Ma Dame, je me meurs abandonné d’espoir

Ma Dame, je me meurs abandonné d’espoir
Les Amours, Texte établi par Hugues VaganayGarnier2 (p. 336).

L

Ma Dame, je me meurs abandonné d’espoir :
La playe est jusqu’à l’oz : je ne suis celuy mesme
Que j’estois l’autre jour, tant la douleur extrême
Forçant la patience, a dessus moy pouvoir.
Je ne puis ny toucher, gouster, n’ouyr ny voir :
J’ay perdu tous mes sens, je suis une ombre blesme :
Mon corps n’est qu’un tombeau. Malheureux est qui
Malheureux qui se laisse à l’Amour decevoir ! [aime,
Devenez un Achille aux playes qu’avez faites,
Un Telefe je suis, lequel s’en va perir :
Monstrez moy par pitié voz puissances parfaites,
Et d’un remede prompt daignez moy secourir.
Si vostre serviteur, cruelle, vous desfaites,
Vous n’aurez le Laurier pour l’avoir fait mourir.