Napoléon le PetitOllendorftome 7 (p. 10).


ii.
MANDAT DES REPRÉSENTANTS.

Ceux qui ont reçu en dépôt pour le peuple, comme représentants du peuple, le serment du 20 décembre 1848, ceux surtout qui, deux fois investis de la confiance de la nation, le virent jurer comme constituants et le virent violer comme législateurs, avaient assumé en même temps que leur mandat deux devoirs. Le premier, c’était, le jour où ce serment serait violé, de se lever, d’offrir leurs poitrines, de ne calculer ni le nombre ni la force de l’ennemi, de couvrir de leurs corps la souveraineté du peuple, et de saisir, pour combattre et pour jeter bas l’usurpateur, toutes les armes, depuis la loi qu’on trouve dans le code jusqu’au pavé qu’on prend dans la rue. Le second devoir, c’était, après avoir accepté le combat et toutes ses chances, d’accepter la proscription et toutes ses misères ; de se dresser éternellement debout devant le traître, son serment à la main ; d’oublier leurs souffrances intimes, leurs douleurs privées, leurs familles dispersées et mutilées, leurs fortunes détruites, leurs affections brisées, leur cœur saignant, de s’oublier eux-mêmes, et de n’avoir plus désormais qu’une plaie, la plaie de la France ; de crier justice ! de ne se laisser jamais apaiser ni fléchir, d’être implacables ; de saisir l’abominable parjure couronné, sinon avec la main de la loi, du moins avec les tenailles de la vérité, et de faire rougir au feu de l’histoire toutes les lettres de son serment et de les lui imprimer sur la face !

Celui qui écrit ces lignes est de ceux qui n’ont reculé devant rien, le 2 décembre, pour accomplir le premier de ces deux grands devoirs ; en publiant ce livre il remplit le second.