Louÿs – Poésies/Poésies diverses 4

Slatkine reprints (p. 186).

Dans la forêt où j’ai coutume



Dans la forêt où j’ai coutume
De m’en aller au jour levant,
Dès l’aube ensommeillée, avant
Que l’air ait dispersé la brume,

On peut voir entre les rameaux
Des bouts d’azur par échappées,
Et, dans les brouillards estompées,
Les silhouettes des bouleaux.

Pour compléter le paysage,
On y trouve un ruisseau divin
Et qui flue au fond d’un ravin
Que Delille eût nommé sauvage :

Car sur la mousse où je me vautre,
On voit deux énormes rochers
Qui se sont un jour arrachés
Pour se cogner l’un contre l’autre.