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VII

chateaubriand et mme de custine[1].


Sur les relations de Chateaubriand et de Mme de Custine, nous n’avons pas moins de deux volumes publiés, le premier en 1888 par M. Agénor Bardoux, le second en 1893 par M. Chédieu de Robethon.

Déjà en 1885, M. Bardoux avait consacré un volume à la Comtesse Pauline de Beaumont ; son livre sur Madame de Custine en était comme la suite. Certes, dans ces deux volumes, l’auteur a mis de l’esprit, de l’intérêt, de la délicatesse. On me permettra cependant de tenir pour fâcheuses de telles publications. Que Chateaubriand, puisqu’il appartient à l’histoire, relève de la chronique, je le veux bien ; mais ces femmes qui ont vécu dans l’ombre, qui n’ont jamais joué aucun rôle, a-t-on le droit aujourd’hui de les mettre en scène, de venir, après un demi-siècle et plus, raconter leurs amours, vider leurs tiroirs et jeter en pâture à la malignité publique leurs lettres les plus intimes ?

Quoiqu’il en soit, M. Bardoux a pris texte des relations de Mme de Custine et de Chateaubriand pour présenter sous un jour odieux le caractère du grand écrivain. Il a fait de Mme de Custine une victime misérablement trahie, lâchement abandonnée ; il a fait de Chateaubriand un froid adorateur, sans scrupules, sans remords et sans pitié.

Il y avait peut-être quelque témérité, de la part de M. Bardoux, à mettre ainsi tous les torts à la charge de l’une des parties, alors que les pièces principales du procès lui faisaient défaut. De la correspondance échangée entre Chateaubriand et Mme de Custine, il ne possédait rien, en effet, si ce n’est une lettre et quelques billets à peu près insignifiants. Cette correspondance existait pourtant ; elle était aux mains d’un heureux collectionneur, M. Chédieu de Robethon. Ce dernier n’avait pas moins de quarante lettres de Chateaubriand à Mme de Custine. Or, ces lettres, loin de s’accorder avec les sévérités dont l’illustre écrivain venait d’être l’objet, le disculpaient, au contraire, complètement. Ne devenait-il pas dès lors nécessaire de les publier ? M. de Robethon l’a pensé avec d’autant plus de raison, qu’il ne pouvait être accusé de révéler au public les faiblesses de la vie de Mme de Custine : après le livre de M. Bardoux, il ne restait plus une indiscrétion à commettre.


À quelle époque Chateaubriand et Mme de Custine se sont-ils connus ? comment est né ce long attachement qui a traversé tant de fortunes diverses et que la mort seule a brisé ? D’après M. Bardoux, ils se seraient vus pour la première fois en 1803, dans le salon de Mme de Rosanbo, alliée au frère aîné de Chateaubriand, qui avait été une des compagnes de Mme de Custine à la prison des Carmes[2]. M. de Robethon est d’avis que leur première rencontre remonte un peu plus haut, peut-être jusqu’à l’année 1801, et qu’elle a eu lieu dans des circonstances très différentes. Il croit, en effet, trouver un indice de leurs premières relations dans la page des Mémoires d’Outre-tombe où Chateaubriand raconte que, après l’apparition du Génie du christianisme, au milieu de l’enthousiasme des salons, il fut enseveli sous un amas de billets parfumés : « Si ces billets, continue-t-il, n’étaient aujourd’hui des billets de grand’mère, je serais embarrassé de raconter avec une modestie convenable, comment on se disputait un mot de ma main, comment on ramassait une enveloppe suscrite par moi, et comment, avec rougeur, on la cachait, en baissant la tête, sous le voile tombant d’une longue chevelure. » Ce dernier trait s’appliquait évidemment à une seule personne et à un fait particulier ; c’est une émotion unique que le poète a ressentie à ce larcin, gage indiscret d’un naissant amour, qui se dérobait « sous le voile d’une longue chevelure ». Cette longue chevelure, nous la retrouvons deux fois dans la page des Mémoires que je viens de rappeler. Chateaubriand semble en avoir fait pour Mme de Custine une sorte d’auréole, un charme distinctif qui n’appartient qu’à elle.

À l’appui de la conjecture, déjà très plausible, de M. de Robethon, il est permis aujourd’hui d’apporter une preuve directe et décisive. Parmi les lettres inédites de Chateaubriand à Fontanes, récemment publiées par M. l’abbé Pailhès, j’en trouve une, en date du 8 septembre 1802, qui commence ainsi :

Eh bien, mon cher enfant, les vers ? Vous êtes un maudit homme. Pas un signe de vie de votre part…

Comment va Mme Fontanes, et l’enfant[3], et la sœur, et l’oncle ? Que vous êtes heureux d’avoir tant de cœurs qui s’intéressent à vous ?

La grande voyageuse[4], comment est-elle ? Je ne sais si elle a reçu ma lettre.

À propos de lettres, il vient de m’arriver, par la poste, toute décachetée une lettre qui me fait peine si F… l’a vue. On se plaint de mes rigueurs et on m’offre des merveilles. Je ne sais comment faire pour empêcher les indiscrètes bontés de m’arriver par le grand chemin…

F… ne peut être que Fouché. C’est lui, en sa qualité de ministre de la police, et lui seul, qui a pu voir cette lettre, si même ce n’est pas lui qui l’a décachetée ; car une lettre mise à la poste, une lettre contenant d’indiscrètes bontés, et de nature à intéresser Fouché, n’a pas pu n’être pas cachetée avec soin. Or, Fouché, à cette époque, et depuis plusieurs années déjà, était le protecteur actif, l’admirateur passionné, le grand ami de Mme de Custine. De là, l’ennui éprouvé par Chateaubriand, à la pensée que la lettre « décachetée » avait passé sous les yeux du ministre de la police.

Il est donc impossible de ne pas faire remonter à cette date de septembre 1802 le début des relations de Mme de Custine avec Chateaubriand.

Si la date de 1803, donnée par M. Bardoux, est inexacte, celle de 1801, mise en avant par M. de Robethon, est également erronée. Il dit en effet lui-même — et avec raison — que la première rencontre eut lieu peu après l’apparition du Génie du christianisme. Or, le Génie du christianisme a paru, non en 1801, mais le 14 avril 1802.

Après avoir reproduit une lettre du 1er août 1804, M. Bardoux ajoute : « Le Chateaubriand quinteux, personnel, méfiant, est tout entier dans cette lettre[5] » De quoi s’agit-il donc ? M. Bardoux ne nous le dit pas, par cette excellente raison qu’il n’en sait rien lui-même. Prise isolément, la lettre qu’il avait sous les yeux n’était pas seulement obscure, elle était inintelligible. Mais alors pourquoi s’emparer de cette lettre, à laquelle on ne comprend rien, dont on ignore par conséquent le caractère et la portée, pour s’en faire une arme contre son auteur, pour en tirer des conclusions défavorables à son caractère ?

Aujourd’hui, grâce à la publication de M. Chédieu de Robethon, nous savons exactement ce qui s’est passé.

Désintéressé, généreux, n’entendant rien aux affaires, Chateaubriand était parfois à court d’argent. Pendant son séjour à Rome, il avait épuisé ses dernières ressources au cours de la maladie de Mme de Beaumont ; il ne pouvait pas, et pour rien au monde il n’aurait voulu, en un tel moment, lui exposer sa détresse, lui demander un crédit, et se faire rembourser en quelque sorte des soins qu’il lui avait prodigués. Il y avait là une question de délicatesse et d’honneur. C’est dans ces circonstances qu’il s’adressa à Mme de Custine. Celle-ci refusa. Elle n’avait vu qu’une rivale, là où elle ne devait voir qu’une infortunée et une mourante. Chateaubriand était rentré en France depuis quelques mois, lorsqu’il apprend que cet incident connu de lui seul et de Mme de Custine est tombé dans la bouche du public et que les détails en courent les salons. Atteint jusqu’au fond du cœur, il écrit à Mme de Custine la lettre qu’on va lire :

Lundi, 16 Juillet 1804.

Je ne sais si vous ne finirez point par avoir raison, si tous vos noirs pressentiments ne s’accompliront point. Mais je sais que j’ai hésité à vous écrire n’ayant que des choses fort tristes à vous apprendre. Premièrement, les embarras de ma position augmentent tous les jours et je vois que je serai forcé tôt ou tard à me retirer hors de France ou en province ; je vous épargne les détails. Mais cela ne serait rien si je n’avais à me plaindre de vous. Je ne m’expliquerai point non plus ; mais quoique je ne croie point tout ce qu’on m’a dit, et surtout la manière dont on me l’a dit, il reste certain toutefois que vous avez parlé d’un service que je vous priais de me rendre lorsque j’étais à Rome, et que vous ne m’avez pas rendu. Ces choses-là tiennent à l’honneur, et je vous avoue qu’ayant déjà le tort du refus, je n’aurais jamais voulu penser que vous eussiez voulu prendre encore sur vous le plus grand tort de la révélation. Que voulez-vous ? On est indiscret sans le vouloir, et souvent on fait un mal irréparable aux gens qu’on aime le plus.

Quant à moi, madame, je ne vous en demeure pas moins attaché. Vous m’avez comblé d’amitiés et de marques d’intérêt et d’estime ; je parlerai éternellement de vous avec les sentiments, le respect, le dévouement que je professe pour vous. Vous avez voulu rendre service à mon ami[6] et vous le pouvez plus que moi puisque Fouché est ministre. Je connais votre générosité, et l’éloignement que vous pouvez ressentir pour moi ne retombera pas sur un malheureux injustement persécuté. Ainsi, madame, le ciel se joue de nos projets et de nos espérances. Bien fou qui croit aux sentiments qui paraissent les plus fermes et les plus durables. J’ai été tellement le jouet des hommes et des prétendus amis, que j’y renonce. Je ne me croirai pas, comme Rousseau, haï du genre humain, mais je ne me fierai plus à ce genre humain. J’ai trop de simplicité et d’ouverture de cœur pour n’être pas la dupe de quiconque voudra me tromper.

Cette lettre très inattendue vous fera sans doute de la peine. En voilà une autre sur ma table que je ne vous envoie pas et que je vous avais écrite il y a sept ou huit heures. J’ignorais alors ce que je viens d’apprendre, et le ton de cette lettre était bien différent du ton de celle-ci. Je vous répète que je ne crois pas un mot des détails honteux qu’on m’a communiqués, mais il reste un fait : on sait le service que je vous ai demandé et, comment peut-on savoir ce qui était sous le sceau du secret dans une de mes lettres, si vous ne l’aviez pas dit vous-même ?

Adieu.

Dans sa réponse, Mme de Custine essaya sans doute d’une diversion et rejeta probablement les torts sur une personne qu’elle craignait de se voir préférer et dont la perfidie aurait machiné cette dénonciation. La seconde lettre de Chateaubriand ne fut pas moins digne et moins noble que la première :


Il ne s’agit pas de comparaison, car je ne vous compare à personne, et je ne vous préfère personne. Mais vous vous trompez si vous croyez que je tiens ce que je vous ai dit de celle que vous soupçonnez. Si je le tenais d’elle, je pourrais croire que la chose n’est pas encore publique ; or ce sont des gens qui vous sont étrangers qui m’ont averti des bruits qui couraient. Il me serait encore fort égal, et je ne m’en cacherais pas, qu’on dît que je vous ai demandé un service. Mais ce sont les circonstances qu’on ajoute à cela qui sont si odieuses que je ne voudrais pas même les écrire et que mon cœur se soulève en y pensant. Vous vous êtes fort trompée si vous avez cru que Madame… m’ait jamais rendu des services dans le genre de ceux dont il s’agit[7] ; c’est moi, au contraire, qui ai eu le bonheur de lui en rendre. J’ai toujours cru, au reste, que vous avez eu tort de me refuser. Dans votre position, rien n’était plus aisé que de vous procurer le peu de chose que je vous demandais ; j’ai vingt amis pauvres qui m’eussent obligé poste pour poste, si je ne vous avais donné la préférence. Si jamais vous avez besoin de mes faibles ressources, adressez-vous à moi et vous verrez si mon indigence me servira d’excuse.

Mais laissons tout cela. Vous savez si jusqu’à présent j’avais gardé le silence, et si, bien que blessé au fond du cœur, je vous en avais laissé apercevoir la moindre chose, tant était loin de ma pensée tout ce qui aurait pu vous causer un moment de peine ou d’embarras. C’est la première et la dernière fois que je vous parlerai de ces choses-là. Je n’en dirai pas un mot à la personne, soit que cela vienne d’elle ou non. Le moyen de faire vivre une pareille affaire est d’y attacher de l’importance et de faire du bruit ; cela mourra de soi-même comme tout meurt en ce monde. Les calomnies sont devenues pour moi des choses toutes simples ; on m’y a si fort accoutumé que je trouverais presque étrange qu’il n’y en eût pas toujours quelques-unes de répandues sur mon compte.

C’est à vous maintenant à juger si cela doit nous éloigner l’un de l’autre. Pour blessé, je l’ai été profondément ; mais mon attachement pour vous est à toute épreuve ; il survivra même à l’absence, si nous ne devons plus nous revoir.

Je vous recommande mon ami[8].

Paris, 4 thermidor (juillet 23).

Mme de Custine, dans sa réponse, chercha, paraît-il, à expliquer le refus du service que Chateaubriand lui avait demandé. Elle laissa entendre qu’elle s’était sentie froissée à l’idée de subvenir aux dépenses nécessitées par la présence à Rome de Mme de Beaumont. C’est ici que se place la lettre de Chateaubriand, du 1er août 1804, citée par M. Bardoux, et dont voici le début :


Je vois qu’il est impossible que nous nous entendions jamais par lettre. Je ne me rappelle plus pour quel objet je vous avais demandé ce service ; mais si c’est pour celui que vous faites entendre, jamais, je crois, preuve plus noble de l’idée que j’avais de votre caractère n’a été donnée ; et c’est une grande pitié que vous ayez pu la prendre dans un sens si opposé ; je m’étais trompé…


Cependant, malgré l’aigreur de ces premières lignes, Chateaubriand s’adoucit : il ne demande qu’à pardonner, à tout oublier, et la lettre se termine par un mot charmant : « Adieu, j’ai encore bien de la peine à vous dire quelques mots aimables, mais ce n’est pas faute d’envie. » Le post-scriptum renouvelle la demande de pressantes démarches auprès de Fouché en faveur de « l’ami malheureux et persécuté ». Ainsi, même dans ces circonstances où il semblerait devoir être tout entier à sa légitime irritation et à sa vive douleur, pas un seul instant il n’oubliera son ami. N’en déplaise à M. Bardoux, il me semble bien que cet épisode est tout à l’honneur de Chateaubriand.


Nous ne sommes encore qu’en 1804. Mme de Custine ne mourra que vingt-deux ans plus tard. Jusqu’à la fin, la correspondance publiée par M. de Robethon le démontre, Chateaubriand resta son ami.

Pendant son ambassade à Londres, en 1822, le fils de Mme de Custine, Astolphe, vint en Angleterre : « Une fois à son poste, dit M. Bardoux, il (Chateaubriand) n’écrivait plus ; et Astolphe alla passer quelques jours en Angleterre pour rapporter de ses nouvelles. » Cela encore n’est point exact. Il ne s’agissait point d’une simple course à Londres pour que le fils rapportât à sa mère des nouvelles de l’ambassadeur trop lent à écrire, mais d’un voyage en Angleterre et en Écosse, qui dura plus de deux mois, du 26 juillet au 30 septembre. Du 26 juillet au 8 septembre, époque à laquelle Chateaubriand quitta Londres pour se rendre au Congrès de Vérone, très nombreuses sont ses lettres à Mme de Custine, et toutes témoignent de sa sollicitude pour le fils de son amie.

De retour à Paris, Chateaubriand reprit ses relations assidues avec Mme de Custine, qui, comptant avec raison sur son dévouement et sur le crédit qu’elle-même possédait à la cour, entreprit alors de faire de son fils un pair de France, ou tout au moins, s’il n’était pas possible d’atteindre immédiatement à ce rang élevé, de lui créer des titres par de hautes fonctions diplomatiques. Chateaubriand approuva ces projets, et peut-être en fut-il l’inspirateur.

Quand il arriva au ministère avec M. de Villèle, au mois de décembre 1822, la confiance de Mme de Custine dans le succès de ses espérances s’en accrut encore. Renonçant pour Astolphe à cette sorte de stage dans la diplomatie qui, une première fois du reste, lui avait assez mal réussi, elle sollicita directement la pairie avec l’ardeur fiévreuse et l’obstination qu’elle mettait à toutes choses. Elle ne laissera plus à Chateaubriand une heure de répit. Elle le poursuit, elle le harcèle, et comme la nomination ne vient pas, elle se répand en plaintes et en reproches. M. Bardoux les tient naturellement pour fondés. Il accuse Chateaubriand d’oublier « au milieu des enivrements du pouvoir » et son amie et le jeune Astolphe. « De toutes les amies, fort anxieuses de lui, dit-il, Mme de Custine était la plus négligée ; les billets que Chateaubriand, ministre, lui envoie, sont bien écrits de sa main, mais il ne prend plus le temps de mettre l’adresse ; c’est un secrétaire qui s’en charge[9]. » — Chateaubriand est ministre des affaires étrangères ; la France est en guerre avec l’Espagne ; c’est sur lui que pèsent à ce moment les plus lourdes responsabilités ; il lui faut faire face à l’opposition de M. Canning et aux attaques des libéraux ; dans le sein même du cabinet, il a des luttes à soutenir ; et s’il lui arrive de charger un secrétaire de mettre une adresse sur un billet, il sera démontré qu’il n’est qu’un égoïste et un lâcheur !! Ici, du reste, comme tout à l’heure pour l’incident de 1804, M. Bardoux n’a pas eu de chance. On ne lui a communiqué que des billets, des billets de deux ou trois lignes et il en prend texte pour accuser Chateaubriand d’ingratitude. Mais à côté de ces billets un peu laconiques, il y en a d’autres qui sont charmants et il ne les a pas connus. Il y a aussi des lettres, de vraies lettres, et il ne les a pas connues davantage. Lettres et billets prouvent que Chateaubriand ne négligeait rien pour faire réussir la candidature d’Astolphe à la pairie. Un moment, il crut avoir partie gagnée, mais le succès espéré ne vint pas. Dans la lettre suivante, il rend compte à Mme de Custine de ce qui s’est passé :

Mercredi 24 décembre 1823.

J’avais de grandes espérances. Elles ont été trompées pour le moment. Le roi n’a voulu nommer, je crois, que des députés, des militaires et des hommes de sa maison et de celles des princes. Mais j’ai la promesse pour Astolphe pour une autre circonstance qui n’est pas très éloignée. Ne croyez pas que je vous oublie et que vous n’êtes dans ma vie au nombre de mes plus doux et de mes plus impérissables souvenirs.

Mille tendresses à tous.

Ch.[10]

La promesse faite ne fut pas tenue, mais ce ne fut ni la faute de Chateaubriand, ni celle du gouvernement de la Restauration. C’est à lui-même et à lui seul qu’Astolphe de Custine doit imputer d’avoir tout perdu. Son nom fut mêlé, à ce moment, à une aventure honteuse, au plus abominable des scandales. M. Chédieu de Robethon s’est vu dans la nécessité d’en parler, au moins sommairement. Il me serait impossible de reproduire ici son récit. À peine y puis-je faire allusion. Ce récit, d’ailleurs, n’étonnera aucun de ceux qui ont lu les pages consacrées par Philarète Chasles, dans ses Mémoires, au marquis de Custine.

À partir de ce déplorable événement, tout fut fini pour Mme de Custine. Sa vie était brisée ; elle mourut le 25 juillet 1826, à l’âge de 56 ans.

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  1. Ci-dessus, p. 297.
  2. Bardoux, p. 131.
  3. Christine de Fontanes.
  4. Mme Bacciochi.
  5. Bardoux, p. 158.
  6. M. Bertin l’aîné. Voir la note 1 de la page 352 (note 71 du Livre II).
  7. Est-ce à Mme de Beaumont qu’il fait allusion ? Ces suppositions de Mme de Custine auraient été bien blessantes pour Chateaubriand. Note de M. Chédieu de Robethon
  8. Toujours M. Bertin.
  9. Bardoux, p. 361.
  10. Chédieu de Robethon. p. 251.