Maisons héréditaires
Troisième maison
Le duc de Tcheou, (prince) de Lou

CHAPITRE XXXIII

Troisième maison héréditaire

Le duc de Tcheou, (prince) de Lou


p.88 Le duc de Tcheou, Tan, était frère cadet du roi Ou, de (la dynastie) Tcheou. Dès l’époque où le roi Wen était encore en vie, Tan se comporta en fils pieux, fut sincèrement bon et se distingua de tous les autres fils. Puis, quand le roi Ou eut pris le pouvoir, Tan fut toujours son soutien et son appui ; dans la direction des affaires il avait une grande part. Le roi Ou, la neuvième année (de son règne), alla faire une expédition guerrière du côté de l’est et arriva au gué de Mong ; le duc de Tcheou secondait son action.

La onzième année, (le roi Ou) attaqua Tcheou et arriva dans la campagne de Mou (101) ; le duc de Tcheou assistait le roi Ou ; on fit la harangue de Mou ; on écrasa les Yn ; on pénétra dans le palais des Chang. Quand Tcheou eut été tué, le duc de Tcheou prit en main la grande hache ; le duc de Chao prit en main la petite hache ; ils se tinrent ainsi des deux côtés du roi Ou. (Le roi Ou) frotta du sang des victimes le dieu du sol ; il annonça les crimes de Tcheou au Ciel ainsi qu’au peuple des Yn ; il p.89 délivra de prison le vicomte de Ki ; afin que les sacrifices des Yn fussent continués, il donna un fief au fils de Tcheou, Ou-keng Lou-fou, et chargea Koan-chou et Ts’ai-chou d’être ses précepteurs ; il conféra des fiefs à tous ceux de ses ministres qui avaient bien mérité et à ses parents qui avaient le même nom de famille que lui ; il donna en fief à Tan, duc de Tcheou, K’iu-feou (102), sur la colline de Chao-hao ; (le duc de Tcheou) devint ainsi duc de Lou. Le duc de Tcheou ne se rendit pas aussitôt dans son fief ; il resta pour aider le roi Ou.

[ (103) Deux ans après que le roi Ou eut vaincu les Yn, alors que l’empire n’était pas encore entièrement réuni (sous sa domination), il tomba malade et fut dans la désolation ; les ministres étaient saisis de crainte ; T’ai kong et le duc de Chao consultèrent avec respect les sorts. Le duc de Tcheou dit :

— Il ne faut point encore que (le roi Ou) aille auprès de nos anciens rois (104).

Alors le duc de Tcheou se substitua lui-même (au roi Ou) ; il établit trois autels (105) ; tourné du côté du nord, le duc de Tcheou se tint debout ; il portait sur sa tête le jade rond et dans ses mains le jade rectangulaire ; il s’adressa à l’Auguste roi, au roi Ki et au roi Wen. Le clerc écrivit sur ses p.90 tablettes une prière ainsi conçue :

« Votre principal descendant, le roi Fa (106), est accablé de fatigue et arrêté par la maladie ; si vous, ô trois rois, réellement avez besoin de quelqu’un qui supporte les devoirs d’un fils (auprès de vous) dans le ciel (107), remplacez par moi, Tan, la personne du roi Fa. Moi, Tan, je suis habile et capable ; j’ai beaucoup de qualités et beaucoup de talents ; je puis servir les mânes et les dieux. Quant au roi Fa, il n’a pas comme moi, Tan, beaucoup de qualités et beaucoup de talents ; il ne peut pas servir les mânes et les dieux. Le mandat lui a été décerné dans la cour de l’Empereur (108) de répandre (sa vertu) et de venir en aide aux quatre côtés (du monde) ; c’est pourquoi il a pu assurer le repos de vos descendants sur cette terre ici-bas ; dans tout le peuple des quatre côtés (du monde), il n’est personne qui ne le respecte et qui ne le craigne ; ne laissez pas tomber le précieux mandat descendu du ciel ; nos anciens rois d’ailleurs auront éternellement un appui et un refuge (109). Maintenant, je vais prendre vos ordres par le moyen de la grande tortue ; si vous m’accordez (ce que je vous p.91 demande), je m’en retournerai avec le jade rond et le jade carré et j’attendrai votre décision (110) ; si vous ne m’accordez pas (ce que je vous demande), je cacherai le jade rond et le jade carré.

Après avoir ordonné au clerc de déclarer par écrit à l’Auguste roi, au roi Ki et au roi Wen qu’il désirait se substituer à Fa, roi Ou, le duc de Tcheou se rendit auprès des trois (111) rois et tira les sorts ; les préposés aux sorts lui dirent :

— L’augure est favorable ; sortez les écrits et regardez ; c’est sûrement favorable.

Le duc de Tcheou s’en réjouit ; il ouvrit le tube (112) et examina les écrits ; il trouva que c’était favorable.

Le duc de Tcheou entra féliciter le roi Ou on lui disant :

— O roi, vous n’aurez aucun mal ; moi Tan, je viens de recevoir l’ordre des trois rois qui est de prolonger jusqu’à la fin ce qui est projeté ; cela explique que (les trois rois) peuvent veiller sur notre homme unique (113).

Le p.92 duc de Tcheou plaça cette tablette (114) dans un coffre fermé par des bandes de métal ; il interdit à ceux qui en avaient la garde de se permettre d’en parler. Le lendemain, le roi se trouva mieux (115).]

Lorsque, plus tard, le roi Ou mourut, le roi Tch’eng était jeune et encore au maillot ; le duc de Tcheou craignit que l’empire, en apprenant la mort du roi Ou, ne se révoltât ; alors le duc de Tcheou monta les degrés (du trône) ; à la place du roi Tch’eng il exerça provisoirement le gouvernement et se chargea du royaume. Koan-chou et ses frères cadets répandirent des rumeurs dans le royaume, disant :

— Le duc de Tcheou sera funeste au roi Tch’eng.

Le duc de Tcheou dit alors à T’ai-kong-wang et à Che, duc de Chao :

— Si je ne me suis pas tenu à l’écart et si j’ai exercé provisoirement le gouvernement, c’est parce que je craignais de voir l’empire se révolter contre les Tcheou et de ne savoir comment m’expliquer auprès de nos anciens rois, T’ai-wang, le roi Ki et le roi Wen ; ces trois rois se sont donné du souci et de la peine pour l’empire pendant longtemps ; jusqu’à présent la réussite a suivi ; le roi Ou étant mort prématurément et le roi Tch’eng étant jeune, c’est dans le but de faire réussir les Tcheou que j’ai agi de cette manière.

Alors en définitive (le duc de Tcheou) resta conseiller du roi Tch’eng.

Puis il chargea son fils, Po-k’in, d’aller à sa place dans p.93 son fief de Lou. Le duc de Tcheou donna un avertissement à Po-k’in en lui disant :

— Je suis fils du roi Wen, frère cadet du roi Ou, oncle du roi Tch’eng ; je ne suis point moi-même de rang peu élevé dans l’empire ; cependant (il m’est arrivé), pendant un seul lavage de tête, d’empoigner trois fois ma chevelure, pendant un seul repas de cracher trois fois ce que j’avais dans la bouche (116), et de me lever pour m’occuper des hommes de valeur ; toutefois je crains encore d’avoir laissé échapper des hommes sages de l’empire. Vous allez à Lou ; faites attention de ne pas vous montrer arrogant envers les hommes parce que vous régnerez (117).

Koan(-chou), Ts’ai(-chou), Ou-keng et leur parti se mirent effectivement à la tête des barbares (de la région de la rivière) Hoai et se révoltèrent. Alors le duc de Tcheou, ayant reçu les ordres du roi Tch’eng, leva des soldats et dirigea une expédition guerrière dans l’est ; il fit la Grande proclamation (118). Il mit aussitôt à mort Koan-chou et fit périr Ou-keng ; il exila Ts’ai-chou. Il recueillit ce qui restait du peuple des Yn et le donna en fief à K’ang-chou dans (le pays de) Wei ; il conféra au vicomte de Wei le fief de Song pour qu’il s’y acquittât des sacrifices aux Yn ; il calma les barbares du Hoai et la région orientale ; en deux ans il termina la pacification ; les seigneurs furent tous soumis au Tcheou ancestral (119).

p.94 Le Ciel fit descendre (un gage de) sa faveur ; Ts’ai-chou trouva une céréale (formée de deux tiges)-mères différentes se réunissant en un seul épi ; il la présenta au roi Tch’eng ; le roi Tch’eng ordonna à T’ang-chou de l’offrir au duc de Tcheou (qui était) dans la région orientale ; (alors) fut composé « l’Épi offert ». Le duc de Tcheou, ayant reçu l’épi par ordre (du roi), loua l’ordre donné par le Fils du Ciel ; (ainsi) fut composé « l’Épi loué » (120).

La région orientale étant réunie (à l’empire), le duc de Tcheou revint annoncer la chose au roi Tch’eng ; il fit alors une poésie pour la donner au roi ; le nom en était « le Hibou » (121) ; le roi de son côté n’osa point faire de reproches au duc de Tcheou.

La septième année du roi Tch’eng, le deuxième mois, au jour i wei, le roi tint une cour plénière (pour délibérer sur la question de savoir s’il fallait) s’en aller de Tcheou ; il se rendit à Fong (122). Il chargea le duc de Chao, p.95 grand Protecteur, d’aller d’abord à Lo pour inspecter la localité. Le troisième mois, le duc de Tcheou alla tracer le plan de Tch’eng-tcheou, la ville de Lo (123) ; il consulta les sorts (pour savoir si l’on pouvait y) demeurer ; la réponse fut favorable ; alors il en fit (une capitale de) royaume (124).

Le roi Tch’eng était devenu grand et pouvait s’occuper du gouvernement ; alors le duc de Tcheou rendit le gouvernement au roi Tch’eng ; le roi Tch’eng dirigea en personne les audiences de la cour. Lorsque le duc de Tcheou gouvernait à la place du roi Tch’eng, il se tournait vers le sud et appuyait son dos sur l’appui (125) pour donner audience aux seigneurs ; mais, après que sept ans se furent écoulés, il rendit le gouvernement au roi Tch’eng, se tourna vers le nord et prit la place qui convient à un sujet ; il était pénétré de respect et comme saisi de crainte.

Auparavant, lorsque le roi Tch’eng était jeune, il arriva qu’il tomba malade. Le duc de Tcheou se coupa les ongles, en jeta (les rognures) dans le Fleuve et, ce faisant, adressa cette prière aux dieux :

— Le roi est jeune p.96 et n’a pas encore de discernement ; celui qui a enfreint les ordres des dieux, c’est moi, Tan (126).

Il cacha aussi le texte écrit (de cette prière) dans les archives. Le roi Tch’eng, qui était malade, guérit. Puis le roi Tch’eng exerça le gouvernement ; il y eut des hommes qui calomnièrent le duc de Tcheou et celui-ci s’enfuit dans (le pays de) Tch’ou. Le roi Tch’eng ouvrit les archives ; il vit le texte de l’invocation (adressée aux dieux par le) duc de Tcheou ; alors il pleura et fit revenir le duc de Tcheou.

Lorsque le duc de Tcheou fut revenu, il craignit que le roi Tch’eng, étant dans la force de l’âge, ne se livrât, dans son gouvernement, à quelques excès ; alors il composa (les écrits intitulés) « les nombreux officiers » et « ne pas se livrer à la volupté ». (L’écrit intitulé) « ne pas se livrer à la volupté » était ainsi conçu :

[ (127) Ceux qui ont été les pères et les mères des hommes ont fait une œuvre (dont les effets) atteignent une longue durée ; leurs descendants se sont livrés à l’arrogance et aux excès ; ils ont oublié (ce qu’avaient fait leurs ancêtres) et ainsi ils ont perdu leur famille. Tout fils d’un homme peut-il ne pas être attentif à cela ? Dans l’antiquité, en qui concerne Tchong-tsong (128), roi (de la dynastie) Ya, (ce souverain) était grave, respectueux, attentif et pénétré de crainte ; il se réglait sur le décret du Ciel (129) ; en p.97 gouvernant le peuple, il tremblait et redoutait (de mal faire) ; il n’osait pas se livrer à ses aises ; c’est pourquoi Tchong-tsong jouit du trône pendant soixante-quinze années. Pour ce qui concerne Kao-tsong (130), (ce souverain) pendant longtemps peina hors (de la cour) et travailla avec les gens du commun (131) ; puis, quand il fut monté sur le trône, il eut la cabane de deuil (132) et pendant trois années ne parla pas ; (quand il parla), ses paroles répandirent la joie. Il n’osait pas se livrer à ses aises ; il rendit paisible et tranquille le royaume des Yia et parvint, soit dans les petites, soit dans les grandes choses, à n’exciter aucun ressentiment ; c’est pourquoi Kao-tsong jouit du trône pendant cinquante-cinq ans (133). Pour ce qui concerne Tsou-kia (134), (il commença par) régner sans justice ; pendant longtemps il fut (dans la condition d’)un homme du commun hors (de la cour) (135) ; (ensuite, quand il fut monté sur le trône (136)), il connut sur quoi se reposaient p.98 les gens du commun (137) et fut capable de protéger le petit peuple et de répandre sur lui ses bienfaits ; il ne traita pas avec mépris les personnes non mariées ou veuves ; c’est pourquoi Tsou-kia jouit du trône pendant trente-trois ans].

(L’écrit intitulé) « les nombreux officiers » était ainsi conçu :

[(138) Depuis T’ang jusqu’à l’empereur I, il n’est aucun (souverain) qui n’ait dirigé les sacrifices et qui n’ait manifesté d’une manière éclatante sa vertu ; il n’est aucun (de ces) empereurs qui n’ait été associé au Ciel. Mais maintenant, leur descendant qui leur a succédé sur le trône, Tcheou, a été grandement débauché par la volupté ; il n’a pas tenu compte du Ciel ni de ce qui convient au peuple.] Tout son peuple a mérité d’être exterminé. Ô nombreux officiers (de la maison) des Tcheou, [ (139) le roi Wen, depuis le milieu du jour jusqu’au coucher du soleil n’avait pas le loisir de manger ; il jouit du trône pendant cinquante années.]

— (Le duc de Tcheou) fit ces (compositions) afin d’avertir le roi Tch’eng.

Lorsque le roi Tch’eng était à Fong, après que l’empire eut été pacifié, comme les officiers et l’administration des Tcheou n’étaient pas encore bien organisés, le duc de Tcheou composa (l’écrit intitulé) « les officiers des Tcheou ». Les devoirs des officiers étant bien répartis entre eux, (le duc de Tcheou) composa (l’écrit intitulé) « l’établissement du gouvernement (140) », afin d’être utile aux cent familles ; les cent familles en furent contentes.

Le duc de Tcheou étant à Fong, tomba malade, et, sur p.99 le point de mourir, dit :

— Ne manquez pas de m’enterrer à Tch’eng-tcheou (141), afin de montrer que je n’ose point me séparer du roi Tch’eng.

Quand le duc de Tcheou fut mort, le roi Tch’eng, de son côté, consentit à ce que le duc de Tcheou fût enterré à Pi (142), à la suite du roi Wen, afin de montrer que lui, jeune enfant, ne se permettait pas de traiter le duc de Tcheou comme un sujet.

Après la mort du duc de Tcheou, [ (143) en automne, avant que la moisson fût mûre, il y eut un violent orage de vent, de tonnerre et de pluie ; toutes les céréales furent couchées à terre ; tous les grands arbres furent arrachés ; le royaume des Tcheou fut saisi d’une grande crainte. Le roi Tch’eng et ses grands officiers revêtirent leurs habits de cour pour ouvrir les écrits renfermés dans le coffre cerclé de métal ; le roi trouva alors les paroles qu’avait prononcées le duc de Tcheou lorsqu’il avait assumé la tâche méritoire de se substituer au roi Ou. Les deux ducs et le roi interrogèrent alors le clerc et les divers officiers qui dirent tous :

— En vérité, cela s’est ainsi passé ; autrefois le duc de Tcheou nous a donné l’ordre de ne pas nous permettre d’en parler.

Le roi Tch’eng prit l’écrit et dit en pleurant :

— A partir de maintenant, ne consultons plus avec respect les sorts (144). Autrefois le duc de Tcheou a dépensé toutes ses forces pour la maison royale, mais moi, étant jeune, je ne l’ai point su ; maintenant le Ciel a fait éclater son prestige terrible, afin de célébrer la vertu du duc de Tcheou. Cependant moi, jeune enfant, j’irai à sa p.100 rencontre (145) : d’après les rites de notre royaume, c’est d’ailleurs ce qui convient.

Le roi sortit (de la ville) et fit le sacrifice dans la banlieue (kiao) ; alors le Ciel fit tomber de la pluie, fit souffler le vent en sens contraire et toutes les céréales se redressèrent. Les deux ducs ordonnèrent aux gens du royaume de relever tous les grands arbres abattus et de battre (la terre à leur pied). La moisson alors fut très abondante].

Alors le roi Tch’eng ordonna que (les princes) de Lou auraient le droit de faire le sacrifice dans la banlieue (kiao) et de sacrifier au roi Wen. Si (les princes de) Lou eurent les rites et la musique du Fils du Ciel, ce fut en récompense de la vertu du duc de Tcheou.

Quand le duc de Tcheou mourut, son fils Po-k’in était déjà auparavant entré en possession de son fief ; ce fut le duc de Lou (146). Quand Po-k’in, duc de Lou, entra pour p.101 la première fois en possession de son fief et se rendit dans (le pays de) Lou, ce ne fut qu’au bout de trois ans qu’il rendit compte de son gouvernement au duc de Tcheou ; le duc de Tcheou lui dit :

— Comment avez-vous fait pour tarder ainsi ?

Po-k’in dit :

— J’ai changé les mœurs (des habitants) ; j’ai modifié leurs rites ; ils ne quittent le deuil qu’après l’avoir porté pendant trois ans. Voilà pourquoi j’ai tardé.

T’ai-kong, de son côté, avait reçu en fief le pays de Ts’i ; au bout de cinq mois il avait rendu compte de son gouvernement au duc de Tcheou ; le duc de Tcheou lui avait dit :

— Comment avez-vous fait pour être si prompt ?

Il avait répondu :

— J’ai simplifié (pour les habitants) les rites (qui concernent les relations) du prince et des sujets ; je les ai laissés agir suivant leurs mœurs.

Quand, dans la suite, (le duc de Tcheou) apprit que Po-k’in avait rendu compte de son gouvernement tardivement, il dit en soupirant :

— Hélas ! la postérité (des princes) de Lou devra se p.102 tourner vers le nord et servir (les princes de) Ts’i ; en effet, si le gouvernement n’est ni simple ni aisé, le peuple n’a rien qui l’attire ; (mais celui dont le gouvernement) paisible et aisé attire le peuple, le peuple ne manque pas de chercher refuge auprès de lui.

Après que Po-k’in fut monté sur le trône, il y eut la révolte de Koan, de Ts’ai et autres ; les (barbares) I de (la région du) Hoai et les (barbares) Jong de Siu (147) se soulevèrent aussi tous ensemble ; alors Po-k’in se mit à la tête de ses troupes pour les combattre ; à Pi (148), il fit la Harangue de Pi, dans laquelle il disait :

— [(149) Disposez en ordre vos cuirasses et vos casques ; ne vous permettez pas de ne pas les avoir en excellent état ; ne vous permettez pas de faire du mal au bétail (150) ; quand les chevaux et les bœufs erreront à l’aventure, ou quand les valets et les servantes (151) s’enfuiront, ne vous permettez pas de dépasser (l’enceinte du camp) pour les poursuivre. Qu’on les ramène avec soin (152). Ne vous permettez pas de voler avec violence, ni de dérober, ni de franchir les murs et les clôtures. Ô hommes de Lou, des trois p.103 banlieues et des trois régions situées au-delà (153), préparez votre fourrage, vos provisions de grain grillé, vos pieux et vos planches (154) ; ne vous permettez pas de ne pas avoir tout cela au complet. Au jour kia-siu, je construirai (des retranchements) et je châtierai les Jong de Siu. Ne vous permettez pas de ne pas atteindre (à ce que j’attends de vous), car il y a le grand châtiment (155).]

(Po-k’in) fit cette harangue de Pi, puis il soumit les Jong de Siu et pacifia (le royaume de) Lou.

Le duc de Lou, Po-k’in, mourut. Son fils, Ts’ieou, qui fut le duc K’ao, prit le pouvoir ; le duc K’ao mourut quatre ans après. On mit sur le trône son frère cadet Hi ; ce fut le duc Yang ; le duc Yang construisit la porte à piliers de Mao (156) ; il mourut au bout de six ans. Son fils, Tsai, qui fut le duc Yeou, prit le pouvoir ; la quatorzième année de son règne, son frère cadet, Fei, tua le duc Yeou et prit le pouvoir ; ce fut le duc Wei ; le duc Wei mourut après cinquante ans de règne. Son fils, Tchouo, qui fut le duc Li, prit le pouvoir ; le duc Li mourut après trente-sept ans de règne. Les gens de Lou mirent sur le trône son frère cadet, Kiu ; ce fut le duc Hien ; le duc Hien mourut après trente-deux ans de règne. Son fils, P’i, qui fut le duc Tchen, prit le pouvoir.

La quatorzième année (842) du duc Tchen, le roi Li de (la dynastie) Tcheou, se conduisit contrairement à la raison et sortit (de sa capitale) pour se réfugier à Tche. (La p.104 régence) kong-ho (157) exerça le gouvernement. — La vingt-neuvième année (827), le roi Siuen, de (la dynastie) Tcheou, prit le pouvoir. — La trentième année (826), le duc Tchen mourut. Son frère cadet, Ngao, prit le pouvoir ; ce fut le duc Ou.

La neuvième année (817) (158) de son règne, au printemps, [(159) le duc Ou, avec son fils aîné Kouo et son fils, cadet Hi, alla dans l’ouest rendre hommage au roi Siuen, de (la dynastie) Tcheou. Le roi Siuen prit Hi en affection et voulut le nommer héritier présomptif de Lou. Tchong Chan-fou (160), (prince) de Fan et (conseiller du roi de la dynastie) Tcheou, blâma le roi Siuen en ces termes :

— Dégrader l’aîné et nommer le cadet, ce n’est pas conforme à la règle ; si ce n’est pas conforme à la règle, on ne manquera pas de violer l’ordre royal ; ceux qui violeront l’ordre royal, vous ne manquerez pas de les exterminer ; c’est pourquoi, lorsque vous promulguez un ordre, cet ordre ne saurait n’être pas conforme à la règle. Lorsque les ordres ne sont pas exécutés, le gouvernement ne se maintient plus ; s’ils sont exécutés mais ne sont pas conformes à la règle, le peuple dédaignera ceux qui sont supérieurs (161) ; (en effet,) que le cadet serve l’aîné, c’est ce qui est conforme à la règle. Maintenant, si le Fils du Ciel, en donnant l’investiture aux seigneurs, nomme le plus jeune, ce sera enseigner au peuple à p.105 désobéir ; si les gens de Lou se conforment (à votre décision) et si les seigneurs les imitent, les ordres royaux (162) iront à leur ruine ; si (les gens de Lou) ne se conforment pas (à votre décision) et si vous les exterminez, ce sera exterminer vous-même les ordres royaux (163). Si vous exterminez, ce sera une faute ; si vous n’exterminez pas, ce sera aussi une faute. Ô roi, réfléchissez-y.

Le roi Siuen n’écouta pas (ce conseil) ; en définitive il nomma Hi héritier présomptif de Lou.].

En été, le duc Ou revint, puis mourut. Hi prit le pouvoir ; ce fut le duc I. La neuvième année (807) du duc I, Po-yu, fils de Kouo, lequel était le frère aîné du duc I, attaqua, de concert avec les gens de Lou, le duc I et le fit périr. Alors on mit Po-yu sur le trône. Onze ans (796) après que Po-yu eut pris le pouvoir, le roi Siuen, (de la dynastie) Tcheou, attaqua (le royaume de) Lou et tua son prince Po-yu. Puis il demanda quel était celui des fils de duc [(164) qui était capable de guider et d’instruire (165) les seigneurs, afin d’en faire le successeur (des ducs de) Lou. Mou-tchong (166), (prince de) Fan, lui dit :

— Tch’eng, frère cadet du duc I, de Lou, honore avec respect les divinités, et sert avec soin les vieillards. Lorsqu’il frappe d’un impôt quelque chose, ou lorsqu’il applique un châtiment, il ne manque pas de s’enquérir des instructions qui nous ont été laissées (167), de s’informer de la ferme p.106 réalité (168) ; lorsqu’il s’est enquis, il n’enfreint pas (les directions qu’on lui a données) ; lorsqu’il a appris, il n’agit pas d’une manière contraire (à ce qu’on lui a enseigné).

Le roi Siuen dit :

— Bien. Il pourra instruire et gouverner son peuple.] 

Alors il donna l’investiture à Tch’eng dans le palais (du roi) I (169) ; ce fut le duc Hiao. A partir de cette époque les seigneurs violèrent souvent les ordres royaux (170).

La vingt-cinquième année (771) du duc Hiao, les seigneurs se révoltèrent ; les K’iuen Jong tuèrent le roi Yeou ; (le prince de) Ts’in fut mis pour la première fois au rang des seigneurs. — La vingt-septième année (769), le duc Hiao mourut. Son fils, Fou-hoang, prit le pouvoir ; ce fut le duc Hoei.

La trentième année (739) du duc Hoei, les gens de Tsin tuèrent leur prince, le marquis Tchao. La quarante-cinquième année (724), les gens de Tsin tuèrent encore leur prince, le marquis Hiao. La quarante-sixième année (723), le duc Hoei mourut.

L’aîné de ses fils, Si, né d’une femme de second rang, gouverna provisoirement l’État et joua le rôle de prince ; ce fut le duc Yn. Auparavant, la principale épouse du duc Hoei n’avait pas eu de fils ; une concubine inférieure du duc, nommée Cheng-tse, enfanta un fils appelé Si ; quand Si fut grand, on voulut lui faire prendre femme dans (le pays de) Song ; quand la fille (du prince) de p.107 Song fut venue, comme elle était belle, le duc Hoei la prit pour lui et l’épousa lui-même ; elle enfanta un fils appelé Yun ; (le duc Hoei) fit monter la fille (du prince) de Song au rang d’épouse principale et nomma Yun héritier présomptif. Quand survint la mort du duc Hoei, les gens de Lou, considérant que Yun était jeune, s’accordèrent pour inviter Si à exercer provisoirement le gouvernement ; aussi ne dit-on pas qu’il monta sur le trône.

La cinquième année (718) du duc Yn, (le duc alla) voir pêcher à T’ang (171). La huitième année (715), (le duc Yu) échangea avec (le duc de) Tcheng, (la localité de) Hiu-t’ien contre celle de Pong, place (que le duc de Tcheng avait reçue pour s’y tenir) lorsque le Fils du Ciel se rendait au T’ai-chan (172) ; les sages l’en blâmèrent.

La onzième année (712), en hiver, le kong-tse Hoei, cherchant à complaire au duc Yn, lui dit :

— Les cent familles trouvent que vous leur êtes avantageux ; que Votre Altesse prenne le pouvoir ; permettez-moi de me charger de tuer pour vous le prince Yun et nommez-moi votre conseiller.

Le duc Yn répondit :

— Le prince défunt a laissé l’ordre que, puisque Yun était jeune, je tinsse provisoirement sa place ; maintenant Yun est devenu grand ; je viens de faire bâtir (un édifice) dans la localité de T’ou-k’ieou (173) et j’irai y passer ma vieillesse en p.108 remettant le gouvernement au prince Yun

Hoei craignit que le prince Yun n’apprit (ce qui s’était passé) et ne le fit périr à son tour ; alors, renversant (ses plans), il calomnia le duc Yn auprès du prince Yun, disant :

— Le duc Yn désire s’emparer du trône et vous écarter. Prince, avisez à cela. Je vous propose de tuer pour vous le duc Yn.

Le prince Yun y consentit. Le onzième mois, le duc Yn fit un sacrifice en l’honneur de Tchong-ou (174) ; il se purifia dans l’enclos du dieu du sol et logea chez un nommé Wei. Hoei envoya des gens assassiner le duc Yn chez le nommé Wei ; puis il mit sur le trône le prince Yun ; ce fut le duc Hoan.

La première année (711) du duc Hoan, (le duc de) Tcheng échangea un anneau de jade contre (la localité de) Hiu-t’ien, (qui était réservée au service) du Fils du Ciel (175). — La deuxième année (710), (le duc Hoan) fit entrer dans le grand temple ancestral (176) le trépied de Song qui lui avait été donné en présent ; les sages l’en blâmèrent (177). — La troisième année (709), (le duc Hoan) chargea Hoei d’aller dans le pays de Ts’i à la rencontre de celle dont il fit son épouse. — La sixième année (706), cette femme enfanta un fils qui naquit le même jour que p.109 (celui auquel était né) le duc Hoan ; c’est pourquoi on l’appela T’ong (178) ; quand T’ong fut grand, il devint héritier présomptif. — La seizième année (696), (le duc Hoan) assista à une réunion de seigneurs dans (le pays de) Ts’ao ; il attaqua (le pays de) Tcheng et y fit rentrer le duc Li.

La dix-huitième année (694), au printemps, le duc s’apprêta à faire un voyage et à se rendre avec sa femme dans (le pays de) Ts’i ; Chen Siu fit des remontrances au duc pour l’en empêcher ; mais le duc ne l’écouta pas ; il se rendit donc dans (le pays de) Ts’i ; le duc Siang de Ts’i, eut des relations avec la femme du duc Hoan (179) ; celui-ci s’étant irrité contre sa femme, elle en avertit le prince de Ts’i. En été, au quatrième mois, au jour ping-tse, le duc Siang, de Ts’i, offrit un banquet au duc (Hoan) et l’enivra ; il chargea alors le kong-tse P’ong-cheng d’emporter dans ses bras le duc Hoan, de Lou ; il en profita pour ordonner à P’ong-cheng de lui broyer les côtes (dans son étreinte) ; le duc mourut dans son char. Les gens de Lou envoyèrent (au duc de) Ts’i le message suivant :

« Notre prince, redoutant le prestige de Votre Altesse, n’a pas osé rester tranquillement chez lui et est venu auprès de vous pour renouveler les rites de bonne amitié. Quand les rites ont été accomplis, il n’est point revenu et on n’a fait retomber la responsabilité de ce malheur sur personne. Nous vous demandons de nous livrer P’ong-cheng, afin de vous laver de cette honte aux yeux des seigneurs. 

Les gens de Ts’i tuèrent P’ong-cheng pour plaire à Lou. On mit alors sur le trône (de Lou) l’héritier présomptif T’ong ; ce fut le duc Tchoang. p.110 La mère du duc Tchoang était l’épouse (du duc défunt) (180) ; aussi resta-t-elle à Ts’i et n’osa-t-elle pas revenir à Lou.

La cinquième année (689), en hiver, le duc Tchoang attaqua Wei et réintégra dans ses États le duc Hoei, de Wei. — La huitième année (686), Kieou, kong-tse de Ts’i, vint se réfugier à Lou. — La neuvième année (685), Lou voulut réintégrer à Ts’i le prince Kieou, mais il arriva après le duc Hoan ; le duc Hoan envoya des soldats attaquer Lou ; Lou, se trouvant dans une situation critique, tua le prince Kieou ; Chao Hou mourut ; (le duc de) Ts’i, déclara (au duc de) Lou qu’il devait lui envoyer vivant Koan Tchong (181) ; Che Po, du pays de Lou, dit (à son prince) :

— Si (le duc de) Ts’i désire avoir Koan Tchong, ce n’est pas pour le tuer ; il se propose de se servir de lui ; quand il se servira de lui, ce sera une calamité pour Lou. Il vaut mieux le tuer ; c’est son cadavre qu’il faut donner (au duc de Ts’i).

Le duc Tchoang n’écouta pas cet avis ; il livra donc Koan Tchong prisonnier (au prince de) Ts’i ; les gens de Ts’i firent de Koan Tchong leur conseiller.

La treizième année (681), le duc Tchoang, de Lou, accompagné de Ts’ao Mo, eut une entrevue à Ko avec le duc Hoan, de Ts’i. Ts’ao Mo fit violence au duc Hoan, de Ts’i, en lui réclamant le territoire qu’il avait enlevé à Lou ; quand le serment eut été fait, il relâcha le duc Hoan. Le duc Hoan aurait désiré violer son engagement, mais Koan Tchong l’en détourna et en définitive il rendit le territoire qu’il avait enlevé à Lou (182). — La quinzième année (679), le duc Hoan, de Ts’i, pour la première fois eut l’hégémonie. — La vingt-troisième année (671), le p.111 duc Tchoang alla dans (le pays de) Ts’i pour y assister au (sacrifice en l’honneur du) dieu du sol (183).

La trente-deuxième année (662) (se passèrent les faits suivants) : Auparavant, quand le duc Tchoang faisait construire une terrasse près de (la demeure de) la famille Tchang, il avait vu la fille aînée (de cette famille) ; elle lui avait plu et il l’avait aimée ; il avait promis de la nommer son épouse et (lui et elle) s’étaient fait une coupure à l’avant-bras en prêtant serment (184). Cette femme enfanta un fils nommé Pan. Quand Pan fut devenu grand, une fille de la famille Leang lui plut ; (un jour), étant allé l’observer, (il aperçut) le palefrenier Lo qui, de l’extérieur du mur, plaisantait avec la fille de la famille Leang. Pan, irrité, fit fouetter Lo. Le duc Tchoang, l’ayant appris, lui dit :

— Lo est doué d’une grande vigueur ; il fallait le tuer aussitôt ; on ne pouvait le faire fouetter et le laisser là.

Avant que Pan eût réussi à tuer (Lo), il arriva que le duc Tchoang tomba malade. Le duc Tchoang avait trois frères cadets ; l’aîné s’appelait K’ing-fou ; le second, Chou-ya ; le troisième, Ki-yeou (185). Le duc Tchoang avait pris pour femme une fille (du duc) de Ts’i et en avait fait son épouse ; elle s’appelait Ngai-Kiang ; Ngai-Kiang n’avait pas de fils ; la sœur cadette de Ngai-Kiang, qui s’appelait Chou-Kiang, avait enfanté p.112 un fils nommé K’ai. Le duc Tchoang, qui n’avait pas d’héritier fils aîné d’une épouse de premier rang, et qui aimait la fille aînée (de la famille Tchang), désirait mettre sur le trône son fils Pan. Lorsque le duc Tchoang fut malade, il demanda à son frère cadet Chou-ya qui devait être son successeur ; Chou-ya répondit :

— Une succession de père en fils, puis une succession de frère aîné à frère cadet, voilà ce qui s’est toujours produit dans (le pays de) Lou. K’ing-fou est vivant ; vous pouvez en faire votre successeur. Pourquoi Votre Altesse s’inquiéterait-elle ?

Le duc Tchoang fut blessé de ce que Chou-ya désirait mettre sur le trône K’ing-fou ; il se retira et alla interroger Ki-yeou qui lui répondit :

— Permettez-moi de mettre Pan sur le trône, dussé-je y perdre la vie.

Le duc Tchoang lui dit :

— Tout à l’heure, Chou-ya a exprimé le désir de mettre sur le trône K’ing-fou ; que faut-il faire ?

Ki-yeou, agissant sur l’ordre du duc, invita (Chou-)ya à rester dans la famille de K’ien Ou ; il chargea K’ien Ki de faire boire de force à Chou-ya du poison, en lui disant :

— Si vous buvez ceci, vous aurez des descendants pour s’acquitter des sacrifices en votre honneur ; si vous ne le faites pas, vous mourrez et, en outre, vous n’aurez plus de descendants.

(Chou-)ya but donc le poison et mourut. (Le duc de) Lou nomma son fils chef de la famille Chou-suen (186).

Le huitième mois, au jour koei-hai, le duc Tchoang mourut. Ki-yeou mit en définitive sur le trône le prince Pan, suivant l’ordre donné par le duc Tchoang. (Le prince Pan) s’occupa (des cérémonies) du deuil et logea chez la famille Tchang (187). Auparavant, K’ing-fou avait eu p.113 des relations secrètes avec Ngai-Kiang ; il désirait mettre sur le trône K’ai, fils de la sœur cadette de Ngai-Kiang, mais il arriva que, à la mort du duc Tchoang, Ki-yeou mit Pan sur le trône. Le dixième mois, au jour ki-wei, K’ing-fou chargea le palefrenier Lo de tuer Pan, kong-tse de Lou, chez la famille Tchang. Ki-yeou s’enfuit (dans le pays de) Tch’en (188). K’ing-fou mit en définitive sur le trône K’ai, fils du duc Tchoang. Ce fut le duc Min.

La deuxième année (660) du duc Min, les relations de K’ing-fou avec Ngai-Kiang augmentèrent fort. Ngai-Kiang et K’ing-fou projetèrent ensemble de tuer le duc Min et de mettre K’ing fou lui-même sur le trône. Sur l’ordre de K’ing-fou, Pou I surprit et tua le duc Min auprès de la porte intérieure du palais appelée la porte Ou. Quand Ki-yeou apprit (cet événement), il partit de Tch’en en compagnie de Chen, frère cadet du duc Min, et se rendit à Tchou (189) ; il demanda (aux gens de) Lou de réclamer la réintégration (de Chen) ; les gens de Lou voulurent tuer K’ing-fou ; celui-ci, saisi de peur, s’enfuit à Kiu (190). Alors Ki-yeou, se mettant au service du prince Chen, le fit rentrer (dans le pays de Lou) et le mit sur le trône ; ce fut le duc Hi. Le duc Hi était, lui aussi, un des fils cadets du duc Tchoang.

Ngai-Kiang, saisie de crainte, s’enfuit à Tchou. Ki-yeou se rendit à Kiu avec des présents pour y réclamer K’ing-fou ; K’ing-fou (dut) revenir (dans le pays de Lou) ; (Ki-yeou) envoya des gens tuer K’ing-fou ; celui-ci demanda à s’enfuir ; on ne l’écouta pas ; alors (K’ing-fou) chargea le grand officier Hi-se (d’intercéder pour lui) ; (lorsque p.114 Hi-se) revint, il se lamentait en marchant (191) ; King-fou entendit que c’était la voix de Hi-se et se tua. Le duc Hoan, de Ts’i, apprenant que Ngai-Kiang avait fomenté avec K’ing-fou les troubles qui avaient mis en péril (le pays de) Lou, la fit chercher à Tchoan et la tua ; il renvoya son corps qu’on exposa publiquement à Lou ; le duc Hi, de Lou, l’enterra après en avoir demandé l’autorisation (au duc de Ts’i).

La mère de Ki-yeou était une fille (du prince) de Tch’en ; c’est pourquoi (Ki-yeou) s’était enfui à Tch’en ; c’est pourquoi (aussi) (le prince de) Tch’en aida à ramener Ki-yeou et le prince Chen (dans le pays de Lou). Quand Ki-yeou allait bientôt naître, son père, qui était le duc Hoan, de Lou, chargea un homme de tirer son horoscope ; (cet homme) dit :

— Ce sera un garçon ; son nom personnel sera Yeou ; il se tiendra entre les deux dieux du sol (192) ; il sera le soutien de la maison ducale ; quand Ki-yeou disparaîtra, alors Lou ne sera plus florissant. 

Quand (Ki-yeou) naquit, il portait écrit dans la paume de sa main le caractère Yeou ; on lui donna donc ce nom personnel ; son surnom fut Tch’eng-ki ; ses descendants formèrent la famille Ki. Les descendants de K’ing-fou formèrent la famille Mong (193).

La première année (659) de son règne, le duc Hi donna en fief à Ki-yeou (la ville de) Pi (194) au nord de la rivière p.115 Wen ; Ki-yeou devint son conseiller. — La neuvième année (651), Li K’o, du pays de Tsin, tua ses princes, Hi-ts’i et Tchouo-tse. Le duc Hoan, de Ts’i, emmena avec lui le duc Hi pour réprimer les troubles de Tsin ; ils arrivèrent à Kao-leang (195), puis s’en retournèrent ; ils mirent sur le trône le duc Hoei, de Tsin. — La dix-septième année (643), le duc Hoan, de Ts’i, mourut. — La vingt-quatrième année (636), le duc Wen, de Tsin, prit le pouvoir. — La trente-troisième année (627), le duc Hi mourut ; son fils, Hing, prit le pouvoir ; ce fut le duc Wen.

La première année (626) du duc Wen, l’héritier présomptif de Tch’ou, Chang-tch’en, tua son père, le roi Tch’eng, et prit le pouvoir à sa place. — La troisième année (624), le duc Wen alla rendre hommage au duc Siang, de Tsin. — La onzième année (616), le dixième mois, au jour kia-ou, (le duc de) Lou battit (les barbares) Ti à Hien (196) ; il prit un géant Ti nommé K’iao-jou ; Fou-fou Tchong-cheng lui écrasa la gorge avec sa lance et le tua ; on enterra sa tête à la porte Tse-kiu (197) et on donna son nom à Siuen po (198). — Autrefois, au temps du duc Ou (765-748), de Song, (les Ti) Sao-man (199) attaquèrent Song ; le p.116 ministre de l’instruction, Hoang-fou, se mit à la tête des troupes pour les repousser et c’est ainsi qu’il battit les Ti à Tch’ang-k’ieou (200) ; il prit un géant Ti appelé Yuen-se. — Quand Tsin anéantit (la principauté de) Lou (594) (201), il prit Fen-jou, frère cadet de K’iao-jou. — La deuxième année (607) (202) du duc Hoei, de Ts’i, (les Ti) Sao-man attaquèrent Ts’i ; Wang-tse Tch’eng-fou, (du pays) de Ts’i, prit Yong-jou, frère cadet (de Fen-jou) et enterra sa tête à la porte du nord. Les gens de Wei prirent le dernier des frères cadets, Kien-jou. A partir de ce moment, (les Ti) Sao-man disparurent.

La quinzième année (612) Ki Wen-tse fut envoyé en mission à Tsin. — La dix-huitième année (609), le duc Wen mourut. Le duc Wen avait eu deux épouses ; la principale épouse était Ngai-Kiang, fille (du prince) de Ts’i ; elle avait enfanté deux fils, Ngo et Che ; la seconde épouse, King-Yng, avait été la favorite (du duc) et avait enfanté un fils nommé T’oei. T’oei se mit secrètement à servir Siang-tchong ; Siang-tchong voulait le placer sur le trône ; mais Chou-tchong dit :

— C’est impossible.

Siang-tchong demanda (l’autorisation de faire ce qu’il désirait) au duc Hoei, de Ts’i ; le duc Hoei venait de prendre le p.117 pouvoir ; il désirait être en rapports d’amitié avec Lou ; il y consentit. En hiver, le dixième mois, Siang-tchong tua les princes Ngo et Che et mit T’oei sur le trône ; ce fut le duc Siuen. Ngai-Kiang s’en retourna à Ts’i ; en se lamentant elle traversa la place du marché et dit :

— C’est le Ciel (qui l’a voulu) ! Siang-tchong a agi contrairement à la raison ; il a tué les fils de la principale épouse et mis sur le trône un fils d’une concubine.

Tous les gens qui étaient sur la place du marché se lamentèrent (aussi) ; les gens de Lou surnommèrent (cette femme) Ngai-Kiang (203). A partir de ce moment, dans le pays de Lou, la famille ducale déclina et les trois (familles issues de fils du duc) Hoan (204) devinrent puissantes.

La douzième année (597) de T’oei, duc Siuen, le roi Tchoang, de Tch’ou, qui avait une grande puissance, assiégea Tcheng ; le comte de Tcheng s’étant soumis à lui, il lui rendit son royaume. La dix-huitième année (591), le duc Siuen mourut. Son fils, Hei-kong, duc Tch’eng, prit le pouvoir ; ce fut le duc Tch’eng. Ki Wen-tse dit :

— Celui qui nous a fait tuer les fils de la principale épouse, mettre sur le trône le fils d’une concubine et perdre un grand secours (205), c’est Siang-tchong.

Lorsque Siang-tchong eut mis sur le trône le duc Siuen, Kong-suen Koei-fou (206) jouit de la faveur (du duc) ; le duc Siuen désirait se débarrasser des trois (familles issues du duc) Hoan et projetait, de concert avec (le duc de) Tsin, de les attaquer ; mais il arriva que le duc Siuen mourut et, comme Ki Wen-tse détestait (Koei-fou), celui-ci s’enfuit à Ts’i.

p.118 La deuxième année (589) du duc Tch’eng, au printemps, Ts’i attaqua et prit notre (ville de) Long (207). En été, le duc, en compagnie de K’i K’o, (du pays) de Tsin, battit le duc K’ing, de Ts’i, à Ngan. Ts’i nous rendit le territoire qu’il nous avait enlevé. — La quatrième année (587), le duc Tch’eng se rendit dans (le pays de) Tsin ; le duc Kin, de Tsin, manqua de respect au (duc de) Lou ; celui-ci eut envie de tourner le dos à Tsin pour s’allier à Tch’ou ; on l’en blâma et il y renonça. — La dixième année (581), le duc Tch’eng se rendit dans (le pays de) Tsin ; le duc King, de Tsin, étant mort, on retint donc le duc Tch’eng pour qu’il accompagnât les funérailles ; (les gens de) Lou gardèrent le silence sur (ce fait) (208). — La quinzième année (576) (le duc Tch’eng) eut pour la première fois une entrevue avec le roi de Ou, Cheou-mong, à Tchong-li. — La seizième année (575), Siuen po déclara (au prince de) Tsin qu’il désirait faire périr Ki Wen-tse ; (Ki) Wen-tse était juste ; les gens de Tsin n’y consentirent pas. — La dix-huitième année (573), le duc Tch’en mourut ; son fils Ou monta sur le trône ; ce fut le duc Siang ; à cette époque, le duc Siang avait trois ans.

La première année (572) du duc Siang, (les gens de) Tsin mirent sur le trône le duc Tao ; l’année précédente, en hiver, Loan Chou, de Tsin, avait tué son prince, le duc Li. — La quatrième année (569), le duc Siang alla rendre hommage au (duc de) Tsin. — La cinquième p.119 année (568), Ki Wen-tse mourut ; dans sa maison il n’y avait pas de femmes vêtues de soie ; dans ses écuries il n’y avait pas de chevaux nourris de millet ; dans son dépôt, il n’y avait ni or ni jade ; et cela, après qu’il avait été le conseiller de trois princes (successifs) ; les sages dirent :

— Ki Wen-tse a été désintéressé et fidèle.

— La neuvième année (564), (le duc Siang), en compagnie (du duc) de Tsin, attaqua Tcheng. Le duc Tao, de Tsin, conféra le bonnet viril au duc Siang dans (le pays de) Wei ; Ki Ou-tse, qui était à la suite (du duc Siang), aida à accomplir les rites (209). — La onzième année (562) ; les trois (familles issues du duc) Hoan se séparèrent et formèrent trois armées (210). — La douzième année (561), (le duc Siang) alla rendre hommage à Tsin. — La seizième année (557), le duc P’ing, de Tsin, prit le pouvoir. — La vingt et unième année (552), (le duc Siang) alla rendre hommage au duc P’ing, de Tsin. — La vingt-deuxième année (551), Kong K’ieou naquit. — La vingt-cinquième année (548), Ts’oei Tchou, (du pays) de Ts’i, tua son prince, le duc Tchoang et mit sur le trône le frère cadet de celui-ci, le duc King. — La vingt-neuvième année (544), Ki-tse, de Yen-ling (211) fut envoyé en mission à Lou et s’enquit de la musique des Tcheou ; il en connut entièrement la signification ; les gens de Lou le respectèrent. — La trente et unième année (542), au sixième mois, le duc Siang mourut. Le neuvième mois de cette même année, l’héritier présomptif mourut. Les gens de Lou donnèrent le titre de prince à Tch’eou, fils de Ts’i-Koei (212) ; ce fut le duc Tchao.

p.120 Le duc Tchao était alors âgé de dix-neuf ans, mais il avait encore les sentiments d’un enfant. Mou-chou désirait qu’on ne le mît pas sur le trône et dit :

— Quand l’héritier présomptif meurt, s’il a un frère cadet né de la même mère que lui, c’est celui-ci qui peut être nommé prince ; s’il n’a pas (de frère cadet), on nomme l’aîné des fils ; si l’âge (de deux fils) est le même, on choisit le plus sage ; si leur justice est égale, alors on consulte les sorts. — Maintenant Tch’eou n’est pas l’héritier né de la principale épouse ; en outre, alors qu’il est dans le deuil, sa pensée ne se maintient pas dans l’affliction et il a l’air joyeux ; si on le met effectivement sur le trône, ce sera certainement un sujet de chagrin pour la famille Ki. Ki Ou-tse n’écouta pas (cet avis) ; en définitive, il le mit sur le trône. Pendant le temps qui s’écoula jusqu’à l’enterrement, (Tch’eou) changea trois fois de pectoral de deuil (213). Les sages dirent :

— C’est signe qu’il ne finira pas bien.

La troisième année (539) du duc Tchao, celui-ci alla rendre hommage à Tsin ; quand il fut arrivé au (Hoang-)ho, le duc P’ing, de Tsin, déclina (sa visite) et le renvoya ; Lou en fut couvert de honte. — La quatrième année (538), le roi Ling, de Tch’ou, réunit les seigneurs à Chen ; le duc Tchao se dit malade et n’y alla pas. — La septième année (535), Ki Ou-tse mourut. — La huitième année (534), le roi Ling, de Tch’ou, acheva la terrasse Tchang-hoa (214) et invita le duc Tchao à venir ; le duc Tchao alla le féliciter ; (le roi Ling) lui donna un objet précieux ; p.121 ensuite il le regretta et le lui reprit par tromperie. — La douzième année (530), (le duc Tchao) alla rendre hommage à Tsin ; quand il fut arrivé au (Hoang-)ho, le duc P’ing, de Tsin, déclina (sa visite) et le renvoya. — La treizième année (529), le kong-tse (du pays) de Tch’ou, K’i-tsi, tua son prince, le roi Ling, et prit le pouvoir à sa place. — La quinzième année (527), (le duc Tchao) alla rendre hommage à Tsin ; (les gens de) Tsin le retinrent pour qu’il assistât à l’enterrement du duc Tchao, de Tsin ; Lou en fut couvert de honte. — La vingtième année (522), le duc King, de Ts’i, alla chasser en compagnie de Yen-tse ; quand (la chasse fut) terminée, il profita (de ce qu’il était près de Lou) pour y entrer et pour s’y enquérir des rites. — La vingt et unième année (521), (le duc Tchao) alla rendre hommage à Tsin ; lorsqu’il fut arrivé au (Hoang-)ho, Tsin déclina (sa visite) et le renvoya.

La vingt-cinquième année (517), au printemps, des grives vinrent faire leurs nids dans les arbres ; Che Ki dit :

— Au temps (des ducs) Wen et Tch’eng, les enfants disaient ce refrain : « Quand les grives viendront faire leurs nids, le duc ira à Kan-heou (215) ; quand les grives entreront ici pour s’y établir, le duc sera dans la terre étrangère.

Ki (P’ing-tse) et Heou (Tchao-po) faisaient des combats de coqs ; Ki (P’ing-tse) saupoudra de (poudre de) moutarde les ailes de son coq (216) ; Heou (Tchao po) arma de p.122 métal les ergots du sien. Ki P’ing-tse en fut irrité et empiéta (sur la propriété de) Heou (Tchao po) ; celui-ci à son tour fut irrité contre (Ki) P’ing-tse.

Hoei, frère cadet (217) de Tsang Tchao-po, avait faussement calomnié celui-ci et s’était caché chez Ki (P’ing-tse) ; Tsang Tchao po retint prisonnier un homme au service de Ki (P’ing-tse) ; Ki P’ing-tse, irrité, retint prisonnier un vieillard au service de Tsang (Tchao po). Tsang (Tchao-po) et Heou (Tchao-po) se plaignirent de ces difficultés au duc Tchao.

Le neuvième mois, au jour ou-siu, le duc Tchao attaqua Ki (P’ing-tse) et pénétra aussitôt (dans sa demeure). (Ki) P’ing-tse monta sur une terrasse et adressa (au duc) cette prière :

— Votre Altesse, influencée par des calomnies, et sans examiner quelles sont mes fautes, veut me faire périr ; permettez-moi de me transporter sur les bords de la rivière I (218).

On ne le lui accorda pas. Il demanda à être interné à Pi (219) ; on ne le lui accorda pas. Il demanda à s’exiler avec cinq chars ; on ne le lui accorda pas. Tse-kia Kiu  (220) dit :

— O prince, accordez-lui (ce qu’il demande) ; le gouvernement a pendant longtemps p.123 dépendu de Ki (P’ing-tse) ; ses partisans sont nombreux et cette multitude s’unira pour comploter (contre vous).

Il ne fut pas écouté. Heou (Tchao-po) dit :

— Il faut absolument tuer (Ki P’ing-tse).

— (Cependant), Li, qui était un officier de la famille Chou-suen, disait aux siens :

— Que la famille Ki n’existe plus ou qu’elle existe, quelle est celle de ces alternatives qui nous est avantageuse ?

Tous dirent :

— La suppression de la famille Ki, c’est la suppression de la famille Chou-suen

Li dit :

— Vous avez raison ; aidons la famille Ki.

(Lui et les siens) battirent alors les troupes du duc. Quand Mong I-tse apprit que la famille Chou-suen était victorieuse, il tua de son côté Heou Tchao-po ; Heou Tchao-po avait été envoyé par le duc et c’est ainsi que Mong (I-tse) put s’emparer de lui.

Les trois familles (221) attaquèrent ensemble le duc ; celui-ci prit aussitôt la fuite. Au jour ki-hai, le duc arriva à Ts’i ; le duc King, de Ts’i, lui dit :

— Permettez-moi de vous offrir (un territoire de) mille dieux du sol (222) pour subvenir aux besoins de Votre Altesse.

Tse-kia dit (au duc Tchao) :

— Abandonner l’héritage du duc de Tcheou et devenir sujet de Ts’i, comment le pourriez-vous ? 

Alors (le duc Tchao) renonça (à accepter cette proposition). Tse-kia lui dit :

— Le duc King, de Ts’i, manque de bonne foi ; il vaut mieux vous rendre le plus tôt possible dans (le pays de) Tsin.

(Le duc Tchao) ne suivit pas ce conseil.

Chou-suen (Tchao-tse) alla voir le duc et revint (à Lou). ; il vit (Ki) P’ing-tse, (qui le reçut en) se prosternant la tête contre terre et voulait d’abord aller chercher le duc Tchao ; mais ensuite (les familles) Mong-suen et Ki-suen p.124 se repentirent (de ce premier mouvement) et on renonça (à ce projet).

La vingt-sixième année (516), au printemps, Ts’i attaqua Lou, lui prit la ville de Yun (223), et y installa le duc Tchao. — En été, le duc King, de Ts’i, s’apprêtant à faire rentrer le duc (Tchao dans sa capitale), ordonna (à ses officiers) de ne recevoir de Lou aucun présent ; (cependant), Chen Fong et Jou Kia (224) promirent à Kao Ho et à Tse-tsiang, officiers de Ts’i, cinq mille yu (225) de grain. Tse-tsiang dit (alors) au prince de Ts’i :

— Tous vos officiers ne peuvent servir le prince de Lou, car il s’est passé des choses étranges ; le duc Yuen, de Song, qui se rendait à Tsin en faveur (du prince) de Lou pour demander à le faire rentrer (dans sa capitale), est mort en route ; Chou-suen Tchao-tse, qui cherchait à faire rentrer son prince, est mort sans qu’il eût de maladie ; je ne sais si le Ciel n’a pas rejeté Lou ; sans doute le prince de Lou a commis quelque crime envers les mânes et les dieux ; je désire donc que Votre Altesse attende.

Le duc King, de Ts’i, suivit ce conseil.

La vingt-huitième année (514), le duc Tchao se rendit à Tsin en demandant à rentrer (dans son pays) ; Ki P’ing-tse entretint des relations secrètes avec les six hauts dignitaires de Tsin, qui reçurent de lui des présents et adressèrent des remontrances au prince de Tsin ; alors le prince de Tsin renonça (à secourir le duc Tchao) et il l’installa à Kan-heou (226).

La vingt-neuvième année (513), le duc Tchao se p.125 rendit à Yun ; le duc King, de Ts’i, envoya des gens remettre au duc Tchao une lettre dans laquelle il lui donnait le titre de messire (227) ; le duc Tchao en fut humilié ; irrité, il se retira à Kan-heou.

La trente et unième année (511), (le prince de) Tsin voulut faire rentrer le duc Tchao (dans ses États) ; il manda Ki P’ing-tse ; (Ki) P’ing tse, vêtu de toile (228) et marchant pieds nus, vint demander pardon de ses fautes auprès des six hauts dignitaires (de Tsin) ; les six hauts dignitaires, prenant ses intérêts, lui dirent :

— Si (le duc de) Tsin désire faire rentrer le duc Tchao (dans sa capitale), la multitude ne le suivra pas.

Alors les gens de Tsin s’abstinrent d’agir.

La trente-deuxième année (510), le duc Tchao mourut à Kan-heou. Les gens de Lou s’entendirent pour nommer prince Song, frère cadet du duc Tchao ; ce fut le duc Ting. Quand le duc Ting fut monté sur le trône, Tchao Kien-tse demanda à l’historien (Ts’ai) Me :

— La famille Ki va-t-elle disparaître ? 

L’historien (Ts’ai) Me lui répondit :

— Elle ne disparaîtra pas. Ki Yeou accomplit une œuvre très méritoire pour (le pays de) Lou ; il reçut (la ville de) Pi en apanage et fut nommé haut dignitaire de premier rang. Si l’on en vient à (considérer) (Ki) Wen-tse et (Ki) Ou-tse, (on voit que), de génération en génération, l’héritage moral de cette famille fut augmenté. A la mort du duc Wen, de Lou, Tong-men Soei (229) tua le fils de la première épouse et mit sur le trône le fils d’une concubine ; c’est alors que les princes de Lou p.126 perdirent le gouvernement du royaume ; le gouvernement fut dans les mains de la famille Ki. Sous les (règnes des) quatre princes qui se sont succédé jusqu’à maintenant, le peuple n’a pas connu son prince ; comment (ces princes) pouvaient-ils garder la possession de l’État ? Ainsi donc celui qui est prince doit prendre garde à la manière dont il confère les marques matérielles de dignité (230) et les titres, car il ne saurait emprunter, (pour gouverner, le prestige d’)autrui (231). »

La cinquième année (505) du duc Ting, Ki P’ing-tse mourut. Yang Hou, pour un motif personnel de haine, emprisonna Ki Hoan-tse ; il fit avec lui une convention ; après quoi, il le relâcha. — La septième année (503), Ts’i nous attaqua et prit (la ville de) Yun ; il en fit l’apanage de Yang Hou, (du pays) de Lou, et fit exercer par lui le gouvernement (de Lou). — La huitième année (502), Yang Hou voulut exterminer tous les premiers nés des épouses principales dans les trois (familles issues du duc) Hoan et nommer pour les remplacer ceux des fils de naissance secondaire avec lesquels il était en bons rapports. Il fit monter dans un char Ki Hoan-tse avec l’intention de le faire périr. (Ki) Hoan-tse, grâce à un stratagème, réussit à s’échapper (232). Les trois (familles issues du duc) Hoan s’unirent pour attaquer Yang Hou ; Yang Hou se tint à Yang-koan (233). — La neuvième année (501) (le duc de) Lou attaqua Yang Hou qui s’enfuit à Ts’i, puis se réfugia ensuite auprès du chef de la famille Tchao, p.127 dans (le pays de) Tsin. — La dixième année (500), le duc Ting eut une entrevue avec le duc King, de Ts’i, à Kia-kou (234) ; K’ong-tse exerçait les fonctions de conseiller ; (le duc de) Ts’i voulut attaquer par surprise le prince de Lou ; K’ong-tse, invoquant les rites, monta les degrés (de l’autel sur lequel se tenaient les princes) et fit mettre à mort les musiciens désordonnés de Ts’i (235). Le prince de Ts’i eut peur et renonça (à son projet) ; il rendit à Lou les territoires qu’il lui avait enlevés, et, après avoir fait des excuses, s’en retourna. — La douzième année (498), Tchong Yeou (236) fut chargé de démolir les places fortes des trois (familles issues du duc) Hoan (237) et de recueillir leurs cuirasses et leurs armes ; le chef de la famille Mong refusa de démanteler sa place forte ; on l’attaqua, mais on ne fut pas vainqueur et on renonça (à ce projet). — Ki Hoan-tse accepta les musiciennes de Ts’i ; K’ong-tse s’en alla (238). — La quinzième année (495), le p.128 duc Ting mourut. Son fils, Tsiang, monta sur le trône ; ce fut le duc Ngai.

La cinquième année (490) du duc Ngai, le duc King, de Ts’i, mourut. — La sixième année (489), T’ien K’i, (du pays) de Ts’i, assassina son prince, Jou-tse. — La septième année (488), le roi de Ou, Fou-tch’ai, devenu puissant, attaqua Ts’i ; arrivé à Tseng, il exigea de Lou cent groupes de victimes ; Ki K’ang-tse envoya Tse-kong parler au roi de Ou et à son premier ministre (Po) P’i ; (Tse-kong) les réduisit au silence en leur expliquant les rites.

Le roi de Ou dit :

— J’ai le corps tatoué (239) ; je ne suis pas capable d’observer les obligations des rites. 

Alors il renonça (à son projet) (240). — La huitième année (487), Ou, pour le compte (du prince) de Tseou (241), attaqua Lou ; arrivé au pied des remparts (de la capitale), il fit une convention et se retira. — Ts’i nous attaqua et prit trois villes. — La dixième année (485), (Lou) attaqua la frontière méridionale de Ts’i. — La douzième année (483), Ts’i attaqua Lou. — Ki (K’ang-tse), en se servant de Jen Yeou (242), remporta des succès ; il pensa à K’ong-tse ; K’ong-tse revint de Wei à Lou. — La quatorzième année (481), Tien Tch’ang, (du pays) de Ts’i, assassina son prince, le duc Kien à Siu-tcheou : K’ong-tse demanda qu’on l’attaquât ; le duc Ngai s’y refusa. — La quinzième année (480), (le duc Ngai) envoya en mission dans (le pays de) Ts’i, Tse-fou King po et Tse-kong qui lui servait de second ; Ts’i nous rendit le territoire qu’il nous avait enlevé, (car) T’ien Tch’ang, qui venait d’être nommé conseiller, désirait se concilier les seigneurs. — La p.129 seizième année (479), K’ong-tse mourut. — La vingt-deuxième année (473), le roi de Yue, Keou-tsien, anéantit le roi de Ou, Fou-tch’ai. — La vingt-septième année (468), au printemps, Ki K’ang-tse mourut.

En été, le duc Ngai, qui supportait avec chagrin les trois (familles issues du duc) Hoan, fut sur le point de vouloir recourir aux seigneurs pour les mâter ; de leur côté, les trois (familles issues du duc) Hoan étaient irritées de ce que le duc leur faisait des difficultés ; ainsi il y avait des nombreux dissentiments entre le prince et ses sujets. — Le duc, étant allé à Ling-fan, rencontra Mong Ou-po dans la rue et lui dit :

— Permettez-moi de vous demander si j’atteindrai ma mort naturelle ?

Il lui répondit qu’il n’en savait rien. — Le duc voulut recourir au (roi de) Yue pour combattre les trois (familles issues du duc) Hoan ; le huitième mois, le duc se rendit chez (Kong-suen) Hing (243) ; les trois (familles issues du duc) Hoan attaquèrent le duc ; le duc s’enfuit à Wei ; il le quitta pour se rendre à Tseou, puis il alla dans le royaume de Yue ; les gens du royaume (de Yue) vinrent à la rencontre du duc Ngai ; celui-ci retourna de nouveau (à Lou) et mourut chez (Kong-suen) Yeou-chan. Son fils, Ning, prit le pouvoir ; ce fut le duc Tao (244).

Au temps du duc Tao, les trois (familles issues du duc) Hoan l’emportèrent ; (le prince de) Lou fut comme un petit seigneur et fut inférieur aux trois familles (issues du duc) Hoan. — La treizième année (453), les trois Tsin p.130 anéantirent Tche-po et s’approprièrent ses terres en se les partageant. — La trente-septième année, le duc Tao mourut ; son fils Kia prit le pouvoir, ce fut le duc Yuen. — Le duc Yuen mourut après vingt et un ans de règne ; son fils Hien prit le pouvoir ; ce fut le duc Mou. — Le duc Mou mourut après trente-trois ans de règne ; son fils Fen prit le pouvoir ; ce fut le duc Kong. — Le duc Kong mourut après vingt-deux ans de règne ; son fils T’oen lui succéda ; ce fut le duc K’ang. — Le duc K’ang mourut après neuf ans de règne ; son fils Yen prit le pouvoir ; ce fut le duc King. — Le duc King mourut après vingt-neuf ans de règne ; son fils Chou prit le pouvoir ; ce fut le duc P’ing. — En ce temps, les (princes des) six royaumes prirent tous le titre de roi. La douzième année du duc P’ing (311), le roi Hoei, de Ts’in, mourut. Le duc P’ing mourut après trente-deux ans de règne ; son fils Kia prit le pouvoir ; ce fut le duc Wen. — La septième année du duc Wen (296) le roi Hoai, de Tch’ou, mourut dans (le pays de) Ts’in. Le duc Wen mourut après vingt-trois ans de règne ; son fils Tch’eou prit le pouvoir ; ce fut le duc K’ing. — La deuxième année du duc K’ing (278), (le roi de) Ts’in s’empara de (la ville de) Yng, (capitale) de Tch’ou ; le roi K’ing, de Tch’ou, se transporta du côté de l’est, à Tch’en. La dix-neuvième année, Tch’ou nous attaqua et nous prit Siu-tcheou (245). La vingt-quatrième année (249), le roi Kao-lie, de Tch’ou, attaqua et anéantit (l’État de) Lou ; le duc K’ing s’enfuit et se réfugia dans une petite ville étrangère où il devint simple particulier. (La famille p.131 princière de) Lou vit ses sacrifices interrompus ; le duc K’ing mourut à Ko (246). Depuis le duc de Tcheou jusqu’au duc K’ing, la (famille princière de) Lou compta en tout trente-quatre règnes (247).

Le duc grand astrologue dit : J’ai appris que K’ong-tse avait prononcé cette parole : « Combien profonde est la décadence de la conduite de Lou (248). » (Cependant, entre les rivières) Chou et Se (249), (on continuait à s’exprimer) avec une aimable netteté (250). Si l’on considère l’époque de K’ing-fou et Chou-ya et du duc Min (251), quels n’en furent pas les désordres ! Dans ce qui se passa sous (les ducs) Yn p.132 et Hoan (252), (puis) lorsque Siang-tchong tua le fils de la principale épouse et mit sur le trône le fils d’une concubine (253), (puis) lorsque les trois familles (254), qui se tournaient du côté du nord et étaient sujettes, attaquèrent personnellement le duc Tchao, en sorte que le duc Tchao dut s’enfuir, (dans tous ces événements les gens de Lou), pour ce qui était des rites qui prescrivent de saluer et de céder, les observaient, mais dans leurs actions, quelle n’était pas leur perversité !

Notes

(101. ) Cf. tome I, p. 233.

(102. ) Cf. tome I, n. 04.238.

(103. ) Citation du Chou king, chap. Kin t’eng.

(104. ) L’idée du duc de Tcheou est celle-ci ; le roi Ou n’a point terminé son œuvre glorieuse ; il doit vivre encore pour l’achever ; il ne faut pas que, par la mort, il aille rejoindre les rois défunts, ses ancêtres. Qu’on ne se contente donc pas de consulter les sorts pour savoir si le roi Ou guérira ou non ; il faut trouver un moyen de l’arracher effectivement à la mort.

(105. ) Pour l’Auguste roi, le roi Ki et le roi Wen, c’est-à-dire l’arrière-grand-père, le grand-père et le père du roi Ou et du duc de Tcheou lui-même.

(106. ) Fa est le nom personnel du roi Ou.

(107. ) En d’autres termes, si la maladie du roi Ou est causée par le désir qu’ont ses trois ancêtres de l’avoir auprès d’eux dans le ciel pour qu’il s’acquitte envers eux des devoirs filiaux, le duc de Tcheou demande à être pris à sa place ; pour faire agréer sa demande, il va démontrer qu’il est bien plus capable que le roi Ou de rendre aux trois rois défunts les services qu’ils attendent de lui ; l’intérêt de ce texte pour l’histoire des conceptions religieuses en Chine n’échappera pas au lecteur.

(108. ) L’Empereur est ici l’Empereur céleste. Le second argument du duc de Tcheou est celui-ci : le Ciel a désigné le roi Ou pour gouverner l’empire ; il importe de laisser ce mandat s’accomplir.

(109. ) Les rois défunts eux-mêmes y trouveront leur avantage puisqu’ils auront, en la personne du roi, un préposé au temple ancestral qui aura soin que les sacrifices y soient faits régulièrement.

(110. ) Si l’augure tiré de l’observation des fissures sur l’écaille de la grande tortue est favorable, ce sera signe que les rois défunts accordent au duc de Tcheou sa requête et qu’ils acceptent de le prendre à la place du roi Ou ; dans ce cas, le duc de Tcheou attendra la mort en conservant sur lui le jade rond et le jade carré avec lesquels il doit se présenter devant les esprits de ses ancêtres. Si, au contraire, l’augure est défavorable, le duc de Tcheou cachera les pièces de jade dont il n’aura pas à se servir.

(111. ) Il se rendit successivement pour tirer les sorts auprès de chacun des trois autels sur lesquels les divinités des trois rois défunts étaient censées présentes.

(112. ) « Le mot yo désigne le tube dans lequel on cachait les écrits qui interprétaient les augures ». Il semble donc qu’il s’agisse d’un tube dans lequel étaient rangées les fiches en bois sur lesquelles étaient inscrites les explications divinatoires.

(113. ) Les trois rois ont manifesté par les sorts leur résolution de laisser le roi Ou accomplir jusqu’au bout les projets qu’il a faits pour fonder la grandeur de la maison des Tcheou ; ils veilleront donc à ce que l’homme unique, c’est-à-dire le roi Ou, ne soit pas enlevé par une mort prématurée.

(114. ) La tablette sur laquelle le clerc avait inscrit la prière, adressée par le duc de Tcheou aux trois rois défunts.

(115. ) Ici finit la première partie de la citation presque textuelle du Kin t’eng ; on trouvera cependant quelques lambeaux de ce texte classique dans le paragraphe suivant. Quelques pages plus loin la citation recommence.

(116. ) Dans un seul repas il était obligé de se lever jusqu’à trois fois en toute hâte pour aller recevoir des hommes de mérite ; de même on le dérangeait jusqu’à trois fois quand il se lavait la tête et il devait prendre dans sa main sa chevelure éparse pour aller auprès de ceux qui le demandaient.

Ce passage se retrouve dans le Tch’oen ts’ieou de Lu Pou-wei, chap. XIII, p. 10 v°.

(117. ) Littéralement : « à cause du royaume. »

(118. ) Cf. Chou king, Legge, C. C., III, p. 362 et suiv. [trad. Couvreur]

(119. ) Cette expression désigne la capitale, c’est-à-dire la ville de Hao ; cf. tome I, notes 04.287. et 04.247.  ; Legge, C. C., vol. III, p. 492, 523, 525 note, et 569.

(120. ) « L’Épi offert » et « l’Épi loué » sont les titres de deux chapitres perdus du Chou king ; cf. tome I, p. 247 (où le titre du second chapitre a été traduit « l’Epi de bon augure ») et Préface du Chou king, Legge, C. C., vol. III, p. 9-10.

(121. ) Cette ode est dans le Che king (Kouo fong, 2e des odes de Pin), Legge, C. C., vol. IV, p. 233 ; elle expose sous une forme métaphorique la nécessité dans laquelle le duc de Tcheou s’était trouvé de sévir contre ses frères révoltés afin de sauver la maison des Tcheou. Cf. aussi le chapitre Kin t’eng du Chou king, Legge, C. C., vol. III, p. 359, où la composition de cette ode est attribuée au duc de Tcheou.

(122. ) Cf. Chou king, chap. Chao kao, Legge, C. C., vol. III, p. 420-421, Le roi Tch’eng songeait à transférer sa capitale à Lo-yang ; ce projet ne fut pas mis à exécution et, après que le duc de Tcheou eut tracé le plan de la nouvelle ville, le roi n’alla point en définitive l’habiter. Dans la phrase que nous venons de traduire, Tcheou désigne la capitale du roi Ou, c’est-à-dire la ville de Hao, à l’est de la rivière Fong ; après avoir tenu là une cour plénière, le roi Tch’eng se transporta à Fong, l’ancienne capitale du roi Wen, pour annoncer son projet dans le temple funéraire du roi Wen ; Fong était à l’ouest de la rivière Fong et n’était distante de Hao que de 25 li.

(123. ) Cf. tome I, p. 248, n. 2 et n. 04.293. .

(124. ) Cet emploi de l’expression [] ne laisse pas que d’être assez rare ; quand le mot à la valeur d’un verbe, il signifie en général « donner un royaume à quelqu’un. Ex. : Mém. hist., chap. XXXIII, p. 6 v° « il lui rendit son royaume ».

(125. ) La cloison décorée de dessins de hache qui était placée derrière le trône du Fils du Ciel ; le duc de Tcheou avait donc pris la place et l’attitude qui étaient celles du roi lui-même.

(126. ) Et, par conséquent, celui qu’il faut faire mourir, c’est moi, Tan, et non le roi. Nous avons ici une réplique assez imparfaite de la tradition d’après laquelle le duc de Tcheou aurait offert de se substituer à son souverain ; le seul trait intéressant dans ce texte est le détail des ongles coupés et jetés dans le Fleuve ; le duc de Tcheou livre aux dieux une partie de sa personne pour les inviter à la prendre en entier.

— Errata : En jetant les rognures de ses ongles dans le Fleuve, le duc de Tcheou livre aux dieux une partie de sa personne pour que, si elle leur agrée, ils prennent son corps tout entier comme victime expiatoire. On peut rapprocher de ce passage de Se-ma Ts’ien le texte suivant du Tch’oen ts’ieou de Lu Pou-wei (chap. IX, p. 4 v°) :

« Autrefois, T’ang (fondateur de la dynastie Yn) vainquit les Hia et gouverna l’empire. Il y eut une grande sécheresse venue du ciel et pendant cinq ans on ne fit pas de moissons ; alors T’ang adressa une prière en offrant son corps à la forêt de Sang (la forêt de la montagne Sang est ici conçue comme une puissance surnaturelle capable de produire les nuages et de faire tomber la pluie) et dit :

— Moi, l’homme unique, je suis coupable ; n’atteignez pas (par votre châtiment) les dix mille hommes (c. à d.) le peuple ; la culpabilité des dix mille hommes est en moi, l’homme unique. Ne permettez pas que, parce que moi l’homme unique j’ai manqué d’habileté, l’Empereur d’en haut, les mânes et les dieux ruinent la vie du peuple (c. à d. les moissons qui soutiennent la vie du peuple).

Alors il coupa ses cheveux et rogna ses mains (c. à d. ses ongles) pour offrir son corps en victime ; par ce moyen, il implora la bénédiction de l’Empereur d’en haut. Le peuple alors fut très content, la pluie survint en abondance.

Le détail des cheveux coupés et des ongles rognés a disparu dans les passages du Luen yu (XX, 1, § 3) et de Mo-tse (Legge, C. C., vol. II, prolég., p. 116-117) qui nous ont conservé d’autres versions de la prière de T’ang, tout comme il a disparu dans le chapitre du Chou king où il est question de la prière du duc de Tcheou ; nous saisissons donc sur le vif dans l’un et dans l’autre cas le travail d’épuration que la tendance rationaliste du confucéisme a fait subir aux textes antiques pour les dépouiller de tout ce qui pouvait paraître bizarre au bon sens d’une époque plus moderne ; ainsi s’explique sans doute le défaut d’archaïsme qui est si sensible dans bon nombre de textes classiques dont l’origine est cependant fort ancienne. —

(127. ) Citation du Chou king, chap. Ou i.

(128. ) L’empereur T’ai-meou ; cf. tome I, p. 190-191.

(129. ) Toute sa conduite était réglée par le désir de se conformer au décret du Ciel qui l’avait appelé à régner.

(130. ) L’empereur Ou-ting ; cf. tome I, p. 195-197.

(131. ) La tradition rapporte que, lorsque l’empereur Ou-ting n’était encore qu’héritier présomptif, son père l’envoya vivre de la vie du peuple et partager ses travaux et ses peines.

(132. ) La cabane sous laquelle l’empereur se retirait pendant la durée du deuil. Cf. aussi Chou king, chap. Yue ming, et Luen yu, XX, 43 ; Legge, C. C., vol. III, p. 248-249 et vol. I, p. 155.

(133. ) Le Chou king dit « cinquante-neuf ans » ; mais le chiffre de cinquante-cinq ans s’accorde avec la chronologie du Tchou chou ki nien et avec celle du T’ong kien kang mou.

(134. ) Suivant certains commentateurs, il s’agirait ici de l’empereur Kia, second fils de Ou-ting ; mais, si cet empereur passe pour avoir en effet régné 33 ans (cf. Introduction, p. CCXLII-CCXLIII), il est d’autre part représenté comme un fort mauvais souverain (cf. tome I, p. 197). Il semble donc plus naturel d’identifier le Tsou-kia dont il est ici question, avec l’empereur T’ai-kia, petit-fils de T’ang le Victorieux (cf. tome I, p. 188-189) ; l’historien nous apprend que T’ai-kia, après avoir mal débuté, se corrigea et revint au bien ; d’après la chronologie du Tchou chou ki nien, l’empereur T’ai-hia régna, lui, aussi, 33 ans.

(135. ) Pendant les trois ans que I Yn le tint relégué loin de la cour ; cf. tome I, p. 189.

(136. ) Je supplée cette phrase d’après le texte du Chou king.

(137. ) Il sut que le peuple se reposait sur un bon gouvernement.

(138. ) Citation du Chou king, chap. To che.

(139. ) Citation du Chou king, chap. Ou i.

(140. ) « Les officiers des Tcheou » et « l’établissement du gouvernement » sont deux chapitres du Chou king qui nous ont été conservés.

(141. ) C’est-à-dire à Lo-yang. Il semble que le duc de Tcheou crût encore à ce moment que le roi Tch’eng était décidé à transférer sa capitale à Lo-yang.

(142. ) Cf. tome I, p. 378, n. 6. [css : ?]

(143. ) Citation du Chou king, chap. Kin t’eng.

(144. ) Il n’est plus nécessaire de consulter les sorts puisque nous savons maintenant quelle a été la cause de la tempête.

(145. ) Dans le texte du Chou king, au moment où le roi Tch’eng prononce ces paroles, le duc de Tcheou se trouvait exilé dans l’est de l’empire ; le roi regrette d’avoir ajouté foi à des calomnies et déclare qu’il va, non seulement faire revenir le duc de Tcheou, mais même aller à sa rencontre. Avec le texte de Se-ma Ts’ien, cette interprétation est impossible, puisque le duc de Tcheou est mort au moment où parle le roi Tch’eng ; il s’agit donc d’aller à la rencontre du duc de Tcheou par le sacrifice que le roi va offrir à ses mânes.

(146. ) D’après Se-ma Tcheng, Po-k’in était le fils aîné du duc de Tcheou ; c’est lui qui prit possession du fief de Lou et qui fut duc de Lou. Le second fils du duc de Tcheou resta auprès du roi pour le conseiller et hérita du titre de duc de Tcheou. Il y avait encore six autres fils qui devinrent princes des places de : 1. Fan, (à 20 li au sud-ouest de la sous-préfecture de Hoei, préfecture de Wei-hoei, province de Ho-nan) ; 2. Tsiang (à 60 li à l’ouest de la sous-préfecture de Yu-che, préfecture de K’ai-fong, province de Ho-nan, ou, suivant une autre identification, à 70 li au nord-ouest de la sous-préfecture de Kou-che, préfecture secondaire de Koang, province de Ho-nan) ; 3. Hing (d’abord sur l’emplacement de la sous-préfecture de Hing-t’ai, préfecture de Choen-, province de Tche-li, ensuite à 12 li au sud-ouest de la ville préfectorale de Tong-tch’ang, province de Chan-tong) ; 4. Mao (à une quarantaine de li au nord-ouest de la sous-préfecture de Kin-hiang, préfecture de Yen-tcheou, province de Chan-tong) ; 5. Tsou (dans le voisinage de la ville préfectorale de Wei-hoei, province de Ho-nan) ; 6. Tchai (paraît d’abord avoir été à 20 li au nord-est de la sous-préfecture de Tch’ang-yuen, préfecture de Ta-ming, province de Tche-li, puis avoir été transféré dans le voisinage de la préfecture secondaire de Tcheng, préfecture de K’ai-fong, province de Ho-nan). Cf. Tso tchoan, 25e année du duc Hi et les identifications données par Kiang Yong (H. T. K. K., chap. CCLIII, p. 8 v°).

(147. ) Cf. tome II, n. 05.123.

(148. ) Ce nom est écrit [] dans le Chou king, mais se prononce Pi. Cette localité était à 20 li au nord-ouest de la sous-préfecture actuelle de Pi, préfecture de I-tcheou, province de Chan-tong.

Elle ne doit pas être confondue avec la principauté de [], dont le nom se prononce Fei, et qui est mentionnée dans le Tso tchoan, à la 1e année du duc Yn.

(149. ) Citation du Chou king, chap. Pi che.

(150. ) Littéralement : « aux étables » ; mais ce mot désigne ici le bétail que l’armée emmenait avec elle pour sa subsistance.

(151. ) Les valets et les servantes qui étaient à la suite de l’armée.

(152. ) Cette recommandation s’adresse, non plus aux soldats, mais aux gens du pays qui pourraient trouver les animaux ou les esclaves fugitifs.

(153. ) Un grand État féodal, comme l’était le royaume de Lou, avait trois corps d’armée ; la banlieue de la capitale et la région qui s’étendait au-delà étaient donc divisées en trois sections qui fournissaient les contingents du ban et de l’arrière-ban des trois corps d’armée.

(154. ) Les pieux et les planches entre lesquels on élevait les murs en terre battue.

(155. ) C’est-à-dire la mort.

(156. ) La leçon Mao est incertaine.

Errata : J’ai indiqué dans cette note que la leçon [] était embarrassante. Le commentateur Siu Koang fait observer que, au lieu du caractère [], on trouve les variantes [] et []. La première de ces variantes a suggéré à l’érudit moderne P’an Wei-tch’eng (S. H. T. K. K., chap. 918, p. 6 r°) une explication fort ingénieuse : le caractère [] s’écrivait autrefois [] ; on peut admettre que [] est le substitut phonétique de [] ; par conséquent [] devient équivalent de « la porte tche avec des tours ». La porte tche était la porte la plus extérieure d’une résidence princière et était effectivement flanquée de deux tours ou observatoires (cf. tome V, n. 47.522).

(157. ) Cf. tome I, n. 04.381.

(158. ) Les Annales principales des Tcheou (cf. vol. I, p. 276) rapportent ces événements à l’année 816 ; cette indication doit être préférée, car, ici même, nous lisons, quelques lignes plus bas, que le duc Ou mourut dans l’été de cette même année ; or le duc Ou mourut en 816.

(159. ) Citation du Kouo yu : section Tcheou yu, 1e partie.

(160. ) Ce Tchong Chan-fou est célébré dans l’ode 6 de la 3e décade du Ta ya. Cf. Legge, C. C., vol. IV, p. 541 et suiv. [trad. Couvreur]

(161. ) Si l’on oblige l’aîné à servir son cadet, ce sera inviter le peuple à dédaigner ceux qui sont supérieurs suivant l’ordre naturel.

(162. ) Les ordres des anciens rois qui prescrivaient que l’aîné fût toujours l’héritier présomptif.

(163. ) Cf. la note précédente.

(164. ) Citation du Kouo yu : section Tcheou yu, 1e partie.

(165. ) Le roi Siuen cherche à nommer un prince de Lou qui soit capable d’être un guide et un maître pour tous les seigneurs de la région orientale.

(166. ) Mou-tchong est le nom posthume de Tchong Chan-fou.

(167. ) Les instructions que les anciens rois ont laissées à ce sujet.

(168. ) Ou, si on adopte la leçon [] du Kouo yu, « de s’informer de ce qui existait réellement dans l’antiquité ».

(169. ) C’était le temple funéraire du roi I, grand-père du roi Siuen.

(170. ) A partir du moment où le roi Siuen eut mis sur le trône de Lou le fils cadet du duc Ou, malgré les représentations de Tchong Chan-fou, les seigneurs se permirent souvent de violer, eux aussi, la règle imposée par les anciens rois et de nommer les cadets à la place des aînés.

(171. ) L’emplacement où le duc Yu assista à la pêche se trouvait au bord de la rivière Ko, à 13 li au nord de la sous-préfecture de Yu-t’ai, préfecture de Yen-tcheou, province de Chan-tong. — Sur cet incident et d’une manière générale, sur tous les événements qui vont suivre, il faut se reporter au Tso tchoan.

(172. ) Cf. Tso tchoan, 8e année du duc Yu et tome I, n. 04.436.

(173. ) Au sud de la ville préfectorale de T’ai-ngan et au nord de la sous-préfecture de Se-choei, préfecture de Yen-tcheou, province de Chan-tong.

(174. ) Cette divinité était l’objet des sacrifices d’un nommé Yn dans le pays de Tcheng ; le duc Yn, qui avait été autrefois fait prisonnier par les gens de Tcheng, avait été interné chez ce nommé Yn ; il avait réussi à s’échapper en gagnant Yn par des présents, et, à son retour dans le pays de Lou, il avait institué des sacrifices en l’honneur de Tchong-ou qui avait favorisé, croyait-il, sa délivrance. Cf. Tso tchoan, 11e année du duc Yn.

(175. ) Cf. les explications données par Legge, C. C., vol. V, p. 36, 2e col.

(176. ) Le temple consacré au duc de Tcheou.

(177. ) Cf. Legge, C. C., vol. V, p. 39-40.

(178. ) C’est-à-dire « le même ».

(179. ) Cette femme était d’ailleurs la propre sœur du duc Siang ; cf. p. 43.

(180. ) C’était donc elle qui avait été cause de l’assassinat du duc.

(181. ) Cf. p. 48.

(182. ) Cf. p. 50.

(183. ) Cf. Legge, C. C., vol. V, p. 105.

(184. ) On échangeait quelques gouttes de sang pour rendre le serment inviolable.

Errata : La coutume de consacrer un serment par l’échange de quelques gouttes de sang qu’on faisait couler d’une entaille pratiquée sur l’avant-bras des deux personnes contractantes proviendrait du pays de Yue s’il faut en croire le témoignage de Hoai-nan tse (chap. XI, p. 7 v°) :

« Ainsi, les Hou brandissent un os (d’après le commentaire il serait fait allusion ici à la coutume qu’avaient les barbares du Nord de consacrer un serment en buvant du vin dans le crâne d’un ennemi mort ; cf. tome V, n. 43.232, à la fin), les gens de Yue s’entaillent l’avant-bras, les Royaumes du Milieu (les peuples de race chinoise) se frottent les lèvres de sang ; la coutume dont on s’inspire est différente dans chacun de ces cas, mais l’idée de faire foi est la même.

(185. ) Ces trois frères cadets du duc Tchoang, fils du duc Hoan, furent les ancêtres de trois puissantes familles ; K’ing-fou fut l’ancêtre de la famille Mong (l’aîné) ; Chou-ya, de la famille Chou-suen (les petits-fils du second fils) ; Ki-yeou, de la famille Ki (le troisième fils).

(186. ) Cf. n. 185.

(187. ) La famille de sa mère.

(188. ) Cf. tome II, n. 05.280.

(189. ) Aujourd’hui, sous-préfecture de Tseou, préfecture de Yen-tcheou, province de Chan-tong.

(190. ) Cf. n. 32.140.

(191. ) Ce qui prouvait que sa requête avait été repoussée ; cf. le texte du Tso tchoan qui est plus explicite.

(192. ) La place entre les deux dieux du sol était celle où se tenait à la cour le premier ministre chargé du gouvernement de l’État. Les deux dieux du sol étaient le dieu du sol de la dynastie Tcheou et le dieu du sol de Po, c’est-à-dire le dieu du sol de l’ancienne dynastie des Yn.

(193. ) Cf. n. 185.

(194. ) Cf. n. 148.

(195. ) Ville du pays de Tsin ; au sud de la sous-préfecture de Hong-tong, préfecture de P’ing-yang, province de Chan-si.

(196. ) L’emplacement de cette localité reste indéterminé ; on sait seulement qu’elle se trouvait dans le pays de Lou.

(197. ) C’était une porte d’un faubourg de la capitale de Lou.

(198. ) Le général qui commandait l’armée de Lou s’appelait Chou-suen To-tch’en  ; pour commémorer sa victoire, il donna le nom de K’iao-jou à son fils qui fut connu plus tard sous le nom de Siuen-po.

(199. ) Les auteurs de l’agression de l’année 616 étaient les Ti Sao-man, ou Ti géants ; Se-ma Ts’ien rappelle les principales occasions dans lesquelles ils apparurent. Les commentateurs les rattachent au personnage appelé Fang-fong, sous la dynastie Hia, et au personnage appelé Wang-man, sous la dynastie Yn.

(200. ) Localité du pays de Song.

(201. ) La tribu Lou faisait partie des Ti rouges elle se trouvait sur l’emplacement de la sous-préfecture actuelle de Lou-tch’eng, préfecture de Lou-ngan, province de Chan-si.

(202. ) Se-ma Ts’ien corrige ici le Tso tchoan qui rapporte cet événement à l’année 696 ; il est impossible en effet que le frère cadet d’un personnage tué en 594 ait péri lui-même en 696.

(203. ) C’est-à-dire « la malheureuse Kiang. »

(204. ) Cf. n. 185.

(205. ) Lou avait perdu le secours ou l’appui des royaumes voisins qui désapprouvaient la nomination du duc Siuen.

(206. ) C’était le fils de Siang-tchong.

(207. ) Cette localité était près de la rivière Wen, sur le territoire de la sous-préfecture de T’ai-ngan, préfecture de T’ai-ngan, province de Chan-tong.

(208. ) Il était peu honorable pour le duc de Lou d’avoir été retenu de force dans un pays étranger afin de rendre plus solennelles les funérailles d’un prince défunt.

(209. ) Cf. Legge, C. C., vol. V, p. 441.

(210. ) Sur cette organisation nouvelle et assez compliquée, cf. Legge, C. C., vol. V, p. 452.

(211. ) Cf. n. 31.121. .

(212. ) Ts’i-Koei était une des concubines du duc Siang ; Ts’i est son nom posthume ; Koei est son nom de clan.

(213. ) Il avait sali ces pectoraux de couleur blanche en se livrant aux plaisirs et à la débauche.

(214. ) A 60 li au nord de la sous-préfecture de Kien-li, préfecture de King-tcheou, province de Hou-pei. — Le Tso tchoan rapporte à l’année 535 la visite du duc de Lou au roi de Tch’ou.

(215. ) Kan-heou est une localité du pays de Tsin où le duc de Tchao dut en effet se réfugier trois ans plus tard. Elle se trouvait dans le voisinage de la sous-préfecture de Tch’eng-ngan, préfecture de Koang p’ing, province de Tche-li. Dans le Tso tchoan, la chanson des enfants est beaucoup plus longue ; cf. Legge, C. C., vol. V, p. 709.

(216. ) Pour qu’il troublât la vue de son adversaire. Cette explication est la seule possible avec la leçon des Mémoires historiques. La leçon du Tso tchoan est susceptible d’une autre interprétation ; « il mit un casque protecteur à la tête de son coq. »

(217. ) Le Tso tchoan dit « cousin ».

(218. ) Cette rivière n’est pas identique à la rivière I dont il est question dans le Tribut de Yu (cf. tome I, n. 02.152, 2e partie). Le petit cours d’eau dont il est ici parlé prenait sa source au sud de la capitale du royaume de Lou (auj. sous-préfecture de K’iu-feou préfecture de Yen-tcheou), puis, coulant vers le sud-ouest, se jetait dans la rivière Se.

(219. ) Cf. n. 148. Cette ville était l’apanage de la famille Ki.

(220. ) Le nom posthume de ce personnage était I-po ; on le trouve donc mentionné sous le nom de Tse-kia I-po dans le Tso tchoan.

(221. ) Mong, Chou-suen et Ki ; cf. n. 185.

(222. ) Cf. n. 32.231. .

(223. ) Cf. n. 32.232.

(224. ) C’étaient deux grands officiers de Lou.

(225. ) Le yu valait 16 leou ou boisseaux ; c’est donc 80.000 boisseaux de grain que les émissaires du pays de Lou proposaient aux deux officiers de Ts’i pour les gagner à leur cause.

(226. ) Cf. n. 215.

(227. ) C’était le titre qu’on donnait aux grands officiers ; en l’appliquant au duc de Lou, on le traitait comme s’il n’eût été qu’un grand officier.

(228. ) En vêtements de deuil.

(229. ) C’est le personnage qui est appelé plus haut Siang-tchong (cf. p. 116-117).

(230. ) Les chars et les vêtements d’apparat qui confèrent à un homme le prestige extérieur d’une haute dignité.

(231. ) En d’autres termes, le prince doit veiller à ne pas conférer à un autre homme les marques extérieures du pouvoir, car cet homme finirait par le supplanter dans le gouvernement.

(232. ) Cf. Tso tchoan, 8e année du duc Ting, § 16.

(233. ) Ville du pays de Lou.

(234. ) Cf. n. 32.236. .

(235. ) Cf. p. 77, et Mémoires historiques, chap. XLVII.

(236. ) Dont l’appellation était Tse-lou ; un des principaux disciples de Confucius. Sur les raisons qui motivèrent ce démantellement, cf. Legge, C. C., vol. V, p. 781.

(237. ) La famille Chou-suen avait la place forte de Heou au sud-est de la préfecture secondaire actuelle de Tong-p’ing, préfecture de T’ai-ngan, province de Chan-tong. La famille Ki avait la place forte de Pi, à 20 li au nord-ouest de la sous-préfecture actuelle de Pi, préfecture de I-tcheou. La famille Mong avait la place forte de Tch’eng, à 90 li au nord-est de la sous-préfecture actuelle de Ning-yang, préfecture de Yen-tcheou, province de Chan-tong.

(238. ) Cf. chap. XLVII.

(239. ) C’est-à-dire je suis un barbare.

(240. ) Cf. n. 31.208. .

(241. ) Cf. n. 31.209. 

(242. ) Un des disciples de Confucius.

(243. ) Ce personnage est celui qu’on appelle aussi Kong-suen Yeou-chan.

(244. ) A partir d’ici, le Tso tchoan fait défaut à Se-ma Ts’ien qui se borne à donner sur les deux derniers siècles de l’histoire des princes de Lou quelques rares [indications] chronologiques, d’ailleurs fort inexactes. Les dates que nous inscrivons entre parenthèses sont celles qui résultent des tableaux chronologiques, et non celles qu’on obtiendrait en raisonnant sur le texte de ce chapitre.

(245. ) A 44 li au sud-est de la sous-préfecture de T’eng, préfecture de Yen-tcheou, province de Chan-tong.

(246. ) Cf. n. 32.149.

(247. ) Le mot signifie ici « règne » et non « génération », puisque plusieurs princes de Lou furent les frères, et non les fils, de leurs prédécesseurs respectifs.

(248. ) On trouve dans le Luen yu (VII, 5) cette phrase de Confucius « Combien profonde est notre décadence ».

(249. ) La rivière Chou prenait sa source au nord-est de la capitale du pays de Lou (K’iu-feou) ; elle coulait au sud-ouest et se jetait dans la rivière Se. L’expression « entre les rivières Chou et Se » désigne donc la capitale du pays de Lou.

(250. ) Quoi qu’en dise Siu Koang, l’expression [][] n’a pas ici son sens ordinaire de « dispute, altercation. » Comme l’a bien expliqué Se-ma Tcheng, cette expression est l’équivalent de l’expression homophone que nous trouvons dans le Luen yu (X, 2). Quoique, de l’aveu même de Confucius, les mœurs du pays de Lou fussent fort perverties, on y avait conservé cependant les apparences de la politesse. C’est la même idée qui sera répétée à la fin de ce paragraphe, lorsque Confucius montrera que, tout en observant les formes extérieures des rites, les gens du pays de Lou se conduisaient avec une extrême perversité.

(251. ) En 662, Chou-ya est obligé de se tuer ; K’ing-fou, son frère, tue Pan, qui avait été mis sur le trône par Ki Yeou, et donne le pouvoir au duc Min ; en 660, il tue le duc Min, veut prendre le pouvoir, n’y réussit pas et se tue. Cf. p. 112-114.

(252. ) Le duc Yn assassiné en 712 sur l’ordre de son frère ; le duc Hoan assassiné en 691 sur l’ordre du duc de Ts’i.

(253. ) En 609, Siang-tchong tue les deux fils de la principale épouse du duc Wen et met sur le trône le duc Siuen, fils d’une concubine.

(254. ) Les trois familles issues du duc Hoan (cf. n. 185) ; elles n’occupaient dans le royaume que la place qui convient à des sujets et elles n’auraient jamais dû oser combattre contre leur prince.