Midraschim et fabliaux/À Charles Netter


Imprimerie Vve P. Larousse et Cie (p. 76-77).

Quand Moïse reçut le fameux Décalogue,
Il dit n’avoir point vu la face du Seigneur.
Ce fut donc en esprit qu’eut lieu le dialogue
Qui, des dieux immoraux, déracina l’erreur.

Moïse avait reçu tous les dons en partage,
Moïse avait compris les lois de l’univers,
Moïse a su trouver dans la mer un passage,
Moïse a su trouver les sources du désert ;

Mais il n’a pas marché sur l’eau de la rivière,
Guéri de possédé, ressuscité de mort,
Multiplié de pain, protégé l’adultère,
Afin de prouver Dieu moral, unique et fort.


Et depuis deux mille ans, on affirme, on enseigne,
Tant les faibles mortels ont l’esprit de travers,
Que Dieu ne prouve pas suffisamment son règne,
S’il ne dérange pas l’ordre de l’univers.

Bien avant, chez les Grecs, cette erreur se retrouve,
Car le surnaturel descend du Dieu payen,
C’est un Dieu tout puissant que la nature prouve,
Et le surnaturel, prouve un physicien. —

Amant passionné de l’œuvre de Moïse,
Fier défenseur des Juifs au congrès de Berlin,
Netter, rassure-moi, je crains que l’on ne dise
Que mon vers est aussi méchant que le Roumain.