Modorf-les-bains/04

Imprimerie Joseph Beffort (p. 40-52).

B. Bains minéraux. — Hydrothérapie.


À l’époque où fut construit l’Etablissement de Mondorf, on avait surtout créé un grand nombre de baignoires et de waterclosets. Ces derniers se trouvaient éparpillés le long des promenades et leur multiplicité semblait vouloir confirmer le vieux proverbe : Bene curât qui bene purgat ! Leur nombre est aujourd’hui rentré dans des limites fort modestes, et les baignoires aussi ont vu leur emploi être rélégué au second plan, et même on en a retranché un certain nombre comme superflues. En revanche, les grandes piscines, les douches d’eau minérale, les douches d’eau froide, se réjouissent d’une faveur d’année en année plus marquée. C’est que les opinions qu’on avait anciennement sur l’action des bains, ont changé radicalement depuis ces dernières vingt années, et qu’une série de brillantes expériences physiologiques sont parvenues à élucider complètement la question auparavant si obscure. Anciennement, on se figurait que l’eau du bain pénétrait à travers les pores de l’enveloppe cutanée dans l’intimité de notre organisme, pour y exercer son action particulière, bienfaisante, de sorte qu’il fallait, pour permettre cette heureuse influence, rester plongé le plus longtemps possible dans l’eau du bain et laisser à celle-ci son état naturel avec sa température spéciale etc. Or, Willemin est venu démontrer définitivement qu’il n’y a qu’une absorption pour ainsi dire théorique, qui se fait par la peau, et que la quantité de principes salins absorbés est tout à fait négligeable au point de vue pratique, et ne peut tout au plus qu’exercer une stimulation sur la peau et les terminaisons nerveuses y contenues. D’un autre côté, les travaux scientifiques de Fleury, Pétri, Beneke et Liebermeister sont venus déterminer le rôle que joue dans le bain la température de l’eau, et l’on a reconnu que c’était précisément là le facteur principal pour modifier l’organisme et pour provoquer de sa part des réactions énergiques, capables d’exercer une vertu médicatrice. Selon que la température du bain est donc inférieure, supérieure ou égale à celle du corps, on distingue : 1o les bains froids ; 2o les bains chauds ; 3o les bains indifférents.

A. Bains froids.

La vie humaine et le fonctionnement de nos organes, ont besoin d’une température constante pour s’exercer normalement. Dès que cette température subit un changement par le milieu dans lequel le corps est placé, celui-ci revient toujours à la chaleur normale, par suite d’une fonction régulatrice à laquelle préside essentiellement le système nerveux.

Le corps se trouve-t-il dans un milieu surchauffé, la peau rougit, se congestionne, et se couvre d’une abondante sueur. L’enveloppe cutanée cède alors plus de chaleur à l’air ambiant, et se refroidit considérablement encore en fournissant la chaleur latente qui est absorbée par l’eau de la transpiration qui se vaporise.

Quand le corps humain se trouve en contact avec un milieu plus froid, ce dernier se réchauffe aux dépens de la chaleur du corps, qui doit remplacer la perte par une production plus grande de calorique.

Mais d’abord le corps a la tendance de limiter sa perte de calorique ; la peau blêmit, ses vaisseaux se rétrécissent, et, comme c’est le sang qui est plus ou moins le porteur du calorique à travers les différentes parties, sa présence en moindre quantité à la surface du corps, détermine une perte sensiblement moindre, car celle-ci est en raison directe de la différence de température des deux milieux en contact. La pâleur, l’ischémie de la peau, est défavorable à l’échange de température, et celle-ci est conservée davantage au corps. Quant à la température perdue, elle est remplacée par une production extraordinaire du calorique, laquelle est déterminée par une usure plus active de notre substance organique sous l’influence de l’oxygène. L’échange organique devient plus rapide, et nous constatons indubitablement l’exagération du chimisme vital, par l’augmentation de l’urée et de l’acide carbonique, qui sont les résidus définitifs de la décomposition intime de nos tissus. L’intensité de cette action vitale est en rapport avec celle de la réfrigération produite.

L’action du froid nous permet donc de révolutionner profondément les phénomènes les plus importants de la nutrition, et d’en tirer parti dans le traitement des maladies.

Dans la pratique, nous employons les bains froids et les douches froides pour faire intervenir méthodiquement l’agent physique dont il est question. Voici ce que nous observons sur le sujet qui est plongé dans un bain froid. Au début, la respiration devient profonde et moins fréquente, on sent la poitrine oppressée ; le pouls aussi est moins fréquent. La peau devient pâle et exsangue par suite de la contraction des artérioles ; les follicules pileux se dressent et on observe un tremblement involontaire qui indique l’intervention de la moelle épinière, comme la diminution dans la fréquence du pouls dénote la participation du nerf vague à ces phénomènes. Cette espèce d’irritation provoquée par l’impression du froid sur les nerfs sensibles de la peau, est bientôt remplacée par une détente complète. Après quelques minutes, la peau rougit de nouveau et devient turgescente ; la respiration devient plus libre, le pouls s’accélère, et une sensation de bien-être, une énergie plus vive, viennent remplacer l’embarras des premières minutes. L’ensemble de ces phénomènes finals est désigné sous le nom de „réaction“. Celle-ci implique donc une stimulation nerveuse et circulatoire, cette dernière surtout manifeste à la surface du corps ; en outre une sensation de faim très prononcée vient régulièrement suivre l’application du froid, n’importe qu’on ait pris un bain frais ou froid, une douche froide, ou qu’on ait simplement fait, en habits légers, une promenade à travers un air froid. En somme, le bain froid aussi bien que la douche, nous offrent trois éléments que nous pouvons exploiter dans un sens favorable à la santé : 1o Ils stimulent la nutrition générale, favorisent l’échange organique et provoquent l’appétit ; 2o Ils sont capable de dévier la circulation vers la peau et les muscles, de débarrasser des organes internes congestionnés de l’excès de sang qui entrave leur fonctionnement ; 3o Ils relèvent l’énergie physique et morale en fortifiant les nerfs.

La douche a sur le bain froid des avantages incontestables. Dans ce dernier le corps s’entoure peu à peu d’une couche moins froide, qui empêche insensiblement la déperdition du calorique, de sorte que la réaction, dont la vivacité se mesure à la différence qu’il y a entre la température du corps et celle du milieu ambiant, devient moins sensible. Il est donc préférable que le patient puisse déplacer l’eau, puisse y nager afin de favoriser encore par le travail musculaire la réaction circulatoire vers les membres et vers la peau ; ou bien on doit employer une eau courante, sans cesse renouvelée, qui n’a pas le temps de se réchauffer au contact du corps. Quand on veut donc obtenir le maximum de réaction et très rapidement, sans priver le corps d’une trop grande quantité de calorique, la douche est ce qu’il y a de mieux. En effet, son application est de courte durée, son froid agit d’un façon intense, et la réaction, nécessairement très forte, immédiate, est encore augmentée par l’effet de la percussion mécanique de la peau et des muscles. La réaction circulatoire que produit la douche, est donc particulièrement intense. De plus, elle se prête à des applications locales que l’expérience est venu peu à peu démontrer comme d’une éminente utilité. Nous savons depuis longtemps que le refroidissement des pieds n’entraîne point d’altération morbide dans nos membres inférieurs, mais bien un rhume de cerveau ; qu’en plongeant les avant-bras dans l’eau froide, nous parvenons à arrêter une hémorragie pulmonaire etc. ; il y a évidemment une corrélation nerveuse sympathique entre différentes parties du corps pour que le froid puisse provoquer des contractions vasculaires dans des parties éloignées du lieu d’application. Nous possédons donc dans la douche froide un précieux moyen pour faire de la thérapie locale, pour dégorger des organes congestionnés que nous ne saurions directement atteindre. Ainsi la tête ne supporterait guère la commotion produite par une douche tant soit peu forte. Ce qu’on appelle communément une douche sur la tête n’est qu’une pluie d’eau froide qui arrose pendant quelques secondes le patient placé en dessous d’une pomme d’arrosoir. Cette pratique sert de préambule à la douche par la lance, pour mettre simultanément tous les points de la surface du corps en contact avec le milieu réfrigérant et pour abréger de cette façon la durée du saisissement produit par le froid. Mais nous opérons parfaitement une dérivation du sang de la tête en projetant pendant une dizaine de minutes une forte douche perpendiculaire sur les pieds, pendant que le reste du corps se trouve chaudement enveloppé et la tête recouverte par une compresse froide. — Certains organes abdominaux, le foie, la rate, se laissent influencer directement par la douche, car l’action du froid peut facilement pénétrer jusqu’à eux à travers l’épaisseur des parois abdominales.

La friction sèche et une promenade de dix à quinze minutes devront suivre toutes les pratiques où l’eau froide est intervenue, afin de maintenir la réaction circulatoire dans la peau et dans les muscles. Il n’est pas moins utile, voire même nécessaire, que le patient ait fait un petit travail musculaire, une promenade avant de se soumettre à l’action du bain froid ou de la douche ; même en cas qu’il se trouverait en légère transpiration, cela ne serait que d’autant mieux pour provoquer par l’eau froide une bonne et prompte réaction. Cela nous, amène à parler du préjugé si répandu, qu’il faut se rafraîchir le corps avant d’entrer dans l’eau. C’est tout-à-fait l’inverse qu’on pratique cependant dans les établissements hydrothérapiques. Ainsi pour préparer une personne timorée à la douche, on lui fait prendre une sudation préalable. On la place sur une chaise en dessous de laquelle se trouve une lampe à alcool ; on l’enveloppe avec la chaise jusqu’au cou de couvertures de laine et on l’entoure au surplus d’un manteau imperméable, afin que la chaleur ne puisse pas se perdre. Au bout de cinq à dix minutes, la peau devient rouge, se gonfle et laisse dégager une transpiration abondante. Eh bien, dans cet état, recevoir une douche est un extrême plaisir. L’eau ne semble plus froide, il n’y a qu’une délicieuse fraîcheur qui ruisselle sur vous et la procédure qu’on a tant redoutée, se termine par une réaction aussi puissante qu’agréable. C’est que toute cette chaleur artificiellement produite, ou plutôt accumulée à la surface du corps, empêche la réfrigération des parties profondes ; le sang qui circule en abondance dans les vaisseaux sanguins de la peau, appelé par les glandes sudoripares qui sont excitées au fonctionnement, fait l’office de l’eau chaude dans un calorifère ; il est remplacé au fur et à mesure qu’il se refroidit, et empêche donc l’action du froid de pénétrer. D’un autre côté, la réaction atteint son maximum puisque la différence entre la température du corps et celle de l’eau employée est extrême. Il faut donc éviter de rester avant la douche longtemps en peignoir ; il est préférable au contraire de se déshabiller seulement au dernier moment et de faire des mouvements gymnastiques pour faciliter l’effet de l’eau froide.

Les sudations, telles que nous les avons décrites, ou comme on les obtient dans les bains romains en se promenant dans une salle dont l’air est surchauffé, ne conviennent pas à tout le monde. Les personnes maigres, anémiques ne s’en trouvent guère bien ; la grande perturbation circulatoire engendre chez elles des battements de cœur violents, des vertiges alarmants. Celles qui ont un certain embonpoint et beaucoup de sève, en ressentent plus particulièrement des bons effets, et les supportent aussi avec facilité. Priessnitz produisait la sudation par le maillot humide, pratique passablement ennuyeuse pour le patient, et qui est plus ou moins abandonnée. En revanche, on a conservé ses enveloppements humides pour le traitement local, soit pour les extrémités, les articulations, soit pour agir sur des organes déterminés, l’estomac, les poumons. On trempe de préférence les compresses à cet effet directement dans l’eau chaude et on les recouvre hermétiquement par une étoffe imperméable. Ces compresses qui augmentent la chaleur de la partie qu’elles recouvrent, agissent à l’instar des bains chauds.

La friction humide, faite avec un drap de lit trempé dans l’eau froide et bien tordu, remplace plus ou moins la douche ; cette manœuvre convient excellemment pour préparer quelqu’un aux douches, ou bien pour continuer le traitement hydrothérapique chez soi, après qu’on a fait une cure « lege artis » à un établissement.

Les bains de siège à eau courante ou dormante, la douche ascendante, la douche vaginale, constituent des applications locales de l’eau froide dont l’usage doit être sévèrement contrôlé si l’on ne veut pas s’exposer à des surprises désagréables.

Les bains froids et les douches ont donc le même résultat final ; cependant il faut selon les cas faire un choix judicieux de l’un ou l’autre procédé. Toutes les personnes faibles anémiques, les phthisiques surtout, ne supportent pas une grande soustraction de chaleur. Il faut donc pour celles-ci une application passagère, mais intense de froid, une douche de 10 à 30 secondes, suivie d’une énergique friction. Les personnes qui sont affectées de congestions passives ou actives, réclament aussi la douche qui est le plus puissant moyen dérivatif du sang. Les personnes qui sont bien nourries, fortes, se trouvent mieux des bains froids dans lesquels elles peuvent se donner du mouvement pour soutenir la réaction. Dans le bain froid on peut rester plus ou moins longtemps selon la température : l’eau a-t-elle seulement 10° à 11° qui est la température de l’eau qui alimente l’établissement hydrothérapique de Mondorf, la durée d’un bain ne peut guère excéder 1 à 3 minutes, même après une sudation préalable. L’eau des deux grandes piscines, fournies par la source minérale, a une température d’environ 18° à 20°, tandis que celle de la petite piscine a quelques degrés de plus. La durée d’un bain dans les piscines est ordinairement fixée à un quart d’heure. La douche minérale se pratique avec une eau d’environ 18°. On peut donc la supporter plus longtemps que la douche froide, et elle est d’un excellent usage pour préparer le patient à la cure froide. En général la facilité qu’on a de pouvoir manœuvrer avec des degrés différents dans la gamme froide, permet de s’accomoder à toutes les individualités et de remplir toutes les indications spéciales.

On rencontre de temps à autre un patient qui ne supporte pas la douche. Il s’agit ordinairement de personnes très irritables, dont le système nerveux réagit d’une façon tumultueuse ; à peine l’eau froide a-t-elle touché leur corps qu’une violente secousse les saisit et qu’elles ressentent une douleur terrible à la tête, surtout à la région occipitale. C’est comme si on leur travaillait le crâne à coups de marteau. Il est inutile d’insister dans ces cas, heureusement très rares, sur la continuation des douches froides. Chez ces patients les bains minéraux, qui agissent par une température plus modérée, sont seuls indiqués. — Pendant la menstruation beaucoup de personnes s’abstiennent de tout traitement pour ne pas augmenter encore la perturbation existante. D’autres continuent sans le moindre inconvénient l’usage de l’eau et des douches, et il y a enfin des cas où l’on doit insister sur la continuation des douches à cause de l’abondance des pertes. Seulement dans ces cas on fait doucher particulièrement les épaules, les bras pour exercer une dérivation du bassin.

B. Bains chauds.

Quand notre corps est plongé dans une eau qui possède une température supérieure à celle de notre organisme (qui est de 37° et demi) celui-ci se surchauffe et présente des phénomènes analogues à ceux de la fièvre dont l’essence même est constituée par une élévation de la température au-dessus de la normale. Le pouls est accéléré, la respiration rapide et oppressée, les yeux sont brillants. Sous l’influence de la chaleur le sang se dilate, comme le liquide du thermomètre dont on chauffe le réservoir dans la main, et cette action, toute physique, produit rapidement des congestions vers tous les organes, le cerveau et les poumons surtout. Il n’est pas même besoin que la température s’élève au-dessus de 37 ½° pour voir apparaître ces phénomènes ; ils se produisent déjà par une température de 33 à 34° chez certains individus, car le fait que le corps est plongé dans l’eau, empêche la transpiration et partant la perte de chaleur laquelle s’accumule rapidement dans l’organisme et s’élève bientôt au dessus de la normale. Ces bains ne trouvent guère de l’application, et il convient plutôt de signaler leur danger. On fait donc bien en prenant des bains tièdes de ne jamais dépasser la limite de 33° centigrades. La chaleur convient tout au plus pour l’application locale, sous forme de compresses échauffantes, de cataplasmes, de bains de boue etc., chez des personnes débilitées par l’âge ou bien dans le cas de paralysies. Ces applications développent dans les parties soumises à leur action, une circulation plus active et un échange moléculaire plus rapide.

C. Bains indifférents, bains tièdes.

On appelle ainsi des bains dont la température nous est plus ou moins homogène, agréable, où nous n’éprouvons ni l’effet surexcitant de la chaleur, ni la pénible impression du froid. La température qui nous donne cette sensation mitoyenne, tiède, est entre 28° et 33° centigrades. Elle diffère selon l’âge, les habitudes et les individualités. Ces bains ont un effet calmant qui s’exerce sur le système nerveux. Il n’est point le résultat de la température, mais il provient de l’imbibition de la peau par l’eau du bain ; il est donc nécessaire que le corps reste plongé pendant longtemps dans le liquide, et que la température soit sans cesse maintenue au même niveau. En effet, nous remarquons qu’un doigt qu’on a laissé plongé pendant une demi-heure dans l’eau chaude, ou qui était enveloppé durant toute une nuit dans un cataplasme ou une compresse humide, présente un certain changement : il est devenu plus gros, sa peau paraît épaisse, ridée, comme trop ample pour envelopper la phalange osseuse, et, ce qui est surtout remarquable, elle a perdu la sensibilité tactile ; le toucher est complètement émoussé. Ce qui arrive pour une petite portion de la peau, arrive naturellement pour tout le tégument quand on reste longtemps dans le bain tiède. L’effet d’un bain pareil se traduit par une sédation particulière du système nerveux central. Au début on ne remarque rien ; on se trouve à l’aise dans l’eau tiède. Peu à peu, on ressent une certaine lassitude, un relâchement musculaire, une détente intellectuelle, et enfin le sommeil nous gagne insensiblement et malgré nous. S’il existe une douleur quelque part, elle ne tarde pas à s’apaiser, à s’évanouir même. L’effet sédatif de ces immersions prolongées est particulièrement remarquable quand il s’agit d’un véritable cas de pathologie p. ex. dans l’insomnie, l’aliénation mentale avec agitation etc. ; c’est souvent la suprême ressource quand aucun narcotique ne veut plus agir. On se figure que c’est le gonflement de la terminaison des nerfs sensibles de la peau qui produit par action réflexe la sédation du cerveau.

Mondorf reçoit tous les ans un grand nombre de cas d’affections nerveuses qui sont calmées par l’usage de ses bains tièdes d’eau minérale ; mais outre cela on y emploie fréquemment le bain tiède (qu’on appelle communément bain chaud) dans une foule d’autres affections où l’on ne vise pas précisément à l’action calmante. En effet, ces bains chauds qu’on prend dans les baignoires, ne durent généralement qu’un quart d’heure, et sont suivis d’une arrosion ou d’une douche d’eau minérale à 20°. Ce qu’on tend donc à obtenir, c’est évidemment une réaction, mais celle-ci est préparée par un séjour dans un milieu chaud, et favorisée encore par l’action des substances salines du bain minéral.

Jusqu’ici nous n’avons en effet voulu considérer dans la balnéation que l’élément physique, la température et l’élément mécanique, la percussion de la douche, la friction opérée par la main du frotteur. Il nous reste à considérer le rôle que jouent les éléments chimiques du bain. Nous avons vu à l’occasion que, pour ce qui regarde l’action thérapeutique générale, il est permis de faire abstraction de l’effet produit par cette minime proportion de principes salins absorbés par la peau dans le bain minéral.

L’enveloppe cutanée est essentiellement un organe protecteur du corps qui doit plutôt s’opposer à la pénétration des substances venant du dehors. Cependant quand elle se trouve en contact, pendant un temps suffisant, avec de l’eau chaude, elle se laisse imbiber par celle-ci et les substances chimiques qu’elle contient. Il est certain, et il résulte d’expériences fort sagaces, que les chlorures, notamment le sel de cuisine et le chlorure de calcium passent de l’eau du bain dans la peau et y déterminent une irritation des éléments nerveux qui s’y trouvent en si grande abondance. On a pu constater qu’après un bain salin, la sensibilité tactile de la peau était notablement augmentée, tout comme après les bains ferrugineux qui agissent en vertu de l’extrême richesse en acide carbonique. Ensuite on voit tous les jours, à la suite de l’usage de bains salins, survenir diverses éruptions, qu’on ne voit jamais se manifester après des bain d’eau simple. Enfin, l’analyse chimique est venu nettement démontrer que ces bains ont une influence marquée sur l’échange organique ; qu’ils déterminent, tout comme les bains froids, une excrétion plus grande d’urée et d’acide carbonique, qu’ils sont donc favorables à la désassimilation. Ces bains d’eau minérale chauds constituent donc un excellent auxiliaire à l’usage interne de l’eau. Ils conviennent particulièrement aux vieillards, aux enfants, aux personnes délicates et affaiblies, auxquelles les soustractions énergiques de chaleur seraient funestes. Pour ce qui regarde l’indication, ces bains sont surtout d’un excellent usage dans le traitement des résidus inflammatoires plastiques, après les suites de couches, dans la péritonite et la pleurésie chroniques. Nous faisons toujours suivre ces bains d’un rapide et léger arrosement d’eau fraîche ou d’une légère douche pour provoquer une réaction plus vive en quittant le bain.

Lorsque la peau est entamée par une plaie, une ulcération, il est évident que l’action des principes chimiques de l’eau se manifeste alors d’une façon intense à ces endroits non protégés par l’épiderme. On a remarqué que cette action est stimulante, qu’elle favorise la guérison et la cicatrisation.