Louÿs – Poésies/La forêt des Nymphes 6

Slatkine reprints (p. 150).

JOUR D’HIVER



Nymphes en pleurs. Le vent disperse leur cortège.
La naïade allongée au creux des ruisseaux froids
Contre sa bouche bleue assemble ses dix doigts,
Et les satyres morts ont des tombes de neige.

La terre étrange comme un visage poudré
Est clarté sous la nuit et vaguement s’irise,
Champ pâle où tombera l’écharpe rose et grise
De l’aube, avec des fleurs de son geste égaré.

« Hélas ! quand l’Adonis aux bras lourds de rosées
Reviendra-t-il vers nous des plaines élysées ?
Ressuscite, Adoré qu’Elythris allaita !

Hesper, attire-nous du souris d’une étoile !
Nul ne verra-t-il plus de l’Olympe à l’Œta
La cérulée Iris arquer son triple voile ? »