Louÿs – Poésies/Premiers vers 8

Slatkine reprints (p. 27-28).

LA SOUFFLEUSE D’ÉTOILES


Entends, ma chère, entends la douce
Nuit qui marche.
BAUDELAIRE


Une nuit de palmes immobiles
S’élevait de l’invisible terre.
 J’étais couché, les yeux perdus…
Je ne voyais l’herbe ni les villes,
Mais sur le ciel ton profil austère
 Et tes mains aux doigts étendus.

La nuit d’améthystes et d’opales
Embrumait lentement les yeux calmes
 Aux nuages d’un rêve bleu.
Des odeurs montaient des lilas pâles,
Et la nuit immobile des palmes
 Noyait les hauteurs peu à peu.


Les étoiles se lèvent la nuit
Sur la bouche des femmes aimées,
Et du bord des lèvres mal fermées
Éclosent des constellations.

C’est un souffle qui passe,
 Un souffle de femme,
Glacé, large et lent, silencieux,
Par l’air libre et pur et par les cieux.

Par l’air libre et pur et par les ci1889.