Modèles de serrurerie choisis parmi ce que Paris offre de plus remarquable/Planches 19 et 20

Planches 19 et 20.

Les grilles dites de Maison, du nom du château dont elles étaient le plus bel ornement, et que l’on voit aujourd’hui au Louvre, devaient être présentées ici en premier lieu, comme étant l’ouvrage le plus admirable qui existe en ce genre. Non-seulement elles sont le chef-d’œuvre de la serrurerie moderne, mais il n’est pas possible que les anciens aient jamais poussé plus loin la perfection, même dans les plus beaux siècles de l’art. Grandeur, richesse, solidité, beau choix d’ornemens, belle disposition, savante opposition des différentes parties, sentiment sublime de la forme, exécution parfaite, ces grilles réunissent tout à un degré supérieur. Placées aujourd’hui dans l’intérieur du Louvre, elles semblent avoir été faites pour le lieu qu’elles occupent, tant elles répondent, par leur style, au monument, unique dans les arts, dont elles augmentent les richesses. Ce n’est pas sans de bonnes raisons qu’on fait remonter l’époque de leur exécution au siècle de la renaissance des arts, duquel date également le Louvre qui les renferme. L’une, celle que nous avons fait graver, passe pour être l’ouvrage d’un français : l’autre, moins riche de détails et d’un goût moins pur, est, dit-on, d’un allemand ; mais le nom de ces artistes, qui aurait dû être transmis à la postérité, est resté inconnu. Pendant les troubles révolutionnaires, ces belles grilles, qu’on préservait avant de tout dommage par des vollets en bois, furent cruellement mutilées, et, lorsque MM. Percier et Fontaine, architectes du gouvernement, furent chargés, il y a une quinzaine d’années, de les faire restaurer, elles étaient dans un état déplorable de dégradation. Feu Varin, serrurier habile, est l’homme à qui ce travail important fut confié. Pour s’en acquitter convenablement, il commença par exercer pendant un certain temps plusieurs de ses élèves à des ouvrages de même nature ; aidé ensuite de ces excellens auxiliaires, il parvint non-seulement à réparer les parties endommagées, mais encore à remplacer celles qui avaient été entièrement détruites, et avec un tel succès, qu’il est impossible aujourd’hui de distinguer les parties nouvelles des anciennes. Pourquoi faut-il que des hommes qui ont pu effectuer aussi heureusement une restauration de cette importance, soient privés d’occasions de produire des ouvrages dignes de leurs talens ! Nous n’entrerons dans aucune description de ces intéressans ouvrages, la gravure que nous en donnons parle d’elle-même ; nous ferons remarquer seulement que jusqu’alors elles n’avaient point été gravées d’une manière exacte et digne de leur mérite ; l’esquisse que Marot en a publiée, dans son ouvrage sur les maisons royales de France, est si imparfaite qu’elle ne paraît pas avoir été exécutée d’après. La seconde de ces grilles, d’un effet moins heureux que celui de la première, en diffère essentiellement dans la composition des panneaux principaux, qui sont décorés d’espèces de balustres dont on n’a pas jugé à propos de donner ici de détail.

La gonture et les moyens de fermeture de ces grilles étaient extrêmement négligés, comme dans tous les ouvrages anciens ; ces accessoires ont été refaits avec le soin et la supériorité d’exécution que notre siècle est parvenu à mettre dans cette partie de l’art du serrurier.