Maisons héréditaires
Treizième maison
Tchao

CHAPITRE XLIII

Treizième maison héréditaire

Tchao (101).


p.7 Les aïeux de la famille Tchao se rattachent au même p.8 ancêtre que les Ts’in (102). Lorsqu’apparut Tchong-yen (103), il fut le cocher de l’empereur T’ai-meou (104). Son descendant, Fei-lien, eut deux fils : l’un s’appelait Ngo-lai (105) ; il servit Tcheou (106) et fut tué par (le roi Ou, de la dynastie) Tcheou ; ses descendants furent (les princes de) Ts’in. Le frère cadet de Ngo-lai s’appelait Ki-cheng ; ses descendants furent (les princes de) Tchao. Ki-cheng engendra Mong-tseng ; Mong-tseng fut en faveur auprès du roi Tch’eng, de (la dynastie) Tcheou ; il fut « celui qui demeure à Kao-lang (107) ». Kao-lang engendra Heng-fou. Heng-fou engendra Tsao-fou ; Tsao-fou fut en faveur auprès du roi Mou, de (la dynastie) Tcheou ; Tsao-fou assortit le quadrige (108) p.9 de Ki (109) en lui adjoignant Tao-li, Hoa-lieou et Lou-eul, originaires de T’ao-lin (110), puis il l’offrit au roi Mou ; le roi Mou chargea Tsao-fou de lui servir de cocher et alla dans l’ouest inspecter les fiefs ; il vit Si-wang-mou (111) ; il se p.10 plut en sa compagnie et oublia de revenir. Alors le roi Yen, de Siu (112), se révolta. Le roi Mou, grâce à ses chevaux qui franchissaient mille li en un jour, attaqua le roi Yen de Siu, et lui fit subir une grande défaite. Puis il donna en présent la ville de Tchao (113) à Tsao-fou ; à partir de ce moment, (cette famille) devint la famille Tchao.

Six générations après Tsao-fou, on arrive à Yen-fou, qui est appelé Kong-tchong. Le roi Siuen, de (la dynastie) Tcheou, en ce temps attaqua les Jong, et fit de lui son cocher ; à la bataille de Ts’ien-meou (114), Yen-fou sauva le roi Siuen. — Yen-fou engendra Chou-tai ; à l’époque de Chou-tai, le roi Yeou (781-771) de (la dynastie) Tcheou, p.11 se conduisit d’une manière déraisonnable ; (Chou-tai) quitta (donc la cour des) Tcheou et se rendit dans (le pays de) Tsin ; il servit le marquis Wen (780-746), de Tsin ; c’est alors qu’il établit pour la première fois la famille Tchao dans le royaume de Tsin.

A partir de Chou-tai, les aïeux des Tchao devinrent de plus en plus florissants ; à la cinquième génération, ils engendrèrent Tchao Sou (115). (A l’époque de) Tchao Sou, le duc Hien, de Tsin, en la seizième année de son règne (661), attaqua (les pays de) Houo, Wei et Keng (116) ; alors Tchao Sou, en qualité de général, attaqua Houo ; le duc de Houo chercha son refuge dans (le pays de) Ts’i. Tsin souffrit d’une grande sécheresse ; on consulta les sorts qui dirent que le Houo-t’ai-chan (117) était le principe (du mal) (118) ; Tchao Sou fut chargé d’aller chercher dans (le p.12 pays de) Ts’i le prince de Houo et de le réinstaller pour qu’il s’acquittât des sacrifices au Houo-t’ai-chan ; (à la suite de cela), Tsin eut de nouveau la fertilité. Le duc Hien, de Tsin, donna en présent à Tchao Sou (la principauté de) Keng. (Tchao) Sou engendra Kong-mong. C’était alors la première année (661) du duc Min de Lou (119).

Kong-mong engendra Tchao Tch’oei (120), dont l’appellation fut Tse-yu. Tchao Tch’oei consulta les sorts afin de savoir qui il devait servir, du duc Hien, de Tsin, et des divers princes ; pour aucun la réponse ne fut favorable ; il consulta les sorts afin de savoir s’il devait servir le prince Tch’ong-eul ; la réponse fut favorable ; il se mit donc au service de Tch’ong-eul. A cause des troubles suscités par Li Ki (121), Tch’ong-eul s’enfuit chez les Ti (655) (122). p.13 Les Ti, accompagnés par Tchao Tch’oei, attaquèrent (la tribu) Tsiang-kao-jou (123) et lui prirent deux filles ; les Ti donnèrent la cadette pour femme à Tch’ong-eul ; l’aînée épousa Tchao Tch’oei et enfanta Toen. Auparavant lorsque Tch’ong-eul était dans le pays de Tsin, la femme (124) de Tchao Tch’oei avait déjà enfanté Tchao T’ong, Tchao Kouo et Tchao Yng-ts’i. Tchao Tch’oei accompagna Tch’ong-eul dans son exil qui dura en tout dix-neuf années ; ayant pu revenir dans son pays (636), Tch’ong-eul devint le duc Wen, de Tsin. Tchao Tch’oei fut nommé seigneur (ta fou) de Yuen (633)  (125) ; il résida à Yuen et fut chargé du gouvernement de l’État. Si le duc Wen put rentrer dans son pays et atteindre à l’hégémonie, ce fut en grande partie aux conseils de Tchao Tch’oei qu’il le dut. Cela est raconté dans le récit des événements du pays de Tsin (126). Lorsque Tchao Tch’oei fut revenu dans le pays de Tsin, sa femme originaire de Tsin voulut absolument aller à la rencontre de son autre femme, originaire du pays des Ti ; le fils de cette dernière, (Tchao) Toen, fut considéré comme l’héritier légitime ; les trois fils de la femme originaire de Tsin lui furent soumis et le servirent. La sixième année (622) du duc Siang, de Tsin, Tchao Tch’oei mourut. Son nom posthume fut Tch’eng-ki.

p.14 Tchao Toen remplaça Tch’eng-ki dans le gouvernement du royaume. Deux ans plus tard (621), le duc Siang, de Tsin, mourut. L’héritier présomptif, I-kao, était un enfant. (Tchao) Toen, considérant que la situation du royaume était fort difficile, désira mettre sur le trône Yong, frère cadet du duc Siang, et, comme, en ce temps, Yong se trouvait dans le pays de Ts’in, il envoya des émissaires le chercher. La mère de l’héritier présomptif jour et nuit gémissait et pleurait ; frappant de son front la terre, elle dit à Tchao Toen :

— Quel crime a commis le prince défunt pour que vous rejetiez son héritier légitime et que vous cherchiez un autre prince ?

Tchao Toen s’inquiéta de cela ; il eut peur d’être attaqué soudain et mis à mort par la famille (de la princesse-mère) et par les grands officiers : il plaça donc sur le trône l’héritier présomptif ; ce fut le duc Ling ; il fit partir des troupes pour arrêter le frère cadet du duc Siang qu’on était allé chercher dans le pays de Ts’in (127).

Quand le duc Ling fut monté sur le trône, Tchao Toen accapara de plus en plus le gouvernement du royaume. Au bout de quatorze ans de règne, le duc Ling se montra d’une arrogance toujours plus grande ; Tchao Toen lui fit de vives remontrances, le duc Ling ne les écouta pas ; puis, un jour qu’il mangeait des pattes d’ours, comme la cuisson n’était pas à point, il tua le cuisinier et fit emporter au dehors son cadavre ; Tchao Toen vit (ce corps) ; à partir de ce moment, le duc Ling eut peur et désira tuer (Tchao) Toen. Tchao Toen était habituellement bon et charitable ; l’homme affamé auquel il avait donné à manger sous un mûrier revint s’opposer (aux assassins) et secourut (Tchao) Toen. (Tchao) Toen put p.15 ainsi s’échapper (128). Avant qu’il fût sorti du territoire du pays de Tsin, Tchao Tch’oan fit périr le duc Ling (607) et mit sur le trône Hei-t’oen, frère cadet du duc Siang ; ce fut le duc Tch’eng. Tchao Toen revint de nouveau et se chargea du gouvernement de l’État. Les sages blâmèrent (Tchao) Toen de ce que, étant haut dignitaire du premier rang, il s’était enfui sans sortir du territoire (129), et, à son retour, n’avait pas mis à mort les coupables. C’est pourquoi le grand historien écrivit cette phrase :

« Tchao Toen a assassiné son prince ».

Au temps du duc King (599-581), de Tsin, Tchao Toen mourut ; son nom posthume fut Siuen-mong.

Son fils, (Tchao) Cho lui succéda. Tchao Cho (130), la troisième année (597) du duc King, de Tsin, (Tchao) Cho, en qualité de commandant de la troisième armée (131) de Tsin, vint au secours (du pays) de Tcheng ; il livra bataille au roi Tchoang, de Tch’ou, sur les bords du Ho (132).

(Tchao) Cho avait pris pour épouse la sœur aînée du duc Tch’eng, de Tsin. La troisième année (597) du duc King, le grand officier T’ou-ngan Kou voulut exterminer la famille Tchao (133). Auparavant, lorsque Tchao Toen p.16 était encore en vie, il vit en songe Chou-tai qui se tenait la taille (134) avec ses mains et se lamentait ; il était fort affligé, puis il se mit à rire, il battit des mains et même chanta. (Tchao) Toen consulta les sorts à ce sujet au moyen de l’écaille de tortue ; les fissures (135) s’interrompaient et ensuite étaient bonnes ; le clerc attaché à la famille Tchao, Yuen, interpréta l’augure en disant :

— Ce songe est fort mauvais : ce n’est pas votre propre personne (qu’il menace), mais c’est assurément votre fils ; p.17 ce sera cependant aussi une calamité pour vous-même ; lorsque viendra votre petit-fils, les générations futures de la famille Tchao déclineront de plus en plus.

T’ou-ngan Kou avait commencé par être en grande faveur auprès du duc Ling, puis, sous le règne du duc King, il devint ministre de la justice. Voulant susciter des difficultés, il fit le procès des assassins du duc Ling, afin d’atteindre Tchao Toen. Il allait partout dire aux généraux :

— Quoique (Tchao) Toen ne fût pas informé (du  complot), c’est lui qui était le chef des assassins ; quand un sujet a fait périr son prince et que ses descendants sont en charge à la cour, comment réprimerait-on les criminels ? Je propose qu’on extermine (les descendants de Tchao Toen).

Han Kiue (136) répliqua :

— Quand le duc Ling tomba sous les coups des assassins, Tchao Toen était sorti (de la ville). Nos pères estimaient qu’il n’était pas coupable et c’est pourquoi ils ne l’exterminèrent pas lui et sa parenté ; maintenant, vous autres, vous vous proposez d’exterminer ses descendants ; cela n’est point conforme aux intentions de nos pères. D’ailleurs, si maintenant vous les exterminez à tort, (sachez que) ceux qui exterminent à tort sont appelés des sujets rebelles. (Enfin), quand il y a une affaire d’importance et qu’on n’en informe pas le prince, c’est se conduire comme si on ne reconnaissait pas de prince.

T’ou-ngan Kou ne l’écouta pas. Han Kiue avertit Tchao Cho pour qu’il s’enfuît au plus vite. (Tchao) Cho s’y refusa en disant :

— Si vous vous engagez à faire en sorte que les sacrifices de la famille Tchao ne soient pas interrompus, moi, Cho, je ne craindrai pas de mourir.

Han Kiue fit cette promesse ; il prétexta une p.18 maladie et ne sortit plus. (T’ou-ngan) Kou, sans en demander l’autorisation (au duc King), se permit d’attaquer avec les généraux la famille Tchao dans le palais inférieur ; il tua Tchao Cho, Tchao T’ong, Tchao Kouo, Tchao Yng-ts’i, et anéantit entièrement toute leur parenté.

La femme de Tchao Cho, sœur aînée du duc Tch’eng, se trouvait être enceinte à la mort de son mari ; elle alla se cacher dans le palais ducal. Un client de Tchao Cho en informa Kong-suen Tch’ou-kieou ; celui-ci dit à un ami de (Tchao) Cho nommé Tch’eng Yng :

— Pourquoi ne mourez-vous pas ?

Tch’eng Yng répondit :

— La femme de (Tchao) Cho est enceinte après la mort de son mari ; si par bonne fortune elle a un fils, je le servirai ; si c’est une fille, je mourrai tranquillement.

Peu après, la femme de (Tchao) Cho accoucha ; elle enfanta un fils. T’ou-ngan Kou l’ayant appris, fit faire une perquisition dans le palais ; la femme plaça son enfant dans son caleçon et adressa aux dieux ce souhait :

— Si la lignée des Tchao doit être anéantie, qu’il crie ; si elle ne doit pas être anéantie, qu’il ne fasse aucun bruit.

Quand on procéda à la perquisition, aussi longtemps qu’elle dura, l’enfant ne fit aucun bruit. Quand il eut ainsi échappé (à ses ennemis), Tch’eng Yng dit à Kong-suen Tch’ou-kieou :

— Maintenant on a fait une perquisition et on ne l’a pas trouvé ; mais plus tard on ne manquera pas de le rechercher de nouveau ; que faut-il faire ? 

Kong-suen Tch’ou-kieou lui demanda :

— Faire rendre ses droits à un orphelin ou mourir, lequel est le plus difficile ?

— Mourir est plus facile, répondit Tch’eng Yng, faire rendre ses droits à un orphelin est plus difficile.

Kong-suen Tch’ou-kieou dit :

— Le chef défunt de la famille Tchao vous a fort bien traité ; c’est à vous de p.19 faire tous vos efforts pour accomplir la tâche difficile ; pour moi, j’accomplirai la tâche facile. Je demande à mourir le premier.

Alors ces deux hommes combinèrent un plan ; prenant le nourrisson d’une autre personne, ils l’emportèrent sur leurs épaules, ils le vêtirent de langes ornés et le cachèrent dans la montagne. Puis Tch’eng Yng sortit de là et vint dire par ruse aux généraux :

— Moi, (Tch’eng) Yng, je suis un homme indigne ; je ne suis pas capable de faire rendre ses droits à l’orphelin de la famille Tchao ; celui qui me donnera mille livres d’or, je lui dirai où se trouve l’orphelin de la famille Tchao.

Les généraux furent tous joyeux et consentirent à ce qu’il demandait ; ils envoyèrent des soldats, guidés par Tch’eng Yng, attaquer Kong-suen Tch’oukieou ; celui-ci, feignant (l’indignation), dit :

— C’est en vérité un homme méprisable, ce Tch’eng Yng ; autrefois, lors du malheur qui est survenu dans le palais inférieur, il n’a pas su mourir et il a projeté avec moi de cacher l’orphelin de la famille Tchao ; maintenant, voilà qu’il me vend ; même s’il était incapable de faire rendre ses droits (à cet enfant), devait-il consentir à le vendre ?

Tenant l’enfant embrassé, il s’écria :

— O Ciel ! O Ciel ! Quel crime a commis l’orphelin de la famille Tchao ? Je vous demande de le laisser vivre et de ne tuer que moi, Tch’ou-kieou.

Les généraux n’y consentirent pas et tuèrent aussitôt (Kong-suen) Tch’ou-kieou et l’enfant. Les généraux, pensant que l’orphelin de la famille Tchao était bien réellement mort, furent tous joyeux.

Cependant le véritable orphelin de la famille Tchao était au contraire en vie ; Tch’eng Yng en définitive se cacha avec lui dans la montagne. Quinze ans plus tard (583), le duc King, de Tsin, tomba malade ; on consulta les sorts (qui dirent que) ceux qui, après avoir accompli p.20 une grande œuvre n’étaient pas satisfaits, étaient la cause du mal (137). Le duc King interrogea Han Kiue ; celui-ci, qui savait que l’orphelin de Tchao était vivant, répondit alors :

— Ceux qui, après avoir accompli une grande œuvre ont vu leurs sacrifices interrompus dans le pays de Tsin, ce sont (les membres de) la famille Tchao. Depuis (leur ancêtre) Tchong-yen, tous ont eu le nom de clan Yng ; Tchong-yen avait un visage d’homme et un bec d’oiseau (138) ; il descendit (dans le monde) pour aider T’ai-meou, empereur de la dynastie Yn ; sous les Fils du Ciel de la dynastie Tcheou, tous (les membres de la famille Tchao) eurent une éclatante vertu ; si nous descendons jusqu’aux rois Yeou et Li, (nous constatons que,) comme ils agissaient sans raison, Chou-tai quitta les Tcheou et vint dans le pays de Tsin ; il servit notre ancien prince, le marquis Wen ; jusqu’au duc Tch’eng, de génération en génération (la famille Tchao) fit œuvre glorieuse et ne vit jamais ses sacrifices interrompus. Notre prince d’aujourd’hui est le seul qui ait exterminé le clan des Tchao ; les gens du pays le déplorent, et c’est pourquoi on le voit par la tortue et par le millefeuille. Que Votre Altesse y avise.

Le duc King demanda s’il y avait encore des descendants des Tchao : Han Kiue lui dévoila toute la vérité. Alors le duc King et Han Kiue projetèrent de faire rendre ses droits à l’orphelin de la famille Tchao ; ils le firent venir et le cachèrent dans le palais. Les généraux étant venus pour s’informer de la maladie du duc King, celui-ci se servit de la foule des partisans de Han Kiue pour entourer d’une manière menaçante p.21 les généraux, puis il fit apparaître l’orphelin de Tchao ; le nom personnel de l’orphelin était Ou. Les généraux, ne sachant plus que faire, dirent alors :

— Autrefois, le malheur qui est survenu dans le palais inférieur, c’est T’ou-ngan Kou qui en a été cause. Il a faussement allégué un ordre du prince pour tout commander à nous, vos sujets. S’il n’en eût pas été ainsi, qui aurait osé susciter ces troubles ? Même sans le déplaisir que Votre Altesse en éprouve, nous, vos sujets, nous étions résolus à demander spontanément qu’on rendit ses droits à l’héritier des Tchao ; maintenant, que Votre Altesse nous donne ses ordres. Elle répond aux désirs de nous, vos sujets.

Alors (le duc King) appela Tchao Ou et Tch’eng Yng pour qu’ils saluassent à la ronde tous les généraux ; ensuite, ceux-ci avec Tch’eng Yng et Tchao Ou se retournèrent contre T’ou-ngan Kou et exterminèrent toute sa parenté. On rendit à Tchao Ou les champs et les villes qui avaient appartenu auparavant à sa famille (583) (139).

Quand Tchao Ou eut pris le bonnet viril et fut devenu un homme fait, Tch’eng Yng prit congé des grands officiers et dit à Tchao Ou :

— Autrefois, lors du malheur qui survint dans le palais inférieur, tous (vos partisans) ont su mourir. Quant à moi, (si je ne suis pas mort) ce n’est pas que je fusse incapable de sacrifier ma vie, mais c’est parce que je voulais faire rendre ses droits au descendant de la famille Tchao. Maintenant que Tchao Ou est rentré dans ses droits, qu’il est devenu un homme fait et qu’il a retrouvé ses anciennes dignités, je vais p.22 aller en bas (140) en avertir Tchao Siuen-mong (141) et Kong-suen Tch’ou-kieou (142).

Tchao Ou, fondant en larmes, frappa de son front le sol et le supplia avec instances, disant :

— Moi, (Tchao) Ou, je voudrais fatiguer jusqu’à en mourir mes nerfs et mes os pour reconnaître vos bienfaits ; consentiriez-vous à me quitter et à mourir ?

Tch’eng Yng répondit :

— Je ne puis faire autrement. Si l’autre est mort avant moi, c’est parce qu’il estimait que je pouvais mener à bien l’entreprise. Si je ne vais pas l’informer, il pensera que c’est parce que mon entreprise n’a pas réussi.

Il se tua donc. Tchao Ou revêtit pendant trois ans le vêtement de toile ourlé (143) ; il consacra une ville aux sacrifices en l’honneur de (Tch’eng Yng) ; on lui fit au printemps et en automne des sacrifices qui de génération en génération ne s’interrompirent pas.

p.23 Onze ans après que la famille Tchao eut retrouvé ses dignités, le duc Li, de Tsin, fit périr les trois K’i (144) qui étaient ses grands officiers (573). Loan Chou craignit d’être atteint et assassina aussitôt son prince, le duc Li. Il mit à sa place sur le trône Tcheou, arrière-petit-fils (145) du duc Siang ; ce fut le duc Tao. A partir de ce moment, les grands officiers devinrent de plus en puissants dans le pays de Tsin.

Vingt-sept ans après que Tchao Ou eut renoué la lignée des Tchao, le duc P’ing, de Tsin, prit le pouvoir (557). La douzième année du duc P’ing (546), Tchao Ou devint haut dignitaire du premier rang.

La treizième année (146) (545), Ki-tse (prince) de Yen-ling, (du pays) de Ou, fut envoyé en mission dans le pays de Tsin. Il dit :

— Le gouvernement du royaume de Tsin finira par revenir aux descendants de Tchao Ou-tse (147), de Han Siuen-tse et de Wei Hien-tse.

Tchao Ou mourut ; son nom posthume fut Wen-tse. Wen-tse engendra King-chou. Au temps de King-chou, le duc King de Ts’i, envoya Yen Yng en mission dans le pays de Tsin (539). Yen Yng eut une conversation avec Chou-hiang, du pays de Tsin ; il lui dit :

— Le gouvernement de Ts’i finira plus tard par revenir à la famille T’ien (148).

Chou-hiang lui dit à son tour :

— Le p.24 gouvernement du royaume de Tsin devra revenir aux six hauts dignitaires (149). Les six hauts dignitaires ont une ambition démesurée et notre prince ne sait pas s’en inquiéter.

Tchao King-chou mourut ; il engendra Tchao Yang, qui n’est autre que (Tchao) Kien-tse. Quand Tchao Kien-tse était en charge, la neuvième année (517) du duc K’ing, de Tsin, (Tchao) Kien-tse prit l’initiative de réunir les seigneurs pour tenir garnison dans le pays de Tcheou ; l’année suivante (516), il fit rentrer dans son royaume le roi King, de (la dynastie) Tcheou ; c’était pour éviter son cadet Tchao (que le roi King avait dû sortir de sa capitale) (150). — La douzième année (514) du duc K’ing, de Tsin, les six hauts dignitaires exterminèrent au nom des lois les familles K’i et Yang-cho qui faisaient partie du clan ducal et se partagèrent leurs terres dont ils firent dix préfectures à la tête desquelles chacun des six hauts dignitaires plaça quelqu’un de ses parents comme gouverneur (151). A la suite de cela, la maison ducale de Tsin s’affaiblit de plus en plus.

p.25 Treize ans plus tard (501), Yang Hou, sujet rebelle du pays de Lou, vint se réfugier (dans le pays de Tsin) ; Tchao Kien-tse accepta ses présents et le traita fort bien.

Tchao Kien-tse tomba malade, et cinq jours durant ne reconnut personne. Les grands officiers étaient tous saisis de crainte. Le médecin Pien Ts’io (152) vint le voir ; quand il sortit, Tong Ngan-yu l’interrogea ; Pien Ts’io répondit :

— Le pouls est bon ; pourquoi s’étonner ? autrefois, le duc Mou (659-621), de Ts’in, se trouva dans le même état ; au bout de sept jours il se réveilla (153) ; le jour où il se réveilla, il dit à Kong-suen Tche et à Tse-yu (154)  :

— Je suis allé à la résidence de l’Empereur (155) et m’y suis fort plu. Si j’y suis resté longtemps, c’est parce qu’il s’est trouvé que j’avais à m’instruire. L’Empereur m’a dit que le royaume de Tsin allait être fort troublé et que, pendant cinq générations, il ne jouirait pas du calme ; que celui qui viendrait ensuite devrait avoir l’hégémonie, mais qu’il mourrait avant d’être devenu vieux ; que le fils de celui qui aurait eu l’hégémonie commanderait à mon royaume, mais que (par sa faute) les hommes et les femmes ne seraient pas séparés (156).

Kong-suen Tche p.26 écrivit tout cela et le conserva en lieu sûr (157) ; telle est l’origine des livres de divination dans le pays de Ts’in. Les troubles qui (survinrent à l’époque) du duc Hien (676-651) (158), l’hégémonie (que sut prendre) le duc Wen (636-628), la victoire que remporta le duc Siang sur les soldats de Ts’in à Hiao (627) (159), puis la débauche à laquelle (ce prince) se livra quand il fut revenu (dans ses États), ce sont là des faits qui m’ont été racontés (160). Maintenant, la maladie de votre maître est la même que celle (du duc Mou, de Ts’in). Avant que trois jours se soient écoulés, sa maladie ne manquera pas de se dissiper ; quand elle se sera dissipée, (Tchao Kien-tse) aura certainement quelque chose à vous dire ».

Deux jours et demi plus tard (Tchao) Kien-tse reprit ses sens ; il dit à ses grands officiers :

— Je suis allé à la résidence de l’Empereur et m’y suis fort plu. Avec les cent génies, je me suis promené dans le ciel formateur (161) ; la musique Vaste p.27 comportait neuf airs et dix mille attitudes de danse (162) ; elle ne ressemblait pas aux musiques des trois dynasties (163) ; ses mélodies émouvaient le cœur humain. Il y eut un ours qui voulut venir se saisir de moi ; l’Empereur m’ordonna de tirer une flèche sur lui ; j’atteignis l’ours ; l’ours p.28 mourut (164). Puis il y eut un ours rayé qui vint ; sur lui aussi je tirai une flèche ; j’atteignis l’ours rayé ; l’ours rayé mourut. L’Empereur fut très joyeux ; il me donna deux boîtes carrées qui étaient assorties l’une à l’autre (165). Je vis un garçon (166) à côté de l’Empereur ; l’Empereur me remit un chien (de l’espèce qui se trouve chez les barbares) Ti (167), en me disant :

— Quand votre fils aura atteint l’âge mûr, vous ferez présent (de ce chien) à ce garçon.

L’Empereur m’avertit que la maison princière de Tsin allait s’affaiblir de génération en génération, et qu’à la septième génération elle disparaîtrait (168) ; que ceux dont le nom de clan est Yng deviendraient grands et qu’ils battraient les hommes (du clan des) Tcheou (169) à l’ouest de p.29 Fan-k’oei (170), mais qu’ils ne pourraient pas cependant s’approprier (leur territoire) (171). Maintenant (ajouta l’Empereur), je pense à la gloire de Yu-choen, et c’est précisément pourquoi je ferai que sa descendante, Mong-Yao, soit unie à votre descendant à la septième génération (172).

Tong Ngan-yu recueillit ce récit et le conserva par écrit. Il raconta à (Tchao) Kien-tse ce qu’avait dit Pien Ts’io, et (Tchao) Kien-tse fit présent à Pien Ts’io de quarante mille arpents (meou) de champs.

Un autre jour, (Tchao) Kien-tse étant sorti, un homme se trouva qui barrait le chemin ; on voulut l’écarter, mais il ne s’en alla pas ; les gens de l’escorte, irrités, allaient le frapper à coups de sabre lorsque l’homme qui barrait le chemin leur dit :

— Je désire avoir une audience de votre maître.

Les gens de l’escorte rapportèrent ce propos à (Tchao) Kien-tse qui fit venir p.30 l’homme et lui dit :

— Eh ! j’ai déjà eu l’occasion de vous voir ; cela est clair (173) !

Celui qui barrait le chemin répondit :

— Éloignez votre entourage ; je désire avoir un entretien avec vous.

Quand (Tchao) Kien-tse eut éloigné ses gens, celui qui barrait le chemin lui dit :

— Lors de la maladie de Votre Seigneurie, je me trouvais à côté de l’Empereur.

— En effet, répliqua (Tchao) Kien-tse ; il en était ainsi ; puisque vous m’avez vu, qu’ai-je fait ?

— L’Empereur, dit celui qui barrait le chemin, a ordonné à Votre Seigneurie de tirer des flèches sur un ours et sur un ours rayé qui tous deux en moururent.

— Oui, dit (Tchao) Kien-tse ; mais qu’est-ce que cela signifiait ?

Celui qui barrait le chemin répondit :

— Le royaume de Tsin sera bientôt en proie à de grandes difficultés ; Votre Seigneurie en sera le principe. L’Empereur a ordonné que Votre Seigneurie fasse périr deux hauts dignitaires (174), car l’ours et l’ours rayé sont, pour l’un et pour l’autre, leurs ancêtres.

(Tchao) Kien-tse dit :

— L’Empereur me fit présent de deux boîtes carrées qui étaient assorties l’une à l’autre. Qu’est-ce que cela signifiait ?

Celui qui barrait la route répondit :

— Le fils de Votre Seigneurie vaincra parmi (les barbares) Ti deux principautés qui appartiennent toutes deux au clan Tse (175).

(Tchao) Kien-tse ajouta :

— J’ai vu un garçon à côté de l’Empereur ; l’Empereur me remit un chien p.31 (de l’espèce qui se trouve chez les barbares) Ti en me disant que lorsque mon fils serait devenu grand je devrais faire présent (de ce chien à ce garçon). Eh bien, ce garçon, que signifie le présent qu’il faut lui faire du chien (de l’espèce qui se trouve chez les barbares) Ti ?

Celui qui barrait le chemin répondit :

— Le garçon c’est le propre fils de Votre Seigneurie. Le chien (de l’espère qui se trouve chez les barbares) Ti, c’est l’ancêtre (des princes) de Tai. Le fils de Votre Seigneurie doit certainement posséder (la principauté de) Tai. Puis un successeur de Votre Seigneurie devra modifier les principes du gouvernement et adopter les vêtements des barbares) Hou (176) ; il s’annexera deux principautés dans (le pays des) Ti (177).

(Tchao) Kien-tse demanda (à son interlocuteur) quel était son nom de famille et lui proposa de lui donner une charge officielle, mais celui qui barrait la route répondit :

— Je suis un homme des champs ; je n’ai fait que vous apporter les ordres de l’Empereur.

Aussitôt il disparut. (Tchao) Kien-tse écrivit tout cela et la conserva dans son palais.

Un autre jour, Kou-pou Tse-k’ing vint voir (Tchao) Kien-tse qui fit venir tous ses fils pour qu’il tirât leur horoscope. Tse-k’ing dit :

— Aucun d’eux ne sera général.

— La famille Tchao, demanda (Tchao) Kien-tse, doit-elle donc être anéantie ?

Tse-k’ing dit :

— J’ai vu auparavant un enfant sur la route ; il est sans doute votre fils.

p.32 (Tchao) Kien-tse fit donc venir son fils Ou-siu (178) ; dès qu’Ou-siu fut arrivé, Tse-k’ing se leva et s’écria :

— Voilà le véritable général !

— La mère de cet enfant, dit (Tchao) Kien-tse, est de basse extraction ; c’est une servante (du pays des barbares) Ti. Comment expliquez-vous qu’il soit appelé à une haute destinée ?

— C’est le Ciel qui la lui donnera, répondit Tse-k’ing ; quoique de basse extraction, il ne manquera pas de parvenir aux honneurs.

Après cet événement (Tchao) Kien-tse manda auprès de lui tous ses fils et conversa avec eux ; Ou-siu fut le plus sage. Puis (Tchao) Kien-tse dit à ses fils :

— J’ai caché un sceau précieux sur le sommet de la montagne Tch’ang (179) ; je le donnerai à celui de vous qui le trouvera le premier.

Les fils se rendirent à toute hâte sur la montagne Tch’ang, firent des recherches, mais ne trouvèrent rien. Ou-siu revint et dit :

— J’ai trouvé le sceau.

— Présentez-le moi, dit (Tchao) Kien-tse.

— Du sommet de la montagne Tch’ang, répondit Ou-siu, j’ai observé le pays de Tai ; on peut s’emparer du pays de Tai.

(Tchao) Kien-tse reconnut alors que Ou-siu était bien réellement un sage (180). Il retira donc son rang à p.33 l’héritier présomptif Po-lou et nomma Ou-siu héritier présomptif.

Deux ans plus tard, la quatorzième année (498) du duc Ting, de Tsin, (les chefs des familles) Fan et Tchong-hang (181) suscitèrent des troubles.

L’année suivante (497), au printemps, (Tchao) Kien-tse dit à Ou, gouverneur de Han-tan :

— Rendez-moi les cinq cents familles de gens de Wei ; je veux les établir à Tsin-yang (182).

Ou y consentit ; mais, quand il fut de p.34 retour, son père et son frère aîné s’y refusèrent et il viola sa promesse. Tchao Yang se saisit de Ou et l’emprisonna à Tsin-yang, puis il dit aux gens de Han-tan :

— J’ai eu des raisons personnelles pour faire périr Ou ; qui voulez-vous nommer à sa place (183) ?

Il tua alors Ou. — Tchao Tsi (184) et Cho Pin mirent Han-tan en état de rébellion ; le prince de Tsin chargea Tsi Ts’in d’assiéger Han-tan. — Siun Yn et Fan Ki-i (185) avaient été des amis de Ou ; ils se refusèrent à aider (Tsi) Ts’in et projetèrent de faire des troubles. Tong Ngan-yu en eut connaissance. — Le dixième mois, (les chefs des familles) Fan et Tchong-hang (186) attaquèrent Tchao Yang ; celui-ci s’enfuit à Tsin-yang ; les gens de Tsin l’y assiégèrent. — Wei Siang et d’autres, qui étaient les ennemis de Fan Ki-i et de Siun Yn, projetèrent de chasser Siun Yn en le remplaçant par Leang Yng-fou, et de chasser (Fan) Ki-i en le remplaçant p.35 par Fan Kao-i. — Siun Li (187) dit au marquis de Tsin :

— Votre Altesse a décrété envers ses principaux sujets que le premier d’entre eux qui se révolterait périrait (188) ; maintenant trois de vos sujets (189) ont été les premiers à se révolter ; cependant vous ne poursuivez que le seul (Tchao) Yang ; c’est appliquer les châtiments d’une manière inégale. Je vous demande de les poursuivre tous.

Le onzième mois, Siun Li, Han Pou-sin et Wei Tch’e, reçurent du duc des ordres pour attaquer (les chefs des familles) Fan et Tchong-hang, mais ils n’eurent pas l’avantage. (Les chefs des familles) Fan et Tchong-hang prirent à leur tour l’offensive contre le duc ; le duc leur livra bataille ; ils furent battus et se retirèrent ; le jour ting-wei, ils se réfugièrent à Tchao-ko. — (Les chefs des familles) Han et Wei intercédèrent en faveur (du chef de la famille) Tchao. Le douzième mois, le jour sin-wei, Tchao Yang vint faire sa soumission ; il accepta une convention faite avec serment dans le palais ducal.

L’année suivante (496), Tche-po Wei-tse dit à Tchao Yang :

— Quoique (les chefs des familles) Fan et Tchong-hang se soient bien réellement révoltés, c’est (Tong) Ngan-yu qui les y a incités ; ainsi il a pris part à leur complot. Or une loi a été rendue dans le royaume de Tsin pour dire que ceux qui seraient les premiers à se révolter seraient mis à mort. Les deux autres ont subi p.36 leur châtiment et (Tong) Ngan-yu seul survit.

Tchao Yang se montrant anxieux à ce sujet, (Tong) Ngan-yu lui dit :

— Si, par ma mort, la famille Tchao est en sécurité et le royaume de Tsin en paix, je n’ai que trop vécu.

Il se tua aussitôt. Tchao (Yang) en informa Tche po, et, à la suite de cela, la famille Tchao jouit du calme (190).

K’ong tse apprit que Tchao Kien-tse n’avait pas demandé l’autorisation du prince de Tsin pour s’emparer de Ou (gouverneur de) Han-tan et pour se tenir sur la défensive à Tsin-yang ; c’est pourquoi, quand il écrivit le Tch’oen-ts’ieou, il dit :

« Tchao Yang mit Tsin-yang en état de révolte (191) ».

Tchao Kien-tse avait un de ses sujets, nommé Tcheou Cho, qui excellait à lui adresser de franches réprimandes. Quand Tcheou Cho fut mort, (Tchao) Kien-tse, chaque fois qu’il tenait sa cour se montrait mécontent ; ses grands officiers lui demandèrent à être punis (de la faute qu’ils avaient pu commettre). (Tchao) Kien-tse leur dit :

— O grands officiers, vous ne m’avez fait aucune offense. Mais j’ai entendu dire que mille peaux de mouton ne valent pas la peau des aisselles d’un seul renard ; or, quand vous êtes réunis à ma cour, je n’entends que vos murmures d’assentiment et je n’entends plus les gronderies p.37 de Tcheou Cho ; voilà pourquoi je suis triste (192).

A partir de ce moment (Tchao) Kien-tse sut s’attacher les villes qui appartenaient au clan Tchao et chérir les gens (du pays) de Tsin.

p.38 La dix-huitième année (494) du duc Ting, de Tsin, Tchao Kien-tse assiégea (les chefs des familles) Fan et Tchong-hang à Tchao-ko. Tchong-hang Wen-tse s’enfuit à Han-tan.

L’année suivante (493), le duc Ling, de Wei, mourut. Tchao Kien-tse et Yang Hou ramenèrent dans son pays K’oai-wai, héritier présomptif de Wei (193), mais les gens de Wei ne l’admirent pas ; il fixa sa résidence à Ts’i (194).

La vingt et unième année (491) du duc Ting, de Tsin, (Tchao) Kien-tse prit Han-tan. Tchong-hang Wen-tse s’enfuit à Po-jen (195) et (Tchao) Kien-tse assiégea derechef cette ville. Tchong-hang Wen-tse et Fan Tchao-tse s’enfuirent alors (dans le pays de) Ts’i. En définitive, Tchao (Kien-tse) eut la possession de Han-tan et de Po-jen tandis que les autres villes (des familles) Fan et Tchong-hang furent incorporées au (domaine des princes de) Tsin. Tchao (Kien-tse) était de nom un haut dignitaire de Tsin, mais, en fait, il exerçait toute l’autorité dans le pays de Tsin et ses apanages étaient aussi considérables qu’une principauté féodale.

La trentième année (482) du duc Ting, de Tsin, le duc Ting et le roi de Ou, Fou-tch’ai, se disputèrent la prééminence à Hoang-tch’e (196). Tchao Kien-tse était à la suite (du duc, et c’est pourquoi) le duc Ting, de Tsin, eut en définitive la prééminence sur (le roi de) Ou (197).

p.39 La trente-septième année (475), le duc Ting mourut. Alors (Tchao) Kien-tse quitta le deuil de trois ans et se contenta du deuil d’un an (198). — Cette même année, Keou-tsien, roi de Yue, anéantit (l’État de) Ou (199).

La onzième année (464), du duc Tch’ou, de Tsin, Tche po attaqua Tcheng. Tchao Kien-tse étant malade, chargea son héritier présomptif Ou-siu de se mettre à la tête de ses troupes pour assiéger Tcheng (200). Tche po s’étant enivré avec du vin, aspergea de liquide et frappa Ou-siu ; les officiers de Ou-siu lui demandèrent de faire périr Tche po, mais Ou-siu leur dit :

— Si mon prince m’a nommé (héritier présomptif), c’est parce que j’étais capable de supporter les outrages.

Il en conçut cependant de la haine contre Tche po. Quand Tche po fut de retour, il raconta l’incident à (Tchao) Kien-tse pour qu’il dégradât Ou-siu ; mais (Tchao) Kien-tse s’y refusa, et, à partir de ce moment, Ou-siu détesta Tche po. La dix-septième (458) du duc Tch’ou, de Tsin, (Tchao) p.40 Kien-tse mourut (201). Son héritier présomptif, Ou-siu, lui succéda ; ce fut (Tchao) Siang-tse.

La première année (457) de Tchao Siang-tse, comme Yue assiégeait Ou, (Tchao) Siang-tse retrancha sur la nourriture permise en temps de deuil et envoya Tch’ou Long demander des nouvelles du roi de Ou (202).

La sœur aînée de (Tchao) Siang-tse était devenue auparavant la femme du roi de Tai (203). Quand (Tchao) Kien-tse fut mort, avant même qu’on eût quitté les vêtements de deuil, (Tchao Siang-tse) alla au nord monter sur la montagne Hia-ou (204) et invita le roi de Tai ; il chargea ses cuisiniers de se munir de cuillers en cuivre pour donner à manger au roi de Tai et à ceux qui l’accompagnaient ; quand on versa à boire, il ordonna secrètement aux p.41 aides de cuisine de frapper tous (205) avec leurs cuillers et de tuer le roi de Tai et les officiers de son escorte ; puis il mit en campagne ses soldats, et conquit le territoire de Tai. Quand sa sœur aînée l’apprit, elle invoqua le ciel en pleurant ; elle aiguisa l’épingle de sa coiffure et se tua. Les gens de Tai eurent compassion d’elle et donnèrent le nom de montagne Mo-ki (206) à l’endroit où elle était morte (207). Alors (Tchao Siang-tse) conféra à Tcheou, p.42 fils de Po-lou, (le territoire de Tai) pour qu’il fût le prince Tch’eng, de Tai. Po-lou était le frère aîné de (Tchao) Siang-tse et avait été autrefois héritier présomptif ; cet héritier présomptif était mort prématurément ; c’est pourquoi on donna un fief à son fils.

Quatre ans (454) après que (Tchao) Siang-tse eut pris le pouvoir, Tche po ainsi que Tchao, Han et Wei se partagèrent entièrement les territoires qui avaient autrefois appartenu (aux familles) Fan et Tchong-hang. Le duc Tch’ou, de Tsin, en fut irrité (208) ; il se plaignit (aux princes de) Ts’i et de Lou, désirant se servir d’eux pour attaquer les quatre hauts dignitaires. Les quatre hauts dignitaires eurent peur et s’unirent aussitôt pour attaquer le duc Tch’ou. Le duc Tch’ou s’enfuit (dans le pays de) Ts’i, mais il mourut en chemin. Tche Po mit alors sur p.43 le trône Kiao, arrière petit-fils du duc Tchao ; ce fut le duc I, de Tsin (209).

Tche po redoubla d’arrogance. Il demanda des terres à Han et à Wei qui les lui livrèrent ; il en demanda à Tchao qui les refusa à cause de l’affront qui lui avait été fait lors du siège de Tcheng (210). Tche po, irrité, entraîna avec lui Han et Wei et attaqua Tchao. Tchao Siang-tse, saisi de crainte, courut se mettre sur la défensive à Tsin-yang (211). Yuen Kouo l’y suivit ; comme il se trouvait en arrière, lorsqu’il arriva à Wang-tse (212), trois hommes p.44 lui apparurent qui étaient visibles dans toute la partie du corps au dessus de la ceinture, tandis que la partie au-dessous de la ceinture était invisible. Ils donnèrent à Yuen Kouo une section de bambou comprise entre deux nœuds dont aucun n’était percé (213) et lui dirent :

— Remettez ceci de notre part à Tchao Ou-siu.

Quand Yuen Kouo fut arrivé (à Tsin-yang), il raconta la chose à (Tchao) Siang-tse ; celui-ci, après avoir jeûné pendant trois jours, rompit en personne le bambou ; il s’y trouvait un écrit en caractères rouges qui était ainsi conçu :

« Ô Tchao Ou-siu, nous sommes le Houo t’ai chan, le marquis de Chan-yang et l’envoyé céleste (214). Le troisième mois, le jour ping-siu, nous ferons que ce sera vous qui, contrairement (aux apparences actuelles), détruirez la famille Tche (215). Vous, de votre côté, consacrez-nous cent villes. Nous vous donnerons le territoire des Lin-hou (216). Puis, p.46 parmi vos descendants, il y aura un roi puissant (217) ; il aura d’un dragon noir la face (218) ; d’un oiseau le bec recourbé (219) et les poils sur les tempes, d’un cerf la barbe au menton et sur les joues ; il aura un grand thorax et une vaste poitrine ; il sera long du bas du corps et grand ; il croisera ses vêtements à gauche (220) et montera à cheval revêtu d’une cuirasse (221). Il possédera entièrement le territoire p.47 de Ho-tsong (222) et s’étendra jusqu’aux diverses peuplades Me (223) de Hieou-hoen ; au sud, il attaquera les (territoires) réparés de Tsin (224) ; au nord, il détruira les Hei-kou (225).

(Tchao) Siang-tse se prosterna par deux fois et reçut ce p.48 décret des trois dieux (226).

Les trois royaumes assiégèrent Tsin-yang ; au bout de plus d’un an, ils amenèrent l’eau de la rivière Fen (227) pour p.49 inonder les remparts ; il n’y avait que trois pan (228) des remparts qui n’étaient pas immergés. A l’intérieur de la ville, on suspendait en l’air les marmites pour faire la cuisine (229) ; on échangeait les enfants pour les manger. Les officiers étaient tous démoralisés et négligeaient de plus en plus les rites ; seul Kao Kong (230) ne se permit pas de manquer aux rites. (Tchao) Siang tse eut peur ; alors, de nuit, il envoya son conseiller Tchang mong T’ong s’entendre secrètement avec Han et Wei ; Han et Wei firent un complot de connivence avec lui ; le troisième mois (453), le jour ping-siu, les trois royaumes (231), contrairement à ce qu’on attendait, détruisirent le clan Tche et se partagèrent entre eux ses terres (232).

p.50 Alors (Tchao) Siang-tse procéda à la distribution des p.51 récompenses. Kao Kong fut le premier. Tchang mong T’ong dit :

— Lors des difficultés où nous fûmes à Tsin-yang, c’est précisément (Kao) Kong qui n’a eu aucun mérite.

(Tchao) Siang-tse répondit :

— Lorsque la situation était critique à Tsin-yang, tous mes officiers ont été négligents ; seul (Kao) Kong ne s’est pas permis de manquer aux rites qui incombent à un sujet ; c’est pourquoi je le mets avant les autres.

A la suite de ces événements, Tchao, qui, au nord, possédait Tai, et qui, au sud, s’était annexé (les territoires du) clan Tche, devint plus puissant que Han et que Wei. Il institua alors des sacrifices aux trois dieux (233), dans cent villes et chargea Yuen Kouo de présider aux sacrifices offerts au Houo-t’ai chan.

Dans la suite, (Tchao Siang-tse) épousa une fille de la famille K’ong-t’ong (234) ; elle enfanta cinq fils. (Tchao) Siang-tse, considérant que Po-lou n’avait pas exercé le pouvoir, ne voulut pas mettre sur le trône un de ses propres fils, mais désirait fermement transmettre sa dignité au p.52 fils de Po-lou, le prince Tch’eng, de Tai ; le prince Tch’eng étant mort avant lui, il prit Hoan, fils du prince Tch’eng, de Tai, et le nomma héritier présomptif. (Tchao) Siang-tse mourut (425), après avoir eu le pouvoir pendant trente-trois années.

Hoan prit le pouvoir ; ce fut le marquis Hien. Le marquis Hien était jeune quand il monta sur le trône ; il eut le siège de son gouvernement à Tchong-meou (235). Hoan-tse, frère cadet de Siang-tse, chassa le marquis Hien et s’arrogea le pouvoir à Tai. Il mourut au bout d’un an. Les gens du pays dirent :

L’avènement de Hoan-tse n’était pas conforme aux intentions de Siang-tse.

Ils s’unirent alors pour tuer son fils, puis ils allèrent de nouveau chercher le marquis Hien et le remirent sur le trône. — La dixième année (414), le duc Ou, de Tchong-chan (236), prit pour la première fois le pouvoir. — La p.53 treizième année (411), (le marquis Hien) construisit les remparts de P’ing-i (237). — La quinzième année (409), le marquis Hien mourut. Son fils, Tsi, qui fut le marquis Lie, prit le pouvoir.

La première année (408) du marquis Lie, le marquis Wen, de Wei, attaqua Tchong-chan et envoya son héritier présomptif, Ki, y tenir garnison. — La sixième année (403), Wei, Han et Tchao se conférèrent les uns aux autres le titre de seigneur. Par un hommage rétrospectif, on honora Hien-tse du nom de marquis Hien (238).

Le marquis Lie aimait la musique. Il dit au conseiller d’État Kong-tchong Lien :

— Si j’ai des favoris, puis-je les anoblir ?

Kong-tchong répondit :

— Les enrichir, vous le pouvez ; mais les anoblir, non.

Le marquis Lie répliqua :

— C’est bien. Or il y a deux chanteurs du pays de Tcheng, nommés Ts’iang et Che ; je veux les gratifier de terres cultivables en attribuant une superficie de dix mille meou à chacun d’eux.

Kong-tchong approuva, mais il ne donna pas (les champs). Un mois plus tard, le marquis Lie revint de Tai et s’informa des terres des chanteurs. Kong-tchong lui dit qu’il avait cherché (des terres), mais n’avait pu encore en trouver qui fussent convenables. Quelque temps après, le marquis Lie ayant posé de nouveau la même question, Kong-tchong, qui, en définitive, ne (voulait) pas donner (les champs), se prétendit malade et ne vint plus à la cour. Le prince de p.54 P’an-ou (239), étant venu du pays de Tai, dit à Kong-tchong :

— Notre prince en réalité aime le bien, mais il ne sait pas encore à quoi s’attacher fermement. Maintenant, ô Kong-tchong, vous êtes conseiller de Tchao depuis déjà quatre années ; avez-vous cependant recommandé des gens de valeur ?

— Je ne l’ai pas encore fait, dit Kong-tchong.

Le prince de P’an-ou reprit :

— Nieou Hiu, Siun Hin et Siu Yue sont tous trois dignes (d’être recommandés).

Kong-tchong alors (se décida à) recommander ces trois hommes. Quand il fut venu à la cour, le marquis Lie l’interrogea encore au sujet des terres des chanteurs en lui demandant ce qu’il avait fait. Kong-tchong dit :

— Justement j’ai envoyé (ici des gens) pour que vous choisissiez ce qui est le plus avantageux (240).

Nieou Hiu entretint le marquis Lie de la bonté et de la justice et lui résuma les devoirs royaux. Le marquis Lie se sentit à l’aise. Le lendemain, Siun Hin l’entretint (de la nécessité) de promouvoir les sages lorsqu’on fait des choix, de confier les fonctions à des hommes capables lorsqu’on nomme à des charges publiques. Le jour suivant, Siu Yue l’entretint (de la nécessité) d’user avec tempérance des richesses et de dépenser avec p.55 modération, de tenir compte des mérites et de ne faire de don à aucun de ceux qui ne rempliraient pas toutes les conditions requises. Le prince fut satisfait. Le marquis Lie envoya un émissaire dire au conseiller d’État :

— Les terres des chanteurs, maintenant j’y renonce.

Il conféra à Nieou Hiu le titre de précepteur, à Siun Hin celui de tchong-wei, et à Siu Yue celui de nei-che (241) ; il donna au conseiller d’État deux vêtements (242).

La neuvième année (400), le marquis Lie mourut. Son frère cadet, qui fut le duc Ou, prit le pouvoir. — Le duc Ou mourut en la treizième année (387) de son règne. Les gens de Tchao mirent alors sur le trône Tchang, fils aîné du marquis Lie ; ce fut le marquis King. Cette même année (387), le marquis Wen, de Wei mourut.

La première année (386) du marquis King, Tchao, fils du duc Ou, suscita une rébellion ; il ne fut pas vainqueur ; il sortit (du pays de Tchao) et se réfugia dans (le pays de) Wei. — Tchao fixa pour la première fois sa capitale à Han-tan (243). — La deuxième année (385), (le marquis King) battit Ts’i à Ling-k’ieou (244). — La troisième p.56 année (384), il secourut Wei à Lin-k’ieou (245) et fit essuyer une grande défaite aux gens de Ts’i. — La quatrième année (383), Wei nous vainquit à T’ou-t’ai. (Le marquis King) construisit un rempart à Kang-p’ing (246) afin de faire des incursions dans le pays de Wei [b](247). — La cinquième année (382), Ts’i et Wei, intervenant en faveur de Wei [b], attaquèrent Tchao et prirent notre ville de Kang-p’ing. — La sixième année (381), (le marquis King) emprunta des soldats à Tch’ou, battit Wei et s’empara de (la ville de) Ki-p’ou (248). — La huitième année (379) (249), il prit à Wei (la ville de) Hoang-tch’eng (250). — La neuvième p.57 année (378), il attaqua Ts’i. Ts’i, ayant attaqué Yen, Tchao vint au secours de Yen. — La dixième année (377), (Tchao) combattit contre Tchong-chan à Fang-tse (251). — La onzième année (376), Wei, Han et Tchao s’entendirent pour supprimer Tsin et se partager son territoire. (Tchao) attaqua Tchong-chan et combattit encore (contre lui) à Tchong-jen (252). — La douzième année (375), le marquis King mourut. Son fils, Tchong, qui fut le marquis Tch’eng, prit le pouvoir.

La première année (374) du marquis Tch’eng, le kong-tse Cheng contesta le pouvoir au marquis Tch’eng et se révolta. — La deuxième année (373), le sixième mois (253), il neigea. — La troisième année (372), Ta-meou-ou (254) devint conseiller. (Tchao) attaqua Wei et lui prit soixante-treize places. Wei nous vainquit à Lin (255). — La quatrième année (371), (Tchao) combattit contre Ts’in à Kao-ngan  (256) et le vainquit. — La cinquième année (370), p.58 il attaqua Ts’i à Kiuen (257). Wei nous vainquit à Hoai (258). (Tchao) attaqua Tcheng (259), le vainquit et le donna à Han ; Han nous donna Tchang-tse (260). — La sixième année (369), (le prince de) Tchong-chan construisit un long mur (261). (Tchao) attaqua Wei et le vainquit à Tchouo-tse (262) ; il assiégea le roi Hoei, de Wei (263). — La septième année (368), p.59 (Tchao) fit une incursion dans le pays de Ts’i et arriva jusqu’au long mur (264). S’alliant à Han, il attaqua Tcheou (265). La huitième année (367), allié à Han, il divisa (le royaume des) Tcheou et en fit deux (royaumes) (266). — La neuvième année (366), il combattit contre Ts’i sous les murs de Ngo (267). — La dixième année (365), il attaqua Wei [b] et lui prit Kiuen (268). — La onzième année (364), Ts’in attaqua Wei ; Tchao le secourut à Che-ngo (269). — La douzième année (363), Ts’in attaqua Chao-Leang (270), (ville) de Wei ; Tchao vint à son secours. — La treizième année (362), le duc Hien, de Ts’in, chargea le chou-tchang Kouo d’attaquer Chao-leang, (ville) de Wei ; (ce général) fit prisonnier Ts’o, héritier présomptif (de Wei). Wei nous p.60 battit à Koai (271) et nous prit (la ville de) P’i-lao. Le marquis Tch’eng rencontra (272) le marquis Tchao, de Han, à Chang-tang (273). — La quatorzième année (361), (Tchao), allié à Han, attaqua Ts’in. — La quinzième année (360), il aida Wei à attaquer Ts’i. — La seizième année (359), (Tchao), ainsi que Han et Wei se partagèrent (les terres de) Tsin ; ils conférèrent au prince de Tsin (la principauté de) Toan-che (274). — La dix-septième année (358), le marquis Tch’eng et le roi Hoei, de Wei, se rencontrèrent à Ko-ye (275). — La dix-neuvième année (356) (276), (Tchao) rencontra (les princes de) Ts’i et Song à P’ing-lou (277). Il eut p.61 une entrevue avec (le prince de) Yen à Ngo (278). — La vingtième année (355), Wei offrit (à Tchao des pièces de bois propres à faire) des acrotères et des chevrons ; (le marquis Tch’eng) s’en servit pour construire la terrasse T’an (279). — La vingt et unième année (354), Wei assiégea notre ville de Han-tan (280). — La vingt-deuxième année (353), le roi Hoei, de Wei, nous prit Han-tan. De son côté, Ts’i vainquit Wei à Koei-ling (281). — La vingt-quatrième année (351), Wei nous rendit Han-tan. (Tchao) conclut un traité avec Wei sur les bords de la rivière p.62 Tchang (282). Ts’in nous attaqua à Lin (283). — La vingt-cinquième année (350), le marquis Tch’eng mourut. — Le kong-tse Sie contesta le trône à l’héritier présomptif qui fut le marquis Sou (284) ; Sie, battu, s’enfuit dans le pays de Han.

La première année (349) de son règne, le marquis Sou enleva Toan-che (285) au prince de Tsin et en transporta la population à T’oen-lieou (286). — La deuxième année (348), il rencontra le roi Hoei, de Wei, à Yn-tsin (287). — La troisième année (347), le kong-tse Fan attaqua par surprise Han-tan ; il ne fut pas victorieux et il périt. — La quatrième année (346), (le marquis Sou) rendit hommage au Fils du Ciel. — La sixième année (344), il attaqua Ts’i et s’empara de Kao-t’ang (288). — La septième année (343), le p.63 kong-tse K’o attaqua Wei à Cheou-yuen (289). — La onzième année (339), le duc Hiao, de Ts’in, envoya le prince de Chang (290) attaquer Wei ; (le prince de Chang fit prisonnier le kong-tse Ang, qui était le général (de Wei). Tchao attaqua Wei. — La douzième année (338), le duc Hiao, de Ts’in, mourut. Le prince de Chang mourut. — La quinzième année (335), (le marquis Sou) éleva la sépulture Cheou (291). Le roi Hoei, de Wei, mourut. — La seizième année (334), le marquis Sou étant allé se promener à Ta-ling (292), sortit par la Porte du Cerf (293). Ta-meou-ou (294), tirant son cheval par la bride, dit (au marquis) :

— L’occupation du labourage est une affaire urgente. Si pendant un seul jour on la néglige, pendant cent jours on ne mangera pas.

Le marquis Sou descendit de son char et le remercia. — La dix-septième année (333), (Tchao) assiégea (la ville de) Hoang (295) (qui appartenait à) Wei, mais ne réussit p.64 pas. Il construisit un long mur (296). — La dix-huitième année (332), Ts’i et Wei nous attaquèrent ; nous ouvrîmes une brèche aux eaux du Ho pour les submerger, et les soldats se retirèrent. — La vingt-deuxième année (328), Tchang I devint conseiller de Ts’in. Tchao Ts’e combattit contre Ts’in et fut vaincu ; Ts’in tua (Tchao) Ts’e dans le Ho-si et prit Lin et Li-che (297) (dans la région) de Tai. — La vingt-troisième année (327), Han Kiu (298) combattit contre Ts’i et Wei ; il périt à Sang-k’ieou (299). — La p.65 vingt-quatrième année (326), le marquis Sou mourut. (Les princes de) Ts’in, Tch’ou, Yen, Ts’i et Wei mirent chacun sur pied dix mille soldats d’élite et vinrent assister ensemble aux funérailles. Le fils (du marquis Sou), qui fut le roi Ou-ling (300), prit le pouvoir.

La première année (325) du roi Ou-ling, Tchao pao, prince de Yang-wen, fut son conseiller. Le roi Siang, de Leang (301), avec son héritier présomptif Se, et le roi Siuen, de Han, avec son héritier présomptif Ts’ang, vinrent rendre visite (au roi Ou-ling) dans le palais Sin (302). — Comme le roi Ou-ling était jeune, il ne pouvait encore gouverner par lui-même et consultait souvent trois hommes qui étaient ses précepteurs et trois hommes qui, se tenant à ses côtés, étaient chargés de veiller à ses fautes. Quand il exerça le gouvernement, il commença par s’informer de Fei I, haut fonctionnaire sous le règne du roi précédent, et augmenta ses dignités. Dans son royaume, aux vieillards honorables (303) qui p.66 avaient atteint l’âge de quatre-vingt ans, il témoignait chaque mois les honneurs qui leur étaient dus. — La troisième année (304) (323), il éleva un rempart à Hao (305). — La quatrième année (322), il eut une entrevue avec (le prince de) Han à K’iu-chou (306). — La cinquième année (321), il prit pour femme la fille (du prince) de Han et en fit son épouse principale. — La huitième année (318), Han attaqua Ts’in, mais, n’ayant pas été vainqueur, il se retira. Les cinq royaumes (307) se décernèrent les uns aux autres le titre de « roi » (wang) ; Tchao seul se refusa à le prendre, disant :

— Là où il n’y a pas de réalité, oserait-on placer le nom qui convient (seulement à cette réalité) ?

Il ordonna aux gens de son pays de parler de lui en l’appelant « prince » (kiun). — La neuvième année (317), il s’allia à Han et à Wei pour attaquer avec eux Ts’in (308) ; Ts’in nous battit et coupa quatre-vingt mille têtes. — Ts’i nous battit à Koan-tse (309). — La dixième année (316), Ts’in nous prit p.67 Si-tou et Tchong-yang (310). — Ts’i écrasa Yen ; le conseiller de Yen, Tse-tche, devint prince, tandis que le prince (de Yen) devenait sujet (311). — La onzième année (315), le roi (de Tchao) fit venir (du pays) de Han le kong-tse Tche et le nomma roi de Yen ; il chargea Lo Tch’e de le ramener (dans le pays de Yen) (312). — La treizième année (313), Ts’in nous prit (la ville de) Lin et fit prisonnier le général Tchao Tchoang (313). Les rois de Tch’ou et de Wei vinrent et passèrent par Han-tan. — La quatorzième année (312), Tchao Ho attaqua Wei.

p.68 La seizième année (310), le roi Hoei, de Ts’in, mourut (314). — Le roi (Ou-ling) alla se promener à Ta-ling (315) ; le lendemain, le roi vit en songe une vierge qui jouait du luth et chantait une poésie ainsi conçue :

— Je suis une belle femme fort gracieuse ; mon visage a l’élégance (de la fleur) de t’iao (316). C’est la destinée, c’est la destinée (317) que personne ne m’égale, moi (dont le nom de famille est) Yng.

Un autre jour, le roi, au milieu de la joie d’un banquet, parla du songe qu’il avait eu et de la figure qu’il avait cru voir. Ou Koang (318) l’entendit ; par l’intermédiaire de l’épouse principale (du roi), il fit entrer (dans le palais) sa fille qui était la belle Mong-Yao (dont le nom de famille était) Yng (319). Mong- Yao jouit d’une grande faveur auprès du roi ; elle devint la reine Hoei.

p.69 La dix-septième année (309), le roi sortit par Kieou-men (320). Il fit la terrasse Ye (321) pour observer de loin les territoires de Ts’i et de Tchong-chan. — La dix-huitième année (308), le roi Ou, de Ts’in, ayant soulevé avec Mong-yue le trépied rouge orné de dragons, se brisa les rotules et mourut (322). Le roi de Tchao chargea Tchao Kou, conseiller de Tai, d’aller chercher dans (le pays de) Yen le kong-tse Tsi et de le ramener (dans le pays de Ts’in). Il le nomma roi de Ts’in ; ce fut le roi Tchao.

La dix-neuvième année (307), au printemps, le premier mois, (le roi Ou-Ling) tint cour plénière dans le palais Sin (323) ; il manda auprès de lui Fei I (324) et s’entretint avec lui de la politique générale ; ce ne fut qu’au bout de cinq jours que (ces conversations) prirent fin. Le roi alla dans le nord examiner le territoire de Tchong-chan (325) p.70 et parvint jusqu’à Fang-tse (326). Puis il alla (dans la région de) Tai, et au nord, arriva jusqu’à Ou-k’iong (327). A l’ouest il parvint jusqu’au Ho. Il monta sur (la montagne) Hoang-hoa (328). Il manda auprès de lui Leou Hoan pour délibérer avec lui ; il lui dit :

— Le roi mon prédécesseur profita des changements qui s’étaient introduits de son temps pour agrandir son territoire sur sa frontière méridionale ; barrant d’une manière continue les parages difficiles (des rivières) Tchang (329) et Fou (330), il éleva un long mur (331) ; en outre, il s’empara (des villes) de Lin (332) et de Kouo-lang (333) ; il battit les gens de Lin (334) dans (la localité appelée) Yen (335) ; cependant son œuvre glorieuse ne put être terminée. Maintenant Tchong-chan est sur notre ventre et notre cœur (336) ; au nord, se trouve Yen ; à l’est p.71 sont les Hou (337) ; à l’ouest, les Lin-hou (338), les Leou-fan (339) et notre frontière avec Ts’in et avec Han. Si nous n’avons pas de vaillants soldats pour nous sauver, ce sera la ruine de nos dieux du sol et des moissons. Que faut-il donc faire ? Or celui dont la renommée s’élève au-dessus d’une époque est accablé sous les difficultés qu’on lui fait au nom des coutumes traditionnelles. Je désire adopter l’habillement des Hou.

Leou Hoan l’approuva. Ses ministres assemblés s’y montrèrent tous contraires. Alors, [(340) Fei I se trouvant à ses côtés (341), le roi dit : p.72

— La gloire des souverains Kien et Siang (342) a consisté en ceci qu’ils ont fait des plans pour s’assurer l’avantage (de conquérir) les Hou et les Ti (343). Celui qui est sujet, quand il jouit de la faveur (344) (de son prince), observe les devoirs de la piété filiale et de l’amour fraternel, (les devoirs) des égards envers ceux qui sont âgés et ceux qui sont jeunes, (les devoirs de) se montrer obéissant et de comprendre (les ordres qui lui sont donnés) ; quand il réussit, il s’applique à aider le peuple et à être utile à son souverain. Telles sont les deux séries d’attributions qui conviennent à un sujet (345). Maintenant, je désire marcher sur les traces des rois Kien et Siang et m’ouvrir le territoire des Hou et des Ti ; mais, dans tout le monde, je ne vois personne (346). Si, en faisant cela, mes ennemis sont affaiblis, p.73 avec peu d’efforts (347) mon triomphe sera grand ; je pourrai, sans épuiser mon peuple de fatigue, renouveler la gloire de l’antiquité passée. Or celui dont les mérites s’élèvent au-dessus de son époque est accablé sous les difficultés qu’on lui suscite au nom des coutumes traditionnelles ; celui dont les pensées sont pleines d’une sagesse extraordinaire est en butte aux haines du peuple insolent (348). Maintenant, je me propose d’adopter les vêtements des Hou et le tir à l’arc à cheval afin d’enseigner (ces usages) à mon peuple ; mais le monde ne manquera pas de me critiquer ; comment faut-il faire ?

Fei I répondit :

— J’ai entendu dire que celui qui hésite dans ses entreprises n’atteint pas la gloire, que celui qui hésite dans ses actions n’obtient aucune renommée. Puisque, ô roi, vous avez résolu de vous exposer aux soucis que vous feront les coutumes traditionnelles, sans doute il faut que vous ne teniez aucun compte des critiques du monde. En effet, ceux qui visent à la vertu parfaite ne sont pas d’accord avec le vulgaire ; ceux qui accomplissent de grandes actions ne délibèrent pas avec la foule. Autrefois, Choen, en exécutant des danses, gagna les Miao (349) ; Yu, en se dénudant le torse, (pénétra dans) le royaume des hommes nus (350) ; (s’ils agissaient de la sorte), p.74 ce n’était pas pour satisfaire leurs désirs et réjouir leur volonté ; ils travaillaient ainsi à se régler sur la vertu et à s’assurer de la gloire. Le sot ne voit pas les choses même quand elles sont réalisées ; le sage les discerne avant même qu’elles aient pris forme. Ainsi, ô roi, pourquoi hésitez-vous (351) ?

— Le roi dit :

— Je n’ai aucun doute sur (la nécessité qu’il y a d’adopter) les vêtements Hou, mais je crains que le monde ne se moque de moi. La joie de l’insensé afflige celui qui est plein de sens ; le rire du sot attriste (352) le sage. Si, à notre époque, il y a des gens qui me suivent, la gloire que nous vaudra l’adoption des vêtements Hou sera incalculable, et, même si on excite le monde à se moquer de moi, le territoire des Hou et le Tchong-chan certainement je les posséderai.

Alors donc il adopta les vêtements Hou.]

[(Le roi Ou-ling) envoya Wan-Sie (353) dire (en son nom) p.75 au kong-tse Tch’eng :

— J’ai adopté les vêtements Hou et même je me propose de les porter aux audiences de la cour. Je désire aussi que vous, mon oncle, vous les revêtiez. Que, dans la famille, on obéisse aux parents, et que, dans l’État, on obéisse au prince, c’est la conduite qui a été généralement tenue depuis l’antiquité jusqu’à nos jours. Que le fils ne se révolte pas contre ses parents et que le sujet ne s’oppose pas à son prince, c’est le principe général (qui règle les relations) entre ceux qui sont à la tête et ceux qui sont soumis (354). Maintenant, j’ai donné des instructions pour qu’on change les vêtements et si vous, mon oncle, ne revêtez pas (le nouveau costume), je crains que le monde ne critique (la décision que j’ai prise). Pour diriger un État il y a une règle constante, à savoir que l’intérêt du peuple est l’essentiel ; pour obéir au gouvernement il y a une loi immuable, à savoir que l’exécution des ordres est la chose la plus importante. (Le prince) qui veut mettre en lumière sa vertu commence donc par s’occuper des gens du peuple ; (le sujet) qui veut agir en obéissant au gouvernement commence par avoir confiance dans son supérieur. Maintenant, si j’ai résolu d’adopter les vêtements Hou, ce n’est pas pour satisfaire mes désirs et pour réjouir ma volonté. Mon entreprise a un but et mon action glorieuse a le moyen de se réaliser. Quand mon entreprise p.76 sera accomplie et que mon action glorieuse sera faite, alors tout ira bien. Maintenant, je crains, mon oncle, que vous ne violiez la loi immuable qui préside à l’obéissance au gouvernement, et c’est pourquoi j’aide à votre délibération (par les explications que je vous donne). En outre, d’après ce que j’ai appris, celui qui travaille au bien de son royaume, sa conduite n’est point mauvaise ; celui qui s’appuie sur ceux de ses parents qui sont élevés en dignité, sa renommée ne sera point compromise. C’est pourquoi je désire faire appel à votre justice, mon oncle, afin de pouvoir réaliser la gloire que j’attends de l’adoption des vêtements Hou. J’ai envoyé Sie vous exposer cela, mon oncle, pour vous prier de revêtir (ce nouveau costume).

[Le kong-tse Tch’eng se prosterna par deux fois, frappa du front le sol et dit :

— Votre sujet avait bien entendu parler de l’adoption des vêtements Hou décidée par Votre Majesté. Moi, homme sans talent, j’étais couché et malade et c’est pourquoi je n’ai pas pu me mettre en route au plus vite pour venir auprès de vous et vous entourer de soins (355). Votre Majesté m’ayant donné un ordre, moi, votre sujet, je me permets de vous répondre : allant donc jusqu’au bout de mon humble fidélité, je vous dis : J’ai appris que les royaumes du Milieu étaient l’endroit où résidaient ceux qui sont intelligents et p.77 savants, où sont rassemblées toutes les choses de quelque valeur ou de quelque utilité, où les hommes les plus sages et les plus vertueux ont répandu leurs enseignements, où la bonté et la justice se sont déployées, où (les leçons du) Che (King) et du Chou (King), des rites et de la musique sont mises en pratique, où les intelligences extraordinaires et les capacités magistrales s’exercent ; c’est le pays qu’admirent et vers lequel vont avec empressement les contrées éloignées ; c’est celui que les (barbares) Man et I considèrent comme un modèle de justice et de bonne conduite. Maintenant, ô roi, vous renoncez à tout cela pour adopter les vêtements des contrées éloignées ; vous changez ce que l’antiquité nous a enseigné, vous modifiez la sagesse des anciens. Vous allez à l’encontre des désirs des hommes ; vous excitez la colère de ceux qui ont étudié ; vous vous séparez des royaumes du Milieu. C’est pourquoi je désire, ô roi, que vous y réfléchissiez.

[L’envoyé ayant rapporté (ces paroles), le roi dit :

— En effet, j’avais entendu dire que mon oncle était malade ; je vais me rendre en personne auprès de lui pour lui adresser ma prière.

Le roi alors se rendit dans la demeure du kong-tse Tch’eng et en profita pour lui exprimer ses désirs en ces termes :

— Il est de fait que l’habillement doit être approprié à l’usage (qu’on en veut faire) ; les rites doivent être appropriés aux circonstances. L’homme saint observe le lieu où il se trouve et se conforme à ce qui est nécessaire ; il tient compte des circonstances pour façonner les rites ; par ce moyen, il est avantageux à son peuple et rend de grands services p.78 à son royaume. Couper sa chevelure, peindre son corps, tatouer ses épaules (356), boutonner son vêtement à gauche, c’est ce que fait le peuple de Ngeou-yue (357). Se noircir les dents (358), se tatouer le front, refuser de porter le bonnet (359), p.79 se servir d’aiguilles grossières (360), c’est ce que fait le grand royaume de Ou (361). Ainsi, pour ce qui est des rites et des vêtements, personne n’est d’accord ; c’est la commodité qui est la règle universelle. Quand les régions sont différentes, les usages changent ; quand les circonstances sont autres, les rites se modifient. C’est pourquoi l’homme saint, si effectivement il peut par là être utile à son royaume, ne maintiendra pas l’uniformité des usages ; si effectivement il peut par là s’accommoder aux circonstances, il ne maintiendra pas l’immutabilité des rites. Les lettrés quoique reconnaissant un seul maître (362), ont des mœurs diverses ; les royaumes du Milieu, quoique observant des rites identiques, ont des enseignements divergents ; à combien plus forte raison (les différences seront-elles marquées) lorsqu’il s’agira p.80 de ce qui est profitable à (un pays de) montagnes et de vallées (363) ! Ainsi, en ce qui concerne les variations dans le rejet ou l’adoption (de telle ou telle coutume), les hommes intelligents ne peuvent pas être d’un seul avis ; en ce qui concerne les vêtements suivant qu’(un pays) est loin ou près (du centre de l’empire), les sages ne peuvent pas être unanimes. Dans les régions les plus reculées, il y a beaucoup de singularités ; ceux qui étudient à l’écart ont beaucoup de particularités distinctives. Ne pas suspecter ce qu’on ignore et ne pas condamner ce qui est différent de soi-même, c’est agir d’une manière équitable et rechercher dans tous les cas le maximum de bien. Maintenant, ô mon oncle ce dont vous parlez, c’est de la coutume établie ; ce dont moi je parle, c’est des moyens d’établir la coutume. A l’Est de mon royaume il y a les fleuves Ho (364) et Po-Lo (365) qui nous sont communs avec Ts’i et Tchong-chan (366) ; or nous n’avons à notre service ni barques ni rames ; depuis la montagne Tch’ang (367) jusqu’à Tai et à Chang-tang (368) nous avons, du côté de l’Est, les territoires de Yen et des p.81 Tong-hou (369), tandis qu’à l’Ouest nous sommes limitrophes des Leou-fan (370), de Ts’in et de Han ; or maintenant nous ne sommes pas prémunis par des archers à cheval. Si donc je n’ai à mon service ni barques, ni rames, la population riveraine des rivières comment s’y prendra-t-elle pour défendre les fleuves Ho et Po-lo (371) ? Je changerai les vêtements et (j’organiserai des escadrons d’)archers à cheval pour prémunir ma frontière contre (les attaques de) Yen, des trois Hou (372), de Ts’in et de Han. En outre, autrefois le souverain Kien (373) ne se mura pas dans Tsin-yang (374), et ainsi atteignit jusqu’au Chang-tang ; puis, le souverain Siang (375) s’annexa les Jong, s’empara de Tai, et ainsi repoussa les divers peuples Hou ; c’est là ce que tous savent, les ignorants aussi bien que les sages. Il y a quelque temps, Tchong-chan, se fiant sur les vaillants soldats de Ts’i, envahit et ravagea notre territoire, chargea de liens notre peuple et amena l’eau de la rivière pour assiéger Hao (376) ; n’eût été l’influence surnaturelle des p.82 dieux du sol et des moissons, Hao était bien près d’être perdue ; le roi mon prédécesseur subit cet affront, mais son ressentiment n’a pas encore pu être assouvi. Si maintenant nous faisons des préparatifs (en organisant des escadrons) d’archers à cheval, pour parler de ce qui est proche nous pourrons ainsi nous conformer à la configuration physique du Chang-tang, et pour parler de ce qui est lointain, nous pourrons ainsi venger l’affront que nous a infligé Tchong-chan. Vous cependant, mon oncle, vous observez les coutumes des royaumes du Milieu et par là vous vous mettez en opposition avec les intentions de Kien et Siang (377) ; vous redoutez la réputation d’avoir modifié les vêtements et par là vous oubliez l’affront de l’affaire de Hao. Ce n’est point là ce que j’espérais.]

[Le kong-tse Tch’eng se prosterna à deux reprises, en frappant du front la terre et dit :

— Dans mon ignorance, moi votre sujet, je n’ai pas bien pénétré les intentions de Votre Majesté et je me suis permis de discourir d’après ce que m’ont appris les mœurs qui ont cours dans le monde. Telle est ma faute. Maintenant, puisque Votre Majesté veut continuer les projets de Kien et de Siang pour se conformer aux intentions des anciens rois, comment oserais-je ne pas obéir à vos ordres ?

Après qu’il se fut prosterné à deux reprises en frappant du front le sol, on lui donna les vêtements Hou] ; le lendemain il les revêtit pour venir à la cour. Alors pour la première fois fut promulguée l’ordonnance relative aux vêtements Hou.

Tchao Wen, Tchao Tsao, Tcheou Chao et Tchao Kiun firent tous des remontrances pour s’y opposer (en disant que) le roi ne devait pas adopter les vêtements Hou p.83 et qu’il valait mieux suivre les anciennes règles (378). [Le roi leur dit :

— Les anciens rois n’eurent pas des mœurs identiques ; comment observerait-on les règles de l’antiquité ? Les empereurs et les rois (379) ne se sont pas imités les uns les autres ; comment suivrait-on les rites ? Fou-hi et Chen-nong enseignaient, mais ne punissaient pas ; Hoang-ti, Yao et Choen (380) punissaient, mais ne s’irritaient pas ; puis, quand vinrent les trois dynasties, elles firent des lois adaptées aux époques, elles instituèrent des rites appropriés aux circonstances ; dans la réglementation des lois et l’établissement des ordonnances, chacune d’elles se conforma à ce qui lui était avantageux ; pour les vêtements et les armes, chacune rechercha ce qui était le plus favorable à l’usage qu’elle devait en faire. Ainsi, pour ce qui est des rites, il n’y a pas nécessairement une seule explication ; pour ce qui est de l’avantage de l’État, il ne faut pas nécessairement (prendre pour modèle) l’antiquité. Ce qui a fait le succès des hommes saints, c’est parce qu’ils ont régné sans s’imiter les uns les autres ; ce qui a fait la décadence des (dynasties) Hia et Yn, c’est qu’elles se sont éteintes pour n’avoir pas modifié les rites. Ainsi donc, agir en opposition avec l’antiquité n’est pas aussitôt blâmable ; se conformer aux rites n’est pas aussitôt louable. D’ailleurs, si il était vrai que, quand les vêtements sont extraordinaires les caractères sont pervers, il faudrait dire que p.84 à Tseou et à Lou personne n’eut une conduite éminente (381) ; s’il était vrai que, lorsque les mœurs sont éloignées (de ce qu’elles sont dans les royaumes du Milieu), le peuple s’altère, il faudrait dire que Ou et Yue n’eurent pas d’hommes supérieurs (382). En outre, l’homme saint appelle vêtements ce qui est utile à son corps ; il appelle rites ce qui est approprié aux circonstances. Ainsi les principes de l’action et de l’abstention, et les statuts concernant les vêtements servent à régulariser le commun peuple, mais ils ne s’imposent point au sage ; c’est pourquoi le peuple ordinaire suit le cours des coutumes ; le sage va de compagnie avec les changements. Un proverbe dit : Celui qui conduit (un char) au moyen de connaissances livresques ne connaît pas à fond le tempérament des chevaux. (De même,) celui qui prétend régler les temps présents au moyen de l’antiquité, ne comprend pas les changements produits par les circonstances. Le mérite qu’on a à se conformer aux lois établies ne suffit pas à élever un homme au-dessus de son époque ; l’étude qui consiste à prendre pour modèle l’antiquité ne suffit pas à réglementer les temps modernes. Voilà ce que vous n’avez point saisi.]

(Le roi Ou-ling) adopta les vêtements Hou et enrôla des archers à cheval.

La vingtième année (306), le roi parcourut le territoire de Tchong-chan et parvint jusqu’à Ning-kia (383) ; à l’ouest, p.85 il parcourut le territoire des Hou et arriva jusqu’à Yu-tchong (384). Le roi des Lin-Hou (385) lui offrit des chevaux. A son retour, (le roi Ou-Ling) envoya Leou Hoan dans le pays de Ts’in, K’ieou I dans le pays de Han, Wang Pen dans le pays de Tch’ou, Fou Ting dans le pays de Wei, Tchao Tsio dans le pays de Ts’i. Tchao Kou, conseiller de Tai, eut la direction des Hou et fit venir leurs soldats (sous ses ordres).

La vingt et unième année (305), (le roi Ou-ling) attaqua (le royaume de) Tchong-chan. Tchao Chao était le général de droite, Hiu Kiun le général de gauche, et le kong-tse Tchang le général du centre ; le roi exerçait le commandement sur eux tous. Nieou Tsien commandait aux chars et aux cavaliers ; Tchao Hi avait le commandement général des (contingents) des Hou, de Tai et de Tchao (386) ; avec eux il se rendit à Hing (387) et opéra sa jonction avec l’armée (de Nieou Tsien) à K’iu-yang (388). (Tchao Hi et Nieou Tsien) attaquèrent et prirent Tan-k’ieou (389), p.86 Hoa-yang (390) et la barrière de Tch’e (391). L’armée du roi prit Hao (392), Che-i, Fong-long, Tong-yuen (393). (Le prince de) Tchong-chan offrit quatre villes en demandant la paix. Le roi l’accorda et cessa les hostilités.

La vingt-troisième année (303), (le roi Ou-ling) p.87 attaqua Tchong-chan. — La vingt-cinquième année (301), la reine Hoei mourut (394). (Le roi Ou-ling) chargea Tcheou Chao, qui devait être vêtu de vêtements Hou, d’être le précepteur du fils de roi, Ho (395). — La vingt-sixième année (300), il attaqua de nouveau Tchong-chan et lui enleva son territoire ; au nord, il arriva jusqu’à Yen et à Tai (396) ; à l’ouest, jusqu’à Yun-tchong (397) et Kieou-yuen (398).

La vingt-septième année (299), le cinquième mois, le jour ou-chen, (le roi Ou-ling) tint une cour plénière dans le palais oriental et abdiqua le gouvernement ; il mit sur le trône le prince Ho (399) qui devint roi. Le (nouveau) roi, après avoir terminé la cérémonie de la présentation au temple ancestral, sortit et tint sa cour ; les grands officiers vinrent tous lui rendre hommage. Fei I fut conseiller d’État ; il était en même temps précepteur du roi. (Le nouveau roi) fut le roi Hoei-wen ; il était le fils p.88 de Ou (400) la Belle, reine Hoei. — Le roi Ou-ling prit pour lui le titre de « père du souverain ».

Le « père du souverain » voulut que son fils dirigeât en personne le royaume. Lui-même, vêtu de vêtements Hou, se mit à la tête de quelques officiers et alla au nord-ouest inspecter le territoire des Hou. Puis il projeta de partir de Yun-tchong et de Kieou-yuen pour aller droit au sud attaquer à l’improviste le pays de Ts’in ; alors il se déguisa lui-même en ambassadeur et entra dans le pays de Ts’in : le roi Tchao, de Ts’in, qui ne le connaissait pas, s’étonna cependant de son maintien fort majestueux et de ses allures qui n’étaient point celles d’un sujet. Il envoya des gens à sa poursuite ; mais le « père du souverain » avait marché à bride abattue et s’était déjà échappé des passes. Quand on eut fait une enquête, on sut que c’était le « père du souverain » et les gens de Ts’in furent fort effrayés. Si le « père du souverain » était entré dans le pays de Ts’in, c’est parce qu’il voulait examiner en personne la configuration des lieux et en profiter pour voir quelle sorte d’homme était le roi de Ts’in.

La deuxième année (297) (401) du roi Hoei-wen, le « père p.89 du souverain » parcourut les nouveaux territoires et s’avança en dehors du pays de Tai ; à l’ouest il rencontra dans le Si-ho (402) le roi des Leou-fan (403) et fit venir ses soldats.

La troisième année (296), (le « père du souverain ») anéantit Tchong-chan et transporta son roi à Fou-che. A partir de Ling-cheou (404), le territoire septentrional devint obéissant (405) ; le chemin pour aller dans (la région de) Tai fut largement ouvert. A son retour, (le « père du souverain ») distribua les récompenses et proclama une amnistie générale ; il offrit des banquets et fit des festins pendant cinq jours. Il conféra à son fils aîné Tchang, le titre de prince de Ngan-yang (406), dans le pays de Tai. p.90 Tchang avait un caractère ambitieux, et, dans son for intérieur, il n’acceptait pas que son frère cadet eût été nommé roi. En outre, le « père du souverain » avait chargé Tien Pou-li d’être le conseiller de Tchang. Li Toei dit à Fei I :

— Le kong-tse Tchang est vigoureux et dans la force de l’âge et son caractère est arrogant ; ses partisans sont nombreux et ses désirs sont vastes ; il a sans doute des visées secrètes. Quant à T’ien Pou-li, c’est un homme qui ne recule pas devant le meurtre et qui est orgueilleux. Ces deux hommes s’étant rencontrés, ils ne manqueront pas de comploter ensemble et des séditions secrètes se fomenteront. Dès que (ces deux hommes) se seront produits en public, ils chercheront à faire une fortune inespérée ; en effet, quand des esprits médiocres ont un désir, ils réfléchissent peu et combinent faiblement, ne voient que ce qui leur est avantageux et ne tiennent pas compte de ce qui peut leur être funeste. Étant de même sorte, (ces deux hommes) s’exciteront l’un l’autre et entreront ensemble dans une voie fatale. A mon point de vue, certainement cela ne tardera pas longtemps. Vous avez une charge importante et votre autorité est grande ; là où commenceront les troubles, là où s’accumuleront les calamités, c’est vous qui sûrement serez le premier à souffrir. L’homme bon aime les dix mille sortes d’êtres, et l’homme sage se prémunit contre le malheur avant qu’il ait pris forme ; celui qui n’est ni bon ni sage, n’est pas qualifié pour diriger un royaume. Pourquoi ne vous dites-vous pas malade et ne vous refusez-vous pas à sortir de chez vous ? Remettez le gouvernement au kong-tse Tch’eng. Ne faites pas de vous le réceptacle de toutes les haines, l’escalier de toutes les calamités.

Fei I répondit :

— C’est impossible. Autrefois, le « père p.91 du souverain » m’a confié le roi, en me disant :

— Ne modifiez pas votre manière de voir ; ne changez pas vos projets. Conservez fermement un cœur invariable jusqu’à la fin de votre vie.

Moi, I, j’ai reçu ce mandat en me prosternant à deux reprises et je l’ai enregistré. Maintenant, si, par crainte des difficultés que pourrait me susciter (T’ien) Pou-li, j’oubliais ce que j’ai enregistré, quel changement plus grand pourrait-il y avoir ? Si, après m’être avancé pour recevoir un ordre strict, je me retire et je ne l’exécute pas intégralement, quelle injure peut être plus grave ? Un sujet qui change et qui fait injure encourt une culpabilité à laquelle aucun châtiment ne saurait équivaloir. Un dicton est ainsi conçu : Si les morts revenaient à la vie, que les vivants n’aient point à rougir (407). Ma parole a été engagée antérieurement ; je désire la tenir entièrement ; comment pourrais-je songer à sauver ma vie ? Un sujet intègre, c’est lorsque les difficultés surviennent que sa vertu apparaît ; un sujet loyal, c’est lorsque les embarras se produisent que sa conduite se rend illustre. Quant à vous, vous m’avez témoigné votre fidélité envers moi ; cependant ma parole est engagée antérieurement ; en définitive je ne saurais y manquer.

Li Toei lui répondit :

— Vous avez raison. Faites donc tous vos efforts. Cette année est la dernière où je vous vois.

Il sortit alors en versant des larmes. Li Toei eut plusieurs entrevues avec le p.92 kong-tse Tch’eng pour le mettre en garde contre toutes les entreprises de T’ien Pou-li.

Un autre jour, Fei I dit à Chen K’i (408) :

— Le prince et T’ien Pou-li (409) sont de graves sujets d’inquiétude. Pour ce qui est de leur justice, ils ont la réputation d’être bons, mais en réalité ils sont méchants. Ce sont des gens dont l’un ne se conduit pas comme un fils et dont l’autre ne se conduit pas comme un sujet. J’ai appris que lorsqu’un sujet pervers se trouvait à la cour, c’était la ruine du royaume, que lorsqu’un sujet calomniateur se trouvait dans le palais, c’était un insecte rongeur pour le souverain. Ces deux hommes sont ambitieux et leurs désirs sont immenses. A l’intérieur, s’assurer du souverain, et, à l’extérieur, agir avec violence (410), se targuer faussement d’ordres reçus pour manquer à tous leurs devoirs de manière à s’arroger un pouvoir (411) éphémère, cela ne leur sera point difficile à faire (412) ; cette calamité menace d’atteindre l’État. Maintenant, j’en suis fort préoccupé ; la nuit, j’en perds le sommeil ; aux repas, j’en oublie de manger. Quand des malfaiteurs vont et viennent, on ne saurait s’abstenir de se tenir sur ses gardes. A partir de maintenant, si on vient à p.93 mander le roi (413), ne manquez pas de paraître en ma présence ; j’irai d’abord de ma personne faire face (au péril) ; et, s’il n’y a pas de danger, alors seulement, le roi pourra venir.

Chen K’i répondit :

— Fort bien. J’ai entendu ce que vous avez dit.

La quatrième année (295), on donna audience à tous les fonctionnaires ; le prince de Ngan-yang (414) vint aussi à la cour. Le « père du souverain » invita le roi à présider l’audience ; lui-même se tenant sur le côté, regardait, observant la manière dont les divers fonctionnaires et les membres de la famille royale s’acquittaient des rites ; il vit son fils aîné, Tchang, qui d’un air accablé, se tournait vers le nord dans la posture d’un sujet et s’inclinait devant son frère cadet ; il en conçut de la compassion dans son cœur ; il souhaita alors de diviser le royaume de Tchao et nommer Tchang roi de Tai. Avant que ce projet eût été arrêté, la situation prit fin (de la manière suivante).

Le « père du souverain » et le roi s’étant rendus en excursion dans le palais I à Cha-k’ieou (415), le kong-tse Tchang alors se servant de ses partisans, se souleva d’accord avec T’ien Pou-li. Au moyen d’un ordre supposé du « père du souverain » (416), il manda le roi ; Fei I se présenta le premier et fut mis à mort. Kao Chen (417) et le roi livrèrent aussitôt bataille (aux rebelles), Le kong-tse p.94 Tch’eng et Li Toei étant venus de la capitale, levèrent les soldats de quatre villes et entrèrent (dans Cha-k’ieou) pour réprimer les troubles ; ils tuèrent le kong-tse Tchang ainsi que T’ien Pou-Li, exterminèrent les rebelles de leur faction et raffermirent la maison royale. Le kong-tse Tch’eng fut nommé conseiller et reçut le titre de prince de Ngan-p’ing ; Li Toei devint ministre de la justice. Quand le kong-tse Tchang avait été battu, il s’était enfui auprès du « père du souverain » qui lui avait ouvert (sa porte pour le mettre à l’abri) ; c’est pourquoi (le kong-tse) Tch’eng et (Li) Toei assiégèrent le palais où se trouvait le « père du souverain ». Quand le kong-tse Tchang eut péri, le kong-tse Tch’eng et Li Toei délibérèrent entre eux, disant :

— A cause de Tchang, nous avons assiégé le « père du souverain » ; dès que nous aurons éloigné nos soldats, nous et les nôtres serons exterminés.

Ils continuèrent donc à tenir assiégé le « père du souverain » ; ils déclarèrent que ceux des gens du palais qui sortiraient après les autres seraient massacrés ; tous les gens qui étaient dans le palais sortirent. Le « père du souverain » voulut sortir, mais on l’en empêcha ; en outre il ne put trouver des aliments ; il dénicha des jeunes moineaux et s’en nourrit. Au bout de plus de trois mois, il mourut de faim dans le palais de Cha-k’ieou (418). Quand il fut avéré que « le père du souverain » était mort (419), on annonça le deuil et on en p.95 informa les seigneurs. En ce temps, comme le roi était jeune, (le kong-tse) Tch’eng et (Li) Toei assumèrent le gouvernement. C’est parce qu’ils avaient craint d’être mis à mort qu’ils avaient assiégé le « père du souverain ».

Auparavant, le « père du souverain » avait donné à son fils aîné Tchang le titre d’héritier présomptif ; dans la suite, quand il eut pris pour concubine Ou la Belle, il l’aima et, à cause d’elle, ne sortit pas (du palais) pendant plusieurs années. Quand elle eut enfanté un fils nommé Ho, il dégrada l’héritier présomptif Tchang et nomma roi Ho. Après la mort de Ou la Belle, son amour pour elle se relâcha et il eut compassion de l’ex-héritier présomptif ; il voulut que ses deux fils eussent le titre de roi ; mais il hésitait et ne se décidait pas ; c’est pourquoi les troubles éclatèrent et en arrivèrent à ce point que le père et le fils moururent tous deux et furent la risée de l’empire. Comment ne serait-ce pas un sujet d’affliction ?

Quand le « père du souverain » fut mort, le roi Hoei-wen monta sur le trône (420). — Cinq ans (294) après avoir pris le pouvoir, il donna à Yen (les places de) Mo et I (421). — La huitième année (291) (422), il fit un rempart au Hing-t’ang méridional (423). — La neuvième année (290), les p.96 généraux de Tchao et de Leang (424) réunirent leurs armées à celle de Ts’i et attaquèrent Han ; ils arrivèrent jusque sous les murs de Lou-koan (425). — Puis, la dixième année (289), (le roi de) Ts’in se proclama Empereur d’occident (426). — La onzième année (288), Tong-chou allié au prince de Wei attaqua Song ; (Tchao) obtint Ho-yang de Wei (427). Ts’in s’empara de Keng-yang (428). — La douzième année (287), les généraux de Tchao et de Leang (429) attaquèrent Ts’i. — La treizième année (286), Han Siu fut mis à la tête de l’armée et attaqua Ts’i. La princesse (430) mourut. — La quatorzième année (285), le conseiller d’État Yo I, à la tête des armées de Tchao, Ts’in, Han, Wei et Yen, p.97 attaqua Ts’i et prit Ling-k’ieou (431). (Le roi de Tchao) eut une entrevue avec (le roi de) Ts’in à Tchong-yang (432). — La quinzième année (284), le roi Tchao, de Yen, vint voir (le roi Hoei-wen). Tchao ainsi que Han, Wei et Ts’in attaquèrent ensemble Ts’i (433) ; le roi de Ts’i fut battu et s’enfuit. Yen seul s’avança profondément (dans le pays de Ts’i) et s’empara de Lin-tse (434).

La seizième année (283), Ts’in, allié à Tchao, attaqua derechef Ts’i à plusieurs reprises. Les gens de Ts’i en étaient désolés. Sou Li (435) envoya au nom de Ts’i une lettre au roi de Tchao ; elle était ainsi conçue :

[(436) « D’après ce que j’ai appris au sujet des princes sages de l’antiquité, leur conduite vertueuse ne se répandait pas sur toute l’étendue comprise à l’intérieur des mers, leurs enseignements n’étendaient pas leurs bienfaits sur tout le peuple, leurs sacrifices et leurs offrandes p.98 aux époques prescrites n’étaient pas présentés constamment aux mânes et aux esprits ; cependant la rosée douce descendait (sur la terre), les pluies de saison survenaient, les moissons annuelles étaient abondantes, la foule du peuple ne souffrait pas d’épidémies, la multitude des hommes trouvait cet état de choses excellent ; néanmoins, les sages souverains cherchaient le moyen de mieux faire (437). Maintenant la conduite sage et l’énergie glorieuse de Votre Majesté ne se sont pas souvent employées en ce qui concerne Ts’in ; le poison de votre haine et vos ressentiments accumulés ne sont pas profondément invétérés en ce qui concerne Ts’i (438). Ts’in et p.99 Tchao s’étant alliés en ont profité pour réquisitionner de force des soldats dans le pays de Han ; est-ce parce que Ts’in aime sincèrement Tchao ? Est-ce parce qu’en réalité il déteste Ts’i ? Quand une chose est arrivée à être exagérée, un souverain sage l’observe avec attention. Or ce n’est pas que Ts’in aime Tchao ou déteste Ts’i ; mais c’est qu’il veut causer la perte de Han et absorber les deux Tcheou. C’est pourquoi il allèche l’empire en lui présentant Ts’i comme appât ; de peur qu’il n’y ait quelque désaccord dans l’affaire, il a fait sortir ses soldats pour forcer à agir Wei et Tchao ; de peur que l’empire ne le redoute lui-même, il a livré des otages pour qu’on ait confiance en lui ; de peur que l’empire ne se révolte brusquement contre lui, il a réquisitionné des soldats dans le pays de Han pour le terroriser. Il dit qu’il veut faire du bien à un royaume ami, mais en réalité il se propose d’attaquer Han après l’avoir vidé (de soldats) (439). Pour moi, j’estime que telle est la vraie origine des projets de Ts’in. Dans les événements, il y en a certainement où, les circonstances étant différentes, le malheur qui survient est identique : ainsi, quand Tch’ou eut été attaqué pendant longtemps, c’est Tchong-chan qui périt (440) ; maintenant (de même), quand Ts’i aura p.100 été attaqué pendant longtemps, c’est Han qui certainement périra. Si on détruit Ts’i, Votre Majesté en partagera le bénéfice avec les six royaumes (441) ; (au contraire), Han étant ruiné, c’est Ts’in qui seul l’accaparera ; s’emparer des deux Tcheou (442) et, à l’ouest, prendre les ustensiles de sacrifice (443), c’est Ts’in qui seul s’en assurera l’avantage. Quand on taxera les champs et qu’on évaluera les mérites, le profit que Votre Majesté en retira comment pourra-t-il être considérable au prix de celui que s’assurera Ts’in ? Voici les combinaisons qu’exposait un donneur de conseils : Quand Han aura perdu la région de San-tch’oan (444) et que Wei aura perdu le pays de Tsin (445), avant que le marché et l’audience de la cour aient fait place à un autre marché et à une autre audience (446), p.101 l’infortune sera déjà arrivée (447). Quand Yen aura pris entièrement la partie septentrionale du territoire de Ts’i, il aura diminué de trois cents li la distance qui le sépare de Cha-k’ieou (448) et de Kiu-lou (449) ; (d’autre part,) le Chang-tang (450), territoire de Han, n’est qu’à cent li de Han-tan. Lors donc que Yen et Ts’in comploteront contre le Fleuve et les montagnes (451) de Votre Majesté, ils n’auront qu’à franchir un espace de trois cents li pour être en communication l’un avec l’autre. (Actuellement,) la commanderie de Chang (452), territoire de Ts’in, est voisine de la passe T’ing, et, pour aller jusqu’à Yu-tchong (453), il y a quinze cents li ; (mais), quand Ts’in aura attaqué avec ses p.102 trois armées le Chang-tang (454) qui appartient à Votre Majesté, alors vous ne posséderez plus rien de ce qui est à l’ouest du Yang-tch’ang (455) et au sud du Keou-tchou ; quand (Ts’in) aura franchi le Keou-tchou (456), il interceptera (la région du) Tch’ang-chan (457) et l’occupera ; il n’aura à franchir qu’un espace de trois cents li pour être en communication avec Yen ; alors les chevaux (du pays) de Tai et les chiens des Hou ne descendront plus vers l’est ; le jade des montagnes Koen (458) ne sortira plus ; ces trois p.103 choses précieuses elles aussi votre Majesté ne les possédera plus. Si, ô roi, vous persistez longtemps à combattre Ts’i et à vous mettre à la suite du puissant Ts’in pour attaquer Han, voilà jusqu’où atteindra certainement la calamité qui en résultera. Je désire que Votre Majesté y réfléchisse mûrement. D’ailleurs, la raison pour laquelle Ts’i est attaqué, c’est parce qu’il peut vous servir ; dans l’empire, on se concerte pour comploter contre Votre Majesté, et, dès que Yen et Ts’in auront formé leur alliance, les soldats entreront en campagne sous peu de jours ; les cinq royaumes s se diviseront (alors) le territoire de Votre Majesté. Mais Ts’i s’opposera à l’alliance des cinq royaumes (459) et vous suivra dans les dangers jusqu’à la mort, ô roi ; il enverra dans l’ouest ses soldats pour arrêter le puissant Ts’in, et le pseudo-empereur Ts’in (460) demandera à se soumettre ; (Ts’in) rendra à Wei (les places de) Kao-p’ing (461) et p.104 Ken-jeou (462) ; il rendra à Tchao (les localités de) Hing-fen (463) et Sien-yu (464). Ainsi donc les services que Ts’i rendra à Votre Majesté devront être de premier ordre. Si cependant maintenant vous lui infligez un châtiment, je crains que, plus tard, ceux qui dans l’empire auront à servir Votre Majesté, n’osent pas s’y décider. Je désire, ô roi, que vous y songiez mûrement. (Au contraire,) si maintenant, ô roi, vous refusez de vous unir à l’empire pour attaquer Ts’i, l’empire ne manquera pas d’apprécier votre justice, et, quant à Ts’i, il prendra avec lui ses dieux du sol et des moissons (465) pour vous servir avec sincérité. Tout l’empire ne manquera pas de faire grand cas de la justice de Votre Majesté, (disant que), avec tout l’empire vous avez bien traité Ts’in, mais que Ts’in ayant été cruel, Votre Majesté avec tout l’empire l’a arrêté. p.105 Ainsi la volonté de tout le monde aura été heureusement exécutée par vous, ô roi.]

A la suite de cela, Tchao prit brusquement congé de Ts’in et n’attaqua plus Ts’i.

Le roi se rencontra avec le roi de Yen. — Lien P’o (466), à la tête de l’armée, attaqua (la ville de) Si-yang (467) du pays de Ts’i, et la prit. — La dix-septième année (282), Yo I, à la tête des soldats de Tchao, attaqua Po-yang (468), (ville) de Wei. D’autre part, Ts’in, irrité de ce que Tchao n’avait pas fait cause commune avec lui pour combattre Ts’i, fit une expédition contre Tchao et nous prit deux villes. — p.106 La dix-huitième année (281), Ts’in nous enleva Che-tch’eng (469). Wang Tsai se rendit à Tong-yang (470), (du pays) de Wei [b], et ouvrit une brèche aux eaux du Ho pour combattre le prince de Wei [a]; il y eut une grande inondation et la rivière Tchang déborda. Wei Jan (471) vint comme conseiller dans (le pays de) Tchao. — La dix-neuvième année (280), Ts’in triompha de deux de nos villes. Tchao donna à Wei (la ville de) Po-yang (472). Tchao Cho, à la tête de l’armée, attaqua Me-k’ieou (473) (ville) de Ts’i, p.107 et s’en empara. — La vingtième année (279), Lien P’o, à la tête de l’armée, attaqua Ts’i. Le roi (de Tchao) et le roi Tchao, de Ts’in, se rencontrèrent en dehors du Si-ho (474). — La vingt et unième année (278), Tchao détourna la rivière Tchang et la fit passer à l’Ouest de Ou-p’ing (475). — La vingt-deuxième année (277), il y eut une grande épidémie. On nomma héritier présomptif le kong-tse Tan. — La vingt-troisième année (276), Leou Tch’ang, à la tête de l’armée, attaqua Ki (476), (ville) de Wei, mais il ne put la prendre. Le douzième mois, Lien P’o, ayant assumé le commandement, attaqua Ki et s’en empara. — p.108 La vingt-quatrième année (275), Lien P’o, à la tête de l’armée attaqua Fang-tse (477), (ville) de Wei et la prit ; il en profita pour y construire un rempart, puis revint. Il attaqua encore Ngan-yang (478) et s’en empara. — La vingt-cinquième année (274), Yen Tcheou, à la tête de l’armée, attaqua Tch’ang-tch’eng (479) et Kao-t’ang (480) et s’en empara. Lui et Wei combattirent ensemble contre Ts’in ; le général de Ts’in, Po K’i, nous vainquit à Hoa-yang (481) et fit prisonnier un général. — La vingt-sixième année (273), (Tchao) prit le territoire de Tai qui avait été envahi par les Tong-hou (482). — La vingt-septième année (272), on p.109 reporta le cours de la rivière Tchang au sud de Ou p’ing (483). Tchao Pao (484) reçut le titre nobiliaire de prince de P’ing-yang. Les eaux du Ho débordèrent et il y eut une grande inondation. — La vingt-huitième année (271), Lin Siang-jou dirigea une expédition contre Ts’i et arriva jusqu’à P’ing-i (485) ; quand il eut cessé les hostilités, il construisit le rempart de la grande ville du Kieou-men (486) septentrional. Un général de Yen, Kong-suen Ts’ao, prince de Tch’eng-ngan, assassina son roi (487). — La vingt-neuvième année (270), Ts’in et Han se combattirent et (Ts’in) assiégea (notre ville de) Yen-yu (488). Tchao chargea Tchao p.110 Cho de prendre le commandement de l’armée et d’attaquer Ts’in ; (Tchao Cho) fit subir une grande défaite à l’armée de Ts’in sous les murs de Yen-yu ; il reçut le titre de prince de Ma-fou (489). — La trente-troisième année (266), le roi Hoei-wen mourut. L’héritier présomptif Tan monta sur le trône ; ce fut le roi Hiao-tch’eng.

La première année (265) du roi Hiao-tch’eng, Ts’in dirigea une expédition contre nous et prit trois villes. — Comme le roi de Tchao venait de monter sur le trône, la reine douairière prit en mains le gouvernement. [(490) Ts’in poussant ses attaques avec vigueur, la famille princière de Tchao demanda le secours de Ts’i ; Ts’i répondit :

— A la condition expresse que vous me donnerez le prince de Tch’ang-ngan (491) en otage, mes soldats sortiront.

La reine douairière ne voulut pas y consentir ; ses principaux ministres lui ayant adressé des reproches énergiques, la reine douairière déclara nettement à ceux qui l’entouraient :

— Si quelqu’un me parle encore une fois de livrer en otage le prince de Tch’ang-ngan, moi, vieille femme, je lui cracherai au visage.

Le tso che Tch’ou Long exprima (492) le désir de voir la p.111 reine douairière ; la reine douairière pleine de colère le fit entrer au bout d’un moment. S’avançant lentement, il vint s’asseoir et s’excusa en disant :

— Votre vieux sujet souffre des pieds et est incapable de marcher vite ; je n’ai pas pu venir vous voir depuis longtemps ; maintenant, me pardonnant à moi-même (493) et craignant que vous-même, ô reine, ne souffriez de quelque incommodité (semblable), j’ai désiré vous voir.

La reine douairière dit :

— Moi, vieille femme, je me sers d’une voiture à bras pour aller et venir.

Il demanda :

— Votre appétit est-il toujours bon ?

— Je me soutiens avec de la bouillie de riz, répondit-elle.

Il dit :

— Moi, votre vieux sujet, dans les derniers temps je n’avais plus aucun désir de manger ; je me suis alors forcé à faire à pied chaque jour trois ou quatre li ; j’ai ainsi un peu augmenté mon goût pour la nourriture et cela profite à mon corps.

La reine douairière répliqua :

— Pour moi, vieille femme, j’en serais incapable.

La mauvaise humeur de la reine douairière s’étant quelque peu dissipée, le vénérable tso-che lui dit :

— Votre vieux sujet a un humble fils nommé Chou-k’i qui est très jeune et dénué de talents tandis que moi je suis décrépit ; j’ai pitié de lui et je l’aime ; je voudrais qu’il pût avoir une place de (soldat à) vêtement noir (494) pour monter la garde dans le palais royal ; voilà ce dont je vous informe en bravant la mort.

La reine douairière dit :

— Je m’empresse de vous accorder (ce que vous demandez) ; quel p.112 âge a-t-il ?

— Quinze ans, répondit-il ; quoiqu’il soit jeune, je désire vous le confier avant que je sois tombé dans le fossé (495).

— Les hommes aussi aiment-ils donc leurs jeunes fils et en ont-ils compassion ?

— Plus que les femmes, répondit-il.

La reine douairière dit en riant :

— Ce sont les femmes qui l’emportent de beaucoup.

Il répliqua :

— Votre vieux sujet pense que votre amour de mère pour la reine de Yen surpasse celui que vous avez pour le prince de Tch’ang-ngan (496).

— Vous vous trompez, dit la reine douairière ; je l’aime moins que le prince de Tch’ang-ngan.

Le vénérable tso-che dit :

— Quand un père et une mère aiment leur enfant, ils combinent pour lui des plans à longue portée. Lorsque vous avez accompagné la reine de Yen, vous preniez dans vos mains ses talons et les arrosiez de larmes en songeant à l’éloignement où elle allait être et vous étiez ainsi pleine de compassion pour elle (497) ; quand elle fut partie vous n’avez pas cessé de penser à elle ; (cependant), lorsque vous faisiez des sacrifices, vous priiez pour elle en disant :

— Qu’à aucun prix on ne la renvoie (498).

N’est-ce pas parce que vous aviez des projets pour un avenir lointain afin que ses fils et ses petits-fils fussent p.113 rois les uns après les autres (499) ?

— Il en est bien ainsi, dit la reine douairière.

Le vénérable tso-che reprit :

— Si maintenant nous remontons à trois générations en arrière pour atteindre tous ceux des fils et petits-fils des souverains de Tchao qui ont reçu des fiefs nobiliaires, en trouverons-nous (dont la lignée) ait subsisté (jusqu’à nos jours) ?

— Il n’y en a pas, répondit-elle.

Il ajouta :

— Si nous ne nous bornons pas au royaume de Tchao, parmi les seigneurs en trouverons-nous ?

— Moi, vieille femme, dit-elle, je ne l’ai point entendu dire.

— Ainsi, dit-il, les uns ont été immédiatement atteints par le malheur dans leurs propres personnes ; les autres ont été atteints plus tard dans leurs fils et leurs petits-fils. Est-ce à dire que les fils de souverains, par le fait qu’ils ont reçu un fief nobiliaire, sont devenus pervers ? (Non, mais c’est parce que) leur dignité était fort haute sans qu’ils eussent eu de mérites ; leurs revenus étaient considérables sans qu’ils eussent fait d’actions d’éclat ; ils avaient les mains pleines d’honneurs et de richesses (500). Maintenant, ô reine, vous avez élevé le prince de Tch’ang-ngan en dignité ; vous lui avez donné des terres fertiles ; vous l’avez comblé d’honneurs et de richesses ; cependant vous n’êtes pas parvenue jusqu’à maintenant à lui faire accomplir quelque action méritoire pour son pays. Le jour où la montagne p.114 s’effondrera (501), comment le prince de Tch’ang-ngan pourra-t-il se fier sur le royaume de Tchao ? Au jugement de votre vieux sujet, les plans que vous faites pour le prince de Tch’ang-ngan témoignent de courtes vues. C’est pourquoi j’estime que vous ne l’aimez pas autant que la reine de Yen.

La reine douairière dit :

— Je vous approuve et je consens à ce que vous voulez faire de lui.

Alors elle fit équiper cent chars pour le prince de Tch’ang-ngan et l’envoya en otage dans le pays de Ts’i ; les troupes de Ts’i entrèrent aussitôt en campagne. Tse-i (502), ayant appris ce qui s’était passé, dit :

— Un fils de souverain est apparenté (au prince) par ses os et par sa chair ; cependant il ne peut garder ses dignités s’il n’a pas de mérite, ni ses revenus s’il n’accomplit pas d’action d’éclat, ni conserver ses richesses en or et en jade. A combien plus forte raison en est-il de même pour nous autres !

T’ien Tan, prince de Ngan-p’ing (503), (du pays) de Ts’i, à la tête des troupes de Tchao, attaqua Tchong-yang (504), p.115 (ville) de Yen et la prit. Il attaqua encore Tchou-jen (505), (ville) de Han, et la prit. — La deuxième année (264), la reine Hoei-wen mourut. T’ien Tan devint conseiller.

La quatrième année (262), le roi rêva qu’il était revêtu d’un vêtement mi-partie d’une couleur, mi-partie d’une autre et se boutonnant par derrière, que, monté sur un dragon volant, il s’élevait vers le ciel, mais qu’il n’y parvenait pas et tombait, qu’il voyait des amas d’or et de jade hauts comme des montagnes. Le lendemain, le roi manda le devin officiel Kan pour interpréter ce songe ; (le devin) lui dit :

— Si vous avez rêvé que vous étiez vêtu d’un vêtement mi-partie d’une couleur, mi-partie d’une autre, et se boutonnant par derrière, c’est (signe de) ruine. Que, monté sur un dragon volant, vous vous éleviez au ciel, mais que vous n’y parveniez pas et tombiez, c’est (signe que) vous avez de l’ardeur, mais sans réel pouvoir. Que vous ayez vu des monceaux d’or et d’argent hauts comme des montagnes, c’est (signe d’)affliction.

Trois jours plus tard, Fong T’ing, qui gouvernait le p.116 Chang-tang (506) pour le compte de la famille princière de Han, envoya un émissaire qui vint dire :

Han ne peut plus garder le Chang-tang et va le livrer à Ts’in ; or les officiers et le peuple de cette région seraient heureux d’appartenir à Tchao et ne désirent pas appartenir à Ts’in. J’ai dix-sept villes, bourgs et places que je souhaite, en me prosternant par deux fois, livrer à Tchao ; j’accepterai le bienfait que Votre Majesté accordera aux officiers et au peuple (507).

Le roi, tout joyeux, manda (Tchao) Pao, prince de P’ing-yang, et l’informa de ce qui venait de se passer en lui disant :

Fong T’ing nous livre dix-sept villes, bourgs et places ; convient-il de les recevoir ?

(Tchao Pao) répondit :

— Le sage considère comme très funeste un avantage sans motif.

Le roi répliqua :

— Ces gens chérissent ma vertu ; comment pouvez-vous dire qu’il n’y a pas de motif ?

— Ts’in, dit (Tchao Pao), a rongé comme une feuille de mûrier la famille princière de Han dont le territoire se trouve coupé par le milieu, de façon que les deux parties ne peuvent communiquer entre elles ; certainement (Ts’in) estime donc que, en restant assis (508), il recevra le territoire de Chang-tang. Si le prince de Han ne veut pas le livrer à Ts’in, c’est parce qu’il désire faire retomber sur Tchao les malheurs qui en résulteront. Que Ts’in, se soit chargé de toute la peine pour que Tchao recueille tout l’avantage, cela ne pourrait pas se produire, même dans le cas d’un puissant agissant contre un p.117 faible : à plus forte raison, un faible pourrait-il agir ainsi à l’égard d’un puissant ? Comment ne dira-t-on pas que (l’avantage qu’on vous propose) est un avantage sans motif ? En outre Ts’in a labouré et ensemencé (509) ; il a fait parvenir par eau des transports de grain (510) ; il a dévoré, comme le ver ronge la feuille de mûrier, un pays (511) dont les chars de guerre étaient de première force et dont les combattants valaient double ; il a séparé ce territoire pour le rattacher à sa domination supérieure (512) ; son autorité y est reconnue. Vous ne sauriez vous susciter de difficultés avec lui ; gardez-vous d’accepter (ce présent).

Le roi dit :

— Maintenant, quand j’envoie des armées d’un million d’hommes, il faut des années et des années avant qu’on s’empare d’une seule ville ; en ce moment, on fait cadeau à mon royaume de dix-sept villes, bourgs et places ; c’est là un grand avantage.

Tchao Pao sortit. Le roi manda le prince de P’ing-yuen (513) ainsi que Tchao Yu et leur exposa l’affaire ; ils répondirent :

— Quand vous envoyez à l’attaque des armées d’un million d’hommes, il se passe des années avant que vous vous empariez d’une seule ville ; maintenant, p.118 en restant assis, vous recevez dix-sept villes, bourgs et places ; c’est là un grand avantage qu’il ne faut pas laisser échapper.

Le roi dit :

— C’est fort bien.

Il ordonna donc à Tchao Cheng (514) de recevoir ce territoire.

(Tchao Cheng) dit à Fong T’ing :

— Je suis l’ambassadeur de mon humble pays, le sujet Cheng. Le prince de mon humble pays m’a chargé de vous apporter ses ordres ; il confère au gouverneur général (515) trois districts de dix mille foyers ; il confère aux préfets trois districts de mille foyers ; tous seront marquis de génération en génération. Les officiers et les hommes du peuple recevront tous trois degrés dans la hiérarchie ; les officiers et les hommes du peuple qui sauront maintenir la paix entre eux seront tous gratifiés de six livres d’or.

Fong T’ing, versant des larmes, refusa de voir l’ambassadeur et dit :

— Je ne saurais accepter, car je manquerais par trois fois à la justice. Étant gouverneur d’un territoire pour le compte de mon souverain, je n’aurais pas su le défendre jusqu’à la mort ; tel serait mon premier manquement à la justice. Je l’aurais livré à Ts’in sans écouter les ordres de mon souverain ; tel serait mon second manquement à la justice. J’aurais vendu le territoire de mon souverain et j’en profiterais ; tel serait mon troisième manquement à la justice (516).

p.119 Tchao envoya alors des soldats pour s’emparer du Chang-tang ; Lien P’o ayant le commandement de l’armée, campa à Tch’ang-p’ing (517).

La septième année (259)  (518), on retira ses fonctions à Lien P’o, et Tchao Kouo (519) le remplaça à la tête de l’armée ; les gens de Ts’in cernèrent Tchao Kouo ; Tchao Kouo se rendit avec son armée ; il y avait là plus de quatre cent mille hommes ; on les extermina tous (520). Le roi regretta de ne pas avoir écouté les avis de Tchao Pao et d’avoir ainsi causé le désastre de Tch’ang p’ing. Le roi, de retour (dans sa capitale), n’obéit pas à Ts’in. Ts’in assiégea p.120 Han-tan (521). Fou Pao, préfet de Ou-yuen (522), Wang fong et Sou Che, à la tête d’une foule de gens de Yen, se révoltèrent sur le territoire de Yen. Tchao conféra la seigneurie de Ling-k’ieou (523) au prince de Tch’oen-chen, conseiller de Tch’ou.

La huitième année (258), le prince de P’ing-yuen se rendit dans le pays de Tch’ou pour demander du secours. Lorsqu’il fut de retour, Tch’ou vint nous secourir ; puis le kong-tse Ou-ki (524), (du pays) de Wei, vint aussi à notre secours. Le siège que Ts’in maintenait devant Han-tan fut alors abandonné (525). — La dixième année (256), Yen attaqua (la ville de) Tch’ang-tchoang (526), et, le p.121 cinquième mois, la prit. Les généraux de Tchao, Yo Tch’eng (527) et K’ing Cho attaquèrent l’armée (du général) Sin-Leang (528), de Ts’in, et la vainquirent. L’héritier présomptif mourut. Ts’in attaqua (la ville des) Tcheou occidentaux et s’en empara (529). T’ou-fou K’i (530) sortit (du royaume de Tchao). — La onzième année (255), on construisit un rempart à Yuen-che (531) ; on érigea Cheng-yuen en préfecture. Tcheng Ngan-p’ing (532), prince de Ou-yang, mourut ; (le roi de Tchao) confisqua ses terres. — La douzième année (254), les bâtiments servant à garder le fourrage à Han-tan furent incendiés. — La quatorzième année (252), Tchao Cheng, prince de P’ing-yuen, mourut (533).

p.122 La quinzième année (251), (le roi de Tchao) conféra la terre de Wei-wen (534) au conseiller d’État Lien P’o, avec le titre de prince de Sin ping. — [(535) Le roi de Yen (536) chargea son conseiller Li Fou de conclure amitié (avec Tchao) et d’offrir en cadeau gracieux (537) cinq cents livres d’or au roi de Tchao. A son retour, (Li Fou) revint présenter son rapport au roi de Yen et lui dit :

— Parmi (les sujets du) prince de Tchao, ceux qui étaient dans la force de l’âge sont tous morts à Tch’ang p’ing (538) ; leurs orphelins ne sont pas encore adultes. Il faut les attaquer.

Le roi manda Yo Kien (539), prince de Tch’ang-kouo, et l’interrogea à ce sujet ; il répondit :

Tchao est un royaume qui a eu à batailler sur ses quatre fronts (540) ; son peuple est habitué à la guerre ; l’attaquer est impossible.

Le roi dit :

— C’est avec une multitude que j’attaque un petit nombre d’hommes. Si nous combattons deux contre un, ne pouvons-nous pas (risquer la lutte) ?

Il répondit :

— Vous ne le pouvez pas.

— Je combattrai donc cinq contre un (541), dit le roi ; pouvons-nous (risquer la lutte ?)

p.123 Il répondit :

— Vous ne le pouvez pas.

Le roi de Yen fut fort irrité, et, comme tous ses officiers lui disaient qu’on pouvait (combattre),] il se décida à mettre en campagne deux armées et deux mille chars de guerre ; Li Fou avait un des commandements et devait attaquer Hao (542) ; King Ts’in avait l’autre commandement et devait attaquer Tai. Lien P’o était général de Tchao ; il écrasa et tua Li Fou ; il fit prisonniers K’ing Ts’in et Yo Kien.

La seizième année (250), Lien P’o assiégea (la capitale de) Yen. Yo Tch’eng fut nommé prince de Ou-siang (543). — La dix-septième année (249), le vice-conseiller et général en chef, prince de Ou-siang, attaqua Yen et assiégea sa capitale. — La dix-huitième année (248), Kiun, (originaire) de Yen-ling (544), se mit à la tête des troupes, et, à la suite du conseiller d’État, prince de Sin-p’ing (545), il aida Wei à attaquer Yen. Ts’in nous prit trente-sept villes, parmi lesquelles Yu-ts’e (546). — La dix-neuvième année (247), Tchao fit avec Yen un échange de territoires ; il donna à Yen (les localités de) Long-toei (547), p.124 Fen-men (548) et Lin-lo (549) ; Yen donna à Tchao (les villes de) Ko (550), Ou-yang (551) et P’ing-chou (552). — La vingtième année (246), p.125 Tcheng (553), roi de Ts’in, monta sur le trône. Ts’in nous prit Tsin-yang. — La vingt-et-unième année (245), le roi Hiao-tch’eng mourut. Lien P’o, étant à la tête de l’armée, attaqua (la ville de) Fan-yang (554) et la prit ; Yo Tch’eng fut envoyé pour le remplacer (dans son commandement) ; Lien P’o combattit Yo Tch’eng qui se retira ; Lien P’o s’enfuit dans le pays de Wei. Le fils (du roi Hiao-tch’eng), Yen, prit le pouvoir ; ce fut le roi Tao-siang.

La première année (244) du roi Tao-siang, (on célébra) la grande perfection (555). — Wei voulut s’ouvrir un chemin pour communiquer avec P’ing-i et Tchong-meou (556), mais il n’y parvint pas. — La deuxième année (243), Li Mou, à la tête de l’armée, attaqua Yen et prit (les villes de) p.126 Ou-soei et Fang-tch’eng (557). — (Le roi de) Ts’in manda auprès de lui le prince de Tch’oen-p’ing (558), puis en profita pour le retenir. Sie Kiun intervint à ce propos en disant au marquis de Wen-sin (559) :

— Le prince de Tch’oen-p’ing est fort aimé du roi de Tchao, mais les lang-tchong (560) sont jaloux de lui et c’est pourquoi ils ont délibéré entre eux disant : Si le prince de Tch’oen-p’ing entre dans le pays de Ts’in, Ts’in le retiendra certainement. Ils ont donc combiné ensemble des plans et ont ainsi fait entrer (le prince de Tch’oen-p’ing) dans le pays de Ts’in. Si maintenant vous le retenez, ce sera la rupture avec Tchao et la réussite des machinations des lang-tchong. Il vaudrait mieux, pour vous, renvoyer le prince de Tch’oen-p’ing et garder (le marquis de) P’ing-tou (561). Le prince de Tch’oen-p’ing jouit d’un grand crédit par ses paroles et par ses actions auprès du roi (de Tchao) ; le roi (de Tchao) détachera certainement de son pays une grande partie de territoire pour racheter (le marquis de) p.127 P’ing-tou.

Le marquis de Wen-sin approuva ce discours et renvoya donc (le prince de Tch’oen p’ing). — On éleva un rempart à Han-kao.

La troisième année (242) (562), P’ang Noan, étant à la tête de l’armée, attaqua Yen et fit prisonnier son général Ki Sin. — La quatrième année (241), P’ang Noan, à la tête de troupes d’élite de Tchao, Tch’ou, Wei et Yen, attaqua Tsoei (563), (ville) de Ts’in, mais ne put la prendre ; changeant alors de direction, il attaqua Ts’i et lui prit Jao-ngan (564). — La cinquième année (240), Fou Ti, à la tête d’une armée, s’établit à P’ing-i (565) ; K’ing Cho, à la tête (d’une autre armée, s’établit) à T’ong-yang (566). Les soldats placés en dehors du Fleuve (567) gardèrent le pont sur le Fleuve. — La sixième année (239), on conféra au prince de Tch’ang-ngan (la ville de) Jao (568). Wei donna à Tchao p.128 (la ville de) Ye (569). — La neuvième année (236), Tchao attaqua Yen et lui prit la ville de Li-yang (570). Avant que les soldats eussent terminé (cette expédition), Ts’in attaqua Ye et s’en empara (571). Le roi Tao-siang mourut. Son fils, Ts’ien, qui fut le roi Yeou-mou (572), prit le pouvoir.

La première année (235) de Ts’ien, roi Yeou-mou, on éleva un rempart à Po-jen (573). — La deuxième année (234), Ts’in attaqua (la ville de) Ou-tch’eng (574) ; Hou Tcho, à la tête de ses troupes, vint au secours (de cette ville), mais son armée fut battue et il périt. — La troisième année (233), Ts’in attaqua (les villes de) Tch’e-li et I-ngan (575). Li Mou, à la tête des troupes, combattit contre lui sous les murs de Fei (576) et le repoussa. — On conféra à (Li) Mou le titre de prince de Ou-ngan. — La quatrième année p.129 (232), Ts’in attaqua P’an-ou (577) ; Li Mou combattit contre lui et le repoussa. — La cinquième année (231), il y eut un grand tremblement de terre dans le territoire de Tai ; dans toute la région à l’ouest de Lo-siu (578) et au sud de P’ing-yn (579), les tours, les maisons, les murailles et les murs furent détruits pour la plus grande partie ; le sol se fendit de l’est à l’ouest sur une longueur de cent trente pas. — La sixième année (230), il y eut une grande famine. Le peuple prononçait des paroles étranges, disant :

Dans (le pays de) Tchao ce sont des lamentations ;

Dans (le pays de) Ts’in ce sont des rires (580) ;

Si vous ne le croyez pas,

Regardez la terre produire des poils (581).


La septième année (229), les gens de Ts’in attaquèrent Tchao. Le général en chef de Tchao, Li Mou, et le général Se-ma Chang, à la tête de l’armée, les attaquèrent. Li Mou fut mis à mort et Se-ma Chang fut dégradé. Tchao Hou et le général de Ts’i, Yen Tsiu, les remplacèrent. L’armée de Tchao Hou fut vaincue ; Yen Tsiu s’enfuit ; il fit sa soumission avec le roi Ts’ien. — La p.130 huitième année (228), le dixième mois, Han-tan fut annexée à Ts’in (582).

Le duc, grand astrologue, dit : J’ai entendu dire à Fong Wang-suen (583) : La mère de Ts’ien, roi de Tchao, était une chanteuse qui fut la favorite du roi Tao-siang. Le roi Tao-siang dégrada le fils de la première épouse, Kia, et nomma Ts’ien (héritier présomptif). Ts’ien était sans expérience et ajoutait foi aux calomnies ; c’est pourquoi il fit périr son excellent général Li Mou et donna une p.131 charge à Kouo K’ai (584). N’était-ce pas là une grave erreur ? Quand Ts’in eut fait Ts’ien prisonnier, les grands officiers de Tchao, qui étaient fugitifs, nommèrent roi Kia (585) ; il régna dans (le pays de) Tai. Six ans plus tard (222), Ts’in fit avancer ses soldats et écrasa Kia (586) ; il anéantit alors (le royaume de) Tchao dont il fit des commanderies.


Notes

CHAPITRE XLIII : Treizième maison héréditaire. Tchao

@

(101. ) La famille Tchao passe pour avoir pris son nom de la ville de Tchao (au S.-O. de la s.-p. actuelle de Tchao, préf. sec. de Houo, prov. de Chan-si) qui aurait été donnée en fief à Tsao-fou, le cocher qui conduisait les huit coursiers du roi Mou, de la dynastie Tcheou, lors de sa légendaire expédition dans les pays d’Occident.

Cette famille commença à devenir puissante en 661 av. J.-C., lorsque Tchao Sou reçut en apanage la ville de Keng (au S.-E. de la s.-p. actuelle de Ho-tsin, préf. sec. de Kiang, prov. de Chan-si).

En 497 Tchao Kien-tse, et en 454 Tchao Siang tse, nous apparaissent comme résidant à Tsin-yang qui est aujourd’hui la s.-p. de T’ai-yuen (préf. de T’ai-yuen, prov. de Chan-si).

En 457, Tchao Siang-tse s’empara du pays de Tai c’est-à-dire de la région de Ta-t’ong fou, dans le nord du Chan-si, et doubla ainsi son territoire.

En 454, les familles Fan et Tchong-hang furent anéanties et leurs terres furent partagées entre les quatre familles Tche, Tchao, Wei et Han ; l’année suivante, Tchao, Wei et Han s’unirent pour triompher de la famille Tche : c’est ainsi, que les six hauts dignitaires du pays de Tsin se trouvèrent réduits à trois, par la suppression de deux, puis d’un d’entre eux.

En 424, les Tchao eurent pour capitale la. ville de Tchong-meou, à l’ouest de la sous-préfecture actuelle de T’ang-yn (préf. de Tchang-, prov. de Ho-nan).

En 403, Tchao reçut du Fils du Ciel le titre de seigneur, en même temps que Wei et Han ; ainsi fut consommé le démembrement du royaume de Tsin.

En 386, Tchao fixa sa capitale à Han-tan, qui est aujourd’hui la sous-préfecture de ce nom (à 50 li au S.-O. de la préf. de Koang-p’ing, prov. de Tche-li), Cette ville fut conquise et le royaume de Tchao fut détruit par Ts’in en 228 av. J.-C.

On remarquera, dans ce chapitre, le rôle important que joue le merveilleux ; les songes, les prédictions et les apparitions d’êtres surnaturels y sont en plus grand nombre que dans n’importe quelle autre partie des Mémoires historiques.

(102. ) Cf. tome II, n. 05.126.

(103. ) C’est le Mong-hi Tchong-yen des Annales principales des Ts’in ; cf. tome II, p. 3.

(104. ) Empereur de la dynastie Yn ; cf. tome I, p. 190.

(105. ) Cf. tome II, p. 4.

(106. ) Dernier souverain de la dynastie Yn.

(107. ) Il faut considérer cette désignation comme un surnom de Mong-tseng ; sur l’emplacement de Kao-lang, cf. tome II, n. 05.119.

(108. ) D’après Se-ma Tcheng et Tchang Cheou-tsie, [a] signifie « quatre » et [b] signifie « deux » ; l’expression [ab] donnerait donc à entendre que l’attelage de Tsao-fou se composait de huit coursiers ; ces huit chevaux sont en effet énumérés dans le Mou t’ien tse tchoan (cf. tome II, n. 05.120). Cependant, comme Se-ma Ts’ien, aussi bien ici que dans les Annales principales des Ts’in, ne nomme que quatre chevaux, je considère l’expression [ab] comme désignant simplement un quadrige.

— Dans le musée chinois de la procure des missions jésuites à Amiens, on voit un petit bronze qui paraît bien figurer Tsao-fou et ses huit chevaux (Cf. la revue « Chine, Ceylan Madagascar », n° de mars-juin 1903, p. 364).

(109. ) Ki est le nom d’un des quatre chevaux auxquels les trois autres furent assortis pour la couleur et pour la force.

(110. ) T’ao-lin était le nom d’un territoire autrefois boisé qui s’étendait entre la sous-préfecture de Ling-pao (anciennement appelée T’ao-lin ; dans la préf. secondaire de Chàn, prov. de Ho-nan) et le fameux défilé de T’ong. C’est là que Tsao fou trouva ses chevaux merveilleux.

(111. ) Dans le tome II, dernière ligne de la p. 7 et première ligne de la note initiale de la p. 8, j’ai dit que Se-ma Ts’ien passait sous silence le nom de Si wang mou ; on voit que cette assertion n’est pas exacte. Dans cette même note, j’ai montré que le nom de Si wang mou pouvait à l’origine n’avoir été que la transcription du nom d’un chef barbare. Cependant, dès l’époque des Han, Si wang mou était devenue une divinité du sexe féminin qui présidait à l’Occident ; nous en avons la preuve dans les miroirs des Han reproduits par le Kin che souo (section Kin souo, fasc. 6), où la Si wang mou « mère reine d’Occident » est soit représentée, soit mentionnée, en compagnie du Tong wang fou « père roi d’Orient ». Voici, par exemple, l’inscription qu’on relève sur l’un d’eux :

« Le chef de la famille Ho a fait ce miroir qui est véritablement très bon ; sur lui se trouvent le Tong wang fou, la Si wang mou et les immortels Tse-kao, Tch’e-song tse et Kiang Tsie-yun. Que les personnages précités protègent éternellement mes deux parents et fassent du bien à mes descendants. De bon augure.

Tse-kao est mentionné dans le chap. XXVIII des Mém. historiques (t. III, p. 436), et Tch’e-song tse dans le chap. LV (p. 5 v°).

(112. ) Cf. tome II, n. 05.123.

(113. ) L’ancienne ville de Tchao-tch’eng était au sud-ouest de la sous-préfecture actuelle de ce nom, préfecture secondaire de Houo, province de Chan-si.

(114. ) Cf. tome I, n. 04.387. D’après le Tch’oen ts’ieou ti li k’ao che (H. T. K. K., chap. CCLII, p. 11 r° et v°), la plaine de Ts’ien-meou était dans la sous-préfecture de Kie-hieou, préfecture de Fen-tcheou, prov. de Chan-si. — La date de la bataille de Ts’ien-meou est incertaine ; le Kouo yu et Se-ma Ts’ien, dans les Annales principales des Tcheou (cf. t. I, p. 277), la rapportent à la 39e année du roi Siuen, soit 789 av. J.-C. ; d’autre part, dans ses Tableaux chronologiques (Mém. hist., chap. XIV), Se-ma Ts’ien mentionne cette bataille à la 10e année du marquis Mou, de Tsin, soit 802 av. J.-C.

(115. ) Cf. t. IV, p. 259-260, où le nom de ce personnage est transcrit, par erreur, Tchao Wei.

(116. ) Sur ces trois États qui se trouvaient dans la province de Chan-si, cf. tome IV, n. 35.106, et tome IV, n. 39.129 et 39.130. Tous trois avaient des princes qui appartenaient au clan Ki.

(117. ) Le nom du Houo-t’ai-chan signifie  « la grande montagne du pays de Houo » ; cette montagne, qu’on appelle aujourd’hui le Houo chan est à une trentaine de li à l’Est de la sous-préfecture de Houo. On en trouvera la monographie dans le chap. XL de la section Chan tch’oan tien du T’ou chou tsi tch’eng. — La divinité du Houo-t’ai-chan joue un rôle important dans l’histoire du royaume de Tchao ; voyez plus bas la prédiction qu’elle fit à Tchao Siang-tse.

(118. ) Sur cet emploi du mot [], signifiant « cause ou principe du mal », cf. t. IV, p. 379, ligne 23 : « c’était le Ho qui était la cause du mal », Plus loin (chap. XLIII, p. 2 v° et chap. XLV, p. 1 v°), on lit la phrase […] « ceux qui, après avoir accompli une grande œuvre, n’étaient pas satisfaits, étaient la cause du mal ».

(119. ) Cette date ne se rapporte pas à la naissance de Kong-mong ; elle est celle de la victoire remportée par Tsin sur les princes de Houo, Wei et Keng.

(120. ) Cette femme était une fille des barbares Li-Jong ; cf. tome IV, n. 39.120 ; sur les troubles auxquels fait ici allusion Se-ma Ts’ien, cf. t. IV, p. 264 et suiv.

(121. ) La mère de Tch’ong-eul était une fille des barbares Ti (cf. t. IV, p. 259, lignes 9-10) ; c’est ce qui explique pourquoi Tch’ong-eul se réfugia chez les Ti. Ces Ti sont aussi appelés Jong-Ti, et le Tso tchoan (28e année du duc Tchoang) dit que la mère de Tch’ong-eul s’appelait Hou-ki et était une fille des grands Jong. Certains commentateurs placent les grands Jong dans la préfecture de Yen-ngan, province de Chàn-si ; mais Kiang Soei (H. T. K. K., chap. CCLII, p. 20 v°) est d’avis qu’ils occupaient le territoire de la sous-préfecture de Kiao-tch’eng, à 120 li au sud-ouest de la ville préfectorale de T’ai-yuen, province de Chan-si.

(122. ) Cf. tome IV, n. 39.201. Les Tsiang-kao jou sont encore mentionnés par le Tch’oen-ts’ieou, à la date de la 9e année du duc Tch’eng (588).

(123. ) Tchao Siuen-tse.

(124. ) Cette femme est une autre personne que celle que Tchao Tch’oei épousa plus tard lorsqu’il fut chez les Ti.

(125. ) Cf. t. IV, p. 299, n. 2. Le Kouo ti tche place l’ancienne ville de Yuen à 2 li au nord-ouest de la sous-préfecture de Tsi-yuen.

(126. ) Voyez le chapitre XXXIX des Mémoires historiques.

(127. ) Cf. tome IV, n. 39.242.

(128. ) Ces événements, qui sont ici rappelés très succinctement, ont été racontés en détail dans le chapitre XXXIX ; cf. tome IV, p. 313-316.

(129. ) Cf. tome IV, n. 39.300.

(130. ) Le nom de Tchao Cho est placé en tête de la phrase comme un titre de paragraphe ; il ne se relie à aucun autre mot.

(131. ) D’après le Tso tchoan (12e année du duc Siuen), on voit qu’il y avait trois armées. Le Tso tchoan (28e année du duc Hi) nous apprend encore que ce fut en l’an 632 que Tsin organisa ses troupes en trois corps d’armée et qu’en 588 il créa six corps d’armée (3e année du duc Tch’eng).

(132. ) Cf. t. IV, p. 317-318.

(133. ) Le récit qui va suivre a donné naissance au fameux drame de l’époque des Yuen, intitulé « L’orphelin de la famille Tchao ». On sait que cette pièce de théâtre a été traduite par le P. Prémare en 1731 et imprimée en 1735 par le P. du Halde dans le tome III de sa description de la Chine ; Fourmont l’aîné, à qui le manuscrit était destiné et aurait dû être remis, se plaignit du procédé du P. du Halde ; celui-ci répliqua. On trouvera les pièces de ce débat qui prouve que l’odium sinologicum est aussi vieux que la sinologie elle-même, dans la préface qu’un certain Sorel Desflottes mit en tête d’une réédition de la traduction du P. Prémare publiée en 1755 ; cette année 1755 est celle où Voltaire fit jouer sa tragédie « l’Orphelin de la Chine » dont il avait pris le sujet dans le livre de du Halde ; c’est sans doute le succès de cette pièce qui engagea un imprimeur à rééditer sous forme de plaquette la traduction que le public ne pouvait guère aller chercher dans les gros in-folios de la Description de la Chine. En 1834, Stanislas Julien fit paraître une nouvelle traduction de la pièce chinoise. — Ce récit historique dont la fortune a été si grande au théâtre, ne se trouve pas dans le Tso tchoan ; on ne sait pas de quelle source Se-ma Ts’ien l’a tiré. Le Tso tchoan  se borne à mentionner, en 587, les rapports adultères que Tchao Yng, frère cadet de Tchao Toen, entretint avec la femme de Tchao Cho.

(134. ) On se rappelle que Chou-tai est l’ancêtre de la famille Tchao qui vint le premier s’établir dans le royaume de Tsin.

(135. ) Le mot [] désigne les fissures qui se formaient sur l’écaille de tortue chauffée au feu et desquelles les devins tiraient leurs pronostics.

(136. ) Sur Han kiue, appelé aussi Han Hien-tse, voyez le chap. XLVII des Mém. hist.

(137. ) Cf. n. 118.

(138. ) Cf. t. II, p. 3, où il est dit que Tchong-yen avait un corps d’oiseau et une voix humaine.

(139. ) Dans le Tso tchoan (8e année du duc Tch’eng), ces événements sont rappelés d’une manière plus succincte et ne comportent pas l’élément dramatique qu’on remarque dans le récit de Se-ma Ts’ien. Cf. aussi t. IV, p. 322-323.

(140. ) Ce texte prouve la croyance des Chinois à la survivance des morts sous la terre ; cf. tome II, note 06.464. et note 09.126. .

(141. ) Tchao Siuen-mong n’est autre que Tchao Toen ; cf. p. 15, lignes 9-10.

(142. ) Dans le Sin Siu (chap. VII) de Lieou Hiang (80-9 av. J.-C.), tout ce récit de Se-ma Ts’ien est reproduit ; l’auteur termine en disant que Tch’eng Yng, quelques grands que soient ses mérites, fit cependant une faute lorsqu’il se tua pour aller porter sous terre la nouvelle du succès de son entreprise.

(143. ) Le [a] est le pectoral de deuil. D’après les livres de rites, le [ba] était le vêtement en grosse toile bise dont les bords étaient ourlés ; il servait pour le deuil d’une mère, ou deuil d’un an ; le [ca] n’était pas ourlé et ses bords étaient effilés ; on le portait pour le deuil d’un père, ou deuil de trois ans. Cf. P. Couvreur, trad. du Li ki, tome I, p. 423. , n. Tchao Ou porta le deuil de Tch’eng Yng en revêtant la tunique qui convient au deuil d’une mère, mais il la garda pendant trois ans comme s’il s’était agi du deuil d’un père.

(144. ) Cf. tome IV, n. 39.317 et p. 326.

(145. ) Les Tableaux chronologiques écrivent « petit-fils ». Mais la leçon « arrière-petit-fils » est seule correcte, comme le montre la généalogie du duc Tao exposée dans le Che kia de Tsin ; cf. t. IV, p. 327, lignes 13 et suiv.

(146. ) Cette date est fautive ; il faut lire 544. Cf. t. IV, p. 7 et suiv. et les Tableaux chronologiques.

(147. ) Il serait plus correct de dire soit Tchao Ou, soit Tchao Wen-tse, Wen-tse étant le nom posthume de Tchao Ou.

(148. ) Cf. t. IV, p. 331-332, où la prédiction relative à la chute prochaine de la famille Kiang est mise dans la bouche de Chou-hiang. Mais la rédaction que nous avons ici est plus admissible, car c’est Yen Yng qui, venant du pays de Ts’i, pouvait exprimer son opinion sur l’avenir de ce royaume.

(149. ) Les six hauts dignitaires étaient les chefs des familles Tchao, Wei, Han, Tche, Fan et Tchong-hang.

(150. ) Cf. t. I, p. 298.

(151. ) Cf. t. IV, p. 332-333. D’après le Tso tchoan (28e année du duc Tchoang), le duc de Tsin fit périr en 514 K’i Yng, fils de K’i Ou et petit-fils de K’i Hi, ainsi que Se-wo, de Yang, fils de Chou-hiang, et membre de la famille Yang-cho, puis il extermina les familles K’i et Yang-cho. Les hauts dignitaires se partagèrent leurs terres ; celles de la famille K’i formèrent sept préfectures ; celles de la famille Yang-cho en formèrent trois.

(152. ) Cf. Mém. hist., chap. CV.

(153. ) Il est fait allusion à ce songe du duc Mou dans le Traité sur les sacrifices fong et chan ; cf. t. III, p. 423.

(154. ) Sur Kong-suen Tche, cf. tome II, n. 05.201. — Tse-yu ou Tse-kiu était, d’après le Tso tchoan (6e année du duc Wen), le père des trois jeunes hommes qui furent mis à mort en 621 sur la tombe du duc Mou ; cf. t. II, p. 45, où Tse-yu est donné, par erreur, comme un nom de famille.

(155. ) L’Empereur est ici le souverain céleste.

(156. ) C’est-à-dire que les règles de la pudeur ne seraient plus observées. — Le sens de toutes ces prédictions va être indiqué quelques lignes plus bas.

(157. ) Au lieu du mot [a], le commentaire de Se-ma Tcheng indique la leçon [b] qui implique l’idée que l’écriture fut gravée sur des planchettes de bois.

(158. ) Ces troubles sont ceux qui furent suscités en 656 par l’ambition de Li Ki, femme du duc Hien (cf. t. IV, p. 264 et suiv.). Ils n’étaient pas encore survenus au temps du songe du duc Mou ; il faut donc admettre que ce songe, qui les prédisait, eut lieu entre 659, date de l’avènement du duc Mou, et 656.

(159. ) Cf. t. II, p. 39-40.

(160. ) La réalité de ces faits prouve que le songe du duc Mou avait été véridique.

(161. ) Le mot [a] désigne la roue du potier. L’expression [ab] donne donc à entendre que l’évolution du ciel forme les êtres de même que la roue du potier en tournant façonne les objets d’argile.

Voici quelques textes où se rencontre cette expression :

Se-ma Ts’ien, chap. LXXXIII, p. 6 v° : « C’est pourquoi le roi saint, quand il dirige les hommes et règle les mœurs, se borne à opérer sa transformation dans les hauteurs du (Ciel) formateur ; il ne se laisse pas attirer par les propos qui sont vils et qui jettent le trouble ; il ne se laisse pas prendre par les paroles de la multitude ». En d’autres termes, l’action régénératrice du souverain se conforme uniquement à celle du Ciel qui forme les êtres comme le potier façonne l’argile avec son tour et sa roue.

Ts’ien Han chou, chap. XLVIII, p. 2 v° : « Le grand Formateur (=le Ciel) distribue les êtres ; il est immense et sans limites ».

Tchang Heng, Poème sur la capitale occidentale (Ki kou ko wen siuen, chap. II, p. 1 v°) : « Autrefois, le grand Empereur trouva à son gré le duc Mou, de Ts’in, et lui donna audience ; il le régala de la musique Vaste du ciel formateur.

Hoai-nan tse, chap. I, p. 2 r° : « La roue du potier évolue, la roue du char tourne ; quand elles ont terminé leur cercle, elles recommencent leur circuit ». C’est encore le Ciel qui est ici désigné par ces métaphores.

Tchoang tse (chap. II, p. 22 v° ; cf. Legge, S. B. E., vol. XXXIX, p. 185) dit que l’homme saint « trouve son repos dans l’action formatrice du Ciel ».

Enfin le Tch’oen ts’ieou de Lu Pou-wei (chap. XIII, p. 1 v°), énumérant les huit régions du ciel, donne le nom de [ab] à la région du centre.

(162. ) La musique Vaste est fréquemment mentionnée dans le Mou t’ien tse tchoan ; ainsi, dès la première page de cet opuscule, on trouve la phrase : « Le Fils du Ciel alors fit exécuter la musique Vaste ».

(163. ) Hia, Yn, Tcheou.

(164. ) Ces deux animaux symbolisent les deux hauts dignitaires Fan et Tchong-hang qui furent vaincus par Tchao Yang en 490.

(165. ) Les deux boîtes représentent deux principautés barbares qui appartenaient toutes deux au clan [], et c’est pourquoi les boîtes sont assorties. Tchang Cheou-tsie dit que ces deux principautés sont la principauté de Tai, d’une part, et la famille Tche, d’autre part ; mais cette explication est peu satisfaisante.

(166. ) Ce garçon était le propre fils de Tchao Kien-tse ; c’était donc le personnage qui devait être nommé plus tard Tchao Siang-tse.

(167. ) Ce chien figure la principauté de Tai qui fut conquise par Tchao Siang-tse.

(168. ) Les sept princes de Tsin qui sont ici désignés sont les ducs : Ting (511-475), Tch’ou (474-457), Ngai (456-438), Yeou (437-420), Lie (419-393), Hiao (392-378) et Tsing (377-376). En 376, le duc Tsing, qui n’avait plus d’ailleurs qu’un semblant de pouvoir, fut déposé et la lignée des princes de Tsin s’interrompit.

(169. ) C’est la famille Tchao elle-même dont le nom de clan était Yng. Quant à ceux qui appartenaient au clan des Tcheou, ce sont les princes de Wei, issus du roi Wen. En 372, le marquis Tch’eng, de Tchao, attaqua Wei et lui prit 73 villes.

(170. ) [ab]. On ne sait pas où se trouvait exactement cette localité que Se-ma Tcheng présume avoir été située sur le territoire du pays de Tchao. Peut-être faut-il transcrire ce nom Fan-toei ; d’après le Chouo wen phonétique, en effet, le mot [b] est ici l’équivalent du mot [c], et Tchang Cheou-tsie confirme cette explication en disant : « la berge d’un cours d’eau est ce qu’on appelle : [b]. De même, dans le Kouo Yu (section Tcheou yu, 3e partie), la phrase […] signifie, d’après les commentateurs : « Le roi Yeou détruisit (la haute montagne sous la forme de laquelle est symbolisée la dynastie des Tcheou) et en fit un monticule ([bd]) et un tas de fumier ».

(171. ) Malgré l’importance des succès remportés en 372 par le marquis Tch’eng, de Tchao, le royaume de Wei continua à subsister et ne fut anéanti qu’un siècle et demi plus tard par Ts’in Che-hoang-ti.

(172. ) C’est le roi Ou-ling (325-299) qui est ici désigné ; on trouvera plus loin, dans les pages qui le concernent, la confirmation de cette prophétie.

(173. ) D’après Se-ma Tcheng, Tchao Kien tse, sans se souvenir d’abord des circonstances où il avait déjà vu cet homme, le reconnaît et se rappelle son nom qui est [] ; il lui dit donc : « Vous êtes Tche. »

(174. ) Cf. n. 164.

(175. ) Cf. n. 165.

(176. ) C’est le roi Ou-ling (325-299) qui est ici désigné. On lira plus loin comment ce souverain fit une véritable révolution dans son royaume en y introduisant le costume des peuples nomades du nord.

(177. ) Tchang Cheou-tsie voit ici une allusion aux expéditions militaires faites par le roi Ou-ling en l’an 306 (voyez plus loin) : cependant il n’est pas aisé de dire avec exactitude quelles sont les deux principautés barbares qui sont visées par la prédiction.

(178. ) Tchao Ou-siu n’est autre que Tchao Siang-tse.

(179. ) La montagne Tch’ang est identique à la montagne Heng (cf. tome I, n. 02.128). La montagne Heng, ou Pic du nord, est à 20 li au S. de la s.-p. de Hoen-yuen (préf. de Ta-t’ong, prov. de Chan-si), et à 140 li au N.-O. de la s.-p. de K’iu-yang (préf. de Tchen-ting, prov. de Tche-li). Du haut de cette montagne on pouvait voir vers le nord s’étendre le territoire de la préfecture de Ta-t’ong, c’est-à-dire l’ancien pays de Tai.

(180. ) Il n’y avait donc aucun sceau véritable caché sur la montagne Tch’ang ; mais l’observation qu’on pouvait faire du sommet de cette montagne équivalait à un sceau qui aurait assuré à celui qui l’aurait trouvé la possession du pays de Tai. — Le Che ki p’ing lin compare l’épreuve à laquelle Tchao Kien-tse soumit ses fils à celle qui fut proposée aux six fils de Che Tai-tchong, comme le rapporte le chapitre T’en kong du Li ki (trad. Legge, S. B. E., vol. XXVIII, p. 181).

(181. ) Fan Tchao-tse, appelé aussi Fan Ki-i et Tchong-hang Wen-tse, appelé aussi Siun Yn, étaient deux des six hauts dignitaires du pays de Tsin. — On remarquera que la famille Tchong-hang et la famille Tche étaient toutes deux issues du clan Siun ; Siun Yen grand-père de Tchong- hang Wen-tse, avait été commandant de l’armée du centre dans le pays de Tsin, et c’est pourquoi Tchong-hang devint le nom de famille de ses descendants ; ceux-ci pouvaient cependant continuer à être désignés par leur nom de clan ; c’est ainsi que Tchong-hang Wen-tse est aussi appelé parfois Siun Li.

(182. ) Pour comprendre cette phrase et toute la suite de ce paragraphe, il faut se reporter au Tso tchoan (14e année du duc Ting) : En l’an 500, Tchao Yang avait assiégé la capitale du pays de Wei ; les gens de Wei, pour obtenir la paix, lui avaient livré cinq cents familles qui furent internées à Han-tan ; Tchao Yang désira, en 497, transférer ces familles dans la ville de Tsin-yang qui lui appartenait en propre. — Tsin-yang est aujourd’hui la sous-préfecture de T’ai-yuen.

(183. ) Tchao Yang (=Tchao Kien-tse) était le chef du clan Tchao auquel appartenait aussi Ou, gouverneur ou seigneur de Han-tan. Quand donc Tchao Yang eut fait périr Ou, il invita, en sa qualité de chef du clan, les gens de Han-tan à choisir un parent de Ou pour le remplacer. — Le commentaire Tcheng-i du Tso tchoan explique la parenté de Tchao Yang et de Ou en disant que Tchao Yang était le descendant à la cinquième génération de Tcho Tch’oei tandis que Ou était le descendant à la cinquième génération de Tchao Sou. Tchao Tch’oei aurait été frère cadet de Tchao Sou, ce qui est en contradiction avec les données de Se-ma Ts’ien pour qui Tch’ao Tch’oei est le petit-fils de Tchao Sou. La branche du clan Tchao à laquelle appartenait Ou était la famille Keng.

(184. ) Tchao Tsi était le fils de (Tchao) Ou.

(185. ) (Tchao) Ou était le fils d’une sœur de Siun Yn (=Tchong-hang Yn=Tchong-hang Wen-tse ; cf. tome IV, n. 39.344). — Le fils de Siun Yn avait épousé la fille de Fan Ki-i (=Fan Tchao-tse ; cf. tome IV, n. 39.345).

(186. ) C’est-à-dire Siun Yn et Fan Ki-i.

(187. ) Siun Li, appelé aussi Tche po ou Tche Wen-tse.

(188. ) Le Tso tchoan ajoute ici cette phrase intéressante : « Le texte écrit en a été mis dans le Ho ». C’est-à-dire que, après avoir fait le décret, le duc jeta le texte dans le Hoang ho pour prendre à témoin la divinité du fleuve.

(189. ) Tchong-han Yn, Fan Ki-i et Tchao Yang.

(190. ) Comme on le voit par le Tso tchoan (14e année du duc Ting), il y eut là une machination des ennemis de la famille Tchao qui voulaient se débarrasser de Tong Ngan-yu dont ils craignaient l’habileté. Tchao Yang savait bien que les griefs formulés contre son sage conseiller étaient sans fondement ; mais, ayant fait nouvellement sa soumission, il craignait de déplaire en refusant de sacrifier Tong Ngan-yu ; celui-ci le tira d’embarras en se suicidant ; pour reconnaître son dévouement, la famille Tchao admit Tong Ngan Yu aux honneurs de son temple ancestral.

(191. ) Cf. Tch’oen-ts’ieou, 13e année du duc Ting. On voit, par ce passage, que Se-ma Ts’ien attribue formellement la rédaction du Tch’oen-ts’ieou à Confucius lui-même.

(192. ) Dans le Han che wai tchoan (chap. VII) de Han Yng (IIe siècle av. J.-C. ; cf. la courte notice qui lui est consacrée dans le chap. CXXI des Mém. hist.), on lit le récit suivant concernant Tcheou Cho :

« Tchao Kien-tse avait un officier nommé Tcheou Cho qui resta debout au pied de sa porte pendant trois jours et trois nuits. Tchao Kien-tse envoya quelqu’un lui demander pour quelle affaire il désirait le voir. Tcheou Cho répondit :

— Je désire être votre officier grondeur ; avec mon stylet trempé dans l’encre et ma tablette tenue en main, je surveillerai les fautes de Votre Seigneurie ; ainsi, chaque jour il y aura un rappel, chaque mois un résultat obtenu, chaque année un enseignement.

Quand Tchao Kien-tse restait dans sa demeure, il restait avec lui, et quand Tchao Kien-tse sortait, il sortait avec lui. Peu de temps après, Tcheou Cho mourut. Tchao Kien-tse fut comme s’il avait perdu un fils. Plus tard, se trouvant à boire avec ses officiers sur la terrasse Hong-po, quand on fut échauffé par la vin, Tchao Kien-tse se mit à pleurer. Ses grands officiers se retirèrent tous en disant :

— Nous avons commis quelque faute envers vous, mais nous ne savons laquelle. 

Tchao Kien-tse leur dit :

— Aucun de vous, ô grands officiers, n’a commis de faute. Mais autrefois j’avais Tcheou Cho ; or il y a ce dicton : Les peaux de mille moutons ne valent pas l’aisselle d’un seul renard. Les murmures d’assentiment d’une multitude d’hommes ne valent pas les gronderies d’un seul brave. Autrefois, Tcheou, de la dynastie Chang se perdit grâce au silence (de ceux qui auraient dû le reprendre), tandis que le roi Ou devint glorieux grâce aux gronderies (de ses officiers). Maintenant, depuis peu Tcheou Cho est mort, je n’entends plus parler de mes fautes ; ma perte doit être prochaine et voilà pourquoi je pleure.

La même anecdote se trouve rapportée avec quelques variantes dans le Sin siu (chap. I) de Lieou Hiang (80-9 av. J.-C.).

Dans la biographie du prince de Chang (Mém. hist., chap. LXVIII, p. 3 r°), Tchang Leang (d. 186 av. J.-C.) cite les deux phrases : « Les peaux de mille moutons ne valent pas l’aisselle d’un seul renard ; les murmures d’assentiment de mille hommes ne valent pas les grondements d’un seul brave. »

(193. ) Cf. t. IV, p. 205-206.

(194. ) Cf. tome IV, n. 31.153.

(195. ) A 12 li au N.-O. de la s.-p. actuelle de T’ang-chan (préf. de Choen-, prov. de Tche-li).

(196. ) Cf. tome IV, n. 31.218.

(197. ) Cf. t. IV, p. 31. — Dans deux autres passages (t. II, p. 53-54 et t. IV, p. 334), Se-ma Ts’ien dit au contraire que ce fut le roi de Ou qui obtint la préséance.

(198. ) Tchao Kien-tse aurait dû prendre le deuil de trois ans à la mort de son souverain ; il ne prit que le deuil d’un an, et cela prouve que les princes de Tsin avaient perdu leur autorité et leur prestige.

— Le sens du mot k’i est ici le même que dans cette phrase du chapitre Sang fou siao ki du Li ki : « Au bout d’un an, on quitte le deuil » ; le commentaire dit en effet « le mot k’i signifie une révolution du ciel ».

(199. ) En 475, Keou-tsien assiégea la capitale de Ou (aujourd’hui Sou-tcheou fou), mais ce ne fut que deux ans plus tard qu’il anéantit l’État de Ou ; cf. t. IV, p. 32 et le Tso tchoan.

(200. ) La capitale de Tcheng était la s.-p. de Sin-tcheng (préf. de K’ai fong, prov. de Ho-nan).

(201. ) Il est à remarquer que, d’après le Tso tchoan (partie supplémentaire, 20e année du duc Ngai), Ou-siu (ou Tchao Siang-tse) fut en deuil de son père dès l’année 475.

(202. ) Quoique Tchao Siang-tse eût déjà fort réduit sa nourriture journalière parce qu’il était en deuil de son père, il la réduisit encore en signe d’affliction quand il apprit que le roi de Ou était menacé. Le Tso tchoan, qui est d’ailleurs plus explicite sur ces faits, les rapporte à l’année 475. La date de 457 donnée par Se-ma Ts’ien est certainement fautive, car, à cette époque le royaume de Ou avait cessé d’exister depuis de longues années. D’après le Che kia de Ou et les Tableaux chronologiques, c’est en 473 qu’eut lieu la destruction du royaume de Ou (dont la capitale se trouvait sur l’emplacement de la ville de Sou-tcheou, prov. de Kiang-sou) : cf. t. IV, p. 32.

(203. ) Nous ne savons pas quelle était l’origine de la famille princière qui régnait sur le pays de Tai avant que Tchao Siang-tse en eût fait la conquête. Le nom de l’ancienne principauté de Tai s’est conservé jusqu’à nos jours, car il existe dans le nord de la province de Chan-si une préfecture secondaire de Tai. Mais c’est vraisemblablement près de Ta-t’ong fou que devait être la capitale de ce royaume.

(204. ) La montagne Hia-ou est indiquée par les cartes chinoises actuelles au nord de la préfecture secondaire de Tai dont elle est séparée par la grande muraille intérieure.

(205. ) Au lieu de [], Siu Koang indique la variante []: il faut alors traduire : « il ordonna secrètement à l’aide de cuisine nommé Lo de frapper... »

(206. ) Mo-ki signifie « l’épingle aiguisée ». D’après le Kouo ti tche, cette montagne était à 150 li au N.-O. de l’ancienne s.-p. de Fei-hou qui correspond à la s.-p. actuelle de Koang-tch’ang (préf. sec. de I, prov. de Tche-li).

(207. ) Cf. Tch’oen-ts’ieou de Lu Pou-wei (d. 235 av. J.-C. ; chap. XIV, p. 18, r° et v°) :

« Quand Tchao Kien-tse tomba malade, il appela auprès de lui son héritier présomptif et lui dit :

— Après ma mort, lorsque j’aurai été enterré et quand vous serez encore revêtu du pectoral de deuil, vous monterez sur la montagne Hia-ou pour regarder au loin.

L’héritier présomptif le promit. Quand Tchao Kien-tse fut mort et qu’il eut été enterré, (Tchao Siang-tse), encore revêtu du pectoral de deuil manda ses principaux ministres et leur annonça son intention de gravir la montagne Hia-ou pour regarder au loin. Ses principaux ministres l’en blâmèrent, disant :

— Gravir la montagne Hia-ou pour regarder au loin, c’est faire une excursion ; faire une excursion en étant revêtu du pectoral de deuil, cela ne se doit pas.

Tchao Siang-tse répliqua :

— C’est là un ordre qui m’a été laissé par le souverain défunt ; je ne saurais y manquer.

Les ministres assemblés ayant donné leur assentiment, Tchao Siang-tse gravit la montagne Hia-ou pour observer de loin comment se comportait la population de Tai ; ses réjouissances étaient fort belles à voir ; Tchao Siang-tse dit alors :

— Voilà maintenant ce qu’avait voulu m’apprendre le souverain défunt.

Puis il s’en revint et songea aux moyens de s’emparer de Tai. Il commença par le bien traiter ; le prince de Tai aimant les belles femmes, il lui offrit en mariage sa sœur aînée et le prince de Tai l’accepta. Quand sa sœur aînée fut partie, il se rendit agréable à Tai en une multitude de façons. Comme la région des chevaux (c.-à-d. les pays situés au nord du Chan-si et du Tche-li) est propice à l’élevage des chevaux, le prince de Tai présenta d’excellents chevaux à Tchao Siang-tse. Tchao Siang-tse alla rendre visite au prince de Tai et l’invita à un banquet ; c’est ainsi que la région des chevaux fut entièrement conquise. (En effet, Tchao Siang-tse) avait ordonné préalablement à plusieurs centaines de danseurs de placer des armes parmi leurs plumes ; (en outre,) il avait préparé d’avance une grande cuiller de métal. Quand le prince de Tai fut arrivé et qu’on fut échauffé par le vin, (Tchao Siang-tse) retourna la cuiller et l’en frappa ; dès le premier coup, sa cervelle souilla la terre. Les danseurs saisirent leurs armes et combattirent ; ils tuèrent tous ceux qui étaient de la suite (du prince). Alors avec le char du prince de Tai on alla chercher sa femme ; sa femme, ayant appris de loin ce qui s’était passé, aiguisa son épingle de tête et s’en perça. C’est pourquoi maintenant encore dans la famille Tchao il y a l’histoire de l’épingle meurtrière et le nom de la cuiller renversée.

(208. ) On a vu plus haut (p. 38, lignes 16-17) que la plus grande partie des territoires des familles Fan et Tchong-hang était revenue au duc de Tsin ; c’est ce qui explique l’irritation du duc quand il se vit dépouillé de ces terres par les chefs des familles Tche, Tchao, Han et Wei.

(209. ) Le Che kia de Tsin (cf. t. IV, p. 334) et les Tableaux chronologiques appellent ce duc le duc Ngai. En outre, le Che kia de Tsin rapporte la mort du duc Tch’ou à l’année 458, tandis que les Tableaux chronologiques fixent l’avènement du duc Ngai à l’année 456. Ici, la mort du duc Tch’ou devrait être, d’après les indications du texte l’année 454.

(210. ) Cf. p. 39, lignes 8-17.

(211. ) Tsin-yang est aujourd’hui la sous-préfecture de T’ai-yuen, qui dépend de la préfecture de T’ai-yuen (prov. de Chan-si). Cette ville aurait été, d’après une tradition assez mal établie, l’ancien royaume de T’ang, et c’est là que l’empereur Yao aurait eu sa capitale (cf. tome IV, n. 39.101, à la fin) ; on la considère donc aussi parfois comme le berceau de la maison princière de Tsin, puisque cette maison reçut en apanage la principauté qui avait appartenu aux princes de T’ang, descendants de Yao (cf. t. IV, p. 251). Quoi qu’il en soit, aux époques où l’histoire devient certaine, Tsin-yang nous apparaît comme appartenant au chef de la famille Tchao, qui était l’un des six hauts dignitaires de Tsin ; c’est ainsi que, en 497, Tchao Yang, menacé par le duc de Tsin, vint se réfugier à Tsin-yang (cf. t. IV, p. 333) ; de même, en 454, Tchao Siang-tse attaqué par Tche po se mit à l’abri dans sa ville de Tsin-yang.

(212. ) D’après la géographie Kouo ti tche, cette localité était à 7 li au sud de l’ancienne sous-préfecture de Tcheng-p’ing (auj. préf. sec. de Kiang, prov. de Chan-si).

(213. ) Le fait qu’aucun des deux nœuds n’était percé prouve que c’est par un vrai miracle qu’un écrit put se trouver à l’intérieur du bambou, comme on le verra plus loin.

(214. ) Je crois que ce sont là les noms des trois dieux qui étaient apparus à Yuen Kouo. Sur le Houo-t’ai chan, qui est ici divinisé, cf. n. 117. Je ne sais ce que peut être le marquis de Chan-yang.

(215. ) Tchao Ou-siu (Tchao Siang-tse) se trouvait assiégé dans Tsin-yang par Tche po et sa situation paraissait fort critique ; l’oracle lui prédit que c’est lui, au contraire, qui triomphera de Tche po.

(216. ) C’est-à-dire les barbares (Hou) Lin. Dans les pages qui concernent le roi Ou-ling (cf. plus loin), on trouvera l’expression « les trois peuples Hou » qui désigne les Tong Hou, les Lin Hou et les Leou-fan ; on y verra en outre que les Tong Hou étaient à l’est du pays de Tchao, tandis que les Lin Hou et les Leou fan étaient à l’ouest. — Dans le chap. CX des Mém. hist. (p. 2 v°), les Lin Hou sont mentionnés comme étant au nord du pays de Tsin ; P’ei Yn cite le commentateur Jou Choen d’après qui les Lin Hou ne seraient autres que les Tan-lin qui furent détruits par le général Li Mou. D’autre part, le Kouo ti tche dit, à propos de l’arrondissement de Cho, que c’était autrefois d’après Jou Choen, le pays des Tan-lin. L’arrondissement de Cho est aujourd’hui la préf. sec. de ce nom (préf. de Cho-p’ing, prov. de Chan-si) ; c’est donc dans cette région, à l’ouest de l’ancienne principauté de Tai, qu’il faut placer les Tan-lin ou Lin Hou.

— Dans le chap. CII, p. 3 r°, des Mém. hist. (cf. Ts’ien Han chou, chap. L, p. 3 r°), il est parlé de la campagne que le général Li Mou fit contre les barbares du Nord à l’époque du roi Hiao-tch’eng, de Tchao (265-245 av. J.-C.) et il est dit :

« (Li Mou) écrasa les Tong Hou et il anéantit les Tan-lin.

D’après Se-ma Tcheng, un texte donne la leçon Tan-lan au lieu de Tan-lin. En effet, dans la biographie de Li Mou (Mém. hist., chap. LXXXI, p. 5 r°) on lit :

« Il anéantit les Tan-lan ; il écrasa les Tong Hou et soumit les Lin Hou.

D’après Siu Koang, au lieu de Tan-lan on trouverait aussi la variante Tan-lin. Il est à remarquer cependant que, dans ce dernier texte, les Tan-lan ou Tan-lin paraissent être distincts des Lin Hou. Dans le chapitre CX, p. 4 v°, des Mém. hist. on apprend que

« en automne, quand les chevaux sont gras, les Hiong-nou tiennent une grande réunion à Tai-lin et vérifient le compte des hommes et des animaux domestiques.

Ce passage a donné lieu à deux interprétations différentes, mais celle qui paraît la plus admissible identifie le nom de Tai-lin avec celui de Tan-lan ou Tan-lin mentionné dans la biographie de Li Mou. Enfin le nom de Tai-lin est indiqué par le T’ang chou (chap. CCXVII, a, p. 1 v°) comme celui d’un arrondissement qui fut établi en l’an 642 ap. J.-C. sur le territoire d’une tribu ouigoure (cf. mes Documents sur les Tou-kiue occidentaux, p. 91, n. 5). — Le commentateur Yen Che-kou (cité dans Mém. hist., chap. CX, p. 4 v°), explique le nom de Tai-lin d’une toute autre manière (c’est la seconde interprétation à laquelle nous faisons allusion quelques lignes plus haut) : « Le mot tai signifie qu’on tournait autour des arbres de la forêt pour sacrifier ; c’était une coutume Sien-pi qui s’était transmise depuis l’antiquité ; au sacrifice d’automne, là où il n’y avait pas les arbres d’une forêt, on plantait en terre des branches de saule et la multitude des cavaliers galopait autour ; quand ils en avaient fait trois fois le tour, ils s’arrêtaient ; c’était là un vestige de l’ancienne coutume. — E. H. Parker (Some new facts about Marco Polo’s Book, Asiatic Quart. Review, Janvier 1904), croit que le vieux nom de tai-lin s’est conservé dans celui de tailgan par lequel on désigne de nos jours encore chez les Mongols certaines réunions solennelles (cf. le témoignage de Potanin cité dans le Marco Polo de Yule, réédité par Cordier, t. I, p. 249).

(217. ) Cette prédiction vise le roi Ou-ling (325-299).

(218. ) Je n’adopte pas ici la ponctuation du Che ki luen wen qui place un point après le mot [] et un autre point après le mot [], ce qui me paraît inintelligible.

(219. ) Nous avons déjà vu (t. IV, p. 406) le mot [] dans l’expression [][] signifiant « un grand oiseau à bec recourbé ».

(220. ) Le roi Ou-ling adopta les vêtements des Hou qui, contrairement à la coutume chinoise, s’agrafaient à gauche.

(221. ) L’expression [] donne donc à entendre que le roi Ou-ling enseigna à ses sujets à monter à cheval tout armés ; il substitua, pour se conformer aux coutumes des barbares, la cavalerie aux chars de guerre qui jusqu’alors avaient été seuls en usage dans les armées des royaumes du Milieu.

(222. ) Le Ho est, entre les quatre grands cours d’eau, celui qu’on considère comme l’ancêtre. Mais l’expression Ho-tsong désigne en outre la famille issue de celui qui préside au Ho, c’est-à-dire du personnage déifié sous le nom de Comte du Fleuve (cf. t. III, p. 534, t. IV, p. 291 et p. 320). Dans le chapitre I du Mou t’ien tse tchoan, on lit que le Fils du Ciel arriva à la montagne de Yang-ngeou ;

« c’était la résidence du Comte du Fleuve, Ou-i, qui n’est autre que Ho-tsong, Ho-tsong Po-yao vint à la rencontre du Fils du Ciel sur la montagne Yen jan.

D’après Tchang Cheou-tsie, le territoire de Ho-tsong correspondrait aux arrondissements de Lan (auj. s.-p. de ce nom, prov. de Chàn-si) et de Cheng (auj. s.-p. de Yu-lin, prov. de Chàn-si). La montagne Yen jan est placée, sur les cartes chinoises en Mongolie, au nord de l’Ourato et au sud-ouest du Mao-ming-ngan.

(223. ) Les Me sont les barbares du Nord.

(224. ) Cette expression désigne les villes qui appartenaient aux familles Han et Wei, et qui étaient, en fait, détachées du territoire des princes de Tsin.

(225. ) Le nom de Hei-kou, qui désigne un peuple barbare, paraît ne se rencontrer que dans ce texte ; il en est de même du nom de Hieou-hoen que nous avons vu plus haut.

(226. ) Ces trois dieux sont les trois personnages surnaturels qui étaient apparus à Yuen Kouo. — La croyance à la véracité de la prédiction faite par le dieu de la montagne Houo en faveur de Tchao Ou-siu s’était conservée très vivace à l’époque des T’ang. Nous en avons la preuve dans un curieux passage du Kieou T’ang chou (chap. I, p. 2 r°) : en l’année 617 p. C., le septième mois, le futur fondateur de la dynastie T’ang guerroyait contre les généraux des Soei ;

« Le jour ping-tch’en, ses soldats firent halte dans la sous-préfecture de Ling-che (aujourd’hui encore s.-p. de Ling-che, dépendant de la préfecture secondaire de Houo, et voisine de la montagne Houo) et établirent leur camp au poste de Kou-hou. Le ou-ya lang tsiang (titre militaire) de (la dynastie) Soei, Song Lao-cheng s’établit dans la ville de Houo pour s’opposer aux soldats de la justice (c.-à-d. aux soldats des T’ang). Il se trouva que des pluies continues tombèrent pendant plusieurs dizaines de jours ; les transports de vivres n’arrivaient plus en quantité suffisante. Kao-tsou donna l’ordre de la retraite ; mais T’ai tsong (Li Che-min, fils de Kao-tsou et futur empereur T’ai-tsong) s’y étant opposé avec énergie, il y renonça. Il y eut un vieillard vêtu de blanc qui se présenta à la porte du camp et dit :

— Je suis l’envoyé élu dieu de la montagne ; je suis venu auprès de l’empereur de la dynastie T’ang pour lui dire : le huitième mois, les pluies cesseront ; allez par le sud-est de la ville de Houo et je ferai passer vos soldats.

Kao-tsou dit :

— Ce dieu n’a pas menti à Tchao Ou-siu ; comment pourrait-il me tromper ?

(227. ) Il y a ici une inexactitude. D’après un texte du Tchan kouo ts’e qu’on retrouvera plus loin dans Se-ma Ts’ien (chap. XLIV, année 266, la rivière qui fut détournée sur Tsin-yang était la rivière Tsin ; ce petit cours d’eau passe au S.-O. de la s.-p. de T’ai-yuen (l’ancien Tsin-yang) et se jette dans la rivière Fen (cf. Ta Ts’ing i t’ong-tche, chap. XCVI, p. 4 r°).

(228. ) Littéralement « trois planches » ; on sait que les murs chinois étaient faits de terre qu’on battait entre deux rangs de planches superposées ; on pouvait donc évaluer la hauteur d’un mur d’après le nombre de planches qu’il avait fallu superposer pour le construire ; la planche étant naturellement posée de champ et couchée dans le sens de sa longueur, c’était la largeur de la planche qui servait d’étalon pour mesurer un mur ; la valeur d’une « planche » était, dit un commentaire du Tchan kouo ts’e (chap. VI, p. 2 r°), de deux pieds. Quand on dit donc qu’il n’y avait plus que trois « planches » des remparts de Tsin-yang qui ne fussent pas sous l’eau, cela signifie que la partie qui émergeait n’avait plus que six pieds de haut.

(229. ) La même particularité est indiquée dans le récit détaillé du siège de Tsin-yang qu’on trouve chez Han Fei-tse (chap. III p. 6 v°) et chez Hoai-nan tse (chap. XVIII, p. 11 r°).

(230. ) Ce personnage est appelé Kao Ho par Han Fei-tse et Hoai-nan tse (loc. cit.).

(231. ) Les trois royaumes sont Tchao, Wei et Han.

(232. ) Dans le Che kia de Wei (Mém. hist., chap. XLIV), à la date de 266, on relèvera une intéressante indication sur la manière dont Wei et Han qui s’étaient alliés à Tche po pour assiéger Tchao dans Tsin-yang, comprirent soudain que l’ambition de Tche po les menaçait eux-mêmes, et, faisant volte-face, s’unirent brusquement à Tchao. — Dans le livre de Hoai-nan tse (d. 122 av. J.-C.), on lit le récit suivant (chap. XII, p. 340-420) :

« Tchao Kien-tse ayant choisi (Tchao) Siang-tse pour son successeur, Tong Yue-yu dit :

Ou-siu est de basse naissance ; pourquoi maintenant le nommez-vous votre successeur ?

(Tchao) Kien-tse répliqua :

— Il est un homme qui sait supporter un affront quand il y va des dieux du sol et des moissons (c-à-d. quand il y va du bien de l’État). 

Un autre jour, Tche po se trouvant en train de boire avec (Tchao) Siang-tse le frappa à la tête ; les grands officiers (de Tchao Siang-tse) lui demandèrent la permission de tuer (Tche po), mais (Tchao) Siang-tse leur dit :

— Quand mon père défunt m’a nommé son successeur, il a dit que c’était parce que je pouvais supporter un affront quand il y allait des dieux du sol et des moissons ; comment aurait-il dit que c’était parce que je pouvais tuer un homme ?

Dix mois plus tard, Tche po assiégea (Tchao) Siang-tse dans Tsin-yang ; (Tchao) Siang-tse déploya des bataillons et combattit contre lui ; il fit essuyer une grande défaite à Tche po ; il brisa sa tête et en fit une coupe à boire. »

La même anecdote est rapportée dans le Chouo yuan (chap. III, à la fin) de Lieou Hiang (80-9 av. J.-C.) ; dans cette seconde rédaction, la phrase finale devient :

« il enduisit de vernis sa tête et en fit une coupe à boire.

Prendre le crâne d’un ennemi pour en faire une coupe à boire est un trait qui n’a rien de commun avec les mœurs chinoises mais qui se retrouve au contraire chez les peuples turcs, et ceci semblerait prouver que le pays de Tchao avait fortement subi l’influence des tribus barbares qu’il s’était annexées en conquérant le pays de Tai. Dans le chap. CXXIII, p. 1 r°, des Mém. hist. nous apprenons que le chan-yu Lao-chang (d. 161 av. J.-C.), après avoir vaincu le roi des Ta Yue-tche, fit de son crâne une coupe à boire ; d’après le Ts’ien Han chou (chap. XCIV, b, p. 3 r°), sous le règne de l’empereur Yuen (48-33 av. J.-C.), deux ambassadeurs chinois allèrent chez les Hiong-nou pour conclure un traité, et, afin de sceller la convention, ils burent du sang avec les chefs turcs dans le crâne du roi des Ta Yue-tche dont le chan yu Lao-chang avait fait une coupe à boire. Cf. le passage suivant de Tite-Live (XXIII, XXIV, à la date de 216 av. J.-C.) qui atteste la même coutume chez un peuple galate, les Boïens :

« Les dépouilles et la tête du consul (Postumius) furent portés en triomphe par les Boïens dans le temple le plus respecté de leur nation, puis la tête fut vidée et, selon l’usage de ces peuples, le crâne orné d’un cercle d’or leur servit de vase sacré pour offrir des libations dans les fêtes, ce fut aussi la coupe du pontife et des prêtres du temple. (Trad. Bertrand).

(233. ) Cf. notes 214 et 226.

(234. ) La famille K’ong-t’ong était une tribu des Jong occidentaux qui demeurait sur la montagne K’ong-t’ong. Mais on ne sait si la montagne K’ong-t’ong qui lui donna son nom est celle qui était à 40 li à l’ouest de la ville préfectorale de P’ing-leang, dans le Kan-sou, ou celle qui était sur le territoire de Sou-tcheou (cf. tome I, n. 01.121). D’après Se-ma Ts’ien, la famille K’ong-t’ong descendait de la dynastie Yn (cf. t. I, p. 208).

(235. ) Le marquis Hien transféra sa capitale de Keng (cf. p. 7, lignes 7-9 de la n. 1) à Tchong-meou. Cette ville de Tchong-meou était au pied de la montagne Meou, à l’ouest de la sous-préfecture de T’ang-yn (préf. de Tchang-, prov. de Ho-nan) ; elle se trouvait donc au nord du Hoang ho et ne doit pas être confondue avec une autre ville de Tchong-meou, qui dépendait du royaume de Tcheng et qui est aujourd’hui encore la sous-préfecture de Tchong-meou (préf. de K’ai-fong, prov. de Ho-nan). Cf. H. T. K. K., chap. CCLIV, 9e année du duc Ting.

(236. ) La principauté de Tchong-chan (Cf. tome II, n. 05.401) que nous voyons apparaître pour la première fois en cette année 414, fut détruite en l’an 300 par le roi Ou-ting, de Tchao, et définitivement anéantie en 296 par le roi Hoei-wen. D’après Siu Koang, le duc Ou, de Tchong-chan, était le fils du duc Hoan, de la branche des Tcheou occidentaux (cf. t. I, p. 300), et, par conséquent, le petit-fils du roi Ting, de la dynastie Tcheou. Ce témoignage est plausible, mais on ne sait sur quels textes il se fonde.

(237. ) Au S. O. de la sous-préfecture de Yang-kao (préf. de Ta-t’ong, prov. de Chan-si).

(238. ) Il semble qu’il y ait ici une inexactitude et qu’il faille lire : on honora Hoan du nom de marquis Hien. On a vu plus haut que le nom personnel de ce prince était Hoan ; quand son fils eut pris le titre de seigneur, on conféra rétrospectivement à Hoan le nom posthume de marquis Hien.

(239. ) Tchang Cheou-tsie identifie cette ville avec celle de [] qui est mentionnée dans le Kouo ti che, et qui figure … dans le Ts’ien Han chou (chap. XXVIII, a. p. 12 v°) parmi les sous-préfectures dépendant de la commanderie de Tch’ang-chan. Cette ville était au S.-E. de la sous-préfecture de P’ing-chan (préf. de Tcheng-ting, prov. de Tche-li).

(240. ) Cette phrase me paraît signifier que Kong-tchong profite de la question du prince pour introduire auprès de lui les trois sages, sous couleur de lui proposer des terres.

(241. ) C’est-à-dire : gouverneur de la capitale.

(242. ) C’est-à-dire un habillement complet formé d’un vêtement simple et d’un vêtement doublé.

(243. ) Han-tan, qui devait dès lors rester la capitale du royaume de Tchao, est aujourd’hui la sous-préfecture de ce nom, à 50 li au S.-O. de la ville préfectorale de Koang-p’ing, dans la province de Tche-li.

(244. ) Les indications des commentateurs (dans les divers passages où la ville de Ling-k’ieou est mentionnée) concordent à la placer à l’E. de la sous-préfecture actuelle de Ling-k’ieou (préf. de Ta-t’ong, prov. de Chan-si). Comme cependant nous apprenons dans le Che kia de Ts’i (à la date de 378), que Ling-k’ieou était une ville de Ts’i, cette localisation dans le nord du Chan-si apparaît comme peu vraisemblable.

(245. ) A 70 li au S.-E. de la sous-préfecture de Fan (préf. de Ts’ao-tcheou, prov. de Chan-tong).

(246. ) Ces localités de Tou-t’ai et de Kang-p’ing, dit Tchang Cheou-tsie, étaient toutes deux au nord du Hoang-ho.

(247. ) Les mots [a Wei] et [b Wei] devenant identiques en transcription, j’adopterai la convention suivante : quand les deux pays de [a] et de [b] se trouveront mentionnés dans la même page, le mot Wei tout seul désignera toujours [a], tandis que le nom de l’État de Wei [b] sera toujours accompagné du caractère chinois.

(248. ) La ville de Ki-p’ou devint, sous les Han, la sous-préfecture de P’ing-ki ; elle était à 3 li au S. de la préfecture secondaire de Tchao (prov. de Tche-li).

(249. ) La septième année (380), ajoutent les Tableaux chronologiques (chap. XV, p. 16 r°), Tchao attaqua Ts’i et arriva jusqu’à Sang-k’ieou.

(250. ) La géographie Kouo ti tche place l’ancienne ville de Hoang tch’eng au S. de la sous-préfecture de Koan-che, laquelle était au N. de la sous-préfecture actuelle de Koan, préf. de Tong-tch’ang, prov. de Chan-tong). Dans les Tableaux chronologiques (chap. XV, p. 16 r°), on lit, à cette date, que Tchao attaqua Wei [b] à l’improviste, mais ne fut pas vainqueur.

(251. ) Au S.-O. de la sous-préfecture de Kao-i (préf. secondaire de Tchao, prov. de Tche-li).

(252. ) Tchong-jen était, d’après la géographie Kouo ti tche, à 41 li au N.-E. de la sous-préfecture de T’ang (préf. de Pao-ting, prov. de Tche-li).

(253. ) En plein été.

(254. ) Dans ce nom propre, dit Siu Koang, un texte donne la leçon tch’eng, au lieu de meou.

(255. ) A l’O. de la préfecture secondaire de Yong-ning, (préf. de Fen-tcheou, prov. de Chan-si).

(256. ) D’après Tchang Cheou tsie, Kao-ngan devait se trouver dans la commanderie de Ho-tong, c’est-à-dire dans le S.-O. du Chan-si.

(257. ) Kiuen, qui fut plus tard la sous-préfecture de Kiuen-tch’eng , était à 20 li à l’E. de la préfecture secondaire de Pou (préf. de Ts’ao-tcheou, prov. de Chan-tong).

(258. ) Localité non identifiée.

(259. ) Il ne peut s’agir ici que d’un débris de l’ancien royaume de Tcheng, car ce pays avait été vaincu et annexé par Han dès l’année 375 (cf. t. IV, p. 484).

(260. ) Aujourd’hui, sous-préfecture de Tchang-tse (préf. de Lou-ngan, prov. de Chan-si).

(261. ) Nous ne savons pas quel était le tracé de cette muraille. Nous avons ici un exemple nouveau de la coutume qu’avaient alors les peuples de race chinoise d’élever des remparts tout le long des parties de leurs frontières exposées aux attaques de l’ennemi. Nous avons vu (tome IV, n. 40.375) que le roi de Ts’i avait de même interposé une muraille entre lui et Tch’ou. Dans le chapitre CX des Mémoires historiques, nous trouverons l’énumération des travaux de fortifications qui, exécutés à diverses époques sur la frontière septentrionale de la Chine, furent coordonnés par Ts’in Che-hoang-ti et constituèrent alors la grande muraille par excellence (cf. BEFEO, t. III, p. 221, n. 4).

(262. ) L’emplacement de cette localité n’est pas bien déterminé ; il est probable qu’elle tirait son nom de la rivière Tchouo qui, d’après le Kouo ti tche, prenait sa source au N.-E. de la préfecture secondaire de Kie (prov. de Chan-si). Elle se serait ainsi trouvée dans le voisinage de la ville de Ngan-i (au N. de la s.-p. de Hia) qui était alors la capitale de l’État de Wei.

(263. ) Vraisemblablement dans sa capitale qui était alors Ngan-i. Cf. la note précédente.

(264. ) Ce long mur était celui que Ts’i avait élevé pour se garantir contre Tch’ou (cf. tome IV, n. 40.375). D’après le Kouo ti tche, Tchao pénétra dans le pays de Ts’i jusqu’à 30 li au sud de l’arrondissement de Mi (auj. sous-préfecture de Tchou-tch’eng, préf. de Ts’ing-tcheou, prov. de Chan-tong).

(265. ) Il n’est fait aucune mention de cet événement dans les Annales principales des Tcheou.

(266. ) D’après les Annales principales des Tcheou, c’est en 426 que les Tcheou se divisèrent effectivement en occidentaux et orientaux (cf. t. I, p. 300-301). Dans la note 04.497 (tome I), nous avons résumé les événements qui se passèrent alors, mais, à la ligne 16 de cette note, il faut lire 426, au lieu de 376 qui est une erreur).

(267. ) Ngo devint, sous les Han, la sous-préfecture de Tong-ngo ; elle était à 50 li au N.-E. de la sous-préfecture actuelle de Yang-kou (préf. de Yen-tcheou, prov. de Chan-tong).

(268. ) Cf. n. 257.

(269. ) Dans la région comprise entre la rivière Fen et le Hoang ho.

(270. ) Chao-leang était à 22 li au sud de la sous-préfecture de Han-tch’eng (préf. de T’ong-tcheou, prov. de Chàn-si).

(271. ) D’après le Kouo ti tche, la ville de Koai, ou Koai-choei, était à 25 li au S.-E. de l’ancienne sous-préfecture de I-tch’eng. Celle-ci était elle-même à 35 li au S.-E. de la sous-préfecture actuelle de I-tch’eng (préf. de P’ing-yang, prov. de Chan-si). La localité de P’i-lao devait être dans le voisinage de Koai.

(272. ) Le mot [] implique que la rencontre fut fortuite ; lorsqu’il s’agit d’une rencontre préméditée, on emploie le mot [].

(273. ) Aujourd’hui, ville préfectorale de Lou-ngan (prov. de Chan-si).

(274. ) A 60 li au N.-E. de la sous-préfecture de Ts’in-choei (préf. de Tse-tcheou, prov. de Chan-si).

(275. ) Je n’ai pas pu identifier cette localité. D’après le Wei che kia (voyez plus loin, chap. XLIV), l’entrevue des princes de Wei et de Tchao se produisit à Hao (auj. sous-préfecture de Kao-i, préf. sec. de Tchao, prov. de Tche-li).

(276. ) A la date de la dix-huitième année (357), le Tableau chronologique (chap. XV, p. 19 r°) ajoute cette indication : « Tchao Mong se rendit dans le pays de Ts’i ».

(277. ) Au N. de la sous-préfecture de Wen-chang (préf. de Yen-tcheou, prov. de Chan-tong).

(278. ) Cette ville de Ngo ou Ngo occidental à ne doit pas être confondue avec la ville de Ngo ou Ngo oriental dont il a été question plus haut (cf. n. 267). Le Ngo occidental était à 50 li au N.-O, de l’ancienne sous-préfecture de Kao-yang, qui était elle-même à 25 li à l’E. de la sous-préfecture actuelle de ce nom (préf. de Pao-ting, prov. de Tche-li). D’après le Kouo ti tche, le Ngo occidental était l’ancienne ville de Ko et parfois aussi était appelée ville de I.

(279. ) D’après la géographie Kouo ti tche, cet édifice était à 2 li au N. de l’ancienne sous-préfecture de Lin-ming, laquelle se trouvait à 15 li à l’O. de la sous-préfecture actuelle de Yong-sien (préf. de Koang-p’ing, prov. de Tche-li).

(280. ) C’est-à-dire la capitale même du royaume de Tchao ; cf. n. 101.

(281. ) Cette localité paraît être identique à la ville de Koei qui, d’après la géographie Kouo ti tche, était à 21 li au N.-E. de l’ancienne sous-préfecture de Tch’eng-che, laquelle était au S.-O. de l’actuelle sous-préfecture de Kiu-ye (préf. de Ts’ao tcheou, prov. de Chan-tong).

(282. ) La rivière Tchang (cf. tome I, n. 02.126) coule au S. de Han-tan. C’est vraisemblablement près de la sous-préfecture de Lin-tchang préf. de Tchang-, prov. de Ho-nan, qu’eut lieu l’entrevue des princes de Tchao et de Wei.

(283. ) Cf. n. 255.

(284. ) D’après une note de Se-ma Tcheng aux Tableaux chronologiques (chap. XV, p. 20 v°), le nom personnel de ce prince était Yu.

(285. ) Cf. n. 274.

(286. ) Aujourd’hui, sous-préfecture de T’oen-lieou (préf. de Lou-ngan, prov. de Chan-si).

(287. ) Aujourd’hui, sous-préfecture de Hoa-yn (préf. de T’ong-tcheou, prov. de Chàn-si). Yn-tsin était alors une ville du pays de Wei. En 332 av. J.-C., elle tomba au pouvoir du roi de Ts’in qui lui donna le nom de Ning-ts’in (cf. t. II, p. 69).

(288. ) Kao-T’ang, qui fut une sous-préfecture à l’époque des Han, était à 40 li au S.-O. de la sous-préfecture actuelle de Yu-ch’eng (préf. de Tsi-nan, prov. de Chan-tong).

(289. ) Tchang Cheou-tsie se borne à nous dire que cette localité devait se trouver au N. du Hoang ho.

(290. ) Wei Yang. Cf. chap. LXVIII.

(291. ) Siu Koang place cette sépulture dans l’arrondissement de Tch’ang (auj. préf. de Tcheng-ting, prov. de Tche-li).

(292. ) A 13 li au N. (ou, suivant Li Tchao-lo, à 25 li au N.-.E) de la sous-préfecture de Wen-choei (préf. de T’ai-yuen, prov. de Chan-si).

(293. ) Nom d’un défilé qui se trouvait à l’ouest de l’ancienne sous-préfecture de Yu, laquelle était à 80 li au N.-E. de la sous-préfecture actuelle de Yang-k’iu (préf. de T’ai-yuen, prov. de Chan-si).

(294. ) Ce personnage a déjà été mentionné plus haut ; cf. p. 57, ligne 13.

(295. ) D’après Tchang Cheou-tsie, cette ville se serait trouvée sur le territoire de l’arrondissement de Wei (à l’E. de la sous-préfecture actuelle de Yuen-tch’eng, préf. de Ta-ming, prov. de Tche-li).

(296. ) Suivant Lieou Po-tchoang, ce long mur allait de la commanderie de Tai à celle de Yun-tchong ; partant du nord de l’arrondissement de Yu (auj. préf. sec. de ce nom, dans la préfecture de Siuen-hoa, prov. de Tche-li), il s’étendait à l’ouest jusqu’au nord de l’arrondissement de Lan (auj., s.-p. de ce nom, dans la préfecture de T’ai-yuen, prov. de Chan-si) et couvrait ainsi toute la frontière septentrionale de Tchao. — Tchang Cheou-tsie cite cependant une autre opinion d’après laquelle ce long mur aurait été construit dans la partie méridionale du royaume de Tchao et cette seconde manière de voir doit être préférée. En effet, d’une part, d’après le chap. CX (p. 3 r°) des Mémoires historiques, le long mur au nord du royaume de Tchao n’aurait été construit qu’à l’époque du roi Ou-ling (325-299) ; d’autre part, on verra quelques pages plus loin, que le roi Ou-ling lui-même attribuait à son prédécesseur la construction d’un long mur dans la région des rivières Fou et Tchang, c’est-à-dire dans le sud du pays de Tchao.

(297. ) Li-che est aujourd’hui la préfecture secondaire de Yong-ning (préf. de Fen-tcheou, prov. de Chan-si). Lin était un peu plus à l’ouest (cf. n. 255).

(298. ) Général du pays de Han.

(299. ) Cette localité de Sang-k’ieou était près de l’ancienne sous-préfecture de Soei-tch’eng, laquelle se trouvait à 25 li de la sous-préfecture actuelle de Ngan-sou (préf. de Pao-ting, prov. de Tche-li). En ce temps, Ts’i ayant attaqué Yen, les trois royaumes de Han, Wei et Tchao étaient venus au secours de ce dernier. Le Sang-k’ieou dont il est ici question devait donc être sur le territoire de Yen ; il ne faut pas le confondre avec le Sang-k’ieou qui était voisin de la préfecture actuelle de T’ai-ngan, dans le Chan-tong.

(300. ) Son nom personnel était Yong, dit Se-ma Tcheng.

(301. ) C’est-à-dire de Wei, car depuis l’année 340, la capitale de Wei était la ville de Ta-leang (auj. Kai-fong fou).

(302. ) Dans l’ancienne sous-préfecture de Lin-ming (à 15 li à l’O. de la sous-préf. actuelle de Yong-nien).

(303. ) L’expression san lao désigne les vieillards de plus de cinquante ans qui étaient revêtus de fonctions officielles dans chaque district. Au-dessous des san lao étaient les ou keng qui étaient des vieillards investis d’une autorité moindre. On explique les mots san « trois » et ou « cinq » en disant que les san lao étaient comparables aux trois luminaires (le soleil, la lune et les étoiles), et les ou keng aux cinq planètes, et qu’ainsi ils éclairaient l’empire. Suivant une autre glose, ces deux catégories de vieillards symboliseraient les trois vertus et les cinq actes (cf. t. IV, p. 220 et 224) dont il est question dans le chapitre Hong fan du Chou king (cf. P’ei wen yun fou, s. v. san lao).

(304. ) La deuxième année, disent les Tableaux chronologiques.

(305. ) Cf. tome IV, n. 34.151.

(306. ) Localité non identifiée qui devait se trouver au N. du Hoang ho.

(307. ) Wei, Han, Tchao, Yen, et Ts’i. Mais, comme on le voit par ce qui suit, il faut retrancher ici Tchao de l’énumération.

(308. ) Cf. t. II, p. 71, où on voit que les princes coalisés contre Ts’in avaient fait cause commune avec les Hiong-nou. Les Tableaux chronologiques et les Annales principales des Ts’in rapportent cette campagne à l’année 318.

(309. ) A 18 li à l’E. de l’ancienne sous-préfecture de Toen-k’ieou laquelle se trouvait à 25 li au S.-O. de la s.-p. actuelle de Ts’ing-fong (préf. de Ta-ming, prov. de Tche-li).

(310. ) Au lieu de Si-tou et Tchong-yang, les Tableaux chronologiques (chap. XV, p. 25 r°) mentionnent ici Tchong-tou, Si-yang, et Ngan-i. — Le nom de Ngan-i paraît introduit ici par erreur, car cette ville, qui avait été la capitale de Wei jusqu’en 340, était encore en la possession des princes de Wei qui s’en dessaisirent en faveur de Ts’in en l’an 286 (cf. t. II, p. 84). Quant aux deux autres villes, leurs noms doivent être lus Tchong-tou et Tchong-yang. Tchong-tou était au N.-O. de la sous-préfecture actuelle de P’ing-yao (préf. de Fen-tcheou, prov. de Chan-si) ; Tchong-yang était à 25 li à l’O. de la sous-préfecture actuelle de Ning-hiang (préf. de Fen-tcheou, prov. de Chan-si).

(311. ) Cf. t. IV, p. 140-142.

(312. ) Le chap. XXXIV des Mémoires historiques ne fait aucune allusion à ces événements. Il est vraisemblable, comme l’explique P’ei Yen, que, voyant les troubles qui agitaient l’État de Yen, le roi Ou-ling fit une tentative pour placer sur le trône de Yen un membre de la famille princière de ce royaume qui se trouvait réfugié dans le pays de Han ; mais, pour des raisons que nous ignorons, l’entreprise dut être abandonnée.

(313. ) Ou, d’après une variante Tchao P’i.

(314. ) En réalité, le roi Hoei mourut en 311.

(315. ) Cf. Note 292.

(316. ) Bignonia grandiflora (Bretschneider, Plants mentioned in classical works, n° 448).

(317. ) Tchang Cheou-tsie, considère le mot [] comme étant ici l’équivalent de []. On pourrait alors traduire : « On me célèbre, on me célèbre, (en disant) que personne... ».

(318. ) Ou Koang passait pour un descendant de l’empereur Choen ; le nom de famille [] était en effet considéré comme l’équivalent phonétique du nom de Yu [] qui était celui du fief appartenant à Choen. La fille de Ou Koang, Mong-Yao, pouvait donc, elle aussi, être regardée comme issue de l’empereur Choen, et c’est pourquoi on trouve dans son nom le mot Yao qui avait été le nom de famille de Choen. Par le mariage de cette jeune fille avec le roi Ou-ling se réalisait la prédiction faite à Tchao Kien-tse vers l’an 500 av. J.-C. (cf. n. 172).

(319. ) Il y a ici une obscurité, car on ne voit pas bien pourquoi la fille de Ou Koang avait le nom de famille Yng. Un reviseur du Che ki p’ing lin, Fang Pao, a signalé cette difficulté ; pour la résoudre, il a recours à l’explication suivante : ce serait Ou Koang, qui, pour que sa fille pût être considérée comme la femme appelée Yng qui était apparue en songe au roi, lui aurait donné le nom de Yng. Mais ce n’était pas son véritable nom.

(320. ) Sur le territoire de la préfecture de Tcheng-ting, prov. de Tche-li.

(321. ) D’après le Kouo ti tche, la terrasse Ye était à 63 li au S.-O. de la sous-préfecture de Sin-lo qui existe aujourd’hui encore sous ce nom (préf. de Tcheng-ting, prov. de Tche-li).

(322. ) Cf. t. II, p. 76. Cet événement eut lieu en l’année 307, et non en 108 comme il est dit ici.

(323. ) Cf. n. 302.

(324. ) Cf. p. 65, ligne 16.

(325. ) Cf. tome II, n. 05.401.

(326. ) Cf. n. 251.

(327. ) D’après Fang Pao, Ou-k’iong était le nom d’une porte qui avait été élevée par Tchao Siang-tse. Mais cela ne nous renseigne pas sur sa situation.

(328. ) La montagne Hoang-hoa, qu’on appelle aussi la montagne Lin-lu, était à 20 li à l’ouest de la sous-préfecture de Lin (préfecture de Tchang-, prov. de Ho-nan). Cf. commentaire du T’ong kien kang mou, à l’année 307 av. J.-C.

(329. ) La rivière Fou prend naissance au N.-O. de la préfecture secondaire de Ts’e (préf. de Koang-p’ing, prov. de Tche-li).

(330. ) Cf. tome I, n. 02.126.

(331. ) Cf. n. 296.

(332. ) Cf. n. 255.

(333. ) Localité indéterminée.

(334. ) Ce sont les Lin-Hou ; cf. n. 216.

(335. ) Localité indéterminée.

(336. ) C’est-à-dire que l’existence de la principauté de Tchong-chan, peu éloignée de notre capitale, menace nos parties vitales. Cf. Han Fei-tse (chap. I, p. 7 r°) :

« Han est pour Ts’in ce que serait pour un homme une maladie attachée à son ventre ou à son cœur.

(337. ) C’est-à-dire les Tong hou.

(338. ) Cf. n. 216.

(339. ) D’après le Kouo ti tche (chap. III, p. 16 v°), le territoire des barbares Leou fan n’est autre que l’arrondissement de Lan (auj., s.-p. de ce nom, préf. de T’ai-yuen, prov. de Chan-si).

(340. ) Tchan kouo ts’e : section de Tchao. Chap. XIX, p. 4 r° et v°.

(341. ) Tout ce qui suit est tiré du chap. XIX du Tchan kouo ts’e ; mais le texte a subi des modifications importantes. Dans le Tchan kouo ts’e, l’entretien du roi Ou-ling avec Fei I commence en ces termes :

« Le roi Ou-ling en un jour tranquille se trouvait de loisir ; Fei I, assis à ses côtés, lui dit :

— Votre Majesté a-t-elle réfléchi aux modifications des circonstances à notre époque ? A-t-elle apprécié l’usage des cuirasses et des armes de guerre ? A-t-elle songé aux exemples que nous ont laissés Kien et Siang ? A-t-elle fait des plans pour s’assurer l’avantage (de conquérir) les Hou et les Ti ?

Le roi répondit :

— Pour celui qui est monté sur le trône par droit d’hérédité, ne pas oublier la vertu de ses prédécesseurs, c’est la conduite d’un véritable prince. D’une manière stable et sincère travailler à mettre en lumière la supériorité du souverain, c’est le devoir d’un véritable sujet. Ainsi, un prince sage, en restant calme, suit la voie raisonnable et son peuple s’empresse de le servir ; dans ses enseignements, constamment il met en lumière les mérites des générations passées de l’antiquité. Celui qui est sujet, quand il est entravé (dans sa carrière), se conduit en bon frère cadet, honore ses supérieurs, est poli et humble ; quand il réussit, il s’applique à aider le peuple et à être utile à son souverain. Telles sont les attributions du prince et telles sont celles des sujets... »

(342. ) Tchao Kien-tse et Tchao Siang-tse.

(343. ) Dans le Tchan kouo ts’e, cette phrase fait partie du discours de Fei I ; cf. n. 341.

(344. ) La leçon [], que nous avons ici me paraît mauvaise ; je préfère la leçon [] du Tchan kouo ts’e (cf. ligne 1 de la note 341). Le sens est évidemment que, lorsqu’un sujet n’a pas accès aux fonctions publiques, il doit pratiquer les vertus privées ; que, lorsqu’au contraire il est admis aux charges officielles, il doit travailler au bien-être du peuple et à la gloire du souverain.

(345. ) Ici, les mots [][][] ne s’appliquent qu’aux deux sortes d’attributions qui incombent au sujet, suivant qu’il est, ou non, chargé de fonctions publiques. Dans le Tchan kouo ts’e, ils s’appliquent, d’une part aux devoirs du souverain, d’autre part aux devoirs du sujet (cf. dernière ligne de la note 341).

(346. ) Moi, le roi, je suis disposé à me conduire comme doit le faire un roi, mais, dans tout le monde, je ne vois personne qui se conduise comme doit le faire un sujet, c’est-à-dire qui soit prêt à aider le peuple et à être utile à son souverain. En d’autres termes, le roi Ou-ling se plaint de ce que, voulant introduire dans son pays un changement de mœurs destiné à assurer son triomphe sur les barbares, il ne trouve parmi ses sujets personne qui le seconde.

(347. ) C’est-à-dire : en adoptant les vêtements des Hou.

(348. ) Tchan kouo ts’e : « est en butte aux suspicions craintives des gens vulgaires ».

(349. ) Les Miao étaient révoltés contre Choen ; au lieu de les combattre par les armes, Choen voulut toucher leur cœur par le spectacle de la vertu ; il fit donc exécuter des danses accompagnées le chants, et en effet les Miao se soumirent. Cf. Chou King, chap. Ta Yu mo.

(350. ) Cf. Hoai nan tse (chap. I, p. 8 v°) :

« C’est pourquoi, quand Yu se rendit dans le royaume des (hommes) nus, il ôta ses vêtements pour y entrer ; il en sortit avec ses vêtements et sa ceinture : ainsi il se conforma (aux mœurs établies).

Le royaume des hommes nus est ici une expression vague désignant les peuples du sud : à l’époque des T’ang, ce terme est appliqué par I-tsing tantôt aux îles Nicobar (Religieux éminents, trad. fr., p. 120-121), tantôt au Pa-nan ( = Fou-nan, bassin inférieur du Mékong ; cf. Takakusu, A record of the buddhist religion..., p. 10) ; le Choei king tchou de Li Tao-yuen (commencement du VIe siècle) appelle ainsi, dit P. Pelliot, « la région des Moï de la chaîne annamitique » (BEFEO, t. III, p. 284. , n. 1), On voit, par ces exemples, que cette dénomination n’a rien de précis.

(351. ) Au lieu de cette dernière phrase, on lit dans le Tchan kouo tse : «  Que votre Majesté mette donc aussitôt ce projet à exécution. »

(352. ) A la leçon [] « examiner » qui n’offre aucun sens plausible, je substitue la leçon [] « triste, affligé » du Tchan kouo ts’e.

(353. ) Tchan kouo ts’e : « Wang-suen Sie ».

(354. ) Le Tchan kouo ts’e donne la leçon  : « Tels étaient les devoirs généraux qui existaient sous les anciens rois  ».

(355. ) Tchan kouo ts’e : « je n’ai pu me mettre en route au plus vite et « c’est pourquoi je ne suis pas venu auprès de vous le premier ».

(356. ) Suivant K’ong Yen (commencement du VIe siècle), au lieu de [], il faudrait lire [] et le sens serait : « dénuder son épaule droite » ; si l’on adopte ce sens, on peut alors donner à la phrase précédente [][] le sens usuel de « tatouer son corps ».

(357. ) D’après Se-ma Tcheng, le commentateur dont le nom de famille est Lieou (peut-être Lieou Pao de l’époque des Tsin) dit que de son temps les gens de Tchou-yai et de Tan-eul (c.-à-d. de l’île Hai-nan) sont appelés Ngeou-jen. — Ce qui est plus certain, c’est que, au deuxième siècle avant notre ère, on appelait Tong Ngeou ou Ngeou oriental, la ville qui était la capitale du Yue-tong-hai et qui est aujourd’hui la ville préfectorale de Wen-tcheou, dans le Tche-kiang ; d’autre part, le nom de Si Ngeou ou Ngeou occidental désignait un royaume près de Hanoï (cf. tome IV, n. 41.101). — Dans le chap. CXIII des Mém. hist., on voit que vers l’an 180 av. J.-C., le Si Ngeou-lo (c.-à-d. le Tonkin) se soumit au roi de Nan Yue (capitale Canton), et ce roi de Nan Yue dit lui-même que, à l’ouest de son territoire (les princes du) Ngeou-lo et du royaume des hommes nus (cf. n. 350) se sont donné le titre de « roi ». D’après P’ei Yn, qui cite le Han chou yn i, Ngeou-lo serait aussi appelé Lo-yue. — Ainsi le terme Ngeou nous apparaît comme un ethnique important qui désigne une branche de la race de Yue, c.-à-d. de la race annamite.

(358. ) La coutume de se noircir et de se laquer les dents était fort répandue dans tout le sud de la Chine et en Indo-Chine (cf. Pelliot, dans BEFEO, vol. III, p. 281. , n. 3).

(359. ) Au lieu de [], le Tchan kouo ts’e donne la leçon [], ou, suivant une variante, [], ce qui paraît signifier « porter des bonnets faits avec la peau de certains poissons ».

(360. ) Le Tchan kouo ts’e donne la leçon [] qui doit avoir le sens de « les coutures faites à l’aiguille » ; il faut alors entendre que ces coutures étaient faites autrement que cela ne se pratiquait en Chine et peut-être plus grossièrement, ce qui nous ramène au sens de Se-ma Ts’ien.

(361. ) Sur le pays de Ou, dont la capitale occupait l’emplacement de la ville préfectorale de Sou-tcheou, dans le Kiang-sou, cf. tome IV, p. 1 et suiv. — L’expression que nous avons ici devrait être traduite littéralement « le royaume de grand Ou » ; l’épithète est directement accolée au nom du royaume et paraît en faire partie, de même que dans les expressions Ta-ts’in, Ta yue-tche, etc.

(362. ) C’est sans doute Confucius qui est désigné ici.

(363. ) L’État de Tchao était fort montagneux dans sa partie septentrionale.

(364. ) A cette époque, le Hoang ho se jetait dans la mer près de T’ien-tsin, et, pendant une partie de son cours, limitait à l’est le pays de Tchao (cf. la carte insérée dans le t. III, p. 526).

(365. ) D’après Siu Koang, Po-lo était le nom d’un gué de la rivière Tchang, à l’ouest de la s.-p. de King, du royaume de Ngan-p’ing ; cette ville était à 20 li à l’E. de la s.-p. de Koang-tsong (préf. de Choen-, prov. de Tche-li).

(366. ) Le Hoang ho séparait le pays de Tchao de celui de Ts’i ; la rivière Tchang le séparait du royaume de Tchong-chan.

(367. ) C’est-à-dire la montagne Heng.

(368. ) Cf. n. 273.

(369. ) Cf. n. 216.

(370. ) Cf. n. 339.

(371. ) D’après le texte du Tchan kouo ts’e, il faudrait dire :

« C’est pourquoi je vais réunir pour mon service des bateaux et des rames et réquisitionner les populations riveraines des rivières, afin de défendre les fleuves Ho et Po-lo ; je changerai les vêtements et (j’organiserai des escadrons d’archers à cheval...

(372. ) Cf. n. 216.

(373. ) Tchao Kien-tse ou Tchao Yang.

(374. ) Tsin-yang (s.-p. de T’ai-yuen) était la ville principale et le lieu de résidence de Tchao Kien-tse, mais il ne s’y enferma pas et c’est pourquoi il put s’emparer du Chang-tang (préf. de Lou-ngan, dans le S.-E. du Chan-si).

(375. ) Tchao Kien-tse ou Tchao Ou-siu.

(376. ) Cf. tome IV, n. 34.151.

(377. ) Tchao Kien-tse et Tchao Siang-tse.

(378. ) Une partie de leurs discours se retrouve dans le Tchan kouo ts’e.

(379. ) Les cinq Empereurs et les trois dynasties (Hia, Yn, Tcheou).

(380. ) Il semble bien que cette énumération (Fou-hi, Chen-nong, Hoang ti, Yao et Choen) soit la plus ancienne liste que nous possédions des cinq empereurs de la haute antiquité. Cette liste fut modifiée plus tard quand on voulut l’accommoder à la théorie des cinq éléments et qu’on admit une série de trois souverains (san hoang) avant les cinq Empereurs (ou ti) ; cf. Introduction, p. CXC-CXCII.

(381. ) Les gens de Tseou et de Lou portaient des brides de chapeau fort longues, ce qui rendait leur accoutrement assez extraordinaire ; cela ne les empêcha pas de compter parmi eux des hommes éminents tels que Confucius et plusieurs de ses disciples.

(382. ) Or ils en eurent, puisque, par exemple le pays de Ou produisit Ki-tcha (cf. t. IV, p. 7 et suiv.).

(383. ) Ning-kia, ou, suivant une variante, Wan-kia était une ville du pays de Tchong-chan.

(384. ) Sur la rive nord du Hoang-ho, à l’angle oriental de la grande boucle de ce fleuve.

(385. ) Cf. n. 216.

(386. ) Le mot Tchao me paraît être ici une superfétation ; l’armée de Tchao en effet était celle que dirigeait le roi en personne ; Tchao Hi ne devait avoir sous ses ordres que les troupes venues du pays des Hou et de la région de Tai.

(387. ) Hing est aujourd’hui la sous-préfecture de Tsing-hing (préf. de Tcheng-ting, prov. de Tche-li).

(388. ) K’iu-yang fut, sous les Han, la sous-préfecture de Chang K’iu-yang. C’est aujourd’hui la sous-préfecture de K’iu-yang (préf. secondaire de Ting, prov. de Tche-li).

(389. ) Une note de Tchang Cheou-tsie tendrait à faire croire que cette localité se trouvait sur le territoire de la préfecture de Choen-. Mais il est vraisemblable que Tan-k’ieou était, comme les deux autres localités dont il va être question, beaucoup plus au nord.

(390. ) Hoa-yang devait être dans le voisinage immédiat du Heng chan ou Pic du nord, car un des noms de cette montagne était « terrasse de Hoa-yang ». Le Heng chan est à 140 li au N.-O. de la sous-préf. de K’iu-yang (préf. de Tcheng-ting, prov. de Tche-li), et à 20 li au S. de la préf. sec. de Hoen-yuen (préf. de Ta-t’ong, prov. de Chan-si).

(391. ) La barrière de Tche est identifiée par Tchang Cheou-tsie avec l’ancienne passe Hong-chang qui était à 60 li au N.-E. de la s.-p. de T’ang (préf. de Pao-ting, prov. de Tche-li).

(392. ) Cf. tome IV, n. 34.151. .

(393. ) Tong-yuen était le nom que porta jusque sous les Han la ville appelée plus tard Heng tcheou ou Tch’ang-chan ; elle se trouvait à 8 li au S. de la s.-p. actuelle de Tcheng-ting, qui fait partie de la ville préfectorale du même nom (prov. de Tche-li). — Che-i était à 35 li au S. de l’ancienne sous-préfecture de Lou-ts’iuen qui dépendait de Heng tcheou (Tcheng-ting fou). — Fong-long était ainsi appelée à cause de la montagne Fong-long ou Fei-long qui était à 45 li au S. de cette même sous-préfecture de Lou-ts’iuen.

(394. ) Cette reine Hoei qui mourut en 301, n’est autre que Mong-Yao, fille de Ou Koang (cf. p. 68, lignes 12-14). C’est par erreur que Se-ma Tcheng la considère comme l’épouse principale du roi Ou-ling et la mère de l’ex-héritier présomptif Tchang ; pour ce commentateur, Mong-Yao devrait être identifiée avec la reine Hoei-wen, qui mourut en 264 ; il se trompe, car la reine Hoei-wen fut la femme, non du roi Ou-ling, mais du roi Hoei-wen et c’est pour cette raison même qu’elle reçut ce nom posthume.

(395. ) Fils du roi Ou-ling et de la reine Hoei. Cf. la note précédente.

(396. ) Cf. tome IV, n. 34.102, et t. V, n. 203.

(397. ) Yun-tchong correspond à Koei-hoa tch’eng, dans la partie occidentale du territoire des Mongols Toumedh.

(398. ) Kieou-yuen était dans le territoire d’Ourato, au N. de la grande boucle du Hoang ho.

(399. ) Cf. n. 395.

(400. ) C’était Mong-yao, fille de Ou Koang. Je traduis comme signifiant « la Belle, et je ne considère pas ce mot comme un nom propre : en effet, on a lu plus haut la phrase qui ne peut signifier que :

« il fit entrer (dans le palais) sa fille, qui était la belle Mong-yao, (dont le nom de famille était) Yng.

(401. ) Les Tableaux chronologiques (chap. XV, p. 27 v°), nous fournissent les deux indications suivantes qui sont omises ici :

« La première année (298) de son règne, le roi Hoei wen nomma conseiller le kong-tse Cheng et lui conféra le titre de prince de P’ing yuen » (voyez la biographie du prince de P’ing-yuen dans le chap. LXXVI des Mém. hist.).

« La deuxième année (297), le roi Hoai, de Tch’ou, vint en fugitif, mais on ne l’accueillit pas ».

(402. ) Le Si-ho ou Ho occidental était la partie du territoire de Tchao comprise entre la rivière Fen et le Hoang-ho : il correspond à la préfecture de T’ai-yuen et à la préfecture secondaire de Fen dans le Chan-si.

(403. ) Cf. n. 339.

(404. ) La sous-préfecture de Fou-che fait aujourd’hui partie intégrante de la ville préfectorale de Yen-ngan prov. de Chàn-si.

(405. ) Sous-préfecture actuelle de Ling-cheou (préf. de Tcheng-ting, prov. de Tche-li).

(406. ) Le Ngan-yang dont il est ici question est le Ngan-yang oriental qui se trouvait au N.-E. de la préf. secondaire de Yu (préf. de Siuen-hoa, prov. de Tche-li).

(407. ) Allusion à une parole prononcée en 650 av. J.-C. par Siun Si du pays de Tsin (cf. tome IV, p. 270, lignes 21-24). Il est à remarquer cependant que tout ce discours de Fei I sonne faux, car le « père du souverain » était encore vivant et pouvait le délier de son serment ; or Fei I parle comme s’il avait pris un engagement que la mort de son souverain aurait rendu irrévocable. L’exercice de rhétorique est ici manifeste.

(408. ) D’après Tchang Cheou-tsie, le mot [] se prononce ici Chen. Se-ma Tcheng identifie ce personnage avec le Kao Chen dont il sera question plus loin.

(409. ) Le prince Tchang et son conseiller T’ien Pou-li.

(410. ) Faire un coup d’État après s’être assuré de la personne du souverain.

(411. ) Je prends ici le mot [] dans le sens de « décret céleste conférant à un homme le pouvoir souverain ».

(412. ) On verra plus loin que c’est en supposant faussement un ordre du « père du souverain » que le prince Tchang et T’ien Pou-li cherchèrent à attirer le roi dans une embûche.

(413. ) C’est-à-dire s’il y a un ordre vrai ou faux du « père du souverain » mandant le roi auprès de lui.

(414. ) Le prince Tchang ; cf. n. 406.

(415. ) A 20 li (suivant d’autres textes, 30 ou 40 li) au N.-E. de la sous-préfecture de P’ing-hiang (préf. de Choen-, prov. de Tche-li) (ap. Kouo ti tche, chap. IV, p. 5 r°) ; Cha-k’ieou est déjà mentionné dans les Annales principales des Yn (cf. t. I, p. 200).

(416. ) Cf. n. 412.

(417. ) Cf. n. 408.

(418. ) D’après Yng Chao, le roi Ou-ling fut enterré dans la sous-préfecture de Ling-k’ieou, qui dépendait à l’époque des Han de la commanderie de Tai, et qui relève aujourd’hui de la préfecture de Ta-t’ong, dans le nord du Chan-si.

(419. ) Le roi étant absolument seul dans le palais, personne n’assista à sa mort et ce n’est que quelque temps plus tard qu’on la constata.

(420. ) Cette rédaction est inexacte ; car le roi Hoei-wen était monté sur le trône quatre ans auparavant, quand le roi Ou-ling, son père, avait abdiqué en sa faveur.

(421. ) Ces deux places se trouvaient sur le territoire de la commanderie de Tchouo qui correspond à la préfecture secondaire actuelle de ce nom (préf. de Tcheng-ting, prov. de Tche-li).

(422. ) D’après les Tableaux chronologiques (chap. XV, p. 28 v°), la septième année de son règne (292), le roi Hoei-wen alla chercher femme dans le pays de Ts’in.

(423. ) La ville appelée le Hing-t’ang méridional était au N. de la sous-préfecture actuelle de Hing-t’ang (préf. de Tcheng-ting, prov. de Tche-li).

(424. ) Wei, ainsi nommé à cause de sa capitale Ta-leang (K’ai-fong fou).

(425. ) Lou-koan paraît être identique à Lou-yang, ville qui correspond à la préfecture actuelle de Lou-chan (préf. sec. de Jou, prov. de Ho-nan).

(426. ) Il faut reporter cet événement au 10e mois de l’année 288 ; cf. Tableaux chronologiques (chap. XV, p. 28 v°) et t. II, p. 84, lignes 1-4.

(427. ) C’est-à-dire vraisemblablement que, en récompense du concours qu’il lui avait donné pour attaquer Song, le roi de Tchao reçut du roi de Wei la ville de Ho-yang. — D’après le dictionnaire de Li Tchao-lo, Ho-Yang était à 35 li à l’ouest de la sous-préfecture de Mong (préf. de Hoai-k’ing, prov. de Ho-nan).

(428. ) Aujourd’hui, sous-préfecture de Ts’ing-yuen (préf. de T’ai-yuen, prov. de Chan-si). Les Tableaux chronologiques donnent la leçon Koei-yang, qui paraît fautive.

(429. ) Cf. n. 424.

(430. ) Cette princesse, dit Se-ma Tcheng, était fille de Ou la Belle, et sœur cadette du roi Hoei-Wen.

(431. ) D’après le contexte, il semblerait que Ling-k’ieou dût être une ville du pays de Ts’i et ne pût donc pas être identifiée avec la sous-préfecture actuelle de Ling-k’ieou (préf. de Ta-t’ong, prov. de Chan-si).

(432. ) A 25 li à l’O. de la sous-préfecture actuelle de Ning-hiang (préf. de Fen-tcheou, prov. de Chan-si).

(433. ) D’après les Tableaux chronologiques, dans cette campagne contre Ts’i, Tchao eut pour sa part de butin la ville de Si-yang (chap. XV, p. 29 r°). Mais le présent chapitre des Mémoires historiques rapporte la prise de cette ville à l’année suivante (283) ; voyez plus loin.

(434. ) Capitale du pays de Ts’i. Sur ces événements, voyez le chap. XLVI, à la date de 284.

(435. ) Sou Li était un frère cadet de Sou Ts’in (cf. Mém. hist., chap. LXIX). L’édition du Tchan kouo ts’e de 1581 met aussi ce discours dans la bouche de Sou Li, mais elle indique que l’édition de 1355 l’attribue à Sou Tsin, et c’est la leçon que nous trouvons en effet dans la réimpression lithographique du Tchan kouo ts’e faite à Chang-hai en 1896.

(436. ) Tchan kouo ts’e : section de Tchao ; chap. XVIII, p. 4 v°-5 v°.

(437. ) Ce préambule me paraît avoir le sens suivant : Sou Li veut donner au roi de Tchao le conseil de changer de politique ; pour que son avis soit accepté, il commence par montrer que, même à l’époque des rois sages de l’antiquité, quand l’âge d’or semblait établi sur la terre, ces souverains cherchaient encore les moyens de mieux gouverner, car ils se rendaient compte que leurs vertus, leurs enseignements et leurs sacrifices n’étaient pas aussi parfaits qu’ils auraient pu l’être. Si donc ces rois admirables de l’antiquité croyaient eux-mêmes que leur conduite pouvait être améliorée, le roi de Tchao ne doit pas trouver étrange qu’on lui propose de modifier sa manière d’agir.

(438. ) En d’autres termes : quoique le roi de Tchao ait mis sa sagesse et ses forces au service de Ts’in, Ts’in ne lui en sait aucun gré, car il est insatiable et estime que le roi de Tchao ne s’est pas suffisamment employé en sa faveur. D’autre part, quoique le roi de Tchao combatte Ts’i, il n’a pas contre lui des causes profondes de haine. C’est donc une double erreur qu’il commet lorsqu’il s’allie à Ts’in et qu’il attaque Ts’i.

— Au lieu du mot Ts’i, le Tchan kouo ts’e donne la leçon Han, et cette substitution est constante dans tout le discours ; comme le fait remarquer en effet l’éditeur de 1581, le texte du Tchan kouo ts’e suppose qu’on veut dissuader Tchao d’attaquer Han, tandis que le texte de Se-ma Ts’ien est un plaidoyer en faveur de Ts’i ; d’ailleurs le Tchan kouo ts’e est inconséquent avec lui-même puisqu’il introduit ce discours par les mots :

« Quand Tchao eut recueilli tout l’empire, il se disposa à attaquer Ts’i. Sou Li adressa une requête en faveur de Ts’i au roi de Tchao en lui écrivant la lettre suivante :... 

Tout ce morceau, aussi bien dans le Tchan kouo ts’e que dans Se-ma Ts’ien, paraît fort altéré et la suite des idées y est parfois inintelligible.

(439. ) Ts’in réquisitionne les soldats de Han sous le prétexte d’aider le royaume de Tchao, son allié à attaquer Ts’i ; mais en réalité il projette d’affaiblir ainsi Han pour pouvoir le détruire.

(440. ) Les campagnes dirigées par Ts’in et les seigneurs contre Tch’ou permirent à Tchao d’anéantir le royaume de Tchong-chan qui ne pouvait plus compter sur aucun secours. C’est pourquoi, dans les Annales principales des Ts’in (t. II, p. 79), la destruction du royaume de Tchong-chan en 299 est mentionnée immédiatement après les attaques contre Tch’ou.

(441. ) On appelle époque des six royaumes l’époque où la Chine était divisée entre Ts’in, d’une part, et, d’autre part, les six royaumes de Tchao, Han, Wei, Tch’ou, Yen et Ts’i. Ici, puisqu’il s’agit du partage de l’État de Ts’i, il faut admettre que l’expression « six royaumes » désigne Ts’in, Tchao, Han, Wei, Tch’ou et Yen ; mais il reste encore cette difficulté que, d’après la teneur de la phrase de Se-ma-Ts’ien, Tchao doit partager le territoire de Ts’i avec les six royaumes et ne devrait donc pas être compté comme l’un d’entre eux.

(442. ) Les Tcheou orientaux et occidentaux.

(443. ) Les fameux trépieds qui étaient comme le gage du pouvoir souverain (cf. t. I, p. 296 et t. IV, p. 351-353).

(444. ) La région de San-tch’oan était ainsi nommée parce qu’on y trouvait trois cours d’eau, à savoir le Hoang-ho et les rivières I et Lo. La capitale du pays de Han (s.-p. actuelle de Sin-tcheng, préf. de K’ai-fong, prov. de Ho-nan) était située dans ce territoire. La phrase signifie donc : quand Han aura perdu sa capitale, c’est-à-dire sera détruit.

(445. ) Ici, de même, le sens est : quand Wei aura perdu sa capitale (Ngan-i, dit Tchang Cheou-tsie ; mais à la date à laquelle on rapporte ce discours, cette capitale devait être Ta-leang, c’est-à-dire K’ai-fong fou).

(446. ) C’est-à-dire : en un seul jour.

(447. ) En d’autres termes, Tchao, Wei et Han ont des destinées étroitement unies ; si Wei et Han viennent à être détruits, Tchao ne tardera pas à périr à son tour.

(448. ) Cf. n. 415.

(449. ) Kiu-lou correspond à la ville sous-préfectorale de P’ing-hiang, (préf. de Choen-, prov. de Tche-li) (ap. Kouo-ti-tche, chap. IV, p. 5 r°).

(450. ) Le Chang-tang (préfecture de Lou-ngan, dans le S.-E. du Chan-si) appartenait alors à Han ; ce n’est qu’en 262 que ce territoire fut annexé par Tchao.

(451. ) [], c’est-à-dire « le territoire ». Cette expression me paraît supposer l’ancienne formule d’investiture qui assimilait la durée d’un fief à celle du Hoang-ho et du T’ai-chan ; cf. tome III, p. 121 lignes 8-13 et n. 18.102.

(452. ) La commanderie de Chang avait son centre à Soei-te-tcheou dans le nord du Chàn-si.

(453. ) Yu-tchong était un territoire situé dans la partie N.-E. et à l’intérieur de la grande boucle du Hoang-ho ; il touchait à la commanderie de Chang et ne pouvait donc pas en être éloigné de 1.500 li ; le texte me paraît inintelligible.

(454. ) Que vient faire ici le Chang-tang qui appartenait au royaume de Han ?

(455. ) D’après le Kouo-ti-tche (chap. III, p. 17, r°), la montagne T’ai-hang est à 25 li au N. de la s.-p. de Ho-nei qui dépend de l’arrondissement de Hoai ; on y trouve la colline Yang-tch’ang. La s.-p. de Ho-nei dépend aujourd’hui de la préfecture de Hoai-k’ing dans le Ho-nan. — D’après un commentaire du T’ong-kien-kang-mou (15e année du roi Ngan de la dynastie Tcheou), la colline Yang-tch’ang était à 106 li au S.-E. de la s.-p. de Hou-koan (préf. de Lou-ngan, prov. de Chan-si) ; cette localisation concorde assez bien avec la précédente.

(456. ) La montagne Keou-tchou, dit le Kouo-ti-tche (chap. III, p. 13 r°) est aussi appelée montagne Si-king ; elle est à 40 li au N.-O. de la s.-p. de Yen-men qui dépend de l’arrondissement de Tai. — La s.-p. de Yen-men est aujourd’hui la ville préfectorale secondaire de Tai, dans le Chàn-si.

(457. ) Le Heng-chan ; cf. n. 390.

(458. ) Ce texte tendrait à prouver que, dès le commencement du IIIe siècle avant notre ère, on importait en Chine le jade venu de Khoten, région où la tradition plaçait les montagnes Koen-loen.

(459. ) D’après Tchang Cheou-tsie, les cinq royaumes seraient Ts’in, Ts’i, Han, Wei et Yen ; mais cette explication est difficile à admettre puisque, au contraire, Ts’i nous est représenté dans ce texte comme faisant opposition aux cinq royaumes.

(460. ) En 288, le roi de Ts’in avait pris le titre d’empereur d’Occident, et le roi de Ts’i celui d’empereur d’Orient ; puis tous deux avaient renoncé à ces titres (cf. t. II, p. 84).

(461. ) D’après le Kouo-ti-tche (chap. III, p. 18 r°), Kao-p’ing était à 40 li à l’ouest de la s.-p. de Ho-yang, qui dépendait de l’arrondissement de Hoai. — L’ancienne sous-préfecture de Ho-yang était à 35 li à l’ouest de la s.-p. actuelle de Mong (préf. de Hoai-k’ing, prov. de Ho-nan). — A la date de la 4e année du marquis Ngai, de Wei (315), le Tchou-chou-ki-nien rapporte que le marquis de Tcheng rendit au prince de Wei les villes de Yang, (qui avait autrefois appartenu à) Tsin, et de Hiang  ; le prince de Wei éleva des remparts à Yang et à Hiang, puis il changea le nom de Yang en celui de Ho-yong, et le nom de Hiang en celui de Kao-p’ing. Dans le chap. LXXIX, n. 5 v°, des Mém. hist., on lit que, la 42e année de son règne, le roi Tchao, de Ts’in, prit à Han les villes de Chao-k’iu et Kao-p’ing.

(462. ) Emplacement indéterminé.

(463. ) Cette expression serait l’équivalent du terme qui, selon le Kouo-ti tche, est un autre nom de la montagne Keou-tchou, à 40 li au N.-O. de la préfecture secondaire de Tai (cf. n. 456).

(464. ) Au dire de Tchang Cheou-tsie, Sien-yu est l’équivalent de Si-yu, nom d’une montagne qui se trouvait sur le territoire de la préfecture secondaire de Tai.

(465. ) C’est-à-dire qu’il mettra à votre service son royaume tout entier.

(466. ) Cf. Mém. hist., chap. LXXXI.

(467. ) L’ancienne ville de Si-yang, dit le Kouo- ti-tche (chap. III, p. 16 r°), est aussi appelée Yang-tch’eng ; elle est à l’est de la sous-préfecture de Lo-p’ing, qui dépend de l’arrondissement de Ping. — La s.-p. de Lo-p’ing, qui était, à l’époque des Han, la s.-p. de Tche, (et non I, comme on l’imprime dans le commentaire de Tchang Cheou-tsie), était à 80 li au sud de la préfecture secondaire actuelle de P’ing-ting (prov. de Tche-li). — D’après le Tch’oen-ts’ieou che ti ming (cité par le Kouo ti tche), Si-yang avait été la capitale du royaume de Fou, c’est-à-dire de la branche des Ti blancs dont le nom de famille était Fou.

(468. ) D’après le Kouo ti tche (chap. IV, p. 1 v°), l’ancienne ville de Po-yang qui fut appelée Han-hoei à l’époque des Han, se trouvait à 55 li à l’O. de la s.-p. de Ye qui dépendait de l’arrondissement de Siang. — La s.-p. de Ye était à 40 li au S.-O. de la s.-p. actuelle de Lin-tchang (préf. de Tchang-, prov. de Ho-nan).

(469. ) Che-tch’eng était à 90 li au S.-O. de la s.-p. de Lin-lu (auj., s.-p. de Lin, préf. de Tchang-, prov. de Ho-nan) ; cf. Kouo ti tche, chap. IV, p. 2 v°. — Il ne faut pas confondre cette ville avec la s.-p. de Che-tch’eng, qui d’après le Ti li tche du Ts’ien Han chou, se trouvait dans la commanderie de Yeou-pei-p’ing, et qui correspond à la ville préfectorale de Fong-t’ien dans la province mandchoue de Cheng-king.

(470. ) Tong-yang avait autrefois fait partie de l’État de Wei et appartenait maintenant à Tchao. Cette ville se trouvait sur le territoire de l’ancienne sous-préfecture de Li-t’ing (ap. Kouo ti tche, chap. IV, p. 6 r°), laquelle était à 40 li à l’O. de la s.-p. actuelle de Ngen (préf. de Tong-tch’ang, prov. de Chan-tong). Le Hoang-ho passait alors au S.-E. de cette ville, et la rive méridionale était sur le territoire de Wei ; le général de Tchao, Wang Tsai se rendit donc dans la ville de Tong-yang pour pratiquer là sur la rive droite du Hoang-ho une brèche et inonder ainsi le pays de Wei.

(471. ) Cf. Mém. hist., chap. LXXII.

(472. ) C’est-à-dire qu’il lui rendit la ville qu’il lui avait prise deux ans auparavant ; cf. n. 468.

(473. ) Les commentateurs sont muets au sujet de cette ville de Me-k’ieou ; peut-être faut-il lire Chou-k’ieou ; cette dernière localité est mentionnée à la date de 488 par le Tso-tchoan comme une ville du pays de Tsin ; mais elle se trouvait à la frontière du pays de Ts’i, car on la place au S.-O. de la s.-p. de Hia-i (préf. de Koei-, prov. de Ho-nan ; cf. H. T. K. K., chap. CCLIV, p. 35 v°).

(474. ) D’après les tableaux chronologiques, Lin Siang-jou (cf. chap. LXXXI) assistait à cette entrevue qui eut lieu à Mien-tch’e (le caractère [] se prononce ici mien), aujourd’hui encore sous-préfecture de ce nom (préf. et prov. de Ho-nan). Cette localité étant au sud du Hoang-ho pouvait être dite « en dehors du Si-ho » puisque le Si-ho était la partie occidentale du Chan-si, limitée à l’ouest et au sud par le Hoang-ho.

(475. ) Ou p’ing était à 72 li au N. de l’ancienne sous-préfecture de Wen-ngan (ap. Kouo ti tche, chap. IV, p. 7 v°), laquelle se trouvait elle-même à 30 li à l’E. de la sous-préfecture actuelle de Wen-ngan (préf. de Choen-t’ien, prov. de Tche-li). On verra plus loin que, en 272, le cours de la rivière Tchang fut de nouveau reporté au S. de Ou p’ing.

(476. ) Cette ville, qui appartint tantôt à Wei, tantôt à Ts’i, devait se trouver entre la préfecture de Lou-ngan, du Chan-si et la préfecture de Tchang-, du Ho-nan.

(477. ) Cf. n. 251.

(478. ) Cf. n. 406.

(479. ) Le Kouo ti tche (chap.VI, p. 1 r°) place Tch’ang-tch’eng à 40 li au N.-E. de la sous-préfecture de Tse-tch’oan qui porte aujourd’hui encore ce nom (préf. de Tsi-nan, prov. de Chan-tong).

(480. ) Kao-t’ang était à 40 li au S.-O. de la sous-préfecture de Yu-tch’eng (préf. de Tsi-nan, prov. de Chan-tong)

(481. ) Le Kouo ti tche (chap. VI, p. 14 r°) place cette localité de Hoa-yang à 40 (ou 30) li au S.(ou à l’O.) de l’ancienne sous-préfecture de Koan-tch’eng qui correspond aujourd’hui à la préfecture secondaire de Tcheng (préf. de Kai-fong, prov. de Ho-nan). D’après Se-ma Piao, elle se serait trouvée sur le territoire de la sous-préfecture de Mi, c’est-à-dire un peu plus à l’ouest.

(482. ) Nous suivons ici l’explication du Se-ma Tcheng, mais elle n’est pas sans faire quelque violence au texte. D’après Tchang Cheou-tsie, les Tong-hou dont il est ici question résidaient à Yng-tcheou qui est aujourd’hui la sous-préfecture de Tch’ang-li (préf. de Yang-p’ing, prov. de Tche-li).

(483. ) Cf. n. 475.

(484. ) D’après le Tchan kouo ts’e, Tchao Pao était le frère cadet de la mère du roi Hoei-wen.

(485. ) A 40 li au N.-E. de l’ancienne sous-préfecture de Tch’ang-lo (ap. Kouo ti che, chap. IV, p. 4 v°) qui porte aujourd’hui le nom de Nan-lo (préf. du Ta-ming, prov. de Tche-li).

(486. ) Cette ville de Kieou-men, qui fut une sous-préfecture sous les Han, était à 25 li au N.-O. de 1a sous-préfecture actuelle de Kao-tch’eng (préf. de Tcheng-ting, prov. de Tche-li).

(487. ) Le roi Hoei.

(488. ) Le Kouo ti tche (chap. III, p. 11 v°) place le bourg de Yen-yu (qui avait pris sous les T’ang le nom de ville de Ou-sou à 20 li au N.-O. de l’ancienne sous-préfecture de T’ong-ti, laquelle se trouvait à 40 li au S.-O. de la préfecture secondaire actuelle de Tch’en (prov. de Chan-si) ; c’est l’identification que nous avons indiquée tome II, n. 05.465. — Cependant Tchang Cheou-tsie paraît approuver, (à tort, selon nous) une autre explication d’après laquelle cette localité aurait pris son nom de la montagne Yen-yu qui était à 50 li à l’O. de l’ancienne sous-préfecture de Ou-ngan (auj., s.-p. de Yong-nien, préf. de Koang-p’ing, prov. de Tche-li).

(489. ) Ce titre était inspiré du nom de la montagne Ma-fou (dompteur de chevaux), qui était à 10 li au N.-O. de Han-tan.

(490. ) Tchan-kouo-ts’e : section de Tchao ; chap. XXI, p. 6 v°-7.

(491. ) Le prince de Tch’ang-ngan était le fils cadet de la reine douairière qui, d’après Se-ma Tcheng, était la reine Hoei-wen.

(492. ) Le Tchan-kouo-ts’e réunit le mot [] au mot [] et en fait un caractère unique. L’éditeur de 1581 dit que cette orthographe se justifie par la nécessité de distinguer le personnage mentionné ici du tso-che Tch’ou Long qui, d’après un texte du Chouo-yuan, aurait été le ministre de Kie, dernier souverain de la dynastie Hia.

(493. ) Quoique coupable de n’être pas venu plus tôt, le désir qu’il a de prendre des nouvelles de la reine douairière l’enhardit et il ose se présenter devant elle.

(494. ) L’habit militaire était de couleur noire.

(495. ) C’est-à-dire : avant que je sois mort, comme le vagabond qui roule dans le fossé sur le bord de la route.

Cf. Tso-tchoan, 13e année du duc Tchao : « Quand les hommes de basse condition sont vieux et n’ont pas de fils, ils savent qu’(après leur mort) ils seront poussés dans le fossé ».

Mencius (I, b, XII, 2) : « Les personnes vieilles ou faibles ont roulé dans les fossés ». Cf. II, b, IV, 2 ; III, a, III, 7 ; III, b, I, 2 ; V. b, VII, 5).

(496. ) En d’autres termes : qu’elle aime mieux sa fille que son fils.

(497. ) Au moment où la fille de la reine-douairière partait pour le pays de Yen où elle allait être reine, sa mère baignait de larmes les pieds mignons qui s’éloignaient d’elle pour toujours.

(498. ) C’est-à-dire : puisse-t-elle n’être pas répudiée par son mari.

(499. ) La reine-douairière consentait à se séparer de sa fille parce qu’elle souhaitait qu’elle régnât dans le pays de Yen et qu’elle eût des fils et des petits-fils qui fussent rois à leur tour.

(500. ) D’après le commentaire de l’édition de 1581 du Tchan-kouo-t’se, l’expression signifierait les honneurs et les richesses.

(501. ) C’est-à-dire : quand la reine-douairière mourra.

(502. ) Tse-i était un sage du pays de Tchao.

(503. ) Le Kouo ti tche (chap. V, p. 12 v°) place la ville de Ngan-p’ing à 19 li à l’E. de la s.-p. de Lin-tse (qui dépend aujourd’hui de la préf. de Ts’ing-tcheou, prov. de Chan-tong), et l’identifie avec l’ancienne ville de Hi de la principauté de Ki (cf. tome I, n. 00.158 et t. IV, p. 41 et 44) cette principauté fut détruite en 690 par le duc Siang de Ts’i.

(504. ) D’après Tchang Cheou-tsie, il n’y avait dans le pays de Yen aucune ville appelée Tchong-yang ; selon toute vraisemblance l’historien veut parler de la ville de Tchong-chan. L’ancienne ville de Tchong-chan, dit le Kouo-ti-tche (chap. IV, p. 8 v°) est aussi appelée relais de Tchong-jen ; elle se trouvait à 41 li au N.-E. de la s.-p. de T’ang (laquelle se trouvait à 8 li au s. de la s.-p. actuelle de ce nom, préf. de Pao-ting, prov. de Tche-li) ; à l’époque tch’oen-ts’ieou, elle fut la ville de Tchong-jen qui appartenait à la principauté de Sien-yu.

(505. ) Cette localité est probablement identique à celle de Tchou-tch’eng, qui, d’après le Kouo-ti-tche (chap. VI, p. 18 r°) était à 5 li au S.-O. de la s.-p. de Leang (auj. préf. sec. de Jou, prov. de Ho-nan).

(506. ) Le Chang-tang est le territoire de la préfecture de Lou-ngan, dans le Chan-si.

(507. ) C’est-à-dire : je m’en remets à la libéralité de Votre Majesté pour les récompenses que nous espérons obtenir d’elle.

(508. ) C’est-à-dire qu’il n’a plus besoin d’agir, car le temps travaille pour lui et le Chang-tang doit inévitablement lui revenir.

(509. ) Par les sacrifices d’hommes et d’argent que Ts’in a faits pour s’assurer la possession du Chang-tang, on peut dire qu’il a en quelque sorte labouré et ensemencé et qu’il est en droit de compter sur la récolte.

(510. ) Il a fait des transports de grain le long de la rivière Wei et du Hoang-ho pour approvisionner les troupes qui combattaient contre Han.

(511. ) Le pays de Han dont les armées avaient une grande réputation de vaillance.

(512. ) Cette expression désigne ici le royaume de Ts’in lui-même.

(513. ) Tchao Cheng, frère cadet du roi Hoei-wen ; cf. chap. LXXVI.

(514. ) Le prince de P’ing-yuen.

(515. ) C’est Fong T’ing lui-même.

(516. ) Le chapitre LXXIX du Ts’ien Han-chou, qui est consacré à la biographie de Fong Fong-che, descendant de Fong T’ing, nous donne quelques détails sur les destinées ultérieures de la famille Fong. Après avoir livré le Chang-tang (auj. Lou-ngan-fou) à Tchao, Fong T’ing reçut du roi de Tchao le titre de prince de Hoa-yang ; il périt lors de la bataille de Tch’ang-p’ing (260). Parmi ses descendants, on peut citer, à l’époque des Ts’in, Fong Ou-tse, Fong K’iu-tsi et Fong Kie (cf. t. II, index, n°s 1297, 1298, 1300) ; à l’époque de l’empereur Wen, Fong T’ang ; enfin sous les règnes des empereurs Tchao, Siuen et Yuen, Fong Fong-che lui-même, qui mourut en 40 av. J.-C. après avoir joué un rôle important dans les combats des Chinois contre les peuples de l’Asie Centrale. Fong Fong-che eut pour fille la célèbre Tchao-i Fong (cf. T’oung-pao, 1904, p. 184, n. 3, et p. 324),

(517. ) A 31 li à l’ouest de la sous-préfecture de Kao-p’ing (préf. de Tse-tcheou, prov. de Chan-si) ; cf. Kouo-ti-tche, chap. III, p. 12 v°.

(518. ) Les Tableaux chronologiques (chap. XV, p. 32 v°) et les Annales principales des Ts’in (t. II, p. 91) rapportent à l’année 260 les événements dont il va être question.

(519. ) Tchao Kouo était le fils de Tchao Cho (cf. chap. LXXXI).

(520. ) Dans la biographie de Po K’i prince de Ou-ngan (cf. chap. LXXIII), on trouvera le récit détaillé de ces faits.

(521. ) D’après les Tableaux chronologiques (chap. XV, p. 32 v°), ce siège de Han-tan devrait être reporté à l’année 257.

(522. ) Ou-yuen était à 35 li au S.-O. de la ville préfectorale de Ho-kien (prov. de Tche-li). Cette ville appartenait alors à Tchao, mais elle était limitrophe du pays de Yen et c’est ce qui explique pourquoi le préfet de cette localité put faire cause commune avec les révoltés de Yen.

(523. ) Aujourd’hui, sous-préfecture de Ling-k’ieou (préf. de Ta-t’ong, prov. de Chan-si).

(524. ) Dans la biographie de Ou-ki, prince de Sing-ling (chap. LXXVII), on voit que le roi de Tchao avait gagné les bonnes grâces de ce général en lui donnant à titre de fief personnel la ville de Hao (cf. n. 275).

(525. ) Tout ceci doit être reporté à l’année 257 ; cf. les Tableaux chronologiques.

(526. ) Au lieu de Tch’ang-tchoang ; il faut lire Tch’ang-tch’eng. Cette ville était à 5 li au N.-O. de l’ancienne sous-préfecture de Sin-tou (cf. Kouo-ti-tche, chap. IV, p. 6. v°), qui correspond à la préfecture secondaire actuelle de Ki (prov. de Tche-li). Cette place appartenait alors au royaume de Tchao.

(527. ) Ce Yo Tch’eng était un parent de Yo Kien et était comme lui originaire du pays de Yen. D’après le chap. LXXX des Mém. hist., il était général de Yen lorsqu’il fut fait prisonnier par Tchao en 251 ; le roi de Tchao le traita fort bien, ainsi que Kien qui était aussi venu se réfugier auprès de lui (cf. t. IV, p. 147, deux dernières lignes). Cependant, le texte que nous traduisons en ce moment nous montre Yo Tch’eng au service de l’État de Tchao de l’année 256 : il est d’accord avec le Tchan-kouo-ts’e (chap. XXXI, p. 1 v°) d’après qui, en 251, Yo Tch’eng était général de Tchao, et non de Yen.

(528. ) D’après Tchang Cheou-tsie, Sin-leang serait le surnom du général de Ts’in plus connu sous le nom de Wang K’i. — D’après les Tableaux chronologiques, en 256, Han, Wei et Tch’ou seraient venus délivrer la ville de Sin-tchong, du pays de Tchao, qui était assiégée par Ts’in. Le commentateur Siu Koang paraît vouloir établir un rapport entre les deux noms Sin-leang et Sin-tchong, mais cette opinion n’est pas soutenable.

(529. ) Cf. t. II, p. 94.

(530. ) C’était un grand officier (ta-fou) du pays de Tchao.

(531. ) Au N.O. de la sous-préfecture actuelle de Yuen-che (préf. de Tcheng-ting, prov. de Tche-li).

(532. ) D’après Siu-Koang, c’était un ancien général de Ts’in qui s’était soumis à Tchao.

(533. ) Cette mort eut lieu en 251, d’après les Tableaux chronologiques

(534. ) Wei-wen devait être une place dans le voisinage de la préfecture secondaire de Yu (préf. de Siuen-hoa, prov. de Tche-li).

(535. ) Tchan-kouo-ts’e : section de Yen ; chap. XXXI, p. 1.

(536. ) Sur tout ce qui suit, cf. t. IV, p. 146-147.

(537. ) Littéralement « pour le vin ». Le Tchan-kouo-ts’e écrit [], ce qui prouve que cet or était censé destiné à acheter le vin pour un banquet où on aurait souhaité longue vie au roi de Tchao. — La traduction « pot de vin » que j’ai donnée à la p. 146 du t. IV est un contre-sens.

(538. ) Cf. p. 119, lignes 2-8.

(539. ) Yo Kien était fils de Yo I ; cf. t. IV, p. 145.

(540. ) Cf. tome IV, n. 34.149.

(541. ) « Trois contre un », dit le Tchan-kouo-ts’e. Les variantes sont d’ailleurs nombreuses dans la suite de ce texte et ne peuvent être toutes relevées.

(542. ) Cf. n. 275.

(543. ) C’est-à-dire : « prince de la supériorité guerrière », suivant l’explication de Tchang Cheou-tsie.

(544. ) Au nord de la sous-préfecture actuelle de T’ien-tchen (préf. de Ta-t’ong, prov. de Chan-si).

(545. ) Lien P’o.

(546. ) Cf. tome II, n. 05.108. — Cependant Siu Koang place Yu-ts’e sur le territoire de la commanderie (aujourd’hui préfecture) de T’ai-yuen.

(547. ) D’après le Kouo-ti-tche (chap. IV, p. 12 r°), à 20 li au S.-O. de l’ancienne sous-préfecture de Soei-tch’eng (laquelle se trouvait à 25 li à l’ouest de la s.-p. actuelle de Ngan-sou, préf. de Pao-ling, prov. de Tche-li), était la montagne du dragon. Elle avait quatre versants sur chacun desquels on voyait une ouverture grande comme la roue d’un char ; au printemps, du vent sortait de l’ouverture orientale ; en automne, en été et en hiver, ce vent sortait respectivement des ouvertures occidentales, méridionale et septentrionale : De là est venu vraisemblablement le nom de Long-toei « les orifices du dragon ».

(548. ) Fen-men paraît être une leçon fautive ; Tchang Cheou tsie propose de voir sous ce nom le défilé de Che-men dans lequel coulait la rivière Siu au S.-E. de l’ancienne sous-préfecture de Pei-p’ing (laquelle se trouvait à 2 li à l’ouest de la s.-p. actuelle de Man-tch’eng, préf. de Pao-ting, prov. de Tche-li).

(549. ) Lin-lo est identifié par Tchang Cheou-tsie avec la ville de Lin-hiang qui, d’après le Kouo-ti-tche, était à 67 li de Kou-ngan (au S.-E. de la préfecture secondaire de la prov. de Tche-li).

(550. ) D’après le Kouo-ti-tche (chap. IV, p. 7 v°), la ville de Ko qu’on appelait aussi I-tch’eng, et Si-ngo-tcheng, était à 50 li au N.-O. de l’ancienne s.-p. de Kao-yang (laquelle se trouvait à 25 li à l’est de la s.-p. actuelle de Kao-yang, préf. de Pao-ting, prov. de Tche-li). Le nom de Si-ngo (Ngo occidental), lui était donné pour la distinguer de la ville de Tong-ngo (Ngo oriental) qui appartenait au royaume de Ts’i.

(551. ) Localité indéterminée.

(552. ) P’ing-chou était à 93 li au nord de l’ancienne sous-préfecture de Ling-k’ieou (cf. n. 523).

(553. ) Le futur Ts’in Che-hoang-ti.

(554. ) La ville de Fan-yang, qui était ainsi nommée parce qu’elle était située au nord de la rivière Fan, se trouvait à 27 li au N.-E. de la sous-préfecture de Nei-hoang (préf. de Tchang-, prov. de Ho-nan).

(555. ) On pourrait aussi traduire « les grands préparatifs ». D’après Tchang Cheou-tsie, il s’agirait d’un rite qu’on accomplit alors.

(556. ) P’ing-i était à 30 li au N.-E. de l’ancienne sous-préfecture de Tch’ang-lo, laquelle se trouvait au N.-O. de la s.-p. actuelle de Nan-lo (préf. de Ta-ming, prov. de Tche-li.) - Tchong-meou tirait son nom de la montagne Tchong-meou, à 58 li à l’ouest de la sous-préfecture de T’ang-yn (préf. de Tchang-, prov. de Ho-nan). — Ces deux villes, qui étaient au nord du Hoang-ho, dépendaient de Wei dont la capitale, Ta-leang (K’ai-fong-fou), était au sud de ce fleuve : Wei aurait voulu franchir le Hoang-ho pour rétablir ses communications avec P’ing-i et Tchong-meou, mais il n’y parvint pas.

(557. ) Ou-soei était au N.-E. de la s.-p. actuelle de Ou-kiang (préf. sec. de Chen, prov. de Tche-li). — Fang-tch’eng était à 17 li au sud de Kou-ngan (au S.-E. de la préf. sec. de I, prov. de Tche-li). — Ces deux villes appartenaient à l’État de Yen.

(558. ) Le prince de Tch’oen-p’ing était l’héritier présomptif de Tchao.

(559. ) Le marquis de Wen-sin n’est autre que Lu Pou-wei, conseiller de Ts’in.

(560. ) Les officiers militaires du palais.

(561. ) Dans le voisinage de la s.-p. actuelle de Ngan-ting (préf. de Yen-ngan, prov. de Chàn-si). — Je rétablis dans le texte le mot [], d’après le Tchan-kouo-ts’e ; le marquis de P’ing-tou était sans doute un otage de Ts’in envoyé à la cour de Tchao.

(562. ) A la date de 242, les Tableaux chronologiques disent que le conseiller de Tchao et le conseiller de Wei se réunirent à Ko (cf. tome IV, n. 32.149), dans le pays de Lou, et conclurent un traité.

(563. ) D’après Siu Koang, cette ville se serait trouvée sur le territoire de Sin-fong (au N.-E. de la s.-p. actuelle de Lin-t’ong, préf. de Si-ngan, prov. de Chàn-si).

(564. ) A 130 li au S.-E. de la préf. sec. de Ts’ang (préf. de T’ien-tsin, prov. de Tche-li). Il est cependant assez bizarre que l’État de Ts’i se soit étendu aussi au loin dans le nord.

(565. ) Cf. n. 556.

(566. ) Sur la rive nord du Hoang-ho.

(567. ) C’est-à-dire sur la rive sud du Hoang-ho.

(568. ) Aujourd’hui, s.-p. de Jao-yang, (préf. sec. de Chen, prov. de Tche-li).

(569. ) A 40 li au S.-O. de la s.-p. de Lin-tchang (préf. de Tchang-, prov. de Ho-nan).

(570. ) Au lieu de Li-yang, Tchang Cheou-tsie propose de lire Yu-yang ; Yu-yang était à 18 li au sud de la s.-p. de Mi-yun (préf. de Choen-tien, prov. de Tche li).

(571. ) Cf. n. 569 et t. II, p. 115.

(572. ) Siu Koang (chap. XV, p. 36 r°) l’appelle Yeou-min.

(573. ) Cf. tome II, n. 08.334.

(574. ) D’après les Tableaux chronologiques, c’est P’ing-yang (et non Ou-tch’eng), qui fut alors assiégé par Ts’in.

(575. ) I-ngan était à 20 li au S.-O. de la s.-p. de Kao-tch’eng (préf. de Tcheng-ting, prov. de Tche-li).

(576. ) Fei ou Fei-lei était à 7 li à l’ouest de la s.-p. de Kao-tch’eng (cf. la note précédente).

(577. ) A 20 li à l’Est de la s.-p. actuelle de Fang-chan (préf. de Choen-tien, prov. de Tche-li).

(578. ) Lo-siu se trouvait dans l’arrondissement de Tsin (auj. s.-p. de Lin-fen, préf. de P’ing-yang, prov. de Chan-si).

(579. ) P’ing-yn se trouvait dans l’arrondissement de Fen (auj. s.-p. de Fen-yang, préf. de Fen-tcheou, prov. de Chan-si).

(580. ) Le pays de Ts’in se réjouit de l’infortune de Tchao.

(581. ) Les céréales maigres et sans épis ressemblent à des poils.

(582. ) Le Tchan-kouo-t’se (chap. XXI, p. 7 r°) est plus explicite sur ces événements :

« Ts’in chargea Wang Tsien d’attaquer Tchao ; Tchao chargea Li Mou et Se-ma Chang de lui tenir tête. Li Mou, à plusieurs reprises, vainquit et mit en fuite l’armée de Ts’in ; il tua le général Hoan K’i (cf. t. II, p. 115-117). Wang Tsien en fut fort ennuyé ; il donna alors des quantités considérables d’or à Kouo K’ai et aux autres favoris du roi de Tchao pour qu’ils semassent la division chez l’ennemi en disant :

— Li Mou et Se-ma Chang désirent faire alliance avec Ts’in et se révolter contre Tchao afin de recevoir de Ts’in des dotations importantes.

Le roi de Tchao, devenu soupçonneux, chargea Tchao Hou et Yen Tsiu de les remplacer dans leurs commandements ; il décapita Li Mou et dégrada Se-ma Chang. Trois mois plus tard, Wang Tsien en profita pour renouveler ses attaques avec vigueur ; il battit complètement Tchao, tua l’armée de Tchao (ou, suivant une variante, « il tua Tchao Hou »), et fit prisonnier Ts’ien, roi de Tchao, ainsi que son général Yen Tsiu. Ainsi fut anéanti (le royaume de) Tchao.

(583. ) L’édition de Chang-hai intervertit ici par erreur l’ordre des mots et écrit [] mais elle donne la leçon correcte dans les notes critiques placées à la fin de ce chapitre. — Wang-suen est l’appellation de Fong Soei dont le père, Fong T’ang, avait plus de 90 ans à l’avènement de l’empereur Ou (140 av. J.-C.) ; sa famille était originaire de l’ancien royaume de Tchao et c’est ainsi qu’il pouvait connaître certains détails de l’histoire de ce pays (cf. Ts’ien Han chou, chap. L., p. 2 v°-3 v°). Se-ma Ts’ien dit lui-même (chap. CII, p. 3 v°) qu’il entretenait des rapports d’amitié avec Fong Soei.

(584. ) Cf. ligne 5 de la note 582.

(585. ) Cf. t. II, p. 120.

(586. ) Cf. t. II, p. 122.