Mon mari m’a diffamée

La Chanson française du XVe au XXe siècle, Texte établi par Jean GillequinLa Renaissance du livre (p. 21).


MON MARI M’A DIFFAMÉE


Mon mari m’a diffamée
Pour l’amour de mon ami,
De la longue demeurée
Que j’ai faite avecque lui.
        Hé ! mon ami
En dépit de mon mari
Qui me va toujours battant,
Je ferai pis que devant.

Aucunes gens m’ont blâmée,
Disant que j’ai fait ami :
La chose très fort m’agrée,
Mon très gracieux souci.
        Hé ! mon ami,
En dépit de mon mari
Qui ne vaut pas un grand blanc[1],
Je ferai pis que devant.

Quand je suis la nuit couchée
Entre les bras de mon ami,
Je deviens presque pâmée
Du plaisir que prends en lui.
        Hé ! mon ami,
Plût à Dieu que mon mari
Je ne visse de trente ans !
Nous nous donrions du bon temps.

Si je pers ma renommée
Pour l’amour de mon ami,
Point n’en dois être blâmée,
Car il est coincte et joli.
        Hé ! mon ami,
Je n’ai bon jour ni demi
Avec ce mari méchant.
Je ferai pis que devant.

  1. Monnaie d’argent.