Napoléon le PetitOllendorftome 7 (p. 37-38).


iv.
LES FINANCES.

Notons qu’à l’ombre de ces « institutions sages » et grâce au coup d’État, qui, comme on sait, a rétabli l’ordre, les finances, la sécurité et la prospérité publique, le budget, de l’aveu de M. Gouin, se solde avec cent vingt-trois millions de déficit.

Quant au mouvement commercial depuis le coup d’État, quant à la prospérité des intérêts, quant à la reprise des affaires, il suffit, pour l’apprécier, de rejeter les mots et de prendre les chiffres. En fait de chiffres, en voici un qui est officiel et qui est décisif : les escomptes de la Banque de France n’ont produit pendant le premier semestre de 1852 que 589,502 fr. 62 c. pour la caisse centrale, et les bénéfices des succursales ne se sont élevés qu’à 651,108 fr. 7 c. C’est la Banque elle-même qui en convient dans son rapport semestriel.

Du reste M. Bonaparte ne se gêne pas avec l’impôt. Un beau matin il s’éveille, bâille, se frotte les yeux, prend une plume et décrète quoi ? le budget. Achmet III voulut un jour lever des impôts à sa fantaisie. – Invincible seigneur, lui dit son vizir, tes sujets ne peuvent être imposés au delà de ce que la loi et le prophète prescrivent.

Ce même M. Bonaparte étant à Ham avait écrit :

« Si les sommes prélevées chaque année sur la généralité des habitants sont employées à des usages improductifs, comme à créer des places inutiles, à élever des monuments stériles, à entretenir au milieu d’une paix profonde une armée plus dispendieuse que celle qui vainquit à Austerlitz, l’impôt dans ce cas devient un fardeau écrasant ; il épuise le pays, il prend sans rendre.[1] »

A propos de ce mot, budget, une observation nous vient à l’esprit. Aujourd’hui, en 1852, les évêques et les conseillers à la cour de cassation ont cinquante francs par jour, les archevêques, les conseillers d’État, les premiers présidents et les procureurs généraux ont par jour chacun soixante-neuf francs ; les sénateurs, les préfets et les généraux de division reçoivent par jour quatre-vingt-trois francs ; les présidents de section du conseil d’État, par jour, deux cent vingt-deux francs ; les ministres, par jour, deux cent cinquante-deux francs ; monseigneur le prince-président, en comprenant comme de juste dans sa dotation la somme pour les châteaux royaux, touche par jour quarante-quatre mille quatre cent quarante-quatre francs quarante-quatre centimes. On a fait la révolution du 2 décembre contre les Vingt-Cinq Francs.

  1. Extinction du paupérisme, p.10