Michel Lévy frères (p. 197-207).



XVII


La lettre de Flavien, qu’on vient de lire, était l’objet d’une grande contention d’esprit de la part de Thierray, et il passa par ces diverses réflexions :

— Heureux jeune homme ! quelle riche nature ! Décidément, il est mon supérieur dans la hiérarchie des êtres, comme il l’est selon les préjugés de caste. Comme il s’enflamme, comme il sent, comme il résiste, comme il retombe et comme il triomphe ! En huit jours, il oublie une femme perdue, il se passionne pour une femme pure, il le lui dit, il est peut-être au moment de la vaincre, qui sait ? Il mord son mouchoir, il ne dort pas, il sait qu’elle est faible, et il part ! L’oubli de certains plaisirs, le désir de certaines joies, le triomphe de l’honneur, de la conscience et de la bonté… car il y a de tout cela en lui… et tout cela en une semaine ! Tandis que, dans le même espace de temps, j’ai oublié d’être amoureux d’Olympe, et je n’ai pas pu me décider à l’être d’Éveline. Allons, Flavien est mon maître, c’est un homme d’action et je ne suis qu’un rêveur ! — Mais qui donc a envoyé ces fleurs qui l’ont fait partir si vite ? Thierray entra machinalement dans la chambre qu’avait occupée Flavien, se demandant s’il avait laissé ou emporté ce dernier gage d’amour ou de perfidie. Manette était là, donnant de l’air à l’appartement.

— Monsieur veut quelque chose ? dit-elle.

— Oui, dame Manette. Que sont devenues les fleurs qui étaient ici le jour du départ de M. de Saulges ?

— Ah ! mon Dieu, dit Manette, encore ces fleurs ! Ce sera un tour de madame Hélyette. Elle en fait ici de toutes sortes.

— Expliquez-vous, bonne dame.

— Qu’est-ce que vous voulez que j’explique ? Je n’y comprends rien. Le jour du départ de M. le comte, il me demande, et même il se fâche un peu, où j’ai pris ces fleurs qui sont sur sa cheminée. Je n’avais pas mis de fleurs, je n’en avais pas vu sur sa cheminée en entrant le soir pour faire son feu. J’ai beau le lui jurer, il me soutient qu’il y en a. Puis, impatienté, il me tourne le dos et quitte le pays. Eh bien, monsieur, je vous jure qu’il a rêvé ces fleurs-là, et qu’il les a vues en imagination ; car, après son départ, j’ai tout rangé ici, et le vase que voici était vide.

— Il les a emportées, se dit Thierray à lui-même. Allons, il persiste encore à croire qu’il est aimé, il croit cela malgré lui, comme le reste.

Thierray s’approcha du petit vase en porcelaine craquelée que lui avait désigné Manette, le prit et l’examina.

— Ne vous tourmentez pas de ces fleurs. Manette : ce n’est pas la dame au loup, c’est moi qui les avais mises dans ce vase. Elles étaient précieuses… Il est joli, ce petit vase !

Et, en le retournant, Thierray en fit tomber une petite bande de parchemin attachée par un fil à la queue brisée et séchée d’une fleur. Flavien, en prenant le bouquet et en jetant l’eau, n’avait pas aperçu la signature.

— À coup sûr, pensa Thierray, qui s’empara de cette pièce de conviction sans la signaler à l’attention de Manette, c’est une main lourde et maladroite qui a brisé la base du bouquet. C’est un esprit obtus qui a fait tremper dans l’eau le parchemin que voici, et où il est impossible de rien distinguer. Cela me fait bien l’effet d’être l’esprit et la main de M. Crésus. Il nous accompagnait pour la dernière fois, ce soir-là. Il a pu entrer ici pendant que nous montions au donjon pour chercher le portrait de madame Hélyette. Je le saurai !

Il examina vainement la bandelette mystérieuse. Il y avait eu quelque chose d’écrit ; car on distinguait encore le haut d’une majuscule qui pouvait aussi bien être le fragment d’un O que celui de toute autre initiale. Impossible de s’assurer du fait.

Alors Thierray alla se rasseoir devant sa table de travail dans le salon de la chanoinesse. Il avait pris ce lieu en amitié, même avec l’unique et triste société du perroquet, qui, au dire de Manette, ne pouvait se souffrir ailleurs que là où il avait ses habitudes. Mais Thierray essaya en vain de reprendre le fil de sa composition. Il était trop préoccupé de l’aventure de Flavien et de tout ce qui se rattachait dans cette aventure au souvenir de Puy-Verdon. Alors il se posa le problème que ni lui, ni Flavien, ni bien d’autres n’eussent pu résoudre :

— Qu’est-ce donc qu’Olympe Dutertre ? un fée, une folle, un ange, une coquette ou une bête ? Flavien ne perd pas son temps à se demander tout cela, pensa-t-il, et le seul problème qu’il ait cherché à résoudre en fouettant le cheval auquel il a donné ce beau nom, ç’a été de savoir s’il était aimé ou s’il ne l’était pas. Heureuse et riche nature, encore une fois ! Il ne voit dans une femme que ce qui lui plaît instinctivement : la douceur et la grâce, et il ne lui demande pas autre chose que d’être le type qu’il aime en général. Il n’épluche pas comme moi les qualités et les défauts qui tombent sous l’analyse. Ah ! que j’envie ses ivresses et ses souffrances !

En rêvant ainsi, Thierray se sentit de plus en plus dégoûté d’Éveline, comme d’un type compliqué, comme d’une nature incomplète ou illogique dont l’étude augmentait en lui la manie vaine, écœurante et fatigante de tout passer au tamis ou au laminoir. Il éprouva le besoin impérieux de n’y plus songer. Madame Dutertre absorbait sa pensée. Le portrait que lui en traçait Flavien, ébauche un peu grossière, un peu barbare, appréciation sans délicatesse, mais assez brûlante dans sa naïveté, se posait dans son souvenir comme une Isis voilée qu’il avait oublié, négligé ou dédaigné d’observer. Et, tout en se détachant d’Éveline comme d’une fatigue d’esprit, il s’en créait une autre plus grande encore, en voulant pénétrer une destinée beaucoup plus problématique, un cœur beaucoup plus impénétrable.

— Cette lumière mystérieuse m’était apparue pourtant, se disait-il. Quand j’ai vu cette femme à Paris, j’y ai pensé huit jours, quinze jours peut-être. Elle m’avait frappé comme étrange dans son mélange de réserve et d’abandon. Je riais, je persiflais quand je la couvrais d’antithèses en la dépeignant à Flavien ; mais, au fond de nos plaisanteries sur nous-mêmes, il y a toujours quelque chose de vrai. J’étais, sinon amoureux, du moins tout disposé à l’être, et je ne venais pas ici seulement avec l’intention de chasser et le besoin de prendre l’air : il y a bien, au fond de ces bois, un parfum d’aventure qui m’attirait. Si j’avais suivi mon premier instinct, je serais peut-être aujourd’hui amoureux comme Flavien. Être malheureux comme lui, c’est-à-dire être sûr de mon propre penchant, avoir à combattre en moi-même une volonté bien prononcée, bien impétueuse, ce serait un bonheur que d’autres passions m’ont donné et que j’attends encore de l’amour. Je ne fuirais pas comme lui, je souffrirais, j’existerais… au lieu que je m’ennuie !… Flavien renonce à elle, il a raison. Il a eu avec Dutertre des relations d’argent où ce dernier s’est montré si bon voisin, on pourrait même dire si bon ami, qu’il serait grossier de faire sous ses yeux la cour à sa femme. Et puis Flavien est de ces hommes qui ne savent pas attendre, et qui vont tout de suite aux derniers périls, sauf à s’en repentir le lendemain ; moi, je ne me sens pas si attaché à Dutertre, et, d’ailleurs, je n’ai pas besoin d’un drame, j’aimerais mieux un poëme. Il n’y a que les fats et les sots qui résolvent la chute d’une femme et le désespoir d’un mari. L’homme d’esprit marche devant lui à l’aventure, cueillant ce qu’il rencontre, fleurs ou fruits, ne songeant à ruiner, à dépouiller personne, profitant de la vie et n’abusant de rien. Or, comme il n’y a de crimes véritables que ceux qui sont prémédités, l’homme d’esprit peut et doit être heureux, sans danger de faire le malheur des autres.

Ayant ainsi entassé beaucoup de sophismes à son usage, cet esprit plus souple que rigide s’abandonna à une fantaisie nouvelle, après avoir réduit tous ses scrupules au silence.

— Mon entorse sera guérie ce soir, dit-il en donnant un coup de pied au coussin que la crédule Manette arrangeait tous les matins sous son bureau.

Et, comme il faisait à grands pas le tour du salon, il vit devant lui, à la hauteur de la fenêtre, la figure à la fois simple et narquoise de M. Crésus, qui, du dehors, le regardait marcher avec admiration.

Ce n’était pas la première fois que, d’un air de commisération officieuse et sous divers prétextes, le page d’Éveline venait espionner la démarche de Thierray. Ce dernier, se voyant pris en flagrant délit, ne chercha plus à dissimuler.

— Bonjour, monsieur Crésus, lui dit-il en allant droit à la fenêtre. Vous engraissez, riche Crésus, vous avez le teint fleuri. Je ne vous demande donc pas de vos nouvelles. Vous en pourrez donner de bonnes sur mon compte, si par hasard on vous en demandait à Puy-Verdon. Je marche comme un chevreuil depuis ce matin.

— C’est ce que je vois, monsieur, dit Crésus de son air lourdement rusé. Par bonheur, monsieur ! car vous aviez l’air de diantrement souffrir, l’autre jour, et je parie que vous vous êtes bien ennuyé de boiter comme ça si longtemps.

Si Crésus eût été dans le salon, ou Thierray dans la cour, ce dernier eût été fort tenté de lui montrer combien son pied était guéri. Par bonheur pour Crésus, celui-ci ne présentait à la fenêtre du rez-du-chaussée que son visage.

— Monsieur Crésus, répondit Thierray en lui soufflant au nez une bouffée de cigare qui le fit reculer, j’ai toujours remarqué combien vous étiez d’un naturel judicieux. Cependant vous faites quelquefois des sottises.

— Ah ! dame ! peut-être bien, monsieur.

— Savez-vous lire, jeune Crésus ?

— Ma foi, non, monsieur.

— Quoi ! ignorant, vous ne connaissez pas seulement vos lettres ?

— Ma foi, non, monsieur, répéta Crésus embarrassé et honteux.

— Alors, je ne m’étonne plus du mépris que vous faites des étiquettes des plantes qu’on vous confie. Vous les trempez dans l’eau avec le bouquet, et vous croyez qu’on peut lire le nom d’une fleur quand vous l’avez fait baigner pendant vingt-quatre heures dans un vase comme celui-ci ! Thierray montrait à Crésus le vase de porcelaine craquelée et l’étiquette de parchemin qu’il en avait retirée.

— Dame ! monsieur, dit Crésus pris au dépourvu, je n’avais pas fait attention à ce petit papier-là. C’était donc le nom de la fleur ?

— Qu’est-ce que vous voudriez que ce fût, je vous le demande ? Voyons, pouvez-vous me le dire, ce nom ?

— Pardié ! monsieur, ils appellent ça de l’azalée.

— Voyez ! sans vous, pourtant, je n’en saurais rien. Et quand la personne qui vous en avait chargé saura que vous avez apporté cette plante avec si peu de précaution, qu’elle était méconnaissable…

— Ah ! pour ça, monsieur, j’avais pourtant mis bien proprement le bouquet dans mon chapeau, dit Crésus.

— Pauvre Flavien, qui le porte peut-être sur son cœur ! pensa Thierray.

— Madame vous grondera, continua-t-il, de prendre si peu de soin des fleurs rares qu’elle envoie à des amateurs.

— Oh ! pardié ! monsieur, elles ne sont pas rares chez nous. Il y en a plein le jardin, de ces fleurs-là, et je vous en apporterai tant que vous voudrez. D’ailleurs, ça n’est pas madame qui m’en avait chargé.

— Alors, c’est mademoiselle, et c’est la même chose.

— Eh bien, monsieur Thierray, il ne faudra pas le lui dire : elle me gronderait.

— Vous êtes un ingrat ! mademoiselle Caroline ne gronde jamais personne.

— Oh ! ça n’est pas mademoiselle Caroline qui m’avait commandé…

— Non, non, la langue m’a tourné : j’ai voulu dire mademoiselle Nathalie.

— Ça n’est pas encore ça, dit Crésus.

— C’est donc mademoiselle Éveline ? s’écria Thierray stupéfait et mortifié au dernier point.

— Ma foi, monsieur, je crois que vous me tirez les vers du nez, dit Crésus avec audace ; mais ça m’est égal. Si vous dites à mamselle Éveline que j’ai éventé la mèche, j’éventerai la vôtre, moi ! Je dirai que vous lui avez boudé, et que vous n’avez pas eu plus d’entorse qu’elle n’en a, ni moi non plus.

Thierray eut envie d’allonger d’un mètre les rouges oreilles du page effronté de Puy-Verdon ; mais il se contint et prit le parti de rire de l’aventure.

— Bien répondu, dit-il ; et, pour ta peine, voilà une pipe montée en argent et qui te fera honneur dans le monde.

Thierray avait fort bien lu dans les yeux du groom l’objet de sa convoitise. Crésus reçut la pipe, la retourna, la mit dans sa bouche, rit et cligna de l’œil avec la joie naïve d’un sauvage.

— On n’a jamais rien vu de si beau ! dit-il, et je ferai payer trois sous à tous ceux qui me demanderont de fumer dedans.

— C’est le moyen de vous faire un joli revenu. Mais je suis encore plus généreux que vous ne pensez, Crésus ; je vous garderai le secret auprès de mademoiselle Éveline, et je vous autorise à lui dire le mien. Confessez, de ma part, que je ne boite pas et que j’irai ce soir à Puy-Verdon.

— Ah bien, monsieur, ça lui fera plaisir, parce qu’elle s’ennuie bien, vrai ! Voyez-vous, quand mamselle Éveline n’a personne à faire bisquer…

— Oui, oui, elle ne peut se passer de moi, je comprends cela. Cependant, vous lui restiez, Crésus !

— Oh ! moi, ça n’est pas la même chose, je ne saurais pas trouver toutes les bêtises que vous lui dites pour la faire rire. Il y a bien M. Amédée qui lui en dit pas mal aussi, mais elle ne le trouve pas moitié si drôle que vous. D’ailleurs, le vlà parti.

— Parti ? Amédée est parti ?

— Oh ! pas pour longtemps : pour trois ou quatre jours ; il accompagne madame et mademoiselle Caroline, qui vont voir une dame à Nevers. Ils seront tous revenus lundi.

— Ainsi, madame Dutertre n’est pas à Puy-Verdon ?

— Non, monsieur ; depuis ce matin, il n’y a plus personne à la maison, que monsieur et les deux autres demoiselles.

— Crésus, dit Thierray, vous aimez les pipes, mais que diriez-vous de cette poche à tabac de maroquin brodé en or ? Les yeux de Crésus s’arrondirent, il rougit, tendit la main, balbutia, et resta penaud quand Thierray lui retira l’objet qu’il croyait déjà tenir.

— Il faut la gagner, dit-il. Vous direz à toute la maison de Puy-Verdon que mon pied est fort malade, que je souffre horriblement, et que j’en ai encore au moins pour trois jours.

— Oui, monsieur, ça n’est pas malaisé à dire.

— Mais, comme je suis de plus en plus généreux, je ne veux pas vous condamner à faire un mensonge à votre jeune maîtresse. Vous direz donc à mademoiselle Éveline, à elle seule, entendez-vous, que je n’ai jamais eu d’entorse plus qu’elle n’en a, ni vous non plus.

— Tiens ! tiens ! c’est pour la faire enrager ! dit Crésus en riant d’un air agréable. Pardié ! c’est bien fait, puisqu’elle est si maligne avec vous. Dame, elle a tort pourtant ! vous seriez un aussi joli mari qu’un autre pour elle, si vous étiez tant seulement un peu riche !

— Il n’est pas donné à tout le monde d’être Crésus, répondit Thierray en riant. Allons, détale, fais ma commission ; et, si elle est bien faite, lundi je te comble de mes bienfaits. En route !

Crésus tourna lestement les talons. Thierray le rappela.

— Sous quel prétexte es-tu venu ce matin ? lui dit-il.

— Sous quel quoi ? dit Crésus, que le mot de prétexte intrigua visiblement.

Thierray s’expliqua mieux, et le groom répondit :

— Pardié ! monsieur, j’ai fait semblant d’avoir oublié ici, l’autre jour, le licol de mon cheval.

— Comme tu avais fait semblant, l’autre jour, d’avoir oublié quelque chose aujourd’hui ? Allons, va au diable. Je te permets de venir m’espionner. Mais prends garde à une chose. Le jour où cela m’ennuiera, regarde bien ! je ferai comme cela.

Et Thierray fit une grimace terrible.

— Ça voudra dire… ? répondit le groom avec un geste expressif du pied et de la main.

— Précisément, jeune homme plein d’avenir que vous êtes, et je rosse bien. Prenez-y garde.

— On s’en souviendra, dit Crésus, et il disparut.

Thierray se remit à son bureau et écrivit ce billet :

« Vivent les femmes, mon ami ! nous ne serons jamais que des créjusses auprès d’elles. Le bouquet d’azalée que tu as probablement mis sous verre est une attention d’Éveline Dutertre à ton adresse. Changeons ! adresse-lui tes vœux, et permets-moi d’adresser les miens à Olympe, qui, pour le moment, court les grandes routes avec son jeune neveu, pour se consoler de ton absence. »

Thierray, plein de dédain pour les dames de Puy-Verdon et pour toutes les femmes en général, se trouva disposé à faire les vers qu’il avait promis à Nathalie. Il lui écrivit avec une prodigieuse rapidité une épître en vers libres qui ne contenait pas moins de quatre cents lignes rimées, serrées sur dix feuillets de petit vélin. C’était une critique facile, rieuse, mais non blessante, de l’astuce féminine sous toutes ses formes. Thierray n’était pas méchant, et jamais le dépit ne l’avait rendu cruel. Ombrageux et susceptible, il se piquait aisément au jeu ; mais sa générosité naturelle et le sentiment de sa force l’empêchaient d’être vindicatif. Il n’y avait donc, dans cette satire, aucun trait accusé contre Éveline ou madame Dutertre. Il en fit la moitié de midi à six heures, l’autre moitié de huit heures à minuit. Puis, se sentant fatigué et un peu assoupi, il plia, cacheta et mit l’adresse ; après quoi, il porta le paquet sur un buffet d’antichambre où Gervais prenait chaque jour les envois destinés à être remis au piéton, à l’heure matinale de sa tournée. Thierray revint à son bureau pour ranger ses papiers ; mais, rêveur et fatigué, il appuya ses coudes sur la table, son front sur ses mains, écouta machinalement le grillon qui chantait dans la cheminée, et tomba insensiblement dans cet état de l’âme et du corps qui n’est ni la veille ni le sommeil.