Mes paradis/Les Îles d’or/Ô sagesse avisée où je suis maintenant


XLIII


Ô sagesse avisée où je suis maintenant !
M’y tenir, et n’en pas dépasser le tournant.
Jusqu’au plein de l’hiver faire durer l’automne.
Sage, rester un fou que sa sagesse étonne.
Être le violon marqué d’un chiffre ancien
Et prisé pour cela du bon musicien.
Car le bois, travaillé par le temps fibre à fibre,
En est au point voulu d’harmonique équilibre,
Il criait autrefois au toucher de l’archet
Comme si brusquement un ongle l’écorchait.
Il semblait en trouver la caresse méchante.
Aujourd’hui, sous l’archet, dès qu’on l’attaque, il chante.
Table, âme, chevalet, nerfs, il est tout vibrant.
Et plus on a joué dessus, et plus il rend.