Méthode pratique d’orchestration symphonique/Violon

Enoch & Cie Éditeurs (p. 4-13).

Des Instruments à Archet

Violon

Les parties de Violons s’écrivent en Clef de Sol

Le VIOLON est monté de quatre cordes ; on l’accorde par Quintes, Sol, Ré, La, Mi, en commençant par le La.

Le Sol s’appelle 4me corde

Le s’appelle 3me corde.

Le La s’appelle 2me corde.

Le Mi s’appelle 1re corde ou Chanterelle.

1[1]

\relative c'' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  <a e'>4^"Accord."s <g,d'> s
  \cadenzaOn g4^"Étendue." \tiny a b c
  \normalsize d \tiny e f^"* avec les chromatiques." g
  \normalsize a \tiny b c d
  \normalsize e \tiny f g a b c d e\bar "" f g \bar "|" \ottava #1
  a_\markup{\tiny\center-column { "Peu usité" "dans l'orchestre."} } b\bar "" c \bar "||" 
}

Les grosses notes sont celles qu’on appelle faites à vides et que nous indiquons dans l’exemple suivant par un 0. Dans le doigté du violon on ne se sert pas du pouce. L’index compte comme 1er doigt, le médius 2me, l’annulaire 3me, et le petit doigt 4me.

Les différentes places occupées par la main sur le manche du Violon s’appellent Positions ; il y en a sept ;[2]

Les plus faciles sont la 1re et la 3me.

2

\relative c' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  g_0^\markup{1\super re Position.}_"Doigté"\tiny a_1 b_2 c_3 \normalsize \bar "||"d_0_"Le 0 indique les notes à vide" \tiny e_1 f_2 g_3 \normalsize \bar "||"a_0 \tiny b_1 c_2 d_3 \normalsize \bar "||"e_0 \tiny f_1 g_2 a_3 \normalsize \bar "||" \break
  b,,_1^\markup{2\super me Position.} c_2 d_3 e_4 \bar "||" f_1_"Ici il n'y a plus de notes à vide" g_2 a_3 b_4 \bar "||" c_1 d_2 e_3 f_4 \bar "||" g_1 a_2 b_3 c_4 \bar "||" \break
  c,,_1^\markup{4\super e Corde.}^\markup{3\super me Position.} d_2 e_3 f_4 g_1^\markup{3\super me} a_2 b_3 c_4^"etc."\bar "||"
  d,_1^\markup{4\super e Corde.}^\markup{4\super me Position.} e_2 f_3 g_4 a_1b_2 c_3 d_4^"etc." \bar "||" \break
  e,_\markup{4\super e Corde.}^\markup{5\super me Position.} f g a b c d e^"etc."\bar "||"
  f,_\markup{4\super e Corde.}^\markup{6\super me Position.} g a b c d e f^"etc."\bar "||"
  g,_\markup{4\super e Corde.}^\markup{7\super me Position.} a b c d e f g^"etc."\bar "||"
}

A la 1re position, on fait encore une note avec le 4me doigt, sur chaque corde, cette note, pour les cordes Sol, et La, correspond à la note à vide de la corde qui suit. À chaque position on fait encore un 1/2 ton par extension (en montant) avec le 4me doigt et cela sans déplacer la main ; par exemple : sur le Mi, après avoir fait le Si (4me doigt), on fait encore Do .

Et à partir de la 2me position on fait même un ton de plus par extension surtout sur la 2me et la 1re corde.

On fait aussi très souvent par extension un 1/2 ton en descendant, toujours sans déplacer la main. Du reste les gammes chromatiques ne se font pas autrement, et l’on est forcé de faire deux notes avec le même doigt, tant pour les gammes montantes que pour les gammes descendantes.

EXEMPLES SUR LES ACCORDS LES PLUS USITÉS[3]

ACCORDS DE DEUX NOTES

3

\relative c' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  <c d>4\(^"Secondes." <des es> <d e>\)
  \tiny <es f> <e! fis> <f g> <fis gis>
  \normalsize <g a>\( <as bes> <a! b!>\)
  \tiny <bes c> <c d>
  \normalsize <d e>\( <es f> <f! fis>\) \bar "||"
}
La suite difficile
1re Position

La 1re seconde : se fait : le do avec le 3e doigt (sur le sol) et le se fait à vide sur la 3me corde.

La 2me seconde se fait : le avec le 4me doigt (sur le sol) et le mi se fait avec 1er doigt sur la 3me corde.

La 3e seconde est plus difficile parce qu’il faut changer de position (à la 2me).

Les Secondes sont peu employées, sauf celles que nous indiquons en grosses notes. Pour l’orchestration il ne faut guère dépasser le dernier de l’ex.


4

\relative c' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  <bes d>4\(^"Tierces majeures et mineures" <b d> <c es> <cis e> <d f> <d fis>\)
  \tiny <dis fis> <e g> <e gis>
  \normalsize <f a>\( <fis a> <g bes> <g b!> <gis b> <a c> <a cis>\)
  \tiny <bes d> <b! d> <c es>
  \normalsize <c e!>\( <cis e> <d f> <d fis> <dis fis> <e g>\)^"etc." \bar "||"
}
diff.

Les Tierces sont faciles et d’un emploi fréquent surtout dans les parties de 2me Violon et Alto.

5

\relative c' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  <a d>4^"Quartes." <bes es> <b e> <c f> <cis fis> <d g>
  \tiny <dis gis>
  \normalsize <e a> <f bes> <fis b> <g c> <gis cis> <a d> <bes es> <b e> <c f>^"etc."\bar "||"
}

On ne devra employer les Quartes qu’avec prudence, car on ne les fait pas toujours bien justes ; sauf celles qui contiennent une corde à vide comme .

Pour l’orchestration, il ne faut guère dépasser le dernier de l’ex.


6

\relative c' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  <gis d'>4^"Quintes diminuées ou Tritons."-× <aes d>-× <a es'>-∅ <bes e>-×
  <b! f'>-∅ <c fis>-× <cis g'> <d gis>
  <es a>-× <e ais> <f b>-× <fis c'>-∅
  <g cis>-× <as d> <a es'> <bes e>^"etc." \bar "||"
}

Les accords marqués × sont assez faciles, les autres sont plus difficiles.

Remarque très importante : Toutes les Quintes diminuées, sauf celles qui contiennent une corde à vide, comme la 1re de l’ex., sont assez difficiles, et les Quartes augmentées sont plus faciles, Pourquoi ?[4] Parce que les quintes justes se font avec un seul doigt, et les quintes diminuées ne peuvent se faire qu’avec deux doigts, l’exécutant est donc obligé d’employer un faux doigté pour pouvoir faire les quintes dim:, par ex. comme celles marquées du signe ∅ à l’ex. ci-dessus ; pour la 1re il faut considérer le mi comme un , pour la 2me il faut transformer ou le si en do , ou le fa en mi (de même pour les autres) et alors ces quintes dim: deviennent des quartes augm:. Le lecteur comprendra de suite que ces transformations subites embarrassent quelque peu l’exécutant, de sorte que dans l’orchestration il faut autant que possible éviter l’emploi des quintes dim. ; mais il ne faut pas non plus mettre des pour des mi (quand on est en si ), ou des do pour des si (quand on est en ut), sous peine de commettre des fautes d’harmonie ou des fautes d’écriture si l’on veut.

Ce que nous conseillons, c’est d’user des quartes augm: et surtout des quintes dim: avec une certaine prudence, pour ces deux raisons : doigté assez difficile, et justesse souvent douteuse, en tous cas il ne faut pas de mouvements vifs pour l’emploi de ces doubles cordes.

7

\relative c' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  <g d'>^"Quintes justes." <as es'> <a e'>\glissando s1_"etc." <a' e'>4^"*"
  \bar "||"
}

Toutes les Quintes justes sont très faciles, car elles se font avec un seul doigt, mais il est prudent de ne pas trop dépasser le  ; au delà, les autres ne sont pas plus difficiles à obtenir, mais on ne les rend pas toujours parfaitement justes.

Ne pas abuser de l’emploi des Quintes.


Quant aux Quintes augmentées, les remarques faites à propos des quintes diminuées sont applicables aux quintes augmentées ; on est encore obligé d’employer deux doigts ainsi qu’un faux doigté ; ex : pour  : il faut considérer le sol comme un la , c’est-à-dire comme une Sixte mineure. On devra donc autant que possible les éviter.

Nous ne prétendons pas dire qu’il faille écarter des orchestrations les quintes dim: et les quintes augm:, mais nous conseillons d’en restreindre l’emploi aux cas nécessités soit par la correction de l’écriture, soit par les résolutions qui suivent, résolutions qui se produisent le plus souvent : sur l’accord de Tonique pour les quintes dim:, et sur l’accord de Sixte maj: pour les quintes augm:.

En résumé, les Quartes augm: sont assez faciles, et les Quintes dim: ainsi que les Quintes augm: sont plus difficiles mais non impossibles, et il ne faut s’en servir que dans les mouvements assez modérés, ou quand un silence quelconque précède ces accords.


8

\relative c' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  <g es'>^\markup{\left-column{"Sixtes mineures" "et majeures."}} <gis e'> <as f'> <a f'>\glissando s1_"etc." <fis'' d'>4^"*"
  \bar "||"
}

Toutes les Sixtes mineures et majeures sont faciles et fort usitées : on fait avec la même facilité les Septièmes diminuées qui sont en réalité des Sixtes majeures.


9

\relative c' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  <g f'>^"Septièmes." <gis fis'> <a g'>\glissando s1_"etc." <d' c'>4^"*"
  \bar "||"
}

Toutes les Septièmes sont d’un abord facile et d’un emploi fréquent ; mais on doit éviter de monter plus haut que

Quant aux Octaves, elles peuvent toutes se faire, mais au-delà de la 3me position leur exécution est difficile ; on les évite dans l’orchestration (sauf pour le cas d’un chant en octaves divisées). Toutefois, celles qui contiennent une note à vide ou celles qui sont bien préparées par les notes qui précèdent peuvent se faire sans difficulté ; de même après un silence, on attaque très bien les octaves à la 1re, 2me et 3me position.

10

\relative c' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  <g g'>4^\markup{\left-column{"Octaves avec" "notes à vide."}} s <d' d'> s <a' a'> s \bar "||"
  <d b'>^"Octaves bien préparées." <d b'> <d d'> <d d'>
  <e, c'> <e c'> <e e'> <e e'> \bar "||"
}

ACCORDS DE TROIS NOTES

11

\relative c' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  <g d' bes'>4^"Quinte et Sixte." <g d' b'> <gis dis' b'> <as es' c'!> <a e' c'> <a e' cis'>
  \glissando  \textLengthOn s1_\markup{\center-column{etc. "tous  faciles."}}
  <a' e' cis'>4\bar "||"
}
12

\relative c' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  <g es' c'>4^"Sixte et Sixte." <g e' c'> \tiny <gis e' cis'> <gis eis' cis'> \normalsize
  <a f' d'> <a fis' d'> <bes ges' es'> <bes g' es'> <b g' e'> <b gis' e'>
  <c as' f'> <c a' f'> <cis a' fis'> <cis ais' fis'>
  <d bes' g'> <d b' g'> \tiny <dis b' gis'> <dis bis' gis'> \normalsize
  <e c' a'> <e cis' a'> <f d' bes'> <fis d' b'>
  <g es' c'> <g e' c'> \tiny <gis e' cis'> <gis eis' cis'> \normalsize
  <a f' d'> <a fis' d'>\bar "||"
}
La suite
diff.
13

\relative c' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  <g es' bes'>4^"Sixte et Quinte." <g e' b'> <gis e' b'> <a f' c'>
  \glissando \textLengthOn s_\markup{\center-column{etc. facile.}}
  \tiny <c a' e'>4 <cis a' e'> <des bes' f'> \normalsize
  <d bes'! f'> <d b' fis'> <dis b' fis'> <es c' g'>
  s_\markup{\center-column{etc. facile.}}
  \bar "||"
}

DIFFÉRENTS ACCORDS DE TROIS NOTES

14

\relative c' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  <g g' b>4 <g f' d'>
  <f' a f'> <c d a'>
  <d c' fis> <d c' a'>
  <d d' fis!> <d d' f>
  <a e' a> <a g' a>
  <c g' a> <g' a e'>
  <cis, e a> <g' c! e> <g cis e>
  <g bes e> <gis bes e>
  <f a e'> <fis a e'> <fis ais e'>
  \bar "||"
}

ACCORDS DE QUATRE NOTES

15

\relative c' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  <g d' bes' g'>4 <g d' b' g'>
  \textLengthOn s1_\markup{\center-column{etc. faciles.}}
  \bar "||"
}

DIVERS ACCORDS DE QUATRE NOTES

16

\relative c' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  <a g' a e'>4 <g es' bes' g'> <g e' b' g'> <cis e a e'>
  <g g' b e> <g g' bes e> <gis e' b' e>
  \bar "||"
}

On ne doit se servir qu’avec prudence de tous les accords de quatre notes, surtout quand ils ne contiennent pas de notes à vide.

et il faut éviter les changements pendant les mouvements vifs, du reste, ces précautions sont à observer pour tous les accords en doubles cordes.

On peut obtenir sur le Violon une quantité considérable d’autres accords, mais nous avons cité seulement ceux qui nous ont paru les plus usités. S’il se présente, dans l’orchestration d’un morceau, des cas où d’autres accords paraîtraient devoir être employés, le lecteur qui aura bien compris tout ce qui vient d’être dit au sujet de leur marche, pourra juger facilement si ceux qu’il se propose d’employer sont possibles ou impossibles.

Les accords de trois et quatre notes ne peuvent se faire qu’à la condition d’être légèrement arpégés ; il ne faudrait pas les écrire en valeur de Ronde ou Blanche, parce qu’on ne peut soutenir que deux notes à la fois[5] ; mais comme on peut quitter les notes du bas de l’accord et soutenir la dernière note ou les deux dernières, l’Orchestrateur écrit quelquefois les notes du bas, en Noires ou en petites notes, et la dernière de l’accord en Blanche, Ronde, ou tout autre valeur. (Ceci est également applicable à l’Alto et au Violoncelle).

16

\relative c''' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  <<{g2^"En tenant une note."}\\{\stemUp<g,, d' b'>4}>>
  \appoggiatura { g16[_ou d' b'] } g'2 \bar "||"
  <<e2\\{\stemUp<e, c'>4}>> \appoggiatura { e16[ c'] } e2 \bar "||"
  <<{<b g'>2^"En tenant deux notes."}\\{\stemUp<g, d'>4}>>
  \appoggiatura { g16[ d'] } <b' g'>2 \bar "||"
  <<{\stemDown<c e>2}\\e,4>> \appoggiatura e8 <c' e>2 \bar "||"
}

On peut également arpéger les accords d’une façon égale et mesurée ; ce genre d’arpèges s’exécute très facilement.

17

\relative c' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  <g e' c' g'>4 g32[( e' c' g']) g([ c, e, g,)]
  <g d' b' g'>4 g32[( d' b' g']) g([ b, d, g,)]
  <g' c e>4 \times 2/3 { g16([ c e)] } \times 2/3 { e16([ c g)] }
  <g d' b'>4 \times 2/3 { g16[( d' b']) } \times 2/3 { b[( d, g,]) }
  \bar "||"
}

Comme dans tous les Orchestres chaque pupitre de 1er Violon est occupé par deux exécutants (il en est de même pour les autres parties d’Instruments à cordes) il arrive fréquemment que pour les accords impossibles ou difficiles, ou bien encore pour un chant en tierces, sixtes ou octaves, les musiciens de chaque pupitre se partagent l’accord, ou la suite d’accords en faisant, les uns[6] la partie supérieure, les autres la partie inférieure.

Quand l’Orchestrateur le juge nécessaire il peut donc indiquer ce partage d’accords par le mot Div : (Divisez) ; placé au-dessus de la portée ; quand la division doit cesser on écrit le mot Unis : (Unisson).

18

\relative c' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  <<
    {b2^"Div." c d e}
    \\
    {g,2 a b c}
  >>
  <c' e>8 <d f>16 <c e> <b d> <a c> <g b> <f a> <e g>4 r
  <e c'>^"Unis." <e c'>c'16 d e f g4
  \bar "||"
}

On peut également employer les divisions dans les parties de 2mes Violons, Altos, Violoncelles, même de Contre-Basses. (On écrit en effet, quelquefois des octaves divisées, pour les Contre-Basses, mais ce cas est rare).

On emploie assez souvent le Pizzicato (cordes pincées avec le doigt) ; on l’indique par l’abréviation Pizz. quand le Pizzicato cesse on indique la reprise de l’archet par le mot Arco. Il me faut pas dépasser le contre Ut pour les Pizzicato[7].

On met quelquefois dans les Fantaisies ou dans une introduction, des Solos de Violon ; il faut alors écrire sur la partie les mots Violon Solo. Si les autres 1ers Violons doivent jouer en même temps une partie différente, il faut mettre cette partie en accolade et au-dessous du Violon Solo. À la fin du Solo on écrit le mot Uniss : pour indiquer que le Violon Solo doit continuer avec les autres.

Il est prudent de ne pas faire monter les 1ers Violons au delà du Sol de la 3me octave (quatre lignes supplémentaires) sauf dans certains cas bien amenés ou exceptionnels. Pour les accords pratiqués par les 2mes Violons et Altos, il ne faut pas, autant que possible, dépasser la portée.

On emploie la Sourdine pour rendre certains effets excessivement doux ; dans ce cas, on écrit au-dessus ou au-dessous de la portée, à l’endroit voulu, ces mots : Avec Sourdine ; et quand il faut l’enlever : Enlevez la Sourdine. On peut faire mettre les Sourdines à tout le Quatuor, excepté aux Contre-Basses. Il faut s’arranger de façon à ce que les exécutants aient le temps de mettre leur Sourdine et de même quand il s’agit de l’enlever.

Pour l’Orchestre on écrit deux parties de Violons : 1ers et 2mes Violons[8].

Voici maintenant divers détails très importants concernant l’Attaque des Cordes par l’Archet.

Les principaux mouvements de l’archet sont : le Tiré et le Poussé. Quand il n’y a pas de liaisons sur les notes il faut tirer et pousser pour chacune d’elles, autant que possible l’exécutant s’arrange pour que les Temps forts (et souvent les parties fortes des temps) soient tirés pour que le rythme soit mieux accentué, mais ce n’est pas une règle absolue. Le Tiré donne plus de puissance que le Poussé. Quand le Compositeur veut les désigner il indique sur la note le Tiré par ce signe , et le Poussé par celui-ci . Les grands accords de trois et quatre notes sont toujours tirés (toutefois, sur le Violoncelle ces accords peuvent être assez souvent poussés).

Les cordes attaquées avec la Pointe de l’archet, donnent des sons doux et très fins.

Le Milieu de l’archet donne les sons ordinaires, soit forte, soit piano ; cette tenue de l’archet sert le plus souvent.

Le Talon de l’archet donne une grande énergie, quelquefois rude.

On fait assez souvent une succession de sons avec le Talon de l’archet, quelquefois une phrase entière avec un tiré sur chaque note.

Une Liaison sur plusieurs notes indique qu’il ne faut qu’un coup d’archet pour toutes ces notes ; soit Tiré, soit Poussé. cependant beaucoup de Compositeurs mettent des liaisons sans avoir l’intention d’indiquer les coups d’archet, mais simplement pour montrer qu’une mélodie doit être soutenue. On peut aussi marquer : Cantabile ou Soutenu ou Bien chanté, ou encore : Laissez l’archet à la corde. Dans tous les cas il serait préférable d’indiquer le plus exactement possible, les liaisons concernant les coups d’archet.

Les notes avec des Points et une Liaison sur les points doivent être faites avec le même coup d’archet et en accentuant chaque note.

Ce signe — sur une ou plusieurs notes désigne aussi qu’il faut bien soutenir les notes en laissant l’archet à la corde.

Des Points sur les notes, sans liaisons, indiquent simplement le Piqué ordinaire, et on l’indique souvent sur la partition par le mot Stacc :

Les Points comme celui-ci ʹ indiquant un grand détaché sec ou martelé, se font à grands coups d’archet, et quelquefois du talon, le plus souvent dans le forte ; mais on devrait écrire sur la partie, soit détaché, soit martelé.

Le même signe ʹ s’emploie encore assez souvent pour des passages piano, il se fait également détaché, sec ou martelé, mais avec la pointe de l’archet, il faudrait indiquer : de la pointe.

Il y a encore quelques variétés de coups d’archet, d’un très bel effet, et que l’on a quelquefois l’occasion d’employer à l’Orchestre pour des passages doux et délicats, c’est : le Sautillé, le Jeté et le Staccato.

Le Sautillé s’obtient en faisant légèrement rebondir l’archet sur la corde, on met des points sur les notes ; mais il faut, pour que l’exécutant voie de suite ce que le compositeur a voulu, mettre l’une des indications suivantes : ou sautillé, ou léger, ou très léger, ou simplement légèrement. Le Sautillé se fait avec la pointe de l’archet pour jouer piano, et avec le tiers supérieur de l’archet pour jouer demi-fort.

Le Jeté est une variété du Sautillé : se fait encore légèrement. On jette l’archet sur la corde, et en le laissant rebondir l’on fait ainsi plusieurs notes consécutives (deux, trois, quatre et plus au besoin) du même coup d’archet, généralement poussé en partant du milieu de l’archet jusqu’au bout[9]. S’écrit avec des points sur les notes et une liaison sur les points. Il faut indiquer le mot Jeté.

Le Staccato est une suite de notes faites avec un même coup d’archet, ou tiré ou poussé, mais plus souvent poussé. Il ne faut pas le confondre avec le Jeté, car on doit laisser l’archet à la corde en accentuant légèrement chaque note. Le Staccato est très difficile à bien rendre ; on l’emploie surtout dans les mouvements assez vifs et par degrés conjoints. On l’indique comme pour le Jeté, par des points sur les notes et une liaison au-dessus des points. Le Compositeur n’a pas à le designer sur la partie.

Il était nécessaire d’expliquer ces différents coups d’archet que l’Orchestrateur doit connaître, mais il faut dire que fréquemment le compositeur ne se croit pas astreint à noter à chaque instant chacun de ces coups d’archet, les indications ordinaires (points et liaisons sur les notes ou notes naturelles sans rien au-dessus) devant le plus souvent suffire à l’exécution. Il est bon cependant d’appeler l’attention de l’exécutant pour le talon de l’archet, soit qu’on l’emploie pour quelques notes, soit pour des passages plus longs.

Le Tremolo sur une ou deux cordes se fait très facilement, il est assez souvent employé a l’Orchestre.

Il en est de même pour l’Alto et le Violoncelle, et même pour la Contre-Basse (mais sur une seule corde).

Les Sons harmoniques naturels sont ceux que l’on peut faire sur les cordes à vide, surtout les notes de l’accord parfait, en prenant, bien entendu, pour fondamentale l’une de ces cordes à vide. Pour les obtenir, l’exécutant, au lieu d’appuyer sur la corde, comme à l’ordinaire, ne fait que l’effleurer avec le doigt ainsi qu’avec l’archet et assez souvent avec l’un des côtés de l’archet. Ces harmoniques répondent à l’octave et même à deux octaves si l’on veut, mais alors avec un autre doigté. Les plus faciles sont : ceux qui donnent l’octave au diapason exact de la note écrite, et ceux qui répondent à la double octave de chaque corde à vide. Pour les 1ers on effleure la corde au milieu (4me doigt), et pour les 2mes, on effleure la corde une quarte au-dessus.

Les tierces et les quintes de l’accord parfait (des cordes à vide), se font autrement et avec différents doigtés.

On peut également obtenir des sons harmoniques sur tous les degrés de la Gamme chromatique, on les appelle Harmoniques artificiels, ceux-là sont plus difficiles à exécuter, car il faut deux doigts pour chaque note et sur la même corde, la note fondamentale doit être appuyée par le 1er doigt, il faut ensuite, pendant la tenue de cette note, effleurer une autre note, toujours sur la même corde, le plus souvent une quarte au-dessus de la note que l’on tient, et le son harmonique sortira deux octaves au-dessus de la note fondamentale. En tout cas les sons harmoniques ne peuvent être employés que dans des mouvements assez modérés, et le plus souvent dans un solo de Violon ou de Violoncelle, car on s’en sert rarement à l’Orchestre.

Il n’est pas nécessaire d’expliquer le véritable doigté de chaque note harmonique, aussi simplifie-t-on en mettant seulement un zéro sur chaque note ; le Compositeur écrit alors les sons harmoniques deux octaves au-dessous[10], excepté toutefois pour ceux de la 1re octave au-dessus de chaque corde à vide.

Ils se pratiquent sur une grande étendue qui va jusqu’au double contre-mi au-delà de la portée, aussi ont-ils beaucoup de rapport avec les sons de Flûte et même de Petite Flûte.

Les sons harmoniques sont également usités à l’occasion sur l’Alto et le Violoncelle et même sur la C.-Basse (très rarement).

La connaissance approfondie des sons harmoniques devrait être l’objet d’une étude spéciale, le lecteur pourra, s’il le désire, consulter une Méthode de Violon.

À notre avis les explications ci-dessus suffisent pour l’Orchestration.

  1. Inutile de dire que la Gamme chromatique peut être exécutée sur tous les Instruments.
  2. Et même jusqu’à onze au besoin, mais alors sur la chanterelle seulement. A l’orchestre on dépasse rarement la 7me position.
  3. Les Accords écrits en grosses notes sont faciles, les autres sont assez difficiles on fera bien de ne pas trop s’en servir à moins de Diviser. Il est bon de dire que les Accords sont aussi appelés Doubles Cordes.
  4. Pourtant une quinte diminuée comme une quarte augmentée ne contient en somme que trois tons, ce qui n’empêche (au point de vue du doigté) qu’une quinte est toujours une quinte, qu’elle soit juste, ou diminuée, ou augmentée.
  5. Il est, en effet, facile de constater, d’après la forme du chevalet qui supporte les cordes, que les deux du milieu sont plus élevées par rapport à la surface du Violon que les deux extrêmes ; par suite, l’archet en s’inclinant, soit à droite, soit à gauche, peut faire vibrer deux cordes, mais pas davantage ; les accords de 3 et 4 notes exigent un mouvement tournant de l’archet (du grave à l’aigu) sur les 4 cordes pour les faire vibrer avec rapidité mais successivement, ce qui rend l’accord légèrement arpégé.
  6. Ils sont désignés d’avance par le Chef d’orchestre.
  7. Et pour la reprise de l’archet à sa position ordinaire, il faut que l’exécutant ait un petit moment d’arrêt ; un demi-soupir suffit souvent, ou un soupir dans un mouvement de Valse.
  8. Il est prudent d’éviter les difficultés pour les 2mes Violons, car il arrive assez souvent que ces parties sont tenues par des exécutants de force moyenne.
  9. Le plus souvent ce sont des notes répétées.
  10. Wagner les écrit réellement au diapason voulu, d’autres les écrivent une octave au-dessous au lieu de deux.