Mirages (Renée de Brimont)/Brise sur l’eau

MiragesEmile-Paul Frères (p. 9).

BRISE SUR L’EAU

L’heure se vêt d’une écharpe grise.
Voici la brise tiède que brise
en frissonnant le saule affligé…
Feuilles d’argent, ô feuilles de saule !
Et sur les eaux que la brise frôle
passe un frisson timide et léger.

Et doucement, sur cette eau crispée,
timide, et comme à la dérobée,
passe un rayon de soleil couchant,
et l’eau troublée a des rides mauves…
La brise accourt, la brise s’en sauve…
Feuilles de saule, ô feuilles d’argent !

Dans les adieux du jour qui défaille,
c’est, dirait-on, le frisson de faille
de quelque jupe sans préjugé,
soyeux fantôme dans l’heure grise…
Et c’est la brise tiède que brise
en frissonnant le saule affligé.