Nord contre sud/Première partie/5

J. Hetzel (p. 52-63).

V

la crique-noire


Le lendemain, aux premières lueurs de l’aube, un homme se promenait sur la berge de l’un des îlots perdus au fond de cette lagune de la Crique-Noire. C’était Texar. À quelques pas de lui, un Indien, assis dans le squif qui avait accosté la veille le Shannon, venait d’aborder. C’était Squambô.

Après quelques allées et venues, Texar s’arrêta devant un magnolier, amena à lui une des basses branches de l’arbre et en détacha une feuille avec sa tige. Puis, il tira de son carnet un petit billet qui ne contenait que trois ou quatre mots, écrits à l’encre. Ce billet, après l’avoir roulé menu, il l’introduisit dans la nervure inférieure de la feuille. Cela fut fait assez adroitement pour que cette feuille de magnolier n’eût rien perdu de son aspect habituel.

« Squambô ! dit alors Texar.

– Maître ? répondit l’Indien.

– Va où tu sais. »

Squambô prit la feuille, il la posa à l’avant du squif, s’assit à l’arrière, manœuvra sa pagaie, contourna la pointe extrême de l’îlot et s’enfonça à travers une passe tortueuse, confusément engagée sous l’épaisse voûte des arbres.

Cette lagune était sillonnée par un labyrinthe de canaux, un enchevêtrement d’étroits lacets, remplis d’une eau noire, comparables à ceux qui s’entrecroisent dans certains « hortillonages » de l’Europe. Personne, à moins de bien connaître les passes de ce profond déversoir où se perdaient les dérivations du Saint-John, n’aurait pu s’y diriger.

Cependant Squambô n’hésitait pas. Où l’on n’eût pas cru apercevoir une issue, il poussait hardiment son squif. Les basses branches qu’il écartait, retombaient après lui, et nul n’eût pu dire qu’une embarcation venait de passer en cet endroit.

L’Indien s’enfonça de la sorte à travers de longs boyaux sinueux, moins larges, parfois, que ces saignées creusées pour assurer le drainage des prairies. Tout un monde d’oiseaux aquatiques s’envolait à son approche. De gluantes anguilles, à la tête suspecte, se faufilaient sous les racines qui émergeaient des eaux. Squambô ne s’inquiétait guère de ces reptiles, non plus que des caïmans endormis qu’il pouvait réveiller en les heurtant dans leurs couches de vase. Il allait toujours, et, lorsque l’espace lui manquait pour se mouvoir, il se poussait par l’extrémité de sa pagaie, comme s’il se fût servi d’une gaffe.

S’il faisait grand jour déjà, si la lourde buée de la nuit commençait à s’évaporer aux premiers rayons du soleil, on ne pouvait le voir sous l’abri de cet impénétrable plafond de verdure. Même au plus fort du soleil, aucune lumière n’aurait pu le percer. D’ailleurs, ce fond marécageux n’avait besoin que d’une demi-obscurité, aussi bien pour les êtres grouillants, qui fourmillaient dans son liquide noirâtre, que pour les mille plantes aquatiques surnageant à sa surface.

Pendant une demi-heure, Squambô alla ainsi d’un îlot à l’autre. Lorsqu’il s’arrêta, c’est que son squif venait d’atteindre un des réduits extrêmes de la crique.

En cet endroit, où finissait la partie marécageuse de cette lagune, les arbres, moins serrés, moins touffus, laissaient enfin passer la lumière du jour. Au delà s’étendait une vaste prairie, bordée de forêts, peu élevée au-dessus du niveau du Saint-John. À peine cinq ou six arbres y poussaient-ils isolément. Le pied, en s’appuyant sur ce sol bourbeux, éprouvait la sensation que lui eût donnée un matelas élastique. Quelques buissons de sassafras, à maigres feuilles, mélangées de petites baies violettes, traçaient à sa surface leurs capricieux zig-zags.

Après avoir amarré son squif à l’une des souches de la berge, Squambô prit terre. Les vapeurs de la nuit commençaient à se résoudre. La prairie, absolument déserte, sortait peu à peu du brouillard. Parmi les cinq ou six arbres, dont la silhouette se détachait confusément au-dessus, poussait un magnolier de moyenne taille.

L’Indien se dirigea vers cet arbre. Il l’atteignit en quelques minutes. Il en abaissa une des branches à l’extrémité de laquelle il fixa cette feuille que Texar lui avait remise. Puis, la branche, abandonnée à elle-même, remonta, et la feuille alla se perdre dans la ramure du magnolier.

Squambô revint alors vers le squif et reprit direction vers l’îlot où l’attendait son maître.

Cette Crique-Noire, ainsi nommée de la sombre couleur de ses eaux, pouvait couvrir une étendue d’environ cinq à six cents acres. Alimentée par le Saint-John, c’était une sorte d’archipel absolument impénétrable à qui n’en connaissait pas les infinis détours. Une centaine d’îlots occupaient sa surface. Ni ponts, ni levées ne les reliaient entre eux. De longs cordons de lianes se tendaient de l’un à l’autre. Quelques hautes branches s’entrelaçaient au-dessus des milliers de bras qui les séparaient. Rien de plus. Cela n’était pas pour établir une communication facile entre les divers points de cette lagune.

Un de ces îlots, situé à peu près au centre du système, était le plus important par son étendue — une vingtaine d’acres — et par son élévation — cinq à six pieds au-dessus de l’étiage moyen du Saint-John entre les plus basses et les plus hautes mers.

À une époque déjà reculée, cet îlot avait servi d’emplacement à un fortin, sorte de blockhaus, maintenant abandonné, du moins au point de vue militaire. Ses palissades, à demi rongées par la pourriture, se dressaient encore sous les grands arbres, magnoliers, cyprès, chênes-verts, noyers noirs, pins australs, enlacés de longues guirlandes de cobœas et autres interminables lianes.

Au dedans de l’enceinte, l’œil découvrait enfin, sous un massif de verdure, les lignes géométriques de ce petit fortin, ou mieux, de ce poste d’observation, qui n’avait jamais été fait que pour loger un détachement d’une vingtaine d’hommes. Plusieurs meurtrières s’évidaient à travers ses murailles de bois. Des toits gazonnés le coiffaient d’une véritable carapace de terre. À l’intérieur, quelques chambres, ménagées au milieu d’un réduit central, attenaient à un magasin, destiné aux provisions et aux munitions. Pour pénétrer dans le fortin, il fallait d’abord franchir l’enceinte par une étroite poterne, puis traverser la cour plantée de quelques arbres, gravir enfin une dizaine de marches en terre, maintenues par des madriers. On trouvait alors l’unique porte, qui donnait accès au dedans, et encore, à vrai dire, n’était-ce qu’une ancienne embrasure, modifiée à cet effet.

Telle était la retraite habituelle de Texar, retraite que personne ne connaissait. Là, caché à tous les yeux, il vivait avec ce Squambô, très dévoué à la personne de son maître, mais qui ne valait pas mieux que lui, et cinq à six esclaves qui ne valaient pas mieux que l’Indien.


Squambô allait toujours.

Il y avait loin, on le voit, de cet îlot de la Crique-Noire, aux riches établissements créés sur les deux rives du fleuve. L’existence même n’y eût point été assurée pour Texar ni pour ses compagnons, gens peu difficiles cependant. Quelques animaux domestiques, une demi-douzaine d’acres, plantés de patates, d’ignames, de concombres, une vingtaine d’arbres à fruits, presque à l’état sauvage, c’était tout, sans compter la chasse dans les forêts voisines et la pêche sur les étangs de la lagune, dont le produit ne pouvait
« C’est fait ? lui demanda Texar.
manquer en aucune saison. Mais, sans doute, les hôtes de la Crique-Noire possédaient d’autres ressources, dont Texar et Squambô avaient seuls le secret.

Quant à la sécurité du blockhaus, n’était-elle pas assurée par sa situation même, au centre de cet inaccessible repaire ? D’ailleurs, qui eût cherché à l’attaquer et pourquoi ? En tout cas, toute approche suspecte eût été immédiatement signalée par les aboiements des chiens de l’îlot, deux de ces limiers féroces, importés des Caraïbes, qui furent autrefois employés par les Espagnols à la chasse aux nègres.

Voilà ce qu’était la demeure de Texar, et digne de lui. Voici maintenant ce qu’était l’homme.

Texar avait alors trente-cinq ans. Il était de taille moyenne, d’une constitution vigoureuse, trempée dans cette vie de grand air et d’aventures, qui avait toujours été la sienne. Espagnol de naissance, il ne démentait pas son origine. Sa chevelure était noire et rude, ses sourcils épais, ses yeux verdâtres, sa bouche large, avec des lèvres minces et rentrées, comme si elle eût été faite d’un coup de sabre, son nez court, percé de narines de fauve. Toute sa physionomie indiquait l’homme astucieux et violent. Autrefois, il portait sa barbe entière ; mais, depuis deux ans, après qu’elle eut été à demi brûlée d’un coup de feu dans on ne sait quelle affaire, il l’avait rasée, et la dureté de ses traits n’en était que plus apparente.

Une douzaine d’années avant, cet aventurier était venu se fixer en Floride, et dans ce blockhaus abandonné, dont personne ne songeait à lui disputer la possession. D’où venait-il ? on l’ignorait et il ne le disait point. Quelle avait été son existence antérieure ? on ne le savait pas davantage. On prétendait, — et c’était vrai, — qu’il avait fait le métier de négrier et vendu des cargaisons de noirs dans les ports de la Géorgie et des Carolines. S’était-il enrichi à cet odieux trafic ? Il n’y paraissait guère. En somme, il ne jouissait d’aucune estime, même dans un pays, où ne manquent cependant point les gens de sa sorte.

Néanmoins, si Texar était fort connu, bien que ce ne fût pas à son avantage, cela ne l’empêchait pas d’exercer une réelle influence dans le comté, et particulièrement à Jacksonville. Il est vrai, c’était sur la partie la moins recommandable de la population du chef-lieu. Il y allait souvent pour des affaires, dont il ne parlait pas. Il s’y était fait un grand nombre d’amis parmi les petits blancs et les plus détestables sujets de la ville. On l’a bien vu, lorsqu’il était revenu de Saint-Augustine en compagnie d’une demi-douzaine d’individus d’allure équivoque. Son influence s’étendait aussi jusque chez certains colons du Saint-John. Il les visitait quelquefois, et, si on ne lui rendait pas ses visites, puisque personne ne connaissait sa retraite de la Crique-Noire, il avait accès dans certaines plantations des deux rives. La chasse était un prétexte naturel à ces relations, qui s’établissent facilement entre gens de mêmes mœurs et mêmes goûts.

D’autre part, cette influence s’était encore accrue depuis quelques années, grâce aux opinions dont Texar avait voulu se faire le plus ardent défenseur. À peine la question de l’esclavage avait-elle amené la scission entre les deux moitiés des États-Unis, que l’Espagnol s’était posé comme le plus opiniâtre, le plus résolu des esclavagistes. À l’entendre, aucun intérêt ne pouvait le guider, puisqu’il ne possédait qu’une demi-douzaine de noirs. C’était le principe même qu’il prétendait défendre. Par quels moyens ? En faisant appel aux plus exécrables passions, en excitant la cupidité de la populace, en la poussant au pillage, à l’incendie, même au meurtre, contre les habitants ou colons qui partageaient les idées du Nord. Et maintenant, ce dangereux aventurier ne tendait à rien moins qu’à renverser les autorités civiles de Jacksonville, à remplacer des magistrats, modérés d’opinion, estimés pour leur caractère, par les plus forcenés de ses partisans. Devenu le maître du comté, par l’émeute, il aurait alors le champ libre pour exercer ses vengeances personnelles.

On comprend, dès lors, que James Burbank et quelques autres propriétaires de plantations n’eussent point négligé de surveiller les agissements d’un pareil homme, déjà très redoutable par ses mauvais instincts. De là, cette haine d’un côté, cette défiance de l’autre, que les prochains événements allaient encore accroître.

Au surplus, dans ce que l’on croyait savoir du passé de Texar, depuis qu’il avait cessé de faire la traite, il y avait des faits extrêmement suspects. Lors de la dernière invasion des Séminoles, tout semblait prouver qu’il avait eu des intelligences secrètes avec eux. Leur avait-il indiqué les coups à faire, quelles plantations il convenait d’attaquer ? Les avait-il aidés dans leurs guets-apens et embûches ? Cela ne put être mis en doute en plusieurs circonstances, et, à la suite d’une dernière invasion de ces Indiens, les magistrats durent poursuivre l’Espagnol, l’arrêter, le traduire en justice. Mais Texar invoqua un alibi — système de défense qui, plus tard, devait lui réussir encore — et il fut prouvé qu’il n’avait pu prendre part à l’attaque d’une ferme, située dans le comté de Duval, puisque, à ce moment, il se trouvait à Savannah, État de Géorgie, à quelque quarante milles vers le nord, en dehors de la Floride.

Pendant les années suivantes, plusieurs vols importants furent commis, soit dans les plantations, soit au préjudice de voyageurs, attaqués sur les routes floridiennes. Texar était-il auteur ou complice de ces crimes ? Cette fois encore, on le soupçonna ; mais, faute de preuve, on ne put le mettre en jugement.

Enfin, une occasion se présenta où l’on crut avoir pris sur le fait le malfaiteur jusqu’alors insaisissable. C’était précisément l’affaire pour laquelle il avait été mandé la veille devant le juge de Saint-Augustine.

Huit jours auparavant, James Burbank, Edward Carrol et Walter Stannard revenaient de visiter une plantation voisine de Camdless-Bay, quand, vers sept heures du soir, à la tombée de la nuit, des cris de détresse arrivèrent jusqu’à eux. Ils se hâtèrent de courir vers l’endroit d’où venaient ces cris, et ils se trouvèrent devant les bâtiments d’une ferme isolée.

Ces bâtiments étaient en feu. La ferme avait été préalablement pillée par une demi-douzaine d’hommes, qui venaient de se disperser. Les auteurs du crime ne devaient pas être loin : on pouvait encore apercevoir deux de ces coquins qui s’enfuyaient à travers la forêt.

James Burbank et ses amis se jetèrent courageusement à leur poursuite, et précisément dans la direction de Camdless-Bay. Ce fut en vain. Les deux incendiaires parvinrent à s’échapper à travers le bois. Toutefois MM. Burbank, Carrol et Stannard avaient très certainement reconnu l’un d’eux : c’était l’Espagnol.

En outre — circonstance plus probante encore — au moment où cet individu disparaissait au tournant d’une des lisières de Camdless-Bay, Zermah, qui passait, avait failli être heurtée par lui. Pour elle aussi, c’était bien Texar qui fuyait à toutes jambes.

Il est facile de l’imaginer, cette affaire fit grand bruit dans le comté. Un vol, suivi d’incendie, c’est le crime qui doit être le plus redouté de ces colons, répartis sur une vaste étendue de territoire. James Burbank n’hésita donc point à porter une accusation formelle. Devant son affirmation, les autorités résolurent d’informer contre Texar.

L’Espagnol fut amené à Saint-Augustine devant le recorder, afin d’être confronté avec les témoins. James Burbank, Walter Stannard, Edward Carrol, Zermah, furent unanimes à déclarer qu’ils avaient reconnu Texar dans l’individu qui fuyait de la ferme incendiée. Pour eux, il n’y avait pas d’erreur possible. Texar était l’un des auteurs du crime.

De son côté, l’Espagnol avait fait venir un certain nombre de témoins à Saint-Augustine. Or, ces témoins déclarèrent formellement que, ce soir-là, ils se trouvaient avec Texar, à Jacksonville, dans la « tienda » de Torillo, auberge assez mal famée mais fort connue. Texar ne les avait pas quittés de toute la soirée. Détail plus affirmatif encore, à l’heure où se commettait le crime, l’Espagnol avait eu précisément une dispute avec un des buveurs installés dans le cabaret de Torillo, — dispute qui avait été suivie de coups et menaces, pour lesquels il serait sans doute déposé une plainte contre lui.

Devant cette affirmation qu’on ne pouvait suspecter — affirmation qui fut d’ailleurs reproduite par des personnes absolument étrangères à Texar, — le magistrat de Saint-Augustine ne put que clore l’enquête commencée et renvoyer le prévenu des fins de la plainte.

L’alibi avait donc été pleinement établi, cette fois encore, au profit de cet étrange personnage.

C’est après cette affaire et en compagnie de ses témoins que Texar était revenu de Saint-Augustine, le soir du 7 février. On a vu quelle avait été son attitude à bord du Shannon, pendant que le steam-boat descendait le fleuve. Puis, sur le squif venu au-devant de lui, conduit par l’Indien Squambô, il avait regagné le fortin abandonné, où il eût été malaisé de le suivre. Quant à ce Squambô, Séminole intelligent, rusé, devenu le confident de Texar, celui-ci l’avait pris à son service, précisément après cette dernière expédition des Indiens à laquelle son nom fut mêlé — très justement.

Dans les dispositions d’esprit où il se trouvait vis-à-vis de James Burbank, l’Espagnol ne devait songer qu’à tirer vengeance par tous les moyens possibles. Or, au milieu des conjectures que pouvait faire naître quotidiennement la guerre, si Texar parvenait à renverser les autorités de Jacksonville, il deviendrait redoutable pour Camdless-Bay. Que le caractère énergique et résolu de James Burbank ne lui permît pas de trembler devant un tel homme, soit ! Mais Mme Burbank n’avait que trop de raisons de craindre pour son mari et pour tous les siens.

Bien plus, cette honnête famille aurait certainement vécu dans des transes incessantes, si elle avait pu se douter de ceci : c’est que Texar soupçonnait Gilbert Burbank d’avoir été rejoindre l’armée du Nord. Comment l’avait-il appris, puisque ce départ s’était accompli secrètement ? Par l’espionnage, sans doute, et, plus d’une fois, on verra que des espions s’empressaient à le servir.

En effet, puisque Texar avait lieu de croire que le fils de James Burbank servait dans les rangs des fédéraux, sous les ordres du commodore Dupont, n’aurait-on pas pu craindre qu’il cherchât à tendre quelque piège au jeune lieutenant ? Oui ! Et s’il fût parvenu à l’attirer sur le territoire floridien, à s’emparer de sa personne, à le dénoncer, on devine quel eût été le sort de Gilbert entre les mains de ces sudistes, exaspérés par les progrès de l’armée du Nord.

Tel était l’état des choses au moment où commence cette histoire. Telles étaient la situation des fédéraux, arrivés presque aux frontières maritimes de la Floride, la position de la famille Burbank au milieu du comté de Duval, celle de Texar, non seulement à Jacksonville, mais dans toute l’étendue des territoires à esclaves. Si l’Espagnol parvenait à ses fins, si les autorités étaient renversées par ses partisans, il ne lui serait que trop facile de lancer sur Camdless-Bay une populace fanatisée contre les anti-esclavagistes.

Environ une heure après avoir quitté Texar, Squambô était de retour à l’îlot central. Il tira son squif sur la berge, franchit l’enceinte, monta l’escalier du blockhaus.

« C’est fait ? lui demanda Texar.

— C’est fait, maître !

— Et… rien ?

— Rien. »