Napoléon et la conquête du monde/I/41

H.-L. Delloye (p. 181-187).

CHAPITRE XLI.

CATALOGUE.



Il est impossible de passer sous silence, en continuant cette histoire, le mouvement si remarquable et si puissant qui fut donné à la littérature dans l’année 1820, et qui se prolongea et s’accrut jusqu’en 1830 ; et comme la nature de ce travail ne me permet guère d’interrompre les récits historiques, et de les entrelacer trop souvent de considérations littéraires, je m’arrêterai quelques instants ici, à cette date de 1820, où commence ce mouvement de progrès, et sans m’inquiéter de la chronologie qui me condamne, et sauf à me soumettre de nouveau à son joug dans le chapitre suivant, je ferai une histoire abrégée de la littérature et des immenses travaux qui furent publiés pendant ces dix années.

S’il y avait eu une forme plus abrégée encore que celle dont je vais me servir, je l’eusse choisie de préférence, tant je recherche la rapidité et la brièveté, tant surtout je prise la liberté des opinions littéraires ; historien par-dessus tout, et très-peu critique, je n’ai voulu que réunir dans ce chapitre des noms d’auteurs et de livres dans un certain ordre, en un mot, dresser un véritable catalogue.

1820. — En cette année commença la publication de l’encyclopédie monumentale nommée Encyclopédie de l’Institut, parce que tous les membres des quatre académies concoururent à l’exécution de cet ouvrage, et s’imposèrent la loi de faire eux-mêmes et de signer tous les articles. Jamais œuvre plus importante n’avait été confiée à des hommes plus habiles ; on put l’appeler véritablement le livre des livres. Elle fut terminée par la publication de son soixante-huitième volume in-4, en 1828. Quinze volumes de planches et sept de tables portent le nombre total à quatre-vingt-dix volumes in-4. Cette encyclopédie fut imprimée avec le plus grand luxe par les presses impériales, et la haute libéralité de l’empereur en rendit le prix accessible à la plupart des fortunes.
1820. — Parurent simultanément :
xxxxLes dialogues philosophiques sur l’univers, par M. le comte de Maistre, 3 vol. in-8.
xxxxHistoire du génie de l’antiquité, par Paul-Louis Courier, 5 vol. in-8.
xxxxDe l’Angleterre, par Mme la duchesse de Staël, 3 vol. in-8.
xxxxCes trois ouvrages dépassèrent de bien loin tout ce que la France et l’Europe avaient pu attendre du génie de leurs auteurs. Le livre de l’Angleterre de Mme de Staël fut surtout placé beaucoup au-dessus de son beau livre de l’Allemagne.
1821. — M. de Lamartine publia ses Méditations poétiques.
xxxxHistoire générale de la France, par M. de Châteaubriand.
xxxxLe douzième et dernier volume de cette magnifique histoire, la plus belle des histoires nationales, fut publié en 1826 ; il porta sur son frontispice les nouveaux titres de M. de Châteaubriand, créé duc d’Albanie, et nommé ministre d’état en cette même année, 1826.
xxxxLa 9e édition a paru en 1829.
1822. — Histoire du christianisme, par M. de Lamennais, 6 vol. in-4.
1820 à 1827. — Continuation et fin des deux grandes entreprises littéraires connues sous les noms de :
xxxxCollection des historiens de la France, 42 vol. in-fo.
xxxxRecueil des lois et ordonnances du royaume de France, jusqu’en 1789, 48 vol. in-fo.
1823. — Description des ruines de Palmyre, 2 vol. in-4. — Atlas.
1824. — Description des ruines de Babylone, 3 vol. in-4. — Atlas.
xxxxGrammaire et dictionnaire des hiéroglyphes, par Champollion, 5 vol.
1825. — Histoire de la Grèce, par Michelet, 4 vol.
xxxxPhilosophie de l’histoire, par le même, 2 vol.
xxxxPhilosophie de l’histoire, par Ballanche, 6 vol.
xxxxDieu, poème en 18 chants, par Lamartine.
xxxxPhilosophie de la nature, par Geoffroy-Saint-Hilaire, 3 vol.
xxxxHistoire des connaissances humaines, par Ampère, 4 vol.
1826. — Œuvres complètes de Shakespeare, traduites par M. Villemain, 16 vol.
1826. — Histoire générale des sciences physiques, par M. G. Cuvier, 8 vol. in-4.
xxxxHistoire générale des sciences mathématiques, par Biot, 6 vol. in-4.
xxxxTraité de philosophie, par Royer-Collard, 3 vol. in-8.
xxxxRichelieu, roman historique, par sir Walter Scott.
xxxxLivre publié et composé en France et en français.
xxxxLe Roy d’Yvetot, roman politique, par Ch. Nodier.
xxxxOuvrage rare, la seconde édition n’ayant pas été autorisée.
1827. — La Sainte-Bible, traduite par le cardinal de Frayssinous, 26 vol. in-8.
xxxxLes guerres d’Espagne, par le maréchal Foy, 5 vol.
xxxxHistoire de la littérature française, par Villemain, 6 vol.
xxxxLa science des lois, par M. Dupin aîné, 4 vol.
xxxxLuther, roman historique, par V. Hugo, 2 vol.
xxxxThéorie de l’Esprit, par M. Beyle de Stendhall.
xxxxCe livre trop spirituel irrita Napoléon, et fit exiler M. Beyle à Rome, où il acheva sa belle Histoire de la peinture en Italie, 1829, 12 vol. in-8.
1828. — Histoire de la philosophie, par V. Cousin, 4 vol.
xxxxHistoire de la politique chez les peuples anciens et modernes, par M. A. Carrel, 1 vol.
xxxxDescription historique et géographique de l’intérieur de l’Afrique. 6 vol. in-4. — Atlas.
1829. — Histoire de l’empereur Napoléon, jusqu’à la monarchie universelle, par A. Thiers, 8 vol.
xxxxSatan, poème, par Alfred de Musset.
xxxxChansons, par P.-J. de Béranger.
xxxxHistoire d’Angleterre, par Guizot, 9 vol. in-8.
xxxxEssai sur le crédit et les finances dans la monarchie universelle, par le comte Roy, duc d’Illyrie, 4 vol. in-8.
1830. — La diplomatie mise à la portée de tout le monde, par un roi, 1 vol. in-8.
xxxxCe livre singulier et ironique parut à une époque où la diplomatie était devenue une science inutile ; il fut généralement attribué à M. de Talleyrand.
xxxx Les comédies de Ménandre, récemment découvertes, traduites par Sainte-Beuve, 4 vol. in-8.

Je termine ici cette liste, à laquelle j’aurais pu ajouter encore les titres de plusieurs publications d’une pareille importance. Je n’y ai pas placé non plus les œuvres de théâtre et d’autres ouvrages dont la France garde le souvenir et que la postérité n’oubliera pas.