Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 1/Partie Physique
En rendant à la Classe des Sciences de l’Institut un nom que près d’un siècle de travaux utiles avait illustré, en lui permettant de s’associer des personnes qui, sans faire des sciences leur profession habituelle, s’honorent de les connaître et de les servir, le Roi a daigné conserver à cette compagnie l’organisation qu’elle avait reçue dans ces derniers temps, et dont une expérience déjà suffisamment constatée a si bien montré les avantages. Exempts, dès leur entrée, de toute dépendance et de toute humiliation, sans crainte de voir altérer cette union que l’amour commun de l’étude entretient si naturellement, les Académiciens continueront de cultiver chacun avec zèle les parties du grand maine scientifique qu’ils se sont distribuées, et de soumettre au jugement de leurs confrères les fruits qu’ils auront recueillis ; nos analyses, comme leurs travaux, conserveront donc l’ancienne forme, et celle que nous offrons aujourd’hui au public se rattachera sans interruption aux précédentes.
Espérons que la paix, les communications qu’elle ouvre, et l’émulation qu’elle excite, ne feront qu’en rendre le contenu de plus en plus intéressant.
On sait que les divers corps, et spécialement les divers liquides se dilatent par la chaleur, selon des proportions très-différentes. M. Gay-Lussac a cherché à découvrir quelque loi qui indiquât la règle de ces rapports ; pour cet effet, au lieu de comparer les dilatations des divers liquides au-dessus et au-dessous d’une température uniforme pour tous, il est parti d’un point, variable quant à la température, mais uniforme quant à la cohésion des molécules ; du point où chaque liquide entre en ébullition sous une pression donnée, et parmi ceux qu’il a essayés, il en a trouvé deux qui, à partir de ce point, se dilatent également ; ce sont l’alcool et le sulfure de carbone qui bouillent, le premier, à le second, à tandis que d’autres liquides ne présentent pas, à cet égard, la même ressemblance. Cherchant alors les autres analogies des deux liquides en question, M. Gay-Lussac a reconnu qu’ils se ressemblent encore en ce point, qu’un même volume de chacun d’eux à la température qui le fait bouillir, donne, sous la même pression, un même volume de vapeur, ou en d’autres termes, que les densités de leurs vapeurs sont entre elles comme celles des liquides à leurs températures respectives d’ébullition.
M. Gay-Lussac promet de donner suite à ses expériences, et de présenter bientôt des recherches plus complètes sur la dilatation des liquides et sur leur capacité pour le calorique, comparées à celles de leurs vapeurs.
Parmi les questions délicates dont s’occupe aujourd’hui la chimie, on doit ranger principalement celle des proportions selon lesquelles les élémens peuvent s’unir pour former les combinaisons des divers degrés. On a cru remarquer dans ces derniers temps qu’il y avait certaines limites affectées de préférence par la nature, et exprimées par des termes généralement simples ; et d’après les recherches de M. Gay-Lussac, cela est sur-tout vrai pour les combinaisons des gaz, quand, on a égard non pas à leur poids absolu, mais à leur volume sous une pression égale.
Ces sortes de recherches sont sujettes à de grandes difficultés, parce qu’il n’est pas toujours possible d’obtenir les combinaisons isolées, et que, lorsqu’on veut les extraire des sels dont elles font partie, elles se décomposent ou s’altèrent par le mélange des autres principes de ces sels, ou de l’eau qui y entre presque toujours.
C’est ainsi que l’on peut expliquer les différences notables des résultats de MM. Davy, Dalton, et Gay-Lussac, touchant les combinaisons de l’azote et de l’oxygène.
Des expériences présentées cette année à l’Académie par M. Gay-Lussac, il résulterait que le gaz nitreux contient un volume d’azote et un volume égal d’oxygène sans condensation ; que dans certaines circonstances il se forme une combinaison d’un volume d’azote contre un volume et demi d’oxygène, à laquelle M. Gay-Lussac donne le nom d’acide pernitreux ; que l’acide nitreux ordinaire se compose d’un volume d’azote contre deux volumes d’oxygène, enfin qu’il y a dans l’acide nitrique un volume d’azote et deux volumes et demi d’oxygène.
Parmi ces différentes variétés, si l’on peut s’exprimer ainsi, des oxides ou acides qui ont l’azote pour radical, il s’en trouve une que l’on obtient de la distillation du nitrate neutre de plomb préalablement desséché. C’est un liquide très-volatil, de couleur ofangée. M. Gay-Lussac le regardait comme l’acide nitreux dont les élémens seraient maintenus par l’action de l’eau qui en ferait partie ; mais M. Dulong s’est assuré, par des procédés d’analyse fort exacts, qu’il ne contient point d’eau, et le nomme par cette raison acide nitreux anhydre. Son résultat a été confirmé par la synthèse. Un volume de gaz nitreux, et un peu plus de deux volumes de gaz oxygène, soumis à un froid artificiel de vingt degrés donnent cet acide qui, entre autres propriétés, change de couleur, non-seulement par son mélange avec l’eau, mais par la chaleur ; incolore à 20° au-dessous de zéro, il devient orangé à 15° au-dessus, et presque rouge à 28º. Quatre parties de gaz nitreux et une partie de gaz oxygène, condensées de même par le froid, ont donné un liquide d’un vert foncé beaucoup plus volatil que le précédent, que M. Dulong regarde comme un simple mélange d’acide nitreux et d’un autre acide où la proportion du gaz nitreux serait beaucoup plus forte.
M. Dulong a examiné aussi les proportions selon lesquelles l’oxygène se combine avec le phosphore, pour former des acides. Avant lui, on n’en admettait que deux ; ses recherches lui font penser qu’il en existe quatre. Celle.où il entre le moins d’oxygène s’obtient en jetant dans l’eau un phosphure alcalin ; il se dégage de l’hydrogène phosphuré, et l’oxygène de l’eau forme avec le phosphore restant un acide qui demeure combiné avec l’alcali, et qu’on en expulse par l’acide sulfurique. M. Dulong le nomme hypophosphoreux, mais il croit que son radical se compose en partie d’hydrogène.
Un second acide, auquel M. Dulong transfère le nom de phosphoreux, s’obtient au moyen de la décomposition de l’eau par la combinaison de chlore et de phosphore au minimum, décomposition d’où il résulte deux acides, savoir, l’hydrochlorique ou muriatique, et celui dont nous parlons. M. Dulong le juge composé de 100 parties de phosphore et de près de 75 d’oxygène.
Le troisième acide est celui qui se produit par la combustion lente du phosphore dans l’air. Il se décompose, lorsqu’on le sature, en acide phosphorique et en acide phosphoreux ; et donne à-la-fois des phosphites plus solubles et des phosphates qui le sont moins. Toutefois, M. Dulong né le regarde pas comme un simple mélange, mais plutôt comme une combinaison de ces deux acides, qui aurait quelque ressemblance avec les combinaisons salines, et où l’acide phosphoreux ferait fonction de base. D’après cette opinion, il propose de le nommer phosphatique, pour rappeler l’analogie qu’il aurait avec les phosphates.
Le dernier terme de l’oxygénation est l’acide phosphorique : la proportion du phosphore à l’oxygène y est de 100 à 124. On l’obtient de la combustion vive du phosphore, ou de la décomposition de l’eau par le chlorure de phosphore au maximum, et encore de plusieurs autres manières. Il est identique avec celui qu’on retire des os des animaux.
Trois chimistes hollandais, MM. van Marum, Deyman, et Paëts van Troostwick, firent connaître, en 1796, un gaz composé d’hydrogène et de carbone, qu’ils nommèrent gaz oléfiant, par la raison que sa propriété la plus singulière était de former un liquide huileux par son mélange avec le gaz muriatique oxygéné. D’après la théorie que l’on avait alors sur le gaz acide muriatique oxygéné, on devait croire que son oxygène s’unissait à l’hydrogène carboné, et donnait ainsi une sorte d’huile ; mais aujourd’hui que l’on est venu à regarder ce gaz comme un corps simple, auquel M. Davy a donné le nom de chlore, on est obligé de chercher une autre explication. MM. Robiquet et Colín s’en sont occupés. Ils ont reconnu qu’en faisant arriver lentement dans un ballon un volume de gaz olefiant et deux volumes de chlore, ils se convertissent entièrement et sans résidu, en liquide huileux ; lequel, décomposé par le feu, donne de l’hydrogène non saturé de carbone, un dépôt de carbone, et beaucoup de gaz muriatique, c’est-à-dire, d’après la théorie nouvelle, de gaz hydro-chlorique ; le chlore entre donc en substance dans le liquide huileux. Mais y est-il comme chlore, et uni directement à l’hydrogène surcarboné ? ou bien s’y trouve-t-il uni à l’hydrogène, et comme acide hydro-chlorique, ou, autrement, muriatique ? C’est à la première de ces conclusions que les auteurs sont conduits, par des inductions tirées de la pesanteur spécifique des composans, et du composé, tandis que l’éther muriatique, qui a de nombreux rapports avec ce liquide huileux, leur paraît au contraire formé de l’union du gaz hydro-chlorique avec l’hydrogène carboné.
M. Chevreul continue toujours de travailler, avec le même zèle, à son Histoire chimique des corps gras. Nous avons dit d’après lui, dans le temps, comment la graisse de porc se compose de deux principes : l’un plus consistant, l’autre plus liquide ; comment l’action des alcalis en altère la combinaison, en sépare un principe nouveau analogue au corps doux de Scheele, et y occasionne la formation de deux autres principes de nature acide, avec lesquels l’alcali se combine pour former le savon ; nous avons exposé l’affinité diverse des alcalis et des terres avec ces deux acides, et les capacités de saturation de ces derniers ; enfin nous avons rendu compte de l’examen comparatif fait par M. Chevreul, de divers corps plus ou moins analogues à la graisse : tels que le calcul biliaire ; le spermacéti, l’adipocire des cadavres, et des différences essentielles qui les caractérisent. Dans un Mémoire présenté à l’Académie cette année, ce laborieux chimiste a commencé à rechercher les causes auxquelles sont dues les consistances, les odeurs et les couleurs particulières à quelques huiles et à quelques graisses ; et il s’est occupé des graisses d’homme, de bœuf, de mouton, de jaguar et d’oie. Les variétés de consistance tiennent à la proportion des deux principes généraux des corps gras ; mais les autres différences dépendent de principes particuliers et étrangers. M. Chevreul propose un système de nomenclature analogue au reste de la nomenclature chimique, tant pour les principes qu’il a découverts que pour leurs combinaisons salines. Les deux principes de la graisse devront se nommer stéatine et élaïne, d’après les mots grecs qui signifient suif et huile. Son principe acide le plus consistant, ou sa margarine, sera l’acide margarique ; l’autre, l’acide élaïque. Le spermacéti aura le nom de cétine, etc. Sans doute ces noms chargeront la mémoire, mais c’est un inconvénient inséparable des progrès de la science ; et des périphrases qui allongeraient le discours sans le rendre plus clair, auraient des inconvéniens non moins graves.
Le Groënland a fourni, depuis quelques années, une pierre en petits cristaux dodécaëdres d’un vert-céladon, que l’on a nommée SODALITE, parce qu’elle contient près d’un quart de son poids de soude unie avec de la silice et de l’alumine.
M. le comte Dunin-Borkowsky, gentilhomme gallicien et minéralogiste aussi zélé qu’instruit, a découvert une variété incolore et en gros prismes de cette même pierre, dans cette partie de la pente du Vésuve appelée Fossa-Grande, si célèbre par le nombre et la variété des minéraux qu’elle a offerts aux collecteurs. La composition de celui-ci, fort analogue à celle du verre, aurait pu frapper dans des cristaux rejetés par un volcan, s’ils n’étaient accompagnés d’une multitude d’autres espèces qui n’ont rien de commun avec le verre, et si les sodalites du Groënland ne se trouvaient pas dans des gisemens où l’on n’aperçoit nulle trace de feux souterrains.
La géologie, dans la forme scientifique à laquelle elle s’est élevée dans ces derniers temps, a moins pour objet d’imaginer, comme autrefois, des systêmes sur les états par où le globe a passé, que de décrire exactement son état actuel, et la position relative des masses qui composent son écorce. On sait que, sous ce dernier rapport, on a distingué ces masses, en primitives, c’est-à-dire dans lesquelles on ne voit point de traces de corps organisés, et que l’on croit antérieures à la vie ; et en secondaires, qui toutes sont plus ou moins remplies des débris de ces corps, et qui doivent en conséquence avoir été formées depuis qu’ils existent. Ces masses sont en outre généralement différentes par leur nature et par les matières qui les composent ; l’on a cru même long-temps que ces matières s’étaient succédées et remplacées d’une manière également tranchée, en sorte qu’aucune de celles qui se déposaient avant l’existence des corps organisés ne se serait déposée depuis, et réciproquement.
C’était là une assertion prématurée, que des observations plus exactes ont démentie. On s’est aperçu qu’entre ces deux genres de terrains il en existe de mélangés, en quelque sorte, où d’anciennes matières se reproduisent après que des matières nouvelles se sont montrées ; où quelques corps organisés sont recouverts par des masses de la même nature que celles qu’on croyait avoir cessé de se déposer depuis que la vie s’était montrée sur le globe. Ces monumèns du passage d’un état de chose à un autre ont été appelés terrains de transition.
Il n’est pas toujours facile de les reconnaître pour tels ; et M. Brochant, dans un Mémoire publié il y a quelque temps, avait eu besoin de toute sa sagacité pour rappeler à cette classe intermédiaire les plus grandes portions de la vallée de Tarentaise, d’autant que l’on n’avait point découvert alors quelques coquilles dont l’existence dans ces roches, a confirmé, de la manière la plus flatteuse, les conjectures et les raisonnemens de ce savant géologiste.
Il a étendu depuis ce genre de recherches, et les a portées principalement, cette année, sur les gypses anciens qui se trouvent en abondance dans certaines parties des Alpes, et dont tous les voyageurs qui traversent le Mont-Cénis ne peuvent manquer de remarquer d’énormes masses. Après avoir décrit, avec une scrupuleuse exactitude, toutes les circonstances de leur gisement, et avoir souvent contourné, les montagnes, sur les flancs desquelles ils se présentent, l’auteur montre leurs rapports de situation et de nature avec les terrains de transition, et prouve que l’on doit les ranger dans cette classe.
Les terrains primitifs eux-mêmes ne sont pas toujours faciles à caractériser : l’irrégularité de leur position, l’énormité des espaces où il faut quelquefois poursuivre leurs rapports, et les variations nuancées de leur composition, offrent de grandes difficultés. Ainsi M. Brochant a reconnu, par de longs voyages et de pénibles examens, que les hautes cimes des Alpes, depuis, le Mont-Cénis jusqu’au Saint- Gothard, et notamment le Mont-Blanc, ne sont point, comme on l’avait cru, de granit proprement dit, mais d’une variété plus cristalline et plus abondante en feld-spath, d’une roche talqueuse et feld-spathique qui domine dans une assez grande partie des Alpes, et qui contient souvent des minerais métalliques en couches ; il s’est assuré, en même temps, qu’un véritable terrain de granit règne sur la bordure méridionale de la chaîne ; et, d’après l’analogie, il regarde comme très-vraisemblable que ce terrain granitique supporte le terrain talqueux ; d’où il conclut que les hautes cimes des Alpes ne sont point la partie relativement la plus ancienne de ces montagnes.
Nous avons rendu compte, dans le temps, d’une disposition fort analogue, découverte dans les Pyrénées par M. Ramond.
L’on doit toutefois remarquer que la primordialité du granit, parmi les roches connues, souffre des exceptions. M. de Buch a constaté en Norwége que des granits, évidemment reconnaissables pour tels, sont superposés à des terrains que l’on croyait plus modernes, et même à des terrains à pétrifications. Ce fait a été observé également en Saxe et jusques dans le Caucase.
M. de Bonnard, ingénieur des mines de France, qui, par une singularité honorable pour nous, a donné à la géologie la première description complète de l’Ertzgebürge, de cette province de Saxe qui est en quelque sorte la patrie de la géologie, M. de Bonnard s’est attaché, dans cet ouvrage, à déterminer les lieux où le granit est inférieur aux autres terrains et ceux où il est supérieur à quelques-uns. On ne peut douter, d’après ses recherches, que le granit de Dohna ne soit dans ce dernier cas, ainsi l’avaient annoncé des observateurs saxons ; mais, en que d’autres endroits, et sur-tout près de Freyberg, on s’est trop empressé de conclure la supériorité du granit, de quelques irrégularités dans la forme de ses masses, dont les parties saillantes se ont quelquefois jour au travers des roches qui le recouvrent. Il paraît, au reste, que la chaîne qui sépare la Saxe de la Bohême a aussi les granits d’un côté de sa crête, du côté méridional.
Cet écrit de M. de Bonnard contient beaucoup d’autres détails précieux sur la nature et la position des terrains de la province célèbre qu’il a étudiée, ainsi que sur les riches filons métalliques qui la parcourent dans tous les sens, et sur lesquels l’industrie des mineurs s’exerce depuis si long-temps. Sous ces rapports, il est d’un égal intérêt pour la géologie et pour l’art de l’exploitation des mines.
M. Héron de Villefosse, aujourd’hui associé libre de l’Académie, a rendu à ce même art un bien grand service, par son ouvrage intitulé de la richesse Minérale. Le premier volume, qui avait pour objet l’administration des mines, imprimé dès 1810, est connu et apprécié depuis long-temps. Le second, où il est traité de leur exploitation a été présenté en manuscrit à l’Académie. L’auteur y réunit, à toutes les directions que donnent les sciences nombreuses d’où dérive la théorie, une immense quantité de faits pratiques qu’il a recueillis dans ses voyages et dans l’exercice de ses fonctions, en sorte que les préceptes y sont appuyés d’exemples qui n’ont rien d’imaginaire mais qui sont tous réalisés en quelques lieux. Un magnifique atlas offre à l’oeil tout ce que ces exemples ont de sensible : on y voit des cartes géologiques du Hartz et de la Saxe, les pays les plus célèbres par l’ancienneté de leurs mines ; des plans et des coupes de toutes les manières d’être du minerai dans le sein de la terre, ainsi que des voies que l’art a su ouvrir pour l’en retirer, et des mécaniques de tous genres que l’on emploie à cet effet, et presque tous ces matériaux sont inédits et rassemblés sur les lieux par l’auteur. On ne peut mettre en doute la grande utilité d’un tel ouvrage pour un pays où l’art dont il traite est encore si peu florissant.
La découverte si importante en géologie, faite par MM. Brongniart et Cuvier, de certaines couches pierreuses qui ne contiennent que des coquillages de terre et d’eau douce, et qui ne peuvent par conséquent avoir été formées dans la mer comme les autres couches coquillières, a excité de nombreuses recherches dans toute l’Europe. Nous avons rendu compte dans le temps de celles de MM. Marcel de Serres, et Daudebart de Férussac, sur les terrains d’eau douce de diverses contrées de France, d’Espagne, et d’Allemagne ; on en a fait d’analogues et fort étendues en Angleterre. Cette année, M. Beudant, professeur à Marseille, a considéré cette matière sous un nouveau rapport. Comme on trouve en quelques endroits des coquilles d’eau douce mêlées à des coquilles marines, il a cherché à découvrir, par l’expérience, jusqu’à quel point les mollusques d’eau douce peuvent s’habituer à vivre dans l’eau salée, et réciproquement jusqu’à quel point les mollusques marins peuvent supporter l’eau douce. Il a trouvé que tous ces animaux meurent promptement quand on change subitement leur séjour, mais qu’en augmentant par degrés la salure de l’eau pour les uns, et en la diminuant par degrés pour les autres, on les habitue, pour la plupart, à vivre dans une eau qui ne leur est pas naturelle. Quelques espèces résistent cependant à ces tentatives, et ne supportent point de variations dans l’eau qu’elles habitent.
La nature indiquait d’avance ces résultats ; certaines huîtres, certaines cérites, la moule commune, remontent assez haut dans les fleuves, et l’on voit quelques limnées dans des endroits où l’eau participe beaucoup de la salure de la mer.
M. Marcel de Serres a donné la suite de ses premières recherches sur ces terrains d’eau douce, dont nous avons rendu compte dans notre analyse de 1813. Il a fait connaître principalement, cette année, une formation de ce genre, qu’il regarde comme plus nouvelle que toutes les autres, et qu’il a découverte dans sept lieux différens des environs de Montpellier. Ses observations se rattachent en partie à celles de M. Beudant : il distingue, les espèces des environs de Montpellier en celles qui ne paraissent pouvoir vivre que dans les eaux douces ; celles qui peuvent subsister dans des eaux saumâtres, dont le maximum est de 2° 75 ; enfin celles à qui les eaux marines paraissent nécessaires. Il explique par-là quelques mélanges fort rares des débris de ces êtres.
Le terrain qu’il décrit se compose d’abord en quelque sorte de deux étages renfermant des coquilles différentes. Le supérieur en contient de terrestres en même temps que d’aquatiques. La formation nouvelle est appliquée à la surface de terrains divers, et principalement sur le haut des collines ou des plateaux. On y voit beaucoup de coquilles terrestres et d’empreintes de végétaux parfaitement semblables aux espèces qui vivent actuellement sur le même sol.
À mesure que l’on approfondit en Europe les méthodes d’observation géologique, il se trouve des naturalistes zélés qui les appliquent aux pays plus éloignés, et qui y retrouvent la nature fidèle aux mêmes lois.
Nous avons parlé plusieurs fois des immenses travaux de M. de Humboldt sur la structure et l’élévation respective des montagnes des deux Amériques. Ce savant voyageur a semblé préluder à des travaux non moins importants par un tableau des résultats obtenus dans l’Inde, sur la hauteur de divers pics de cette immense chaîne connue des anciens sous le nom d’Imaüs, et où les Indous ont placé les principaux faits de leur mythologie.
D’après les mesures trigonométriques de M. Webb, ingénieur anglais, quatre de ces pics seraient plus élevés que le Chimborasso, et l’un d’eux, la plus haute montagne connue jusqu’à ce jour sur le globe, aurait 4013 toises, ou 7821 mètres ; et même, selon d’autres calculs, 4201 toises, ou 8187 mètres.
M. de Humboldt fait dans ce Mémoire un usage heureux des lois de la géographie végétale, pour suppléer aux mesures de hauteur de certains plateaux que l’on n’a point encore pu prendre immédiatement ; et, lorsque telle ou telle plante se cultive dans un lieu, il détermine, d’après la latitude, quelle hauteur le plateau sur lequel ce lieu se trouve ne peut avoir dépassée. Ce sera un sujet curieux de vérification pour les voyageurs, qui, d’après les nombreux rapports qui s’établissent, vont sans doute, de plus en plus, visiter ces vallées et ces montagnes de l’Imaus, ce Thibet, ce Boutan, ce Népaul, les contrées les plus intéressantes peut-être du monde pour l’histoire du genre humain, si comme tout l’annonce c’est de-là que notre race est descendue.
Dans un espace plus borné, M. Moreau de Jonnès, nommé depuis peu correspondant, n’a pas laissé que de faire des observations utiles. Il a présenté à l’Académie une carte géologique d’une partie de la Martinique où sont marquées, avec un grand soin, les hauteurs des montagnes et des collines qui la hérissent, et principalement celle du volcan éteint qui paraît avoir donné naissance à ces inégalités qu’il domine.
L’auteur a étendu ses recherches à la géologie d’une grande partie de Antilles. Des pics volcaniques occupent les centres élevés de ces îles, et se nomment mornes ; les crêtes de laves qui en sont découlées s’appellent barres, et l’on désigne par la dénomination de plainiers les plateaux qu’elles ont formés en s’étalant à leur partie inférieure.
Les îles où il ne se trouve qu’un pic et un seul systême de déjections, telles que Saba, Nièves, Saint-Vincent, sont plus petites, moins importantes pour l’agriculture. Elles n’ont point de bons ports, parce que ces ports ne sont que l’extrémité des vallées laissées entre deux ou plusieurs systèmes, tels qu’il s’en voit à la Guadeloupe, à la Martinique, à la Dominique, à Sainte-Lucie, à la Grenade, etc. ; la Martinique, en particulier, paraît devoir son origine à six foyers volcaniques, et montre encore six pics auxquels tout son terrain se rapporte. C’est la topographie et la minéralogie exactes de l’un des six, celui de la montagne Pelée, que nous donne M. de Jonnès. Il croit cette nature volcanique si générale, qu’il suppose qu’elle sert de base même à celles des Antilles, qui n’offrent à l’extérieur que des calcaires manifestement coquilliers, telles que la Barbade, et la grande terre de la Guadeloupe. La Guadeloupe proprement dite est formée de quatre systèmes d’éruption, un desquels, la Soufrière, a conservé encore quelque activité. M. de Jonnès en donne aussi une description soignée dans une statistique générale de cette île.
Une des considérations les plus élevées de la botanique, et qui lie plus qu’aucune autre cette partie de l’histoire naturelle au grand ensemble des sciences physiques, c’est la géographie végétale, ou la science des lois de la distribution des plantes selon la hauteur du pôle, l’élévation du sol, la température et le degré d’humidité ou de sécheresse du climat.
M. de Humboldt, dont les voyages ont fait faire à cet ordre de connaissances comme à tant d’autres des progrès si remarquables, vient d’en donner en quelque sorte un traité complet sous le titre de Prolegomena de distributione geographica plantarum secundum cœli temperiem et altitudinem montium[1], ouvrage où il offre en même temps des recherches profondes sur la distribution de la chaleur, soit relativement aux positions des lieux, soit relativement aux saisons de l’année ; car, non-seulement les lignes sous lesquelles règne la même chaleur annuelle moyenne sont loin d’être parallèles à l’équateur, mais les lieux qui ont au total une chaleur moyenne égale sont loin d’avoir des étés et des hivers semblables ; cette chaleur moyenne peut-être plus ou moins inégalement répartie sur la totalité de l’année, et l’on conçoit que toutes ces différences doivent influer fortement sur la propagation des plantes. L’auteur passe ensuite aux différences qui résultent des élévations, et qui elles-mêmes ne sont pas semblables ou ne suivent pas les mêmes lois dans tous les lieux ; enfin M. de Humboldt arrive à une considération toute nouvelle, sur laquelle il a aussi donné une dissertation en français : c’est celle des lois de la distribution des formes végétales. En comparant, dans chaque pays, le nombre des plantes de certaines familles bien déterminées avec le nombre total des végétaux, on découvre des rapports numériques d’une régularité frappante. Certaines formes deviennent plus communes à mesure qu’on avance vers le pôle ; d’autres au contraire augmentent vers l’équateur ; d’autres enfin atteignent leur maximum dans la zone tempérée et diminuent également par le trop de chaleur et le trop de froid ; et, ce qui est bien remarquable, cette distribution reste la même tout autour du globe en suivant, non pas les parallèles géographiques, mais ce que M. de Humboldt appelle les parallèles isothermes, c’est-à-dire les lignes de même chaleur moyenne. Ces lois sont si constantes que, si l’on connaît dans un pays le nombre des espèces d’une de ces familles dont M. de Humboldt a donné la table, on peut presque en conclure le nombre total des végétaux et celui des espèces de chacune des autres familles.
Les prolégomènes dont nous venons de parler sont placés en tête du grand ouvrage que M. de Humboldt publie en ce moment avec MM. Bonpland et Kunth, sur les plantes nouvelles qu’il a découvertes dans l’Amérique équinoxiale. Cette augmentation, la plus riche et la plus brillante peut-être que la botanique ait reçue en une seule fois, sera exposée en six volumes in-4o qui contiendront six cents planches, et les descriptions de plus de quatre mille espèces. Le premier volume, renfermant toutes les monocotylédones, a paru cette année ; on y trouve trente-trois nouveaux genres, et parmi les seuls palmiers vingt-trois espèces nouvelles. MM. de Humboldt et Bonpland ont fait paraître en même temps la fin de leur description des Mélastomes, travail d’un extérieur plus magnifique, mais qui n’aurait pu être imité pour la totalité des végétaux șans entraîner à des dépenses et à des longueurs préjudiciables à la science autant qu’à ceux qui la cultivent.
En recueillant ainsi sans interruption les produits immenses de la grande et pénible entreprise de cet illustre voyageur, les amis des sciences sont en doute s’ils doivent plus de reconnaissance au courage qui l’a soutenu parmi tant de traverses et de fatigues, ou à la constance qu’il met à leur faire partager ses jouissances. Non-seulement il a fait par ses seuls moyens plus que bien des hommes envoyés, et spécialement entretenus par des souverains, mais il a eu sur-tout le mérite unique de ne pas imiter la plupart des gouvernemens qui, après avoir consacré des sommes immenses à une expédition, négligent presque toujours d’en faire publier les résultats d’une manière un peu complète.
En ce moment même M. de Humboldt fait paraître à Londres, avec M. Hoorner, un volume in-4o qui offrira trois cents espèces de mousses, de lichens, et d’autres cryptogames. Il en a présenté une planche à l’Académie.
M. de Beauvois, dont on doit également louer la persévérance à publier les plantes et les insectes recueillis dans ses voyages, a donné cette année les quatorzième et quinzième livraisons de sa Flore d’Oware et de Benin ; et, non content de ces anciennes récoltes, il a profité de l’humidité extraordinaire et si fâcheuse de cette année pour suivre son étude des plantes de la classe des champignons. Les pluies continuelles en ont tant développé, qu’il s’en est montré plusieurs qui avaient échappé aux botanistes précédens, même les plus heureux dans ces sortes de découvertes. Telles ont été : une variété de sclerotium qui a diminué de près des deux tiers la récolte des haricots non ramés, sur lesquels elle s’est propagée ; une nouvelle espèce de sphéria, qui a détruit prodigieusement d’oignons ; une nouvelle espèce d’urédo, qui leur a été encore plus pernicieuse ; enfin ce qui est très remarquable et offre peu d’exemples dans le règne végétal, un nouveau genre de plantes parasites qui croit sur une autre parasite et nuit considérablement au végétal obligé de les nourrir toutes deux. C’est une espèce de tubercule qui se fixe au-dessus de la racine de l’orobanche rameuse que l’on sait être la parasite du chanvre. Ce tubercule présente des caractères qui le rapprochent des truffes et des sclérotium, mais avec des différences qui le constituent genre nouveau et intermédiaire. Se proposant de répéter ses observations l’année prochaine sur cette plante très-remarquable, M. de Beauvois a remis à cette époque à lui assigner un nom, après avoir mieux reconnu sa manière de croître et tous les détails de son organisation.
On sait que les plantes de la famille des dipsacées, telles que les scabieuses, sont assez voisines des composées par plusieurs des caractères de leurs fleurs et de leurs fruits ; la marque la plus apparente qui les en distingue, est que les anthères sont entièrement libres. Les botanistes ont découvert quelques plantes à fleurs également formées de plusieurs fleurs plus petites, dont les anthères sont réunies par leur partie inférieure seulement. On doutait de la place qu’il fallait leur donner : M. Henri de Cassini, qui les a examinées à la suite de son grand travail sur la famille des sytianthérées ou composées, dont nous avons eu plusieurs fois occasion de parler, a trouvé qu’elles diffèrent des synanthérées parce que leurs anthères n’ont point d’appendices au sommet ; parce que leur style et leur stigmate ont une autre conformation ; parce que la graine est suspendue au sommet de la cavité de l’ovaire, et contient un albumen épais et charnu. Elles différent des dipsacées par les anthères réunies inférieurement, par leurs feuilles alternes : mais la plupart de leurs autres caractères leur sont communs avec ces deux familles. En conséquence, M. de Cassini croit qu’on peut en faire une famille distincte qui servira de lien aux deux autres, et qu’il désigne par le nom de boopidées. Elle comprendra les genres calycera de cavanilles, boopis et lacicarpha de M. de Jussieu.
Nous avons annoncé, l’année dernière, l’opinion de M. de Candolle, sur cette substance nuisible que l’on appelle ergot, et qui se montre dans les épis du seigle et de quelques-autres céréales, sur-tout dans les pays et par les temps humides. L’année 1816 en a malheureusement beaucoup produit, et M. Virey a fait, sur ce sujet, quelques recherches qui le portent à regarder l’ergot, ainsi qu’on le faisait autrefois, comme une dégénérescence du grain, et non pas comme un champignon du genre sclerotium, ainsi que le croyait M. de Candolle. Il dit avoir observé des grains ergotés qui non-seulement avaient conservé leur forme naturelle, mais où l’on voyait encore des débris de stigmates ; et il rappelle l’assertion de M. Tessier, que l’on observe sur beaucoup d’épis des grains qui ne sont ergotés qu’à moitié, et tantôt vers le sommet, tantôt vers la base.
M. Vauquelin a fait à cette occasion une analyse comparative du seigle sain, de l’ergot de seigle, et d’un sclerotium bien reconnu pour tel.
On ne trouve dans l’ergot ni l’amidon ni le gluten dans leur état naturel, quoiqu’il y ait une matière muqueuse et une matière végéto-animale abondante et disposée à la putréfaction. Il contient une huile fixe toute développée. Les principes du sclerotium sont fort différens. Sans être décisives, ces expériences ont porté quelques personnes à douter, comme M. Virey, que l’ergot soit un champignon.
M. Gail, membre de l’Académie des Belles-Lettres, nous a communiqué quelques recherches critiques sur les plantes dont parle Théocrite. Elles ont moins pour objet de déterminer autrement l’espèce de ces plantes que d’expliquer comment Théocrite a pu leur donner certaines épithètes ou en tirer certaines comparaisons : elles rentrent donc autant dans la philologie que dans la botanique, et le public les connaîtra plus en détail par l’analyse des travaux de l’Académie, à laquelle appartient ce célèbre helléniste.
Les animaux ont aussi leur géographie, car la nature en retient aussi chaque espèce dans certaines limites, par des liens plus ou moins analogues à ceux qui arrêtent l’extension des végétaux. Zimmerman a donné autrefois sur la répartition des quadrupèdes, un ouvrage qui n’a pas été sans célébrité. M. Latreille vient d’en publier un sur celle des insectes. On sent qu’elle doit avoir des rapports intimes avec celle des plantes ; et en effet, l’on retrouve de même sur les montagnes d’un pays plus chaud, les insectes qui habitent les plaines d’un pays plus froid. Les différences de dix à douze degrés en latitude amènent toujours, à hauteur égale, des insectes particuliers ; et, quand la différence est de vingt à vingt-quatre, presque tous les insectes sont différens. On observe des changemens analogues correspondans aux longitudes, mais à des distances beaucoup plus considérables.
L’ancien et le nouveau monde ont des genres d’insectes qui leur sont propres, et les espèces, même de ceux qui sont communs à l’un et à l’autre, présentent des différences appréciables. Les insectes des pays qui enclavent le bassin de la Méditerranée, et ceux de la mer Noire et de la mer Caspienne ; les insectes encore d’une grande partie de l’Afrique, ont beaucoup d’analogie entre eux. Ces contrées forment sur-tout le domaine des coléoptères qui ont cinq articles aux quatre tarses antérieurs et un de moins aux deux derniers. L’Amérique nous offre, outre les genres qui lui sont propres, un très-grand nombre d’insectes herbivores tels que chrysomèles, charansons, cassides, capricornes, papillons, etc. Ceux de l’Asie, au-delà de l’Indus, ont une grande affinité, quant aux familles et aux genres dont ils font partie. Les espèces de la Nouvelle-Hollande, quoique voisines de celles des Moluques s’en éloignent néanmoins par des caractères essentiels. Les îles de la mer du Sud et l’Amérique méridionale semblent laisser entrevoir, à cet égard, quelques rapports généraux, tandis que l’entomologie de l’Afrique contraste essentiellement, en plusieurs points, avec celle de l’Amérique méridionale.
Dans l’Europe occidentale, le domaine des insectes méridionaux se manifeste très-sensiblement, dès qu’en allant du nord au midi on parvient aux pays favorables à la culture de l’olivier. La présence du bousier sacré et des scorpions annoncent ce changement remarquable de la température ; mais il ne s’opère, dans l’Amérique boréale, qu’à une latitude plus rapprochée de l’équateur d’environ cinq à six degrés. La forme du nouveau continent, la nature de son sol et de son climat, produisent cette différence.
M. Latreille expose ensuite une nouvelle division de la terre par climats. Le Groënland, quoique très-voisin de l’Amérique, paraît cependant, d’après la faune qu’en a donnée Othon Fabricius, se rapprocher davantage, à cet égard, de l’Europe septentrionale et occidentale. On peut du moins considérer le Groënland comme une terre intermédiaire entre les deux Mondes. D’après ce motif, M. Latreille le prend pour point de départ d’un premier méridien, qui, passant 34° à l’ouest de celui de Paris, se prolonge dans l’Océan atlantique, et se termine à la Terre de Sandwich, au 60º de latitude sud, le nec plus ultrà de nos découvertes vers le pôle antarctique. Ce méridien, à partir du 84º de latitude nord, dernier terme approximatif de la végétation, et ensuite, au-delà, jusqu’au 60° de latitude sud, est coupé de douze en douze degrés, par des cercles parallèles à l’équateur. Les intervalles forment autant de climats que M. Latreille désigne sous les noms de polaire, sous-polaire, supérieur, intermédiaire, sur-tropical, tropical, et équatorial. Mais, comme les insectes de l’Amérique diffèrent spécifiquement de ceux de l’ancien continent, et qu’à commencer au bassin de l’Indus, les insectes de l’Asie orientale semblent s’éloigner, sous plusieurs rapports généraux, de ceux des parties occidentales, M. Latreille divise d’abord les deux hémisphères par un autre méridien, qu’il fixe à 182º degrés à l’est de celui de Paris, et partage ensuite chaque continent en deux grandes portions, au moyen de deux autres méridiens : l’un est de 62º plus oriental que celui de Paris, et passe sur les limites occidentales du bassin de l’Indus ; l’autre coupe l’Amérique à 106º à l’ouest du méridien de Paris, et détache la partie de ce continent qui est la plus rapprochée géographiquement, et peut-être quant aux productions naturelles, de l’Asie. Les deux hémisphères sont ainsi partagés longitudinalement en deux zones, l’une orientale, et l’autre occidentale.
Tout Paris a pu voir une femme venue du Cap-de-Bonne-Espérance, que l’on montrait au public, sous le nom de Vénus hottentotte. Elle appartenait à une nation de l’intérieur de l’Afrique, célèbre chez les colons du Cap par sa férocité, et que l’aridité des cantons qu’elle habite et les persécutions des peuples du voisinage contribuent également à réduire à l’état le plus misérable. La petitesse de leur taille, les formes particulières de leur tête, la couleur jaune de leur peau, et sur-tout l’énorme saillie des fesses dans les femmes, semblent en faire une race bien distincte des nègres et des cafres dont ils sont entourés. On a sur-tout beaucoup parlé du tablier de ces mêmes femmes, que les premiers voyageurs avaient d’abord représenté fort inexactement, et dont quelques voyageurs plus récens ont été jusqu’à nier l’existence.
La personne dont nous parlons étant morte à Paris, M. Cuvier a eu occasion de la disséquer, et de constater les particularités de son organisation. Elle possédait le tablier ; mais ce n’est ni un repli de la peau du ventre, ni un organe particulier : c’est seulement une production considérable de la partie supérieure des nymphes, qui tombe devant l’ouverture de la vulve, et la couvre entièrement. Les proéminences des fesses ne se composent que d’un tissu cellulaire rempli de graisse, à-peu-près comme les bosses des chameaux et des dromadaires. Le squelette n’en conserve point de marque, si ce n’est un peu plus de largeur et d’épaisseur aux bords du bassin. La tête offrait un mélange singulier des caractères du nègre et de ceux du calmouque ; enfin, les os des bras, remarquables par leur minceur, offrent quelques rapports éloignés avec ceux de certains singes.
Un des reptiles venimeux les plus redoutables, après le serpent à sonnette, c’est la vipère jaune, ou fer-de-lance de la Martinique et de Sainte-Lucie, sur laquelle M. Moreau de Jonnès a lu à l’Académie un Mémoire intéressant. Les naturalistes la placent aujourd’hui dans le genre des trigonocéphales, caractérisé par les fossettes situées derrière les narines. Elle remplit la principale des colonies qui nous restent. Quelques-uns prétendent qu’elle y fut autrefois apportée, en haine des caraïbes, par les arrouages, peuplade des bords de l’Orénoque tradition qui expliquerait peut-être comment elle est restée étrangère aux autres Antilles. Depuis les bords de la mer jusqu’au sommet des Mornes, l’on est exposé à ses atteintes ; mais son principal refuge est dans les champs de cannes à sucre, où des multitudes de rats lui servent de pâture, et où elle se propage avec une abondance proportionnée au nombre de ses petits, qui est de cinquante à soixante par portée. Sa longueur va quelquefois à plus de six pieds. On a cherché en vain jusqu’à-présent à détruire ces vipères, en les faisant poursuivre par des chiens terriers de race anglaise. M. Jonnès propose d’essayer contre elles cet oiseau de proie à hautes jambes, appelé messager ou secrétaire (falco-serpentarius, L.), qui dévore tant de serpens aux environs du Cap-de-Bonne-Espérance ; et l’administration a déja songé à faire transporter cette espèce utile à la Martinique. Peut-être la mangouste ne rendrait-elle pas de moindres services.
M. Cuvier a terminé par un Mémoire étendu, sur le poulpe, la seiche et le calmar, le travail qu’il avait entrepris depuis long-temps sur l’anatomie des mollusques. Les genres que nous venons de désigner sont les plus remarquables de cette nombreuse classe d’animaux, par la complication et les singularités de leur structure. Pourvus de trois cours, d’un système nerveux très-développé, de grands yeux aussi bien organisés que ceux d’aucun animal vertébré, de viscères excrétoires très-singuliers et formés sur un plan dont la nature n’offre pas d’autre exemple, ils méritaient toute l’attention des naturalistes, L’auteur a réuni ce travail à tous ceux qu’il avait lus précédemment à l’Institut, sur des animaux de la même classe, pour en former un volume in-4º, orné de trente-six planches en taille douce, qui vient de paraître, sous le titre de Mémoires pour servir à l’histoire et à l’anatomie des mollusques.
En faisant ses recherches anatomiques sur les seiches, M. Cuvier a eu occasion de reconnaître la nature d’un fossile assez commun dans nos couches calcaires, et qui avait offert jusques-là une énigme indéchiffrable aux géologistes. C’est une partie osseuse, concave d’un côté, avec un rebord rayonnant, convexe du côté opposé, et armée d’une forte épine entre la convexité et le rebord. Il est démontré aujourd’hui que c’est l’extrémité inférieure d’un os de seiche ; et, si l’on est étonné de quelque chose, c’est que l’on ne se soit pas aperçu plutôt d’un rapport aussi évident.
Les eaux douces de quelques cantons du midi de la France nourrissent un très-petit coquillage semblable à un bouclier surmonté d’un aiguillon pointu et recourbé. On l’avait cru univalve, et on l’avait nommé l’ancyle épine de rose ; mais M. Marcel de Serre vient de s’assurer que c’est une des valves d’un coquillage bivalve et régulier, dont la charnière a des caractères qui lui sont propres. En conséquence, il en fait un genre qu’il nomme acanthis. L’animal de cette coquille n’a pas encore été observé.
Les animaux sans vertèbres en général, considérés sous le rapport de la classification et de l’énumération des espèces, font l’objet d’un grand ouvrage dont M. de Lamarck vient de publier les trois premiers volumes in-8o. Commençant par les êtres et les simples, c’est-à-dire par les animaux microscopiques, l’auteur passe aux polypes, soit libres, soit soutenus par ces masses plus ou moins solides auxquelles on a donné le nom générique de coraux. Il en vient ensuite aux radiaires, classe dans `laquelle il comprend les êtres mollasses vulgairement nommés orties de mer, et ceux à qui leur enveloppe, souvent épineuse, a fait donner le nom d’échinodermes.
Il fait une quatrième classe, qu’il appelle tuniciers, de ces mollusques composés dont M. Savigny nous a révélé, il y a un an, la singulière histoire, ainsi que des mollusques simples analogues à ceux dont la réunion forme ceux-là.
La cinquième classe comprend les vers intestinaux, auxquels l’auteur joint quelques vers des eaux douces, qui semblaient devoir rester parmi les annélides.
Son troisième volume se termine par une partie des insectes.
Le grand détail où M. Delamarck est entré, les espèces nouvelles dont il donne la description, rendent son livre précieux aux naturalistes, et doivent en faire desirer la prompte continuation, sur-tout d’après la connaissance que l’on a des moyens que cet habile professeur possède pour porter à un haut degré de perfection l’énumération qu’il nous donnera des coquilles, cette partie immense de l’histoire naturelle.
Quant à l’histoire des coraux, elle vient d’être enrichie du grand travail de M. Lamouroux, sur ceux de leurs genres dont la partie solide est flexible ; travail que nous avons annoncé plusieurs fois dans nos analyses précédentes, et qui a paru cette année en un volume in-8o, avec dix-huit planches. On y prend connaissance d’un nombre vraiment effrayant d’espèces et de genres dont plusieurs, sous d’autres noms, se trouvent être les mêmes qu’a établis M. de Lamarck.
Le public jouit aussi maintenant, par la voie de l’impression, de l’Histoire des Crustacées de Nice, par M. Risso, et des belles Recherches de M. Savigny, sur la bouche des insectes et sur les mollusques composés. Ces derniers travaux sur-tout qui ouvrent à la science des vues toutes nouvelles, sont bien dignes de l’attention des naturalistes ; mais, comme les uns et les autres avaient été précédemment communiqués à l’Académie, et que nous en avons déja donné des analyses, nous nous dispenserons d’y revenir.
Cette multiplication de jour en jour croissante des êtres animés que les naturalistes observent, la nécessité de mèttre de temps en temps quelque ordre plus convenable dans leur distribution, et dans les caractères qu’on leur assigne, ont déterminé M. Cuvier à en reproduire l’ensemble, dans un ouvrage en quatre volumes in-8o, avec dix-huit planches, qu’il vient de publier, sous le titre de Règne animal distribué d’après son organisation.
Il a eu en même temps pour but de faire servir cet ouvrage d’introduction à la grande anatomie comparée qu’il prépare, et, pour cet effet, il y fait marcher de front les caractères intérieurs et extérieurs. Ses classes sont celles dont nous avons donné le tableau, il y a deux ans ; mais ce que nous n’avons pu indiquer alors, et ce que nous ne pouvons indiquer aujourd’hui que d’une manière générale, c’est l’extrème division des genres en sousgenres et autres coupures inférieures, par où l’auteur croit être arrivé à une précision telle que l’on ne peut presque plus hésiter sur la place d’une espèce. C’est sur-tout parmi les animaux vertébrés que ce travail était nécessaire et que l’auteur a mis beaucoup de soin à l’exécuter, en y joignant des recherches nombreuses et nouvelles sur les confusions de synonymies et sur tous les doubles emplois si communs dans les auteurs qui n’ont pas usé d’une extrême critique.
M. de Barbançois, correspondant, propose encore quelques changemens, ou plutôt quelques subdivisions ultérieures dans la distribution méthodique des animaux. Il ne voudrait pas que l’homme restât confondu avec les mammifères, et pense même que l’on pourrait en faire un quatrième règne de la nature, qu’il propose d’appeler le règne moral ; il desirerait faire des reptiles visqueux ou batraciens, une classe distincte des reptiles écailleux ; séparer les céphalopodes des autres mollusques ; porter les mollusques cirrhipèdes à la tête des annélides, et introduire quelques arrangemens analogues dans les classes anciennes, que d’ailleurs il adopte.
Le grand objet de ces sortes de recherches est moins d’établir ou de multiplier des subdivisions que de ne jamais éloigner dans celles qu’on admet des êtres qui se ressemblent, ni rapprocher des êtres qui ne se ressemblent point. À cet égard M. de Barbançois ne conteste aucun des rapports reconnus par les naturalistes qui l’ont précédé.
Une des questions les plus intéressantes de la physiologie, c’est l’origine de l’azote qui fait un élément essentiel du corps animal. On soupçonnait bien que la respiration qui enlève le carbone et l’hydrogène du sang, en y laissant l’azote, contribue par-là même à augmenter la proportion définitive de celui-ci, mais on ne savait pas positivement si cet azote vient tout entier des alimens, ou si l’atmosphère n’en fournit pas aussi une partie, soit au travers du poumon dans la respiration, soit par le moyen de l’absorption qui se fait à toute la surface du corps, ou enfin s’il ne s’y produit point par l’action même de la vie.
M. Magendie a voulu s’en assurer par des expériences, et pour cet effet il a nourri des chiens avec des substances qui ne contiennent point sensiblement d’azote, et principalement avec du sucre, de la gomme, de l’huile d’olive, du beurre, auxquels il ajoutait de l’eau distillée. Ces animaux ont tous fini par périr, mais avec des phénomènes très-singuliers ; entre autres une ulcération de la cornée, qui a quelquefois percé cette membrane de manière que l’œil s’est vidé de ses humeurs. Leurs sécrétions prenaient le caractère de celles des herbivores ; les principes contenant de l’azote y diminuaient de plus en plus ; le volume des muscles était réduit au sixième ; et ces suites fâcheuses ne provenaient pas du défaut de digestion, car les alimens non azotés donnent du chyle et remplissent les vaisseaux lactés, ils soutiennent la vie plus long-temps que si l’on refusait absolument la nourriture.
L’azote entre comme partie essentielle dans l’urée, et dans l’acide urique, ces élémens du calcul de la vessie, et ces matières diminuent sensiblement dans l’urine des animaux nourris de substances non azotées. M. Magendie en a conclu qu’au moyen d’un régime très-végétal on pourrait au moins ralentir les progrès de cette funeste maladie de la pierre. Il est vrai que le régime entièrement végétal donne quelquefois une maladie contraire, le diabétès sucré ou flux excessif d’une urine où abonde la substance sucrée, maladie que l’on guérit en se nourrissant de viande.
Ces faits peuvent devenir utiles en médecine, et donner des indications diététiques importantes.
M. Magendie a aussi fait, en commun avec M. Chevreul, des essais pour déterminer la nature des gaz qui se développent au moment de la digestion dans les diverses parties du canal alimentaire. Dans quatre suppliciés, qui avaient pris, un peu avant leur mort, des alimens déterminés, l’estomac a offert de l’oxigène, de l’acide carbonique, de l’hydrogène pur, et de l’azote ; l’intestin grèle les trois derniers gaz, mais point d’oxigène ; le gros intestin, enfin, joignait à de l’acide carbonique et à de l’azote, des gaz hydrogènes carbonés et sulfurés : ces deux derniers n’appartiendraient donc qu’aux gros intestins, l’oxigène se trouverait dans l’estomac seulement ; l’azote et l’acide carbonique existeraient dans tout le canal, et la quantité de ce dernier augmenterait en descendant.
Si l’ignorance en médecine est souvent dangereuse, elle n’est peut-être jamais plus terrible que dans les cas où, appelée à éclairer la justice, elle l’égare par des rapports inconsidérés et qui peuvent attirer sur l’innocence le supplice et la honte réservés au crime. Aussi l’ouvrage que M. Chaussier a entrepris sur la médecine légale, et qui a pour objet de faire concourir les lumières acquises par l’anatomie, la chimie, et la physiologie, à déterminer les causes de mort d’après l’inspection des cadavres, est-il d’un intérêt vraiment social. Aux règles générales que l’auteur prescrit, il ajoute comme exemples plusieurs rapports faits en justice sur des cas remarquables, et y joint ses remarques sur les omissions, les erreurs, les obscurités, les vices de raisonnement, qui ne se rencontrent que trop souvent dans ces pièces importantes.
Toute cette partie répond complètement à l’épigraphe du livre :
mais l’auteur ne s’est pas borné à ce que promet son titre. Il a fait aussi remarquer des vices dans la manière ordinaire d’ouvrir les cadavres pour la simple anatomie pathologique, vices qui ont souvent conduit à de fausses conclusions touchant la nature et le siége des maladies ; enfin la physiologie générale elle-même profitera d’une infinité de remarques délicates sur des fonctions peu étudiées que communique en passant ce savant physiologiste.
M. Moreau de Jonnès, qui a observé avec tans de soin la géologie des Antilles ; ne s’est pas occupé avec moins de zéle de leur climat, de ses funestes effets sur la santé de Européens, et des moyens de prévenir ou de guérir une partie des maux qu’il occasionne. Il a sur-tout recherché par quelles règles d’hygiène il serait possible d’en préserver les troupes. Les précautions qu’il indique pour le débarquement, le logement, la nourriture, les marches des soldats, sont dictées par une sage théorie médicale, et la plupart ont déja été confirmées par l’expérience. Son ouvrage a été envoyé dans les colonies par ordre des ministres de la guerre et de la marine.
M. Boyer a donné un Mémoire précieux sur une maladie cruelle dont il a le premier découvert les moyens de curation. Il s’agit de certaines fissures qui surviennent à l’anus, et qui, accompagnées d’un état spasmodique de cette partie, occasionnent des douleurs inouies et des angoisses insupportables. Une incision au sphincter pratiquée avec soin, les fait cesser constamment et pour ainsi dire subitement.
M. Larrey est l’un des chirurgiens qui ont exercé leur art sur les théâtres les plus vastes et les plus variés ; attaché aux armées françaises pendant vingt-cing campagnes, ils les a suivies dans les quatre parties du monde, et a dirigé en chef le service chirurgical en Égypte et en Russie, aussi-bien que dans tous les climats intermédiaires ; aux époques des victoires les plus brillantes et de la plus grande prospérité, comme à celles des defaites les plus affreuses et du dénuement le plus absolu. Aucune occasion ne lui a donc manqué, et il a profité de toutes.
Aux résultats de son expérience, déja consignés dans ses ouvrages publics, il a joint cette année des observations importantes sur les effets des corps étrangers introduits dans la poitrine, et sur les opérations qui ont pour but de les extraire. Lorsque des amas de pus ou de sang ont forcé les poumons de se contracter, l’expulsion de ces matières occasionne dans le thorax un vide que la nature tend à remplir, soit par une production de nouvelle substance, soit par le déplacement des côtes et de quelques autres des parties voisines. M. Larrey a fait voir ces changemens dans des individus qu’il a été possible d’ouvrir, parce que, depuis leur guérison, ils avaient succombé à d’autres accidens.
Il a présenté un sujet parfaitement guéri de l’extirpation de la cuisse dans son articulation supérieure, opération sur la possibilité de laquelle M. Larrey a fixé le premier l’opinion des praticiens, en faisant connaître le procédé à l’aide duquel on peut l’exécuter sûrement.
Le poil de castor, si nécessaire à la fabrication des chapeaux fins, devenant de plus en plus rare et cher, on a essayé de plusieurs autres poils, sans en trouver encore qui le pussent entièrement remplacer. M. Guichardière, fabricant de chapeaux à Paris vient d’employer avec succès à cet usage le poil de loutre marine et celui de loutre indigène. À la vérité, des chapeaux entièrement composés ainsi, seraient beaucoup trop chers, mais on peut avec profit glacer, ou, comme disent les chapeliers, dorer de ce poil des chapeaux dont le corps est formé d’un poil plus commun. C’est ce que l’on pratique aussi depuis longtemps avec le poil de castor.
Nous devons encore placer au rang des ouvrages utiles qui ont occupé les membres ou les correspondans de l’Académie, pendant l’année 1816, l’Instruction de M. Huzard, sur les mesures à prendre par les nourrisseurs, pour désinfecter leurs étables et préserver leur bestiaux de l’épizootie ; plusieurs articles d’agriculture, insérés par M. Yvart, dans le Nouveau Dictionnaire d’Histoire naturelle, et sur-tout l’article sur l’accouplement des animaux domestiques, qui a été lu à la compagnie ; et l’Histoire de l’Agriculture Française, par M. Rougier de la Bergerie.
- ↑ Paris, 1817. Un volume in-8o.