Louÿs – Poëtique, suivie de Théâtre, Projets et fragments ; Suite à Poëtique/Suite à Poëtique 1

Slatkine reprints (p. titre-IX).

SUITE
À
POËTIQUE


On sait que Pierre Louÿs faisait plusieurs copies de ses lettres. C’est ainsi que de nombreux fragments ont été découverts parmi ses inédits. Un certain nombre d’entre eux complètent heureusement le traité qu’il préparait sur l’art poëtique ; nous avons jugé bon de les ajouter aux pages précédemment données sur le même sujet.

(Les Éditeurs.)

PERSÉE



PERSÉE


Connais-tu un Persée qui se termine par un combat ? L’adversaire accepte un duel homérique, chacun devant une troupe de témoins, mais seul à seul. Les partisans de l’autre, par félonie, se précipitent sur Persée et massacrent x des siens.


Il s’écrie aussitôt : « Amis ! fermez les yeux !
Et sauvez vos regards de ce présent des cieux.
J’atteste qu’on m’y force et n’en fais plus d’excuse. »
Il découvre aussitôt la Tête de Méduse.
Soudain, j’entends des cris qu’on ne peut achever.
J’entends gémir les uns, les autres se sauver.
J’entends…
J’entends Phinée enfin qui lui demande grâce.
« Perfide ! Il n’est plus temps ! lui dit Persée. »
J’entends comme à grands pas ce vainqueur le poursIl fuit.
J’entends comme à grands pas ce vainqueur le poursuit.
..................
Je l’entends s’éloigner.
Je l’entends s’éloigner.Puis, je cesse d’entendre.
Alors, ouvrant les yeux par son ordre fermés
Je vois tous ces ..... en pierre transformés.
Mais l’un plein de fureur, et l’autre plein de crainte
En porte sur le front l’image encore empreinte.

Et tel voulait frapper… dont le coup suspendu
Demeure en sa statue à demi-descendu.

Çà finit là. — Sais-tu de qui c’est ? Pas une anthologie, pas une marchandise d’histoire littéraire compilée par l’un des généraux verdâtres qui prennent pour fauteuils les hémisphères laissés dans la crasse de Nisard par les derrières de Brunetière ou de Faguet (plus vivants que René Doumic) — ne cite cela.

L’auteur est de ceux sur lesquels ils ont écrit cinq cents pages sans en lire quarante.

C’est écrit sous Louis XIV.

J’ai eu — je ne l’ai plus — l’édition originale de cela.

L’auteur est le même qui a écrit :

Il déteste la vie. [Il se… Les sanglots à la bouche
Il déteste la vie. [Il se fiche à l’eau]
Mais l’eau grosse et rapide et la nuit survenue…

Relis tout haut ce dernier vers. Homère est dieu. Mais Pierre Corneille aussi. Le monologue d’Auguste (« Meurs ! ») et toute la dernière scène de Camille, et — l’état de génie, de vol plané où Polyeucte se maintient, deux actes durant — le sixième comte de Derby n’a jamais signé çà Shakespeare. Pourquoi ne le disons-nous pas ?