mettent dans une couleur la joie la tristesse la vie la mort la nuit la lumière les désirs etc

le toucher peut a peine dissuader la vue

les peuples de libie adoraient les montagnes et les gaulois les grands chênes

Prestiges le serpent qui se laissa mener d’epidauris a Rome, le navire qu’une vestal tira avec un simple ruban. L’eau qu’une autre vestal tira avec un crible l’apollon de tir que l’on fut obligé d’enchainer a sa baze de peur qu’il n’alla se vendre au camp d’alexandre (mettre tout cela en comparaison)

le fard du préjugé peint aux yeux vulgaires le vice en vertu et la sottise en raison je sçais que je ne feroi revenir personne mais je m’en gareray

en perse on fouettoit les robbesdes grands qui avoient failli et on abbattoit la tiare de ceux a qui onauroit du abbattre la tête[228]

Peintre il y en a un qui mourut de rire en regardant le portrait d’une vieille qu’il venoit d’achever

Pleurs nous pleurons souvent[229] avec de véritables larmes des meaux idéaux et qui sont semblables a ces songes ou l’imagination a la lueur d’une lampe obscure laisse entrevoir des fantômes effraiants

Esprit un bon esprit voudroit appercevoir tout de coup les vérités les plus abstraites et leur conséquences comme dans une course le conducteur d’un char frémit que ces chevaux n’attaquent pas le but aussy vite que sa pensée

il y a peu d’esprit qui voient les objets éloigné tels qu’ils sont comme les tours quarrées paroissent rondes de loin

il y a des esprit qui pensent différemment selon les dernières personnes qui leur ont parlé semblables a ces étoffes qui réfléchissent diverses couleurs selon que les raions du soleil frape tantost le rubis tantost l’asur l’emeraude etc

que mon esprit force les barrières de l’erreur[230]

Epicurien qui disoit en mourant

vixi et quem dederat cursum fortuna peregi

l’écrit ne viellit point ou le vray étincelle[231]

Poème épique les miracles s’y feront par les intrigues des prêtres et les plus grands miracles les faire faire par des fourberies en voulant imiter ceux de l’éternel et dire alors ce que c’est qu’un vray miracle au dessus des forces de la Nature

trouver le moien d’y peindre les fêtes des anciens et chercher les historiens qui en parlent[232]

l’interest[233] afila et trempa les epées fît sortir le tonnere des colonnes de bronze

l’esprit anime la statue de la beauté c’est la le feu de promethée

Esprit ont peu juger de la sagacité par la plus grande promptitude avec laquelle un homme entendra une proposition difficile qu’un autre, pour en être plus sur il faudroit que l’un et l’autre n’eut pas plus de choses analogiques pour comprendre cette chose la que l’autre ce dont il est impossible de s’assurer. Ainsy tout compris il faudra s’en tenir a la vivacité de la perception n’importe qui l’occasionne

et l’on ne doit juger de l’étendue de l’esprit que par la quantité de pensées et d’inventions que deux mêmes hommes auront tirés delà même chose (abstraction faite comme cy dessus des choses analogiques qui les conduiront a des découvertes détail ou l’esprit humain ne peut entrer[234]

en gênerai on n’estime en fait d’esprits que les iers de la sphère ou l’on est ainsy un sot ne peut estimer qu’un homme un peu moins sot que luy il ne verroit pas un homme d’esprit c’est pour luy comme une masse dont son œil ne peut embrasser l’étendue[235]

l’esprit décide hardiment et la sottize en hezîtant dans les ouvrages d’esprits

le grand esprit sent plus les beautés que les défauts il n’y a que les petits esprits qui craignent les hardiesses dans les ouvrages d’esprits

tartare radamante jugeoit les asiatiques Eacus les europeans et minos avec un sceptre d’or levoit les difficultés que ceux cy ne pouvoient lever

trace c’estoit la nation qui versoit le plus aisément le sang quand ils etoient echaufés par le vin

traductions

pour bien traduire un ouvrage[236] il faut une 2de  de fois l’enfanter dans sa langue il suffit que dans le portrait il y ait un air de ressemblance

il faut rendre non mot pour mot mais beauté pour beauté

Charles 7 imposa le Ier des tailles sans le consentement des états généraux a quoy consentirent les seigneurs pour certaines pensions

traités les Rois ne les peuvent garder celuy qui accorde la paix le fait par force de craintes que ses peuples fatigués de la guerres ne se révoltent ou que les princes étrangers ne prennent le parti du vaincu. Le vaincu le fait de son coté par force ainsy ils sont toujours lorsque l’occasion se présente en droit de faire la guerre. Car il y a fort peu de traités de bon grez[237]

Almanzor prince maure sujet de tragédie[238]

Alcée de mitilene grand poète lirique se met a la tête des exilés et chassa de sa patrie les tirans qui la desoloient

âmes les anciens croioient qu’elles conservoient après la mort leur inclinations

acheron fontaine de l’arcadie

atlas mont d’afrique

argent ce qui fait son poix et l’employ qu’on en fait

les brebis a athenes et a torente avoient la laine si fine et si belle qu’on les couvroit de peaux pour la conserver

arsenaux c’est la que se fabriquent les armes a travers des tourbillons de flammes on voit rouler en torrents les métaux embrassés les carquois du tonnerre aussy terrible que luy[239] qui se pétrifie dans l’air si trempent et qui en les formant on déjà causés l’horreur présage de celuy qu’il doit inspirer

on voit pendre aux murs des arsenaux l’horreur la désolation les plaintes les cris sous la forme de coutelas de baïonnette etc

les bombes. La mort les bras ouverts[240] avec des ailes les emportent dans les airs etc Décrire et se précipitent avec elles[241]

la mort vole d’une aile si rapide que rien ne peut l’arrêter et avec sa faux elle abbat en passant souvent plutost les têtes plus élevées des rois

elle fuit devant le brave qui va au devant d’elle et court et attrape avec ses jambes décharnés le lâche qui la fuit

la mort quelquefois va étrangler chaqu’un dans son lit quelquefois pour en fraper plusieurs a la fois et les assemblent en armées et lorsqu’il croient ne s’assembler que pour se venger c’est la mort qui a voulu se donner ce spectable sanglant

la mort qui prend toutes sortes de formes vole incessamment autour d’eux

Moscovie les femmes tiennent a honneur d’être battues de leurs maris et se croient parées de leur meurtrissure

Monime a son bandeau Roial qui se rompit lorsqu’elle voulut se pendre. Malheureux tu as été assez fort pour me rendre malheureuse et tu n’a pu m’affranchir des meaux que tu m’a fait (a rendre cela autrement)

asiaticus mourut avec constance[242] et soupa joieusement il vit son bûcher devant luy. filippe 2d  fils de charlequin au lit de la mort fit apporter les 2 coffres ou il devoit être ensevelis et dit de sang froid. Antoine vous trouverez dans ma garderobe une pièce de brocart or et noir avec des passements d’or faites en couvrir le bois et vous le garnirez en dedans de satin blanc puis vous mettrez le cercueil de plomb je ne veux point être ouvert ni embaumé mais envelopé dans un drap avec ma chemise[243]

quand on fait bâtir de superbes tombeaux aux morts on s’ote sans leur donner rien[244]

ce que l’on prend pour mouvement d’impulsion n’est que mouvement d’attraction car une boule en frapant une autre n’agit pas sur elle en raison des surfaces comme cela devrait être s’il n’y entrait pas de l’attraction dans le mouvement d’impulsion mais il agit en raison des masses

la terre autrefois couverte que de légère verdure est présentement affaisée sous le poids de nos palais[245]

le marbre la foule avec orgueil cependant elle ouvre ses flancs pour le superbe qui l’a foulée aux pieds ou porté sur de superbes chars

et les poutres sont cachés sous l’or

le tems dont la dent mâche le fer et les piramide et qui ne vit que de la mort qu’il donne

le tems abbat également avec sa faulx le superbe pavot et l’herbe rampante[246]

temple je n’iray point sur une autel d’or offrir des offrandes a la grandeur et au crédit plutost que d’aller en offrir sur une autel de gason a la vertu et a l’esprit ni le palais d’or de la fortune a l’humble toit de la vertu

la terre est ébranlé jusque dans ses fondements et le trône de pluton qui est au centre est renversé il craint que neptune suivi des mers n’entre dans son empire

la terre ce vaste egout d’où les crimes comme des odeur empoisonnées[247] s’elevent a dieu

Patrie chaque particulier modéré dans son bien etoit riche autrefois de la gloire de sa patrie

Parthe leur empire dura 480 sous 29 rois dont le premier fut arsaçe et le dernier artaban vaincu par arraxerxe persan l’an 228.

Platon nous apprend que l’on disoit communément que ceux qui ne jouissoient pas des plaisirs du corps sont indignes de vivre

sapho disoit a sa mère qu’elle ne pouvoit plus travailler a la tapisserie depuis qu’elle etoit amoureuze d’un jeune homme

la pauvreté sans azile[248] est plus méprisée que le crime Riche[249]

d’avoir modéré mes désirs pourvu que le nécessaire avec ses bras forts ne me fasse point plier la tète devant les grands je seray plus heureux et plus riches qu’eux qui sont souvent gueux au sein de l’abondançe

Passions cruellement indulgent a luy même celuy qui satisfait ses passions nourrit le germe de ses malheurs et fait couler dans ces veines cette liqueur de feu qui les brûle[250]

la sage médiocrité ne va ni déguenillée ni parée d’un habit d’or

il sembloit que les plaisirs eussent pris de nouvelles ailes pour aller plus vite et que le soleil précipita la course de ces chevaux

les passions s’agitent sans cesse ne font que s’élever et se précipiter

les passions se disputent un cœur tel que les vents ou les vagues se disputent les débris d’un naufrage qu’ils rendent enfin au rivage

un homme aussitost qu’il éteint sa passion ne jouit point de sa tranquillité le foudre après être tombé sur une montagne en fait encor longtemps fumer le faîte

les conquerans ont enchaînés les peuples le luxe a retressi les fleuves mais il n’y a que la sagesse qui enchaine les passions qui conserve leur violence dans des prisons et dans le cœur des infortunés accablés sous les chaînes

tel qu’on voit des chiens se disputer entre eux les morceaux du[251] cerf qu’il ont forçe et qu’ils déchirent ainsy les passions se disputent l’une a l’autre le cœur

l’homme qui a beaucoup de passions a la fois[252] n’en a au

curie ainsy les astres attirés également de tous cotés roulent dans les plaines de l’air sans se jetter les unes sur les autres

Pais il y a des pais ou les hommes veulent passer pour femmes ou un gentilhomme n’oze se montrer ou il est honteux de n’être pas roturier

dans un pais certaines vertus sont trainées sur un char de triomphe qui sont dans d’autres trainés en tombereau

Quelque irritée que soit la mer elle ne s’eleve point audessus de ses rives mais les passions se débordent partout les alpes u’arretent point l’ambition de pirrhus et les gouffres roulants des mers n’arrêtent point colomb

les passions conjurées contre la raison se tenant en bataillons serré s’avancent avec fureur pour détrôner la raison et trop souvent le succès recompense leur efforts

laconie aujourd’huy le pais des magnotes en morée s’etendoit depuis le cap matapansur les golfes de la colochine et de napoli on pechoit dans le premier la pourpre de laconie

les lamies il y en eut du tems d’apollonius qui attiraient les jeunes gens par de faux corps et les devoroient après cette fausse jouissance

flatterie ou le crime usent de periprazes[253] dans leur discours il n’y a que la vertu qui est concize dans ces discours

les petits rois des indes disoient pour flatter alexandre qu’ils n’avoient jamais fait qu’entendre parler de bacchus et d’hercule mais que ils le voioient luy[254] de leur propres veux

un roy qu’on voit a toujours pris la place d’un dieu qu’on ne voit pas dans l’ame d’un flatteur

faune on croioit vulgairement qu’il enveroit les spectres et les fantômes qui troubloient la nuit le repos des enfants

Bacchus ce Dieu n’éroit que notre moize[255] ce passage d’euripide est pris d’après son histoire lorsqu’il dit une des

bacchantes a frapé de son tirse le rocher qui en même tems a jette des sources d’eaux une autre n’a pas plutost jette son bâton contre terre que dieu en a fait couler du vin celles qui voulerent avoir du lait n’avoient qu’a egratigner seulement la terre avec le bout de leur doigt les tirses envirronnés de lierre produisoient des raions de miel

ainsi des sçavans prétendent qu’il n’y avoit point d’autres hercule quejosuc

les anciens ont dit que bacchus descendit aux enfers parce que moize fut 40 sur la montagne et qu’on le reçu comme un homme ressucité. On donné des cornes a bacchus comme a bacchus ou a Joseph que l’on adoroit en Egypte sous la figure d’un bœuf a cause qu’il avoit rétabli l’agriculture

Des ivrognes a Siracuse crurent a table qu’ils etoient sur la mer prêts a faire naufrage ils jettoient les meubles par la fenêtre croiant décharger leur vaisseau ils prenoient les passants pour des tritons et quelqu’uns croiant se jetter a la mer se jetterent sur le pavé[256]

bacchus quelquefois dans ses bonnes humeurs fait mettre nues les nimphes de sa suite et souvent sans délicatesses leur arrache des faveurs

funérailles chez les romain un joueur de flutte jouoit des airs lugubres sur le ton phrigien etchantoit les louanges du défunt des pleureuses faisoient retentir l’air de leur soupirs on apelloit le mort plusieurs fois on luy disoit ses adieux on faisoit des aspersions on bruloit des odeurs et on donnoit un repas a la famille

la fureur qui n’a pour sang qu’une bile embrasée

la fureur inventa la sciençe des tourments

la fureur tira le fer et le poison de la terre s’arma de glaive et de flambeaux

volupté souvent les voluptueux au milieu des plaisirs ont pendu sur leur tête l’epée que Denis fit pendre sur celle du philosophe Damocles

filles formez vous a l’art de séduire et d’enchanter vos amants[257] en attendant que vous puissiez contenter leur passions[258]

chaque instant de plaisir est un présent des dieux[259]

la volupté n’est faitte que pour la jeunesse et on voit avec horreur une vielle sans dents aux yeux eraillés et etincellants tenir sur ses genoux un jeune homme nu[260] dont le corps est bien taille ferme et blanc et l’agace comme une lascive colombe et regarde avec des yeux humides toutes les belles parties de son corps[261]

pour se promettre toujours de jouir demain de la vie sans en jouir aujourd’huy et remettre ainsy chaque jour sa vie au lendemain

le guerrier et le chasseur préfère le lit d’épines de Diane aux roses de venus

vos faveurs me font un Dieu[262]

que les Dieux règne par la crainte tu régneras par l’amour

flore parfume l’haleine des vents

heureux qui tient venus pâmée dans ses bras

venus aime tant les Roses quelle en laisse eclore toujours une sur chaque joue[263]

sa bouche parfume l’amant colé sur sa bouche

je veux que ce soit un saut qui me mette dans le tombeau et non pas qu’on m’y traine

ses yeux sont pleins d’une brillante humidité

que l’amour et les grâces creusent de petits troux sur son beau corps

un anneau de rosé soutient les cheveux des nimphes et si la vitesse de leur course faisoit craindre de ne les pas attraper la langueur de leur yeux faisoient croire qu’elles se laisseroient attraper leur yeux parloient pour leur bouches qui persuadoient tous ce qu’elle vouloient que les ris ouvroient et sur lesquelles les désirs avoient envie de cueillir un baiser[264]

les cheveux d’un noir plein de feu

la plus belle couleur sont les roses de la pudeur

heureux qui parfumé d’essences tient sa maîtresse entre ses bras qui la contemple écoute ses soupirs de pâmoisons alors le plaisir entre avec force dans l’ame par toutes les portes des sens. Le plaisir est le seul employ de la vie[265]

telles les nimphes fendent les eaux de leur belles gorges et brillent sur les mers comme la fleur du jasmin sur ces feuilles tantost elle nagent sur le ventre et exposent leur belles croupes aux yeux des amours ou etalle sur le dos le [temple de la volupté aux yeux de l’extase[266]]

les épines ne font pas craindre de cueillir une belle Roze

les Roses ne sont jamais si belles que lorsqu’elles ont épanouies leur sein aux Raions du soleil et les belles a ceux de l’amour

fetes celles de Ceres se celebroient sous le nom d’Elusiana les candiots avoient apportées a Athènes on etoit obligé de cacher le secret a peine de deshonneur

la guerre a encloué ses canons a brizé son epée la prevoiançe ellememe veille sur notre bonheur songeons donc qu’a en jouir nos cris d’allégresse feront les éloges de notre Roy

jaime mieux avoir en ma puissance le corps de ma bergère[267] que l’empire du monde les caresse de la fortune ne valent pas les siennes un baiser ravi vaut mieux qu’un Roiaume conquis les conquerans fondent leur bonheur sur le malheurs du monde entier et mon bonheur n’est fondé que sur la félicité et les plaisirs[268] de ma bergère

fêtes magnifiques que claudius donna a Rome (taci. pag. 308 : v. 3)

fleuve D’adonis ou l’on dit que pendant les fêtes d’adonis elle se teint de sang a cause qu’adonis fut tue dans les forest de sa source cela viens de ce qu’il y a de grandes pluies a peu près dans ce tems qui entraînent des terres rouges dans le fleuves on prétend qu’a sa mort les amours se coupèrent les cheveux sur son tombeau

courage et la fermeté sur un char ou est enchaîné la victoire marche a la tête de cette armée

plus courageux après sa lâcheté, le lâche n’ira jamais affronter la mort la laine teinte ne redevient pas blanche ni la vertu corrompu ne peut redevenir pure (changer la comparaison qui est toute d’horace[269])

le courage d’un seul homme raffermit souvent un état cartage est prête des[270] forcée elle alloit ne plus être Xantipe arrive et rome chancelle

couleuvres, ou serpents pline en parle d’une sorte nommé jaculos qui montoient sur les arbres et qui se dardoient comme des flèches sur les passants

combat mars se plait a la clarté que repend les armes il aime a voir guerrier qui est blessé et que combat toujours et les chevaux couvert d’une sueur de sang

la colère qui ne s’épouvante ni du fer ni du feu ni du courroux de la mer ni du foudre

c’est a la forçe de l’ame a corriger le malheur

cette femme homme oza mettre la pointe du poignard sur son sein qui ne devoit servir qu’a ravir un amant et a recevoir ses embrassements ou d’un bras ferme et d’un œil tranquille elle prit la coupe de poison qui coulant dans ses veines devoit rouler le feu elle préféra la mort plutost que de servir de décoration au char du vainqueur

semblable a cleopatre qui demandoit a antoine l’empire romain pour récompense de ses débauches

la mort devance l’éclair (fusil) deux rangé de tonnerre (canon)[271] le cœur est perce aussitost que les yeux son éblouis

toute la terre l’adore et caton seul le brave

après le courage rien de plus beau[272] que l’aveu de la poltronnerie[273]

la fortune d’auguste fit plus d’effet que la valeur de brutus a philippes

et le fleuve asservi roulle des ondes moins orgueilleuse

la brèche sous les autels de mars

semblable a ses torrents qui engraissent les pais qu’ils ravagent

Disparoisse vertu meurtrière

a la cour les yeux et le geste mentent avec le cœur

et la cour en cour et turlupin foisonne

le ris dédaigneux de la cour se moque de la vertu[274]

la fureur ou la disgrâce y font les vertus

l’interest n’y parle que pour luy

tient sa valeur captive aux pieds d’une maitresse

et caton en mourant apprit aux romains a vivre et a mourir libre

c’est la promptitude de l’exécution et la valeur et non les reflexions et la prudence qui font réussir les conjurations

Muzes. elles adoucissent les mœurs et porte dans la société cette vertu indulgente et candide qui en fait l’ame

elles sont filles de [ .] Calliope l’ainée marche a la suite des rois

la douleur le chagrin et les soucis qui volent pendant le jour sur différents objets se ramasse la nuit dans le cœur du malheureux attentif a ses meaux

les fidenois ne pouvant résister aux romains sortirent comme des furies armés de flambeaux et de bandelettes

filosophe Socrate[275] fils d’un statuaire fondateur des académiciens

les stoïciens[276] disoient qu’on etoit riche quand on jouissoit du ciel et de la terre avec une entière liberté

les sistemes des anciens filosophes sentent souvent l’enfance du monde

loin ces philosophes stoïciens[277] qui vouloient que leur disiple dormit aussy bien sur un lit d’épine que sur un lit de Rose

l’echafaut le trône du stoique

seneque veut que le sage ne s’incline point pour recevoir les caresses de la fortune et qui ne fuient point devant sa colère

il vivoit en philosophe avec le revenu d’un prince[278]

seneque ayant eu peur sur mer un plaisant dit qu’il n’etoit encor que sage de terre

les stoiciens etoient des capitans de vertu[279] ils defioient dans l’école la cruauté inventive des tirans

la faim qui met un frein au chevaux sauvage qui du haut des nues fait descendre les aigles qui enchaîne les lions met les taureaux sous le joug n’a pu ébranler certains stoiques mais c’etoit fanatisme et non pas vertu

et dix ans de philosophie font naufrage contre un regard

Richesses Épicure disoit veux tu estre riche ne songe pas a augmenter ton bien diminue seulement ton avidité[280]

le riche a beau élever une piramide d’orgueil jusque dans les nues il n’eleve pas pour cela plus haut l’édifice de son bonheur la mort a tendu autour de la terre ses noires et vastes filets ou tous les hommes se prennent l’or est donc inutile si on ne peut les troquer ni contre la santé ou la paix intérieure de l’ame sous leur cuirasse d’or loge souvent la sottize et le crime

la beauté l’esprit et la vertu ne se donnent plus en dote[281]

la richesse fait faire les crimes a l’indigençe

le chagrin et l’inquiétude tend ses superbes pavillons vis a vis les palais des Rois

le manteau de la médiocrité bien oité pare quelquefois mieux des injures de l’air que les manteau a filagramme d’or de la richesse

les richesses esclaves du sage sont reines du fou

venus ne s’évanouit qu’entre les bras des plaisirs

Dieu créa venus[282] pour la félicité des Dieux et nous laissa iris je le quitte[283] de venus

les vents qui ont détaché les iles du continent et ouvert aux mers l’entrée des terres

venus entrelace le mirte et les roses pour en faire des bosquets aux amours

venus quel est ce jeune homme dont le corps est si blanc et les membres si bien proportionné qui folâtre avec vous sur un lit de Roses la volupté et l’ivresse s’exhale de votre corps vos cheveux noué par les graçes tombent sur ces belles croupes ou les amours ont creusés des autres ou ils se retirent[284]

quand venus se cache dans un cabinet en badinant avec adonis les ris qui la suive toujours la trahissoient et la livroient dans ses bras

la vertu comme la grenade se courronne en s’elevant

venus que l’on a trempé dans les fontaines du printems

la lascive licence la blancheur de themire son lascif engoument son lubrique visage m’ont enflammé l’amour a quitté paphos et s’est rué dans mon âme et y fait brûler ses autels

tour a tour et minerve et venus

venus la jeunesse te doit ses grâces tu la dépouille de sa férocité pour luy donner de l’humanité

que tous les jours soient des fêtes de venus ou nous nous enivrerons d’amour

que Dieu me préserve d’habiter avec ceux qui ne connoissent pas les peines de l’amour et de vivre avec des mœurs rudes et sauvages[285]

après que venus eut essaie dans un miroir tous les airs que l’on perd bientost quand on folâtre avec un amant

venus tient embrassé son amant comme un liere qui s’eleve en embrassant un chêne

les yeux humides que morcelle le plaisir

Mais ce n’est pas a un malheureux amant a chanter venus et mes vers trop forts n’ont pas assez de tendresse

sa farouche vertu ne se démentit point

les vers tendres de sinonide furent apellés des larmes

la vertu n’est que la sagesse qui fait accorder la passion avec la raison et le plaisir et le devoir[286]

la vertu ne parle pas comme le peuple

le peuple est souvent chez les grands

a travers une gaze claire et déliée on voioit la belle forme de ses membres

venus veut souvent qu’on luy arrache ce qu’elle brûle de donner et elle détourne ses yeux brûlants et son beeau col de marbre pour lui ravire un baiser[287]

la vertu fait servir a la parure des temples et des autels ce dont la vanité pare les idoles du monde

amour la patience de l’amour est inébranlable

giton tantost amant il soupire au genou de quelque nimphe et tantost il voit soupirer aussy le vilain satire je veux bien que votre maîtresse vous reçoive bien mais recevez bien le satire

heureux l’amour que le reproche ne trouble jamais

l’amour-propre aveugle donne pour se conduire la main a l’avarice au front élevé et rude

l’indiscrétion transparente

jeune[288] lidie qui dédaignez les amant songez qu’on ne fait sa cour aux fleures que pendant le printems et que lorsqu’elles sont fanées elles sont foulées aux pieds.

astronomie a qui le firmament[289] n’ont pu par son immense distances cacher son eloignement ni ses mouvements vastes grands mais inapercevables aux autres a qui la terre a été obligé de découvrir sa forme

l’amour bat des ailes et s’envole a l’aspect de la vieillesse

elle fuit l’amour comme une jeune biche en bondissant[290] dans les campagnes fuit le cerf quand le tems du rut n’est pas venu mais laissez faire venus bientost viendra le tems des desirs

vous en brillez davantage quand votre beau visage est animé par le combat avec un amant livré vous donc toujours a l’amour au moins par vanité d’être toujours belle

l’univers fait sa loy des désirs de l’amour

l’amour qui trouve dans vos yeux la source des feux qui pourroient brûler l’univers et venus rient de vos inconstances et de vos parjures c’est une grâce aux belles des parjures c’est un don que la beauté que le ciel ne donne pas pour qu’un seul amant en jouisse et ceux que vous rebutez et qui jurent de vous plus aimer le jureront toute leur vie[291]

vous voiez le tremblement des membres[292] des chevaux a la vue d’une caval chérie

les tonneres en boule de feu ne se font pas toujours entendre pendant les été la mer ne va pas toujours baigner la lune de ses ondes mars sur son char d’airain ne parcourt pas toujours la terre mais le feu de l’amour me consume toujours[293]

otez moi donc mon cœur pour m’empêcher d’aimer[294]

d’un tersite l’amour fait un alcide[295]

Jupiter par amour a mugi sur la terre a volé dans les airs

l’amour s’élance des cieux dans l’air qui le reçoit et s’enflamme autour de luy en le reçevant et en traversant les frimats glacés il fait luir en passant ses beaux feux

l’amour seul a des sacrifices en tous lieux

l’amour se précipite au fonds des mers et son flambeau ne s’y éteint pas. il ne faut qu’un étincelle de son flambeau pour allumer mon cœur un étincelle rend heureux et le flambeau entier consume il fait pousser des soupirs de flammes et des larmes de sang

l’amour trempe ses traits dans les pleurs des malheureux amants

sans l’amour la nature est languissante[296] inanimée et est privé de l’ame qui l’anime et elle n’est plus parée de ses couleurs et de ses formes agréables n’ayant plus a plaire elle quitte sa parure

Dieu parle les vents se taisent l’orage fuit l’eau des rochers s’écoule et la mer qui s’elevoit dans les nues s’abaisse doucement[297] et noze plus remuer. Les rochers même se fondent a son aspect comme les montagnes de flots

quoy sans que dieu le conduisit l’univers erreroit dans l’espace comme un vaisseau sur les mers sans mats sans voile et sans pilote

Dieu parle la machine du ciel s’arrête les flots se taisent les arbres ne sont plus agités les fleuves attentifs suspendent leur cours le soleil arrête ses chevaux écoute ses paroles je suis[298] et va les reporter aux nations qu’il éclaire

le ciel aime la douceur de mes mœurs et mes vers[299]

nous manquons au ciel qui nous a donné des désirs quand nous ne les contentons pas

Dieu forge dans nous de nouveaux cœurs les nôtres ont été trop souillés.

le trône est fondé sur l’autel[300]

le tems ne respecte que Dieu

la mer ne passe point les bornes prescrites l’homme seul l’oze[301]

qui sont ces conquérant que tu pétris d’argile

l’homme tient le milieu entre la bete et l’ange[302]

dans la religion crethienne le tombeau d’un martir devenoit le berceau de plusieures

garantis la brebis de la fureur des loups

c’est Dieu qui parle en Dieu

Dieu dans les inspirations ne parla qu’en vers a la terre étonnée

les astres sont les apôtres de Dieu

le néant s’enfuit a la voix de Dieu

a mezure que Dieu conçevoit le deissein de l’univers le deissein s’executoit il apelloit la mer qui naissoit aussitost

Dieu avec des feux devorans consume sans l’anneantir[303] le malheureux qui a devant luy l’horreur de ne pouvoir mourir

Dieu avec son tonnerre perce en un instant tous les cercles des cieux

du sein de Dieu on fit couler dans l’espace les essences des choses qui en remplirent une partie

tel du mont sinay au bruit de ses foudres a la lueur d’un dôme d’éclair sur une montagne ardente dieu parloit a son peuple

nous avons la première odeur de l’encens que nous offrons a Dieu[304]

que fait à Dieu que nous soions damnés ou sauvés son trône inébranlable peut il estre ébranlé par les cris des Damnés affermis par le bonheur des bienheureux il satisfit sa puissance par la création de l’univers[305] s’il a sa miséricorde a satisfaire il a aussi sa justice. Le bonheur qui comme une mer de lumière s’épanche sur la tête des bienheureux qui nagent dans les delices les chants de leur joie leur baisers de feux leur extase leur jouissance célèbrent sa bonté. Le hurlement des damnés le bruit de leur chaînes leur imprécations les coups des bourreaux les tourbillons de fumées a travers lesquels on voit des flammes sanguinolantes et qui s’elevent continuellement célèbrent sa justiçe sa gloire éclate dans son palais comme dans ses prisons. (Décrire encore plus fort)

fortune que l’on adore sur tous les éléments et dans tous les états des hommes qui ne doit son existence qu’a sa vicissitude qui sappe les fondements des roiaumes

la nécessité maigre et nue avec l’aiguillon des besoins presse ceux qui ne voudroient pas courir après vous et la constante espérançe qui promet toujours et couverte toujours de fausses richesses

il nia que la vertu et que la vérité et l’inflexibilité dont le corps et de fer et la bonne foy qui ne scait point changer d’ame et qui s’attele au joug de son malheur[306] qui ne soit pas de votre cortège

la loy fait les coupables et la fortune[307] les innocents

l’ivre fortune oze tout espérer

heureux celuy qui ne daigne seulement pas jetter l’œil sur la fortune

le fourbe par l’artifiçe d’un mot a double sens se conserva le droit de trahir ses serments

le fourbe candide naive traite la fourberie d’usage

on n’est imposteur que lorsqu’on l’est a demi

la coquette met le fard sur le visage et le dévot le met sur le cœur

le fard blanchit les rides mais ne les cache pas[308]

fourbe serpent qui pique dans l’obscurité

fontaine qui sépare ses eaux en divers rameaux dessinne sur la terre les branches des chênes qui s’elevent dans les cieux

la fortune vend cher ce qu’elle promet de donner

l’eau tombant en nappe sur un basin dont la glace est polie ils brisent leur cristaux et fait élever l’écume

fleuve dont la glace unie répète les beautés de sa rive et qui lorsque le soleil le frape ressemble a un vaste serpent d’argent qui se glisse entre les rochers les bois et dans la plaine[309]

foy dans ce tems les aveugles voioient et la foy reparoit les torts de la nature

dans un fleuve dort[310] il roule un peu d’écume quand au fond les métaux précieux tous n’est pas de la même pureté

la fortune dit mon vol est aussy rapide aussy brillant qu’un éclair personne ne m’attrape en courant heureux qui me saisit au passage, le politique me croit esclave de sa politique en secret le ministre ingrat[311] sçait qu’il ne doit qu’a moy ce que son orgueil dit devoir[312] a la prudençe quoique je suis sans yeux je n’en suis pas moins puissante et c’est moy qui préside le plus aux élections et je fis faire les plus grande découverte je préside souvent aux grandes actions des Rois

la foiblesse l’encensoir a la main alla présenter l’encens aux Dieux qu’elle meprisoit

le froid hiver la tête courronné de glaçe son antre est creusé dans la neige le soleil change son palais en fleuve (a décrire)

chaqu’un se presse pour arriver a l’autel de la fortune la hardiesse a grand coups d’epée écarte ses concurents et la perfidie[313] avec son poignard perce son adversaire dans la foule

il faut être plus grand pour soutenir le poids de la disgrâçe que de la faveur de la fortune

anciens marquoient avec de la craye blanche les jours heureux avec du noir les malheureux

les anciens avoient coutume d’appaiser les dieux par des sacrifiçes lorsqu’il leur etoit arrivé quelque chose de favorable

ceux qui triomphoient se peignoient le visage avec du vermillon il y avoit une statue de Jupiter assise au capitole sur un char tout rouge, les dames francoise se peignent aussy de rouge en signe de leur triomphes

les filles des anciens avoient des cheveux et non les femmes Platon dit que les filles alloient a la chasse comme les hommes et qu’elles faisoient comme eux les exercices du corps

il n’y a que la main d’un amy qui arrache l’épine du cœur

c’est une fille sous l’habit d’alcide

les anciens croient que les astres etoient des gondoles remplies d’exhalaisons ardentes

tibere avait différents cabinets[314] danc l’ile de Caprée pour différentes débauches

il y avoit des peuples qui pour encourager les soldats faisoient porter a la tête des armées les cendres de ceux qui avoient été tué dans les précédents combats[315]

ambition tous les endroits de l’univers fument encor des feux qu’elle y a allumés

les anciens peintres grecs peignoient avec de la cire de toutes sortes de couleurs

coutume pour scavoir si une fille etoit pucelle (Tibulle page 337)

les aigles qui s’elevent si haut ne sont guère plus près du soleil que les reptiles tant ils en sont encor éloignés ainsy le sçavant et l’ignorant sont éloignés des premières causes[316]

que la coutume des romains etoit sage qui pour modérer l’orgueil du triomphateur par une loy expresse chargeoient des bouffons de le railler publiquement et chantoient ses défauts et ses vices

a peine estu endormi que l’ambition vient t’eveiller et te dit va vite faire des brigues tu repose et des rivaux veillent on n’achepte des places qu’au dépends du repos etc (a décrire)

les généraux romains avoient toujours cartes blanches

sur le mont sambulos hercule etoit honoré d’un culte distingué car en certain tems il avertit en songe les prêtres du lieu de tenir auprès du temple des chevaux équipé pour aller a la chasse ces chevaux chargés de carquois pleins de flèches se mettent a courir par les bois et n’en reviennent que la nuit haletans avec leur trousses vuides ensuite les prestres ont une 2de  vision nocturne ou le Dieu leur marque les endroits de son passage et on y trouve en effet quantité de betes tuées ça et la

les Rois parthes lorsqu’ils faisoient alliançe leur coutume etoit de s’acrocher les doits de la main droite l’un dans l’autre et de se lier les deux pouces a double nœud pour y faire monter le sang lequel ils sucent réciproquement par l’ouverture d’une petite incision cette alliance etoit la plus inviolable

amis on ne peut compter pour amis des gens qui ont des préjugés leur amitié tient toujours a celle des autres

sçavoir si les gens mêmes d’esprit et qui par conséquent [ [317]] des préjugés n’y sacrifient pas un ami cela est fort douteux a moins qu’ils n’ayent une grande ame[318]

Cadmus fut le premier qui apprit a fondre l’airain

il faut se consoler dans le malheur car lorsque la tempête soufle il faut nécessairement que le calme revienne mais on doit craindre dans la prospérité parcequ’on a la tempête a craindre mais dans l’un et l’autre cas ou par desespoir ou par sécurité ne vous fiez jamais a la mer

matière de feu si cette matière ne peut exister sans mouvement il s’en suit que le mouvement est essentiel a la matière par conséquent nul besoin d’un agent qui le luy ait donné

mathématicien géomètre trouvent cent mille façons dont le monde pourroit exister en ne conservant point telles quelles sont les loix du mouvement[319]

la critique prend aussy quelquefois l’or pour le clinquant

la critique accuse souvent a tort un auteur d’obscurité un aveugle ne voit goûte partout dans la nuit ou jour

la chimie folle rivale du soleil entourée de feux et de souflets de fourneaux noircis de fumée tenant tous les métaux dans ses mains s’efforce en vain d’en faire de l’or

le crime promené dans les villes par des prêtres imposteurs marchoit sous le nom de la divinité[320]

le crime qui parle de dessus un trône n’est que trop écouté[321]

aux fêtes de bacchus de venus les paiens etoient criminelles par religion

un Roy de la chine fit tirer un canal d’une demie lieue dans une montagne pour donner passage a une rivière qu’il vouloit conduire a Rionan il plaça deux mille statues sur les bords du canal

les crimes atroces dit tacite se commencent avec péril et s’achèvent avec recompense

un fameux critique dit boccalini ayant ramassé toutes les fautes célèbres d’un poète en fit présent a apollon le Dieu le reçut bien et pour le recompenser il mit devant luy un morçeau de bled qui n’etoit point vanné luy ordonna d’en séparer la paille cela fait il luy fit présent de cette paille

la nimphes court sur la pointe des flots

les nimphes vont dans leur voiles recueillir les larmes de l’aurore[322]

la mer au soleil déploie ses ondes en nappes d’argent[323]

en vain se croit on poète sans le feu divin quand promethée eut forme la statue de l’homme il ne l’avoit pas fait un homme jusqu’à ce qu’il l’eut animée avec le feu céleste et l’on n’a point fait de vers si on y a mis le génie

loin ces poètes par art ce sont des fleurs qui viennent par force et qui n’ont jamais d’odeurs ni de vives couleurs

loin celuy qui arrache en suant un vers dur de sa tête le vers doit se présenter jamais ni se chercher

la seule harmonie fait retenir et repeter[324] le vers

il faut dans ses tableaux peindre la plus belle nature

le vers pour être beau veut être retouché

le travail doit polir l’ouvrage du génie[325]

l’onde forme la perle et l’art la polit

le soleil le rubis mais il ne brille que par le secours d’une main habile il fout que le travail polisse le vers

la terre produit les fleurs l’art en fait un bouquet

craignons a force d’être correct que le vers soit moins etincellans ou froid

pour un fécond génie il ne faut qu’un amy qui luy fasse rejetter cela et l’oblige a retoucher ses ouvrage

les vers sont souvent comme les fleurs dont on fait exhaler l’odeur en les touchant trop souvent ou comme une femme qui perd ce premier éclat des roses sur son visage en voulant le frotter pour se donner des couleurs plus vives[326]

le françois n’est plus suceptible d’une vive impression et le vers ne plait plus que par reflection les grecs avoient l’ame plus sensible au beau soit que cela vienne ou du climat ou de l’éducation[327]

peu scavent s’enrichir des dépouilles des anciens la fleur transporté de leur ouvrage dans le sien meurt

l’un n’est que sec l’autre n’est que frivole peu scavent dans un bouquet de fleur présenter les fruits de la raison[328]

insecte qui sortez du limon d’hipocrenne

et dans beaucoup d’écrits l’herbe étouffe les fleurs

il faut que le sot rit de son portrait

le sot ne peut soutenir l’examen il n’y a que l’aigle qui soutient la lumière

l’homme sans imagination prend pour enflure tout ce qui n’est pas bas

la raison embelli de la parure de l’imagination[329] présente en chaque vers une double beauté

il faut que le poète les entraves aux pieds marche encor plus vite

il faut la fertilité[330] sans confusion

le contraste fait la beauté[331]

il faut a ce que je crois pour être plus belles que les comparaisons soient tirées de l’histoire parce qu’en même tems qu’elles font l’effet des comparaisons elles apprenent l’histoire[332]

climat sur la société lui semblera des plus contestables, et il la niera volontiers. Il notera cependant la différence entre la poésie du nord et celle du midi.

pour sçavoir si un tableau est beau en poésie il faut qu’un peintre le pu manquer c’est ou a manqué le père lemoine

il n’y a point d’homme parfait un palais n’est point tout bâti de marbre il y a du cuivre pour cela fautil le mépriser

l’homme qui n’auroit vu les forests et les palais que dans une fontaine les croiroit sous ses pieds

l’homme en viellissant s’ennuie de la vie et la perd san chagrin ainsy un ruisseau las de serpenter dans les plaines après avoir longtems brisés ses eaux contre les rivages hâte sur la fin sa course et disparoit dans le sein des mers

tous les grands hommes sont sujets a l’erreur d’un bûcher il sort de la lumière et de la fumée[333]

l’homme qui ne scait pas distinguer la voix de la vérité qui l’apelle d’avec celle de l’erreur n’arrive point ou que fort tard a la vérité[334] est comme un chasseur au milieu d’une forest ou il y a plusieurs chasses il entend plusieurs fanfares comme il ne connoit pas celle de son piqueur il n’arrive quelquefois jamais a la mort de l’animal qu’il chasse (plus juste a faire)

que les hommes seraient attrapés et surtout les ministre si semblable a janus ils voioient par derrière les gestes de ceux qui les louent en façe

l’ecu des princes devroit être comme ceux des jeunes gentilshommes pendant leur noviciat aux armes le champ étoit tout blanc et marqué d’aucun blason jusqu’à ce que par quelques faits d’armes ils eussent acquis le droit d’y graver quelques hieroglifes

les grands hommes parlent avec fermeté et fièrement Jean Frédéric électeur de Saxe étant tombé entre les mains de Charles quint repondit généreusement a ce prince qui le menaçoit de luy faire couper la tête : votre majesté imp. peut faire de moy tout ce qui luy plaira mais elle ne peut me faire peur il jouoit aux echets quand on luy prononça l’arrest de mort et il dit au Duc Ernest brunswik achevons toujours notre partie[335]

vérité il y a des gens plutost frapés de la vérité comme les collines sont plutost dorées des raions du soleil[336]

vérité viens purger mon esprit des erreurs du vulgaire

venus étoile toy qui préside aux jours et aux nuits et qui nous les annonçant nous marque par la qu’il te faut sacrifier en tout tems

si je parle de toy venus prête moi des graçe que mon vers plus mous mais plus harmonieux que ma cadence peigne la mollesse

venus en colère fouette l’amour avec des roses

les désirs soulèvent la Robbe de venus et l’œil se glisse dessous[337]

l’onde vaste berceau de venus

la vérité éclaire tous les hommes le soleil éclaire l’arbuste et le chêne

les hommes en gênerai aiment mieux s’égarer en troupeau que de suivre seules la vérité ils ont peur d’abord qu’il se trouvent presque seules éloignés du troupeau ils aiment mieux le précipice avec luy que l’herbe grasse[338] quelque sages paissent

venus couverte d’un voile a travers lequel on voioit ses yeux etinceller[339] en etoit plus belle ainsy lorsque le soleil pour se cacher a la terre suspend devant luy dans les airs le voile d’un nuage ses raions perçe encor l’ombre peint différentes figures dans le nuage le soleil répand une lumière plus agréable

la vérité n’a besoin que d’estre vue pour estre persuadée

chaque vérité que nous découvrons est une avance sur celles qui nous restent a découvrir

vertu le ciel pour humilier sa fierté s’il nous laissa la force de triompher des vices ne nous permet de triompher de tous nos défauts

combien de vertu ne sont que des vertus de théâtre[340] et on besoin pour se soutenir des yeux et de l’admiration publique Seœvola qui se brûle la main a la vue de porsenna auroit peut estre craint la moindre douleur en particulier

mes vers ne sont pas faits pour ces esprits frivoles qui croient que les vers ne sont faits que pour les madrigaux

on ne se soucie point que son fils ait plus de vertu ou du science[341] mais qu’il ait bon air et qu’il sache jouer

non des vers doucereux mais des vers vigoureux

venus marche entourée des grâces je marchois a elle guide par les désirs[342] le ciel[343] etoit tissu d’ombre et de lumière cette heure est plus propre a faire ressortir la blancheur du corps et venus se livre avec moins de pudeur elle joignait le velouté de la peau a la fermeté du marbre

O venus faites moi goûter souvent de pareils[344] plaisirs

j’aime une maîtresse lubrique

chaque belle a diverse beauté et chaque beauté fait naître des désirs

venus ne donna jamais de si charmants baisers[345]

pourquoy mêler l’or des vérités aux fanges du mensonge

mes vers seront malgrez eux plus durable que l’airain je quitte la modestie et c’est au noble orgueil a repousser l’envie

la beauté tien toujours le dépit enchaîné

venus ou lidie que les alexandres se vantent de faire trembler la terre les dieux qui vous donnet la beauté et la faculté de nous rendre heureux vous fit notre reine ils donnèrent aux lions une grande gueule moins a craindre que votre petite bouche

la crainte viens présenter les phantomes[346] effraiants a l’esprit que le soufle de l’espérance dissipe et la peinture vive de ces objets effraiants par elle devient un tableau effacé

la crainte semblable a méduse nous pétrifie

chasteté Dona maria coronel fatigué de la longue absence de son mary tourmenté par la convoitize charnelle se mit un tison dans la partie pour faire un sacrifice de sa vie alafoy conjugale

servilia pour ne point survivre a lepidus avala des charbons ardents

une religieuse sur le point d’estre violée promit au soldat de luy donner un heaume qui le rendrait invulnérable s’il vouloit la laisser, ensuite elle se frotta le col de pomade et luy dit de faire l’épreuve sur elle même et lui présenta sa tête a couper a quoy le scélérat fut aussy habile que la religieuse a le tromper aux dépends de sa vie[347]

la crainte marche avant la fuitte et lui aplanit tous les chemins et luy fait craindre les dangers qui la suive et braver ceux qu’elle a en face : elle devient audaçe[348]

les cigales sont bienheureuses d’avoir des femmes muettes

Enfer furie les serpents des furies se dressent font luire a la clarté des sombres feux des enfers leur écaille verte et dorées et poussent des siflements de joie l’enfer est éclairé de feux sanguinolants et d’un poison noir

les serpents enflent leur gorge luisante et les tombeaux murmurent le tein livide des furies s’anime[349] il y monte un sang pourpre

Pluton son spectre est de feu le silence et la nuit y rendent mutilés les yeux et les oreilles ils couvrent et entourent pluton et la fureur ne s’y explique que par le silence

le cocyte y roule un torrents de pleurs qui va se jetter dans le tourbillon de feux du phlegeton

et l’enfer jetta un hurlement de joie

l’Erreur les autels[350] dont la terre est couverte et qui luy sont dressés la vapeur[351] de l’encens que luy offre les mortels ne ternit point l’éclat de la vérité et le nombre des adorateurs de l’erreur n’afoiblit point sa puissance

l’erreur en Egypte et la crainte a des monstres sanglants du meurtre des mortels éleva des autels

Satan voioit au dessous de luy tous les esprits célestes les iers[352] raions de la divinité en s’epanchant de son sein luy for- moient un Diadème de gloire ses pieds etoient posés sur des anges son visage servoit de soleil au ciel Dieu pour amortir son éclat que luy seul pouvoit regarder en face dardoit sur luy des raions qui se réfléchissant dans le ciel y faisoient le jour des bienheureux dieu leur attacha sur leur âmes une cuirasse ardente qu’ils portent avec eux et lorsqu’ils sont dans l’abime a travers la fumée ils entrevoient les trônes ou ils etoient assis et ou Dieu a placé d’autres anges c’est la leur plus cruels tourments ils sont dévorés par la jalousie

L’erreur et sur la terre comme une grande rivière qui garde le même lit mais qui n’est jamais la même un seul instant

vulcain sa fournaise brûle d’un feu blanc d’éclair d’un rouge plus foncé on y voit les foudres les enclumes[353] y sont de diamant dur les murs de l’autre sont entouré de foudres et d’éclairs forgés qui roule toujours car ils ne peuvent être attachés vulcain a des bras de bronze la sueur coule en torrent dans ses rides son estomac velu est mouillé de cette sueur mêlé au noir des charbons de cendres de [ ] son visage est livide il battent les métaux[354] dans une harmonie juste et effraiante les vents sont ses souflets L’acier dans le feu se mollit sous le marteau, prend des formes le feu pétille et en jalit de tous cotés et le mont mugit du bruit

leur marteaus ressemblent a des monts[355]

vulcain condense le feu pour en forger le foudre

Nouveauté

tous n’es point épuisé de nouveaux soleil se forme dans les cieux colomb découvrit un nouvel univers

sa facile poésie semble marcher sans chaines

c’est la ou l’on voit marcher la poésie qui se forgoit les courronnes de la gloire qui orne les têtes des grands hommes et qui embellit également celle des roturiers et des rois qui forgoit les courronnes des belles qu’elles rendent immortelles

Plus loin le raisonnement[356] en forgoit d’autres moins brillante mais aussy solides (pour la 4eme epitre[357])

la poésie naquit dans les antres et les rochers

un esprit plus vaste est entré dans mon ame quels objets[358] et peinture se présente a moy[359]

l’avare au parnasse préfère le potose

l’esprit les choses les plus abstraites deviennent visibles aux yeux de l’imagination

la poésie n’etoit pas autrefois si frivole et la philosophie quittoit l’enveloppe obscur des termes pour l’habit brillant de l’imagination[360]

la poésie d’une aile a qui tout cède s’eleve a travers les sphères et chercher a la source du jour les couleurs dont elle fait ses habits va dans le ciel considérer la beauté en lever des plans et dessine d’après ses tableaux tantôt elle descend dans les antres de l’horreur de la nuit etc a Décrire[361]

il faut qu’un poète ait un grand fond de sciences pour taire son corps il doit être animé d’un feu céleste qui luy donne du mouvement et qui le fasse comme le soleil rouler dans les cieux pour éclairer le monde, mais le ciel est avare de ce feu[362]

la poésie est une espèce de passion c’est[363] un sens de plus pour les poètes elle a l’enthousiasme l’extaze la fureur et tous les effets des autres passions

la poésie et les arts doivent leur naissance a l’amour et l’amour leur doit la puissance de plaire et sa beauté

les muzes aiment a habiter les âmes vertueuses

le chancelier de l’hôpital faisoit des vers et adresse même un instruction en vers a francois 2d (v. page 219 tacite, v. 3eme)

on décerna a pomponius le triomphe pour avoir triomphé des Cattes mais ce ne fut rien auprès de la gloire qu’il acquit par ses vers

Néron faisoit des vers

Rome eut mille triomphateur et eut peu de bons poètes

la poésie est différente de la peinture en ce que la peinture n’est pas obligé de peindre toujours la nature en beau et qu’on peut être grand peintre par son imitation basse mais exacte cela n’est pas vray en poésie[364]

il faut encor dans les comparaisons en prendre qui non seulement fasse une belle image mais en choisir qui puisse s’exprimer par des mots harmonieux

Si rien n’egal la beauté de la nature un poète qui les multiplie en composant la nature d’une nouvelle matière en luy donnant de nouvelles formes doit être estimé

Virgile charme toujours sans étonner jamais s’il n’est echaufé de l’iliade

comparaison il n’est pas nécessaire que les rapports en soient si exacts parce quelles ne sont pas faite seulement pour eclaircir et orner mais encor pour plaire

Dans les poèmes ou il entre des bergers il faut toujours que leur pensées ayent de la teinture des champs des bois et des rivierres ainsy des autres choses

ceux qui dans la poésie ont le talent d’exciter les passions n’ont pas a ce que dit addison le talent d’écrire d’une manière noble et sublime et viçe versa

le luxe a la source du jour va cueillir des poisons et chercher des richesses

le luxe transporta les rivières des vallons au sommet des montagnes

il fait venir par des vaisseaux des palais

le luxe attacha les diamants et des lustres aux oreilles (le palais du luxe)

la nécessité dépouilla les lions de leur peaux et le luxe[365] a tissu les étoffes d’or

l’efféminé qui se fait tirer dans un carosse et qui ne peut se servir lui même semble n’avoir des bras et des jambes que par bienséance ils voudroient que leur chemises fussent tissues d’air tant leur délicatesse est grande il moureroient s’il portoient un habit de laine ils ne pourroient se remuer et ils marchent légèrement sous des habits chargé d’or et de diamant

le luxe transporta les montagnes creusa des lacs semblable aux mers la retressit dans son lit et daignant de s’aider de la nature veut toujours la forçer (a décrire)

le luxe va sur des barques légère chercher les monstres semblable a des iles et leur arracher les os que dieu avoit caché sous une épaisse muraille de chair et cela dans ces mers que gardent les glaçons flottants et les tempêtes du nord. les choses nécessaires ne sont pas ainsy cachés au fond des mers ni sous des ecueils dont des monstres dévorants défendent l’entrée

le luxe des vivans suit les morts au tombeau

les statues d’or qui porte sur leur épaules des bougies. L’ivresse coule avec le vin de ses cornes d’abondance polies par germains etc

la fureur les Suisses autrefois après leur victoire sur le Duc de bourgogne bâtirent une chapelle des ossements des morts consacrèrent leur passions et élevèrent ainsy le temple de la fureur au dieu de la clémençe

l’arsenal de la fureur est rempli des taureaux de phalaris des chaudières bouillantes etc des hommes vivans attachés aux morts les flambeaux de la fureur[366] sont les martirs qu’elle enduisoit de cire

le vainqueur poussa trop loin sa fureur dans un fleuve de sang il étouffa sa gloire

dans le temple de la fureur on n’y voit pour statue que la douleur et la mort dans différentes attitudes le sans mêlé aux ossements broiés fond le palais la fureur y cultive elle même les poisons (travailler sur ce fond[367]) si l’amour paroit dans ce temple, ce n’est qu’accompagné de la jalousie etc Décrire La fureur en attachant les hommes a des cadavres a enchaîné la vie a la mort

la fureur ni reçoit que la fumée du sang

il y coule un fleuve de sang dont les flots boueux et pourris[368] ne se meuvent qu’avec peine

Amours les Désirs sont les fleurs de l’amour et les plaisirs les fruits

l’amour préfère souvent le crêpe de la nuit au voile etincelant du jour

amour selon les différents caractères brûle differament dans le lion une flamme féroce et ardente s’exprime en rugissement dans les âmes hautaines par le dédain dans les âmes tendres par les larmes et l’abbattement[369]

on dit qu’adam ayant mordu la pomme dans le même endroit qu’Eve ou sa salive etoit resté ce fut le germe qui alluma le feu de la concupiscence dans le cœur de l’homme et voila pourquoy les lèvres et la langue des amants aiment tant a s’approcher

un ride croit sur le visage de notre idole l’amour frémit et s’enfuit sans ozer regarder derrière luy

le flambeau de l’amour porte son feu dans les antres des glaces ou se retirent les baleines il perce au fond des mers et donne le mouvement a ses monstres il perça la palais de glace de neptune[370]. La fureur armée chez les romains de casques et d’épeé affrontoit la mort chez elle brave la foudre qui sort des colonnes d’airain que le meurtre charge elle lance des flêches au bresil la joie danse chez les barbares au son d’une musique discordante et a la lueur des étoiles comme chez nous au son de luly et a la lueur des flambeaux dans ces salles magique ou l’art par le moien des couleurs rassemble tous les éléments et ramasse l’univers tour a tour dans un espace étroit qu’il agrandit aux yeux l’amour a les mêmes transports en tous pais goûte les mêmes voluptés a les mêmes désirs et veut parvenir également a la possession de ce qu’il aime la jalousie qui le suit et qui mené a sa suite la colère a la même envie de se défaire d’un rival en françe elle se bat avec égale avantage en italie elle assasine. La tristesse dans tous les pais verse des larmes et ne fait que pousser pour soupirs[371] des sons différents la hardiesse est partout aveugle pour les dangers et ne scait point reculer et le desespoir partout se précipite et se jette avec fureur sur la mort differament construite dans différents Pais

le désir étincelle en ses yeux

l’amour propre[372] tige de nos passions[373]

l’amour propre offensé fit déchirer lais par ses compagnes au temple de venus a cause de sa beauté

D’abord qu’un jeune homme a du mérite l’amour propre vient avertir tous les hommes d’étouffer s’il peuvent ce jeune arbre qui s’eleve

l’ame d’un amant s’épanouit aux yeux d’une maitresse c’est une joie qui marque au soleil la joie de son retour en s’épanouissant devant luy

en vain voudroit en éviter l’amour le sage court et l’amour vole

L’amour même heureux qui multiplie notre être multiplie aussy nos douleurs nous avons deux corps pour recevoir la douleur nous avons deux âmes pour recevoir la tristesse nous avons deux vie[374] etc a Décrire)

vivante tu etois mon amour morte je seray ta furie

l’amour est encor plus fin que la jalousie

il est également heureux dans les combats d’amour d’être le vainqueur ou le vaincu.

l’amour a plus de ruses[375] qu’argus n’a d’yeux

quoiqu’on fasse en amour on est innocent tant que l’on est aimé

l’amour comme la rose n’a qu’un jour

Dieu sous le prétexte de la puissance de Dieu tous les petits esprits ont bâti des contes de fées et parce qu’il peut tout ils ont voulu qu’il ait fait tout ce qu’ils s’imaginent soions nous plus et n’admettons que dieu n’ait fait que ce qu’un autre cause n’a pu faire[376]

par le sisteme de l’attraction il n’est pas nécessaire d’admettre un Dieu car s’il y a dans la matière une faculté de s’attirer les corps se sont dus attirer jusqu’à ce qu’ils vinssent a la position ou ils sont a presens c’est a dire jusqu’à ce qu’ils eussent trouvé un Equilibre d’attraction, de la tombe l’objection des rapports de deisseins car ils ne pouvoient cesser jusque la d’être en mouvement

de toute éternité notre mort est marquée

le présent le plus précieux que le ciel fasse aux Rois c’est des ministres aussy vertueux qu’éclairés

Diodore de Sicile dit que les etiopiens furent les 1ers inventeurs des hieroglifes et qu’il peignirent un Epervier un crocodile un serpent un œil la main droite ou gauche etc pour signifier la promptitude la méchanceté la vigilançe[377] la liberté et l’avarice etc

D’autres disent les Egyptiens qui inventèrent les lettres que les phéniciens portèrent en Grèce avec Cadmus

quelquefois Dieu se fait admirer dans sa colère comme une mer en fureur quelquefois par sa seule majesté comme une mer calme [378]

le tableau mouvant de l’univers fait voir la grandeur du machiniste

Passions rien n’est plus dangereux que les passions[379] dont la raison conduit l’emportement

les passions reptiles lorsqu’ils entrent dans les cœurs Dragon impétueux lorsqu’ils y sont entrés

les passions sont comme les herbes empoisonnées Les dozes seules en font des poisons ou des antidotes

le feu qui détruit tout allumés par l’art a donné naissance a mil merveilles ainsy les passions guidées par la raison

les vents ébranlent la terre et les passions l’ame du sage s’ils ne la renversent pas

les passions qui produisent les vertus aussy nos vices semblable aux aliments la source de la vie est source de la mort[380]

vouloir éteindre une passion par une autre ce n’est que transporter un bûcher d’un endroit a un autre

l’étincelle dans les passions est suivie de l’embrazement

la faiblesse négligée des passions se fortifie les grains de sable forment des montagnes il les faut prévenir[381]

Multiplions nos plaisirs par nos postures[382]

peu a peu gagnons sur nous et détruisons nos passions nous essairions en vain de les étouffer tout d’un coup imitons les saisons la froidure chasse peu a peu la chaleur et les fruits peu a peu font tomber les fleurs mais on ne voit dans nos climats l’été qui nous régit avec un spetre de feu disparoitre a l’instant l’hiver sur un trône de glace soufler la neige et les frimats sur une terre brûlante encor des feux de l’été et l’on ne voit pas la grape mure prendre la place de la fleur qui tombe

avançons par degrez au dernier des plaisirs commençons par des baisers qui fasse eclore les désirs

Mangeons un si[383] court plaisirs par les caresses et la longueur de nos désirs

pendant l’orage des passions on jure de ne se plus rengager on rentre au port on rit de sa fraieur

le sage se défend de l’approche des passions mais ne peut plus les arrêter dans leur cours un homme peut se défendre de l’approche d’un précipice mais non s’arrêter quand il tombe

Que celuy qui ne scait pas se contenter de peu qui sacrifie la liberté a l’avidité porte dans son cœur le vautour de promethée

l’avidité peupla les villes arrache des compagnes

Pathétique une cause du pathétique est qu’un malheureux devienne heureux ou un heureux malheureux pour cela il faut que le caractère soit noble le héros jeune vertueux aimable le changement imprévu fait dans l’instant ou le héros est le plus heureux ou le plus malheureux que l’expression dans lequel le changement de situation se fait soit courte claire quoique bien amenée auparavant le plus grand art c’est que la même situation rende deux héros a la fois heureux ou malheureux voiez l’enfant prodigue de voltaire[384]

amour en s’envolant emporte ses serments

en amour le plus amoureux est le roy

l’amour ne compte pas les ancestres mais les beautés de sa maitresse

fait passer ce vin dans tes veines c’est un philtre de l’amour

au premier ride adieu l’amour

le flambeau de l’amour ne brille que la nuit

il est dans l’amour de certaines caresses que l’amour nous apprend chaque art a ses finesses

la gorge ces deux monts que l’amour arrondit ce plaisir des yeux et du toucher etc[385]

c’est toujours venus qui se trouve aux bras des amants

l’amour doit sa naissance a venus et venus luy doit ses honneurs et ses temples et sa cour et elle n’eut été qu’une belle statue

c’est dans les transports de l’amour qu’on sent le bonheur d’exister et en mettant bouche contre bouche on troque d’ame[386]

les désirs sont les traits de l’amour

je n’ai point été blessé de ses traits que l’amour lance comme les Raions du soleil dans tout le monde il a ressemblé ensemble plusieurs traits et la grandeur de la plaie l’on rendu incurable[387]

cher amant entrelassons nos bras et nos corps[388] l’un dans l’autre et mourrons ainsy

la nimphe rit en voiant sous elle son vainqueur[389]

le plaisir de la nature au renouvellement du printems les caresses des oiseaux nous conseille l’amour

l’amour luxurieux ne laisse point d’azile a la beauté

filons nos caresses et rendons nous heureux aussy longtems qu’il est possible

quand l’amour est lié par la double chaîne de l’esprit et de la beauté l’amour ne peut plus s’envoler

les cœurs des coquettes sont des ruches d’amours nains qui ne grandissent jamais et qui dans un spectacle vont sur les raions qui par de leur yeux sur tous les cœurs les piquer et rapporter dans leur ruches la substance dont ils nourissent[390] l’amour-propre

lorsque phisché consideroit a la lueur d’une lampe le beau corps de l’amour elle en fut trois plus amoureuse mais l’amour s’éveille et s’enfuit jamais l’amant n’est plus près de s’envoler que quand on l’aime le plus

les afriquains se reconnaissent a la noirceur de leur teints et les amants ont dans les yeux et dans le sons de voix un signe qui les fait reconnoitre ainsy des gens d’esprit

et penchant en bas le flambeau de l’amour pour l’éteindre je ne fis que l’allumer

les filets de l’amour sont tendus dans tout l’univers cependant ne s’y prend pas encor qui veut

vivons pour aimer dans le transport de l’amour nous oublirons qu’il est des malheur que la jalousie d’un mari[391] envirronne notre lit de ses noirs serpents dans tes bras dans les miens nous ne verrons que les plaisirs

les membres entrelassés Famé sur leur bouche l’amant dans le transport de l’amour s’ecrioit oui toy dans je suis qui m’enivre de plaisirs je veux mourir le jour que je cesseray de jouir de toy le vray trône est ton lit[392]. Oui luy repondoit sa maitrcsse en baisant ses yeux tout brillant du plaisir et en rapprochant son corps je n’ay goûté qu’avec toy de véritables plaisirs

chaque baiser que je te donne renouvelle en moy le désir de t’en donner un autre[393]

tirannie elle immola valerius et popea chevalier et fit des crimes a ces romains de leur songes pour avoir vu claudius avec une courronne d’epics tournée[394] a rebour

laurore de la tirannie n’annonçe jamais[395] les meurtres

Loy cincia defendoit chez les romains aux avocats de recevoir aucun don ni paiement

Loix il est réellement ridicule qu’on établisse dans un pais une si grande multitude de loix que les citoiens ne les puissent sçavoir il y a t’il une plus grande preuve de l’imbécillité des législateurs

Poète, jeune c’est encor des raisins cachés dans les feuilles qui ne paroissent pas encor beaucoup mais qui bientost muris feront le nectar dont s’enivreront les Dieux

les poète sont comme les Dieux qui vivoient de la fumée de l’encens et comme les ouvrages des immortels leur ouvrage ne craint point la faux du tems

quoique le vin soit encor contenu dans la grappe les vignerons estime sa bonté ainsy le génie estime le génie d’avançe

plus on avance plus on trouve l’art difficille c’est un homme qui plus il approche d’une montagne plus il la trouve haute[396]

il faut que tout soit lié dans un ouvrage comme la chaine des flots de la mer les transition[397] font le même effet que la baze des vagues

il y a beaucoup de gens qui connoissent les règles de la poésie il y en a peu qui les sentent assez bien pour les pratiquer et selon que l’on les sent mieux on les pratique

en poésie tout ce qui n’est pas reflection vives doit être peintures[398] C’est ce qui fait le feu

il y a peu de gens qui ait le droit de s’abbaisser comme voltaire[399] ou en louant les autres ce ne soit pas basse flatterie et les envieux ont tort de luy reprocher ils louroient aussy s’ils avoient assez de mérite pour que leur louanges portassent coups

tibere ecrivoit a horaçe Septimus notre ami commun vous dira comme je pense de vous

un des grands principes en poésie c’est l’harmonie pour ainsy dire des couleurs dans les descriptions et les comparaisons pour qu’il n’y ait point de dureté dans le tableau il faut que l’on passe d’une teinte a l’autre insensiblement ainsy il faut qu’un objet même affreux quand il est peint dans un lieu agréable tienne dans son horreur de quelque chose d’agréable et vicissim. (voiez dans catule les noces de thetis page 146 le portrait des parques) c’est la ce qui fait le moelleux et ote le sec

En poésie il ne faut pas animer sans nécessité ou que cela apporte beauté ainsy on ne gagne rien a mettre un ange dans le soleil etc[400]

un homme qui connoitroit parfaitement les règles de la poésie seroit poète parfait et il sera toujours poète (a moins que la paresse ne le gagne) dans la même proportion qu’il est connoisseur. Prenons pour exemple qu’il faille préférer des verbes de mouvement a ceux de repos en poésie parce que ce mouvement occuppe l’esprit, celuy qui scait cette règle ne pourra dit on l’exécuter, iranseat mais il n’a qu’a lire dans les verbes de mouvements dans sa lengue comme on luy refuse seulement la faculté de trouver ce verbe et non celle de le saisir quand on lui montrera il est évident qu’il le trouvera dans la table des verbes ainsy qu’il le mettra. Cet exemple peut s’apliquer a toutes les autres règles de la poésie également, de plus prouvé par les exemples

il faut en poésie vivifier chaque vers et oter tout ce qui ne fait pas beauté[401] virtute carentia tollet

dans nos sens sont les matrices de nos idées[402]

Venus. La sagesse et l’austérité aux sourcils refrognés furent amené devant venus ils ne voulurent pas d’abord l’adorer mais lorsque la Déesse se fit deshabillé devant elle par les plaisirs et les grâçes et qu’ils la trouvèrent si belle ils se jetterent a ses genoux et l’adorèrent (en voiant plus en détail ce qu’on haissoit.

D’abord on l’aime

aux spectacles les amours sont a l’afut des belles c’est la ou il les prend presque tout et que son trait vole dans un regard

Venus n’exige de nous d’autre culte que nos plaisirs nous l’honorons dans les bras de nos maitresses nos soupirs sont les prières et nos autels sont les corps et nos fêtes les combats amoureux faits en son honneur

les nimphes[403] fuient devant leur amant comme une biche qui ignorant les plaisirs de l’amour ne connoissant encor que ceux de la gaieté et de la course vagabonde fuit en bondissant et avec fierté[404] le cerf amoureux qui quitte pour elle les tendres bourgeons

heureux qui peut au levé de l’aurore a la clarté de ses premiers raions contempler les beautés d’une epouze qui a de la pudeur a les montrer et que l’amour seul rend libertine

a la vue de venus le feu de l’amour se glisse dans les veines les yeux se mouillent les esprits quittent tous la superficie du visage y loisse la pâleur se retirent au cœur on devient immobile parce que tous les sens sont emploies au plaisir

la vertu sont les seuls dieux que je veux honorer

le jour les nimphes honoraient les Dieux la nuit les Dieux sacrifioient aux nimphes

Comparaison. Comme le soleil qui éclaire et n’étend un voile d’or que sur un coté de la montagne etc et laisse l’autre d’un verd noir

les nimphes de Diane couraient dans de grands arbres qui entrelassant leur tetes vertes faisoient un dais verts a travers lequelles feuilles passoient des raions qui y jettoient des jours singuliers[405]

les rides sillonnés sur l’ecorce des chênes

sciences ce qu’il y a de malheureux et ce qui fera tomber les sciençes c’est que celles qui sont utiles a la société ne sont pas les plus difficiles et qu’un homme d’esprit ne peut être flatté que de cela et non le ministre a moins qu’il n’ait assez d’esprit[406] pour sçavoir le mérite de la difficulté

Les Dieux ne sont Dieux qu’entre les bras de ce qu’ils aiment

Depuis que le poison de l’amour circule dans mes veines mes sens ne peuvent plus faire d’autres fonctions que celles du culte de l’amour

Couvre d’une courronne de fleurs ta tête et d’un voile bleu ton corps délicat d’albâtre et ton sein qui le soulevé par le doux mouvement de la respiration

le grand[407] Dieu est celuy des plaisirs

la pudeur et les pleur sur le visage [sur] la volupté dans l’ame les filles veulent sçavoir les misteres de venus

l’austère vertu te fait un crime de ta beauté l’amour en fait ses déliçes l’amour t’admire la vertu te mepriseroit

l’amour refuse les baisers qu’il veut qu’on luy ravisse

venus regarde d’un œil favorable ceux qui sont toujours prêts aux combats amoureux

c’est aux jeux consacrés a l’amour que les humains[408] doivent leur existences

pourquoy poursuivre ton amante avec tant d’opiniâtreté

la fleur que l’on cueille est prête a se faner

venus sortit de l’onde et le plaisir sortit des larmes tendres que repandit venus en se défendant le jour que son premier amant la dépouilla de sa virginité[409]

sainte venus par les plaisirs que tu a goûté avec adonis écoute ma prière

quel trône ou quel trésor vaut un de tes baisers[410]

les débris, les trophées, les captifs indiens de peau brulee par le soleil[411], les chaines, les peuples gémissants valent ils les faveurs les baisers les transports l’amour

le vray palais est celuy du plaisir le vrav rov est l’heureux le vrav trône est le lit de sa maitresse

Oreste entouré de furie vaut il un simple berger au bras de sa maitresse preferois je le sort d’un héros entouré de mort sur un coursier fougeux dont les armes brillantes sont tachées de sang au berger qui badine avec sa bergère nue sur les fleurs et les douces luttes de l’amour aux combats nerveux et cruels de Mars

que les trompettes annoncent la gloire aux héros et le bruit des baisers les plaisirs aux amants

j’aime mieux mourir dans les bras de ce que j’aime qu’a la vue de l’univers sur un champ de bataille au milieu des soldats

un amant est une chose sacré

venus m’abandonne je demeure sans vigueur

Mars et venus sont ensemble je vois d’un coté les trophées des armes du dieu et de l’autre le voile couleur de rose de la déesse

l’amour enseigne a tout souffrir

pour toy seul je suis belle a toy seul je veux plaire

les sentiments et les transports[412] d’amour mis dans la bouche d’une femme font plus d’effet (Reflection bonne pour un Poème Epique

l’amour a mis mon amant a mes pieds et mes plaisirs l’ont mis sur mon sein

on ne vit que le tems qu’on aime

qui prend tous les plaisirs en prend encor bien peu[413]

Anciens. Les grecs et les romains sacrifioient a la canicule une chienne rousse

Anciens c’etoit une coutume chez les romains quand le peuple[414] joignoit les pouces c’etoit pour que le gladiateur vainqueur fit grâce au vaincu mais s’ils les joignoient c’etoit un signe de haine. Prudence dit que les Vestales disoient quand le vainqueur plongeoit le fer dans la gorge du vaincu [disoient] que c’etoit leur délices

Page 496 tome 7 d’horaçes façon des Anciens pour chasser les revenants

dans Aricie[415] dans le temple consacré a Diane ou Oreste apporta la Diane taurique il ne pouvoit y avoir qu’un fugitif pour prêtre et il falloit que ce fugitif tuât de sa main le prêtre dont il vouloit avoir la place et qui pour cette raison avoit toujours l’épée a la main pour se défendre car il s’attendoit d’être attaqué a tous moments

fanatiques vient du mot de famem c’etoit autrefois les prêtres de bellonne qui faisoient des contorsions horribles

Poésie. Strabon disoit qu’il n’y avoit que le sage qui put être poète les grecs faisoient apprendre des vers a leur enlans pour leur apprendre la sagesse et la modestie. Orphée leur enseigna

les sacrifices et a fuir les meurtres Musée a guérir les maladies et a consulter des Oracles hesiode leur a montré a cultiver la terre et leur a marqué le tems des semences et des moissons homere des choses nécessaire pour armer les peuples ranger les armées et être vaillants

tirtée recita des vers qu’il avoit fait a la tête de son armée qui avoit été repoussé et ces vers enflammèrent si fort le courage des lacedemoniens que sans craindre la mort ils attaquèrent les messesniens et les défirent

la beauté ne vient point de la quantité d’images mais que chaque image soit noble vaste et bien desinné en chargeant trop une image souvent on la gâte il faut que l’image s’imagine aisément que les principaux accident soient détaillés mais qu’on ne la charge point de trop[416]

on amoindrit une image en la voulant rendre trop grande, il faut toujours prendre les plus beaux effets de la nature mais cependant tels qu’ils sont dans la nature[417]

Poème épique de l’amerique[418] la renomée qui vole sur une montagne pour avertir des biens ou des meaux les sauvages

les comparaisons refroidissent presque toujours il vaut mieux avoir des descriptions dans un poème epique[419]

un corail bleu nommé acory. voir le 2de  [tomme] de sethos en faire un palais

et les loix aux enfers ont des sœurs qui les vengent

un moien sur en Poésie pour sçavoir si l’on ne se trompe pas sur sa pièçe c’est de comparer ce qu’on dit avec ce qu’on veut dire et c’est pour cela qu’horaçe conseille de laisser reposer son ouvrage longtems

non seulement dans la poésie il faut vivifier par du feu chaque vers mais encor le canevas d’une pièce

Description du couché du soleil[420]. Le ciel est a l’horizon couvert d’un voile de pourpre le milieu du ciel d’un voile d’argent et la nuit [et la nuit] monte de l’autre coté de l’horison et déplie des voiles brun

le soleil en se couchant laisse toute la campagne brune et a l’opposite il y a une ville sur un mont contre lequel il darde ses raions et elle paroit une ville d’or[421]

la cascade du gange

les petits ruisseaux comme des serpents dont la peau est d’argent qui a replis tortueux rampent dans les campagnes

idée ou sujets de lettres philosophiques[422]

dans ma lettre sur les athées bon au Rois mettre que les seules religions peuvent ordonner et faire commettre comme elles l’ont fait le meurtre d’un Roy puisqu’elle encourage les hommes et les fait sagement mépriser une mort temporelle en les menaçant d’une mort éternelle

id

c’est une maxime bien dangereuse et qui a causé bien des guerres que la puissance Roial ne s’étende que sur les choses qui regardent la tranquillité publique et les commodités de la vie et de donner la puissance a un autre pour celles qui regardent le salut

c’est encor une maxime bien dangereuse pour un Roy que la sainteté et la foy ne puisse être acquises par l’étude et le raisonnement mais qu’elles sont toujours infuses et inspirées d’une façon surnaturelle, en ce cas pourquoy nous faire rendre raison de notre foy. Car moiennant cela chacun se croit prophete et pourquoy chacun ne jugera t il pas de ce qu’il a a faire par sa propre inspiration que par les lois de ceux qui gouvernent cette maxime va a la destruction[423] de la société

Vu, le 14 février 1907 : le Doyen de la Faculté des Lettres de l’Université de Paris, A. CROISET.

Vu et permis d’imprimer : Le vice-recteur de l’Académie de Paris, L. LIARD.





CHARTRES. — IMPRIMERIE DURAND, RUE FULBERT.
  1. L’autre était à Voré, prés de Regmalard, dans le Perche. — V. mon ouvrage sur Helvetius, Sa Vie et son Œuvre, Paris, F. Alcan, ch. xii, p. 191 : Les Retraites d’Helvetius.
  2. L’aînée des filles d’Helvetius épousa, peu après sa mort, le Cte  de Mun. Elle hérita de l’hôtel du philosophe rue Ste  Anne et de Lumigny.
  3. La reliure n’est, d’ailleurs, pas de l’époque. — La première page où se trouve le titre que j’ai adopté a dû être ajoutée.
  4. V. sur ces documents inédits : Helvetius, Sa fie et son Œuvre, chap. xviii et l’Appendice I.
  5. Les lettres de l’alphabet qui ne s’y trouvent pas sont : j. k. u. y.
  6. Le manuscrit a exactement 211 pages. A la dernière, à moitié effacé : liste de mes… ( ?)
  7. Pendant son voyage en Angleterre, il écrivait le soir des notes (Correspondance avec Mme  Helvetius conservée au Château de Voré).
  8. Œuvres d’Helvetius, Didot, t. XIV, p. 113 et suiv.
  9. Notice sur Helvetius.
  10. Lefebvre La Roche a donné une édition de l’Esprit des Lois, avec les Commentaires d’Helvetius plusieurs fois reproduits.
  11. Témoignages de St  Lambert, Grimm, Chastellux, Diderot, etc…
  12. Dans sa dernière lettre à Voltaire datée de quelques mois avant sa mort, Helvetius disait qu’il avait cessé de travailler à son livre de l’Homme et voulait reprendre son poème du Bonheur, auquel, d’après l’avertissement qui précède sa correspondance (Didot, t. XIII, p. 130), « il avait renoncé dès l’âge de 25 ans pour se livrer tout entier à la philosophie ». En réalité, dans sa lettre à Voltaire (15 oct. 1771, t. XIV, p. 10), Helvetius écrivait : « J’ai repris le goût des vers pour lesquels vous m’aviez si fort passionné il y a vingt-cinq ans, et plus. » D’après Grimm, Helvetius lisait son poème du Bonheur en 1755.
  13. Chap. ix}, p. 131 à 148.
  14. Helvetius tenait sans doute particulièrement à cette idée. Dans la table des matières, devant la lettre I et l’indication de la page où se trouve la note, on lit : Idée à remplir.
  15. Il importe de remarquer, en s’appuyant sur ces notes, et contrairement à certaines assertions, qu’Helvetius, psychologue sensualiste et politique, n’est parti ni de Condillac, ni de Montesquieu.
  16. J’ai profité aussi des excellents avis de M. V. Delbos.
  17. Beaucoup de ces notes ont été jetées rapidement sur le papier. D’où les répétitions, les phrases qui commencent par le singulier et finissent par le pluriel. Quelques mots sont illisibles ou d’un sens fort douteux, etc…
  18. Helvetius s’efforce de démontrer, dans l’Esprit et dans l’Homme, que nous sommes différents à cause de l’éducation, des influences multiples et variables que nous subissons. Pour transformer les hommes qui, somme toute, ont les mêmes besoins lorsqu’ils sont communément bien organisés, il importe donc de transformer les lois, le gouvernement, l’instruction.
  19. Helvetius est, avant tout, un « philosophe » du xviiie siècle, c’est-à-dire un écrivain politique. Il constate les maux de la monarchie, à son époque, et cherche les remèdes. Plus tard, l’auteur de ces Notes, dans l’Esprit et surtout dans le traité de l’Homme, ouvrage posthume, préconisera des réformes pratiques. Mais pour qu’elles soient possibles, il faut d’abord réformer les esprits, les débarrasser des préjugés, des erreurs.
  20. N’oublions pas qu’Helvetius, disciple de Locke, s’efforce de considérer l’homme tel qu’il est. La morale, ou plutôt l’art de vivre, et de vivre en société, lui apparaît comme une science. La passion est donnée. On ne peut la négliger. Si l’on fait abstraction des passions, on construit des systèmes sans valeur positive, sans utilité.
  21. La ligne, c’est-à-dire, sans doute, l’Equateur. Il faut lire, naturellement : avec quelque soin, chargée de quelques-uns. Je ne multiplierai pas les observations grammaticales en laissant au lecteur le soin de compléter, de rectifier, en bien des cas.
  22. Sur la marge du manuscrit, on lit b et, au dessous, m. — Ces comparaisons multipliées sont souvent loin d’être heureuses. Dans ces notes, Helvetius poursuit fréquemment l’idée et la forme sans les atteindre, du moins d’une manière exacte. Beaucoup de ces réflexions ne sont, dans sa pensée, que des ébauches, des fragments provisoires.
  23. En même temps que les idées, dont il fait la « chasse », suivant un procédé cher a Montesquieu et à beaucoup d’écrivains de son temps, Helvetius consigne sur son cahier les images, les métaphores qu’il croit les plus saisissantes, les plus capables de fixer l’attention.
  24. Le psychologue-moraliste enregistre les faits qui doivent servir à ses déductions.
  25. Helvetius est et sera toujours implacable, à l’exemple de son maître et ami Voltaire, envers la sottise et la superstition, contraires à la justice, au bonheur. Il trouve des formules après et virulentes pour les dénoncer, les condamner.
  26. V. Helvétius, Sa Vie et son Œuvre. C’est un des thèmes favoris développés dans les Epitres qui sont ses premiers écrits. — Polit l’esprit. Helvétius avait d’abord écrit « augmente ». Le mot est barré. Polir s’accorde mieux, en effet, avec la comparaison qui suit.
  27. V. plus haut. Il faut donc lire probablement : plus les morts que les vivants. Ces notes, en majeure partie, sont rédigées à la hâte, jetées sur le papier. L’auteur semble craindre sans cesse d’oublier les aperçus qui se présentent en masse à son esprit.
  28. Grâce au génie de Newton, la conception mécanique de la nature,fondée par Kepler, Galilée, Descartes, devint plus sûre et plus vaste. On voit combien la méthode scientifique de Locke et de Newton était admirée en France.
  29. Helvetius a la préoccupation constante de substituer au mystère, à la superstition l’interprétation rationnelle des faits.
  30. Le manuscrit porte au-dessus d’abeilles : pigeons.
  31. Fontenelle, avec lequel Helvetius fut très lié et dont l’influence sur le développement de sa pensée est incontestable, avait mis ce genre à la mode. Thomas à qui il faisait une pension le pratiqua aussi avec succès.
  32. Dans le livre de l’Esprit, il y a une longue et subtile analyse des différentes sortes d’esprits. (Discours IV.)
  33. Tout en l’accusant de platonisme, Helvetius, qui eut pendant son séjour à Caen (vers 1738) des rapports avec le P. André, disciple de Malebranche, manifesta toujours un certain goût pour ce philosophe rempli de verve et d’imagination.
  34. Dès les Notes, Helvetius s’inquiète beaucoup de la faculté d’avoir des idées et de l’art de les exprimer. Comme Vauvenargues et Buffon, il s’intéresse très vivement au style et à l’invention.
  35. Le mot orgueil est pris ici dans le même sens que dans l’Epitre sur la Paresse et l’Orgueil de l’Esprit, l’un des premiers ouvrages d’Helvetius (1740-1741), publiée par F. de Neufchateau dans le Conservateur, t. II, p. 264 et suiv.
  36. On trouve dans l’Epître sur la Paresse et l’Orgueil le même éloge de Locke, avec des idées semblables sur la vérité et l’erreur, et le même goût excessif des métaphores.
  37. Dans l’Esprit et dans l’Homme, Helvetius procède aussi par l’analyse et la réduction des idées.
  38. D’après l’auteur de l’Esprit (Disc. I, ch. i et ii), cet aveuglement est dû soit aux passions, soit à l’ignorance.
  39. On peut comparer ces diverses appréciations avec celles qui sont énoncées dans l’Epitre sur la Paresse et l’Orgueil, où l’on rencontre ces vers :

    Locke étudia l’homme. Il le prend au berceau…
    Des chemins des erreurs Locke nous arracha,
    Dans le sentier du vrai devant nous il marcha…

    V. aussi le Bonheur, chant. II (t. XIII, p. 37).

  40. Voltaire écrivait au jeune Helvetius : « Votre pinceau est fort et hardi » (20 juin 1741. Helvetius, Didot, t. XIII, p. 175. Comme dans Helvetius, Sa Vie et son Œuvre, les renvois se rapportent à cette édition qui est la meilleure).
  41. C’est de l’orgueil, de l’ignorance, de l’erreur qu’Helvetius traite dans ses premières dissertations versifiées soumises au jugement de Voltaire. Elles datent de 1740 environ.
  42. Les Epîtres sur l’Amour de l’Etude, sur la Paresse et l’Orgueil sont pleines d’images, de comparaisons soutenues du même ordre. Ces trois notes sont énergiquement barrées dans le manuscrit. Mais, dans la marge, la lettre b.
  43. Dans la marge du manuscrit : M.
  44. Helvetius est très nettement et de prime abord hostile à l’esprit d’ascétisme.
  45. Les auteurs du dix-huitième siècle ont parfois abusé du rare. Mais ceux des autres siècles aussi.
  46. Il y a souvent dans Helvetius à côte des longs développements de brèves maximes, d’une expression saisissante.
  47. Helvetius se plait fort à ces questions. Il y a beaucoup réfléchi. V. l’Esprit, disc. IV, ch. i à v, etc… etc…
  48. L’univers, dit le poète-philosophe de l’Épître sur la Paresse et l’Orgueil,

    Tant de foi tour à tour détruit, rédifié,
    N’est encore qu’un temple à l’erreur dédié.

    La première préoccupation philosophique d’Helvetius, disciple de Locke et de Fontenelle, fut de s’élever contre les stériles systèmes de métaphysique.

  49. Les philosophes du dix-huitième siècle, et Diderot notamment, avaient, en histoire de la philosophie, des connaissances plus réelles qu’on ne le croit ordinairement.

    Dans l’Épitre sur la Paresse et l’Orgueil il est question des cosmogonies antiques de la Grèce et de l’Orient.

  50. Avant les positivistes, Helvetius a leur esprit. Il se désintéresse volontiers des questions d’origine et de fin. Il ne veut raisonner que d’après les faits.
  51. C’est vers 1740 qu’Helvetius écrit ses poèmes. Il les corrige, les remanie, les fond dans le Bonheur et abandonne la poésie pour écrire l’Esprit et l’Homme ; il n’y revient que dans les derniers mois de son existence.
  52. Il y a sur le manuscrit : se remplit de poussière qui remplit le palais.
  53. Helvetius excellera à prendre avec une ironie féroce l’esprit de cour.
  54. Ces idées se trouvent développées dans « l’Epitre sur l’Amour de l’Etude, à Mme  la Marquise du Chatelet, par un élève de Voltaire » (Magasin Encyclopédique, 1814. V. Helvetius, Sa Vie et son Œuvre).
  55. Helvetius part de l’Épicurisme, de la nécessite naturelle pour les hommes de vouloir le plaisir, le bonheur.
  56. St -Lambert dit qu’Helvetius s’ennuyait dans la société des grands. Fermier-général, puis maître d’hôtel de la Reine, il devait les voir de près, et recevoir dans son salon de la rue Ste -Anne de très hauts personnages. Mais il n’attachait de prix qu’à leur valeur intellectuelle. Il ne les a pas ménagés dans ses livres. C’est avec raison qu’on peut classer Helvetius parmi les « moralistes », le rattacher non seulement à La Rochefoucauld, mais encore à La Bruyère.
  57. Leur est toujours écrit au singulier.
  58. On trouve souvent, dans Helvetius, des pensées simples et vigoureuses, des vues exactes et cruelles qui l’ont penser à Montaigne, a l’auteur amer et profond des Maximes, à Vauvenargues.
  59. Helvetius a eu constamment le souci de connaître et de dire la vérité.
  60. Ninon de l’Enclos est citée aussi dans l’Esprit (I, ch. ii, t. 2. p. 5) « Qui peut assurer… que dans les gestes, la parure et les discours étudiés d’une coquette parfaite, il n’entre pas autant de combinaisons et d’idées qu’en exige la découverte de quelque système du monde et qu’en des genres très différents la Lecouvreur et Ninon de l’Enclos n’aient eu autant d’esprit qu’Aristote et Solon ? »
  61. D’après tous les témoignages, Helvetius fut d’une admirable générosité. Il était, du reste, fort riche.
  62. Tous ces traits de caractères et de mœurs seront autant de faits et d’arguments dans les déductions du psychologue politique.
  63. Le manuscrit porte au-dessus de nourrices : mammelles. Helvetius ne considère pas aisément l’homme en dehors de la société, de l’état.
  64. L’imagination doit, selon ce poète-philosophe, colorer les idées et les faire valoir. D’où ses Epitres et surtout son Bonheur où les métaphores et les allégories dissimulent des conceptions sur la vie et l’humanité. Dans ses traités, l’imagination et l’esprit, le décor pittoresque et le conte fantaisiste s’unissent aux raisonnements, aux exemples accumulés.
  65. Helvetius disserte fréquemment sur les lettres et les arts dans leurs rapports avec les mœurs. Son originalité est de considérer les sujets les plus divers d’un point de vue social. Il a, contrairement à Rousseau, son glorieux contradicteur, un grand amour du progrès et de la civilisation. Les lettres et les arts contribuent au bonheur des nations cultivées.
  66. C’est avec raison qu’on peut reprocher à Helvetius l’effort et la combinaison qui ne suppléent pas chez un poète à la spontanéité, à la simple émotion, mais sont fort précieuses, en revanche, chez le politique et l’homme d’état.
  67. On trouve à maintes reprises des vers ou des fragments de vers dans ces Notes.
  68. Helvetius qui n’ignore pas, d’ailleurs, les dangers de la démagogie n’est pas tendre pour l’aristocratie. On peut consulter encore à ce sujet son Commentaire sur l’Esprit des Lois.
  69. On rencontre assez fréquemment sur le manuscrit des additions, des corrections témoignant de la recherche du mot propre, brillant, saisissant, mais l’auteur, fort soucieux d’observer et de se documenter, ne se préoccupe guère ici des lapsus calami.
  70. Cf. avec les vers suivants de l’Epitre sur les Arts (t. XIII, p. 99) :

    Les arts commandent-ils ? la nature est docile…
    Amis de nos plaisirs, leurs libérales mains
    Ont de bienfaits sans nombre enrichi les humains.

  71. Dans la marge : b.
  72. Barré sur le manuscrit.

    Malebranche est apprécié en même temps que Locke dans l’Epitre sur la Paresse et l’Orgueil. D’autre part, on lit dans l’Epitre sur l’Amour de l’Etude :

    Un phosphore pétri de soufre et de bitume,
    etc…

    Helvetius, dont le style restera imagé, se corrigera de ces fautes de goût.

  73. Le « matérialisme » d’Helvetius est discret même dans ce recueil destiné à la publicité. Comme matérialiste et comme déiste (car il est plus ou moins l’un et l’autre), il ne se livre qu’à des hypothèses.
  74. V. au début de l’Esprit, dans une Note (Disc. I, ch. i, t. I. p. 199) : « S. Irénée avançait que l’âme était un souffle : flatus est enim vita. Voyez la Théologie païenne. Tertullien, dans son Traité de l’âme, prouve qu’elle est corporelle. Tertull. de anima, cap. 7. p. 268. » St -Ambroise et St -Hilaire sont cités aussi.
  75. Barré.
  76. On est tenté de lire : sont les nuages obscurcissant
  77. L’histoire des sociétés des religions, des idées, telle qu’elle est, d’après les faits et les rapprochements de faits, passionne le futur auteur de l’Esprit.
  78. Dans ces Notes, Helvetius consigne non seulement des faits saillants, des idées, des impressions, mais encore des images capables d’éclairer ou d’orner une argumentation.
  79. Avant d’établir dans l’Esprit sa généalogie des passions dérivant de l’amour-propre, de l’amour du plaisir, de l’intérêt (dans le sens général qu’il donne à ce mot), Helvetius a, comme plus tard, Stendhal, la passion de la passion. Il est épris des mouvements ardents et tumultueux de l’âme, et il en calculera les effets pratiques et sociaux.
  80. On sait que les poètes du dix-huitième siècle eurent tous ce goût excessif et souvent puéril des périphrases.
  81. V. sur ces deux sortes d’ouvrages l’Esprit, Disc. II, ch. xix, t. III. p. 35 à 40.
  82. Helvetius, qui avait l’amour de la gloire en même romps que celui de la justice et de la vérité, considérait ce sentiment comme un élément très puissant et très utile dans la vie des individus et des peuples.
  83. barré en partie.
  84. Pour il y a, évidemment.
  85. Helvetius n’exalte pas l’esprit d’humilité ou de fausse modestie. Il a horreur de toutes les hypocrisies. Et puis, cela est contraire à sa doctrine qui est essentiellement une doctrine de vie. Mais la vanité lui semble inutile et ridicule.
  86. Financier et ancien financier, Helvetius resta très simple et plein de bonhomie. A Voré, il recevait à sa table les gens les plus humbles et même les moins distingués, pourvu qu’ils fussent honnêtes. 'V. Helvetius, Sa Vie et son Œuvre (Sa vie à Voré et à Lumigny ch. xii).
  87. Sur le manuscrit, au-dessus de bons esprits : et les sages. — C’est une constatation qu’on devait lui faire cruellement expier ! Elle est cependant sans amertume. D’après lui, les hommes « communément bien organisés » ne sont des sots que par suite d’une mauvaise éducation.
  88. L’Angleterre attirait alors l’attention des écrivains français. Voltaire, Buffon et Montesquieu, avec lesquels Helvetius était lié, l’avaient visitée. L’auteur de l’Esprit devait y séjourner lui-même en 1764. Il eut, comme les plus célèbres auteurs de l’époque, des relations avec Hume, Gibbon, Smith, etc.
  89. Ce n’est pas comme un prophète, au nom d’une sombre religion, qu’il montre la destinée peu enviable des grands, des puissants de la terre, mais comme moraliste épicurien, hanté par le Bonheur. Le sage de Voré, l’âpre citoyen du traité de l’Homme eut les mêmes idées que l’auteur des Epitres et des Notes. — Barré. Et le chagrin, ajouté.
  90. Très voluptueux, Helvetius est souvent un grand peintre de la volupté. Dénuées d’apprêts, en dehors de tout cadre littéraire et artificiel, ces brèves descriptions, parfois très libres, nous sont d’autant plus précieuses.
  91. Ce don du ciel, ajouté.
  92. Si Helvetius n’a point les désespoirs des grands et douloureux Romantiques, il peint les joies naturelles de l’amour avec un enthousiasme qui ne manque pas de lyrisme jusque dans le ton réaliste du peintre et les réflexions cyniques du moraliste.
  93. Grimm signale cette opinion du « Code Helvetius ». Buffon pensait de même. Evidemment, la passion avec ses extases et ses deuils est bien plus noble et pathétique. Mais comme ceci, en tout cas, est exact !
  94. L’auteur de l’Esprit s’efforcera de rechercher les causes des événements moraux et sociaux, causes souvent très obscures et très négligées, bien qu’essentielles.
  95. Helvetius est l’ennemi implacable du despotisme. Quoique le grand Frédéric pût se plaindre d’avoir trouvé dans l’Homme la folle idée d’une république française, il était beaucoup moins l’adversaire du roi que du tyran. Il est vrai que dans un roi il y a nécessairement, lorsque la monarchie est absolue, l’étoffe d’un tyran. Avant tout, il s’agissait pour Helvetius de réaliser la prospérité la plus grande possible du plus grand nombre dans l’état, transformé par l’éducation et la législation.
  96. C’est la pensée qu’exprime d’abord Elidor a Netzanire dans le Poème du Bonheur (Ch. iv, t. XIII, p. 77). Mais ensuite le spectacle de la douleur humaine l’accable jusque dans les bras de son amante.
  97. Il conviendra donc que la société le stimule par des récompenses, puisqu’il lui est utile.
  98. Peu à peu dans le poète-philosophe on voit naître le moraliste politique.
  99. Dont le sommet frappe les cieux, ajouté.
  100. C’est probablement en écrivant un poème épique et allégorique que le jeune Helvetius rêvait de conquérir la gloire.
  101. Comme Montaigne, Helvetius trouve des traits pittoresques et frappants pour dénoncer les vaines prétentions des hommes.
  102. On trouve dans l’Esprit (Disc. II, ch. vii : De l’esprit par rapport aux sociétés particulières, t. II, p. 88 et suiv.) le développement de cette idée. Le fakir et le sybarite, la prude et la coquette se méprisent. L’homme de robe, l’homme de guerre, le négociant croient chacun sincèrement que leur sorte d’esprit est la plus estimable.
  103. Helvetius s’appliqua à cet art et y réussit très souvent, bien qu’il lui arrive d’abuser de la force ou de la grâce et de l’effet. Diderot remarquait avec raison dans ses Réflexions sur le livre de l’Esprit qu’il réunissait tous les genres et employait tous les tons.
  104. Comme le baron d’Holbach, Helvetius était nettement et absolument déterministe. Sa physique des mœurs repose sur le déterminisme. Voltaire, en encourageant le jeune « nourrisson des muses » à traiter en vers « la sublime métaphysique », soutenait plus ou moins contre lui la thèse du libre-arbitre et avouait que si le fatalisme était vrai, il ne voudrait pas d’une vérité si cruelle. Il répondait ainsi à une lettre où l’enthousiaste lecteur de Locke avait déclaré trouver de grandes difficultés dans son chapitre « de la puissance ou de la liberté » (t. XIII, p. 183 et 184). Voir aussi De l’Esprit, Discours I, ch. iv, t. I, p. 272 à 276.
  105. Débarrasser l’esprit humain des erreurs qui lui sont néfastes, voilà la première tâche du philosophe, selon Helvetius. C’était déjà la conception de Socrate.
  106. Dans l’explication des faits moraux, Helvetius se sert avec une dextérité tout à fait remarquable de l’association des idées, dont il n’a pas, d’ailleurs, vu clairement le rôle et qu’il n’a pas suffisamment définie.
  107. Barré.
  108. Sur l’idée de l’infini et sur le mot, V. de l’Esprit, Disc. I, ch. iv, t. I, p. 267, 268.
  109. Cette note et les deux suivantes sont, comme on le voit, des plus importantes. Helvetius se cherche. Cette physique, cette histoire naturelle des mœurs, il l’entreprendra dans l’Esprit. — Après le mot histoire, il y a un renvoi et on lit dans la marge : d’où l’on pourrait prouver le fatalisme.
  110. En effet, s’appuyant sur le sensualisme, et sur les résultats de l’éducation dans le sens le plus général du terme, Helvetius montrera dans l’Esprit et dans l’Homme que tout esprit est propre à tout. C’est là sa thèse fondamentale, son paradoxe favori, si l’on veut.
  111. Dans l’Epître sur l’Amour de l’Etude il y a un éloge pompeux de Voltaire, comme savant et comme moraliste Ni Montesquieu, ni Buffon, ni Condillac ne sont cités ici. Voltaire seul est nommé trois fois.
  112. On comprend pourquoi Voltaire s’effrayait de la hardiesse intellectuelle de son élève et lui conseillait de se saigner, comme ayant trop de sang !
  113. Helvetius écrivait avec le plus grand soin et remaniait sans cesse ses ouvrages. Morellet le vit suer à Voré devant sa tâche. S’il manquait de spontanéité et accordait tout au travail et à la méditation, il avait le plus noble souci de la probité nécessaire à l’écrivain qui se respecte.
  114. Ceci encore est essentiel. Helvetius n’écrira pas ces lettres, mais il fondra tous ses projets philosophiques et littéraires dans le livre de l’Esprit.

    La Bruyère, Vauvenargues, après La Rochefoucauld, avaient appelé l’attention sur l’amour-propre. Le but systématique d’Helvetius sera, en codifiant et en développant par l’analyse des faits et des idées les observations contenues dans les Maximes, d’« expliquer tous les cas possibles de morale avec cela ».

  115. Créer une science exacte de la vie morale et politique des hommes et des peuples, tel était le but d’Helvetius. C’est une idée très moderne.
  116. L’auteur de l’Esprit fut accusé d’impiété, d’athéisme, de spinozisme, de déisme, d’ « indifférentisme ». On voit bien, d’après ces Notes, quelle est, quelle sera son attitude intellectuelle à l’égard des problèmes d’origine et de fin.
  117. Si dans ses traités Helvetius réduit le jugement à la sensation, il y voit, du moins, la perception d’un rapport, d’une comparaison. Celui qui sait le mieux juger est celui qui sait le mieux comparer. — Barré.
  118. V. de l’Esprit. D. II, ch. xviii, De l’Esprit considéré par rapport aux siècles et aux pays divers (t. II. p. 280) et ch. xx De l’Esprit considéré par rapport aux différents pays (t. III, p. 48). — Barré.
  119. D. Descartes ?
  120. Parce qu’ils ont de grandes passions qui les conduisent aux uns et aux antres. Les petitesses des hommes célèbres intéresseront cet historien réaliste des mœurs. Helvetius dira dans l’Esprit : « Qu’importe au public la probité d’un particulier ? Cette probité ne lui est de presque aucune utilité. Aussi juge-t-il les vivants comme la postérité juge les morts. Elle ne s’informe point si Juvénal était méchant, Ovide débauché, Annibal cruel, Lucrèce impie, libertin, Auguste dissimulé et César la femme de tous les maris ; c’est uniquement leurs talents qu’elle juge ». Disc III, ch. vi, t. III, p. 84.
  121. C’est encore une des idées exprimées dans l’Epitre sur l’Orgueil et la Paresse.
  122. Les quatre pensées précédentes sont barrées au crayon ou à l’encre.
  123. Helvetius n’est ni dogmatique, ni sceptique. Il aboutira à une doctrine positive. Il ne peut s’en tenir ni à Platon, ni à Malebranche, ni à Montaigne.
  124. Helvetius a fait un persévérant effort pour découvrir et dire la vérité. Il écrira dans la Préface du traité de l’Homme : « Je ne serai point le panégyriste de cet ouvrage ; mais j’assurerai le public que toujours de bonne foi avec moi-même, je n’ai rien dit que je n’aie cru vrai et rien n’aie pensé ».
  125. Helvetius qui allait assidûment à l’Opéra adorait la musique, surtout la musique italienne.
  126. pendant la vie d’un auteur et a la fin, ajoutés.
  127. Il y a de la poésie et de la beauté dans cette fougueuse ardeur pour les plaisirs.
  128. Dans le Ier chant du Bonheur, le poète peint, après les ivresses des jeunes amants, les misères du Sybarite vieilli. Les plaisirs passés font ses malheurs présents. La Sagesse dit qu’il « pouvait » être heureux. Il pouvait jouir de l’amour,

    Mais il devait en sage
    Se ménager dès lors les plaisirs de tout âge.

    (T. XIII, p. 21). Cette idée est développée déjà dans l’Épitre sur l’Amour de l’Étude.

  129. « Je suis bien aise, écrivait Voltaire au jeune Helvetius, qu’après avoir bien raboté en poésie vous vous jetiez dans les profondeurs de la métaphysique » (H. t. XIII, p. 206).
  130. V. dans l’Esprit, Disc. I, ch. iv : « Ce que j’ai dit du mot matière je le dis de celui d’espace ; la plupart des philosophes en ont fait un être, et l’ignorance de la signification de ce mot a donné lieu à de longues disputes. Ils les auraient abrégées s’ils avaient attaché une idée nette à ce mot : ils seraient alors convenus que l’espace, considéré abstractivement, est le pur néant, que l’espace considéré dans les corps est ce qu’on appelle l’étendue, etc… » (t. I, p. 266).
  131. Achèvent ??
  132. C’est de Locke qu’il s’agit évidemment. Helvetius s’est beaucoup inspiré de Locke, de sa méthode et aussi de ses idées morales et politiques. Il n’a d’ailleurs jamais négligé l’occasion de témoigner son admiration envers l’illustre Anglais et de le citer (De l’Esprit, t. I, p. 161, t. III, p. 39, t. V, Disc. IV, ch. i. « Locke éclaircit, approfondit ce principe — que nous devons aux sensations toutes nos idées — en constate la vérité par une infinité d’applications et Locke est un génie ». De l’Homme, t. VII, p. 153. t. XII, p. 147, etc…)
  133. On trouve dans l’Esprit une analyse très piquante de l’esprit de cour.
  134. Helvetius en fit l’expérience comme fermier-général (1738-1751).
  135. Ces deux pensées sont barrées.
  136. V. Les belles pages d’Helvetius sur la vérité dans la Préface de l’Esprit.
  137. « En vain des hommes vils et lâches voudraient la proscrire (la vérité) et lui donner quelquefois le nom odieux de licence ; en vain répètent-ils que les vérités sont souvent dangereuses ; en supposant qu’elles le fussent quelquefois, à quel plus grand danger encore ne serait pas exposée la nation qui consentirait à croupir dans l’ignorance… Si la connaissance d’une telle vérité peut avoir quelques inconvénients dans un tel instant, cet instant passé, cette même vérité redevient utile à tous les siècles et à toutes les nations ». (De l’Esprit, t. I, p. 185).
  138. On osait « disputer et parler de toutes les choses » dans le célèbre salon de la rue Ste -Anne, sous le regard attentif et bienveillant de M. Helvetius.
  139. Toutes les notes contenues dans la page précédente sont barrées à l’encre ou au crayon sur le manuscrit.
  140. Ce mot est ajouté.
  141. Au-dessus de grands, on lit, sur le manuscrit, élevés.
  142. La philosophie et la sociologie s’appuient de plus en plus sur toutes les sciences. Helvetius avait des connaissances très variées. Mais, en général, sauf dans les comparaisons et les exemples, il négligeait la physiologie. L’un des chefs de l’idéologie, Cabanis, fils adoptif de Mme  Helvetius, s’efforcera de la mettre au service de la psychologie.
  143. On lit inepte qui s’employait dans le sens d’inapte.
  144. Cette note et celles de la page précédente sont encore barrées au crayon ou à l’encre.
  145. Helvetius, comme les positivistes modernes, comme Renan, avait la plus grande confiance dans la science. Il célèbre sans cesse les conquêtes de l’intelligence humaine. Il croit au progrès, à la transformation de la société par l’esprit scientifique. Son œuvre entière est imprégnée de cette espérance. Il attaque avec beaucoup de vigueur et même d’âpreté la célèbre thèse de Rousseau dans le traité de l’Homme (Sect. V, ch. viii, Des éloges donnés par M. Rousseau à l’ignorance ; ch. ix. Quels motifs ont pu engager M. Rousseau à se faire l’apologiste de l’ignorance ? que les talents et les lumières ne corrompent point les mœurs des peuples, t. IX, p. 187 à 198, etc....). Morellet raconte que M. Helvetius fut l’un des premiers à faire vacciner ses enfants.
  146. L’auteur de l’Esprit n’avait rien d’austère. Mais, malgré ses saillies et contes parfois licencieux, c’était un philosophe et un citoyen aux convictions ardentes.
  147. Nul plus qu’Helvetius n’enseigna la nécessité de transformer les particuliers et l’état par l’éducation.
  148. L’Esprit contient toute sorte d’opinions de ce genre. On n’osait guère le défendre contre les attaques des Jésuites et des Jansénistes. Trop de gens, et de gens puissants, y étaient indirectement maltraités.
  149. Dire des vérités avec harmonie et avec énergie, ce fut à quoi s’appliqua Helvetius en vers comme en prose.
  150. Le Bonheur est un poème allégorique et philosophique (V. Helvetius, sa vie et son œuvre, le Bonheur.)
  151. On saisit bien ici l’erreur des poètes du dix-huitième siècle. Mais cette erreur ne doit pas nous empêcher de goûter ce qu’ils peuvent avoir de charmant ou de pénétrant.
  152. Helvetius resta un poète dans ses traités philosophiques en ce sens qu’il s’efforçait de revêtir les vérités, et il y parvenait souvent, d’un coloris éclatant. J.-J. Rousseau reconnaissait qu’il avait une plume d’or.
  153. tout à coup, ajouté.
  154. Helvetius respectera plus, semble-t-il, la seconde règle que la première. Voltaire lui reproche cependant d’avoir été trop plaisant en des sujets graves. Mais l’auteur de l’Esprit voulait être agréable pour être plus utile et plus instructif. Il fallait dissimuler des vérités crues sous des apparences aimables ou même bouffonnes.
  155. Sur les effets de la crainte, v. H. t. I, p. 219 (Disc. I, ch. ii. Des erreurs causées par nos passions) — Il y a, dans Helvetius, beaucoup de ces réflexions saisissantes qui s’imposent. Sa tentative systématique lui a beaucoup nui. Le philosophe a fait du tort au moraliste. — Dans la marge du manuscrit : b.
  156. Pour viennent, évidemment.
  157. V. de l’Esprit, D. I.
  158. Barré.
  159. Napoléon — comme Robespierre ! — exécrait Helvetius qui a sans cesse dénoncé les potentats et les conquérants sanguinaires.
  160. Cette note et la précédente aussi sont barrées.
  161. C’est l’un des thèmes développés dans l’Epitre sur l’Orgueil et la Paresse, souvent repris dans l’Esprit et dans l’Homme.
  162. On voit quelle place tient Locke dans l’élaboration de l’œuvre d’Helvetius.
  163. C’est la causalité qui intéresse Helvetius. Il procède en savant, il veut faire de la morale une science, chercher les causes des événements moraux en les décomposant.
  164. Barré.
  165. Vauvenargues avait déjà montre avec force le rôle des passions. Il y a, dans Helvetius, une véritable philosophie de l’amour et du désir. On comprend le goût que Schopenhauer eut pour lui.
  166. Dans la marge : Horace.
  167. Le mot vent est barré, remplacé par zephirs.
  168. Serieuze remplace querelleuze.
  169. Railleuse au-dessus de médisante qui est barré.
  170. Très riche et très beau, le jeune Helvetius eut beaucoup de bonnes fortunes. Grimm cite, parmi ses maîtresses, Mmes  d’Autré et de Chaulnes. Il fut très lié aussi, semble-t-il, avec la Gaussin et Mme  de Rochefort. (V. Helvetius, sa vie et son œuvre, la Vie Galante et Mondaine.)
  171. Cette verdeur de style, qui a son charme et sa poésie en s’unissant à des grâces légères, est peut-être moins « immorale » que les analyses quintessenciées des complexes perversités de l’âme où se complaisent tant de romanciers psychologues de la décadence.
  172. Il y a souvent, dans ces Notes, comme des fragments de confessions amoureuses, mais toujours impersonnelles.
  173. Barré.
  174. En analysant sans pitié les sentiments dans l’Esprit, Helvetius risquera aussi de faire tomber, en quelque sorte, leur rosée et cesser leur charme. La vérité est souvent redoutable.
  175. Ces deux notes sont barrées.
  176. Quelques-uns barré.
  177. Ne sçavent barré.
  178. Selon les préceptes qu’il a exprimés, Helvetius met sans cesse son imagination au service de ses idées. « Vous êtes brillant de pierreries, écrivait Voltaire au jeune écrivain… il faut que vos diamants soient mis en ordre… » (1741. t. XIII, p. 176)
  179. fausses barré.
  180. Barré. — Dans la marge : beau.
  181. Et les gens éclairés ajouté.
  182. L’opulent, accablé du poids de son loisir,
    Au dégoût, à l’ennui conduit par l’ignorance,
    Cherche en vain le bonheur au sein de l’abondance,
    Empressé de jouir, il ne jouit jamais
    Que du plaisir grossier des besoins satisfaits
    Son imbécillité croît avec sa richesse
    (Le Bonheur, chant II.)

    On trouve dans l’Esprit et dans l’Homme des portraits assez sombres et peu flatteurs de l’opulent, et surtout de « l’opulent oisif ».

  183. Au début du Bonheur, Helvetius, en parlant de la Sagesse, dit que

    De sa paisible cour
    Elle n’écarte pas et les jeux et l’amour.
    (T. XIII, p. 16.)

  184. Plus ferme ajouté.
  185. Dans la marge : b.
  186. Barré.
  187. Ajouté.
  188. Newton est célèbre dans l’Epitre sur l’Amour de l’Etude, dans le Bonheur (ch. iii), etc.
  189. Dans la marge : b.
  190. Les châteaux de Lumigny et de Voré où Helvetius se retirait pendant plusieurs mois de l’année ne sont pas des cabanes. Mais le philosophe y vivait simplement, s’y montrait généreux et « sensible ».
  191. Barré.
  192. Helvetius excelle à remettre les choses au point, à voir ce qu’il y a derrière les gestes et les attitudes. D’où son cynisme tour à tour exquis et choquant. — et les grands, ajouté.
  193. Dans la marge b. v. 3. pa. 148.
  194. Ce vers est barré.
  195. Parmi les longues déductions et les saillies de l’Esprit, on trouve de ces constatations véhémentes et sarcastiques. Aussi, Helvetius fut considéré par beaucoup de gens comme un ennemi de l’état.
  196. Cette note et la précédente sont barrées. — Helvetius préconise sans cesse dans ses ouvrages les récompenses offertes aux talents et aux vertus, à l’exemple des républiques antiques.
  197. Ou donnait alors, en effet, le nom de métaphysique à toutes les spéculations, spécialement à l’analyse des idées (en ce sens, Condillac était un grand métaphysicien), de même qu’à la recherche des premiers principes, à la solution des questions d’origine et de fin.
  198. La réflexion faux… est de la même écriture, mais d’une autre encre.
  199. Soit barré et remplacé par existe, sans doute à cause du second soit.
  200. On lit sur le manuscrit : V. Gratia ?? Il s’agit d’un géant. Mais on ne peut lire ni Goliath, ni Grath.
  201. Sur le manuscrit, la dernière partie de la note, depuis a la metaphisique, se trouve à la page précédente. Outre le sens, le signe Λ montre le rapport entre les deux textes.
  202. D’après le théoricien de l’Homme, c’est l’éducation qui fait l’homme. Helvetius accordera à l’éducation le plus grand rôle dans la formation des individus et des peuples. Il ne tiendra pour ainsi dire pas compte du tempérament. Et Diderot le lui reprochera, tout en reconnaissant ce que son système peut avoir de salutaire (Réfutation du Traité de l’Homme).
  203. Qu’un barré.
  204. Disent-ils barré.
  205. Ce n’est pas le doute tragique et désespéré de certains poètes-philosophes du dix-neuvième siècle. C’est un simple argument dépourvu de sentimentalité.
  206. Cette note et la précédente sont barrées.
  207. Helvetius soutiendra que les esprits communément bien organisés ont des aptitudes semblables. Ils seront différents suivant l’éducation, les circonstances, etc.... Sans vouloir être un théologien, loin delà, il fera observer (et cela est contestable, d’ailleurs) que ce système n’a rien de subversif au point de vue théologique.
  208. L’auteur des Notes est déjà un dialecticien audacieux qui ne s’effraye d’aucune idée, d’aucun argument. Pour (toutes les choses) au lieu de de ; à la vie, tous les ans ajouté.
  209. Lire, évidemment, qu’à.
  210. Helvetius n’a jamais nié la raison, la faculté de comparer, de saisir des rapports.
  211. Barré. Dans la marge : de Locke.
  212. Helvetius fera dans son œuvre la réhabilitation des passions, sans jamais nier le rôle nécessaire de la raison ou de la loi qui doit la représenter.
  213. On voit encore ici combien Diderot avait raison de comparer Helvetius à Montaigne, sans toutefois pouvoir assurer qu’il avait beaucoup étudié l’auteur des Essais.
  214. Helvetius observe dans l’Esprit que le bon sens n’est pas créateur. Les grandes inventions et les grandes œuvres sont dues au génie, fruit des passions fortes.
  215. Ce sont des sujets et des chapitres de l’Esprit. Mais Helvetius les considère surtout par rapport à la société, aux états.
  216. Il n’est pas impossible qu’Helvetius ait voulu écrire atomiste au lieu d’anatomiste. — Plus bas, calcul au lieu de cacul répété. L’auteur des Notes veut surtout penser et traduire sa pensée aussi fortement, aussi brillamment que possible. Le détail verbal et grammatical lui importe peu ici.
  217. Helvetius n’a pas de parti pris dans ses démonstrations. Il est l’ennemi de tous les dogmatismes intransigeants.
  218. Au 4e Chant du Bonheur, il y a la description d’un cataclysme, au moment où Ariman, dieu terrible, brise sa chaîne. Dans cette note, d’ailleurs, comme dans les suivantes, Helvetius se borne à mentionner des idées de descriptions colorées, impressionnantes, pouvant servir dans ses argumentations.
  219. Helvetius est un écrivain très pittoresque, quelquefois trop. — dont au lieu de qui barré.
  220. L’auteur de l’Esprit cherchera à l’atténuer par toute sorte de pointes fines et spirituelles.
  221. C’est ainsi qu’il partira de la sensation pour passer à l’idée du plaisir et de la douleur, des passions, etc.
  222. Il n’y a point de chapitre spécial sur l’habitude dans l’Esprit, ni dans l’Homme, mais Helvetius apercevra son rôle dans la vie mentale et rappellera que l’habitude est une seconde nature.
  223. Barré.
  224. Voltaire, en corrigeant l’Épitre du jeune Helvetius sur la Paresse et l’Orgueil, appelait son attention sur Epicure dont il n’avait pas parlé en dissertant, plus ou moins poétiquement, sur divers systèmes philosophiques de l’antiquité.
  225. L’expression n’existe, en effet, que par rapport à la pensée qui doit la faire naître. La beauté réelle et durable du verbe doit jaillir de l’idée ou du sentiment. Les Parnassiens ont probablement fait du tort à cette conception.
  226. On reprochera à Helvetius d’avoir attaqué les traditions. Aucune nouveauté n’effraye le hardi philosophe de l’Esprit.
  227. A travers la glace des airs ajoute entre deux lignes et parmi toute sorte de ratures.
  228. Il y a dans l’Esprit une accumulation de faits empruntés aux peuples de l’Orient, aux nations orientales, aux tribus sauvages. Ce sont les phénomènes, d’une réalité ou d’une interprétation souvent contestables, dont le « physicien » des mœurs s’efforce de tirer les lois.
  229. Souvent ajouté.
  230. Ces quatre notes sont barrées.
  231. L’amour de la gloire, et de la vérité, et de faire « étinceler » la vérité est manifeste chez Helvetius.
  232. Encore un projet. Il sera réalisé non dans un poème épique, mais dans le livre de l’Esprit où la description des miracles dus à l’imposture des prêtres et à l’imbécillité du peuple tient une place réelle et considérable. Helvetius ne tarit jamais sur le chapitre des superstitions De là, dans le texte et les notes nombreuses, tant de fakirs, de brahmines, V. Disc. II, ch. xiv, ch. xix, etc…, etc…
  233. On sait la place qu’Helvetius donne à l’intérêt dans sa doctrine, l’intérêt étant associé à la recherche naturelle et nécessaire du plaisir.
  234. Helvetius traite successivement dans l’Esprit de l’esprit fin, de l’esprit fort, de l’esprit lumineux, de l’esprit étendu, etc…
  235. V. de l’Esprit, Disc. II, ch. ii de l’esprit par rapport à un particulier (t. III, p. 24 et suiv.).
  236. Helvetius proposa, un jour, à Hume de traduire un de ses ouvrages tandis que le célèbre Ecossais traduirait le sien. L’Esprit parut peu après à Londres et il renonça à ce projet.
  237. Le manque d’illusions dont on peut se plaindre chez un pur moraliste devient de la clairvoyance chez un politique. V. à ce propos les curieuses lettres inédites d’Helvetius concernant la mission diplomatique dont il se chargea en 1765, à son retour de Berlin, en vue de réconcilier le grand Frédéric et la cour de Versailles (Helvetius, sa vie et son œuvre, appendice I).
  238. L’un des premiers ouvrages d’Helvetius fut une tragédie : la Conjuration de Fiesque, qui fut montrée à Voltaire et dont il ne reste rien.
  239. Aussi terrible que lui, ajouté.
  240. Les bras ouverts avec des ailes, ajouté.
  241. Helvetius fera dans l’Esprit le procès des guerres nécessitées par des intérêts différents. Il conçoit un patriotisme éclairé qui peut se concilier avec l’amour de l’humanité. Mais, sur cette question comme sur beaucoup d’autres, il n’a pas non plus d’illusions. Malgré l’amertume et le dépit du citoyen qui désespérait de son pays rongé par le despotisme, il fut patriote,dans le meilleur sens du terme. V. de l’Esprit, Disc. II, ch. xxv. De la Probité par rapport à l’univers, t. III.
  242. Fort joieusement barré et remplacé par avec constance.
  243. Souligné à partir d’Antoine
  244. Ailleurs, Helvetius dit que ces superbes tombeaux sont des monuments de l’orgueil plutôt que du souvenir.
  245. Comme on le voit ici et dans tous ses ouvrages, la question du luxe a hanté Helvetius en même temps que Rousseau, et constamment.
  246. Il y a dans les notes de ce genre plus d’idées et d’images que de sentiments.
  247. Comme des odeur empoisonnées ajouté.
  248. Sans azile ajouté.
  249. Cela est souvent trop vrai.
  250. Helvetius est beaucoup trop « sagace », suivant le mot de Diderot, pour croire que le bonheur consiste à satisfaire sans frein ses passions. Mais est-ce un motif, s’il convient de raisonner avec elles, pour vouloir les supprimer ? Cela, d’ailleurs, est impossible. Elles sont intimement associées à la vie.
  251. Les morceaux du ajouté.
  252. Le tout n’est donc pas d’en avoir beaucoup, mais d’en avoir une très grande et très noble. Helvetius montrera longuement dans ses ouvrages que le génie et l’esprit sont les effets de la force ou de la vivacité des passions. Le rôle du législateur consiste à savoir récompenser celles qui sont favorables à l’intérêt commun.
  253. Lire, naturellement, périphrases.
  254. Luy ajouté.
  255. Lire : Moïse. On voit qu’Helvetius se complaît à ces exemples très frappants, en effet, dans l’histoire des religions qui, soumises à une interprétation rationnelle, peuvent ouvrir à la pensée des horizons nouveaux. V. les notes suivantes, dans le même esprit.
  256. Helvetius cite avec un malin plaisir toutes les anecdotes piquantes qui montrent combien l’esprit humain est sujet à l’illusion et à l’erreur. V. dans l’Esprit le conte du curé et de la dame galante (t. I., p. 220, disc. I, ch. ii : des erreurs causées par nos passions) et beaucoup d’historiettes de ce genre.
  257. Et d’enchanter vos amants ajouté.
  258. Des nymphes, en chantant l’amour et son délire,
    Trop jeunes pour jouir, s’exercent à séduire.
    (Le Bonheur, ch. I, t. xiii, p. 17)

  259. C’est un joli vers d’un épicurisme savoureux et du plus pur xviiie siècle. Mais est-il d’Helvetius ?
  260. Nu ajouté.
  261. On voit de quelle vigueur pittoresque est capable ce peintre réaliste des passions.
  262. Ces demi-confessions des amants d’autrefois, en leurs vertiges évanouis, gardent une poésie gracieuse ou mélancolique.
  263. Si cette mythologie risque de devenir agaçante ou même ridicule, il faut reconnaître qu’elle est aussi féconde en inventions exquises.
  264. On voit dans le chant I du Bonheur les Nymphes folâtrer parmi les Ris, et le tableau léger et mythologiquement érotique de l’amour triomphant (t. XIII, p. 18). En parlant de la Mollesse, il dit :

    Sa coquette pudeur aux transports des amants
    Oppose ces dédains, ces refus agaçants,
    Ces cris entrecoupés, cette faible défense
    Qui, flattant leur espoir et provoquant l’offense,
    Au désir enhardi permet de tout tenter…

    Plus loin on lit :

    Modeste dans ses vœux, il demande un baiser
    Qu’elle laisse ravir et feint de refuser.

  265. Quelle ardeur, quelle passion le jeune Helvetius avait pour l’amour et les plaisirs des sens !
  266. L’auteur a écrit successivement le temple du plaisir, de l’extase — aux yeux de la volupté qu’il remplace par « aux de l’extaze ».
  267. Posséder le cœur de ma maîtresse barré.
  268. Et les plaisirs ajouté.
  269. On voit avec quel soin Helvetius, peintre de talent, prépare ses couleurs.
  270. Pour d’être.
  271. Voilà bien le souci de « la noblesse » dans les termes sous prétexte d’être poétique !
  272. Brave barré et remplace par beau.
  273. Helvetius sait être aussi fin que brutal.
  274. Le virulent pamphlétaire de l’Esprit montrera que, dans les régimes despotiques, on peut nommer la vertu (c’est-à-dire, pour lui, le souci de travailler au bien public), mais qu’en réalité on ne fait rien pour la pratiquer ; on la méprise, car elle est exécrée, étant contraire à l’intérêt du despote et des privilégiés (Discours IV).
  275. Franklin qui voulait épouser Mme  Helvetius lui racontait spirituellement qu’il avait vu, en rêve, le philosophe se promenant dans l’Elysée en compagnie de Socrate. Comme Socrate, et l’on peut faire ce rapprochement curieux sans tenter un parallèle déplacé, Helvetius enseigne que l’homme ne se connaît pas, il est déterministe, il procède par accumulations d’exemples et d’idées, et par déduction de concepts, il veut créer une science morale, etc…
  276. Ici, comme dans l’Epitre sur la Paresse et l’Orgueil, comme dans le Bonheur, Helvetius ne leur ménage pas les épigrammes. Tout ce qui est contraire à la nature lui est odieux.
  277. Dans le IIe Chant du Bonheur on voit un « stoïque » qui devant un bûcher perd courage (t. XIII, p. 41).
  278. Le Sage de Voré s’appliquait à vivre ainsi.
  279. Lors de l’affaire de l’Esprit condamné par le Parlement et l’Eglise, Helvetius signa les rétractations qu’on lui demanda pour se sauver et sauver le censeur de son livre. Ce fut plus honteux pour les persécuteurs que pour le persécuté — qui avait conscience d’avoir dit la vérité, si brutale fût-elle.
  280. Fermier-général (1738-1751), Helvetius sut se borner, encourager les justes revendications et se montrer humain.
  281. Il trouva la beauté, l’esprit et la vertu réunis chez Mlle  de Ligneville, très noble et très pauvre, qu’il épousa en 1751.
  282. La beauté barré et remplacé par venus.
  283. Je le tiens quitte.
  284. Débarrassée de l’appareil pompeux et monotone des alexandrins, cette mythologie amoureuse ou galante a plus de grâce et de lascivité.
  285. Helvetius est parti de l’épicurisme, de la notion de plaisir et de bonheur qu’il associa, peu à peu, et de plus et en plus, à celle d’humanité.
  286. L’auteur de l’Esprit et de l’Homme souhaite que le législateur s’inspire sans cesse de ce principe.
  287. V. dans le Bonheur, Ch. i, t. xiii, p. 16, 17, 18, etc… des inspirations et des expressions analogues.
  288. Jeune ajouté.
  289. Le Firmament remplace les astres barré.
  290. En bondissant ajouté.
  291. On voit la place que tient l’amour, le désir, dans ces Notes. Elle est aussi grande dans l’œuvre et la philosophie d’Helvetius.
  292. Des membres ajouté.
  293. Grimm, dans sa Correspondance, insiste avec complaisance sur la violence du tempérament amoureux d’Helvetius.
  294. Les Notes contiennent quelques beaux ou jolis vers d’amour.
  295. Helvetius exalte l’amour non seulement comme une cause de plaisir, mais encore comme une cause d’héroïsme. C’est un thème qui sera développé dans l’Esprit avec maint exemple à l’appui.
  296. En deuil barré et remplacé par languissante.
  297. Doucement ajouté.
  298. Je suis souligné.
  299. Nous poursuivons naturellement le plaisir. Le plaisir n’a donc rien de contraire à la volonté de la nature et de Dieu. V. en effet, la note suivante.
  300. Le trône et l’autel se défendront en faisant brûler par la main du bourreau le livre de l’Esprit, à défaut de la personne de M. Helvetius.
  301. Barré.
  302. Helvetius montre que l’homme n’est ni bon, ni mauvais. Il est, et on doit, pour lui être utile, le concevoir tel qu’il est, c’est-à-dire aimant le plaisir et fuyant la douleur. L’ange est peut-être trop oublié dans les ouvrages d’Helvetius, mais l’angélicité humaine est souvent si contestable !
  303. Sans les annéantir ajouté.
  304. Helvetius ne perdra jamais une occasion de dévoiler cyniquement l’égoïsme humain.
  305. 'Il satisfit sa puissance par la création de l’univers ajouté. — Helvetius sera très éloquent. C’est un orateur autant qu’un psychologue politique.
  306. Et qui s’attele au joug de son malheur ajouté.
  307. Dans le traite de l’Homme, Helvetius cherchera les moyens pratiques de diminuer l’inégalité des fortunes par des lois meilleures et il esquissera sur ce point des théories très hardies sans admettre jamais la possibilité de supprimer la propriété.
  308. Voir les hommes et les choses tels qu’ils sont, sous le fard, telle était l’ambition d’Helvetius afin de pouvoir mieux enseigner le bonheur et la justice inséparable du bonheur.
  309. Les images pittoresques abondent dans les livres d’Helvetius.
  310. D’argent barré, remplacé par « dort ».
  311. Le ministre ingrat au lieu de l’homme barré.
  312. Dit devoir au lieu de croit devoir barré.
  313. C’est ainsi qu’on voit, dans le Bonheur, la Terreur, la Fureur, le Désespoir, le Remords, l’Ambition, etc.
  314. De débauches barré.
  315. Helvetius s’intéresse particulièrement à l’art de stimuler les passions humaines qui devrait être pour le législateur un objet de méditation.
  316. Aussi le philosophe positif — ou positiviste, si l’on veut, — de l’Esprit ne cherchera pas à résoudre le problème des origines.
  317. Pretent ???
  318. Helvetius appliquera sa franche et brutale analyse à l’étude de l’amitié (De l’Esprit, Disc. III, ch. xiv). — Croix dans la marge.
  319. Helvetius semble avoir réfléchi d’une manière sérieuse sur des questions de mathématiques et de physique, et non simplement pour suivre la mode, pour imiter l’exemple de Maupertuis, fameux en son temps, de Voltaire, etc…
  320. V. dans l’Esprit toute sorte de petites histoires significatives concernant les bonzes, les imans, les prêtres de Memphis.
  321. Helvetius a et gardera une haine égale pour la superstition et le despotisme qui, d’ailleurs, se tiennent.
  322. Cette mythologie du dix-huitième siècle sait être tour à tour froide ou bien gracieuse, exquise.
  323. L’auteur a d’abord écrit d’or, puis il a barré le mot qui n’était pas juste.
  324. Et repeter ajouté.
  325. Helvetius profitera des leçons données par Voltaire au jeune poète-philosophe des Epitres. On voit que les théories des Parnassiens n’étaient pas neuves. — Helvetius accordera toujours beaucoup et souvent beaucoup trop à la méditation, à l’effort, au travail. C’est un écrivain fort scrupuleux.
  326. Il faut donc qu’un auteur retouche ses œuvres, mais sans les éplucher.
  327. Helvetius parlera sans cesse des effets de l’éducation. L’influence du
  328. Cf. le dernier vers du chant III du Bonheur :

    Les fruits de la raison et les rieurs du plaisir.

  329. Dès les Notes, Helvetius caractérise très bien son idéal littéraire, sa manière, et, pour ainsi dire, son procédé. — Diderot constate qu’Helvetius était un beau génie, mais non un génie facile (Réfutation du Traité de l’Homme). — V. Helvetius, t. V. p. 230 (Comme quoi il est permis aux philosophes de bien écrire).
  330. Helvetius aura la fertilité et aussi la confusion. Il est vrai qu’il avait l’ambition de créer une science des faits moraux et sociaux, et leur déterminisme n’est point facile à établir.
  331. Il usera et même abusera peut-être des contrastes.
  332. L’auteur de l’Esprit et de l’Homme veut avant tout instruire. Chez ui, dans le moraliste et le poète, il y a sans cesse un utilitaire, c’est-à-dire un pédagogue.
  333. Les qualités, les talents, les vertus créent fatalement des défauts, des imperfections, voire des vices. V. de l’Esprit, Disc. IV, ch. xiv. Des qualités exclusives de l’esprit ou de l’âme.
  334. n’arrive point ou que fort tard a la vérité ajouté.
  335. Les parties citées sont soulignées dans le manuscrit.
  336. Cette méthode d’écrire qui consiste surtout à chercher des images empruntées au monde physique afin d’éclairer des conceptions morales est souvent du plus grand effet.
  337. Cf. les vers suivants, à propos de la Mollesse :

    Des zéphyrs indiscrets l’haleine caressante
    Soulève son écharpe et sa robe flottante.
    (Le Bonheur, chant. I. t. XIII, p. 17.)

  338. Quels barré.
  339. Ressembloit barré.
  340. Helvetius se méfiait systématiquement des apparences et s’efforçait de voir avec netteté les hommes et les choses sans subir la magie du décor.
  341. Il y a dans l’Esprit et dans l’Homme d’exactes et d’amères réflexions sur la manière dont les parents conçoivent l’éducation de leurs enfants.
  342. La nuit barré.
  343. Le jour barré et remplacé par le ciel.
  344. Pareilles barré.
  345. Ces confessions de volupté surtout sensuelle et galante sont peut-être moins émouvantes et aussi moins malsaines que d’autres où la frénésie de la chair s’associe a toute sorte de vertiges sentimentaux, de délires intellectuels.
  346. Objets barré et remplacé par phantomes.
  347. On sait combien Helvetius se plaît à ces anecdotes brutales qui sont à ses yeux autant de documents utilisables pour comprendre et peindre la nature humaine.
  348. Helvetius montre sans cesse les rapports entre les idées, les sentiments, les passions, et leurs modifications selon les événements. Il n’oublie jamais de faire la part du « hasard heureux ».
  349. s’enflamme barré.
  350. L’encens barré.
  351. La fumée barré.
  352. Les iers ajouté.
  353. Entre les lignes se trouve cette addition : ou battent avec un plus grand bruit que le tonnerre les ciclopes.
  354. Fer barré.
  355. Montagnes barré, remplacé par monts.
  356. Et les philosophes ajouté, au-dessus de la ligne.
  357. Les Epitres d’Helvetius sont : Sur l’Amour de l’EtudeSur l’Orgueil et la Paresse de l’EspritSur le PlaisirSur les Arts. Les fragments sur le Luxe et la Superstition semblent faire plus directement partie du Bonheur, où se trouvent, du reste, des idées, des expressions ou même des passages des Epitres.
  358. Mon imagination pétille depuis barré.
  359. Croix au crayon dans la marge.
  360. Helvetius avait l’ambition de créer ou de renouveler la poésie philosophique. Voltaire poussait « le jeune disciple d’Apollon » dans cette voie. — Croix au crayon dans la marge.
  361. Barré, croix à l’encre dans la marge.
  362. Croix à l’encre dans la marge.
  363. C’est ajouté.
  364. L’art ne consiste pas à reproduire directement la nature, mais à l’interpréter selon son tempérament. Ce n’est pas une raison pour vouloir peindre en beau. Il est vrai que l’imagination du poète magnifie le réel.
  365. Helvetius traitera à maintes reprises la question du luxe. (Fragment d’Epître sur le Luxe — Epitre sur les Arts, t. XIII, p. 104, 105, 106 — De l’Esprit, t. I. p. 225 à 260 — De l’Homme, section VI, ch. iii, iv, v, ch. xviii, t. X. p. 95). — Dans la marge, devant la plupart de ces réflexions sur le luxe : L.
  366. ? — Les flambeaux de neron el martirs que la fureur enduisoit de cire et faisoit… barré.
  367. Travailler sur ce fond. On voit qu’Helvetius ne se contentait pas de noter ici des idées, des impressions, des projets, mais qu’il esquissait encore des développements qui sont comme des canevas généraux dont il se servira à l’occasion.
  368. Et pourris ajouté.
  369. Les mêmes sentiments ont des manifestations très diverses. D’où la difficulté pour le psychologue d’étudier les phénomènes de la « sensibilité ».
  370. Dans la marge, de la même écriture : les effets des passions sont différents dans différents pais mais c’est la même tige. On lit plus loin : l’amour propre tige de nos passions.
  371. Pour soupirs ajouté.
  372. Dans l’Esprit, Disc. I, ch. iv, t. I, p. 268 et suiv. Helvetius explique ce qu’il entend, après La Rochefoucauld, par amour-propre. L’amour propre ou amour de soi n’est pas l’orgueil, la vanité, dit-il, il n’est autre qu’un sentiment gravé en nous par la nature. Ce sentiment peut se transformer en vice ou vertu, selon les goûts et les passions, produire également l’orgueil et la modestie. — Dans son Introduction à la Connaissance de l’Esprit, Vauvenargues traitait des passions et distinguait l’amour-propre, ou l’égoïsme, semble-t-il, et l’amour de nous-même (XXIV).
  373. Helvetius fera reposer sa généalogie des passions sur la sensibilité physique.
  374. Helvetius est capable de vérités délicates comme de vérités brutales.
  375. Plus d’yeux barré et remplace par plus de ruses.
  376. C’est une conception scientifique et moderne de la nature qui n’a, d’ailleurs, en soi, rien d’hostile au sentiment religieux. — Qu’ils ayent barré, remplacé par qu’il ait.
  377. La justice barré.
  378. Helvetius traite de Dieu en logicien et en orateur, et au besoin (v. la note suivante) avec les ressources d’un haut esprit, mais évidemment sans l’émotion du cœur, sans extase sentimentale. D’après divers textes, je considère volontiers Helvetius comme un déiste. M. Harald Höffding, en une brève et très remarquable étude consacrée à l’auteur de l’Esprit, dans son Histoire de la Philosophie Moderne (Alcan, 1906), émet aussi cette opinion.
  379. Tel que la fureur ajouté, au-dessus de la ligne.
  380. V. De l’Esprit, Disc. III, ch. vi : de la puissance des passions (on prouve que ce sont les passions qui nous porte aux actions héroïques et nous élèvent aux grandes idées). V. aussi ch. vii : de la supériorité d’esprit des gens passionnés sur les gens sensés. Ch. viii : On devient stupide dès qu’on cesse d’être passionné. Ch. ix de l’origine des passions, etc.
  381. Helvetius se fait l’apologiste des passions, mais avec une certaine sagesse.
  382. C’est ici que l’Amour, prolongeant son ivresse,
    Découvre un nouvel art d’irriter les désirs,
    Et d’y multiplier la forme des plaisirs.
    Le Bonheur, ch. I, t. XIII, p. 19.

  383. De si barré.
  384. L’Enfant prodigue est de 1736. — Aimable et claire ajouté.
  385. Avec quelle sincère volupté le poète-philosophe parle de l’amour et de la volupté ! Ces recherches, ces finesses ou même ces mignardises du style n’enlèvent rien à la passion ; au contraire, elles la caractérisent à merveille. Les philosophes, avant d’être des philosophes, étaient des « libertins ».
  386. Ces fragments impersonnels d’une sorte de journal intime d’un poète et d’un amant du dix-huitième siècle valent, en leur savoureuse franchise, les déductions les plus complexes de l’Esprit.
  387. Serait-ce une confession particulière ?
  388. et nos corps ajouté.
  389. Les préoccupations littéraires s’associent fréquemment aux réflexions sur l’amour.
  390. Composent barré.
  391. D’un mari ajouté.
  392. Le vray trone est ton lit ajouté, dans la marge.
  393. C’est une simple impression amoureuse, et non la douleur, le désespoir de l’inassouvissement.
  394. Renversée barré.
  395. ce qu’elle barré.
  396. Trait au crayon dans la marge.
  397. Les digressions sont nombreuses et les transitions souvent lourdes dans les ouvrages d’Helvetius acharné à ramener sans cesse les idées les unes aux autres et qui les retrouve sans cesse sur son chemin, — sous des formes différentes, il est vrai.
  398. Les peintures alternent avec les réflexions dans l’Esprit et dans l’Homme.
  399. Voltaire envoyait des lettres et des vers au fermier-général ; il lui soumettait ses œuvres, lui adressait toute sorte de conseils (V. outre la Correspondance, les Conseils sur le choix d’une épitre) et d’encouragements flatteurs.
  400. Les poètes du dix-huitième siècle animaient souvent sans nécessite, mais, en revanche, que de finesses, de grâces et de langueurs, parfois !
  401. La question est de savoir ce qui fait la beauté. Cela dépend de l’esthétique plus ou moins consciente du poète.
  402. Helvetius part, incontestablement, de Locke.
  403. V. le Bonheur, ch. i.
  404. Et avec fierté ajouté.
  405. Ce sont d’intéressantes notations de peintre.
  406. De mérite barré, remplace par d’esprit.
  407. Vray barré, remplacé par grand.
  408. Les humains au lieu de l’univers barré. — Sortant de la mythologie et de la poésie amoureuse, sincère ou conventionnelle, Helvetius montrera la puissante influence de l’amour sur nos actions.
  409. Dans la marge, devant la plupart de ces notes relatives à l’amour se trouve une croix à l’encre.
  410. Encore un joli vers d’amour.
  411. Indiens de peau brulee par le soleil ajouté.
  412. Et les transports ajouté.
  413. Quelle grâce et quelle douce mélancolie dans ces simples aveux passionnés !
  414. On barré, remplacé par le peuple.
  415. La scithie barré.
  416. L’auteur des Notes est surtout préoccupé d’amour, de science historique et psychologique, et aussi d’art littéraire, du métier même de l’écrivain.
  417. Les philosophes du xviiie siècle étaient soucieux, avant tout, de ne pas s’éloigner de la nature, du réel.
  418. De l’amerique ajouté.
  419. Le Bonheur d’Helvetius est, en somme, un poème épique, bien qu’il apparaisse surtout comme allégorique et philosophique.
  420. Levé de l’aurore elle parait barré. — Ce sont des exercices littéraires autant que des impressions.
  421. Helvetius a un grand sens du coloris éclatant, de la somptuosité.
  422. Voltaire parle des lettres métaphysiques de son cher ami (Helvetius, t. XIII, p. 108). Il ne semble pas qu’Helvetius ait écrit à proprement parler de « Lettres Philosophiques ». Mais on peut dire qu’Helvetius réalisera ce projet dans l’Esprit.
  423. Replonge dans barré. On lit dans la marge de cette note et de la précédente : hobbes. Quoique les conclusions politiques de l’Esprit et de l’Homme soient très différentes de celles du de Cive ou du Léviathan, il faut rappeler que Hobbes, psychologue et moraliste politique, est parti du sensualisme, du nominalisme, du nécessitarisme. Dans sa théorie des passions, il a donné une place importance à l’égoïsme transformé, à cette volonté du pouvoir que le théoricien de l’Esprit a fortement mise en lumière et dont Nietzche se servira à son tour en ses mystérieuses prédications.