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II

Lettres de souffrance accordées par Charles VII au seigneur
de Roche-en-Régnier.


Espaly, 28 décembre 1424[1]

Charles, par la grace de Dieu, roy de France, a nos amez et féaulx gens de nos comptes et aux séneschaulx de Beaucaire et de Carcassonne, Rouergue et Agenès, et a nos trésoriers, receveurs, procureurs et autres officiers esdictes séneschaussées ou a leurs lieutenans, salut et dilection. Oye l’umble supplication de nostre amé et féal conseillier et chambellan le sire de Roche, contenant que il nous a nouvellement faiz les fois et hommaiges qu’il nous estoit tenu faire à cause de ses chasteaulx, chastellenies, terres et seigneuries de Annonay, Posquières dit Vauvert, Marguerites, Grolhet, Pebegon, Miseele, Senegaux (Seneujols ?) Vabres, La Case, Chasteauneuf, Bonafoz, La Bastide de Montfort, Castenet, Saint Cerny, Caygnac, Gaytie, Trevas, le chastel de La Fos, et de sa part et portion de Saint-Cerny situez et assis esdictes séneschaussées, mais il ne nous en pourroit ne sauroit de présent bailler par escript les dénombrements ou adveux, obstant ce que lesdictes terres sont en divers pais et contrées et ont de grans membres et vassaulx qui encore ne luy ont baillé par escript ce qu’ils en tiennent, si comme il dit, requérant sur ce nostre provision. Nous considéré ce que dit est, et autres causes à ce nous mouvans, à iceluy suppliant avons donné et octroyé, donnons et octroyons de grace espécial par ces présentes terme, respit et souffrance de nous bailler par escript lesdiz dénombremens ou adveux jusques à un an à compter de la date de ces présentes. Si vous mandons et enjoignons à chascun de vous si comme à luy appartendra que ledict suppliant vous faites, souffrez et laissez joïr et user plainement et paisiblement de nostre présente grace, respit et souffrance, ledit an durant, sans cependant luy faire, donner, ou souffrir estre faict ou donné aucun arrest ou empeschement en sesdictes terres, chasteaulx et seigneuries, ne en aucunes d’icelles ; ainçoys se donné ou mis y estoit, mectez le ou faictes mectre sans délay a plaine délivrance, nonobstans quelzconques ordonnances, mandemens ou défenses à ce contraires, pourveu toutesvoies que iceluy suppliant ait fait et paié ou face et paie les autres droiz et devoirs à nous pour ce deuz. Donné à Ispaly[2] le XXVIIIe jour de Décembre l’an de grace mil CCCC vint et quatre et de nostre règne le tiers. Par le roy à la relacion du conseil. A Morchesne.

(Arch. nat. P. 13983, no 728.)


  1. Ceux qui étudient consciencieusement l’histoire et ne se contentent point des redites stériles, savent seuls combien il est difficile d’arriver à la vérité sur les faits et les dates. Ainsi les Pièces fugitives du marquis d’Aubais jouissent d’un grand renom d’exactitude, et cependant, lorsque l’on peut vérifier les dires de cet ouvrage, on y rencontre à chaque pas les erreurs les plus graves. Au t. I,. p. 94, des Itinéraires des rois de France, le marquis d’Aubais trace, comme suit, les divers déplacements de Charles VII dans les années 1422, 1423 et 1424.
    1422 :
    16 novembre, à Mehun-sur-Yèvre.
    1423 :
    24 janvier, à Bourges ;
    26 mars, à Bourges ;
    18 août, à Selles en Berry ;
    Août, au bourg de Loches ;
    4 novembre à Tours ;
    Décembre, au château de Chinon.
    1424 :
    16 janvier à Bourges ;
    16 mars, à Selles en Berry ;
    14 avril, à Bourges ;
    22 août, au château de Loches ;
    21 octobre, à Bourges ;
    Décembre, à Poitiers ;
    7 décembre, à Issoire ;
    29 décembre, à Espally en Velay.

    Il y a dans ces étapes royales bien des lacunes et des erreurs. Pour nous en tenir à ce qui nous concerne, nous remarquons pour l’année 1424 que le 1er décembre de cette année, Charles VII était à Montferrand et non à Poitiers et que dès le 14 décembre il se trouvait à Espaly. Nous faisons ces remarques en passant et pour signaler encore une fois aux chercheurs le péril des ouvrages imprimés et l’indispensable nécessité de recourir aux sources.

  2. Le nom du lieu est en blanc dans notre copie, mais c’est évidemment Espaly, puisque le 6 janvier 1425 au moins, Charles VII se trouvait encore dans ce château.