Mémoires de la comtesse de Boigne (1921)/Tome III/VII/Chapitre VI

Émile-Paul Frères, Éditeurs (Tome iii
De 1820 à 1830.
p. 62-73).


CHAPITRE VI


Intrigues contre le ministère. — Madame du Cayla. — Retraite du ministère. — Formation du nouveau ministère dont monsieur de Villèle est le chef. — Son caractère. — La Congrégation. — Ses projets.

Le cabinet, à la tête duquel se trouvait placé le duc de Richelieu, s’occupait activement des affaires. La France reprenait son rang parmi les nations ; on commençait à compter avec elle. La question d’Orient s’entamait et elle prétendait [avoir] place au banquet. La prospérité intérieure s’établissait avec la tranquillité. La Chambre des pairs avait montré une grande indulgence envers les conspirateurs du mois d’août 1820 ; mais la sagesse du gouvernement maintenait les artisans de trouble dans le respect et cette longanimité n’avait pas eu de grands inconvénients. Des lois sages se préparaient. Tout enfin annonçait la session comme devant être calme et utile pour le pays.

Le ministère, occupé de ses travaux et composé de gens éloignés des intrigues de la Cour, ignorait ou attachait trop peu d’importance à ce qui s’y tramait.

Le roi Louis XVIII avait besoin d’un favori. L’éloignement de monsieur Decazes le laissait dans un isolement qu’il lui fallait combler. Si un des ministres avait voulu prendre ce rôle, le Roi s’y serait prêté volontiers, mais aucun n’était propre à le remplir.

Le hasard conduisit madame du Cayla dans le cabinet du monarque. Elle avait des restes de beauté, était spirituelle, intrigante et possédait surtout un fond de bassesse que rien n’épouvantait. Les tristes séductions employées auprès du vieux Roi ne le cédaient qu’à l’ignoble salaire qu’elle en recevait. Si le ministère avait été plus éclairé sur ses manœuvres, on aurait pu la retenir dans une situation subalterne et mercenaire : l’or aurait suffi à son âpreté ; mais il la méprisa trop. Elle eut le temps d’établir son influence et voulut l’exercer politiquement.

Je ne sais si elle conçut l’idée d’allier sa fortune à celle de monsieur de Villèle ou si monsieur de Villèle pensa le premier à se servir de ce vil instrument, mais, ce dont je suis sûre, c’est que Sosthène de La Rochefoucauld, depuis de longues années le soupirant plus ou moins heureux de madame du Cayla, devint l’intermédiaire de cette alliance encore très secrète. Une fois conclue, on y fit facilement entrer Monsieur, et la chute du ministère Richelieu fut décidée dans ce petit conseil, sous le patronage de la Congrégation.

L’intrigue éclata dès l’ouverture de la session. On proposa dans l’adresse, en réponse au discours du Roi, une phrase qui se pouvait interpréter comme un blâme aux ministres, et il fut bientôt évident qu’elle serait soutenue par les deux oppositions, de droite et de gauche, réunies pour attaquer le ministère dans cette conjoncture.

Les doctrinaires, sous l’influence de leur chef monsieur Royer-Collard, firent l’appoint de cette majorité factice, bien persuadés qu’ils étaient de voir tomber en trois mois un ministère ultra et d’être appelés à le remplacer.

Monsieur Royer-Collard possède une de ces ambitions occultes qui prétend tout obtenir en ayant l’air de tout dédaigner. Il n’en est pas de plus dangereuses ni de plus amère. Il s’était fait une grande existence avec un peu de talent et beaucoup d’emphase. On peut citer de lui deux ou trois discours remarquables et un grand nombre de mots, plus creux que profonds, mais qui ont eu grande vogue pendant un certain temps.

L’alliance précaire des partis était le résultat des manœuvres de monsieur de Villèle. Si le ministère avait méprisé cette union contre nature, elle ne pouvait durer huit jours ; mais monsieur de Villèle s’était bien flatté de trouver monsieur de Richelieu trop honorablement susceptible pour s’obstiner à garder une place où il semblait atteint par la désapprobation d’un des organes de la nation. Son espérance fut justifiée. Ce fut une faute, car la Chambre des députés parlait au nom de l’intrigue ; mais ces genres de fautes n’appartiennent qu’aux plus nobles caractères. D’ailleurs le Roi, déjà gagné par les blandices de madame du Cayla, loin de solliciter ses ministres de braver une situation évidemment transitoire, les encouragea à faire du vote de l’adresse une question de cabinet.

Lorsqu’il fut constaté que tout le parti ultra, dont Monsieur était le chef, travaillait aussi activement que lui-même au renversement du ministère, monsieur de Richelieu alla trouver le prince et lui demanda compte de cette parole de gentilhomme donnée, avec tant de solennité, l’année précédente.

Monsieur ne se déconcerta nullement : « Oh ! je vous en aurais dit bien d’autres pour vous faire accepter alors ; les temps étaient si mauvais que nous étions encore heureux de n’être réduits qu’à vous et de pouvoir nous arrêter aux gens de votre nuance d’opinion ; mais vous comprenez bien, mon cher duc, que cela ne pouvait durer. »

Monsieur de Richelieu lui tourna le dos, avec plus d’indignation que de respect. Il rassembla ses collègues et, après une longue conférence, ils conclurent que, s’il était facile de résister à la coalition improvisée des deux oppositions et à sa majorité factice, il était impossible, en revanche, de gouverner utilement avec l’hostilité de Monsieur. Rien n’aurait été plus aisé que de le rendre odieux au pays en démasquant ses intrigues, ses intentions et de le reléguer à n’être qu’un chef de faction ; mais le cabinet était composé de gens trop consciencieux et trop royalistes pour vouloir achever de dépopulariser un prince, héritier de la couronne, que la santé du Roi plaçait sur l’estrade même du trône.

En conséquence, les ministres décidèrent de se retirer en masse et le duc de Richelieu fut chargé d’en prévenir le Roi. Celui-ci, arrivé au dénouement, fut fort troublé : « Mon Dieu, dit-il, en mettant sa tête entre ses mains, que vais-je devenir ? Que veulent-ils faire ? Que va-t-on m’imposer ? »

Monsieur de Richelieu l’engagea à voir Monsieur et à se concerter avec lui. Peu d’heures après, il reçut un billet du Roi qui le mandait en toute hâte. Il le trouva seul dans son cabinet, le visage radieux : « Venez vite, mon cher Richelieu, votre conseil était excellent. J’ai vu mon frère ; j’en suis parfaitement content : il est très sage, tout est arrangé ; vous pouvez vous en aller quand vous voudrez. »

Voilà quelles furent les expressions de la reconnaissance royale pour tous les services et tout le dévouement du duc de Richelieu. Je l’ai vu lui-même sourire en les répétant, mais ce sourire avait quelque chose de triste qui marquait un cœur profondément ulcéré.

Monsieur de Richelieu avait, aux yeux de toute la famille royale, un tort indélébile que rien ne pouvait effacer. Pendant l’émigration et au moment où la fondation d’Odessa l’occupait le plus activement, l’année de son service de premier gentilhomme de la chambre auprès de Louis XVIII vint à sonner. Le duc pria le duc de Fleury, son camarade, établi à Mittau chez le Roi, de le remplacer et négligea de venir prendre son poste dans une antichambre d’émigration. Pour les princes de la maison de Bourbon, le service auprès de leur personne est toujours le principal devoir. Jamais ils n’ont pardonné ce premier grief au duc de Richelieu. Il avait, de plus, pour leur déplaire, les titres qu’y donnaient un esprit droit et sage et une noble indépendance de caractère.

L’empressement du Roi pour obtenir la retraite de ses ministres était devenu si grand qu’il fit réclamer jusqu’à trois fois dans la soirée, leur démission. La difficulté de se réunir tous, à une heure insolite, pour la rédiger en commun, en avait retardé l’envoi. On sut depuis qu’il avait promis à madame du Cayla qu’elle lui serait remise avant l’heure de son coucher. En effet, elle la reçut à minuit.

Ici se termine le règne de Louis XVIII ; il n’a plus été qu’un instrument entre les mains des agents de Monsieur qui, lui-même, obéissait à la Congrégation. Lorsque monsieur de Villèle a cherché à s’en affranchir, il est tombé comme les autres.

J’ai dit que Sosthène de La Rochefoucauld était depuis nombre d’années dans des relations intimes avec madame du Cayla. Sa femme en témoignait du chagrin, et son beau-père et sa belle-mère une humeur qu’ils ne manquaient pas une occasion de faire éclater.

Mais, depuis la faveur de madame du Cayla, ils avaient changé d’allure. Ils s’étaient graduellement rapprochés, et monsieur et madame Mathieu de Montmorency passaient leur vie chez elle. Ce raccommodement obtint pour salaire le ministère des affaires étrangères pour Mathieu. Sosthène racontait qu’il avait d’abord pensé à le prendre lui-même, mais il avait trouvé plus romain de l’abandonner à son beau-père : « J’ai fait des rois, seigneur, et n’ai pas voulu l’être. »

Il n’y eut pas de président du conseil. Monsieur de Villèle n’osait pas encore y prétendre pour lui et ne voulait pas en reconnaître un autre. Monsieur de Corbière suivit le sort de son ami et patron et prit le portefeuille de l’intérieur. Monsieur de Peyronnet, qui s’était fait remarquer par sa furibonde faconde pendant le dernier procès à la Chambre des pairs, fut appelé aux sceaux. Sa réputation était tellement honteuse à Bordeaux, sa patrie, qu’il y eut des paris ouverts contre cette nomination, traitée d’apocryphe. Le Moniteur confondit les incrédules.

Le maréchal Victor, duc de Bellune, était un choix selon les cœurs des plus purs ultras. On le reconnaissait pour un vieil imbécile entouré d’une famille d’escrocs, mais il pensait si bien que ce mérite l’emportait sur tous les inconvénients possibles.

Afin que ce pitoyable cabinet reçut le scel du cachet de Sosthène, le duc de Doudeauville, son père, grand seigneur nécessiteux, fut nommé directeur des postes. Sa dignité ne lui permit pas d’abandonner son hôtel pour aller habiter celui de la rue Coq-Héron ; mais il en fit enlever les meubles, les pendules, les ornements, le linge, les surtouts et jusqu’au billard qu’il fit apporter chez lui.

Cette nomination donna lieu au dernier joli mot aristocratique de notre temps. Lorsqu’on annonça que le duc de Doudeauville était directeur des postes, quelqu’un demanda : « Et qui est-ce qui sera duc de Doudeauville ? »

Le marquis de Lauriston se sépara seul de ses anciens collègues et resta ministre de la maison du Roi. Ses talents et son caractère le rendaient bien plus digne de figurer dans la nouvelle administration que de rester avec l’ancienne. Il avait déjà donné des gages de sa servilité à madame du Cayla.

J’insiste sur cette crise ministérielle parce que c’est là, selon moi, l’écueil où la Restauration s’est perdue. Ainsi que les vaisseaux poussés par la tempête sur les Goodwin Sands, on a vu petit à petit la Congrégation l’attirer sous les eaux jusqu’à ce qu’elle ait été engloutie aux yeux de tous, chacun ayant prévu son sort sans pouvoir lui porter d’assistance efficace.

Si monsieur de Villèle était parvenu au pouvoir par des voies souterraines qui lui valurent, même parmi ses plus féaux, le surnom de la taupe, il serait pourtant injuste de lui refuser un rare degré de sagacité.

Entré dans la marine au commencement de la Révolution, il avait passé sa jeunesse à l’ile Bourbon où il s’était marié. De retour en France, il s’était établi dans son manoir paternel, aux environs de Toulouse, et y avait vécu, pendant les années de l’Empire, sous l’influence de tous les petits préjugés de la gentilhommerie de province.

Il était maire de la ville en 1814, et publia une brochure sur la convenance de rentrer dans les voies du pouvoir absolu, sans garroter la volonté du Roi par la Charte. Elle resta aussi obscure que son auteur et ne fut exhumée que lorsqu’il devint un personnage politique ; mais elle a probablement servi de fondation à la confiance que Monsieur lui a promptement témoignée.

Les précédents de monsieur de Villèle n’avaient pas été de nature à le qualifier pour jouer un rôle dans l’État, et la vie d’intrigue avait absorbé tout son temps depuis son entrée aux Chambres où il prit rapidement une grande influence. Dès 1816, il était le chef de l’opposition ultra royaliste. Il se trouvait ainsi dans une profonde ignorance des affaires lorsqu’il y arriva ; mais il les apprit, en les faisant, avec autant de facilité que de perspicacité et aurait fini par administrer très bien s’il avait été maître de ses actions.

Il comprenait moins les finances, et pas du tout la diplomatie. Non seulement il n’avait pas la moindre connaissance des rapports des nations entre elles, des caractères des souverains et des ministres qui les gouvernaient, mais, sachant à peine l’histoire en homme du monde, chaque traité, chaque engagement qui liait les pays entre eux lui semblait une révélation.

J’ai entendu dire, à des diplomates, qu’il fallait lui tenir classe, comme à un écolier, avant de pouvoir causer des affaires avec lui et, sur ces sujets il ne montrait pas autant de perspicacité que d’ordinaire. Mais ce n’est pas un tort aux yeux des souverains. Tous les rois veulent faire la politique étrangère à leur gré ; c’est le commérage de leur intimité, et le ministre des affaires étrangères n’est jamais trop ignorant, selon eux, pourvu qu’ils se croient obéis.

Le vicomte Mathieu de Montmorency, avec des données un peu plus larges sur les rapports diplomatiques, avait un si petit esprit et une dévotion si ambitieusement puérile qu’il n’était que le serviteur des Jésuites. Au reste, pendant le ministère de monsieur de Villèle, hors monsieur de Chateaubriand un instant, tous ses collègues lui ont été soumis et il n’a eu à lutter qu’avec la Congrégation.

Monsieur de Villèle excellait dans l’art de gouverner une Chambre. Il avait réussi, par toutes les ruses électorales permises ou non permises, à se procurer une majorité selon sa volonté, et il la soignait admirablement. Il avait constamment une oreille aux ordres de tous les imbéciles qui voulaient y déposer des sornettes ou lui raconter leurs puériles affaires. Il écoutait avec l’air de l’intérêt, sans aucun signe d’impatience, s’engageait à profiter de renseignements si utiles, et congédiait un homme dévoué qui s’en allait persuadé qu’il gouvernait Villèle et le proclamait un ministre incomparable.

Je suis loin de faire un tort à monsieur de Villèle de cette conduite. La faculté de se laisser patiemment ennuyer, sans trop le témoigner, est une vraie qualité d’homme d’État, surtout dans un gouvernement représentatif.

Le plus grand obstacle de monsieur de Villèle aux affaires c’est d’avoir été trop pressé d’y arriver. Son mérite incontesté et son influence dans son parti l’y auraient amené un peu plus tard ; mais, pour nouer l’intrigue qui l’y avait poussé, il lui avait fallu prendre des engagements qui le livraient pieds et poings liés à la Congrégation,

L’esprit prêtre et l’esprit émigré, relevant tous deux de Monsieur, voulaient diriger les affaires en dehors des intérêts nationaux. Monsieur de Villèle le sentait mieux que personne, mais, pris dans ses propres filets, il n’osait pas même chercher à s’en affranchir.

Deux de ses collègues, messieurs de Montmorency et de Clermont Tonnerre, se trouvaient les agents directs de la Congrégation. Messieurs de Lavau et Franchet lui obéissaient et l’inspiraient tour à tour, et monsieur de Rainneville, sous le titre de secrétaire général des finances, devint son espion près de monsieur de Villèle.

Homme d’esprit, monsieur de Rainneville ne tarda pas à s’apercevoir des dangers où l’on précipitait la monarchie ; il conçut des inquiétudes, mais ne put s’arrêter.

On va me dire, vous parlez sans cesse de la Congrégation ; qu’était-ce donc ? Je pourrais répondre : le mauvais génie de la Restauration, mais cela ne satisferait pas. Pour nous, qui l’avons vue à l’œuvre, nous ne pouvons douter de son existence, et pourtant je ne saurais dire, à l’heure qu’il est, quels étaient les chefs réels de cette association qui réglait le destin du pays. On a désigné un certain père Ronsin, jésuite. Je ne voudrais pas l’affirmer.

Indubitablement, la Société de Jésus se recrutait, à la Cour, de jésuites à robes courtes. Monsieur d’abord, Jules de Polignac, Mathieu de Montmorency, le marquis de Tonnerre, le duc de Rivière, le baron de Damas, en étaient les coryphées. Tout ce qui avait de l’ambition ou se sentait des dispositions à l’intrigue se ralliait, avec plus ou moins de zèle, à ce parti qu’on voyait au pinacle et qui ne devait point en descendre pendant tout le règne, prochainement espéré, de Monsieur.

Si je ne puis signaler les chefs de cette doctrine, je puis au moins indiquer ses projets ; ils me sont revenus par trop de voies, directes et indirectes, pour qu’ils ne me soient pas très familiers. Toutefois les articles n’en étaient pas rédigés avec une telle rigidité qu’ils ne conservassent assez d’élasticité pour se formuler avec plus ou moins de violence, selon les personnes qu’on cherchait à captiver. Mais voici les traits fondamentaux vers lesquels on devait tendre : les trois ordres rétablis dans l’État ; le clergé, mis en possession de biens territoriaux, indépendant, ne relevant que du Pape, c’est-à-dire de personne, et tenant le premier rang ; la noblesse, reconnue comme ordre, avec le plus des anciens privilèges qu’on pourrait ressusciter ; la Chambre des pairs rendue élective par la noblesse exclusivement qui se trouvait ainsi représentée comme faisant corps dans l’État ; la Chambre des députés conservée, on la reconnaissait instrument admirable pour battre monnaie (selon l’expression admise), mais avec une loi électorale qui donnât une influence considérable aux classes supérieures. Voilà comme on entendait la Constitution.

La Couronne avait aussi sa part. Il s’agissait d’établir un moyen pour, en dernier ressort, forcer les assemblées à enregistrer les volontés du Roi qui pût répondre au lit de justice de l’ancien régime.

C’est en professant ces doctrines qu’on était regardé comme fidèle serviteur du trône et de l’autel, phrase banale dont on nous a rebattu les oreilles pendant les dix années que les intérêts de coterie et de passion ont si activement travaillé à en saper les fondements au lieu de les relever comme ils le prétendaient.

Les lois sur le sacrilège, sur le rétablissement des couvents, sur le droit d’aînesse, et enfin la forme de l’indemnité donnée aux émigrés ont été imposées à monsieur de Villèle par la Congrégation. Il en sentait toutes les conséquences et tâchait de les éloigner le plus possible.

Pendant la première année, les conspirations lui servirent de prétexte. Elles furent poursuivies et punies avec une extrême rigueur. L’échafaud politique se releva dans plusieurs provinces, aussi bien qu’à Paris. La ruse employée contre les mécontents dans celles de l’Est excita l’animadversion publique.

On fit parcourir la campagne par un corps de troupe, criant « Vive l’Empereur », afin d’encourager les bonapartistes à se déclarer et d’obtenir des preuves de culpabilité contre eux. Il faut avouer que cette mesure était plus digne des suppôts de l’inquisition que des ministres d’un roi constitutionnel.

Toutefois, cela passa pour un trait d’habileté à la Cour et dans la Chambre des députés. Le pays et la Chambre des pairs furent indignés. Monsieur de Villèle se flattait qu’en jetant ces os à ronger à la Congrégation, elle se calmerait sur ses prétentions ; mais elle n’a jamais voulu lui laisser un moment de repos et, dès lors, elle préparait la guerre d’Espagne.