Mes paradis/Dans les remous/Ô jeunesse, c’est toi qu’il faut que l’on vénère


LVII


Ô jeunesse, c’est toi qu’il faut que l’on vénère,
Même dans tes excès dont on est revenu.
On admire, resté debout, l’arbre chenu
Qu’a dépouillé le temps et cavé le tonnerre ;

Mais celui qui bourgeonne et qu’avril régénère,
Qui monte, qui grandit d’un effort continu,
Celui-là, c’est l’espoir, l’avenir, l’inconnu,
Dont la sève est tarie au cœur du centenaire.

Donc, à déraisonner, la jeunesse a raison.
Et tant pis si parfois sa folle frondaison
Au front des vermoulus grimpe et les tarabuste !

Vieux troncs, dont plus ne doit reverdir le sommet,
De vos branchages morts n’écrasez point l’arbuste.
Respectez dans sa fleur les fruits qu’elle promet.